Archives de catégorie : Couvertures

Eclipse ?

11 août 1999 : éclipse totale de Soleil

Yang absorbé par le yin, ou yin ne faisant plus qu’un avec le yang, telle est l’impression donnée par l’observation en ce 11 août 1999 de l’éclipse totale de Soleil qui fut la dernière du XXᵉ siècle et du IIᵉ millénaire, l’an 2000 n’ayant connu que des éclipses partielles. Une éclipse solaire se produit lorsque la Lune passe entre la Terre et le Soleil, obscurcissant ainsi totalement ou partiellement l’image du Soleil pour un observateur sur Terre. L’éclipse solaire totale se produit quant à elle, lorsque le diamètre apparent de la Lune est plus grand que celui du Soleil, bloquant ainsi toute la lumière directe du soleil, transformant le jour en obscurité. La totalité se trouve dans un chemin étroit à travers la surface de la Terre alors que l’éclipse solaire partielle est visible sur une région environnante de milliers de kilomètres de large. Deux minutes plus tard, le soleil réapparaissait. Et c’est le sentiment de renaissance qui pourra se dégager de cet ultime numéro de la revue « Acupuncture & Moxibustion ».

Oui ultime, car toute l’équipe éditoriale qui a créé cette revue il y a vingt ans en janvier 2002, a été dans la lumière durant toute ces années, donnant sans compter et cela bénévolement. La revue, étant une émanation de l’association loi 1901 à but non lucratif, avait pour seul objectif de faire rayonner l’acupuncture francophone. Et nous avons vu évoluer l’acupuncture qui, de traditionnelle, a suivi de plus en plus la démarche scientifique de toute discipline médicale, sans néanmoins oublier ses fondements.

Je ne remercierai jamais assez tous ceux qui au cours de ces années ont su entretenir la flamme. Et il est temps pour nous de passer le relais et de se tourner vers une nouvelle forme de diffusion. Nous arrêtons la publication papier mais pas celle passant par le site internet. Ainsi, les nouveaux articles qui nous arriveront, paraitront régulièrement et en libre accès. Sans doute, publierons nous encore de temps en temps des numéros imprimés payants.

Mais, ce jour, vous tenez entre les mains le dernier numéro.

11 août 1999 : éclipse totale de Soleil
11 août 1999 : éclipse totale de Soleil

Aussi plongez vous dans l’histoire épistémologique de l’électroacupuncture, profitez de l’expérience clinique du Dr Florence Phan Choffrut concernant le traitement par les ventouses, lisez l’étude qualitative du Dr Marc Stéphan relative à l’expérience acupuncturale pour le sevrage tabagique en milieu pénitentiaire ou l’action de l’acupuncture dans les douleurs d’amputations observée par le Dr Patrick Sautreuil. Les preuves et l’évaluation selon l’acupuncture factuelle seront à votre portée avec le traitement de la dermatite atopique des Drs Olivier Goret et Johan Nguyen, les recommandations pour la paralysie faciale du Dr Sophie Lison ou dans la lecture des brèves des Drs Jean-Marc Stéphan et Tuy Ngna Brignol. On n’oubliera pas d’approfondir l’application des diagnostics par la différenciation des syndromes physiopathologies (bianzheng) dans des maladies cutanées ou dans les symptômes invalidants de la malformation d’Arnold-Chiari par le Dr Robert Hawawini.

Et puis, grâce à la revue partenaire « Chinese Medicine And Culture », vous découvrirez les perspectives autres sur la médecine chinoise que sont la pratique de la calligraphie sur le développement de l’intelligence émotionnelle des enfants des Drs Bin Zhou, Jun-Sheng Liu, Biao Sang ; et le changement de paradigme concernant le régime diététique traditionnel chinois de Yin‑Chen Chang, Xia Liu, Qi Xu, Jia‑Zhen Wu et Hong-Yi Shen.

Enfin, dans le climat délétère qui se développe depuis quelques années autour de l’acupuncture, une analyse complète du Syndicat National des Médecins Acupuncteurs de France (SNMAF) permettra de comprendre la guerre politique, informationnelle qui se joue par médias interposés entre une association voulant chapeauter l’acupuncture au même titre que l’ostéopathie ou l’hypnose au sein d’une Agence des médecines complémentaires et alternatives, et un collectif de médecins anti-acupuncture, nommé collectif Fakemed. C’est encore un des balbutiements de l’Histoire qui n’est pas sans rappeler les différentes tentatives d’abolition de l’acupuncture en 1822, 1929 ou bien plus récemment en 2006 [1-3].

Il est ainsi clair que la Capacité d’acupuncture a très certainement atteint ses limites et donc la solution en France passe par un véritable diplôme d’état universitaire qu’est le Diplôme d’Etudes Spécialisées en acupuncture, le DES.

Eclipse certes ce jour, mais donc pour mieux s’éloigner de l’obscurité et rejaillir à la lumière !  

Excellente lecture !

Eclipse solaire du 11 août 1999
Eclipse solaire du 11 août 1999


[1]. Nguyen J. L’interdiction de l’acupuncture en 1822 par l’empereur Daoguang et l’instrumentalisation de l’histoire. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(1):5.

[2]. Nguyen J. 1929 : la tentative avortée « d’abolition » de la médecine chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(2):151.

[3]. Stéphan JM. Abrégé de l’histoire de la médecine chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2011;10(2):138-146.


Stéphan JM. Eclipse ? Acupuncture & Moxibustion. 2021;20(2):140-141.

Anosmie au château d’Amboise

Ne plus pouvoir percevoir le parfum des brins de lavande si odoriférants lorsqu’ils sont cueillis juste avant l’ouverture des fleurs, est un vrai crève-cœur pour chaque patient atteint par le virus SARS-CoV-2, même si la vue sous le ciel  orageux du château royal d’Amboise, palais grandiose des rois Charles VIII et François Ier à la Renaissance, lieu de sépulture de Léonard de Vinci, témoignage exceptionnel des profonds changements qui se sont opérés en Europe aux XVe et XVIe siècles [1], pourrait compenser la perte d’un sens.

Château royal d’Amboise (XV -XVIe) – France
Château royal d’Amboise (XV -XVIe) – France

Aussi, l’on peut se réjouir qu’à la suite d’un article sur l’anosmie post-traumatique [2], François Pierrot va nous montrer l’intérêt de l’acupuncture dans l’anosmie en rapport cette fois avec la pandémie COVID-19, alors que la thérapeutique usuelle est peu efficace. Toujours concernant cette pandémie, ne manquez pas l’article de Marc Petitpierre sur la place de la médecine traditionnelle chinoise et surtout comment traiter le syndrome de fatigue chronique lié au Covid long. Dans les brèves, voyez aussi le cas clinique d’une femme médecin anesthésiste et acupunctrice de 37 ans, travaillant dans une unité de soins intensifs COVID à New York, patiente qui s’est rétablie de la pneumonie COVID dans la semaine sans hospitalisation en appliquant un protocole acupunctural.

