Archives de catégorie : Gynéco-Obstétrique

Gynécologie et Obstétrique

Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales

Cholon – Saigon – Ho Chi Minh -Vietnam

Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes [[1]] et l’arrêté du 2 novembre 2009 [[2]] ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale. Voici deux nouvelles présentations de mémoires soutenus à Lille en 2012 et 2013 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan, faisant suite aux travaux précédemment décrits [3-6] et montrant que la recherche clinique réalisée par nos étudiantes et sous contrôle de leur chef de service obstétricien ne s’essouffle pas.

Cholon - Saigon - Ho Chi Minh -Vietnam
Cholon – Saigon – Ho Chi Minh -Vietnam

Pré-éclampsie et acupuncture. Étude d’un cas clinique

La pré-éclampsie représente l’une des premières causes de mortalité maternelle dans les pays développés. Son traitement final demeure l’arrêt de la grossesse et la délivrance du placenta.

L’hospitalisation est nécessaire devant toute pré-éclampsie afin d’évaluer l’état maternel et fœtal. On classera alors la maladie en forme sévère ou modérée et on orientera la prise en charge en fonction du terme. L’incidence de l’hypertension gravidique est estimée entre 10 et 15% des grossesses en Europe et aux Etats-Unis. La pré-éclampsie modérée est observée dans 2% des grossesses, la forme sévère dans 0,6%, l’éclampsie survenant dans 0,1 % des grossesses.

On retrouve une mortalité maternelle de 0,1 à 5 pour 1 000 cas quand il existe une pré-éclampsie et jusqu’à 5 % en cas d’éclampsie (crise convulsive).

Le traitement de la pré-éclampsie modérée comporte une médication anti-hypertensive (nicardipine, labétolol, etc.), un remplissage vasculaire, une prévention de la crise d’éclampsie (sulfate de magnésium). Le contrôle clinique est quotidien avec une prise tensionnelle toutes les quatre heures, une recherche des signes fonctionnels, un contrôle quotidien du poids et de la diurèse. Le bilan biologique, qui recherche les signes d’hémolyse, les troubles de coagulation, une cytolyse et qui permet de dépister les complications sévères, est pratiqué tous les deux jours, plus fréquemment en cas de détérioration. La surveillance fœtale comporte une surveillance du rythme cardiaque foetal (deux à trois fois/jour), une évaluation quotidienne des mouvements actifs, une échographie deux fois par semaine, avec quantité de liquide et doppler de l’artère ombilicale, une biométrie toutes les deux semaines.

La pré-éclampsie se complique d’un HELLP syndrome dans 5 à 10% des cas (Hémolysis, Elevated Liver enzymes, Low Plaquettes). La crise d’éclampsie est retrouvée dans 1% des pré-éclampsies mais concerne 6 à 12% des cas de HELLP syndrome.

La pré-éclampsie sera qualifiée de sévère lorsque l’un des critères suivants existera :

-une pression artérielle supérieure à 160/110 ;

-une éclampsie ou un œdème aigu pulmonaire ;

-une céphalée persistante ou des troubles visuels ou une barre épigastrique ;

-une oligurie inférieure à 500 ml/24heures ou une protéinurie supérieure à 5 g/24h ;

-une élévation des transaminases (x 2) ;

-une élévation de la créatinine ;

-une hémolyse (présence de schizocytes, ou des LDH supérieurs à 600 UI/l, ou une bilirubine totale supérieure à 1.2mg/dl), une thrombopénie (inférieure à 100 000 UI/l) ;

-un retard de croissance intra-utérin sévère, un oligoamnios.

Au sein de la maternité de niveau III du Centre Hospitalier de Calais, Mireille Bailly, Pascale Ponthieu et Caroline Vandenbilcke ont été confrontées justement à une situation préoccupante ayant eu une évolution surprenante chez une patiente présentant une pré-éclampsie sévère et précoce où le risque materno-foetal était majeur. Face au développement de cette pathologie de pronostic grave, la médecine occidentale se trouve parfois en défaut de traitement. La prise en charge a alors pour but de limiter l’évolution de la pathologie et d’en surveiller le degré de gravité afin d’intervenir dès que l’équilibre materno-foetal n’est plus tolérable. L’apparition de cette pathologie a été analysée selon la médecine chinoise et un protocole a été mis en place en accord avec la patiente visant à un accompagnement global de sa grossesse par acupuncture.

Cas clinique d’une patiente de 41 ans

Sixième geste, primipare, Madame G présente une grossesse obtenue par don d’ovocyte pour insuffisance ovarienne, après deux fausses couches spontanées, trois grossesses extra-utérines ayant nécessité une salpingectomie bilatérale.

Pour cette grossesse, il a été mis en évidence à 22 semaines d’aménorrhée (SA) un retard de croissance intra-utérin (RCIU) sévère (inférieur au 3e percentile), avec oligoamnios. La patiente est transférée au CH de Calais, à 22 SA et 4 jours pour pré-éclampsie précoce sévère et sauvetage maternel.

A l’admission, l’hypertension artérielle se révèle normal.

La surveillance échographique du fœtus montre un RCIU majeur avec un poids fœtal estimé à 315 g à l’admission (le 50e percentile de ce terme estime un poids à 550g), un oligoamnios sans rupture prématurée associée. Par ailleurs, les dopplers sont retrouvés normaux. Les échographies ultérieures ne montrent pas d’amélioration.

Démarche diagnostique selon la Médecine Chinoise

Le cas de Mme G a sensibilisé l’équipe toute entière de la maternité. Peu ou pas  d’espoir d’arriver à un terme et un poids foetal suffisant pour permettre une prise en charge pédiatrique du bébé.

Et c’est dans ce contexte que Mireille Bailly, Pascale Ponthieu et Caroline Vandenbilcke ont proposé une approche acupuncturale complémentaire. Au vu de ses antécédents obstétricaux chargés, de sa pathologie et de l’examen clinique selon la Médecine Chinoise, un Vide de qi du Rein est diagnostiqué. En effet, les pouls radiaux sont faibles au niveau de la loge Rein et les points mu du Rein (jingmen : 25VB) et du Foie (qimen : 14F) sont retrouvés sensibles. D’autre part, Mme G a aussi montré une volonté, voire une obstination à poursuivre cette grossesse malgré les risques encourus, qui a pu contribuer à l’épuisement de la loge Rénale. Or, le jing du Rein contrôle toutes les étapes de la vie.

Les Reins sont aussi la racine du yin et du yang du corps, des Organes et des Entrailles. Plus précisémentle yin du Rein nourrit le yin du Foie et aide ce dernier à contrôler le yang du Foie. Un Vide de yin du Rein entraîne secondairement un Vide de yin du Foie, responsable d’une montée du yang du Foie. Sur le plan clinique, on peut considérer qu’un Vide de Rein peut être à l’origine de pré-éclampsie, d’oligurie, d’œdèmes et d’insomnies par échappement du shoushaoyin. La loge Foie sera également en déficit. Tout d’abord par épuisement du yin des Reins « mère qui nourrit mal son fils » et également dans ce cas clinique par excès de sollicitation de sentiments. La symptomatologie liée à la loge Foie sera alors insomnies, barre épigastrique et biologiquement l’élévation des enzymes hépatiques. La loge Rate/Estomac est également déficiente. Ceci s’explique par le cycle ko (attaque par la loge Foie). On peut souligner l’importance de la rumination des soucis pour cette patiente. Les symptômes se manifestent par le RCIU sévère touchant le fœtus et les œdèmes maternels par stagnation d’Humidité.

Protocole thérapeutique

La première séance, le 9 mai, combine les points suivants : 9Rn, 9F, 3Rn, 7Rn, 7C, 2F, 25VB, 14F et 23VE.

Les objectifs lors de cette première séance étaient :

-de tonifier le Rein (par le 3R, 7R, 9R, 23V, 25VB)

-d’apaiser le shen par le 7C

-de calmer le yang du Foie par le 2F, 14F

-de soutenir le fœtus en souffrance par le 9F et le 9R.

A la date du 10 mai, une nouvelle séance était proposée pour améliorer le bien-être de la patiente et traiter son anxiété. Mme G bénéficiait donc de la combinaison suivante : 4RP, 6MC, 8RP, 7C, 9F.

Le 23 mai, Mme G bénéficiait d’une nouvelle séance qui reprenait la première combinaison de points.

Le 29 mai, idem hormis le 14F et le 25VB qui étaient devenus silencieux à l’examen.

Le 13 juin : 3RP, 4RP, 21RP, 20V et 13F pour agir sur le zutaiyin afin d’optimiser la croissance du fœtus.

Le 24 juin ces derniers points étaient repris une nouvelle fois.

Résultats

Après la première séance, l’échographie retrouvait une quantité de liquide normale et cela jusqu’à la fin de la grossesse. La croissance fœtale, bien que très inférieure à la normale est restée constante.

Au niveau de la biologie, les transaminases se normalisent définitivement (figure 1).

Figure 1. Évolution des transaminases.

La protéinurie baisse également après les premières séances d’acupuncture (figure 2).

Figure 2.  Baisse de la protéinurie après les séances d’acupuncture, de façon très nette suite aux deux premières.

L’équipe médicale notait une pré-éclampsie à évolution exceptionnelle et le 27 juin, au terme de 31 SA et 5 jours, devant des anomalies du RCF, une césarienne était réalisée permettant la naissance d’une petite fille de 1050g criant de suite.

En définitive, l’étude de ce dossier met en exergue l’usage de l’acupuncture en synergie avec la médecine occidentale, dans ce que l’on peut considérer comme de la médecine intégrative.

Il est évident que l’étude d’un seul cas ne permet pas de prouver que l’acupuncture améliore ou stabilise la pathologie de la patiente pour faire évoluer la grossesse jusqu’à un terme de 32 SA. Des essais contrôlés randomisés (ECR), gold standard en ce qui concerne les essais cliniques seraient nécessaires. Néanmoins d’un point de vue éthique, un ECR n’est pas possible dans ce type de pathologie et il faudrait davantage d’études de cas ou de type cas/témoin pour considérer que la prise en charge par l’acupuncture est bénéfique en cas de pré-éclampsie.

Saïgon – Cholon – Vietnam
Saïgon – Cholon – Vietnam

Qimen & dystocies cervicales

Gwladys Aubert et Nathalie Mason, sages-femmes dans une maternité à Tournai (Belgique), particulièrement confrontées aux difficultés rencontrées lors du travail d’accouchement se sont interrogées sur l’existence d’un moyen d’anticiper la survenue de la dystocie cervicale menant le plus souvent à la césarienne.

La dystocie cervicale désigne les anomalies situées au niveau du col, ce qui entraîne une dilatation dysharmonieuse de celui-ci. Ces anomalies peuvent être fonctionnelles ou anatomiques. Le diagnostic de dystocie cervicale est posé en travail après deux heures d’arrêt de dilatation. Avant de parler de dystocie cervicale, il est d’abord nécessaire de s’assurer du « bon moteur utérin » et d’une sollicitation suffisante du col par le mobile utérin. Les causes de dystocie cervicale sont multiples : anomalie au niveau du col utérin (cicatrice, fibrome, allongement hypertrophique, hymen cervical ou agglutination du col), défaut de maturation cervicale, persistance de la rétroversion utérine, anomalie d’ampliation du segment inférieur (fréquent pour les utérus cicatriciels), spasme du col utérin, présentation postérieures et bien sûr toutes les dystocies mécaniques (anomalie de bassin, macrosomie, etc.) pour lesquelles la césarienne est la seule solution.

Les dystocies entravent le bon déroulement du travail d’accouchement et allongent donc sa durée. Ce qui a un impact néfaste tant sur le fœtus (anomalies du RCF, score d’APGAR <6, diminution du pH à la naissance ainsi qu’une augmentation des prises en charge par les équipes néonatales) que sur la parturiente (fatigue, douleur, risque d’infection, hémorragie).

La solution devant une souffrance fœtale aigüe pour cause d’arrêt de dilatation est le plus souvent une césarienne en urgence. Ce qui engendre fréquemment un traumatisme pour le couple qui a une vision idyllique de la naissance de leur enfant.

De ce fait, il peut être intéressant d’avoir un outil diagnostique et prédictif supplémentaire comme la palpation du 14F (qimen).

Physiopathologie

La dystocie cervicale peut être considérée comme une dysharmonie entre le qi et le Sang. Deux tableaux cliniques sont décrits : la déficience du qi et du Sang et la stagnation du qi et du Sang.

Vide de qi et de Sang

Les causes sont : constitution physique faible, surmenage, maladie pendant la grossesse, multiparité, rupture prématurée des membranes, efforts trop précoces ou trop importants à l’accouchement (entraînant un épuisement du qi). Ce type de dystocie se rencontre au cours de la deuxième phase de dilatation notamment chez les multipares à l’utérus trop lâche ou les primipares dont le travail dure trop longtemps. Les symptômes sont une hypocinésie de fréquence et d’intensité des contractions utérines, des douleurs lombaires, une asthénie, une lassitude, le souffle court, des palpitations. Le teint est pâle, tout comme la langue qui peut en outre être gonflée et tremblante ; le pouls est fin (xi) et faible (ruo). Le principe du traitement est de tonifier le qi et le Sang.

Stagnation du qi et du Sang

On la rencontre au cours de la première phase de dilatation, le plus souvent chez une primipare ayant une appréhension de l’accouchement. Les symptômes sont une hypercinésie ou une hypertonie utérine, des contractions très douloureuses irradiant dans les lombes, un col épais spasmé, oedématié. On retrouve aussi une oppression thoracique, des éructations et nausées, un esprit déprimé ou agité, un ballonnement épigastrique et abdominal, des vertiges. La langue est rouge avec enduit lingual central blanc ou jaune et gras. Le pouls est tendu en corde (xian) et rapide (shu), glissant à la barrière (hua). Le principe du traitement est de régulariser le qi, vivifier le Sang et chasser la stagnation. C’est dans ce type de dystocie que la palpation du qimen aurait tout son intérêt. Et puncturer le 14F permettrait ainsi d’agir dans le but de rééquilibrer la loge Foie qui assure la régulation du qi, qui renferme et conserve le Sang.

Etude diagnostique

Gwladys Aubert et Nathalie Mason ont débuté leur étude en février 2012 pour s’achever en mai 2013, soit une durée de quatorze mois d’observation. Quarante-cinq patientes en grossesse unique entrées en début de travail ont été étudiées, toutes entre 37 à 41SA (figure 3). Le palper du 14F a été réalisé de façon bilatérale. Le qimen est considéré positif s’il est douloureux. Afin de ne pas influencer le déroulement normal du travail, il n’est pas divulgué les conséquences possibles du résultat à la patiente.

Figure 3. Répartition de la parité : 62% de multipares dont 9% aux antécédents de césarienne.

La survenue d’un accouchement dystocique survient chez 31% des femmes dans cette étude (sont considérés comme dystociques tous les accouchements instrumentalisés ou les césariennes non programmées). Ces chiffres ont été comparés avec les données périnatales recueillies en Wallonie pour l’année 2010. On retrouve un pourcentage d’accouchement dystocique (31,1%) assez similaire au taux recensé en Wallonie (27,5%).

L’étude de la valeur diagnostique du dépistage passe par le calcul de la spécificité SP=VN/(FP+VN) qui correspond à la probabilité calculée en pourcentage que le signe soit absent chez les individus non atteints par la maladie recherchée ; par la sensibilité SE=VP/(VP+VN) qui est la probabilité que le signe soit présent chez les individus atteints par la maladie recherchée (tableau I).

Tableau I. Résultats de la recherche du 14F en fonction de la présence ou pas de la dystocie.

 Accouchement dystociqueAccouchement eutocique
Qimen + (présent)11 vrais positifs (VP)individus atteints chez lesquels le signe est présent5 faux positifs (FP)le signe est présent et les individus ne sont pas atteints.
Qimen – (absent)3 faux négatifs (FN) individus atteints chez lesquels le signe est absent26 vrais négatifs (VN)le signe est absent et les individus ne sont pas atteints.

La spécificité SP est égale à 83,87% ; la sensibilité SE = 78,57%. La valeur prédictive du signe est positive à 68,75%, probabilité que le diagnostic soit vrai si le signe est présent. La valeur prédictive est négative à 89,66%, probabilité que le diagnostic soit faux si le signe est absent. L’indice de Youden = (sensibilité + spécificité – 1) est calculé à 0,62. Si cet indice négatif, alors le test est inefficace alors qu’il sera efficace s’il se rapproche du 1. Le coefficient de Q de Yule est calculé à 0,9 ; ce qui correspond à une très forte intensité de la liaison entre les deux variables (maladie/signe). Enfin le calcul du X² (Khi carré) est égal à 16,41 correspondant à une liaison statistiquement significative entre la maladie et le signe, avec moins de 5% de chances que la distribution résulte de hasard.

Bref, tous ces calculs médico-statistiques permettent d’évaluer la valeur diagnostique du qimen sensible lors d’une dystocie.

Et malgré le nombre restreint de patientes étudiées, cette étude a permis de mettre en évidence la fiabilité de ce pronostic. En effet, un qimen positif peut faire craindre une dystocie importante lors du travail ou de l’accouchement. Il sera donc intéressant de lever la stagnation du Foie dès la fin de grossesse ou le début du travail.

En conclusion, ce travail offre de nouvelles perspectives de diagnostic et de pronostic, mais à confirmer par de nouveaux essais de plus grande puissance, et en se comparant à un test de référence.   

 Références

[1]. Décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019386996.

[2]. Arrêté du 2 novembre 2009 fixant la liste des diplômes permettant l’exercice des actes d’acupuncture par les sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021245638.

[3]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Acuterme, zhubin et mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(1):69-72.

[4]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Sanyinjiao et périnée, zhubin et neiting dans le syndrome de Lacomme, sphygmologie quantitative. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(2):147-151.

[5]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Canal carpien, prise en charge de la montée laiteuse, variétés occipito-postérieures et travail. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(3):240-245.

[6]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Baihui et poussée hémorroïdaire post-partum ; qualité de vie et douleurs dans le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(4):330-332.

Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):138-143. (Version PDF)

Délivrance et cholestase gravidique

Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages- femmes [1] et l’arrêté du 2 novembre 2009 [2] ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale. Voici une nouvelle présentation de mémoire soutenu à Lille en 2019 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan, faisant suite aux travaux précédemment décrits [3-7] et montrant que la recherche clinique réalisée par nos étudiantes et sous contrôle de leur chef de service obstétricien ne s’essouffle pas.

Prison – Public Goal – (1772) Williamsburg – Virginie – USA
Prison – Public Goal – (1772) Williamsburg – Virginie – USA

La délivrance favorisée par acupuncture. Étude de 29 cas à la maternité Paul Gellé à Roubaix

 

L’hémorragie de la délivrance est une complication redoutable de l’accouchement qui peut mettre en jeu le pronostic vital de la mère (première cause de décès maternel). Pour la prévenir, on réalise pour les patientes à risque, une délivrance dirigée qui consiste en une injection lente de 5 UI d’ocytocine en intraveineux lors du dégagement de l’épaule antérieure. Cette méthode est devenue systématique même pour les patientes sans risque particulier. A une période où l’on parle d’ « hypermédicalisation » et de « retour au naturel », il est paru intéressant à Caroline Dumortier et Sandra Mollet d’étudier une alternative utilisant l’acupuncture.

