Jean-Marc Stéphan
Résumé : Une des grandes indications de l’acupuncture est l’analgésie. En obstétrique, l’analgésie durant l’accouchement peut être une bonne indication. Mais peut-on la recommander à la lumière de l’acupuncture factuelle ? L’état des lieux des essais contrôlés randomisés de l’acupuncture obstétricale analgésique durant l’accouchement permet de déterminer que l'acupuncture peut être raisonnablement indiquée avec un grade B (présomption scientifique) selon le niveau des recommandations de la Haute Autorité de Santé Française. Mots clés : obstétrique – travail – acupuncture – antalgie – analgésie – ECR – recommandations.
Summary: One of the big indications of the acupuncture
is the analgesia. In obstetrics, the analgesia during the delivery can be a
good indication. But can we recommend it in the light of the evidence-based acupuncture?
The inventory of fixtures of randomized controlled trials by the analgesic
obstetric acupuncture during the delivery allows to determine that the
acupuncture can be reasonably indicated with a grade B (scientific presumption)
according to the level of the recommendations of the High Authority of French
Health. Keywords: obstetrics - labor
- acupuncture – pain relief – analgesia - RTC - recommendations.
Une méta-analyse incluant treize essais contrôlés randomisés (3025 patients) avaient étudié l’effet antalgique de l’acupuncture dans les douleurs de gonarthrose, de céphalées de tension, de migraines, de lombalgies, de douleurs post-opératoires etc.. Celui-ci avait été retrouvé de manière statistiquement significative (p<0,001 ; I2=36%) dans le groupe acupuncture par rapport aux groupes acupuncture placebo ou sans traitement [[1]]. Les auteurs ne s’étaient pas intéressés à l’analgésie durant l’accouchement.
Et pourtant, il semblerait que
l’acupuncture réduit de façon importante l’usage d’autres thérapeutiques
analgésiques éventuellement pourvoyeuses d’effets secondaires pour la mère et
le fœtus, comme la mépéridine (pethidine : dolosal©) ou l’analgésie
péridurale.
Ainsi en 1990, Martoudis et
Christofides utilisaient déjà l’électroacupuncture (3-4 Hz) et objectivaient
une diminution des algies par stimulation du point GI4 (hegu) pendant
une durée de 20 à 80 mn, traitement associé à l’auriculothérapie sur le shenmen.
La durée moyenne de l’analgésie était de 6 heures. Les auteurs montrèrent
que dans 87,75% des cas, les femmes étaient soulagées [[2]].
Malheureusement, il s’agissait d’un essai ouvert sans groupe placebo, sans
groupe contrôle et sans randomisation, bref de très basse qualité
méthodologique. Cependant, il avait le mérite d’être l’un des premiers à
s’intéresser à l’analgésie obstétricale.
D’autres travaux suivirent, comme
celui de Ternov, qui dans son étude ouverte non randomisée avait objectivé que
58% dans le groupe acupuncture n’avaient pas eu besoin de prendre un autre
traitement en plus de l’acupuncture par rapport au groupe contrôle (14%
p<0,001) [[3]].
En 2004, une revue systématique
évalua les preuves d’efficacité de l’acupuncture dans les douleurs lors du
travail. Trois ECR sur 390 essais cliniques furent identifiés ayant une qualité
méthodologique généralement bonne. Deux ECR ont comparé l'acupuncture versus le
traitement habituel et ont conclu à une réduction de la mépéridine et/ou de
l'analgésie péridurale. Un ECR concernant un groupe acupuncture versus
acupuncture placebo a montré une différence statistiquement significative dans
l’amélioration de la douleur aussi bien subjective qu'objective. Aucun effet
indésirable n'a été annoncé. Les auteurs ont conclu que les preuves pour
utiliser l’acupuncture en adjonction étaient prometteuses mais non
convaincantes du fait d’une population étudiée faible et donc d’une faible
puissance (n=496) [[4]].
Étudions plus en détail ces trois
essais et voyons leur qualité méthodologique.
Le premier concerne une population
de quatre-vingt-dix parturientes admises dans un hôpital suédois. Il s’agit
d’évaluer l’intensité de la douleur et le degré de relaxation pendant le
travail. Le groupe contrôle (n=44) comme le groupe acupuncture (n=46) pouvait
bénéficier d’un traitement identique conventionnel (péridurale, mépéridine
injectable, infiltration locale de bupivacaïne, injections intradermiques d’eau
stérile, TENS etc..).