Ce numéro est aussi consacré à la gynéco-obstrétrique : évaluation de l’évolution des pratiques professionnelles des sages-femmes, l’hypogalactie en suites de couches, l’engorgement mammaire, l’accouchement sous électroacupuncture, la rétention urinaire du post-partum ; à la neurologie : neuropathie diabétique, paralysie de Bell ; à la médecine physique, antalgique de niveau IV dans l’appareil locomoteur et le rachis ; à la pédiatrie avec les coliques du nourrisson. Ceux qui préférent aborder les traitements selon la différenciation des syndromes (bianzheng), liront avec intérêt les cas cliniques que nous rapporte Robert Hawawini. Certains préféreront l’acupuncture factuelle basée sur les preuves et les pratiques trouveront alors les protocoles utilisés dans la neuropathie périphérique chimio-induite, la prostatite chronique, l’épaule douloureuse par la technique de la puncture du tiaokou (38E), les douleurs du cancer, l’épicondylite. Enfin découvrez aussi les perspectives autres sur la médecine chinoise mais aussi sur l’auriculothérapie. En conclusion, on constate encore une fois le riche éventail de choix thérapeutiques qu’offrent l’acupuncture et ses techniques associées.

Jean-Marc Stéphan

[1]. Château royal d’Amboise. [Consulté le 04/06/2021]. Diponible à l’URL: https://www.chateau-amboise.com/fr/

[2]. Stéphan JM, Anosmie, à propos d’un cas clinique : intérêt de l’acupuncture et techniques associées. Acupuncture & Moxibustion 2020;(19)1:24-30.

Stéphan JM. Anosmie au Château d’Amboise. Acupuncture & Moxibustion. 2021;20(1):4-5.

Gorda Gertrudis et syndrome métabolique ?

Jouxtant l’entrée de l’église San Domingo sur la place du même nom à Cartagena en Colombie trône la statue de 650 kg, la « Gorda Gertrudis ». Cette imposante femme couchée avec ses formes opulentes fut donnée à la ville par Fernando Botero le 14 avril 2000. Fernando Botero, né le 19 avril 1932 à Medellín, est un aquarelliste et sculpteur colombien réputé pour ses personnages aux formes rondes et voluptueuses, inspirés de l’art précolombien.

L’on peut se demander s’ils ne souffrent pas tous du syndrome métabolique qui désigne la coexistence de plusieurs désordres métaboliques pouvant augmenter considérablement le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques, mais aussi de neuropathies. Le diagnostic est fait lorsque le sujet présente au moins trois des symptômes suivants : hypertension artérielle, glycémie élevée mais sans réel diabète de type 2, surpoids ou embonpoint abdominal, faible taux de HDL cholestérol et taux élevé de triglycérides. L’on lira donc comment l’acupuncture et techniques associées (électroacupuncture et moxibustion) peuvent avoir à la fois un effet immédiat mais aussi prolongé sur le diabète de type 2, mais aussi sur la neuropathie périphérique. L’histoire de l’acupuncture n’est pas absente du sommaire de ce numéro : pas moins de trois articles lui sont consacrés avec la vie de Nguyen Van Nghi, pionnier de la médecine traditionnelle chinoise d’Anita Bui, mais aussi les premières traductions du Huangdi neijing suwen de Valentine Thiebaut ou l’étude de Johan Nguyen sur la taupe de l’industrie du tabac, Petr Skrabanek, figure de proue du mouvement sceptique anglo-saxon qui déploie une critique systématique de l’acupuncture. En cette période de pandémie au SARS-CoV-2, il sera intéressant aussi de connaître l’approche que les Chinois se font des maladies épidémiques selon la médecine chinoise et les Classiques comme le Zhenjiu Dacheng, par Jean-Claude Dubois.

La « Gorda Gertrudis » à Cartagena – Colombie
La « Gorda Gertrudis » à Cartagena – Colombie

A ne pas manquer également le remarquable essai comparatif randomisé (ECR) en simple aveugle de Coralie Lesport, Laurianne Lopez et coll. qui s’est déroulé dans la maternité du Centre Hospitalier Sud Francilien, à Corbeil- Essonne, en région parisienne, sur une période de six mois. Pour la première fois, un ECR de grande puissance, puisque portant sur 350 patientes, a démontré l’intérêt de la puncture du point sanyinjiao Rt6 sur l’ampliation et les lésions du périnée au cours de l’accouchement.

Vous découvrirez également dans ce numéro de nouvelles rubriques concernant les preuves et les pratiques de l’acupuncture. Olivier Goret et Johan Nguyen suivent pour nous l’actualité de l’acupuncture et font une analyse des publications et commentaires sur des problématiques concernant notre discipline. Comme ils le disent, « il s’agit d’aider le professionnel dans sa pratique, de lui apporter des outils et des méthodes, d’alimenter sa réflexion ». Ils abordent entre autres sujets, le canal carpien et l’intérêt d’ajouter les points 3F (taichong) et 4F (zhongfeng) en controlatéral ; à quel moment effectuer l’acupuncture dans les nausées et vomissements chimio-induits ; le consensus d’experts sur le traitement de la gonarthrose par acupuncture ; ou la différenciation des zheng comme option thérapeutique etc.. En parlant de différenciation des syndromes (bianzheng), Robert Hawawini nous montre d’ailleurs, à partir d’une observation clinique, comment les utiliser dans la myopathie acquise du sujet âgé.

Les brèves nous apportent aussi les résumés des méta-analyses récemment sorties : efficacité dans la constipation fonctionnelle, dans les bouffées de chaleur post-ménopausiques, eczéma atopique, etc. mais assortis des réserves si nécessaire.

Stéphan JM. Gorda Gertrudis et syndrome métabolique ? Acupuncture & Moxibustion. 2020;19(2):128-129

Les couronnes de Ñaupa Mujer et Ñaupa Diablo 

Le carnaval de la ville d’Oruro est le plus grand événement culturel annuel de Bolivie. Il a été inscrit en 2008 par l’Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ancien site de cérémonies précolombien situé à 3700 mètres d’altitude, Oruro fut un important centre minier aux XIXe et XXe siècles. Refondée par les Espagnols en 1606, la ville est restée un site sacré pour les Uru, qui venaient pour la grande fête d’Ito. Cette cérémonie a été transformée en rituel chrétien avec la Diablada, danse traditionnelle des hauts plateaux des Andes, devenue la danse principale du carnaval d’Oruro. La Diablada représente l’affrontement entre les forces infernales et celles des anges, danse créée dans un but d’évangélisation [[1]].