Peu d’études existent dans la littérature sur l’effet de l’acupuncture lors de la délivrance [8-10]. De ce fait, les auteurs ont donc pris contact avec une quinzaine de maternités réparties sur tout le territoire français (Strasbourg, Rouen, Lille, Brest, Paris, Lens etc.), mais aussi au Canada. Après un entretien téléphonique avec les sages-femmes de ces différentes structures, il apparaît que l’acupuncture n’est pas ou peu utilisée dans le cadre de la délivrance. Les raisons évoquées sont le manque de temps et la difficulté à choisir les points les plus adaptés.

De ce fait, pour la réalisation de leur étude clinique, Caroline Dumortier et Sandra Mollet ont choisi d’utiliser la combinaison de deux points : 6Rt (sanyinjiao) et 16Rn (huangshu) piqués le plus tôt possible (après clampage du cordon).

L’étude réalisée du 1 octobre 2012 au 31 janvier 2013 utilise la méthodologie de type OPC (objective performance criteria ou critère objectif de performance) [[11]]. Celle-ci permet de comparer l’action de l’acupuncture versus l’action de la délivrance dirigée grâce à la norme standard dérivée des résultats d’essais cliniques publiés et étudiés par la Cochrane Collaboration, servant ainsi de substitut au groupe témoin traditionnel [[12]].

Les critères de jugement de l’étude sont : délai entre l’accouchement et la délivrance ; réduction de la quantité des saignements et donc du nombre d’hémorragies de la délivrance et enfin le nombre de délivrance artificielle. Vingt-neuf femmes ont participé à cette étude.

Les résultats

Délai entre l’accouchement et la délivrance

Grâce à la délivrance dirigée, le délai est estimé à moins de 10 minutes. Cette valeur est la même que celle retrouvée dans la base de données Cochrane de 2001 révisée en 2004 [12]. La littérature évalue à 30 minutes le délai à partir duquel il est nécessaire d’agir si la délivrance n’a pas eu lieu, dans le cas où il n’y a pas eu de moyens mis en œuvre pour en raccourcir le délai.

Dans cet échantillon de patientes ayant bénéficié de la méthode acupuncturale, la délivrance la plus longue est de 13 minutes, avec un délai moyen relevé à 7 mn 23’’. Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre la délivrance favorisée par acupuncture et la délivrance dirigée par ocytocyne (test χ2, p>0,05). Donc l’utilisation de l’acupuncture est aussi efficace que la méthode médicamenteuse.

Quantité des saignements et nombre d’hémorragies de la délivrance

La Cochrane Collaboration en 2004 et à nouveau mise à jour en octobre 2009 (sept ECR n>3000) [12] met en évidence qu’il y a moins d’hémorragies de la délivrance (cliniquement caractérisées par une quantité des saignements supérieure ou égale à 500 ml) en injectant de manière prophylactique l’ocytocine (risque relatif (RR) pour la perte de sang supérieure à 500 ml = 0,50 ; intervalle de confiance (IC à 95% = 0,43 à 0,59) comparativement à aucun traitement. Par ailleurs, la quantité moyenne de perte hémorragique est de 374 ml contre 548 ml dans le groupe contrôle selon un ECR notifié dans la Cochrane Collaboration.

Dans l’échantillon des vingt-neuf patientes, une seule a présenté une hémorragie de la délivrance avec des saignements estimés à 550 ml.  La quantité moyenne de saignements en postpartum immédiat est de 210 ml (figure 1).

Figure 1. Quantité moyenne des hémorragies (210 ml) ; une seule sur les 29 patientes : 550 ml.

Nombre de délivrance artificielle

Au début de la délivrance dirigée, la crainte de nombreux praticiens était de favoriser la rétention placentaire en accentuant la rétraction utérine par l’injection d’ocytocine. La Cochrane Collaboration n’objective pas d’augmentation de délivrance artificielle chez les patientes ayant eu une injection d’ocytocine. De la même façon, cette petite étude ne retrouve aucune délivrance artificielle chez les vingt-neuf patientes ayant bénéficié de la méthode acupuncturale.

En conclusion, il peut paraître intéressant d’utiliser l’acupuncture dans la délivrance, à la condition que cette étude soit confirmée par un essai contrôlé randomisé de bonne qualité méthodologique avec des effectifs plus importants. En cas de confirmation par une étude de méthodologie type OPC, il s’agira aussi de réactualiser à la lumière des dernières données de la Cochrane Collaboration de 2013 [[13]].

Prise en charge acupuncturale de la cholestase gravidique (avec étude d’un cas)

Il existe un ictère cutanéo-muqueux dans 10 à 20% des cas. La disparition des symptômes est très rapide après l’accouchement. En dehors de l’inconfort et de la fatigue maternelle liés au prurit, ce syndrome ne menace pas la mère mais est associé à une augmentation de la morbidité prénatale, avec en particulier, un risque accru de mort fœtale in utero (1 à 3%), un risque de retard de croissance intra utérin (20 à 40 %), un risque d’accouchement prématuré (20 à 40%).

D’un point de vue biologique, on observe une augmentation des transaminases hépatiques et des acides biliaires totaux sériques. Ainsi les transaminases sont augmentées de deux à dix fois la norme (parfois jusqu’à trente fois) : l’alanine aminotransférase (ALAT = SGPT) est fréquemment supérieur à l’ASAT (aspartate aminotransférase = SGOT). La bilirubine totale est augmentée (prédominant sur la bilirubine conjuguée avec parfois un ictère). Il y a une augmentation des phosphatases alcalines, des 5’nucléotidases et parfois des γGT. Les acides biliaires sont aussi élevés (> 15 à 20 mg/L), surtout l’acide cholique. Bien sûr, le diagnostic de cholestase gravidique est un diagnostic d’élimination et il est nécessaire d’éliminer les autres pathologies de type hépatites A, B et C, CMV, herpès, hépatite iatrogène, mais aussi une cholestase extra-hépatique par lithiase ou compression des voies biliaires.

La médecine traditionnelle chinoise décrit selon la différenciation des syndromes (bianzheng) deux formes de cholestase :

  • par stagnation du qi du Foie ;
  • par chaleur-humidité du Foie.

Stagnation du qi du Foie

Elle se traduit par des nausées, des éructations, des régurgitations avec pyrosis, une perte d’appétit, des diarrhées, une sensation de distension abdominale et des douleurs dans les hypocondres. L’humeur est instable (mélancolie, irritabilité). Cela peut conduire à une dépression.

En général, la langue est normale selon les modalités diagnostiques de couleur, humidité et enduit. Elle est donc souple et de couleur rose, de surface est homogène, humide mais peut être aussi revêtue d’un léger enduit blanchâtre ou d’un enduit mince et gras de stase. Il est aussi possible que les bords soient légèrement rouges.  Les pouls sont tendus, en corde (xian).

Quelques points à puncturer : 6F (zhongdu), 13F (zhangmen), 31VB (fengshi), 6TR (zhigou), 6MC (neiguan), 3F (taichong), 34VB (yanglingquan).

Chaleur-humidité du Foie

Les femmes présentent un ictère avec un goût amer dans la bouche, des nausées et une inappétence. Elles ont un prurit généralisé y compris au niveau vaginal. Sensation de plénitude dans la poitrine, douleurs des hypocondres, ballonnements, hyperthermie avec fièvre ondulante sont les autres signes généraux. Les urines sont rares et foncées. Possibilité de leucorrhées jaunes et nauséabondes.

La langue est rouge, épaisse avec un enduit jaune de Chaleur et gras d’Humidité. Les bords sont rouges.

Le pouls est glissant (hua) et rapide (shuo) mais peut aussi être en corde, tendu (xian).

Quelques points à puncturer : 24VB (riyue), 18V (ganshu), 19V (danshu), 9RP (yinlingquan), 11GI (quchi), 1F (dadun), 2F (xingjian), 5F (ligou), 8F (quguan), 4RM (guanyuan), 24VB (riyue), 31VB (fengshi).

Etude d’un cas clinique

Anne-Lise Dubois et Julie Levasseur-Barbieux ont suivi une patiente de 25 ans, 3e geste, 2e pare, 63kg, 1m67. Les antécédents médicaux sont marqués essentiellement par une cholestase gravidique lors de la 2e grossesse, une anorexie mentale, de l’asthme, une allergie aux anti-inflammatoires. Le 08/07/13, à 32SA, le bilan des sels biliaires est perturbé nécessitant un traitement par cholestyramine (Questran®) à la dose de trois sachets (12g) par jour, compte-tenu des antécédents. Sa pression artérielle est à 12/8. Elle est sous nifédipine 40 mg/j.  

Le 19/07/1, à 33SA+5j, la patiente consulte pour prurit important sur les mains et démangeaisons surtout la nuit. Le bilan hépatique est perturbé (figure 2). Une hospitalisation avec surveillance monitoring et traitement médicamenteux est ordonnée au cours de laquelle la première séance d’acupuncture est réalisée. Elle est fatiguée et angoissée et présente des douleurs de l’hypochondre droit dans la région hépatique. Les points puncturés : 11GI, 31VB, 3C (shaohai), 6F.

Le 27/07/2013, à 35SA et à deuxième séance d’acupuncture, elle ne se plaint plus de prurit mais d’insomnies, avec quelques reflux gastriques. Ganshu (18V), qimen (14F), 3C et 22V sont puncturés.

Le 30/07/13, à 35 SA3j, la patiente consulte pour contractions utérines douloureuses toutes les cinq minutes. Le col est court tonique. Elle est hospitalisée sous protocole nifédipine, cure de corticoïdes et acide ursodésoxycholique 500 mg/j. Elle sort le 01/08 avec le même traitement : nifédipine et acide ursodésoxycholique.

Le 02/08/13, à 35SA+6j est réalisée la 3séance : pas de prurit et peu de contractions utérines. A la palpation : aucune douleur. Sont puncturés les points 18V, 3C, 6F, 9Rn (zhubin) et 3VC (zhongji) (points hors protocole mais tocolytiques). Les 5 et 7/08/13 : les contrôles monitoring sont normaux. Le 8/08/13, à 36SA+5j, elle consulte à nouveau pour prurit important sur les mains (traitements en cours : nifédipine et acide ursodésoxycholique). Le contrôle monitoring est normal.

Le 09/08/13, une quatrième séance d’acupuncture en raison du prurit persistant sur les mains est réalisée par puncture des points 18V, 11GI, 31VB, 9Rn.

Le 19/08 /13 : absence de prurit et meilleur sommeil. Aucune douleur à la palpation. Puncture : 18V, 11 GI (favorise également le mouvement Métal dans la préparation à l’accouchement), 4VC vers 3VC (pour faire descendre le fœtus), 3F et 2F (en préparation du col et soutien du Foie).

Le 21/08/13 : le contrôle monitoring est normal, pas de prurit.

Le 26/08/13 : Déclenchement ocytocique sous péridurale. La durée de travail est de 5h20. L’accouchement est normal par voie basse. La délivrance est dirigée complète avec un périnée intact.

Naissance d’un garçon de 3630g, Apgar 10/10/10, pHa : 7,26 ; pHv : 7,31.

DateSGOT(UI/l)SGPT(UI/l)Plaquettes/mm3Acide Urique (mg/l)Acides Biliaires(micromoles/litre)
08 /07/13    7 ,8
19/07/1367122259 00039,1 
21/07/1378153217 00039,9 
23/07/1343112245 000  
26/07/131848270 00044 
30/07/131121277 000  
03/08/131412312 00047 
09/08/131210300 00048,80
16/08/131310264 00051 

Figure 2. Le bilan biologique au cours du suivi. Normes : SGPT <35UI/l ; Acides biliaires <10μmol/l. Le contrôle biologique des acides biliaires n’a pu être réalisé à chaque bilan car une partie de cette analyse est onéreuse et non remboursée malgré son importance.

Au final, ce cas clinique décrit par Anne-Lise Dubois et Julie Levasseur-Barbieux qui ont adapté la puncture des points en fonction de la différenciation des syndromes bianzheng et de l’évolution symptomatique de la patiente a permis d’observer une amélioration des symptômes (prurit et insomnie) ainsi que du bilan biologique hépatique en association avec la prise concomitante d’acide ursodésoxycholique. Les auteurs ont noté aussi la satisfaction de la patiente concernant la prise en charge globale, en particulier acupuncturale, qui lui aurait permis de mener à terme sa grossesse dans de meilleures conditions. Quoi qu’il en soit, seul un ECR pourrait objectiver l’efficacité de l’acupuncture dans cette pathologie, mais difficile à mettre en œuvre du fait de la faible prévalence de la cholestase gravidique en France (0,2 à 0,5% des grossesses) alors qu’elle est plus fréquente dans les pays scandinaves, en Bolivie et au Chili.

Références

[1]. Décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019386996.

[2]. Arrêté du 2 novembre 2009 fixant la liste des diplômes permettant l’exercice des actes d’acupuncture par les sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021245638.

[3]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Acuterme, zhubin et mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(1):69-72.

[4]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Sanyinjiao et périnée, zhubin et neiting dans le syndrome de Lacomme, sphygmologie quantitative. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(2):147-151.

[5]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Canal carpien, prise en charge de la montée laiteuse, variétés occipito-postérieures et travail. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(3):240-245.

[6]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Baihui et poussée hémorroïdaire post-partum ; qualité de vie et douleurs dans le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(4):330-332.

[7]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):138-143.

[8]. Gouan L, Yiliang Z. Clinical report about controlling postpartum hemorrhage with electric stimulation at acupuncture points. in selections from article abstracts on acupuncture and moxibustion, Beijing 1987:134.

[9]. Xu L, Liang-fang S, Jun-yan L, Wei-hong Z. Needling Hegu to accelerate the second labor stage, International Journal of Clinical Acupuncture. 1995;6(1):101-103.

[10]. Bader W, Ast S, Hatzmann W. Die Bedeutung der Akupunktur in der Plazentarperiode. Dt. Ztschr. f. Akupunktur. 2000;4:264-268.

[11]. Brignol TN, Verta P. Une méthodologie basée sur l’OPC (objective performance criteria) est-elle valable pour prouver l’efficacité de l’acupuncture ? Acupuncture & Moxibustion. 2011,10(3):205-207.

[12]. Cotter AM, Ness A, Tolosa JE. Prophylactic oxytocin for the third stage of labour. Cochrane Database Syst Rev 2001;4:CD001808.

[13].Westhoff G, Cotter AM, Tolosa JE. Prophylactic oxytocin for the third stage of labour to prevent postpartum haemorrhage. Cochrane Database Syst Rev. 2013 Oct 30;10:CD001808.

Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Délivrance et cholestase gravidique. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(3):213-217.

Diabète gestationnel et diagnostic par l’examen de langue

Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes [[1]] et l’arrêté du 2 novembre 2009 [[2]] ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale. Voici une nouvelle présentation de mémoire soutenu à Lille en 2013 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan, faisant suite aux travaux précédemment décrits [3-8] et montrant que la recherche clinique réalisée par nos étudiantes et sous contrôle de leur chef de service obstétricien ne s’essouffle pas.

Palacio de los Capitanes Generales – plaza de Armas- La Havane – Cuba
Palacio de los Capitanes Generales – plaza de Armas- La Havane – Cuba

L’examen de la langue et son aide au diagnostic et à la prise en charge du diabète gestationnel

Au cours de la grossesse, trois tableaux majeurs de diabète gestationnel sont décrits selon la différenciation des syndromes zheng : le Vide de qi de Rate ; la stagnation du qi de Foie qui peut engendrer un Feu de Foie ; la Chaleur ou le Feu de l’Estomac.

 Le diabète gestationnel par Vide de qi de la Rate

Ce tableau est plutôt présent chez des patientes démarrant leur grossesse avec un surpoids voire une obésité, ayant depuis toujours une alimentation trop grasse et trop sucrée. Leur diabète gestationnel évolue souvent vers un diabète non insulinodépendant de type II.

Les signes cliniques habituellement décrits sont la fatigue et la lassitude mentale, la pâleur, la faiblesse des membres, les selles molles et morcelées, l’inappétence, les nausées, la plénitude de la poitrine et de l’épigastre, les ballonnements post-prandiaux, le peu de prise de poids malgré la grossesse.

La sphygmologie objective des pouls faibles (ruo) ou vides (xu), voire fins (xi) et mou (ruo).

La langue est gonflée, large, molle, pâle, avec empreintes dentaires et enduit blanc fin.

Le diabète gestationnel par stagnation du qi de Foie

On retrouve ce tableau chez des patientes anxieuses, irritables, soucieuses, instables émotionnellement qui ont du mal à « digérer » les évènements. Elles sont soumises aux colères et au grignotage compulsif avec une tendance aux addictions. Elles ont besoin de manger à heure fixe, sinon elles souffrent de céphalées.

Les signes cliniques varient selon leur humeur qui est changeante : oppression et plénitude de la poitrine et des hypochondres, douleurs erratiques, nausées, vomissements, diarrhée, constipation ou alternance des deux, dysménorrhée et irrégularité des menstruations antérieure à la grossesse. Et s’il y a une ascension du yang avec Feu du Foie, on retrouvera l’irritabilité, la colère, les vertiges, les céphalées, le visage et les yeux rouges, les urines foncées et rares, la soif, la sensation de chaleur et la transpiration nocturne.

Les pouls sont tendus (xian) qui deviennent rapides (shuo) si Feu de Foie, mais restent fins (xi) si on est au début du stade d’ascension du yang engendrant un Vide.

La langue devient rouge surtout sur les bords avec un enduit lingual jaune si ascension du yang avec plus ou moins Feu de Foie.

Le diabète gestationnel par Chaleur ou Feu de l’Estomac

Ces patientes se sentent bien en début de grossesse, les nausées étant calmées par l’absorption d’aliments sucrés avec préalablement des habitudes diététiques sucrées et grasses. Elles ne sont pas nécessairement en surpoids et certaines maigrissent même en début de grossesse. Elles présentent une tendance à la boulimie, ont souvent soif et boivent beaucoup, attirées par des boissons froides et sucrées.

On retrouve dans les signes cliniques des gastralgies, des nausées et parfois des vomissements de mucosités toujours acides ou amères, mais accompagnés de polydipsie. Les autres symptômes : oligurie, malaise avec douleur précordiale, sommeil agité, constipation, goût amer dans la bouche sèche, gingivite, stomatite, aphtes, gonflement et saignement des gencives, haleine fétide.  

Le pouls est rapide (shuo), glissant (hua).

La langue est rouge et sèche avec un enduit jaune épais.  

L’étude diagnostique

Aude Sales et Marie-Céline Leroux ont réalisé une étude d’octobre 2012 à mars 2013 à visée diagnostique à la maternité Saint Vincent de Paul à Lille dans le service des consultations prénatales. Il s’agit d’une étude clinique ouverte incluant vingt-et-une patientes en début de 2e trimestre de la grossesse. Elles présentaient un ou plusieurs facteurs de risque de diabète gestationnel : âge maternel élevé, indice de masse corporel (IMC) élevé, antécédents de diabète gestationnel familial ou obstétrical.