En complément, le groupe
acupuncture fut puncturé avec recherche du deqi aux points considérés
comme relaxants : VG20, yintang (HM1), PO7, et aux points
analgésiques : VE25 à 36, VE54, VB25 à 29, VC2, VC3, GI4, VB41, FO3, VE60,
RE3 et RA6. Les aiguilles furent laissées en place durant 1 à 3 heures. Les
auteurs constatèrent que le traitement par acupuncture pendant le travail a
significativement réduit le besoin en analgésie péridurale (12 % versus 22 %
dans le groupe contrôle avec un risque relatif (RR) à 0,52 dans l'intervalle de
confiance (IC) 95 % (0,30 à 0,92) (p=0,03). Par contre, l’intensité de la
douleur est égale dans les deux groupes avec une estimation de la différence
entre les deux groupes à 0,29 (IC 95% -0,9 à +0,32). Cependant, les
parturientes qui ont reçu l'acupuncture ont été plus détendues de manière
statistiquement significative (p=0,01) par comparaison au groupe témoin
(différence moyenne –0,93, IC à 95% : -1,66 à –0,20). Aucun effet secondaire
n’a été signalé [[5]].
Le deuxième travail est une
étude contrôlée randomisée en simple aveugle avec analyse des résultats en
intention de traiter. Deux cent dix parturientes à terme et en travail actif
ont été assignées à deux groupes : groupe acupuncture (n=106) et groupe
placebo (n=102). Le groupe acupuncture bénéficiait de la puncture (deux à douze
aiguilles avec une moyenne de sept aiguilles) avec recherche de deqi
parmi ces points variables : CO7, PO7, ES30, ES29, VB34, ES36, RA8, RA6,
RE3, FO3, VB41, VG20, VE32, VE34, VE67, VE60 et GI4. Les aiguilles
étaient laissées en place jusqu’à l’accouchement ou le passage à l’analgésie
conventionnelle. Le groupe placebo bénéficiait du même nombre d’aiguilles mais
insérées en des endroits considérés sans points d’acupuncture. L’échelle
visuelle analogique (EVA) a permis d’évaluer l’effet analgésique de
l’acupuncture. Il y a eu une diminution significative de la douleur à 30 mn, 1
heure, 2 heures après acupuncture et 2 heures en post partum (p<0,05) et
moins de recours à la péridurale analgésique (p=0,01) ou à la péthidine
(p<0,001 par rapport au groupe
contrôle. Le second résultat de l’étude objectivait un temps d’accouchement
statistiquement plus court (p=0,01) pouvant être expliqué par moins de
péridurale dans le groupe acupuncture. Aucun effet secondaire n’a été retrouvé [[6]].
La troisième étude est de l’équipe
norvégienne de Nesheim qui a évalué l’efficacité de l’acupuncture comme
analgésique ainsi que la réduction de la prise de mépéridine durant le travail
dans un essai contrôlé randomisé en intention de traiter. Les parturientes à
terme ont été incluses aléatoirement dans un bras acupuncture (n=106), un autre
sans acupuncture (n= 92), et le troisième bras contrôle apparié au précédent
groupe (n=92). Les points utilisés (VG20, CO7, FO3, VB34, VC4, GI10-11, GI4,
VE23, VE60, VE27-28,VE32, RA6, MC6-7, ES36) étaient puncturés avec recherche du
deqi pendant 10-20 minutes, voire davantage jusqu’à l’accouchement dans
certains cas. Les auteurs constatent qu’on a administré 11% de péthidine dans
le groupe acupuncture versus 37 % dans le groupe sans acupuncture (P<
0,0001) et 29 % dans le groupe témoin. L'utilisation d'autres méthodes
analgésiques (péridurale, protoxyde d’azote, injection d’eau stérile etc.)
était statistiquement plus bas (p=0,01) dans le groupe acupuncture versus
groupe contrôle. La satisfaction des patientes était élevée : 89 sur 103
patientes ont souhaité bénéficier de l'acupuncture au prochain accouchement [[7]].
En 2006, les mêmes auteurs, dans une étude rétrospective
portant sur la période du 01/12/99 au 31/12/03 concernant 17741 patientes ont
étudié la question : les femmes en phase de travail bénéficiant d’un
traitement d’acupuncture dans un centre hospitalier norvégien exigent-elles
moins d’analgésie péridurale que celles n’ayant pas eu d’acupuncture ?