 Ñaupa Diablo et sa compagne Ñaupa Mujer - Musée du Quai Branly - Paris - France
 Ñaupa Diablo et sa compagne Ñaupa Mujer – Musée du Quai Branly – Paris – France

Sur la photo prise au Musée du Quai Branly – Jacques-Chirac à Paris sont présentés à droite le costume de « Ñaupa Diablo », le « vieux diable » et à gauche celui de sa compagne « Ñaupa Mujer ». L’origine de la danse de « la Diablada » remonte au XVIIe siècle quand les mineurs des villes de Potosí et d’Oruro reconnurent la Vierge de la Candelaria (Vierge du Socavón) comme la Mère Protectrice des travailleurs, Sainte Patronne des mineurs. La Diablada fusionne des éléments de la religion catholique et des croyances autochtones au travers d’une danse théâtrale qui met en scène les personnages de Lucifer, « Ñaupa Diablo » et son épouse, escortés d’une légion de démons et de l’Archange Saint-Michel, qui est le chef de la milice des Anges [[2]]. Remarquons ces têtes couronnées qui ne peuvent qu’évoquer en cette période de pandémie Covid-19, la fameuse couronne du SARS-CoV-2 (ici vue d’artiste au microscope électronique), coronavirus (du latin corona et virus, littéralement « virus à couronne »). Son nom provient de l’apparence des images du virion au microscope électronique, caractérisée par une frange de grandes protubérances qui entourent l’enveloppe comme une couronne.

Aurons-nous un moyen de prévention ou thérapeutique comme notre Saint-Michel terrassant le Dragon ? On peut le croire comme vous le verrez dans ce numéro. Ainsi lisez l’article de Claude Fontaine « Maladies fébriles, épidémies et coronavirus » qui propose, en s’appuyant sur les théories du Shanhanlun et autres, de traiter le stade de la récupération de Covid-19 par la pharmacopée chinoise.

D’autres protocoles de pharmacopée concernant les autres stades de la maladie sont disponibles sur le site internet de la revue.

Costume d’un ange, des ailes au masque du carnaval d’Oruro (2008)
Costume d’un ange, des ailes au masque du carnaval d’Oruro (2008)

Voyez aussi la synthèse « COVID-19 et acupuncture : existe-t-il une nouvelle voie de recherche thérapeutique ? » de Beltrán Carrillo Manrique et Esther Martínez García. Ils proposent d’ailleurs, pour ceux qui sont intéressés, de participer à deux protocoles de recherche cliniques à l’étude dans certains hôpitaux espagnols : ACU-COVID- 19, essai comparatif randomisé sur l’effet de l’acupuncture en traitement adjuvant en phase aigüe, et  AcuPOSTCov, ECR mis en place pour réduire l’apparition des complications pulmonaires.

 SARS-CoV-2 (vue d’artiste au microscope électronique).
SARS-CoV-2 (vue d’artiste au microscope électronique).

On sait que l’anosmie ou l’agueusie apparaissent au stade précoce du Covid-19. La récupération se fait au bout de quelques semaines, mais parfois de manière partielle. L’article « Anosmie, à propos d’un cas clinique : intérêt de l’acupuncture et techniques associées » peut vous aider à accélérer la guérison.  Et puis, pour travailler dans de bonnes conditions en cette période de pandémie, le « Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des soins par acupuncture en période d’épidémie de coronavirus COVID-19 » rédigé par le Collège Français d’Acupuncture et de MTC (société savante d’acupuncture) vous assurera d’être plus serein dans votre travail.

La neurologie est aussi un sujet important traité dans ce numéro. Olivier Cuignet vous présente son travail « Efficacité de l’électroacupuncture pour soulager les phénomènes de spasticité  après des lésions de la moelle épinière : à propos d’un cas » et Patrick Sautreuil, Tuy Nga Brignol et col. nous exposent cinq cas cliniques dans « Acupuncture dans les douleurs myofasciales des neurodystrophies musculaires : quels effets ? ».

On lira aussi avec grand intérêt l’article d’obstétrique de Florence Phan-Choffrut, Winder Wen-Te Chang « Engorgement mammaire et soins du post-partum : intérêt de la MTC », article qui fait suite à un stage à Taiwan organisé par l’Association Scientifique des Médecins Acupuncteurs de France (ASMAF-EFA).

Pour terminer, Robert Hawawini nous offre plusieurs articles « À propos d’une observation de maladie de Dupuytren », « À propos d’une observation complexe d’un état de stress » et « 31 exemples de puncture unique en acupuncture ». On n’oubliera pas l’essai sur le Palais impérial que nous explique Henning Strøm en référence au Daodejing. Et bien sûr, ne ratez pas non plus les « Brèves d’acupuncture », mettant en exergue les derniers travaux scientifiques (méta-analyses, ECR, acupuncture expérimentale) sur l’acupuncture et techniques associées.

 Jean-Marc Stéphan

 [1]. Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Le carnaval d’Oruro. [Consulté le 28/05/2020]. Disponible à l’URL : https://ich.unesco.org/fr/RL/le-carnaval-doruro-00003.

[2]. Musée du Quai Branly Jacque Chirac. Costume de Ñaupa Diablo : masque-heaume. [Consulté le 28/05/2020]. Disponible à l’URL : http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/base/Work/action/show/notice/431096-costume-de-naupa-diablo-masque-heaume/page/3/


Stéphan JM. Les couronnes de Ñaupa Mujer et Ñaupa Diablo. Acupuncture & Moxibustion. 2020;19(1):4-5.

Acupuncture au pays de Tintin

L’Atomium est un monument de Bruxelles, construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1958. En acier inoxydable et aluminium, il est devenu, au même titre que le Manneken Pis et la Grand-Place, un symbole de la capitale de la Belgique. Il culmine à 102m d’altitude. Il se compose d’une charpente d’acier et de trois piliers bipodes portant neuf sphères de 18 mètres de diamètre pour environ 250 tonnes. Il représente la maille conventionnelle du cristal de fer (structure cubique centrée) agrandie 165 milliards de fois [1].

Atomium – 1958 – Bruxelles – Belgique
Atomium – 1958 – Bruxelles – Belgique

  Les escaliers mécaniques installés dans les tubes obliques, comptent parmi les plus longs d’Europe. Le plus grand mesure 35 m de long (photo).

Escaliers – Atomium – 1958 – Bruxelles – Belgique
Escaliers – Atomium – 1958 – Bruxelles – Belgique

Et c’est à Bruxelles que se sont tenues en novembre dernier le congrès conjoint de la Fédération des Acupuncteurs pour la Formation Médicale Continue (Faformec) et de l’ABMA/BVAA (Association Belge des Médecins Acupuncteurs/Belgische Vereniging der Artsen Acupuncturisten) consacré à l’Art de Vieillir.

Congrès international, car en plus des Français et Belges, étaient présents des conférenciers Suisses, Roumains et Chinois.

Un reportage est consacré à la richesse de ces deux journées. De nombreux articles seront présentés également dans ces colonnes faisant suite à ceux déjà parus dans le précédent numéro. Vous lirez ainsi : l’étude clinique sur la façon de préserver la beauté du ventre ; l’électroacupuncture intégrée à la procréation médicale assistée dans les cas de troubles d’implantation de l’embryon ; l’intérêt de l’acupuncture dans la maladie de Parkinson avec un état des lieux des connaissances théoriques en 2019 ; comment agir en acupuncture dans l’aplasie médullaire ; comment la pratique du taijiquan peut-elle être aussi un «art de longue vie» ; traitement de la Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age (DMLA) atrophique par acupuncture et enfin les données probantes (médecine factuelle fondées sur les preuves) en 2019 concernant le « bien vieillir ».