Les critères principaux étudiés sur la langue ont été la couleur, la taille, la tonicité, l’humidité, l’épaisseur et la couleur de l’enduit sans oublier de visualiser la présence d’empreintes des dents.

Les critères secondaires : palpation des points mu 13F (zhangmen), 14F (qimen), 12VC (zhongwan) ainsi que la palpation des pouls.

Les patientes sont réparties en trois groupes de manière non aléatoire.

Le groupe A : dix patientes non diabétiques n’ayant pas eu de bébé macrosome et dont la prise de poids est normale pendant la grossesse (≤ 15kg).

Le groupe B : six patientes diabétiques dont le diagnostic biologique a été établi pendant la grossesse.

Le groupe C : cinq patientes dont l’hyperglycémie provoquée par voie orale (HPO) était normale mais soit le bébé était macrosome, soit la prise de poids a été excessive (entre 18 et 42 kg) présageant peut-être une maladie diabétique latente ou non diagnostiquée.

Les principaux résultats de l’étude d’Aude Sales et Marie-Céline Leroux

La couleur. On ne retrouve pas de prévalence de la langue rouge, signe de Chaleur, dans le groupe A, mais plutôt dans le groupe B et C des patientes diabétiques ou en latence. Par contre, la langue pâle, signe de Vide de qi de Rate est retrouvée davantage dans le groupe A.

La taille. La taille large de la langue est retrouvée majoritairement (76%, soit seize patientes), et surtout dans le groupe A (100%) avec empreinte des dents, objectivant un Vide de qi de Rate. Cela montre la fréquence importante de signes linguaux de Vide de qi de Rate rencontrés chez les femmes ayant des facteurs de risques et sans doute majorés pendant la grossesse par l’augmentation physiologique des signes de Vide de yang.

La tonicité. Treize patientes présentent une langue molle, large et humide montrant une accumulation d’humidité et confirme à nouveau la grande fréquence du Vide de qi de Rate (figure 1).  

Figure 1. Huit personnes du groupe A ont une langue molle, 2 dans le groupe B et 3 dans le groupe C.

L’humidité. La langue humide se retrouve chez douze patientes sur vingt-et-une soit 57%. Cela montre un excès ou une stagnation de liquides organiques par Vide de yang majoré physiologiquement par l’état de grossesse.

Dans le groupe A, six patientes présentent une langue humide. Dans le groupe B, la moitié des patientes présentent une langue sèche qui indique un syndrome chaleur. Dans le groupe C, la majorité des patientes (4/5) ont une langue humide (figure 2).

Figure 2. Dans le groupe A, six patientes présentent une langue humide. Dans le groupe B, trois sur six (50%) présentent une langue sèche qui indique un syndrome chaleur. Dans le groupe C, la majorité des patientes (4/5) ont une langue humide.

L’enduit. L’enduit mince et blanc est retrouvé chez onze patientes de l’étude.

L’empreinte des dents. La présence de l’empreinte des dents sur les bords de la langue se retrouve chez dix-huit sur les vingt-et-une patientes de l’étude clinique soit 85,7%. Elle correspond encore à un Vide de qi de la Rate qui est un tableau extrêmement fréquent. Il peut aussi s’agir d’un facteur préexistant à la grossesse. En effet si on le relie à l’indice de masse corporelle de l’échantillon des patientes, on note que treize patientes sur quinze (86,7%) qui ont un IMC >25 présentent une langue avec empreintes de dents.

Les critères secondaires. La palpation des points mu objective que dans le groupe A, aucun point n’était sensible, alors que 13F, 14F et 12VC l’étaient dans les deux groupes B et C diabétiques ou à tendance. Quoi qu’il en soit, examen pas assez spécifique vu que six personnes sur les vingt-et-une ont eu un point sensible. De même, la palpation des pouls n’est pas contributive pour le diagnostic du diabète gestationnel chez les femmes ayant de facteurs de risque selon les auteurs.

En conclusion, Aude Sales et Marie-Céline Leroux montraient que la couleur rouge, sécheresse et absence d’enduit se retrouvent principalement dans le groupe B des diabétiques diagnostiquées. Le Vide de qi de Rate qui est un syndrome extrêmement fréquent dans la population recrutée est à rapprocher de l’IMC et de l’âge maternel qui représentent deux facteurs de risque d’inclusion et consécutif du fait de l’affaiblissement du yin par l’âge maternel ainsi que par les habitudes et hygiène de vie (alimentation, stress et manque d’activité physique). Langue pâle, large, molle avec empreinte des dents en sont les caractéristiques. La «yinisation » du fait de la grossesse et l’augmentation des Liquides Organiques majorent en outre l’aspect large et mouillé de la langue. Il est remarqué que toutes les patientes ayant une IMC > 25 (facteur de risque prévalent) possèdent les caractéristiques de cette langue.

Les syndromes Chaleur d’Estomac et de Stagnation du qi du Foie sont révélateurs sur la langue et correspondent à l’atteinte de surface de la maladie diabétique, ce, dès le début de son expression, et avant tout diagnostic biologique. Par contre, on peut considérer que traiter le Vide de qi de Rate très souvent présent chez toutes femmes à risque permettraient d’éviter le passage vers la maladie diabétique.

Discussion

Ce gros travail de mémoire est intéressant à plus d’un titre, mais présente en tant qu’étude diagnostique des biais importants. Les conclusions se basent sur un trop faible échantillon (n=21), sans groupe témoin, sans comparatif vis-à-vis d’un test de référence « gold standard ». Aucune étude statistique n’a été réalisée.

Rappelons que pour évaluer un test diagnostique [[9]] en utilisation de routine, ce test doit avoir la capacité de mesurer ce qu’il prétend mesurer, en l’occurrence ici déterminer d’une manière générale si une langue pâle, signe d’un Vide de qi de Rate est bien révélatrice d’un risque de diabète chez une femme enceinte, ou une langue rouge l’est bien d’un diabète latent ou avéré, tout en étudiant la variabilité des résultats liés à la maladie. D’où sa sensibilité avec la capacité d’identifier correctement comme malades les personnes vraiment malades ; et sa spécificité avec la capacité d’un test à détecter les sujets qui ne sont pas malades, bref la capacité d’identifier correctement les sujets sains parmi ceux qui n’ont pas la maladie.

De ce fait, trois questions essentielles peuvent se poser.

La première : le test étudié a-t-il été comparé à un test de référence (gold standard) ? Le test doit être appliqué à deux groupes de patients : malades confirmés et non-malades (d’où la nécessité aussi d’identifier les malades des non-malades par cet autre test de diagnostic référence). On voit bien ici le biais dans le sens où les trois groupes ont été sélectionnés comme à risque de diabète. Et d’autre part, on n’a pas de test de référence qui aurait pu tout simplement être une glycémie.

La deuxième : la méthode de sélection des patients est-elle bien décrite, avec des critères de sélection et d’exclusion des patients ? Il sera aussi nécessaire d’étudier la validité externe de l’étude et la capacité d’utiliser le test en pratique courante. Dans cette étude, on a effectivement un biais de sélection des patientes : il eut fallu prendre un quatrième groupe témoin, indemne de tout risque et voir l’état de la langue.  

La troisième : la fréquence de la maladie dans l’échantillon est-elle en rapport avec la prévalence connue ; en d’autres termes, n’y a-t-il pas des biais de sélection avec un échantillon non représentatif de la population des malades, ce qui est le cas ici où nos auteurs ont présélectionné les cas.

Malgré tous ces défauts, il va de soi que ce travail devrait être suivi par une grande étude pour nous conforter dans l’idée que l’examen de la langue puisse être un test diagnostique et pronostique d’un diabète gestationnel. En conclusion, ce travail offre de nouvelles perspectives mais à confirmer par de nouveaux essais de plus grande puissance, et en se comparant à un test de référence.  

Références

[1]. Décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes. [cité le 15 décembre 2014]. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019386996.

[2]. Arrêté du 2 novembre 2009 fixant la liste des diplômes permettant l’exercice des actes d’acupuncture par les sages-femmes. [cité le 15 décembre 2014]. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021245638.

[3]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Acuterme, zhubin et mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(1):69-72.

[4]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Sanyinjiao et périnée, zhubin et neiting dans le syndrome de Lacomme, sphygmologie quantitative. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(2):147-151.

[5]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Canal carpien, prise en charge de la montée laiteuse, variétés occipito-postérieures et travail. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(3):240-245.

[6]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Baihui et poussée hémorroïdaire post-partum ; qualité de vie et douleurs dans le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(4):330-332.

[7]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):138-143.

[8]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Délivrance et cholestase gravidique. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(3):213-217.

[9]. Venot A. Analyse critique d’articles à visée diagnostique. UFR SMBH, Université Paris 13. [cité le 15 décembre 2014]. Available from: URL:  https://campusvirtuel.smbh.univparis13.fr/claroline/backends/download.php/TWV0aG9kb2xvZ2llX2Rlc19ldHVkZXNfZGlhZ25vc3RpcXVlcy9wb2x5X%2Bl0dWRlc19kaWFnbm9zdGlxdWVzLnBkZg%3D%3D?cidReset=true&cidReq=D2LCA.

Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Diabète gestationnel et diagnostic par l’examen de langue. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(4):291-294. (Version PDF)

Lougu et moxibustion dans la prise en charge des suites d’épisiotomie

Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes [[1]] et l’arrêté du 2 novembre 2009 [[2]] ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale.

Voici une nouvelle présentation de mémoire soutenu à Lille en 2014 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan, faisant suite aux travaux précédemment décrits [3-9] et montrant que la recherche clinique réalisée par nos étudiantes et sous contrôle de leur chef de service obstétricien ne s’essouffle pas.

Feux de broussailles – Altiplano – à 4000 m d’altitude – Pérou
Feux de broussailles – Altiplano – à 4000 m d’altitude – Pérou

Prise en charge de la douleur et aide à la cicatrisation par la moxibustion ou/et la poncture du point RA7 (lougu) chez les patientes primipares ayant bénéficié d’une épisiotomie

L’épisiotomie est une opération qui consiste à sectionner le périnée en partant de la commissure postérieure de la vulve. Elle intéresse la peau, la muqueuse vaginale, les muscles superficiels du périnée et tout le faisceau pubo-rectal (figure 1).

Figure 1. Episiotomie.

En 1998, le pourcentage d’épisiotomie était de 71,3% chez les primipares et 36,2% chez les multipares. En 2002-2003, rapporté aux accouchements par les voies naturelles, il était à 41% (68% chez les primipares et 31% chez les multipares). Selon le réseau sentinelle AUDIPOG (Association des Utilisateurs de Dossiers Informatisés en Pédiatrie, Obstétrique et Gynécologie), le pourcentage d’épisiotomie en France baissait en 2005 à 41% (61% chez la primipare et 25% chez la multipare). En 2010, 44,4 % des primipares et 14,3 % des multipares avaient eu une épisiotomie. Le taux d’épisiotomie a donc été réduit d’un tiers depuis 1998 de 71% à 44% (figure 2). Cette évolution importante fait suite à un consensus international pour limiter les épisiotomies en raison du manque de bénéfices dans la prévention des troubles de la statique pelvienne et de l’incontinence [10-12].

Figure 2. Pourcentage d’épisiotomie de 1994 à 2010.

L’épisiotomie peut être soit d’indication fœtale si elle sert à diminuer le temps des efforts expulsifs en cas d’anomalies du rythme cardiaque fœtal ; soit d’indication maternelle. Dans ce cas, elle a pour but de limiter les risques de lésions sévères du périnée et de prévenir la survenue de troubles de la statique pelvienne si la présentation ou la variété de position objective un volume de tête augmenté ; si le périnée est friable, oedématié, cicatriciel ou si la distance ano-vulvaire est inférieure à 3 cm. Cependant le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) ne recommande en aucun cas la pratique systématique de l’épisiotomie mais précise que « dans toutes ces situations obstétricales spécifiques, une épisiotomie peut être judicieuse sur la base de l’expertise clinique de l’accoucheur. ». D’ailleurs, une analyse de la littérature ne montre pas de bénéfice à pratiquer de façon libérale les épisiotomies par rapport à une utilisation restrictive, tant sur le versant fœtal (Grade C selon les recommandations de la HAS : faible niveau de preuve) que maternel (Grade A : preuve scientifique établie). Par conséquent, la pratique libérale de l’épisiotomie n’est pas recommandée [[13]], surtout qu’il peut y avoir des complications à court terme : hémorragie, traumatisme fœtal, douleurs, hématome, inflammation avec œdème ; et à long terme : conséquences sur la sexualité, granulations au niveau de la cicatrice, endométriome, fistule anale, fasciite nécrosante etc. [[14]].

Le traitement classique pour prévenir les complications concerne essentiellement les soins locaux en ayant la meilleure hygiène possible pour favoriser la cicatrisation mais aucun soin spécifique ne peut être retenu. Le traitement de la douleur par les moyens non médicaux (ajout de sels dans l’eau, glace, huile essentielle de lavande) ainsi que par les moyens locaux (antiseptiques dans l’eau, anesthésiques locaux) n’est pas très efficace. Concernant les moyens médicaux, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (kétoprofène, diclofénac, ibuprofène, indométacine) ont été les plus étudiés et certains sont efficaces sur la douleur que ce soit per os ou par voie rectale. L’ibuprofène est le plus sûr, car passe peu ou pas dans le lait maternel et est sans danger pour l’enfant. Le paracétamol n’a pas fait l’objet de suffisamment d’études pour que l’on puisse parler de son efficacité [[15]]. La moxibustion et l’acupuncture n’ont jamais fait l’objet d’étude.

De ce fait, Elisabeth Tillou et Marion Avenel Loucheux se sont donc intéressées dans leur mémoire de DIU d’acupuncture obstétricale à la prise en charge de la douleur et de la cicatrisation dans les épisiotomies chez les primipares. En 2012 et 2013, elles ont réalisé un essai contrôlé randomisé (ECR) pragmatique à trois bras réparti sur une période sept mois au Centre Hospitalier Régional Universitaire Jeanne de Flandre à Lille. Cinq critères de jugement on été étudiés : soulagement de la douleur d’épisiotomie ; diminution de la gêne du retentissement de la douleur d’épisiotomie sur le comportement quotidien ; prise moins importante d’antalgiques ; moins de complications de cicatrisation au niveau de la cicatrice d’épisiotomie et enfin degré de satisfaction de la prise en charge.

La population incluse (n=60) a été répartie en trois groupes à partir d’une table de randomisation :

– Groupe 1 – groupe témoin (n=20) : ce groupe a bénéficié de la prise en charge habituelle (soins locaux et antalgiques).

– Groupe 2 – moxa seul (n=20) : ce groupe a bénéficié de la moxibustion locale au niveau de l’épisiotomie en plus de la prise en charge habituelle.

– Groupe 3 – moxa + RA7 (lougu) (n=20) : ce groupe a bénéficié de la moxibustion locale au niveau de l’épisiotomie et de la poncture du point RA7 en plus de la prise en charge habituelle.

Moxibustion à l’armoise du périnée

La région périnéale sur laquelle est réalisée l’épisiotomie est appelée zongjin « le muscle des Ancêtres » [[16]]. Dans le Suwen, le périnée antérieur qianyin, le yin antérieur est souvent traduit par organes génitaux externes. Qiang est le point de concentration de zongjin et de la réunion des vaisseaux de la Rate et de l’Estomac. Zongjin s’assemble à qiangyin qui est le point de rencontre des neuf vaisseaux : les zutaiyinzushaoyinzujueyinyangming, et zushaoyangchongmairenmaidumai et qiaomai.

Le VC1 (huiyin), situé au niveau du périnée signifie réunion des yin (figure 3). Ce point est le point de départ des trois Vaisseaux : renmaidumaichongmai. Il a pour indications entre autres : hémorroïdes, pathologie des voies génito-urinaires, prolapsus utérin, toutes les affections de l’appareil génital [[17]].

Figure 3. Huiyin.

La cicatrisation de l’épisiotomie va de ce fait interréagir avec les tissus environnant le VC1. En Médecine Traditionnelle Chinoise, la Chair, le tissu conjonctif correspondent à l’élément Terre, la Rate-Pancréas / Estomac alors que la peau correspond à l’élément Métal, le Poumon / Gros intestin. Weiqi intervient également. Les fonctions principales de l’énergie wei sont celles d’assurer la trophicité, d’assurer la thermorégulation externe, de défendre l’organisme face aux énergies perverses externes. La réaction inflammatoire du tissu apporte une chaleur humide. De ce fait, Elisabeth Tillou et Marion Avenel Loucheux ont choisi d’utiliser la moxibustion à l’armoise au niveau de VC1. En effet, la moxibustion est essentiellement utilisée dans les maladies de type yin, employée pour les maladies par insuffisance (xu), les maladies de type froid (han) ou les maladies internes (li). Il est dit selon la physiologie Chinoise qu’elle réchauffe et désobstrue les jingluo, fait circuler le qi et active le xue, élimine l’humidité et expulse le froid. D’autre part, la moxibustion réduit la tuméfaction et disperse les accumulations, tonifie le Centre et accroît le qi, rétablit le yang, augmente la capacité de l’énergie défensive wei, sert à disperser les Stagnations [[18]].

Puncture du RA7 (lougu)

Le point RA7 est situé sur le Méridien zutaiyin qui correspond au zang « Rate ».

Le caractère lou signifie entre autres significations, couler, échapper à… correspond à toutes sortes de pertes continuelles de liquides (sueur, larme, sperme, diarrhée, scrofules suintantes etc.), perte de sang continuelle mais peu abondante chez la femme etc.

Le caractère gu signifie vallée, ravin, lit d’un torrent entre deux montagnes. Réceptacle canalisant les eaux et les souffles, rivières ou vallées, etc. Il y a donc une perturbation, un dysfonctionnement énergétique concernant les liquides. Ce point permettrait d’arrêter une fuite en désobstruant la source [[19]].

Résultats

Les bâtonnets de moxa sans fumée ont été utilisés. Quatre séances d’acupuncture et moxibustion à un jour d’intervalle. La séance de moxibustion locale a consisté au passage du bâtonnet de moxa le long de la suture d’épisiotomie pendant 5 minutes à environ 1 cm de la peau jusqu’à ce que la patiente ressente une sensation de chaleur sans douleur. L’aiguille au niveau du RA7 est laissée en place pendant 30 minutes. Les tests statistiques ont été réalisés à l’aide du logiciel SAS 9.3 (Statistical Analysis System). Il s’agit du test du Chi², test de Fisher, test de Kruskal-Wallis, test U de Mann-Whitney et une analyse de la variance (anova) en mesure répétée par un test de Fisher.

La mesure de l’intensité de la douleur est réalisée par l’échelle EVN (échelle verbale numérique) notée de 0 à 10 (0 correspond à « pas de douleur » et 10 correspond à « la douleur maximale imaginable »).

