Acu. expérimentale

L’électroacupuncture est efficace dans le traitement de la dépression chez le rat modèle

Afin d’explorer de nouvelles options de traitement non invasif pour la dépression, des chercheurs chinois ont mené une étude préclinique pour examiner les effets de l’acupuncture électrique (EA) chez l’animal-modèle de stress, le rat Sprague-Dawley. La dépression a été induite par un stress modéré imprévisible chronique (UCMS pour Unpredictable Chronic Mild Stress), combiné à l’isolement pendant 21 jours. Les rats ont été soumis chaque jour de façon aléatoire à des situations de stress telles que : privation de nourriture (24 h), privation d’eau (24 h), litière humide (24 h), natation dans l’eau glacée à 4 ° C (5 min), position agrafée par la queue (5 min), choc électrique à 100V (2 mA, 5 min), inversion du cycle lumière / obscurité (12 h).


"FST" by TaoPan - Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File :FST.jpg#mediaviewer/File :FST.jpg

 

Voir en ligne : Mo Y, Yao H, Song H, Wang X, Chen W, Abulizi J, Xu A, Tang Y, Han X, Li Z. Alteration of Behavioral Changes and Hippocampus Galanin Expression in Chronic Unpredictable Mild Stress-Induced Depression Rats and Effect of Electroacupuncture Treatment. Evid Ba


Dix-huit rats Sprague-Dawley ont été répartis au hasard en trois groupes : groupe contrôle (ne recevant ni induction de stress UCMS et ni traitement par EA), groupe modèle (recevant UCMS mais sans être traité par EA), et groupe EA (recevant UCMS et traité par EA). Les rats du groupe traité ont reçu l’EA (1mA, 2 Hz pendant 20 minutes) une fois par jour pendant 21 jours. Deux points ont été sélectionnés : Baihui (20VG) et Yintang (29VG), selon les indications de la médecine traditionnelle chinoise pour traiter les maladies liées à l’esprit et au cerveau. Les effets de l’EA ont été évalués par le test de champ ouvert (permettant de mesurer une activité motrice de type anxiolytique), la consommation de sucre (pour mesurer un comportement de la dépression par l’évaluation de l’état hédonique ou capacité de procurer du plaisir), le poids corporel et le dosage de la galanine (GAL) dans l’hippocampe.

Les rats ont été sacrifiés au 22è jour pour la détection de l’expression de la GAL ARNm dans l’hippocampe. Les résultats ont montré au 21e jour une diminution de poids chez le groupe modèle par rapport au groupe contrôle, mais une augmentation significative du poids du groupe EA par rapport au groupe modèle. Ceci indique que les procédures de stress UCMS ont une influence négative sur le poids, mais qui a pu être neutralisée par l’EA. Concernant la consommation de sucre, les résultats ont montré que les rats des groupes modèle et EA ont perdu l’attirance pour le sucre après induction UCMS, mais l’EA a pu améliorer la situation. L’expression de la GAL ARNm du groupe modèle est significativement diminuée par rapport au groupe contrôle, tandis que celle du groupe EA est significativement supérieure à celle du groupe modèle. La GAL est un neuropeptide présent dans l’ensemble du système nerveux central, plus particulièrement dans l’hippocampe et l’hypothalamus. Elle participe à la régulation de nombreuses fonctions physiologiques au cours du processus de réaction au stress.

D’après cette étude, l’EA permet de réduire de façon significative le déficit des activités comportementales induites par UCMS par un mécanisme de modulation positive de l’expression de la galanine dans l’hippocampe.

Des séances répétées d’acupuncture normalisent la connectivité dans les principales régions du cerveau liées à la douleur chronique

L'échelle KOOS est une échelle évaluant l'amélioration de la douleur, l'activité fonctionnelle dans la vie quotidienne, les sports et loisirs et la qualité de vie en rapport avec la gonalgies. Cette échelle a permis de mesurer l'évolution de cette échelle entre les groupes acupuncture véritable et placebo en pré et post-traitement d'acupuncture (a, b). Des corrélations statistiquement significatives de la douleur et des activités sportives en pré-acupuncture avec les connectivités PAG-Hpc et PAG-MFC observés chez tous les patients (c, d). Les valeurs de connectivité pour PAG-Hpc et PAG-MFC pour les groupes verum et placebo (sham) avant et après traitement acupuncture. Les barres représentent les erreurs standard (e, f). Les régions d'intérêt (ROI) de la connectivité du PAG avec Hpc et MFC réalisé par acupuncture Verum versus Sham et traitement post versus traitement pré-acupuncture (g). Toutes les valeurs de la connectivité ont été calculées en corrélation en fonction du temps entre les ROI du PAG et ceux du MFC et Hpc. Une diminution de la connectivité PAG-Hpc (observée dans le groupe verum versus sham) indiquerait une attention moindre à la douleur à l'anxiété et aux souvenirs nociceptifs ; une diminution de la PAG-MFC (observée dans le groupe sham versus groupe verum, entraînerait une connectivité positive dans le contraste verum > sham) indique éventuellement une plus grande attention à la douleur et une diminution de l'attente pour le soulagement du traitement répété de l'acupuncture.

Un essai clinique randomisé a été réalisé au sein du département de Psychiatrie de l’Hôpital général de Massachusetts (Harvard Medical School, Charlestown, USA) pour évaluer l’action de l’acupuncture en séances répétées dans la douleur chronique. La relation entre la connectivité dans les régions du cerveau liées à l’apprentissage de la douleur, à l’attention et la mémoire impliquées dans la chronicité de la douleur a été étudiée chez des patients souffrant d’arthrose chronique du genou.