En dehors des articles ayant fait l’objet d’une communication au congrès, plusieurs sujets ne manquent pas d’intérêt. Ainsi Robert Hawawini abordera le sujet d’une observation clinique complexe selon la différenciation des syndromes (bianzheng) : les Reins ne reçoivent pas le qi. Olivier Goret et Johan Nguyen expliqueront l’intérêt des jiaji lombaires dans le traitement des lombalgies et lombosciatiques, confirmé par une revue systématique incluant onze essais comparatifs randomisés. Henri Truong Tan Trungsr parlera des notions fondamentales de la chronoacupuncture, en analysant les considérations énergétiques et climatiques sur l’année métal – rat (gengzi / 7-I) 2020-2021. Enfin une évaluation de l’acupuncture sera faite sur l’article de Zhao, Li et al. qui a tant fait parler de lui durant le courant de l’été 2019, à savoir l’efficacité de l’électroacupuncture dans l’angor stable.

[1]. Wikipédia. Atomium [Consulté le 08/12/2019]. Disponible à l’adresse URL :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Atomium.

Stéphan JM. Acupuncture au pays de Tintin. Acupuncture & Moxibustion. 2019;18(2):100-101

17 ans déjà de pérégrinations ! Et Chronos fit une halte à Shanghai, dans le district de Pudong

En 2014 fut créée la revue chinoise « Chinese Medicine and Culture », gérée par l’Université de Médecine Traditionnelle Chinoise de Shanghai (SHUTCM). Elle a pour vocation de présenter la médecine chinoise sous le regard ethnologique mais aussi anthropologique de la santé. Fondée en 1956, le SHUTCM est l’un des quatre premiers collèges de médecine traditionnelle chinoise de Chine. Son campus, d’une superficie de 35 hectares, est situé dans la section de la recherche et de l’éducation du parc de haute technologie de Zhangjiang, dans la nouvelle zone de Pudong, immense district futuriste visant à faire de Shanghai une ville innovante. Innovante et on veut bien le croire quand on observe la photo de Shanghai en 2001 et du même point de prise de vue, celle prise en 2018. Dix-sept ans les séparent et la tour de télévision Perle de l’Orient [1], qui se caractérise par ses sphères roses, tout comme la tour Jinmao[2]  bien visible en 2001 ne sont plus que des petits gratte-ciels comparés notamment à la tour Shanghai[3], haute de 632 m et achevée en 2015 et le Shanghai World Financial Center [4].

A Shanghai, et tout particulièrement au SHUTCM, l’Association Scientifique des Médecins Acupuncteurs de France-Ecole Française d’Acupuncture (ASMAF-EFA) a organisé l’année dernière un stage. Vous en avez lu le reportage dans le précédent numéro [[1]].

La tour de télévision Perle de l’Orient en 2001 – Shanghai – Chine
La tour de télévision Perle de l’Orient en 2001 – Shanghai – Chine

L’ASMAF-EFA gère avec le Groupe d’étude et de recherches en acupuncture (GERA) la revue « acupuncture & Moxibustion ». Le premier numéro d’Acupuncture & Moxibustion, revue de référence des médecins acupuncteurs francophones, issue de la fusion en janvier 2002 de « Méridiens » et de la « Revue Française de Médecine Traditionnelle Chinoise » est parue en juin 2002 [5].

Nous fêtons donc en 2019, avec le même écart temporel qui sépare ces deux photos nos 17 ans d’existence mais aussi un accord de coopération avec la revue « Chinese Medicine and Culture » qui vient d’être signé à la suite de ces stages dirigés par Florence Phan-Choffrut. L’objectif est de promouvoir les échanges sino-français et surtout d’échanger des articles parus dans l’une ou l’autre revue.

Vous lirez d’ailleurs dans ce numéro la présentation de leur revue par son comité éditorial, avec quelques photos où vous reconnaitrez aisément Jean-Claude Dubois, le premier directeur d’Acupuncture & Moxibustion en collaboration avec Christine-Recours-Nguyen. Découvrez aussi le premier article d’Anita Bui déjà paru en anglais dans Chinese Medicine and Culture et consacré à la médecine traditionnelle vietnamienne qui revient justement sur l’héritage que nous devons au Dr Nguyen Van Nghi[6].

Dix-sept ans et le temps qui passe ! Chronos, dieu primordial de la mythologie grecque personnifiant le Temps, surtout connu pour être représenté sous les traits d’un vieil homme sage avec une longue barbe grise apporte aussi au temps la notion qui rend compte du changement et du mouvement dans le monde. On pourrait de ce fait lui adjoindre la notion de la longévité, ou comment traverser les ans en préservant sa santé, peut-être avec l’aide de la médecine chinoise ? c’est aussi un grand thème abordé dans ce numéro : l’art de vieillir de Henning Strom, en suivant les principes du Daodejing ou comment prolonger la longévité par l’acupuncture et ses techniques associées selon les données issues de la médecine fondée sur les preuves ou sur l’acupuncture expérimentale ? Mais aussi on pourra comprendre comment aider ces femmes en désir de grossesse dont l’horloge biologique tourne irrémédiablement par une pratique de Médecine Chinoise Antique proposée par Chantal Diezi Ludi, Fabienne Taugwalder et Alain Mestrallet.

La maladie de Parkinson survient souvent chez les personnes âgées. On verra dans les brèves qu’une méta-analyse suggère un effet protecteur de l’acupuncture sur un modèle de rongeurs atteints de la maladie de Parkinson.

Enfin, même si cette étude n’a pas de rapport précis avec le thème de la longévité, découvrez aussi la paralysie faciale a frigore décrite par Robert Hawawini dont une méta-analyse objective le bien-fondé de son efficacité, à voir dans les brèves aussi. Enfin ne manquez pas non plus les deux synthèses de Claude Pernice et Florence Phan-Choffrut sur kulun (60V) et zhubin (9Rn) : données factuelles et questionnements, sans oublier l’intérêt du qimen (14F) chez les femmes enceintes pour diagnostiquer une dystocie cervicale.


 Notes

[1]. La tour de télévision et de radio Perle d’Orient est une tour de télévision au bord de la rivière Huangpu, en face de la célèbre promenade du Bund, où s’alignent des immeubles de l’époque coloniale. La construction, d’une hauteur de 468 m, a commencé en 1991 et la tour a été achevée en 1994. Il s’agissait de la plus haute structure de Chine de 1994 à 2007, date à laquelle elle a été dépassée par le Shanghai World Financial Center (Centre mondial des finances de Shanghai)

[2]. La tour Jinmao a été le gratte-ciel le plus haut de Chine depuis son achèvement en 1999 jusqu’en 2007 avec ses 88 étages (93 si on compte les étages dans la flèche) à Lujiazui, Pudong. Elle mesure 420,5 mètres de hauteur et reste l’un des plus hauts bâtiments du monde. Avec la Perle de l’Orient, le Centre mondial des finances de Shanghai et la Tour de Shanghai, elle fait partie de la ligne d’horizon de Lujiazui vue du Bund. En 2007, la tour Jinmao a été dépassée en hauteur par le Centre mondial des finances de Shanghai.