Les tests statistiques n’objectivent aucune différence significative entre les différents groupes étudiés, autant sur l’antalgie (anova ; p=0,2752), que sur la gêne du retentissement (p>0,5) de la douleur d’épisiotomie sur le comportement quotidien (humeur, capacité à marcher, position assise, confort…). Aucune différence significative non plus entre les trois groupes étudiés en ce qui concerne la prise de paracétamol (p=0,9908). Ce qui signifie que la prise de paracétamol diminue de façon similaire dans les trois groupes étudiés. Le kétoprofène et l’ibuprofène n’ont été proposés qu’à trop peu de patientes pour être évaluables. En ce qui concerne les complications de cicatrisation au niveau de la cicatrice d’épisiotomie, il n’a pas été possible de conclure en raison du faible effectif. Enfin, la valeur médiane de la satisfaction de la prise en charge de l’épisiotomie est égale à 9 sur 10. De même que pour la prise en charge de la douleur on obtient une valeur médiane de 8 sur 10.

Les patientes ayant bénéficié de séances d’acupuncture sont donc très satisfaites de leur prise en charge. Les auteurs concluent que les patientes ayant bénéficié de séances d’acupuncture pensent que celle-ci a constitué une meilleure prise en charge, avec 16 patientes sur 20 dans le groupe 2 et 15 patientes sur 20 dans le groupe 3. Bref, bien que ce travail n’ait pas rendu de résultats significatifs sur la diminution de l’intensité de la douleur et son retentissement, les patientes en ont été très satisfaites.

Discussion 

Il s’agit d’un ECR pragmatique qui cherche à vérifier l’efficacité d’une thérapeutique en la comparant au traitement de référence habituel, qui comme on l’a vu, ne fait pas la preuve d’une efficacité de grade A ou B selon les recommandations de la HAS. L’objectif d’Elisabeth Tillou et Marion Avenel Loucheux a visé donc à étudier une stratégie thérapeutique alternative par rapport au traitement classique dans la pratique réelle sans qu’il n’y ait nécessairement un contrôle placebo et une intervention en aveugle. Dans cet ECR pragmatique, il s’agissait de répondre à la question : l’intervention peut-elle être utilisée efficacement dans la réalité quotidienne ?

La réponse n’est pas négative. L’acupuncture et la moxibustion n’offrent pas une meilleure efficacité sur la douleur liée à l’épisiotomie ou sur le confort de la patiente. Une étude de plus grande puissance et davantage ciblée sur les éventuels bienfaits sur la cicatrisation pourrait apporter de nouvelles réponses. Quoi qu’il en soit, il en ressort que l’empathie vis-à-vis de la patiente, le temps passé auprès d’elles à les écouter, à les laisser exprimer leur douleur et leur ressenti, ont été néanmoins très bénéfiques. Et cela n’est pas négligeable, mais difficilement applicable au plus grand nombre dans le contexte actuel d’économies sur les coûts de la Santé Publique, à moins que l’on apporte la preuve d’une plus grande efficacité, dans la cicatrisation par exemple.

 Références

[1]. Décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019386996.

[2]. Arrêté du 2 novembre 2009 fixant la liste des diplômes permettant l’exercice des actes d’acupuncture par les sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021245638.

[3]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Acuterme, zhubin et mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(1):69-72.

[4]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Sanyinjiao et périnée, zhubin et neiting dans le syndrome de Lacomme, sphygmologie quantitative. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(2):147-151.

[5]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Canal carpien, prise en charge de la montée laiteuse, variétés occipito-postérieures et travail. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(3):240-245.

[6]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Baihui et poussée hémorroïdaire post-partum ; qualité de vie et douleurs dans le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(4):330-332.

[7]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):138-143.

[8]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Délivrance et cholestase gravidique. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(3):213-217.

[9]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Diabète gestationnel et diagnostic par l’examen de langue. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(4):291-294

[10]. Reymond C. Comparaison entre l’épisiotomie et la déchirure spontanée du point de vue de la douleur lors de la première consultation de rééducation périnéale. Mémoire de Diplôme d’état de Sage-femme. Grenoble: Université Joseph Fourier. U.F.R. de Médecine; 17 mai 2011. Available from : URL:  http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00618014.

[11]. AUDIPOG. Association des Utilisateurs de Dossiers Informatisés en Pédiatrie, Obstétrique et Gynécologie. Consultations des tableaux statistiques sur l’épisiotomie. Mars 2015. [cité le 06/03/2015]. Available from : URL:  http://www.audipog.net/tablostat.php.

[12]. Blondel B, Kermarrec M. Enquête nationale périnatale 2010. Les naissances en 2010 et leur évolution depuis 2003. Rapport Inserm U-953, Paris. Mai 2011. [cité le 07/03/2015]. Available from : URL:  http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Les_naissances_en_2010_et_leur_evolution_depuis_2003.pdf

[13]. CNGOF. Recommandations pour la pratique clinique. L’épisiotomie. 2005. [cité le 07/03/2015]. Available from : URL:  http://www.cngof.asso.fr/D_PAGES/PURPC_14.HTM#intro

[14]. Langer B, Minettei A. L’épisiotomie – Complications immédiates et à long terme de l’épisiotomie. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2006;35(S1):59-67.

[15]. Faruel-Fosse H. L’épisiotomie. Soins apportés à l’épisiotomie en suites de couches. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2006;35(S1):52-58.

[16]. Berger G. Zongjin. Revue française l’acupuncture. 2002;110,28-36.

[17]. Stéphan JM. Huiyin, régulateur de la féminité. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(1):66-67.

[18]. Kiener E. Comparaison des effets cliniques de l’acupuncture et de la moxibustion. Données de la tradition et pratique quotidienne. Actes du 13e Congrès de la FA.FOR.MEC ; 27-28 novembre 2009 ; Lille ; France. 2009.

[19]. Cury G. Le point du jour : lougu (7Rte). Revue française d’acupuncture. 2006;128:70-75

Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Lougu et moxibustion dans la prise en charge des suites d’épisiotomie. Acupuncture & Moxibustion. 2015;14(1):81-84. (Version PDF)

Point mu et sphygmologie : diagnostic chinois en obstétrique : intérêt ?

Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages- femmes [1] et l’arrêté du 2 novembre 2009 [2] ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale.
Voici une nouvelle présentation de mémoire soutenu à Lille en 2019 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan, faisant suite aux travaux précédemment décrits [3-10] et montrant que la recherche clinique réalisée par nos étudiantes et sous contrôle de leur chef de service obstétricien ne s’essouffle pas.

Effigie de la Reine Marie Stuart – Scottish National Gallery – Edimbourg -Ecosse 
Effigie de la Reine Marie Stuart – Scottish National Gallery – Edimbourg -Ecosse 

Pouls quantitatifs et sensibilité de qimen en début de travail : quel apport d’informations sur le déroulement de l’accouchement ?

A la maternité de Roubaix (au Pavillon Paul Gellé puis à la Maternité de Beaumont) entre avril 2017 et février 2018, Marie Guitton et Hélène Fillot ont réalisé une étude concernant l’intérêt des tests diagnostiques d’acupuncture en salle de naissance chez des patientes en travail spontané pendant la phase de latence ou chez des patientes devant être déclenchées : prise des pouls chinois, palpation du 14F (qimen).

Le recrutement des femmes s’est fait aléatoirement.

Le recueil des données a été réalisé par les deux auteurs de l’étude. 75 patientes, 39 primipares et 36 multipares, dont 4 secondes pares ayant un utérus cicatriciel ont été étudiées, dont les âges gestationnels se répartissaient entre 37 et 41 semaines d’aménorrhée (SA).

Pouls quantitatifs

La première partie de cette étude concernait les pouls quantitatifs en début de travail qui avaient déjà été étudiés lors d’une précédente étude diagnostique [4]. En effet, il avait été constaté qu’une bascule à la palpation des pouls quantitatifs [1] de la loge taiyin (Rate-Pancréas) vers la loge yangming (Poumon) était prédictive d’une mise en travail spontanée, physiologique qui s’observerait dans les trois semaines qui précèdent l’accouchement. Autre point fort de la précédente étude de Sandrine Huret et Emilie Bigotte en 2012 était la forte diminution du pourcentage de Vide du pouls de la loge Rein au-delà de 38 SA (33,33% des cas) qu’elles expliquaient par le fait que le Rein est physiologiquement très important pour l’accouchement. Malheureusement, cette étude diagnostique était de très faible niveau de preuve, sans aucune étude statistique et biaisée sans doute par une certaine part de subjectivité.

De ce fait, pour essayer de démontrer à nouveau l’intérêt de la sphygmologie dans le suivi de la grossesse, Marie Guitton et Hélène Fillot en 2018 ont tenté une nouvelle étude diagnostique avec détermination des indices de sensibilité et de spécificité [2].

Les pouls quantitatifs de 75 patientes ont donc été relevés (figure 1).

Figure 1. Lorsque le pouls de la loge taiyin ≥ yangmingil est noté B – ; lorsque le pouls de la loge taiyin <yangming : B+. Etat de la bascule des pouls des loges taiyin yangming en fonction de l’âge gestationnel des patientes : plus l’âge gestationnel avance, plus la proportion de patientes ayant réalisé la bascule des pouls est importante. En revanche à 41 SA, il existe un nombre important de patientes sans bascule.  

Les résultats ne sont malheureusement pas au rendez-vous. Ainsi, même s’il apparait qu’une bascule est bien réalisée à 40SA, il n’est pas observé de différence significative concernant l’issue de l’accouchement (césarienne, voie basse ou extraction), que ce soit lorsque le travail est spontané ou déclenché ; et pas de différence notable de durée du travail, quel que soit le mode d’entrée en travail. Aucune conclusion n’est possible non plus en ce qui concerne la durée du travail en fonction du pouls de Rein.

Sensibilité du qimen

Qimen sensible quel que soit le mode d’entrée en travail

La sensibilité du qimen a été recherchée sur une population de 74 patientes en début de travail. Parmi elles, quatorze présentaient au moins un 14F sensible (14F+) et quatorze autres un 14F non sensible (14F-). L’issue de l’accouchement quel que soit le mode d’entrée en travail a été observé (figure 2).

Figure 2. Parmi les patientes ayant un 14F- : 67% ont accouché par voie basse normale, 23% ont eu une extraction instrumentale, 10% ont eu une césarienne ; parmi les patientes ayant un 14F + : 14% ont accouché par voie basse normale, 43% ont eu une extraction instrumentale, 43% ont eu une césarienne.

L’étude statistique objective une sensibilité de 37,5% et une spécificité de 95,2% ; la valeur prédictive positive (VPP) est de 85,7% et la négative (VPN) à 66,7% (Tableau I).

Tableau I. Etude statistique si qimen sensible quel que soit le mode d’entrée en travail. 

 Accouchement dystociqueAccouchement eutocique
Qimen +12 (vrais positifs)2 (faux positifs)
Qimen –20 (faux négatifs)40 (vrais négatifs)

Pour l’ensemble de la population de cette étude, il est observé qu’en cas de qimen sensible, les patientes ont donc 85,7% de risques que leur travail aboutisse à un accouchement dystocique. Les patientes ayant un qimen non sensible ont quant à elles 66,7% de chances que leur travail aboutisse à un accouchement physiologique. Le coefficient Q de Yule qui mesure l’intensité de la liaison entre les deux variables (accouchement dystocique/qimen+) est très fort (Q=0,85). Le test Khi² étant à 12,69 ; la liaison est statistiquement significative entre l’accouchement dystocique et qimen+ et il y a moins d’une chance sur 1000 que la distribution soit due au hasard ((p≤0,001).

Qimen sensible et travail spontané

Pour les patientes en travail spontané, en cas de qimen sensible, la probabilité d’accouchement dystocique est de 71,4%. A l’opposé, lorsque qimen n’est pas sensible, la probabilité d’accouchement physiologique est de 67,6%. La liaison n’est pas statistiquement significative entre l’accouchement dystocique et qimen sensible.

Qimen sensible et déclenchement artificiel du travail

Figure 3. En cas de déclenchement : 65% des patientes du groupe qimen – ont accouché par voie basse simple contre aucune dans le groupe qimen +. 18% des patientes du groupe qimen – ont accouché par voie basse instrumentale contre 14 % dans le groupe qimen +. 17% des patientes du groupe qimen – ont accouché par césarienne contre 86% dans le groupe qimen +.

En cas de déclenchement artificiel du travail, toutes les femmes qui présentaient un qimen sensible ont eu un accouchement dystocique et 65,2% des patientes ayant un qimen – ont eu un accouchement physiologique Le coefficient Q de Yule est très fort (Q=1). Le Khi²=9,13, donc la liaison est statistiquement significative entre un accouchement dystocique et qimen + (p≤0,01). Cependant, la faible taille de l’échantillon est à prendre en compte pour l’interprétation des résultats (Tableau II).

Tableau II. Etude statistique si qimen sensible quel que soit le mode d’entrée en travail. Sensibilité : 46,7% ; Spécificité : 100% Coefficient Q de Yule : 1 ; VPP : 100% ; VPN : 65,2% ; Khi² : 9,13 (p≤0,01) 

 Accouchement dystociqueAccouchement eutocique
Qimen +7 (vrais positifs)0 (faux positifs)
Qimen –8 (faux négatifs)15 (vrais négatifs)

En conclusion de leur étude, Marie Guitton et Hélène Fillot considèrent qu’il y a peu d’intérêt à la prise des pouls quantitatifs en début de travail. Il y a trop de facteurs perturbateurs, anxiété, douleurs, etc.

En revanche, la palpation de qimen en début de travail permet de montrer de manière statistique le lien étroit entre sa sensibilité et l’augmentation de la proportion de travail dystocique notamment lors des déclenchements. Lorsque qimen est sensible, les auteurs ont ainsi relevé plus d’interventions médicales occidentales, comme l’administration d’ocytocine (utilisée pendant le travail pour 30% des patientes du groupe qimen -, contre 57% des patientes dans le groupe qimen +), accouchement instrumental, césarienne et chinoises (séances d’acupuncture). De ce fait, elles proposaient de pouvoir systématiser la palpation du point 14F, geste simple et rapide, lors des consultations de terme ou lors des décisions de déclenchement.

Discussion

La première partie de cette étude infirme les conclusions du précédent travail de Sandrine Huret et Emilie Bigotte. On ne peut pas considérer que la bascule de la loge taiyin (Rt-E) vers celle du yangming (P-GI) serait prédictive d’une mise en travail spontanée, physiologique qui s’observerait dans les trois semaines qui précèdent l’accouchement, ni la forte diminution du pourcentage de Vide du pouls des Reins survenant au-delà de 38 SA (33,33% des cas) [4]. Notons aussi le biais de la localisation des pouls. Les auteurs ont choisi celle des pouls radiaux selon George Soulié de Morant avec un pouls des Reins en Pied droit, mais pour de nombreux auteurs, le pouls des Reins est localisé à la fois aux Pieds droit et gauche [[11]]. De ce fait, le biais est majeur. Donc peu d’intérêt prédictif de la sphygmologie au cours du travail, même si à la 39 et 40e semaine, semble se détacher une certaine bascule qui ne se confirme pas à 41SA.

Plus intéressant est la recherche de la sensibilité du qimen, point mu du Foie, dans la deuxième partie de l’étude. Les points mu ou points Hérauts, points Alarmes, sont décrits partiellement dans au moins sept chapitres du Neijing. Tous situés sur le ventre ou le thorax, ils ont le sens de « rassemblement », mais également celui de « tenture ». Comme pour les points beishu, ils sont à utiliser pour combattre les déséquilibres internes des zang-fu (Organes-Entrailles) [[12]]. En obstétrique, ce sont des points importants dont la palpation fait partie de l’examen traditionnel de MC. Leur sensibilité anormale peut avoir un rôle d’alerte et pourrait faire partie des critères du diagnostic et des éléments décisionnels thérapeutiques.

Une étude descriptive réalisée entre février et mai 2015 dans le cadre d’un DIU concernant 59 patientes a évalué la sensibilité de tous les points mu considérés comme « points alarmes » lors de leur palpation au cours d’une consultation obstétricale. Carole Aussourd et Marie Combemorel ont pu ainsi remarquer que quatre troubles apparaissent plus fréquemment dans leur étude : troubles neuromusculaires, troubles gastro-intestinaux, troubles hépato-immuns, troubles hématologiques. Six points mu sensibles les plus fréquemment retrouvés étaient par ordre décroissant : 14F (qimen), 13F (zhangmen), 24VB (riyue), 12RM (zhongwan), 17RM (tanzhong) et 14RM (juque). Néanmoins du fait de nombreux biais méthodologiques, il avait été difficile de conclure à une quelconque validité scientifique, tout au plus proposaient-elles des proposition de nouvelles études [[13]].

Concernant le qimen et sa valeur prédictive dans les dystocies, les auteurs ont donc confirmé les résultats de la précédente étude de Gwladys Aubert et Nathalie Masson portant sur quarante-cinq patientes en début de travail et réalisée en 2013 [[14]] qui objectivait déjà une spécificité à 83,87% et une sensibilité à 78,57%, le coefficient de Q de Yule était calculé à 0,9 ; ce qui correspond à une très forte intensité de la liaison entre les deux variables (dystocie/qimen).

Néanmoins dans ces deux études diagnostiques, même si le qimen offre de nouvelles perspectives de diagnostic et de pronostic, il s’agit encore de le confirmer par de nouveaux essais de plus grande puissance, et en se comparant à un test de référence.

Ainsi pour évaluer et appliquer les résultats de ces études sur le qimen, il s’agira de s’interroger sur la validité de cette étude.

Est-on face à une incertitude diagnostique ? On peut répondre par l’affirmative car, même si on peut anticiper une dystocie mécanique, par disproportion entre le fœtus et le bassin ou par obstacle prævia, qui ne relève pas d’ailleurs de l’acupuncture, il est en revanche difficile d’anticiper la survenue de la dystocie cervicale menant le plus souvent à la césarienne.

Y-a-il eu une comparaison indépendante et aveugle avec un standard diagnostique de référence appliqué à tous les groupes d’étude ? On ne peut que répondre négativement du fait qu’il n’en existe pas car les causes de dystocie cervicale sont multiples : anomalie au niveau du col utérin, défaut de maturation cervicale, anomalie d’ampliation du segment inférieur (fréquent pour les utérus cicatriciels), spasme du col utérin, etc.

De ce fait, le qimen pourra servir de test de référence en changeant la prise en charge et anticiper une césarienne ou une prise en charge instrumentale.

 Notes

[1]. Certains auteurs appellent de la terminologie « quantitatif » la description des pouls bien spécifique au ressenti : état d’excès pour un pouls ample et fort ; état de vide pour un pouls en insuffisance, profond, fin et peu perçu.

[2]. On entend par test sensible la capacité de la bascule de la loge taiyin vers celle du yangming à identifier correctement la mise en travail spontanée (une sensibilité à 100% ne donne aucun faux négatif) ; et test spécifique par la capacité de cette prise de pouls à identifier correctement la non-bascule du pouls parmi celles qui ne sont pas encore en travail spontané, bref qu’il n’y ait aucun faux positif.

Références

[1]. Décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019386996.

[2]. Arrêté du 2 novembre 2009 fixant la liste des diplômes permettant l’exercice des actes d’acupuncture par les sages-femmes. Available from URL: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021245638.

[3]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Acuterme, zhubin et mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(1):69-72.

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[10]. Stéphan JM. DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition. Lougu et moxibustion dans la prise en charge des suites d’épisiotomie. Acupuncture & Moxibustion. 2015;14(1):81-84.

