Medline Méridiens

L’acupuncture peut soulager la dysphagie post-AVC

La dysphagie ou trouble de la déglutition est l'une des séquelles post-AVC les plus courantes, représentant 27 à 64% des patients victimes d’accident vasculaire cérébral. Liée à des difficultés du passage du bol alimentaire de la bouche au sphincter supérieur de l’œsophage, elle est souvent associée à la malnutrition, la pneumonie et la déshydratation.

Une revue systématique et une méta-analyse visant à évaluer la disponibilité potentielle et l'innocuité de l'acupuncture pour la dysphagie post-AVC a été réalisée.

Cinq bases de données anglo-saxonnes et quatre chinoises ont été consultées de la création à mars 2020 pour évaluer les preuves existantes de l'efficacité de l'acupuncture en tant que traitement clinique de la dysphagie après un AVC. Tous les ECR incorporant l'acupuncture ou l'acupuncture combinée à d'autres interventions ont été évalués par deux auteurs indépendants. L'évaluation du risque de biais recommandée par l'outil de la Collaboration Cochrane est utilisée pour évaluer la qualité des études sélectionnées. La méta-analyse est réalisée à l'aide de RevMan 5.3. Les analyses groupées sont calculées par la différence moyenne (DM) et l'intervalle de confiance à 95% (IC). L'hétérogénéité est évaluée par le test de Higgins I².

 

 

Figure 1. Test de déglutition d'eau (DM = −1,21, IC à 95% : −1,85 à −0,57 ; p= 0,0002 ; I²=99% (grande hétérogénéité).

 

Au total, 35 ECR portant sur 3 024 patients sont analysés. La méta-analyse a montré que l'efficacité thérapeutique de l'acupuncture associée à d'autres interventions est meilleure que celle du groupe témoin pour le score standardisé de la déglutition (SSA) (DM= −3,78, IC à 95% : −4,64 à −2,91 ; p< 0,00001 ; I²=80%), pour le score de l'étude vidéofluoroscopique sur la déglutition (DM=2,26, IC à 95% : 1,77 à 2,74 ; p< 0,00002 ; I²=81%) et pour le test de déglutition d'eau (DM = −1,21, IC à 95% : −1,85 à −0,57 ; p= 0,0002 ; I²=99% (figure 1).

La sélection de points d'acupuncture est principalement choisie en fonction des symptômes et de la différenciation des syndromes selon la MTC. Après analyse des points retenus dans ces essais, les auteurs ont constaté que fengchi (20VB), jinjin (EX-HN12), yuye (EX HN13), lianquan (23VC) et yifeng (17TR) étaient les cinq points les plus couramment utilisés (figure 2).

 

 

Figure 2. fengchi (VB20), wangu (12VB), yifeng (TR17), fengfu (DU16), et yamen (DU15), lianquan (VC23) et jialianquan bilatéral (extra).

 

Dans les ECR ayant rapporté des effets indésirables, aucun événement grave n'a été confirmé.

D’après les résultats de cette revue systématique, l'acupuncture peut être considérée comme une thérapie efficace pour traiter la dysphagie post AVC, bien que des normes d'évaluation plus strictes et des ECR rigoureusement conçus soient nécessaires, en raison d’une très grande hétérogénéité et d’une qualité méthodologique médiocre, d’où le risque de biais dans chaque étude incluse.

 

Zhong L, Wang J, Li F, Bao X, Liu H, Wang P. The Effectiveness of Acupuncture for Dysphagia after Stroke: A Systematic Review and Meta-Analysis. Evid Based Complement Alternat Med. Jan 19;2021:8837625.

 

Mécanismes d'action du point 36E : une étude randomisée d’un modèle de rat arthritique

L’effet anti-inflammatoire et antinociceptif de l’acupuncture au zusanli 36E sur les pattes et les articulations enflammées des rats AIA. a) Apparition typique des articulations de la cheville en trois groupes le jour 21. (b) analyses histologiques sur les articulations droites des cheville (x100) teintées par colorant H&E : on observe l’érosion à différents degrés dans le cartilage articulaire et l’arthrite subchondral dans les groupes des rats AIA et rats traités par 36E (flèche noire). c-e) La teneur en TNF-α et d’IL-1β mesurée dans l’œdème de la cheville droite par technique ELISA. Les données obtenues sont exprimées sous la forme de la moyenne ± SEM dans les groupes de contrôle (●), AIA (■) et 36E (▲). ●P < 0,05, ●●P < 0,01, et ●●●P < 0,001 indiquent les différences statistiquement significatives par rapport au groupe témoin ; ★P < 0,05 et ★★P < 0,01 indiquent des différences statistiquement significatives par rapport au groupe de l’AIA.

 


Une suractivation des réponses immunitaires et inflammatoires contribue souvent au développement de maladies auto-immunes chroniques systémiques telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR). L’acupuncture est recommandée par l'OMS pour traiter 16 types de maladies inflammatoires, incluant la PR.

La PR est une maladie auto-immune chronique systémique caractérisée par l'agrégation de cellules immunitaires et la sécrétion de cytokines dans la synoviale articulaire.

Le rat Wistar est le modèle animal de PR induit par adjuvant (AIA) couramment utilisé comme modèle de douleur inflammatoire par injections intraplantaires soit d’adjuvant complet de Freund ou soit par injection de solution saline le jour 0  afin d’étudier les actions de l’acupuncture. Le point zusanli (36E) est considéré comme le point le plus courant utilisé dans le traitement de la PR.

Dans une précédente étude, des auteurs chinois ont déjà démontré dans le sérum des modèles de rat AIA que l'acupuncture au point 36E peut réguler plusieurs systèmes de réponse immunitaire de cytokines.