Voir en ligne : Egorova N, Gollub RL, Kong J. Repeated verum but not placebo acupuncture normalizes connectivity in brain regions dysregulated in chronic pain. Neuroimage Clin. 2015 Sep 25 ;9:430-5. doi : 10.1016/j.nicl.2015.09.012. eCollection 2015.

Quarante-quatre patients atteints d’arthrose chronique du genou (19 femmes) ont été inclus dans l’étude. Les sujets dans cette étude avaient une douleur au genou soit unilatérale soit bilatérale. Ils ont été randomisés dans l’un des trois groupes : 1) traitement comportant six points d’acupuncture (35E, xiyan, 34VB, 9Rte, 39VB, 6Rte), 2) traitement comportant deux points d’acupuncture (35E, xiyan), ou 3) groupe contrôle par acupuncture simulée (six points d’acupuncture avec des aiguilles placebo de type Streitberger sur des non-points d’acupuncture). La répartition des caractéristiques de la douleur (douleur bilatérale / unilatérale, principalement dans genou droit / genou gauche) est équilibrée entre les groupes. Chaque participant a reçu un traitement par acupuncture sur le genou droit ou gauche (côté le plus douloureux). Le traitement et l’évaluation de la douleur sont uniquement concentrés sur un genou. Chaque sujet a reçu au total six séances d’acupuncture pendant un mois : deux fois par semaine pendant les deux premières semaines, et une fois par semaine pendant les deux dernières semaines. Les séances 1, 3 et 6 ont été réalisées avec le patient se trouvant dans une IRM de 3 Tesla. Les séances 2, 4 et 5 ont eu lieu dans une salle de test comportemental. Trois séances de balayage IRMf ont été réalisées pour chaque participant. Chaque session d’IRM comporte 6 minutes de balayage en état de repos, deux scans fonctionnels pendant la séance d’acupuncture (25 min), puis 6 minutes en état de repos.

Trente patientes (13 femmes, âgées de 57,5 ± 8,3 ans) sur les 44 patients inclus ont complété toutes les étapes expérimentales du protocole. On sait que le passage à la douleur chronique affecte spécifiquement la substance grise périaqueducale (PAG), le cortex frontal médial (MFC) et de l’hippocampe bilatérale (Hpc) et ses connectivités. Cette étude IRMf démontre que la connectivité PAG-MFC et PAG-Hpc chez les patients souffrant de douleur chronique due à l’arthrose du genou est directement en corrélation avec la gravité clinique et que l’amélioration induite par l’acupuncture véritable des scores de douleur (par rapport au placebo) est liée à la modulation de la connectivité PAG-MFC et PAG-Hpc. En effet, les résultats ont montré que des séances répétées d’acupuncture véritable rétablissent l’équilibre dans cette connectivité des régions-clés du cerveau liées à la douleur en modifiant l’attention et la mémoire du patient par rapport à la chronicisation de la douleur. L’acupuncture en sessions répétées pourrait normaliser l’attention des patients à la douleur et réinitialiser l’apprentissage de motivation émotionnelle, en changeant leur comportement par rapport à la douleur.

Dépression chez le rat : effet de l’acupuncture au point baihui (20VG) ou au point yintang (Ex-HN3)

Une étude antérieure sur des modèles de rats en état dépressif a montré que l’action simultanée de l’acupuncture aux points baihui (20VG) et yintang (Ex-HN3) améliore l’état de dépression à un niveau similaire à celui obtenu par pharmacothérapie. Dans cette présente publication, la même équipe japonaise a réalisé une étude pour voir si l’utilisation simultanée de l’acupuncture à ces deux points est nécessaire pour atténuer l’état dépressif.


 

Voir en ligne : Takagi K, Tanahashi N, Amagasu N, Mizuno K, Kawanokuchi J, Yi G, Ishida T. Effect of Manual Acupuncture Stimulation at "Bai-Hui" (GV 20) or "Yintáng" (Ex-HN3) on Depressed Rats. Acupunct Meridian Stud. 2017 Jan ;10(1):26-32.

Afin d’évaluer l’effet de l’acupuncture sur les symptômes dépressifs, ils ont utilisé un modèle de rat dont la dépression a été induite suite au stress par immersion dans l’eau. Les 35 rats Wister âgés de quatre semaines ont été répartis en sept groupes différents comportant cinq rats par groupe. Les dix rats du groupe contrôle (rats non déprimés car non soumis au test de stress par immersion) sont répartis en deux groupes : groupe 1 non soumis à l’immobilisation, groupe 2 soumis à l’immobilisation dans un sac en plastique troué permettant la respiration. Les 25 rats « en légère dépression » suite à l’immersion dans l’eau sont répartis en cinq groupes : groupe 3 (soumis à l’immobilisation), 4 (non soumis à l’immobilisation), 5 (puncture du point Ex-HN3, 6 (puncture du point 20VG) et 7 (traité par un antidépresseur, l’imipramine). L’acupuncture a été pratiquée pendant 20 minutes/séance, 5 jours/semaine pendant 3 semaines. La dépression ainsi que l’anxiété (en tant que symptôme couramment associé à la dépression) ont été évaluées par des mesures comportementales. Les résultats ont montré que le stress lié à l’immersion dans l’eau, utilisé pour créer des rats modèles de dépression, n’entraîne pas d’anxiété. Par contre, le stress induit par l’immobilisation a provoqué l’anxiété. Par ailleurs, contrairement à l’efficacité de l’action simultanée des deux points 20VG et Ex-HN3 sur la dépression, l’acupuncture isolée du point 20VG ou du point Ex-HN3 n’a amélioré ni la dépression ni l’anxiété chez les rats. Ces résultats sur des animaux modèles de dépression et d’anxiété sont à prendre en compte dans les futures études de recherche préclinique.