[11]. Stéphan JM. Recension. Le diagnostic par les pouls en Chine et en Europe. Une histoire de la sphygmologie des origines au XVIIIe siècle par Eric Marié. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(2):160-162

[12] Stéphan JM. Traitement informatique de la théorie des ziwuliuzhu associée à celle des points saisonniers. Application aux techniques thérapeutiques des jingjin, des jingbie et à la méthode de Yanagiya Soreï. Méridiens. 1991;93,15-63.

[13]. Aussourd C, Combemorel M. Apports de la palpation des points mu au cours de la grossesse. Mémoire du Diplôme Inter Universitaire d’Acupuncture Obstétricale. Lille : Université du Droit et de la Santé. Faculté de médecine Henri Warembourg; 2016.

[14]. Aubert G, Masson N. Qimen & dystocies cervicales. Mémoire du Diplôme Inter Universitaire d’Acupuncture Obstétricale. Lille : Université du Droit et de la Santé. Faculté de médecine Henri Warembourg; 2013.

Stéphan JM. Point mu et sphygmologie : diagnostic chinois en obstétrique : intérêt ? Acupuncture & Moxibustion. 2019;18(1):56-60.

Mémoires du DIU Acupuncture Obstétricale Université de Lille UFR Médecine

 Le décret n° 2008-863 du 27 août 2008 complétant le code de déontologie des sages-femmes et l’arrêté du 2 novembre 2009 ont légalisé la pratique de l’acupuncture chez les sages-femmes à condition d’être titulaire du diplôme interuniversitaire (DIU) d’acupuncture obstétricale.

Vous trouverez ici tous les mémoires du DIU soutenus à Lille depuis la création en 2009 sous la direction du Professeur Véronique Houfflin-Debarge et des coordinateurs les Drs Marie-Hélène Montaigne et Jean-Marc Stéphan.

Avertissement : tous les mémoires présentés ici sont les mémoires soumis lors de la soutenance et avant correction. Attention donc aux erreurs. Les mémoires corrigés peuvent avoir fait l’objet d’un article dans la revue « Acupuncture & Moxibustion« , ou être parus dans la rubrique « DIU d’Acupuncture Obstétricale : tableaux d’une exposition » de la même revue.

Temple d'Angkor Vat Siem Reap - Cambodge
Temple d’Angkor Vat Siem Reap – Cambodge

  1. Charlotte Gay et Marie-Christine Desmartins.  Acupuncture en salle de naissance : étude préliminaire sur la direction du travail.  2010 (Paru en article dans la revue « Acupuncture & Moxibustion »)
  2. Maëlys Lécuyer et Sandrine Brame.  Acuterme : un protocole de recherche sur la prise en charge par acupuncture des patientes à terme.  2010.  Recension
  3. Laure Lubin-Delambre.  La place de l’acupuncture dans l’accompagnement de la femme enceinte par la sage-femme libérale . 2011
  4. Isabelle Charlet et Nathalie Dutriaux.  Intérêt du  zhubin  durant la grossesse.  2011  
  5. Isabelle Matuszak et Marie-Edith Dumortier.  Création de la consultation d’acupuncture assurée par des sages-femmes à la maternité Jeanne de Flandres. Bilan d’une première année. Etude d’un cas clinique, la sciatalgie de la femme enceinte.  2011.
  6. Sabine Quinart et Anne-Sophie Werquin.  Acupuncture en hospitalisation à domicile.  2011. (Paru en article dans la revue « Acupuncture & Moxibustion »)
  7. Florence Cacheux et Emilie Theve.  L’acupuncture et la mise en route du travail dans les ruptures prématurées des membranes.  2011.
  8. Anne-Sophie Piau et Sophie Broquet.  Expérimentation de la puncture du point RP6 en vue du relâchement du périnée lors de l’expulsion foetale.  2011.
  9. Emilie Bigotte et Sandrine Huret.  Pouls de médecine traditionnelle chinoise et grossesse.  2012 
  10. Patricia Gautier.  L’acupuncture et le syndrome du canal carpien pendant la grossesse . 2012. Recension
  11. Perrine Romion, Anne-Claire Hequet-Proy et Audrey Baratte.  Action préventive de l’acupuncture dans l’atténuation des inconvénients de la montée laiteuse.  2012.
  12. Clélia Capron et Élodie Hubert.  Etude sur le traitement des variétés postérieures : réalisation d’un protocole acupunctural .2012. 
  13. Pascale Faidherbe et Patricia Pilia.  Traitement par acupuncture du syndrome de Lacomme . 2012.  Recension.
  14. Mireille Bailly, Pascale Ponthieu et Caroline Vandenbilcke.  Etude du point  baihui  (20DM) dans le traitement de la poussée hémorroïdaire du post-partum.  2012.   Recension
  15. Mireille Bailly, Pascale Ponthieu et Caroline Vandenbilcke.  Pré-éclampsie et acupuncture. Etude d’un cas clinique . 2012.  Recension
  16. Isabelle Deroo et Béatrice Vanden Bosch.  La place de l’acupuncture dans la prise en charge de la femme enceinte. Etude prospective auprès des gynécologues obstétriciens d’établissements.  2012
  17. Gwladys Aubert et Nathalie Masson.  Qimen  & dystocies cervicales . 2013.  Recension
  18. Caroline Dumortier et Sandra Mollet.  La délivrance favorisée par acupuncture. Étude de 29 cas à la maternité Paul Gellé à Roubaix . 2013.   Recension
  19. Virginie Naurois.  Place de l’acupuncture dans la prise en charge de l’hypogalactie pendant le séjour en maternité . 2013
  20. Sylviane Legris.  Prévention des infections urinaires récidivantes chez la femme enceinte en médecine traditionnelle chinoise.  2013
  21. Anne-Lise Dubois et Julie Levasseur-Barbieux. Prise en charge acupuncturale de la cholestase gravidique (avec étude d’un cas).  2013. 
  22. Aude Sales et Marie-Céline Leroux.  L’examen de la langue-aide au diagnostic du diabète gestationnel et prise en charge en acupuncture . 2013.  
  23. Elisabeth Tillou et Marion Loucheux-Avenel.  Prise en charge de la douleur et aide à la cicatrisation par la moxibustion ou/et la poncture du point RP7 chez les patientes ayant bénéficié d’une épisiotomie.  2014. 
  24. Estelle Lemaire et Emilie Leroux.  Diagnostic chinois appliqué au déclenchement de convenance. 2014
  25. Bernadette Denaes.  Utérus, ses liens avec les méridiens curieux, étude d’un point  zhongji  3VC.  2014
  26. Suzy Dupuy. ? Les désordres émotionnels pendant la grossesse et acupuncture.  2015
  27. Émilie Villeroux ?et ??Pauline ?Gillard?.  Place des points  xi  en obstétrique – étude descriptive multicentrique auprès des sages-femmes formées en acupuncture du réseau de périnatalité lillois OMBREL.  2015
  28. Laurine Chabauty ?et Marion Rogé?.  L’impact de l’acupuncture sur le rythme cardiaque foetal à risque d’acidose . 2015
  29. Aurore Dellisse et Sabine Paysant.  L’utérus cicatriciel. Quid des alternatives en Médecine Traditionnelle Chinoise ?  2015
  30. Bertrand Lézier.  Fertilité et infertilité en médecine traditionnelle chinoise . 2015
  31. Angélique Passaro.  L’acupuncture en consultation prénatale dès la 37ème semaine pour une naissance eutocique.  2015
  32. Justine Julien, Taouira Khadija.  Sages-femmes belges et acupuncture.  2015
  33. Catherine Malbranque, Hélène Ringot.  Anémie de la grossesse et acupuncture . 2015
  34. Gratienne Desmettre.  Etude de l’effet de la puncture des points MC6 et R9 sur l’anxiété chez les femmes enceintes pendant la grossesse et au moment de l’accouchement. Instauration de l’acupuncture au sein d’une maternité privée . 2015
  35. Marina Deschodt, Nadège Lochet.  Évaluation du traitement par acupuncture de l’insomnie pendant la grossesse.  2015
  36. Jean Baptiste Huguet, Hélène Wibaut Puslecki.  Ciliao  V32, Utilisation et impact durant le travail. A propos de 14 cas . 2015
  37. Fanny Zimny, Lucile Decouvelaere.  L’acupuncture dans la prévention des dystocies cervicales.  2015
  38. Stéphanie Duval, Caterina Janequin.  La douleur en pré-travail : acupuncture versus antalgiques. 2015
  39. Noémie Dellal, Rebecca Coton.  Etude prospective et comparative sur l’effet préventif de l’acupuncture chez les patientes à risque d’hypogalactie et agalactie . 2015
  40. Anaïs David et Julie Joumel.  Correction des déséquilibres énergétiques à partir de 37 SA : à propos de 7 cas cliniques . 2015
  41. Carole Aussourd, Marie Combemorel.  Apports de la palpation des points  Mu  au cours de la grossesse.  2016
  42. Karine de Rycke et Aline Xhauflair.  Organisation et pratique de l’acupuncture dans les maternités du réseau ombrel . 2016
  43. Nadia Tahoui.  Apport de l’acupuncture chez des patientes suivies à Jeanne de Flandre ayant subi un échec de fécondation in vitro. Protocole de Wang et coll et de Paulus. Expérience clinique chez trente patientes . 2016
  44. Julie Geeraert et Agnès Micheau.  Approche acupuncturale de l’hyperstimulation ovarienne : Application à un cas clinique.  2016
  45. Ilhem Hemdani.  13 F,  zhangmen  et diabète gestationnel, étude d’une cohorte de grossesses à risque.  2016
  46. Philippe Alglave.  La délivrance dirigée assistée par acupuncture.  2016
  47. Anne Parker.  Intérêt des points d’acupuncture VC3, VC4 et RP6 dans les troubles périnéaux du post partum.  2016
  48. Bérengère Caudroit.  Vide de Rein maternel et présentation podalique des fœtus : Hypothèse analysée à partir de la reprise des données d’Acuverse.  2016
  49. Aurélie Franc et Audrey Cousin.  Parturientes et professionnels au CH de Denain : Quid de leurs connaissances en acupuncture obstétricale.  2017
  50. Hélène Bernat et Emilie Cazal.  Prévention du baby-blues en acupuncture ; étude randomisée sur 1 IG.  2017
  51. Barbara Janicki et Joanna Leblond.  Intérêt de l’acupuncture dans la gestion de la douleur chez les parturientes déclenchées par Dinoprostone – Utilisation des points 4GI et Shenmen en auriculothérapie/Shenmen seul/méthode médicamenteuse.  2017
  52. Angélique Chereul.  Traitement par acupuncture de l’incontinence urinaire chez la femme enceinte.  2017
  53. Hélène Tillie et Valérie Deprez.  Pyrosis et grossesse, Étude d’un traitement par acupuncture.  2017
  54. Aline Mahiou et Laure Vrain.  Diabète gestationnel et acupuncture. L’influence de la puncture du point MU de la rate et la moxibustion du point SHU de la rate sur la prise d’insuline.  2017
  55. Julie Gaillard, Gaëtane Waignier.  Enquête de satisfaction auprès des femmes ayant eu recours à l’acupuncture durant leur parcours PMA.  2017
  56. Amélie Depickere-Rambour.  Apport de l’acupuncture dans la rééducation uro-gynécologique, basé sur l’évaluation de l’inconfort de la patiente.  2017
  57. Agnès Benayon, Ludivine Lemardelet.  Aide de l’acupuncture à la pose d’un stérilet.  2017
  58. Matthieu Pigé.  Intérêt de l’acupuncture dans les ruptures prématurées des membranes à terme.  2017
  59. Louise Sirot, Anne Bernard.  Apport de l’utilisation du point 13E (qihu) dans le traitement des hémorroïdes du post partum . 2017
  60. Cécile Fontanell et Pauline Delcroix.  Grossesse et syndrome du canal carpien. Prise en charge par l’acupuncture. Etude prospective . 2018
  61. Hélène Merel, Justine Carbonnier.  Traitement des tranchées par acupuncture.  2018
  62. Pauline Cannesson, Marion Pellachin.  Analyse des connaissances et besoins d’informations en acupuncture des professionnels de la maternité . 2018
  63. Dégrange Pauline et Guéneau Nina.  Cholestase intra-hépatique Gravidique en Hospitalisation à Domicile au CHRU de Lille : Etude rétrospective de 2010 à 2016 et propositions d’adaptation du protocole d’acupuncture établi par deux sages-femmes en 2013.  2018
  64. Nancy Petitprez.  Intérêt des points F2 et F3 lors de la pose d’un dispositif intra-utérin. A propos de seize cas.  2018
  65. Léa Bidault de Gardinville et Hélène Duval.  Etude des effets de la poncture de Ciliao dans la rupture prématurée des membranes après 37 SA . 2018
  66. Aurélie Vannicate, Nathalie Lagersie.  Relance de la miction spontanée avec une césarienne programmée. Protocole de points.  2018
  67. Charlotte Gougis  Évaluation de la connaissance des parturientes et des professionnels sur l’acupuncture obstétricale à la maternité du CH de Lens, et mise en place de ces consultations . 2019
  68. Marie Guitton et Helène Fillot.    Pouls quantitatifs et sensibilité de  Qimen  en début de travail: quel apport d’informations sur le déroulement du travail ? . 2019. Recension
  69. Alice Juniot, Marion Mutschler.  La prévention de l’anémie gravidique.  2019
  70. Marie-Estelle Stoll et Céline Cardon. Accompagnement du sevrage tabagique par l’acupuncture chez la femme enceinte. Apport de la typologie. 2019
  71. Magali Bailleul. ABC didactique de chrono-acupuncture. Perspectives gynéco-obstétricales. 2019
  72. Laura Fischer, Christine Romero. Acupuncture et Syndrôme Prémenstruel. 2019
  73. Dominique Martial-Faudou. Médecine traditionnelle indienne et chinoise : quelques points communs. 2019
  74. Florence Leroy. Accompagner la récupération en suites de couches avec l’acupuncture, du 7e au 77e jour après l’accouchement. 2019
  75. Estelle Moriaux, Ingrid Catry. Poncture et moxibustion de Foie 9 (Yinbao) et de Rein 9 (Zhubin) en salle de naissance : quel impact sur le rythme cardiaque fœtal ? Complément d’étude de cas. 2019
  76. Aref Ditto. Étude de la valeur prédictive du 14 Foie versus bilan biologique, à la consultation prénatale du 8e mois. 2019
  77. Florentine Carpentier et Hélène François. Acupuncture et douleurs de l’allaitement. 2019
  78. Marie-Françoise Leray, Cidalia Maduro Le Bail. Histoire de l’Embryon et ses premiers Méridiens Extraordinaires. 2020
  79. Marion Ryckewaert, Marion Nguyen. L’examen en médecine traditionnelle chinoise par les sages-femmes. 2020
  80. Amandine Bally, Sabrina Bléhaut. L’impact de la puncture du 41VB à dilatation complète sur le déroulement de l’accouchement chez la primipare : étude cas-témoin. 2020
  81. Coralie Lesport, Laurianne Lopez. Impact de la puncture du point RP6 sur l’ampliation et les lésions du périnée au cours de l’accouchement, « Pelvi’puncture ». 2020
  82. Bertille Courtemanche, Alexia Petitnicolas. Intérêt de l’acupuncture dans le traitement de l’asthénie du dernier trimestre de grossesse – Etude de cas. 2020
  83. Marlène Dieu, Mathilde Dusart. Pyrosis et Grossesse. 2020
  84. Laurie Weber, Céline Soltysik. Apport de l’acupuncture dans la mise en route et le déroulement du travail chez des patientes présentant un diabète gestationnel. Étude de 10 cas à la maternité du CH Lens. 2020 
  85. Aurore Rouzaud, Heidrun Haslbeck.  Retour sur notre voyage en Chine – Approche de pratiques locales en médecine chinoise. 2020
  86. Julie Fabregoul, Sophie-Caroline Bonifacj. Évaluation de l’évolution des pratiques professionnelles des sages-femmes après formation en acupuncture gynéco-obstétricale. 2021
  87. Cécile Berthet, Clara Galissard. Intérêt de l’acupuncture dans la prévention des retards à la lactation suite à une césarienne-Création d’un protocole de recherche. 2021
  88. Emilie Grumiaux. Évaluation de la connaissance des praticiens en matière d’acupuncture à Ajaccio et développement de l’acupuncture. 2021
  89. Agathe Deroubaix, Anne-Florence Roussel. Étude comparative de l’efficacité de la puncture de sanyinjiao sur le relâchement périnéal lors de l’expulsion à la maternité de Beaumont à Roubaix en 2020. 2021
  90. Aurore Malotaux, Alice Quiquerez, Sabrina Rogeon. État des lieux de la pratique de l’acupuncture en France et à Taiwan. Retour sur notre stage à Taichung. 2021
  91. Féron Tiane. Rééducation du périnée, une prise en charge globale : soutien de l’acupuncture. 2021
  92. Julia Papin, Marine Meljac Saez. Place de l’acupuncture dans la prise en charge des patients ayant recours à l’IVG en hospitalisation : revue de la littérature et proposition d’un protocole de points. 2021
  93. Virginie Bastien, Flavie Alem. Étude du point yintang. Analyse de son effet anxiolytique chez la femme. 2021
  94. Caroline Vienne et Eléonore Kientz. Sevrage de la lactation chez les femmes non allaitantes. 2021
  95. Charline Gayault. Connaissance des femmes enceintes de l’utilisation de l’acupuncture dans le cadre des nausées vomissements gravidiques modérés du premier trimestre.2021
  96. Sylvaine Bollengier, Aline Tanfin. Les consultations d’acupuncture à la maternité d’Hazebrouck, où en sommes-nous 5 ans après la mise en place? Diététique chinoise : quels conseils pour les femmes enceintes ? 2021
  97. Aurélie Mathieu Rossi. Incidence des points 9R et 9F sur l’évolution du retard de croissance intra-utérin au cours de la grossesse. 2021
  98. Justine O’Donoghue et Evangéline Despax. L’intérêt de l’acupuncture sur la cicatrice de césarienne extra péritonéale pour convenance personnelle. 2021
  99. Gwendoline Martin et Marion Verheyde. L’impact de l’acupuncture sur le déclenchement par ballonnet intra-cervical. 2021
  100. Justine Fanouillere et Anne peries.  MATUPUNCTURE : Impact des points 4GI, 6RP, 3F, 36E et 34VB sur la maturation cervicale des grossesses prolongées. 2022
  101. Solène Guillaume et Pierre Gibert.  Apport de l’examen clinique en médecine traditionnelle chinoise sur le dépistage des RCIU en cours de grossesse. 2022
  102. Daria Dhoul-Anrif. Acupuncture et induction du travail. 2022
  103. Marion Dilly et Pauline Lannoy. Etat des lieux des consultations d’acupuncture à la maternité de Lens : retour sur les deux premières années, de mars 2019 à mars 2021. 2022
  104. Céline Sugne et Floriane Girault. La place de l’acupuncture chez les sages femmes libérales acupunctrices en Occitanie et Hauts de France. 2022
  105. Bénédicte Roda et Elise Belmonte. Endométriose et acupuncture. Place de l’acupuncture dans le traitement de l’endométriose. Proposition de traitement en MTC. 2023
  106. Hélène Dindeleux, Hubert Anne-Sophie. L’acupuncture dans le processus de cicatrisation. Étude bibliographique. 2023.
  107. Louise Cornille, Leila Chenouf.  Effet de l’acupuncture sur la version fœtale, état de la recherche en 2022 . 2023
  108. Juliette Goyeaud-Bellot.  Prise en charge du syndrome prémenstruel par acupuncture. Revue de la littérature sur 7 articles datant de 2008 à 2020 et analyse de 3 cas cliniques. 2023
  109. Inès Pilet, Justine Hofbaur.  Syndrome ménopausique et acupuncture : Etat des lieux sur les connaissances concernant l’efficacité du traitement . 2023
  110. Marion Derue. Apport de l’acupuncture dans les ménorragies chez les femmes utilisant le dispositif intra-utérin au cuivre. 2023
  111. Decherf-Carissimo Tiphaine et Hautecoeur Margot. Impact émotionnel d’un évènement marquant sur la période périnatale et sa prise en charge acupuncturale. 2023.
  112. Caroline Bourel et Caroline Cartigny. MOXA-VME / Étude d’impact de la moxibustion du point 67V avant la réalisation d’une version par manœuvres externes. 2023.
  113. Marie De Coninck. Régulation du liquide amniotique et grossesses singletons : apport de l’acupuncture. 2023
  114. Alison Corriette et Sophie Delacroix. Sensibilité des points zubin et yinbao en début de travail : Apport diagnostique sur le déroulement du travail et sur l’état néonatal ? 2023
  115. Zanghi Angélique. Acupuncture et consommation d’antalgiques en phase de latence. 2023
  116. Charlotte Jouffroy et Célia Noyelle.  L’apport de l’acupuncture dans la prise en charge des femmes diabétiques de type II au troisième trimestre de la grossesse. 2023
  117. Marina Lebegue et Camille Barbe.  L’impact du 67V sur la version fœtale. Étude observationnelle comparative à une étude basée sur des cas cliniques.  2023
  118. Audrey Level et Sarah Louchez. L’incontinence urinaire de la femme  et  Acupuncture  (Étude observationnelle prospective). 2023
  119. Amandine Foulon.  Prise en charge du syndrome du canal carpien pendant la grossesse : La place de l’acupuncture. 2023
  120. Aline Dupont et Noémie Lavoisier.   Etude prospective et comparative des taux de grossesses obtenues lors des TEC après application ou non du protocole de Paulus. Etude menée sur 120 cas dans le service d’AMP au CH Calais. 2023
  121. Aurélie Dufour et Vinciane Liguori. Evaluation de l’efficacité de l’acupuncture dans le traitement des dysménorrhées. 2023
  122. Charlotte Nieuwjaer et Karine Ascencio. La délivrance dirigée favorisée par acupuncture?. Etude de cas à la Maternité Saint Vincent de Paul à Lille . 2023
  123. Alison Clarys et Clémentine Lemaire.  Étude de l’impact du point  duyin  sur la délivrance.? 2023
  124. Emeline Delrot, Charlotte Ryckembusch.   L’utilisation des moxas sur les irritations et crevasses de l’allaitement maternel. 2024 
  125. Chloé Bourgois, Véronique Thomas.  Qimen  pour la naissance. 2024
  126. Delphine Peral, Mélanie Mery.  qijingbamai  : qu’en est-il de leur utilisation par les sages-femmes ? 2024 
  127. Charlotte Vergnol et Cécile Cassotti.  Évaluation de l’efficacité de l’acupuncture dans le traitement des symptômes des hémorroïdes du post partum . 2024
  128. Claire Massemin et Juliette Cavallaro.  État des lieux sur les motifs de consultations en acupuncture pendant la grossesse au cours de l’année 2020 au CH de Douai et profil des patientes consultantes.  2025 
  129. Dalila Khobzaoui.  La diététique en médecine traditionnelle chinoise globale et périnatale. 2025
  130. Delphine Duhamel, Constance Kedziora. COOKACUPAIN. Impact de l’acupuncture sur la gestion de la douleur lors du déclenchement par ballonnet de Cook à la maternité de Beaumont à Roubaix. 2025
  131. Amélie Caquant, Célia Harfaut. Circulation du qi et endométriose. Perspective de l’acupuncture pour le soulagement de la douleur et de l’inflammation. 2025
  132. Lise  Junique, Mélanie  Piotin. Impact de la puncture du 14F lors de la consultation de terme à 41 semaines d’aménorrhées. 2025
  133. Isabelle Dautriche et Hélène Masselot. Apport de l’acupuncture dans l’évolution de la croissance foetale chez les patientes présentant un PAG ou RCIU au cours de la grossesse: utilisation du 9R et 9F. 2025
  134. Mélissa Vancauwenberghe, Priscilla Cappelle. Les bénéfices de l’acupuncture dans des moments clés de la lactation : les pics de croissance du bébé. 2025
  135. Aïno  Dewaele, Mathilde Catoire.  Prise en charge de l’anxiété chez la femme : évaluer l’apport de l’acupuncture et la synergie acupuncture/hypnose. 2025
  136. Elodie Etchegoin. Place de l’acupression dans la gestion de la douleur pendant le travail. 2025