Dans cette présente étude, la même équipe utilise le modèle expérimental AIA pour étudier le point 36E en ce qui concerne les interactions entre les cellules immunitaires et les principaux médiateurs chez trois groupes de rats, âgés de 6 à 8 semaines : un groupe contrôle et deux groupes de rats AIA (avec et sans traitement par acupuncture).

L'œdème articulaire et la latence de retrait de la patte servent de critères pour observer les effets sur l'inflammation. Le dosage immunologique multiplex permet de mesurer le taux de 24 cytokines, de chimiokines et de facteurs de croissance dans les articulations de la cheville pendant le traitement, aux jours 1, 7, 15 et 21.

Les monocytes et la polarisation des macrophages dans les articulations enflammées ont été étudiés en détectant les populations phénotypiques M1 et M2 et leurs cytokines.

Les résultats ont montré que la puncture du point 36E réduit l'œdème de la patte et améliore le seuil nociceptif des rats AIA. Plusieurs cytokines immunitaires sont régulées par l'acupuncture et les rats traités ont montré une amélioration significative des symptômes comparés aux rats AIA sans traitement au jour 21.

Ainsi, l'acupuncture module de façon spécifique les monocytes / macrophages dans l’inflammation des articulations de la cheville des rats AIA. Elle  inhibe également les macrophages de phénotype M1 avec réduction du taux d’interleukines IL-1β. L'inhibition de la polarisation des macrophages peut être l'un des mécanismes clés de l'action anti-inflammatoire de l’acupuncture.

Cette recherche a mis en évidence un paradigme de recherche systématique pour l’étude des mécanismes d'action de l'acupuncture.

 

Yang F, Gong Y, Yu N, Yao L, Zhao X, Hong S, Wang S, Chen B, Xu Y, Pang G, Wang H, Guo Y, Li Y, Guo Y, Xu Z. ST36 Acupuncture Alleviates the Inflammation of Adjuvant-Induced Arthritic Rats by Targeting Monocyte/Macrophage Modulation. Evid Based Complement Alternat Med. 2021 Feb 27;2021:9430501. doi: 10.1155/2021/9430501. eCollection 2021.

 

L’acupuncture peut être aussi efficace que les techniques occidentales de Procréation Médicale Assistée (PMA) chez les femmes infertiles

Les résultats de la méta-analyse montrent ici une augmentation statistiquement significative du taux de grossesse entre le groupe acupuncture seule versus groupe témoin : risque relatif RR= 2,63 (IC 95% 1,60-4,32) ; I²=0%, soit 2,63 fois de plus de possibilité d’être enceinte par acupuncture.

En Chine, l'acupuncture est largement utilisée par les femmes infertiles dans un but de procréation médicale assistée (PMA) mais pas toujours associée aux protocoles usuels de PMA occidentale. De ce fait, cette méta-analyse a pour objectif d’évaluer son efficacité. Six bases de données (Medline, Embase, the Cochrane Central Register of Controlled Trials, the China National Knowledge Infrastructure (CNKI), the China Science and Technology Journal Database (VIP), and Wan-Fang Data) ont été explorées jusqu’en juin 2018. Vingt-deux essais comparatifs randomisés (ECR) concernant 2591 femmes souffrant d'infertilité traitées par acupuncture ou par traitement combiné (phytothérapie chinoise, thérapeutique occidentale de la PMA) ont été inclus. La méta-analyse a été réalisée à l'aide de Revman 5.3. La qualité méthodologique des études a été évaluée à l'aide de l'outil d'évaluation du risque de biais de la Cochrane Collaboration. Le taux de grossesse a été significativement amélioré avec le traitement acupunctural seul ou associé (RR=1,84 ; IC à 95% = 1,62 à 2,10 ; p<0,00001) par rapport à celui du groupe témoin. L'analyse des sous-groupes a objectivé une amélioration significative également avec acupuncture plus médecine occidentale, ou acupuncture plus pharmacopée chinoise ou acupuncture plus pharmacopée chinoise et médecine occidentale en comparaison à une intervention de médecine occidentale pure.  Il a été également observé une amélioration significative de l'infertilité quels qu’en soient la cause  de l’infertilité : syndrome des ovaires polykystiques, infertilité tubaire, troubles ovulatoires ou autres facteurs. 

De surcroît, le taux d'ovulation et l'épaisseur de l'endomètre ont été significativement augmentés. Ainsi dans neuf ECR (n=786), l'épaisseur de l'endomètre a été significativement augmentée. La différence moyenne (DM) sur modèle à effets aléatoires offre une différence statistiquement significative entre les groupes acupuncture et le groupe témoin (DM=1,39 ; IC à 95% 0,51 à 2,27 ; p=0,002). Cependant ce résultat est à tempérer du fait de la grande hétérogénéité statistique entre les études (I² =97%). La concentration de LH a également été diminuée. Par ailleurs, on note moins d'effets indésirables avec l’acupuncture qu’avec les traitements pharmacologiques. En conclusion, l'acupuncture et ses thérapies combinées peuvent être efficaces pour traiter l'infertilité féminine. Cependant, les études incluses ne sont pas suffisamment robustes pour permettre de tirer une conclusion ferme en raison de nombreux biais liés à la qualité des études incluses. De futurs ECR de haute qualité méthodologique sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

 Yun L, Liqun W, Shuqi Y, Chunxiao W, Liming L, Wei Y. Acupuncture for infertile women without undergoing assisted reproductive techniques (ART): A systematic review and meta-analysis. Medicine (Baltimore). 2019 Jul;98(29):e1646.3