[3]. La tour de Shanghai, un bâtiment de 121 étages situé à côté de ces deux bâtiments, a surpassé à son tour la hauteur de ces deux bâtiments en 2015, créant ainsi le premier trio au monde de supers gratte-ciel adjacents.

[4]. Le Centre mondial des finances de Shanghai est un gratte-ciel situé dans le quartier financier de Lujiazui, le district de Pudong, dans la ville chinoise de Shanghai. À son ouverture en 2008, il était le deuxième plus haut gratte-ciel du monde avec ses 492 mètres et ses 101 étages.

[5]. Le Docteur Didier Fourmont, fondateur de la Revue Méridiens en 1968, en a été le Directeur jusqu’en 1997, date à laquelle lui a succédé le Docteur Jean Claude Dubois. Le Mensuel du Médecin Acupuncteur a été crée en 1973 par Nguyen Van Nghi, avec comme premier rédacteur en chef Albert Gourion. En 1982 le Mensuel du médecin acupuncteur est devenu la Revue Française de Médecine Traditionnelle Chinoise.

[6]. Notons l’étrange raccourci du Temps : le premier numéro d’Acupuncture & Moxibustion de 2002;1(1-2) lui était consacré avec en couverture sa photo.


 Références

[1]. Dian Z, Phan-Choffrut F, Wei Z, Tamendjou Djilo L.  Soins esthétiques ou cosmétologie en MTC (中医美容面面观). Acupuncture & Moxibustion. 2018; 17(2) :244-253. 

Stéphan JM. 17 ans déjà de pérégrinations ! Et Chronos fit une halte à Shanghai, dans le district de Pudong. Acupuncture & Moxibustion. 2019;18(1):4-5.

Invitation au voyage

Je vous invite au voyage, hors des sentiers battus comme le dit dans son article Patrick Sautreuil, afin de découvrir l’acupuncture et la médecine chinoise du Yunnan, cette province du sud-ouest de la Chine peuplée de vingt-cinq ethnies. Vous découvrirez ainsi la minorité des Bai et leur impressionnante pharmacopée, mais aussi la moxibustion, le taijiquan tous deux imprégnés de la philosophie taoïste. L’autre découverte à laquelle je vous convie est celle de Délos, une minuscule île grecque des Cyclades, à proximité de Mykonos. Henning Strøm vous révèlera des similitudes entre métaphysique grecque et chinoise. Cet ilot rocheux de 3,5km² a connu son apogée au VIsiècle AEC. C’était un important centre commercial dont on voit d’ailleurs sur la photo supérieure les ruines d’un bâtiment daté de l’époque classique (Ve – IVe siècles AEC) [[1]]. En dessous, admirez la célèbre terrasse aux lions au style si particulier avec un corps maigre, très allongé associé à une petite tête (VIIIe siècle AEC) et le théâtre construit entre la fin du IVe et le troisième quart du IIIe siècle AEC [[2]]. Mais le plus édifiant est ce petit relief du dieu Hermès et de sa demi-sœur Athéna daté du IIe EC. Hermès est une des divinités de l’Olympe, messager des dieux, dieu des voyageurs, du commerce, des professions qui s’occupent de la communication comme les imprimeurs, le gardien des routes et des carrefours, dieu des voleurs, puis dieu accompagnateur des âmes des morts aux Enfers. Son équivalent latin est Mercure. Le caducée d’Hermès est un de ses attributs ; il est représenté comme une baguette de laurier ou d’olivier surmontée de deux ailes que l’on ne discerne pas ici et entourée de deux serpents. Ceux-ci, dressés et entrelacés, signifient l’union du ciel et de la terre et l’éveil de la conscience cosmique. Ce n’est pas un symbole médical. Le lien entre Hermès, son caducée et la médecine semble être né de son rapport avec l’alchimie. Les deux serpents représenteraient les principes antagonistes (soufre/mercure, humide/sec, chaud/froid…), comme le yinyang en médecine chinoise, qui doivent s’unifier dans l’or unitaire de la tige. Et malgré le fait que le bâton à serpent unique d’Asclépios soit le véritable symbole de la médecine, de nombreux groupes médicaux ont adopté le caducée d’Hermès comme symbole médical aux XIXe et XXe siècles. Ainsi, le département médical de l’armée des États-Unis en 1902 [[3],[4]]. Aux côtés d’Hermès, se tient Athéna, déesse de la Raison, de la Prudence, de la stratégie militaire et de la Sagesse.

Il est possible de poursuivre votre voyage en allant à nouveau en Chine, à Shanghai plus précisément et aborder les soins esthétiques ou cosmétologie, discipline qui traite aussi les problèmes dermatologiques comme l’acné, l’eczéma, le psoriasis, etc. Toujours en Chine, voyez, grâce à Johan Nguyen, comment en 1929, une tentative avortée « d’abolition » de la médecine chinoise ressemble étrangement à ce que l’on vit en ce moment en France, mais aussi en Espagne, à savoir la polémique contre les « fake-medicine » qui tend à discréditer l’acupuncture [[5]]. En lisant les brèves, ces polémiqueurs auraient pu constater les nombreuses études (ECR, méta-analyses) positives ou même découvrir l’étude d’Anne-Gaëlle Curreaux et coll. objectivant l’intérêt de l’impact de la puncture des points GI4 hegu et RM3 zhongji sur le poids des pertes sanguines lors d’un accouchement par voie basse.

Enfin et pour achever votre périple, explorez l’acupuncture balancée de Benoît Bataille, l’approche globale dans la clinique médicale chinoise de Jean-Marc Eyssalet, l’auriculomédecine et le Réflexe Auriculo-Cardiaque (RAC) de Pilar Margarit Bellver, les considérations énergétiques et climatiques sur l’année Terre – Cochon de Truong Tan Trung,  le gubi  de Robert Hawawini ou enfin par Alain Destribats le zhubin, un pont entre deux mondes qui clôt ainsi votre voyage.

Hermès et de sa demi-sœur Athéna ( IIe EC) - Délos - Grèce
Hermès et de sa demi-sœur Athéna ( IIe EC) – Délos – Grèce

[1]. Karvonis K. Les installations commerciales dans la ville de Délos à l’époque hellénistique, BCH 132, 2008, p. 153-219.

[2]. Frank Sear, Roman theatres : An architectural study, Oxford University Press, 2006, 609 p. 12

[3]. Gourdol JY. Caducées et Serpent d’Asklépios.[Consulté le 09/12/18]. Disponible à l’URL: http://medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/divers_institutions/caducee.htm.

[4]. Blayney K.The Caduceus vs the Staff of Asclepius.[Consulté le 09/12/18]. Disponible à l’URL: http://drblayney.com/Asclepius.html

[5]. https://fakemedecine.blogspot.com/2018/01/fakedex-acupuncture.html

Stéphan JM. Invitation au voyage. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(2):140-141.