L’acupuncture autour de la naissance : analgésie durant l’accouchement

Combat de Gladiateurs – Maison des gladiateurs – époque romaine 3e siècle EC – Kourion – Chypre
Combat de Gladiateurs – Maison des gladiateurs – époque romaine 3e siècle EC – Kourion – Chypre

Résumé : Une des grandes indications de l’acupuncture est l’analgésie. En obstétrique, l’analgésie durant l’accouchement peut être une bonne indication. Mais peut-on la recommander à la lumière de l’acupuncture factuelle ? L’état des lieux des essais contrôlés randomisés de l’acupuncture obstétricale analgésique durant l’accouchement permet de déterminer que l’acupuncture peut être raisonnablement indiquée avec un grade B (présomption scientifique) selon le niveau des recommandations de la Haute Autorité de Santé Française. Mots clés : obstétrique – travail – acupuncture – antalgie – analgésie – ECR – recommandations.

Summary: One of the big indications of the acupuncture is the analgesia. In obstetrics, the analgesia during the delivery can be a good indication. But can we recommend it in the light of the evidence-based acupuncture? The inventory of fixtures of randomized controlled trials by the analgesic obstetric acupuncture during the delivery allows to determine that the acupuncture can be reasonably indicated with a grade B (scientific presumption) according to the level of the recommendations of the High Authority of French Health. Keywords: obstetrics – labor – acupuncture – pain relief – analgesia – RTC – recommendations.

Une méta-analyse incluant treize essais contrôlés randomisés (3025 patients) avaient étudié l’effet antalgique de l’acupuncture dans les douleurs de gonarthrose, de céphalées de tension, de migraines, de lombalgies, de douleurs post-opératoires etc.. Celui-ci avait été retrouvé de manière statistiquement significative (p<0,001 ; I2=36%) dans le groupe acupuncture par rapport aux groupes acupuncture placebo ou sans traitement [[1]]. Les auteurs ne s’étaient pas intéressés à l’analgésie durant l’accouchement.

Et pourtant, il semblerait que l’acupuncture réduit de façon importante l’usage d’autres thérapeutiques analgésiques éventuellement pourvoyeuses d’effets secondaires pour la mère et le fœtus, comme la mépéridine (pethidine : dolosal©) ou l’analgésie péridurale.

Ainsi en 1990, Martoudis et Christofides utilisaient déjà l’électroacupuncture (3-4 Hz) et objectivaient une diminution des algies par stimulation du point GI4 (hegu) pendant une durée de 20 à 80 mn, traitement associé à l’auriculothérapie sur le shenmen. La durée moyenne de l’analgésie était de 6 heures. Les auteurs montrèrent que dans 87,75% des cas, les femmes étaient soulagées [[2]]. Malheureusement, il s’agissait d’un essai ouvert sans groupe placebo, sans groupe contrôle et sans randomisation, bref de très basse qualité méthodologique. Cependant, il avait le mérite d’être l’un des premiers à s’intéresser à l’analgésie obstétricale.

D’autres travaux suivirent, comme celui de Ternov, qui dans son étude ouverte non randomisée avait objectivé que 58% dans le groupe acupuncture n’avaient pas eu besoin de prendre un autre traitement en plus de l’acupuncture par rapport au groupe contrôle (14% p<0,001) [[3]].

En 2004, une revue systématique évalua les preuves d’efficacité de l’acupuncture dans les douleurs lors du travail. Trois ECR sur 390 essais cliniques furent identifiés ayant une qualité méthodologique généralement bonne. Deux ECR ont comparé l’acupuncture versus le traitement habituel et ont conclu à une réduction de la mépéridine et/ou de l’analgésie péridurale. Un ECR concernant un groupe acupuncture versus acupuncture placebo a montré une différence statistiquement significative dans l’amélioration de la douleur aussi bien subjective qu’objective. Aucun effet indésirable n’a été annoncé. Les auteurs ont conclu que les preuves pour utiliser l’acupuncture en adjonction étaient prometteuses mais non convaincantes du fait d’une population étudiée faible et donc d’une faible puissance (n=496) [[4]].

Étudions plus en détail ces trois essais et voyons leur qualité méthodologique.

Les essais contrôlés randomisés

Ramnero

Le premier concerne une population de quatre-vingt-dix parturientes admises dans un hôpital suédois. Il s’agit d’évaluer l’intensité de la douleur et le degré de relaxation pendant le travail. Le groupe contrôle (n=44) comme le groupe acupuncture (n=46) pouvait bénéficier d’un traitement identique conventionnel (péridurale, mépéridine injectable, infiltration locale de bupivacaïne, injections intradermiques d’eau stérile, TENS etc..).

En complément, le groupe acupuncture fut puncturé avec recherche du deqi aux points considérés comme relaxants : VG20, yintang (HM1), PO7, et aux points analgésiques : VE25 à 36, VE54, VB25 à 29, VC2, VC3, GI4, VB41, FO3, VE60, RE3 et RA6. Les aiguilles furent laissées en place durant 1 à 3 heures. Les auteurs constatèrent que le traitement par acupuncture pendant le travail a significativement réduit le besoin en analgésie péridurale (12 % versus 22 % dans le groupe contrôle avec un risque relatif (RR) à 0,52 dans l’intervalle de confiance (IC) 95 % (0,30 à 0,92) (p=0,03). Par contre, l’intensité de la douleur est égale dans les deux groupes avec une estimation de la différence entre les deux groupes à 0,29 (IC 95% -0,9 à +0,32). Cependant, les parturientes qui ont reçu l’acupuncture ont été plus détendues de manière statistiquement significative (p=0,01) par comparaison au groupe témoin (différence moyenne –0,93, IC à 95% : -1,66 à –0,20). Aucun effet secondaire n’a été signalé [[5]].

Skilnand

Le deuxième travail est une étude contrôlée randomisée en simple aveugle avec analyse des résultats en intention de traiter. Deux cent dix parturientes à terme et en travail actif ont été assignées à deux groupes : groupe acupuncture (n=106) et groupe placebo (n=102). Le groupe acupuncture bénéficiait de la puncture (deux à douze aiguilles avec une moyenne de sept aiguilles) avec recherche de deqiparmi ces points variables : CO7, PO7, ES30, ES29, VB34, ES36, RA8, RA6, RE3, FO3, VB41, VG20, VE32, VE34, VE67, VE60 et GI4. Les aiguilles étaient laissées en place jusqu’à l’accouchement ou le passage à l’analgésie conventionnelle. Le groupe placebo bénéficiait du même nombre d’aiguilles mais insérées en des endroits considérés sans points d’acupuncture. L’échelle visuelle analogique (EVA) a permis d’évaluer l’effet analgésique de l’acupuncture. Il y a eu une diminution significative de la douleur à 30 mn, 1 heure, 2 heures après acupuncture et 2 heures en post partum (p<0,05) et moins de recours à la péridurale analgésique (p=0,01) ou à la péthidine (p<0,001  par rapport au groupe contrôle. Le second résultat de l’étude objectivait un temps d’accouchement statistiquement plus court (p=0,01) pouvant être expliqué par moins de péridurale dans le groupe acupuncture. Aucun effet secondaire n’a été retrouvé [[6]].

Nesheim

La troisième étude est de l’équipe norvégienne de Nesheim qui a évalué l’efficacité de l’acupuncture comme analgésique ainsi que la réduction de la prise de mépéridine durant le travail dans un essai contrôlé randomisé en intention de traiter. Les parturientes à terme ont été incluses aléatoirement dans un bras acupuncture (n=106), un autre sans acupuncture (n= 92), et le troisième bras contrôle apparié au précédent groupe (n=92). Les points utilisés (VG20, CO7, FO3, VB34, VC4, GI10-11, GI4, VE23, VE60, VE27-28,VE32, RA6, MC6-7, ES36) étaient puncturés avec recherche du deqi pendant 10-20 minutes, voire davantage jusqu’à l’accouchement dans certains cas. Les auteurs constatent qu’on a administré 11% de péthidine dans le groupe acupuncture versus 37 % dans le groupe sans acupuncture (P< 0,0001) et 29 % dans le groupe témoin. L’utilisation d’autres méthodes analgésiques (péridurale, protoxyde d’azote, injection d’eau stérile etc.) était statistiquement plus bas (p=0,01) dans le groupe acupuncture versus groupe contrôle. La satisfaction des patientes était élevée : 89 sur 103 patientes ont souhaité bénéficier de l’acupuncture au prochain accouchement [[7]].

En 2006, les mêmes auteurs, dans une étude rétrospective portant sur la période du 01/12/99 au 31/12/03 concernant 17741 patientes ont étudié la question : les femmes en phase de travail bénéficiant d’un traitement d’acupuncture dans un centre hospitalier norvégien exigent-elles moins d’analgésie péridurale que celles n’ayant pas eu d’acupuncture ? L’analyse de régression sur multivariables montre un odds ratio à 0,6 (IC 95% : 0,5-0,7) pour les patientes bénéficiant d’acupuncture versus celles n’en n’ayant pas eu et les auteurs concluent donc que les femmes  recevant de l’acupuncture subissent moins d’analgésie péridurale [[8]].

Discussion

Ces trois études, bien que positives pour l’acupuncture montrent leurs limites.

Celle de Ramnero, étude de qualité méthodologique acceptable avec un score de Jadad estimé à 3/5 est non aveugle. Et de ce fait, cela peut engendrer une surestimation des résultats [[9]], sans compter que la population recrutée étant faible, la puissance n’est pas forte.

La seconde a cette fois une population suffisamment importante et est de bonne qualité méthodologique (Jadad à 4/5), mais on regrettera qu’elle ne soit pas en double aveugle.     

L’étude norvégienne est aussi de qualité méthodologique acceptable avec un score de Jadad à 3/5. Mais, à nouveau, le problème des patients et des évaluateurs décrits comme non aveugles minimise l’effet bénéfique de l’acupuncture. Bien sûr dans cet ECR, cette absence de traitement en aveugle a été palliée en constituant l’appariement des patientes du groupe sans acupuncture avec d’autres patients non randomisées mais ce n’est pas suffisant et on ne peut que souhaiter de nouveaux ECR satisfaisant à ces critères méthodologiques. Leur étude rétrospective de 2006 est certes intéressante mais met bien en exergue encore une fois les biais de procédure observés sur les trois précédentes études, à savoir l’hétérogénéité du traitement acupunctural et le fait que les sages-femmes responsables de l’acupuncture étaient aussi cliniquement responsables de leur patiente, d’où insu non en aveugle. 

Ainsi, la revue de la Cochrane confirme à nouveau tout cela en 2006 et montre que l’acupuncture peut être bénéfique dans la gestion de la douleur du travail en obstétrique. En réanalysant les trois ECR décrits dans la précédente revue de 2002 [4] concernant 496 patientes, Smith et coll. objectivent à nouveau une décroissance de la nécessité de soulager la douleur dans les groupes acupuncture (RR=0,70 avec IC à 95% : 0,49 à 1,00 dans 2 ECR de 288 femmes). Cependant, comme Lee et coll., même si les auteurs classent les ECR comme de bonne qualité méthodologique malgré l’absence d’insu non aveugle, ils réclament d’autres études avec une plus grande population et la nécessité d’avoir des essais contrôlés randomisés en double aveugle [[10]].

D’autres ECR satisfaisant partiellement à ces critères sont parus à partir de 2007 permettant d’avoir une opinion de l’efficacité de l’analgésie dans l’accouchement davantage factuelle.

Chao

En février 2007, dans la revue Pain est paru un essai contrôlé randomisé en double aveugle concernant l’amélioration de la douleur durant le premier stade du travail par application de stimulation électrique transcutanée (TENS : ampérage entre 10 et 18mA, fréquence de 100Hz en alternance avec celle de 2Hz , durée d’impulsion : 0,25ms, 30mn) sur les points d’acupuncture. Deux points sont utilisés : GI4 (hegu) et RA6 (sanyinjiao) bilatéralement dans le groupe TENS (n=52). Le deuxième groupe (n=53) est un placebo de TENS (stimulation électrique à moins de 5mA et sans alternance de fréquence). L’échelle visuelle analogique (EVA) a servi pour évaluer la douleur avant, 30 et 60 minute après le traitement. Le critère primaire de jugement était le niveau du score de l’EVA diminué de trois dans chaque groupe (échelle EVA allant de 1, pas de douleur à 10, maximum de douleurs). Le critère secondaire était le mode d’accouchement et l’effet néonatal. Le groupe TENS  a eu une réduction statistiquement significative du score de 3 sur l’EVA versus le groupe placebo (31/50 -62%- versus 7/50 -14%-, P<0,001). La volonté des femmes à utiliser la même méthode analgésique dans un accouchement futur était aussi statistiquement significatif (TENS : 48/50 -96%- versus placebo, 33/50 -66%-, P<0,001). Cependant, l’accouchement nécessitant des manœuvres instrumentales a été accru dans le groupe TENS (12/50 -24%- contre 4/50 -8%-, P=0,05 pour le groupe placebo), mais les résultats néonataux n’étaient pas différents [[11]]. Cette accroissement des techniques opératoires dans le groupe TENS a été expliqué par les auteurs par une taille significativement plus petite (p=0,03) dans le groupe TENS (158cm) versus groupe TENS placebo (161cm). Cet travail en intention de traiter et en double insu est d’une très bonne qualité méthodologique (Jadad à 5/5) mais souffre néanmoins de limitations potentielles. En effet, il s’agit d’un ECR réalisé à Taiwan avec une population asiatique chez qui l’usage de l’acupuncture est habituel. Que deviendrait cette grande acceptation de la technique dans un autre groupe ethnique ? Par ailleurs, la puissance de l’essai n’est pas très élevée avec une population globale à 105 participantes. Néanmoins, on constate un effet synergique de la stimulation électrique transcutanée sur des points d’acupuncture. Aucun effet secondaire n’a été décrit aussi bien chez la femme que l’enfant. Enfin, il est à noter que le protocole d’acupuncture est simple d’utilisation et facile à mettre en place.

