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Yunsan Meas (EFA- AASF)
et Yves Rouxeville (AASF - GLEM) Enquête de satisfaction sur les
thérapeutiques par acupuncture et par auriculothérapie pour les lombalgiques
chroniques au Centre d'Évaluation et de Traitement de la Douleur du C.H.U. de
Nantes. Résultats pour 30 patients après un an de suivi. |
La
douleur est l’expression d’une lésion et / ou d’une souffrance.
Il
est difficile de séparer le corps de l'esprit. Le patient n'est pas un simple
système sensitivo-moteur, neurovégétatif ou comportemental cognitif unique. Il
est tout cela à la fois.
De
plus, il évolue dans un environnement professionnel et familial propre.
Les
thérapies alternatives par acupuncture (médecine traditionnelle chinoise MTC)
et auriculothérapie, développées au CHU de Nantes, permettent et apportent une
approche et une réponse complémentaires à la prise en charge de la douleur en
général et les lombalgiques chroniques en particulier.
Elles
améliorent le lien nécessaire entre thérapeutes et patients douloureux,
permettent à ces derniers de ne plus se soumettre à la douleur mais de la
gérer.
Elles
s’inscrivent, à côté des thérapies médicales classiques, dans une pratique
d’équipe ayant un même objectif.
Nous
complèterons cette présentation par les résultats d’une enquête de satisfaction
faite auprès des patients.
Nous décrivons les caractéristiques et les modalités
de prise en charge d’une cohorte des 30 patients lombalgiques chroniques
rebelles hospitalisés sur une période de 12 mois dans le Centre de Traitement
de la Douleur d’un Centre Hospitalier Universitaire français, et évaluons les
résultats obtenus grâce à une batterie d’indicateurs reconnus.
Nous avons inclus :
-
18
femmes et 12 hommes,
-
d’âge
50,3 ± 13,50 ans,
-
lombalgiques
chroniques depuis plus de 6 mois (durée des lombalgies était de 132,9 ± 99, 3
mois),
-
sans
distinction d’âge,
-
rebelles
aux thérapeutiques antérieures,
-
ayant
eu plus de 3 mois d’arrêt de travail la dernière année chez les patients en
activité.
Quatorze patients avaient été opérés du rachis, 5
avaient été victimes d’un accident du travail.
Vingt-cinq patients (83%) présentaient des
diagnostics associés douloureux à d’autres sites.
Les patients ont bénéficié d’une prise en charge
pluridisciplinaire médicale (dont l’acupuncture (MTC) et
l’auriculothérapie), fonctionnelle, psychologique, et socio-professionnelle.
A 6 mois, une amélioration significative a été observée
pour l’ensemble des critères de jugement :
-
l’échelle
visuelle de la douleur (sur 10), cotée à 7,5 ± 1 avant traitement est passée à
4 ± 1,7 à 6 mois (p < 0,001) ;
-
l’échelle
visuelle du retentissement fonctionnel est passée de 7,1 ± 1,1 avant traitement
à 4,2 ± 1,3 à 6 mois (p <0,001) ;
-
le
périmètre de marche est passé de 1256 ± 1032 mètres avant traitement à
2678 ± 1800 mètres à 6 mois (p < 0,001) ;
-
le
temps d’inactivité diurne est passé de 2,3 ± 1,8 heures avant traitement à 1,3
± 1,1 heures à 6 mois (p < 0,001).
Chez les 17 patients en âge de travailler, 7
patients ont repris leur activité antérieure à 6 mois ; 7 patients ont
bénéficié d’une procédure de reclassement professionnel, 3 patients d’une mise
en invalidité. Au terme du suivi, seuls 2 patients avaient réalisé une nouvelle
imagerie de seconde intention, 4 avaient consulté un autre spécialiste
différent du réseau initial et aucun n’avait eu recours à la chirurgie.
Il s’agit d’une étude préliminaire qui semble
confirmer l’efficacité, se maintenant à moyen terme, des Centres de Traitement
de la Douleur chez le lombalgique rebelle et de l’apport des techniques
thérapeutiques complémentaires telles que l’acupuncture et l’auriculothérapie.
Cette étude a permis de montrer l’intérêt des techniques
non médicamenteuses de prise en charge des douloureux chroniques en général et
des lombalgiques chroniques en particulier.
L’acupuncture (MTC) et l’auriculothérapie sont
complémentaires des techniques antalgiques classiques et permettent d’offrir un
plus large éventail thérapeutique et participe à l’amélioration de la prise en
charge.
L’acupuncture et l’auriculothérapie méritent d’être
proposées dans le cadre de l’approche pluridisciplinaire des Centres de la
douleur d’autant plus que le sujet est demandeur et présente une tolérance
médiocre aux thérapeutiques médicales habituelles.
Pour compléter ce travail d’autres études contrôlées
avec une composante médico-économique méritent d’être engagées.