Naissance

Il sera beaucoup question de naissance dans ce numéro, car nombreux sont les articles consacrés à l’obstétrique et à la préservation d’une grossesse à mener à terme pour aboutir au miracle de la Vie. Intérêt de la pratique de l’acupuncture sur la maturation cervicale à terme dépassé, prévention de la pré-éclampsie, moxibustion en obstétrique où entre autres sujets sera abordée la moxibustion dans les versions des présentations du siège qui permet ainsi d’éviter souvent les césariennes.

Et en parcourant les autres articles, peut-être serez-vous surpris d’apprendre que le kunlun 昆仑 (60V) facilite l’expulsion pendant l’accouchement et que certains auteurs le contre-indiquent avant le terme parce que sa puncture provoquerait des contractions utérines et faciliterait donc les fausses couches.

Et la médecine coréenne n’est pas en reste car en 2000 ont été mises en place dans le système des spécialistes de médecine coréenne (KM), huit spécialités dont la gynécologie KM (韓方婦人科) et la pédiatrie KM (韓方小兒科).

La médecine traditionnelle coréenne a subi les aléas de l’Histoire pour finir par s’imposer définitivement en 1951 par la loi sur le service médical national (MSA, Gukmin Uiryobeop, 國民醫療法) qui reconnaissait les praticiens traditionnels en tant que médecins. En Chine, Johan Nguyen vous expliquera pourquoi en 1822, il y a eu instrumentalisation de l’Histoire pour que l’acupuncture soit interdite par l’empereur Daoguang. On en subit encore les conséquences qui selon les « trois discours New Age, sceptique et anthropologique post-moderne » engendrent « l’idéalisation à la dépréciation systématique de la médecine chinoise ».

Dépression mélancolique, acouphènes, syndromes méniériformes, entorse aiguë de la cheville, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, syndrome ménopausique post-chimiothérapique, diabète non insulino-dépendant, canal lombaire étroit, dysménorhée, sans oublier deux essais concernant l’usage physiologique de nos méridiens, l’interprétation de la tonification et de la dispersion et un reportage sur le 5e Forum International des Études Occidentales sur la Médecine Chinoise dans le Yunnan en Chine font de ce premier numéro de l’année 2018 un passionnant inventaire à la Prévert de ce que l’acupuncture et techniques associées peuvent apporter à l’être humain, de la naissance à la mort.  

Stéphan JM. Naissance. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(1):4.

Fengchi 風池 20VB, Mare du Vent

    Indissociables des paysages de Flandre, les moulins à vent du Nord de la France, tels que celui de Watten de neuf mètres de haut au sommet du mont culminant à soixante-douze mètres, se dresse fièrement sur son bastion dominant la plaine maritime flamande et l’Audomarois depuis 1731, date de sa construction [[1]]. Face au vent, il servait à moudre du grain. Dans nos contrées, dès le Moyen-Age, les deux éléments naturels que sont l’eau et le vent ont été domestiqués par l’homme, permettant de conquérir des terres nouvelles sous le niveau de la mer. Ainsi, les moulins à vent ont été utilisés dans l’Audomaroiss pour drainer l’eau autour de Saint-Omer et de Clairmarais et rejeter ainsi le surplus d’eau dans la mer. C’est au XIIe siècle que le comte de Flandre, crée les « Wateringues » pour coordonner l’action collective de drainage de la plaine entre Watten, Calais et Dunkerque. L’eau était rejetée dans des fossés et canaux appelés watergangs. Ces moulins étaient équipés d’une roue à palettes et pouvaient remonter jusqu’à deux mètres d’eau afin de drainer le marais audomarois.

    L’approche analogique de l’acupuncture fait correspondre l’élément Vent feng avec le Bois et les méridiens de Foie et de Vésicule Bilaire ; et, l’élément Eau shui 水 avec ceux de Rein et Vessie. Le fengshui (風水), art traditionnel extrême-oriental, littéralement « le vent et l’eau » » a pour but d’apporter à un site de travail ou d’habitat un environnement harmonieux propice au bien-être, à la santé et la qualité de vie de ses occupants en tenant compte justement de l’interaction des cinq phases (Eau, Bois, Feu, Terre, Métal, Feu), du yin et du yang, ect. [[2]]. Toujours par analogie, la mare ou encore traduit par piscine 池 est en rapport avec l’eau. Ainsi dire que si le Rein est en insuffisance par Vide de yin (élément Eau), le Bois (Foie-Vésicule Biliaire) dans le cycle d’engendrement sheng ne sera pas nourri et de ce fait l’élévation du yang de Foie s’ensuivra, cause de Vent interne. Il est alors nécessaire selon les principes de la médecine chinoise de tonifier la Racine (ben), le Rein, mais aussi le Foie afin d’éviter que ce Vent ne se transforme en tempête, tout comme les ailes d’un moulin s’emballant car non freinées par le pompage de l’eau.

    Moulin à vent de Watten -Nord - France
    Moulin à vent de Watten -Nord – France

    Ainsi fengchi (20VB), mare du vent, point du méridien de Vésicule Biliaire, point de croisement avec le méridien du Triple Réchauffeur (sanjiao shushaoyang), du yangweimai et du yangqiaomai a pour indications de chasser, éliminer et expulser le Vent, d’améliorer l’audition, d’avoir des effets bénéfiques sur la tête et les yeux, de réanimer la conscience, de « rafraîchir » la tête en fortifiant la Moëlle et le Cerveau [3-5] et aussi selon le professeur Wei Jia d’agir sur les ulcères gastriques (wei wan tong), d’agir sur l’asthme dû au Vent Mucosités en purgeant le Feu du Foie et de la Vésicule Bilaire (dans les troubles de la ménopause), d’agir sur l’alopécie en libérant le qi du Foie déprimé et en régulant le qi du Poumon, de traiter diverses céphalées de type Vent ou par Stase de Sang, les acouphènes, les rhinites, etc. [[6]].

    Vous ne serez pas alors étonnés de voir dans « Voyage d’étude en Chine » de Florence Phan-Choffrut que le fengchi est encore cité dans les rhinites allergiques, mais aussi dans les urticaires chroniques (car selon la MTC, maladie classée dans les maladies dues au Vent). Robert Hawawini nous fera part aussi de son expérience du 20VB dans le diabète non insulino-dépendant en association par exemple avec le neiguan 6MC et le taichong 3F car ces points mobilisent la Stagnation du qi du Foie, chassent le Vent, clarifient la Chaleur du Cœur et du Foie en cas d’élévation de son yang (chasse le Vent interne neifeng).

