Si l'univers ésotérique du Yijing vous semble abscons, alors inutile d'aller plus loin. Par contre, si vous êtes familiarisés avec les soixante-quatre hexagrammes dont Jean Choain considéraient qu'ils « seraient ainsi les symboles auxquels obéit le mouvement de l'univers » [1], alors l'ouvrage de Michel Vinogradoff est pour vous. Vous comprendrez aisément que la thérapie au cours de la consultation d'acupuncture est régie par la notion de cadre, lui même référence au nombre quatre, quatre directions, quatre aspects (si xiang). Dans la relation thérapeutique, l'acupuncteur est debout entre Ciel et Terre, symbolisé par l'axe Sud-Nord, représenté par les 1er et 2ème hexagrammes qian et kun et l'axe vertical qui les relie. Quant à lui, le patient, couché est symbolisé par l'axe Est-Ouest (63ème et 64ème hexagramme jiji et weiqi) et l'axe horizontal qui les relie. L'aiguille d'acupuncture, instrument thérapeutique permet l'amélioration et le changement de l'état du patient, également les voyages à la fois du thérapeute et du patient. Michel Vinogradoff explicite cela par deux observations. Vous saisirez ainsi par exemple comment par l'intermédiaire de l'interrogatoire, le point 4C (lingdao) correspondant à l'hexagramme li (30ème) est choisi pour une personne dépressive. Au bout de quelques séances, le voyage du xiang de l'est dans le weiji est bien amorcé, les étapes sont franchies et le 47ème hexagramme kun est atteint. Le patient reconnaît son état et son acceptation lui permet une certaine renaissance. En conclusion, on peut adhérer à la logique de la Voie rationnelle du Yijing selon la mystique du silence de l'aiguille, mais on peut aussi préférer celle des essais contrôles randomisés ou de l'acupuncture expérimentale. Le choix vous appartient ! Dr Jean-Marc Stéphan * jm.stephan@acupuncture-medicale.org 1. Choain J. La voie rationnelle de la Médecine Chinoise. 2ème ed. Paris: Frison-Roche; 2006. Version imprimable
au format PDF © Stéphan JM. Recension. Le silence de l'aiguille de Michel Vinogradoff. Acupuncture & Moxibustion. 2009;8(2):120. |