L’analyse de régression sur multivariables montre un odds ratio à 0,6 (IC
95% : 0,5-0,7) pour les patientes bénéficiant d’acupuncture versus celles
n’en n’ayant pas eu et les auteurs concluent donc que les femmes recevant de l’acupuncture subissent moins
d’analgésie péridurale [[8]].
Ces trois études, bien que
positives pour l’acupuncture montrent leurs limites.
Celle de Ramnero, étude de qualité
méthodologique acceptable avec un score de Jadad estimé à 3/5 est non aveugle.
Et de ce fait, cela peut engendrer une surestimation des résultats [[9]],
sans compter que la population recrutée étant faible, la puissance n’est pas
forte.
La seconde a cette fois une population
suffisamment importante et est de bonne qualité méthodologique (Jadad à 4/5),
mais on regrettera qu’elle ne soit pas en double aveugle.
L’étude norvégienne est aussi de
qualité méthodologique acceptable avec un score de Jadad à 3/5. Mais, à nouveau,
le problème des patients et des évaluateurs décrits comme non aveugles minimise
l’effet bénéfique de l’acupuncture. Bien sûr dans cet ECR, cette absence de
traitement en aveugle a été palliée en constituant l’appariement des patientes
du groupe sans acupuncture avec d’autres patients non randomisées mais ce n’est
pas suffisant et on ne peut que souhaiter de nouveaux ECR satisfaisant à ces
critères méthodologiques. Leur étude rétrospective de 2006 est certes
intéressante mais met bien en exergue encore une fois les biais de procédure
observés sur les trois précédentes études, à savoir l’hétérogénéité du
traitement acupunctural et le fait que les sages-femmes
responsables de l’acupuncture étaient aussi cliniquement responsables de leur
patiente, d’où insu non en aveugle.
Ainsi, la revue de la Cochrane
confirme à nouveau tout cela en 2006 et montre que l’acupuncture peut être
bénéfique dans la gestion de la douleur du travail en obstétrique. En réanalysant
les trois ECR décrits dans la précédente revue de 2002 [4] concernant 496 patientes, Smith et coll. objectivent à nouveau une décroissance de la nécessité de
soulager la douleur dans les groupes acupuncture (RR=0,70 avec IC à 95% :
0,49 à 1,00 dans 2 ECR de 288 femmes). Cependant, comme Lee et coll., même si
les auteurs classent les ECR comme de bonne qualité méthodologique malgré
l’absence d’insu non aveugle, ils réclament d’autres études avec une plus
grande population et la nécessité d’avoir des essais contrôlés randomisés en
double aveugle [[10]].
D’autres ECR satisfaisant
partiellement à ces critères sont parus à partir de 2007 permettant d’avoir une
opinion de l’efficacité de l’analgésie dans l’accouchement davantage factuelle.
En février 2007, dans la revue Pain est paru un essai
contrôlé randomisé en double aveugle concernant l’amélioration de la
douleur durant le premier stade du travail par application de stimulation électrique transcutanée (TENS : ampérage
entre 10 et 18mA, fréquence de 100Hz en alternance avec celle de 2Hz ,
durée d’impulsion : 0,25ms, 30mn) sur les points d’acupuncture. Deux points
sont utilisés : GI4 (hegu) et RA6 (sanyinjiao)
bilatéralement dans le groupe TENS (n=52). Le deuxième groupe (n=53) est un
placebo de TENS (stimulation électrique à moins de 5mA et sans alternance de
fréquence). L'échelle visuelle analogique (EVA) a servi pour évaluer la douleur
avant, 30 et 60 minute après le traitement. Le critère primaire de jugement
était le niveau du score de l’EVA diminué de trois dans chaque groupe (échelle
EVA allant de 1, pas de douleur à 10, maximum de douleurs). Le critère
secondaire était le mode d'accouchement et l'effet néonatal. Le groupe
TENS a eu une réduction statistiquement
significative du score de 3 sur l’EVA versus le groupe placebo (31/50 -62%-
versus 7/50 -14%-, P<0,001). La volonté des femmes à utiliser la même
méthode analgésique dans un accouchement futur était aussi statistiquement
significatif (TENS : 48/50 -96%- versus placebo, 33/50 -66%-, P<0,001).