    Mais à cette vision toute analogique des choses, on peut y associer aussi l’approche cybernétique qui considère que tout système doit maintenir son homéostasie par des mécanismes d’autorégulation et ses boucles de rétroaction (feedback). Ainsi fengchi (20VB) est un bon exemple de cette action cybernétique. Tout d’abord, c’est un des soixante-trois points majeurs, comme vous pourrez le constater en lisant « Points majeurs, points courants et points secondaires » de Claude Pernice et Johan Nguyen. Dans les vertiges, vous lirez dans les brèves de ce numéro que 20VB accélère la vitesse du flux sanguin en améliorant l’apport sanguin aux artères vertébrales ; mais en cas de migraine et si une électroacupuncture (EA) à une fréquence de 2/15Hz est appliquée, son action serait associée au récepteur cannabinoïde de type 1 avec inhibition du système trigéminovasculaire et de l’inflammation neuronale et/ou modulation des voies descendantes du tronc cérébral. Si on recherche le deqi sur le 20VB, son action dans la migraine est alors davantage liée au système de signalisation du gène de la calcitonine plasmatique (CGRP) et de la substance P (SP) qui serait inhibé. Découvrir aussi qu’en fonction de la fréquence de l’EA, l’effet sur la migraine est différent. A étudier en lisant le long article sur la prévention des migraines par traitement des jingbie.

    Et de ce fait, il est peut-être intéressant comme le signale Johan Nguyen dans son éditorial, de s’approprier « les outils des neurosciences, essentiels dans la compréhension de l’acupuncture, tout comme les modalités de preuve en thérapeutique avec l’Evidence-Based Medicine ».

    [1]. Office du Tourisme de Watten. [Consulté le 02/12/2017]. Disponible à l’URL: http://www.watten.fr/IMG/pdf/plaquette_moulin_2017.pdf

    [2]. Truong Tan Trung Hsr. Comment organiser son habitat selon le fengshui ? Acupuncture & Moxibustion. 2016;15(3):174-181.

    [3]. Cobos R, Vas J. Manual de Acupuntura y Moxibustión (libro de Texto). Volumen 1. Beijing: ediciones Morning Glory Publishing; 2000. 

    [4]. Focks C. et collectif, traduit par Sylviane Burner. Atlas d’acupuncture. Issy-les-Moulineaux : Elsevier  Masson; 2009.

    [5]. Deadman P, Al-Khafaji M. Manuel d’acupuncture. Bruxelles: Satas; 2003.

    [6]. Shan Bao Zhi. Utilisation clinique du point fengchi (20VB) selon l’expérience du professeur Wei Jia. Médecine Chinoise et Médecines Orientales. 1995;13:41-5. [Consulté le 02/12/2017]. Disponible à l’URL: http://www.gera.fr/Downloads/Formation_Medicale/POINT-d-ACUPUNCTURE-approche-THEORIQUE-CLINIQUE-ET-EXPERIMENTALE/Fonctions-et-indications-des-points-d-acupuncture/shan-11985.pdf.

    Stéphan JM. Fengchi 風池 20VB, Mare du Vent. Acupuncture & Moxibustion. 2017;16(2):124-125.

      La tortue (龜) et la grue (丹顶鹤), symboles de longévité

        Le but de la médecine chinoise est d’allonger la vie, d’atteindre l’immortalité. Deux animaux, la tortue et la grue sont d’ailleurs liés à cette longévité dans la symbolique taoïste qui imprègne la civilisation asiatique (Vietnam, Japon ou Chine..). La tortue (龜) est l’un des quatre animaux célestes, surnaturels ou bénéfiques de la Chine ancienne, avec le dragon, le qilin (animal composite fabuleux possédant pelage et/ou écailles et une paire de cornes ou une corne unique) et le phénix. Du fait de sa durée de vie exceptionnelle, elle est l’une des allégories de la longévité et symbolise la sagesse et l’immortalité. La voici représentée au sein de la Cité interdite (紫禁城) de Beijing ou le long de la Voie des Esprits à l’entrée de la nécropole impériale des Ming (figure 1).

        Tortue au sein de la Cité interdite (紫禁城) de Beijing - Chine
        Tortue au sein de la Cité interdite (紫禁城) de Beijing – Chine

        Figure 1. Le Pavillon de la Stèle (beiting) accueille en son centre une énorme tortue, portant sur son dos la plus grande stèle de Chine, haute de dix mètres, fabriquée en 1425. Le Pavillon de la Stèle (Beiting) se trouve sur la Voie des Esprits des Tombeaux des Ming, à environ 50 kilomètres au nord-ouest de Pékin, en Chine. Ce pavillon est une étape emblématique de cette voie sacrée qui mène au mausolée de l’empereur Yongle, dans la nécropole impériale de Changling. La stèle est dédiée aux mérites et vertus de l’empereur Yongle.

        En Chine, dès les civilisations protohistoriques (dynastie Xia 夏(2205‐1766 AEC1), Shang 商 (1765-1122 AEC) et Zhou 周 (1121-722 AEC), la tortue permettait la divination par l’étude de son écaille, comme ultérieurement, on utilisa la lecture des hexagrammes du Classique des Mutations (Yijing 易經) [[1]]. On recherchait la volonté du Ciel en brûlant la carapace de la tortue. Et d’après les diverses formes de déchirures, produites sous l’action de la chaleur, les conjectures étaient prononcées. Sous la dynastie Tang, si la carapace était couverte de mousses ou d’algues, c’était ainsi un présage de longévité. Elle pouvait être aussi protectrice des digues du fait de la solidité de sa carapace. Par contre, si quelqu’un dessinait une tortue sur la porte de sa maison, c’était signe d’impudicité et de mauvaise conduite [[2]].

        La grue appelée grue à couronne rouge en Chine (丹顶鹤 ; dāndǐnghè) en raison de sa tache rouge vermillon sur la tête, est également surnommée grue des immortels (仙鹤 ; xiānhè), du fait de ses relations avec les huit Immortels, divinités du Taoïsme. En effet, dans la mythologie taoïste, elle les portait sur le dos, servant de monture [[3]] (figure 2). Elle est le symbole de la longévité et fait partie des emblèmes supertitieux qui sont érigés devant les pagodes ou devant l’entrée principale des maisons [1,[4]] (figure 3). Ainsi, un couple de grues sur un petit lac protège la ville de Xian de Shangri-La (Xiānggélǐlā Shi, 香格里拉市), anciennement dénommée Zhongdian (中甸县). De même, dans les peintures murales tibétaines, on retrouve les symboles de « longue vie », comme la biche, la grue, le vieil homme grisonnant  avec une longue barbe, l’eau éternellement courante, l’arbre séculaire et les parois rocheuses des montagnes. 


        Figure 2. Les huit Immortels traversent la mer accompagnés par la grue.Werner ETC. [Consulté le 14/05/2017]. Disponible à l’URL :http://www.gutenberg.org/ebooks/15250. 

        Figure 3. Peinture murale de grues à Dali (大理), province du Yunnan (Chine)

        Figure 4. Un bougeoir, objet ornemental habituel dans les maisons chinoises, représentant une grue, montée sur une tortue d’eau, tenant dans son bec une fleur de lotus. Dans la tradition populaire, la grue symbolise aussi les sentiments durables et la protection, tandis que la tortue évoque davantage la longévité. Ensemble, ils symbolisent donc la longévité, la protection et la sincérité des sentiments (figure 4).  