Qu

Toujours en 2007, l’acupuncture et la TENS ont été délaissées au profit de l’électroacupuncture (EA). Comme l’étude de Chao, les deux points GI4 (hegu) et RA6 (sanyinjiao) bilatéralement ont été stimulés dans le groupe acupuncture (n=20) à une fréquence alternée de 2 et 100 Hz (14 à 30 mA d’intensité tolérable) pendant 20 mn. Dès que la dilatation passait de 7 à 8 cm, la procédure d’EA était à nouveau relancée. Le deuxième groupe (n=19) était le groupe contrôle sans aucune intervention de soulagement analgésique. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé évaluant en critère principal l’intensité douloureuse et le degré de détente par une échelle allant de 0 (pas de douleurs / relaxation complète) à 10 (douleur maximale / très tendue) au cours du travail dans ces deux groupes de femmes primipares. Les mesures avant et après le début du traitement des concentrations plasmatiques de la bêta-endorphine (beta-EP) et de la 5-hydroxytryptamine (5-HT : sérotonine) étaient le second critère de l’étude. Il a été objectivé dans le groupe EA une intensité de douleur inférieure et un meilleur degré de relaxation que dans le groupe contrôle (p=0,018 ; p=0,031). A la fin du premier stade du travail, on retrouve aussi une augmentation significative de la concentration plasmatique de bêta-EP (1597 ng/ml dans le groupe EA versus 1313,45 ng/ml dans le groupe contrôle, p=0,037) et 5-HT (2501 ng/ml versus 2099 ng/ml dans le groupe contrôle; p=0,030). Malheureusement, cet ECR n’est pas de haute qualité méthodologique, car non aveugle et non en intention de traiter (Jadad = 2/5). Par ailleurs, il est de faible puissance. Cependant, l’intérêt c’est de retrouver un protocole déjà utilisé et qui peut être standardisé à de nouveaux ECR de grande puissance et de haute qualité [[12]].

Borup

L’ECR de Borup et coll. répond en partie à cette attente.

Son objectif a donc été de comparer l’effet de l’acupuncture par rapport à la stimulation électrique transcutanée (TENS à 100 Hz 20 à 45mn) ou par rapport aux analgésiques traditionnels (papules d’eau stériles, pethidine, protoxyde d’azote, péridurale) dans le soulagement de la douleur, la relaxation avec comme critères de jugement l’intensité de la douleur, le vécu de la naissance et le résultat obstétrical. Cet essai contrôlé randomisé non aveugle a été conduit chez 607 femmes saines en travail et à terme bénéficiant d’acupuncture (n=314), TENS (n=144) ou analgésiques traditionnels (n=149).

Trente-quatre points ont été utilisés (figure 1). Le traitement était individualisé selon la localisation de la douleur. Pas de stimulation électrique. La durée de la séance d’acupuncture pouvait varier entre 30 mn à 2 h et les séances pouvaient être répétées.

Figure 1. Les points d’acupuncture utilisés dans l’ECR de Borup (d’après son schéma [13]).

Les critères principaux de jugement étaient la nécessité de bénéficier d’une analgésie péridurale ou pharmacologique, l’intensité de la douleur évaluée par une échelle visuelle analogique (EVA), l’expérience de la naissance, le degré de satisfaction lors de l’accouchement et le soulagement de douleur évalué à 2 mois après l’accouchement. Les critères secondaires étaient la durée de travail, l’utilisation d’ocytocine, le mode d’accouchement, les hémorragies de la délivrance, le score d’Apgar et la valeur du Ph du cordon ombilical. Cette étude était en intention de traiter. Les résultats objectivent que l’utilisation des méthodes invasives ou pharmacologiques était significativement plus basse dans le groupe acupuncture versus groupe analgésique traditionnel (p < 0,001) et versus TENS (p= 0,031). L’intensité de douleur était comparable dans les trois groupes. L’acupuncture n’a pas influencé la durée du travail ou l’utilisation d’ocytocine. Le score moyen d’Apgar à 5 minutes et le pH du cordon ombilical était significativement plus élevé parmi les nourrissons nés dans le groupe acupuncture en comparaison aux enfants nés dans les autres groupes. Conclusions : l’acupuncture réduit le besoin en utilisation d’analgésie pharmacologique (principalement le protoxyde d’azote) ou invasive durant l’accouchement et est un bon complément dans les méthodes analgésiques [[13]]. Même si cet ECR est non aveugle, il est de grande puissance et obtient un score de Jadad de 3/5, donc ECR de qualité méthodologique acceptable avec une randomisation adéquate et bien décrite.

Conclusion

Même si dans l’état actuel des connaissances, nous sommes toujours en attente d’une étude répondant à tous les critères scientifiques de méthodologie, on peut recommander l’acupuncture dans l’analgésie du travail lors de l’accouchement selon le grade B (présomption scientifique) de la Haute Autorité de Santé Française. Par contre, l’électroacupuncture et la thérapeutique par TENS nécessitent des ECR de grande puissance.


 Et l’acupression ?

Une autre alternative à l’acupuncture et l’électroacupuncture est l’acupression. L’ECR de Chung et coll. a déterminé l’effet de l’acupression sur GI4 et VE67 (pendant 20 mn, 5 cycles d’acupression de 5mn) sur la douleur de l’accouchement et les contractions utérines lors du premier stade du travail. Cent vingt sept femmes ont été aléatoirement réparties en trois groupes, groupe acupression, groupe effleurage de la peau, groupe contrôle. Il y a une diminution significative de la douleur dans la phase active du travail versus les autres groupes, mais aucune différence significative dans l’efficacité de contractions utérines pendant le premier stade du travail parmi les trois groupes [[14]]. Ce travail en simple aveugle est de mauvaise qualité méthodologique avec une randomisation mal décrite et une faible puissance. De plus, malgré 18% de perdues de vues, les analyses statistiques furent réalisées sans intention de traiter.

Le deuxième ECR d’acupression est celui de Lee et coll. qui a évalué le RA6 sur la douleur du travail. 75 femmes furent aléatoirement assignées au groupe acupression (n=36, RA6 avec pression de 2150 mmHg appliquée à chaque contraction pendant 30mn) et au groupe contrôle (n=39, attouchement sans pression sur RA6). On a retrouvé une différence significative du soulagement de la douleur (mesurée par EVA) immédiatement après l’intervention (p=0,012), 30 minutes après l’intervention (p=0,021) et 60 minutes après l’intervention (p=0,012) versus le groupe contrôle. Le temps total de travail (de 3 cm de dilatation jusqu’à l’accouchement) était significativement plus court dans le groupe d’intervention que dans le groupe contrôle (p=0,006) [[15]]. L’étude de faible puissance en simple aveugle avec 15% de perdus de vus nécessite donc de réaliser un ECR de haute puissance en double aveugle et en intention de traiter.


 Références

 [1].Madsen MV, Gotzsche PC, Hrobjartsson A. Acupuncture treatment for pain: systematic review of randomised clinical trials with acupuncture, placebo acupuncture, and no acupuncture groups. Bmj. 2009;338:a3115.

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[8]. Nesheim BI, Kinge R. Performance of acupuncture as labor analgesia in the clinical setting. Acta Obstet Gynecol Scand. 2006;85(4):441-3.

[9]. Schulz KF, Chalmers I, Hayes RJ, Altman DG. Empirical evidence of bias. Dimensions of methodological quality associated with estimates of treatment effects in controlled trials. Jama. 1995 Feb 1;273(5):408-12.

[10]. Smith CA, Collins CT, Cyna AM, Crowther CA. Complementary and alternative therapies for pain management in labour. Cochrane Database Syst Rev. 2006(4):CD003521.

[11]. Chao AS, Chao A, Wang TH, Chang YC, Peng HH, Chang SD, et al. Pain relief by applying transcutaneous electrical nerve stimulation (TENS) on acupuncture points during the first stage of labor: a randomized double-blind placebo-controlled trial. Pain. 2007 Feb;127(3):214-20.

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[15] . Lee MK, Chang SB, Kang DH. Effects of SP6 acupressure on labor pain and length of delivery time in women during labor. J Altern Complement Med. 2004 Dec;10(6):959-65.

Stéphan JM. L’acupuncture autour de la naissance : analgésie durant l’accouchement. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):28-33. (Version PDF imprimable)

Stéphan JM. L’acupuncture autour de la naissance : analgésie durant l’accouchement. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):28-33. (Première Version 2010)

Étude préliminaire comparative du traitement de la douleur par acupuncture lors de l’interruption médicamenteuse de grossesse versus médication conventionnelle

Une des enceintes du château de San Felipe de Barajas (1536) – Carthagène des Indes- Colombie
Une des enceintes du château de San Felipe de Barajas (1536) – Carthagène des Indes- Colombie


Résumé 
Introduction. – L’objectif de ce travail est de déterminer si l’acupuncture est supérieure à un traitement médicamenteux conventionnel antalgique lors de l’interruption médicamenteuse de grossesse.

Méthode. Il s’agit d’une étude clinique comparative non randomisée préliminaire se déroulant de mars 2005 à février 2006 dans un département de gynéco-obstétrique du CHU de Strasbourg portant sur 94 patientes recrutées. Deux groupes ont été pseudo-randomisés en un groupe A acupuncture (n=47) bénéficiant de l’acupuncture aux points VB34, F3, C7, Rt8, GI4, Rt6 et un groupe B traitement antalgique usuel (n=34). Le critère principal de jugement était l’évaluation de la douleur objectivée par quantification sur l’échelle visuelle analogique (EVA). 

Résultats. On observe 68,1% d’amélioration des douleurs dans le groupe A acupuncture (IC95% 52-80%) et 64,7% (IC95% 46-79%) dans celui du groupe B. Aucune différence significative entre les deux groupes A et B n’a été montrée par le test du Chi-deux (χ² =0,0063 ;  p= 0,94). On objective une diminution des douleurs dans le groupe acupuncture d’une moyenne de -4,85 ± 0,397 (IC à 95% : -4,478 ; -5,272) mais sans différence significative (p=0,08) entre les deux groupes testés par l’analyse des variances (ANOVA).

Conclusion. L’acupuncture est équivalente par rapport au traitement antalgique usuel et peut se substituer efficacement à la prise d’antalgiques, permettant une diminution certaine de la douleur et agir de surcroît sur l’inconfort et l’anxiété des femmes. Néanmoins cette étude clinique préliminaire doit être confirmée par un essai contrôlé randomisé en double aveugle de haute qualité méthodologique.

Mots clés : interruption de grossesse – misoprostol – acupuncture – antalgie – essai clinique comparatif.

Summary: Background and purpose. – the objective of this work is to determine whether acupuncture is superior to  conventional analgesic drug therapy during the medicinal interruption of pregnancy.

Methods. This is a non-randomized comparative clinical study preliminary occurring from March 2005 to February 2006 in a department of gynecology and obstetrics of the University Hospital of Strasbourg on 94 patients recruited. Two groups were pseudo-randomized in a group A acupuncture (n=47) benefiting from acupuncture in points GB34, LIV3, HE7, SP8, LI4, SP6 and a group B usual analgesics (n=34). The main outcome measure was the evaluation of the pain objectified by quantification on the visual analog scale (VAS).

Results. There is 68.1 % improvement in pain in the acupuncture group A (95% CI 52-80 %) and 64.7 % (95% CI 46-79%) than in group B. No significant difference between the two groups A and B has been shown by the Chi-square test (χ² = 0.0063, p = 0.94).  We assess a decrease of the pains in the acupuncture group from an average of 4.85 ± 0.397 (95% CI: -4.478 ; 5.272) but not significantly ( p=0.08 ) between both groups tested by the analysis of variances (ANOVA).

Conclusion. Acupuncture is equivalent relative to usual analgesics and can substitute effectively taking painkillers, allowing a reduction of pain and some act in addition to the discomfort and anxiety in women. Nevertheless, this preliminary clinical study must be confirmed by a randomized controlled trial, double-blind high methodological quality.

Keywords: interruption of pregnancy – misoprostol – acupuncture – analgesia – comparative clinical trial.

 Introduction

L’interruption de grossesse par voie médicamenteuse peut s’avérer être une  source de douleurs, préoccupation de l’équipe médicale, qui ne peut l’ignorer. Aux douleurs pelviennes qui débutent en général un quart d’heure après la prise de misoprostol, qui durent environ 45 minutes et d’intensité correspondant à celle de règles douloureuses, s’associent des troubles digestifs (nausées, vomissements, parfois diarrhée), assez fréquents, mais rarement intenses. Nous nous  sommes donc intéressés à la mise en place d’une combinaison de points d’acupuncture agissant sur les douleurs et pouvant éventuellement se substituer à la prise d’antalgiques.

Notre objectif est de proposer une méthode efficace, simple d’emploi, utilisable dans les meilleures conditions de sécurité, de confort physique et psychologique afin de soulager les algies de ces patientes. Notre hypothèse de travail est de vérifier si l’acupuncture supérieure ou équivalente au traitement antalgique usuel.

Matériels et méthodes

Cette étude a été menée à partir d’un groupe de patientes volontaires de mars 2005 à février 2006  dans le département de gynéco-obstétrique du Centre Hospitalier Universitaire de Strasbourg.

Il s’agit d’une étude clinique comparative non randomisée avec suivi prospectif de recherche de supériorité portant sur 94 patientes.

Cette expérience, qui a été menée avec l’aval des patientes, a été conduite de manière à confronter deux méthodes de soulagement de la douleur. L’ensemble des observations a été réalisé à partir d’interventions à base d’antalgiques, d’acupuncture, d’acupuncture complétée par une ou plusieurs prises antalgiques, et ceci dans le cadre d’apparition de la douleur, et non à titre préventif.

Les patientes recrutées ont une grossesse inférieure à 12 semaines d’aménorrhée (SA) et présentent des douleurs abdominales évaluées comme supérieures à 4 sur une échelle visuelle analogique (EVA) quantifiée de 0 (pas de douleur) à 10 cm (douleur maximale).

Les professionnels mobilisés dans cette étude ont été les infirmières du service.

Les antalgiques ont été administrés par celles-ci, alors qu’une sage-femme assurait l’intervention par acupuncture.

Le nombre de patientes recruté au départ est de quarante sept femmes  pour chacun des groupes, c’est-à-dire le groupe A pour celui de « l’acupuncture », et le groupe B pour l’autre « des antalgiques » ; pour chaque patiente du groupe A ayant bénéficié d’une séance d’acupuncture, nous avons systématiquement  pris le dossier B suivant.

Parmi les quatre-vingt-quatorze femmes recrutées, treize patientes se sont avérées ne pas avoir besoin de prise d’antalgiques, leur douleur étant devenue supportable (EVA inférieure à quatre) et ont été d’emblée exclues avant inclusion dans les groupes.

Il en résulte un effectif d’analyse de quatre-vingt un cas avec un groupe A acupuncture (n=47) et groupe B antalgique (n=34) (voir figure 1).

Figure 1. Recrutement des patientes. 

 Moyens techniques 

Protocole commun par  RU 486 (mifépristone)

Mise en place de 4 comprimés de cytotec® (misoprostol),  par voie intra -vaginale.

Trois heures après la prise de misoprostol, en l’absence d’expulsion de la grossesse, deux comprimés  sont redonnés (en per os).  

Protocole par antalgique usuel

Un traitement antalgique est proposé à la patiente dès que les douleurs sont trop intenses :

– profénid 100 mg®  sous forme suppositoire (kétoprofène), antalgique, anti-inflammatoire, l’ensemble de ces propriétés est lié une inhibition de la synthèse des prostaglandines.

– diantalvic® en comprimé (dextropropoxyphène – paracétamol),

– temgésic® sous forme sub-lingual (buprénorphine), analgésique opioïde

Protocole par acupuncture

On utilise des aiguilles de 25 mm de longueur et de 0,22 mm de diamètre. Toutes les aiguilles sont en acier inoxydable, à usage unique.

À l’implantation, les aiguilles sont légèrement manipulées par rotation manuelle de façon qu’elles soient saisies par la peau (recherche du deqi) ; puis les aiguilles sont laissées en place sans autre manipulation pendant une durée de 20 minutes.

Dès que la patiente manifeste des douleurs importantes, une séance d’acupuncture lui est proposée avec possibilité d’avoir recours à une prise d’antalgique, si la douleur n’est pas améliorée, atténuée ou supprimée à l’issue de la séance.

Évaluation de la douleur

Le critère principal de jugement est l’évaluation de la douleur sur l’échelle visuelle analogique (EVA).

L’intensité de la douleur ou de l’inconfort sont évaluées avant la mise en place des aiguilles.

Les patientes sont informées que la prise en charge efficace de leur douleur est une partie importante de leur traitement et qu’en conséquence, il est essentiel qu’elles signalent toute douleur qui n’est pas suffisamment soulagée.

Le degré de soulagement de la douleur est mesuré après la séance en respectant un temps suffisant pour que le traitement ait eu le temps d’être efficace. On considère qu’il y a soulagement par l’acupuncture ou par antalgie usuelle pour toute douleur inférieure ou égale à 4 noté sur l’EVA.

Choix des points d’acupuncture

La stagnation de qi et la stase de Sang bloquent les méridiens et provoquent la douleur.

Le but du traitement d’acupuncture est de régulariser cette fonction énergétique (activer la circulation sanguine afin d’éliminer la stagnation et faire circuler le qi pour calmer la douleur et apaiser le shen).

Nous avons sélectionné un certain nombre de points : VB34, F3, C7, Rt8, GI4, Rt6 (cf annexe 1).

Résultats

On observe 68,1% d’amélioration des douleurs dans le groupe A acupuncture (IC95% 52-80%) et 64,7% (IC95% 46-79%) dans celui du groupe B antalgique. Aucune différence significative (p=0,94) entre les deux groupes A et B n’a été montrée par le test du Chi-deux (χ² =0,0063 ; p= 0,94) à 1 degré de liberté, analyse réalisée en intention de traiter. Les résultats sous forme de graphique des 47 patientes du groupe acupuncture avant et après séance d’acupuncture sont récapitulés dans le tableau I.

Tableau I. Les résultats de l’étude.

En cas d’efficacité, on objective une diminution des douleurs dans le groupe acupuncture d’une moyenne de – 4,85 ± 0,397 avec un intervalle de confiance à 95% [- 4,478 ; – 5,272 ] (voir tableau II). Dans le groupe antalgique, on a une baisse moyenne de – 4,45 ± 0,638 avec un intervalle de confiance à 95% [- 3,81 ; – 5,09]. L’analyse des variances par le test F (ANOVA) ne montre pas de différence significative entre les deux groupes (F=1,71 à 31/21 degrés de liberté, p=0,08), ce qui signifie une équivalence dans la diminution de la douleur dans les deux groupes.

Tableau II. Quantification de la douleur de chaque patiente du groupe acupuncture (n=47) selon l’EVA. La série 1 correspond à la quantification avant acupuncture et la série 2 après séance d’acupuncture avec une diminution moyenne de la douleur de -4,85 ± 0,397 avec IC à 95% sur les 32 patientes soulagées.

Discussion

L’exclusion de la personne dans le groupe B, dont  l’EVA était quantifié à 7, résulte de son refus a posteriori de son inclusion de prendre tout antalgique.

Nous avons distingué sous la rubrique « efficacité du traitement », les patientes soulagées, soit par le traitement acupuncture, soit par celui antalgique.