Cependant, l'accouchement nécessitant des manœuvres instrumentales a été accru
dans le groupe TENS (12/50 -24%- contre 4/50 -8%-, P=0,05 pour le groupe
placebo), mais les résultats néonataux n'étaient pas différents [[11]].
Cette accroissement des techniques opératoires dans le groupe TENS a été
expliqué par les auteurs par une taille significativement plus petite (p=0,03)
dans le groupe TENS (158cm) versus groupe TENS placebo (161cm). Cet travail en
intention de traiter et en double insu est d’une très bonne qualité
méthodologique (Jadad à 5/5) mais souffre néanmoins de limitations
potentielles. En effet, il s’agit d’un ECR réalisé à Taiwan avec une population
asiatique chez qui l’usage de l’acupuncture est habituel. Que deviendrait cette
grande acceptation de la technique dans un autre groupe ethnique ? Par
ailleurs, la puissance de l’essai n’est pas très élevée avec une population
globale à 105 participantes. Néanmoins, on constate un effet synergique de la
stimulation électrique transcutanée sur des points d’acupuncture. Aucun effet
secondaire n’a été décrit aussi bien chez la femme que l’enfant. Enfin, il est
à noter que le protocole d’acupuncture est simple d’utilisation et facile à
mettre en place.
Toujours en 2007, l’acupuncture et
la TENS ont été délaissées au profit de l’électroacupuncture (EA). Comme
l’étude de Chao, les deux points GI4 (hegu) et RA6 (sanyinjiao)
bilatéralement ont été stimulés dans le groupe acupuncture (n=20) à une
fréquence alternée de 2 et 100 Hz (14 à 30 mA d’intensité tolérable) pendant 20
mn. Dès que la dilatation passait de 7 à 8 cm, la procédure d’EA était à
nouveau relancée. Le deuxième groupe (n=19) était le groupe contrôle sans
aucune intervention de soulagement analgésique. Il s’agit d’un essai contrôlé
randomisé évaluant en critère principal l’intensité douloureuse et le degré de
détente par une échelle allant de 0 (pas de douleurs / relaxation complète) à
10 (douleur maximale / très tendue) au cours du travail dans ces deux
groupes de femmes primipares. Les mesures avant et après le début du traitement
des concentrations plasmatiques de la bêta-endorphine (beta-EP) et de la
5-hydroxytryptamine (5-HT : sérotonine) étaient le second critère de
l’étude. Il a été objectivé dans le groupe EA une intensité de douleur inférieure
et un meilleur degré de relaxation que dans le groupe contrôle (p=0,018 ;
p=0,031). A la fin du premier stade du travail, on retrouve aussi une
augmentation significative de la concentration plasmatique de bêta-EP (1597
ng/ml dans le groupe EA versus 1313,45 ng/ml dans le groupe contrôle, p=0,037)
et 5-HT (2501 ng/ml versus 2099 ng/ml dans le groupe contrôle; p=0,030).
Malheureusement, cet ECR n’est pas de haute qualité méthodologique, car non
aveugle et non en intention de traiter (Jadad = 2/5). Par ailleurs, il est de
faible puissance. Cependant, l’intérêt c’est de retrouver un protocole déjà
utilisé et qui peut être standardisé à de nouveaux ECR de grande puissance et
de haute qualité [[12]].
L’ECR de Borup et coll. répond en partie à cette attente.
Son objectif a donc été de comparer l’effet de
l’acupuncture par rapport à la stimulation électrique transcutanée (TENS à 100 Hz
20 à 45mn) ou par rapport aux analgésiques traditionnels (papules d’eau
stériles, pethidine, protoxyde d’azote, péridurale) dans le soulagement de la
douleur, la relaxation avec comme critères de jugement l’intensité de la
douleur, le vécu de la naissance et le résultat obstétrical. Cet essai contrôlé
randomisé non aveugle a été conduit chez 607 femmes saines en travail et à
terme bénéficiant d’acupuncture (n=314), TENS (n=144) ou analgésiques
traditionnels (n=149).
Trente-quatre points ont été utilisés (figure 1). Le
traitement était individualisé selon la localisation de la douleur. Pas de
stimulation électrique. La durée de la séance d’acupuncture pouvait varier
entre 30 mn à 2 h et les séances pouvaient être répétées.
|
Figure 1. Les
points d’acupuncture utilisés dans l’ECR de Borup (d’après son schéma [13]).