        La grue blanche est également le symbole du médecin dans la Chine taoïste, comme signalé dans l’ouvrage de Rosenblatt dont vous trouverez la recension dans ce numéro. Vous découvrirez que l’acupuncture américaine doit beaucoup à un acupuncteur chinois Ju Gim Shek. L’acupuncture en 1968 qui fleurissait en Californie était pratiquée plus ou moins de manière ésotérique [a], s’incrivant dans une certaine altérité de la médecine chinoise. Et justement, le débat est ouvert par Johan Nguyen : le discours ésotérique doit-il toujours faire partie de notre champ professionnel ? N’est-il pas nécessaire pour être crédible vis-à-vis de la communauté médicale d’avoir l’impératif éthique de rompre avec ce discours ? Mais sommes-nous prêts ?

        Lisez alors l’article de Nadine Streit, qui relatant sa propre expérience, montre que le patient  expert de sa maladie souhaite davantage participer au traitement en partenariat avec les scientifiques et les acupuncteurs en se basant sur la médecine factuelle fondée sur le niveau de preuve (Evidence Based Medicine). Il s’agit de s’éloigner donc de l’altérité de la médecine chinoise et de son ésotérisme promue par certains, mais aussi d’éviter le chant des sirènes de la zététique qui n’hésite pas à comparer l’acupuncture à une pseudo-médecine[b].

        Les détracteurs de l’acupuncture en oublient que l’acupuncture est une médecine qui découle de la méthode scientifique. Ainsi, dès l’Antiquité, les médecins chinois ont développé des méthodes scientifiques rationnelles empiriques (dans le sens philosophique où l’origine de nos connaissances est uniquement attribuée à l’expérience et non à une quelconque Révélation dogmatique). L’empirisme procède de modes de connaissance dérivés de l’expérience et de la logique  et elle accompagna ainsi la naissance de la science moderne, caractérisée par sa mathématisation et son utilisation massive de la méthode expérimentale. Ainsi suite à l’influence européenne des jésuites, médecins officiels de l’empereur lors de leur arrivée en Chine aux XVIe et XVIIe siècles, les acupuncteurs chinois ont adapté rapidement leur pratique au nouveau paradigme de la médecine scientifique moderne [[5]]. Actuellement, la méthode scientifique désignant l’ensemble des démarches nécessaires pour obtenir des connaissances scientifiques par le biais d’instruments fiables est et doit être à la base de la validation de l’acupuncture. Elle est basée sur la reproductibilité et la réfutabilité qui nous protègent de la subjectivité.

        L’outil majeur que la médecine possède donc dans sa démarche scientifique est la médecine factuelle basée sur l’évaluation. Pour vous en faire une idée, lisez justement l’évaluation du traitement des entorses aiguës de la cheville par point distal unique, ou bien les brèves d’acupuncture dans lesquelles des méta-analyses objectivent l’efficacité de l’acupuncture dans la maladie de Parkinson, les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire ou les troubles psychologiques dans la grossesse. Et toujours dans cette optique de la démarche scientifique, on n’oubliera pas qu’avant d’avoir évaluation, il est nécessaire d’avoir des cas et des études cliniques. Ainsi sont abordées dans ce numéro de nombreuses pathologies traitées par acupuncture : rhinites saisonnières dites allergiques, épuisement physique et mental par excès ou inactivité professionnelle, libido féminine, myasthénie oculaire associée à une anosmie, maladies dégénératives traitées par la théorie du yinhuo, troubles du sommeil chez une patiente atteinte de schizophrénie et la perte de poids chez les patients obèses souffrant d’anémie ferriprive. Les études expérimentales sont également abordées : les effets de l’acupuncture sur un modèle expérimental de dépression chez le rat, les études par imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle, etc. chez des volontaires sains ou animaux de laboratoire à la recherche du substratum du méridien.

        En tant que médecine à part entière, il est clair que le prix à payer pour que l’acupuncture puisse avoir enfin réellement droit de cité au sein de l’enseignement Universitaire, c’est de l’éloigner de l’ésotérisme, mais aussi de celui de la pseudo-médecine, tout en faisant confiance à la démarche scientifique de la médecine factuelle.

        Notes

        [a]. René Guénon (1886-1951) qui est considéré par beaucoup comme une autorité de l’ésotérisme définit l’ésotérisme comme  étant du domaine de l’intérieur pour un public restreint et se comprend par son contraire l’exotérisme qui est du domaine de l’extérieur pour un public ouvert. Dans l’ésotérisme, l’enseignement oral est réservé au cercle restreint d’initiés et de disciples réguliers. Ainsi, le taoïsme, par exemple dans son aspect relatif à la quête d’immortalité peut être considéré comme étant de nature ésotérique. Pour Riffard PA, l’ésotérisme  est un  « un enseignement occulte, doctrine ou théorie, technique ou procédé, d’expression symbolique, d’ordre méta-physique, d’intention initiatique. Le druidisme, le Compagnonnage, l’alchimie sont des ésotérismes. ». Riffard PA. Dictionnaire de l’ésotérisme. 1e éd.Paris : Payot; 1983.

        [b]. La zététique est définie comme « l’art du doute » par Henri Broch. Elle se destine aux théories respectant le critère de discrimination de Karl Popper qui met l’accent sur l’idée de réfutabilité par l’expérimentation ou l’échange critique comme critère de démarcation entre science et pseudo-science. Elle est présentée comme « l’étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges ». Broch H. Université Nice Sophia Antipolis. [Consulté le 3 mai 2017]. Disponible à l’URL : http://www.unice.fr/zetetique.

        Références

        [1]. Granet M. La Civilisation chinoise. 1e Ed. Paris: la Renaissance du livre; 1929. [Consulté le 14 mai 2017]. Disponible à l’URL : https://www.chineancienne.fr/d%C3%A9but-20e-s/granet-la-civilisation-chinoise/.

        [2]. Doré H. Recherches sur les superstitions en Chine, première partie : les pratiques supertitieuses.quatrième volume. Tome II, 4(35). 1e Ed. Chang-Hai: Imprimerie de la Mission Catholique à l’orphelinat de T’ou-sè-wè ; 1912. [Consulté le 14 mai 2017], Disponible à l’URL : http://fr.calameo.com/read/00021549889ad38150d20.

        [3] Werner ETC. Myths & Legends of China. New York: George G. Harrap & Co. Ltd; 1922.

        [4]. Doré H. Manuel des superstitions chinoises ou petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine. 1e Ed. Chang-Hai: Imprimerie de la Mission Catholique à l’orphelinat de T’ou-sè-wè ; 1926. [Consulté le 14 mai 2017], Disponible à l’URL : https://www.chineancienne.fr/d%C3%A9but-20e-s/dor%C3%A9-manuel-des-superstitions-chinoises/#extrait01.

        [5]. Bossy J. Histoire de l’acupuncture en occident : exotisme–ésotérisme et opposition au rationalisme cartésien, complémentarité au système médical occidental. Méridiens.1980;49-50:13-54.

        Grues sur lac de Xian de Shangri-La  - Chine
        Grues sur lac de Xian de Shangri-La – Chine

        Stéphan JM. La tortue (龜) et la grue (丹顶鹤), symboles de longévité. Acupuncture & Moxibustion. 2017;16(1):4-6. (Version PDF)