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Jean-Claude Dubois et
Anita Bui (CMS- ASMAF- AMO). Considérations sur le traitement
acupunctural des lombalgies dans les textes anciens. |
Les lombalgies sont une question passionnante de l’Acupuncture
traditionnelle, à cause de l’abondance et de la précision des sources qui
concernent cette pathologie d’une actualité permanente.
Si on se réfère aux documents les plus récents, les manuels
d’enseignement d’acupuncture des Universités de médecine chinoise, on est tenté
de ramener la question des lombalgies à quelques grandes catégories,
habituellement 5 ou 6, fondées sur la classification en Syndromes (zheng) qui
relèvent beaucoup plus de la Médecine interne traditionnelle que de
l’Acupuncture-moxibustion.
Ces catégories sont certes importantes à connaitre. Elles ont une
vertu pédagogique. On les enseigne dans les Universités de Chine car elles
permettent une approche globale de la MCT. Par ailleurs elles servent de
critères pour les expérimentations cliniques.
Cependant les textes traditionnels, de l’antiquité jusqu’au début
du XXème siècle, nous invitent à procéder, lorsqu’il s’agit de
l’Acupuncture-moxibustion, selon d’autres catégories et selon d’autres
critères, plus précisément liés à la théorie des Méridiens et au génie
thérapeutique des points.
Ce ne sont plus alors cinq ou six cas de figures que nous avons à
examiner, mais 50 à 60 sinon plus, autant de situations morbides singulières
dont la sémiologie est bien décrite et qui appellent des indications
particulières de points ou de combinaisons de points d’acupuncture.
Nous rappellerons certaines données de base transmises par les
Chansons de points, données qui remontent en réalité au chapitre 41 du Neijing
Suwen consacré aux lombalgies. Nous donnerons également en exemple un extrait
du Jia Yi Jing de l’une de ces nombreuses situations pathologiques de lombalgie
qui ne se retrouvent pas dans la classification usuelle des “zheng”.
En conclusion apparaîtra clairement la nécessité d’une étude
approfondie des textes anciens pour la pratique d’une acupuncture de qualité.
En particulier la théorie des méridiens qui fonde l’enseignement du Classique
de l’Interne doit être explorée avec des moyens et une rigueur renouvelés. Deux
pièges sont à éviter : celui d’une idéologie rationaliste qui voudrait ramener
toutes choses à la quantité et celui d’un symbolisme syncrétiste qui
prétendrait se substituer aux règles de l’herméneutique traditionnelle
chinoise.