Les critères principaux de jugement étaient la nécessité de
bénéficier d’une analgésie péridurale ou pharmacologique, l’intensité de la
douleur évaluée par une échelle visuelle analogique (EVA), l’expérience de la
naissance, le degré de satisfaction lors de l’accouchement et le soulagement de
douleur évalué à 2 mois après l’accouchement. Les critères secondaires étaient
la durée de travail, l’utilisation d’ocytocine, le mode d’accouchement, les
hémorragies de la délivrance, le score d’Apgar et la valeur du Ph du cordon
ombilical. Cette étude était en intention de traiter. Les résultats objectivent
que l’utilisation des méthodes invasives ou pharmacologiques était
significativement plus basse dans le groupe acupuncture versus groupe
analgésique traditionnel (p < 0,001) et versus TENS (p= 0,031). L’intensité
de douleur était comparable dans les trois groupes. L’acupuncture n’a pas
influencé la durée du travail ou l’utilisation d’ocytocine. Le score moyen
d’Apgar à 5 minutes et le pH du cordon ombilical était significativement plus
élevé parmi les nourrissons nés dans le groupe acupuncture en comparaison aux
enfants nés dans les autres groupes. Conclusions : l’acupuncture réduit le
besoin en utilisation d’analgésie pharmacologique (principalement le protoxyde
d’azote) ou invasive durant l’accouchement et est un bon complément dans les
méthodes analgésiques [[13]]. Même si cet ECR est non aveugle,
il est de grande puissance et obtient un score de Jadad de 3/5, donc ECR de
qualité méthodologique acceptable avec une randomisation adéquate et bien
décrite.
Même si dans l’état actuel des
connaissances, nous sommes toujours en attente d’une étude répondant à tous les
critères scientifiques de méthodologie, on peut recommander l’acupuncture dans
l’analgésie du travail lors de l’accouchement selon le grade B (présomption
scientifique) de la Haute Autorité de Santé Française. Par contre,
l’électroacupuncture et la thérapeutique par TENS nécessitent des ECR de grande
puissance.
Et
l’acupression ?
Une autre alternative à l’acupuncture et l’électroacupuncture est l’acupression. L’ECR de Chung et coll. a déterminé l’effet de l’acupression sur GI4 et VE67 (pendant 20 mn, 5 cycles d’acupression de 5mn) sur la douleur de l'accouchement et les contractions utérines lors du premier stade du travail. Cent vingt sept femmes ont été aléatoirement réparties en trois groupes, groupe acupression, groupe effleurage de la peau, groupe contrôle. Il y a une diminution significative de la douleur dans la phase active du travail versus les autres groupes, mais aucune différence significative dans l'efficacité de contractions utérines pendant le premier stade du travail parmi les trois groupes [[14]]. Ce travail en simple aveugle est de mauvaise qualité méthodologique avec une randomisation mal décrite et une faible puissance. De plus, malgré 18% de perdues de vues, les analyses statistiques furent réalisées sans intention de traiter.
Le deuxième ECR d’acupression est celui de Lee et coll. qui a évalué le RA6 sur la douleur du travail. 75 femmes furent aléatoirement assignées au groupe acupression (n=36, RA6 avec pression de 2150 mmHg appliquée à chaque contraction pendant 30mn) et au groupe contrôle (n=39, attouchement sans pression sur RA6). On a retrouvé une différence significative du soulagement de la douleur (mesurée par EVA) immédiatement après l'intervention (p=0,012), 30 minutes après l'intervention (p=0,021) et 60 minutes après l'intervention (p=0,012) versus le groupe contrôle. Le temps total de travail (de 3 cm de dilatation jusqu’à l'accouchement) était significativement plus court dans le groupe d'intervention que dans le groupe contrôle (p=0,006) [[15]]. L’étude de faible puissance en simple aveugle avec 15% de perdus de vus nécessite donc de réaliser un ECR de haute puissance en double aveugle et en intention de traiter.
|
Dr Jean-Marc Stéphan * jm.stephan@acupuncture-medicale.org Co-directeur de la revue « Acupuncture & Moxibustion » Chargé d'enseignement à la faculté de médecine de Lille et Paris XI Médecin acupuncteur attaché au CH de Denain |
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© Stéphan JM. L'acupuncture autour de la naissance : analgésie durant l'accouchement. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):28-33.