Trente-deux femmes du groupe acupuncture ont été soulagées par la seule séance d’acupuncture ; vingt-deux femmesdu groupe antalgique, par la seule prise d’antalgiques.

Sous la rubrique « échec de traitement », on retrouveles femmes qui  n’ont pas été améliorées par l’un ou l’autre traitement : deux femmes du groupe acupuncture chez qui nous avons dû interrompre la séance. Ces patientes étant extrêmement agitées, nous avons retiré les aiguilles avant la fin de la séance, à leur demande. Treize autres femmes pour lesquelles la douleur n’a pu être correctement soulagée par la seule séance d’acupuncture ont bénéficié d’un ou plusieurs antalgiques après la séance d’acupuncture, c’est à dire dans l’heure suivant le retrait des aiguilles. Parmi celles-ci, une femme note une faible amélioration mais demande néanmoins un autre antalgique. Sept femmes ont réclamé un antalgique dans les 30 mm suivant la séance d’acupuncture et ne notent aucune amélioration de leur douleur. Quatre femmes ont été soulagées momentanément, puis ont eu recours aux antalgiques, une heure après la séance d’acupuncture. Deux femmes ont eu une séance interrompue, ce qui constitue donc un échec de traitement. Soit au total quinze échecs dans le groupe acupuncture.

Dans le groupe antalgique, onze femmes n’ont pu être améliorées par la prise des antalgiques et ont ressenti des douleurs jusqu’à l’expulsion.

Le protocole des points sélectionnés a été respecté dans la plupart des cas. Chez trois patientes, un autre point a été associé au protocole, le MC6 en cas de vomissements et nausées importants.

Les douleurs observées sont des douleurs bien localisées, intenses, en « coup de poignard ». Ce sont généralement des douleurs provoquées par les stases de Sang.Dans notre observation, la douleur siège dans le bas-ventre ou la région sacrée, et s’étend parfois aux membres inférieurs. Elle peut être également accompagnée d’une certaine agitation mentale.

Les résultats de cette étude nous ont permis d’apprécier l’efficacité d’un protocole « standard », applicable à chaque patiente.

Cela ne s’intègre pas entièrement à la pensée chinoise qui préconise un traitement spécifique du malade en fonction des renseignements issus de l’interrogatoire, de l’examen clinique, de la typologie.

Cependant l’intérêt d’un protocole « standard » offre la possibilité de démontrer son efficacité en milieu hospitalier.

D’un point de vue statistique, le test du Chi-deux nous a permis de tester l’hypothèse nulle qui sous-entend l’absence de différence entre les groupes traités. Rejeter l’hypothèse nulle signifie qu’il existe une différence significative entre les deux types de traitement. On ne peut donc conclure que le traitement acupunctural est supérieur au traitement antalgique usuel, mais est plutôt équivalent.

Intérêt de l’acupuncture

Cette alternative de soins offre une équivalence d’efficacité dans le traitement de la douleur. Cependant, il faut mettre en exergue les points suivants :

Pas d’effets secondaires

D’une manière générale, les femmes enceintes sont sujettes à des nausées et vomissements au début de leur grossesse. De surcroît, nous avons constaté que les antalgiques utilisés entraînaient certains effets indésirables(effets gastro-intestinaux à type de nausées et vomissements), alors que l’acupuncture n’a aucun secondaire et que, de plus le MC6, est un point reconnu comme antiémétique [[1]]. 

Effets immédiats de l’acupuncture

Nous avons pu relever, que les femmes qui ont bénéficié d’une séance d’acupuncture pour atténuer leur douleur et qui ont été soulagées, l’ont été de manière rapide, avant la fin de séance.

Au sein des « quinze échecs » du groupe acupuncture, quatre femmes n’ont été aidées que provisoirement par la méthode de l’acupuncture, et ont nécessité, après un délai d’une heure la prise d’un antalgique.

Dans le groupe des antalgiques, les femmes n’ont été soulagées en moyenne qu’au bout d’une heure.

Or nous savons que pour le :

temgésic®, la concentration plasmatique maximale est obtenue en deux à trois heures ;

profénid®, l’absorption est plus rapide, les concentrations plasmatiques présentent un plateau de la 45 à la 90ème minute ;

diantalvic®, les concentrations plasmatiques maximales sont atteintes 30 à 60mm après ingestion.

Considérations de Médecine Traditionnelle Chinoise

Des études ont montré que la « douleur de l’utérus »est liée à une hypercontractilité de celui-ci. La mifégyne® (mifépristone) que l’on utilise dans l’interruption de grossesse, a un effet antiprogestérone et agit sur l’utérus gravide en augmentant la contractilité du muscle utérin.

Au cours de ces contractions, le flux sanguin est réduit dans l’endomètre, et il y a une corrélation entre la réduction du flux sanguin et les douleurs de type colique, l’ischémie due à l’hypercontractilité est responsable de la douleur.

Cette notion s’accorde bien à l’idée chinoise que la stagnation du qi et du sang intervient dans la douleur.

L’anxiété et le stresssont un facteur étiologique très important dans les douleurs.

L’interruption de grossesse provoque un fort sentiment de culpabilité, de colère, et de frustration, toujours vécue comme traumatisante, tant du point de vue physique que moral.

Mais il est à souligner ici que cette dimension de la douleur psychique n’a pas été réellement prise en compte dans le travail conduit avec le groupe des antalgiques.

La littérature

Notre essai clinique concernant l’analgésie acupuncturale dans les interruptions de grossesse n’est pas le premier. On peut retrouver deux essais cliniques chinois positifs qui objectivent l’intérêt de l’acupuncture. Le premier paru en 1974 est une petite série de cas (n=14) qui montre que dans l’interruption de grossesse thérapeutique par aspiration, l’analgésie acupuncturale était satisfaisante dans 7 cas ; 4 cas avaient une analgésie partielle et 3 cas étaient des échecs [[2]].

L’autre étude porte sur une population plus importante lors de l’interruption de grossesse. Deux groupes : un sous acupuncture (n=408) et l’autre témoin (n=324). Les points choisis sont à la fois des points d’auriculothérapie (shenmen et utérus stimulés électriquement) et injection de 3 ml d’eau distillée au Rt6 et 1 ml au GI4, le tout associé à une aiguille insérée au anmian (point réputé pour calmer le shen). L’intervention commence 15 mn plus tard. Les résultats montrent que 94,61% des femmes n’ont plus de douleurs, qu’elles sont supportables chez 4,41% des femmes et insupportable dans 0,85% du groupe acupuncture. Dans le groupe témoin, on a respectivement 4,63% sans douleur, 93,2% de douleur supportable et 2,16% de douleur insupportable [[3]].

Bien sûr ces deux essais sont de qualité méthodologique nettement insuffisante, ne satisfaisant à aucun des critères scientifiques des essais cliniques randomisés, mais permettent de constater qu’il est possible de soulager les femmes par l’acupuncture.

Rappelons que l’analgésie acupuncturale peut être utilisée dans les accouchements [[4]]. Ainsi un état des lieux des essais contrôlés randomisés de l’acupuncture obstétricale analgésique durant l’accouchement permet d’objectiver que l’acupuncture peut raisonnablement être indiquée avec un grade B de présomption scientifique selon le niveau des recommandations de la Haute Autorité de Santé Française, bien que des ECR de haute qualité méthodologique soient encore nécessaires pour avoir un haut niveau de preuves.

Protocole méthodologique d’acupuncture

Les limitations de notre étude clinique sont bien sûr très nombreuses : population insuffisante, essai clinique non en double aveugle, répartition non randomisée etc.. et l’essai ne répond donc pas évidemment aux recommandations CONSORT [[5]]. Mais elle a pour intérêt d’être préliminaire à un éventuel essai contrôlé randomisé contre placebo. Nous avons essayé de limiter les sorties d’essai et avons respecté les principes d’une analyse en intention de traiter avec prise en compte de tous les patients non pas recrutés mais pseudo-randomisés. La comparabilité des groupes à l’inclusion devra bien sûr être vérifiée, permettant de constituer des groupes totalement comparables (en terme d’âge, de pathologie associée, de terme etc..). On séparera bien le processus de recrutement de celui de la randomisation afin d’éviter le biais de sélection comme dans cet essai où la mise en groupe a été réalisée après avoir exclus treize personnes pour EVA inférieure à 4, entraînant des groupes déséquilibrés. Pour éviter ce biais, il eût fallu randomiser immédiatement après recrutement et juste avant l’initiation du traitement.

En effet, il s’agira tout d’abord que cet ECR soit bien aléatoire (utiliser  par exemple des tables de permutation de nombre au hasard), en double aveugle (insu-patient prouvé par exemple par un questionnaire mettant en évidence l’impossibilité de savoir dans quel groupe le patient se trouve ; insu-thérapeute en utilisant une intervention simulée et insu-évaluateur) et que les sorties ou perdus de vue soient bien décrits.

Comme il s’agit d’une intervention non pharmacologique, intervention la plus difficile qui soit à évaluer, la comparaison de deux ou mieux trois groupes est l’idéal à réaliser dans les essais d’acupuncture. Le contrôle en double insu doit imiter parfaitement le traitement réel, mais sans que l’insertion des aiguilles dans la peau du patient ne se fasse, ni que l’acupuncteur sache s’il opère un traitement réel ou pas.

On peut donc exécuter différentes possibilités d’acupuncture factice ou simulée (sham). Il est possible ainsi d’insérer les aiguilles à des endroits non traditionnels (les non-points d’acupuncture) tout en imitant l’acupuncture traditionnelle, le sujet ignore alors si les aiguilles sont insérées selon la pratique traditionnelle. On peut aussi lui cacher les points d’insertion, à l’aide d’un écran [[6]] (voir figure 2).

Figure 2. Le sujet ne peut voir l’insertion des aiguilles qui sont masquées par la table (schéma issu de Martin et al [5]).

Les aiguilles rétractables de Streitberger peuvent être aussi être un moyen semble-t-il efficace [[7]]. Il s’agit d’une méthode qui empêche les aiguilles d’être véritablement insérées sous la peau. Cette méthode permet au patient de voir comment se déroule la séance. Il est bien sûr important que, quel que soit le groupe d’appartenance, le patient doit penser qu’il reçoit le véritable traitement. D’où l’intérêt de bien réaliser un questionnaire pour montrer qu’il n’y a aucune différence entre les deux groupes et l’utilité que le patient soit naïf en ce qui concerne l’acupuncture. La crédibilité du traitement pourra aussi passer par une évaluation de l’équivalence de l’effet placebo entre les deux bras de l’étude par un questionnaire de Vincent [[8],[9]]. De même, l’acupuncteur ne doit en aucun cas donner d’indication au patient et doit avoir la même attitude aussi bien chez la personne dans le groupe acupuncture que dans celui feint, mais il ne doit pas nécessairement être en praticien-aveugle pour le traitement [[10]].

L’étude en elle-même, concernant l’analgésie devrait présenter idéalement trois bras : un bras acupuncture (A), un bras contrôle ou témoin (C) et un bras acupuncture feinte (F). Le but est double : différencier l’effet spécifique de l’effet non-spécifique (c’est le fait de comparer le bras acupuncture à celui de l’acupuncture factice), et démontrer l’efficacité de l’acupuncture (comparaison entre bras acupuncture versus bras témoin sans traitement) et éventuellement de définir sa place dans la stratégie thérapeutique (bras acupuncture versus bras contrôle avec traitement). Ernst et coll. suggéraient ainsi d’adopter un modèle de type A versus C ou mieux de réaliser des ECR incluant trois groupes, dont un bras placebo afin d’éviter les résultats faussement positifs en raison d’effets non spécifiques tels que l’effet placebo, les autres soins donnés aux patients, les rapports thérapeute-patient ou le désir souhaité du patient [[11]]. Enfin il peut être intéressant d’appliquer les recommandations de la standardisation STRICTA pour les ECR d’acupuncture qui permettent ainsi d’éviter de grossières erreurs de procédure  [[12]].

En conclusion, sur la base de cette étude préliminaire et compte-tenu tous les biais détectés, un essai contrôlé randomisé de supériorité contre placebo et contre traitement de référence à trois bras est envisageable.

En faisant l’hypothèse d’une fréquence de 73% des algies rencontrées chez les femmes lors d’une interruption volontaire de grossesse sans traitement, pour mettre en évidence une réduction relative de leur fréquence à la fois sous acupuncture ou sous traitement usuel de 40%, il est nécessaire d’inclure 165 patients (pour une puissance de 90% et un risque alpha de 5%), soit 55 patientes par groupe dans un essai de supériorité à critère binaire.

Dernier point peut-être non négligeable, c’est qu’en terme économique, le traitement acupunctural (en moyenne 0,02€ l’aiguille) coûte moins cher au centre hospitalier que le traitement médicamenteux (exemple : temgésic® : 1,54 à 3,08€ ; profénid® suppos : 0,29 à 0,88€ ; diantalvic® : 0,47 à 0,71€,  le tout en coût de traitement journalier).

Conclusion

L’acupuncture constitue une méthode efficace pouvant être intégrée avec succès à la prise en charge de la douleur lors des interruptions médicales de grossesse. Elle peut se substituer, surtout en cas d’intolérance ou d’allergie, à la prise d’antalgiques, permettant une diminution certaine de la douleur, et agit en plus sur l’inconfort et l’anxiété des femmes. Néanmoins cette étude clinique préliminaire doit être confirmée par un essai contrôlé randomisé en double aveugle de haute qualité méthodologique qui pourra même éventuellement montrer une supériorité autant sur la douleur que sur les effets secondaires liés à la prise soit du mifépristone ou des antalgiques.

Annexe 1 : Explication du choix des points.

VB34  « yanglingquan –  Source de la colline yang »

C’est le point ou s’amasse, s’unit le qi des tendons de l’ensemble du corps.

Il a ainsi une action fondamentale à la fois pour détendre, déployer, et favoriser une meilleure circulation dans les tendons

F3  « taichong  – Grand Carrefour »

Il a la propriété de disperser le qi du Foie, d’apaiser le Foie, et par conséquent de calmer la douleur.

Nous savons que l’organe Foie a pour mission de favoriser une circulation fluide du qi mais aussi des émotions. Ce point  a une excellente action chez les gens tendus intérieurement ou qui ont tendance à intérioriser leurs émotions, ou qui doivent faire face à une frustration profonde et une colère refoulée.

C7  « shenmen – Porte de l’Esprit »

C’est le point le plus efficace pour calmer l’esprit en cas d’anxiété prononcée et de soucis dus à des situations particulièrement stressantes.

Rt8 «diji – Important pour la terre »

Comme tous les points xi, ce point lève les obstructions et calme la douleur.

C’est l’un des meilleurs points pour les dysménorrhées de tout type et probablement le meilleur pour celles qui sont provoquées par une stase de Sang. Il active le Sang et disperse les stases de Sang dans le Foyer Inférieur (il régularise le Sang de l’utérus).

GI4  « hegu – Vallée de la jonction »

Utilisé dans les troubles gynécologiques dus à une stagnation de qi et une stase de Sang, il est combiné au point Rt6.

Ce point a un puissant effet calmant et antispasmodique, de sorte qu’on l’utilise dans de nombreuses  pathologies douloureuses, surtout si la douleur vient des intestins  ou de l’utérus.

Enfin, GI4 est un point empirique qui facilite le travail pendant l’accouchement.

Rt6  « sanyinjiao – Intersection des 3 yins »

Il assure la libre circulation du qi du Foie lorsque celui-ci stagne, surtout dans le Réchauffeur Inférieur. Point incontournable pour les maladies qui impliquent un désordre du sang.

On peut donc l’employer pour éliminer les stases de Sang, surtout si elles sont liées à l’utérus.

Ce point a un effet puissant pour « aplanir » les obstructions et calmer la douleur. Dans le domaine émotionnel, il aide à assurer la libre circulation du qi du Foie, à calmer l’esprit, et à modérer l’irritabilité.

Références

 [1]. Stéphan JM. Pathologies du premier trimestre de grossesse accessibles à l’acupuncture. Acupuncture & Moxibustion. 2008;7(3):256-262.

[2].  Tran DD. Experience with therapeutic abortion by D&C suction type under acupuncture analgesia. Am J Chin Med (Gard City N Y). 1974 Jan;2(1):79-83.

[3]. Zhu Dan. Observation of the results of induced abortion of 408 cases with acupuncture anaesthesia. in selections from article abstracts on acupuncture and moxibustion, Beijing. 1987:319.

[4]. Stéphan JM. L’acupuncture autour de la naissance : analgésie durant l’accouchement. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):28-33.

[5].Begg C, Cho M, Eastwood S, Horton R, Moher D, Olkin I, et al. Improving the quality of reporting of randomized controlled trials. The CONSORT statement. Jama. 1996 Aug 28;276(8):637-9.

[6]. Martin DP, Sletten CD, Williams BA, Berger IH. Improvement in fibromyalgia symptoms with acupuncture: results of a randomized controlled trial. Mayo Clin Proc. 2006 Jun;81(6):749-57.

[7]. Streitberger K, Kleinhenz J. Introducing a placebo needle into acupuncture research. Lancet. 1998 Aug 1;352(9125):364-5.

[8]. Gerlier JL. L’acupuncture-placebo est-elle crédible ? Acupuncture & Moxibustion. 2003;2(1-2):88-89.

[9]. Gerlier JL. A la recherche du placebo idéal en acupuncture. Acupuncture & Moxibustion. 2003;2(3):165-167.

[10]. Gerlier JL. Le triple aveugle dans les études d’acupuncture est-il réalisable et est-il nécessaire ? Acupuncture & Moxibustion. 2003;2(4):237-238.

[11]. Ernst E, Lee MS. A trial design that generates only  »positive » results. J Postgrad Med. 2008 Jul-Sep ;54(3):214-6. 

[12]. MacPherson H, White A, Cummings M, Jobst KA, Rose K, Niemtzow RC. Standards for Reporting Interventions in Controlled Trials of Acupuncture: the STRICTA recommendations. J Altern Complement Med. 2002;8(1):85-9. 

Rigaut E, Stéphan JM. Étude préliminaire comparative du traitement de la douleur par acupuncture lors de l’interruption médicamenteuse de grossesse versus médication conventionnelle. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(3):196-203. (Version PDF imprimable)

Rigaut E, Stéphan JM. Étude préliminaire comparative du traitement de la douleur par acupuncture lors de l’interruption médicamenteuse de grossesse versus médication conventionnelle. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(3):196-203. (Première Version 2010)  

Acupuncture en salle de naissance : étude préliminaire sur la direction du travail

Autoroutes – Baltimore – Maryland – USA
Autoroutes – Baltimore – Maryland – USA


Résumé : 
Cette étude rétrospective réalisée entre mai 2008 et septembre 2009 chez des patientes en salle de naissance a permis de montrer l’intérêt de l‘acupuncture dans la direction du travail. Quels que soient la parité et le moment de la prise en charge, l’acupuncture précoce doit être préconisée plutôt que l’acupuncture tardive. Ces résultats préliminaires semblent montrer une efficacité de l’acupuncture associée à l’ocytocine par rapport à l’utilisation de l’ocytocine seule et demandent à être confirmés par un essai contrôlé randomisé. Mots-clés : acupuncture-direction du travail-ocytocine-dilatation cervicale.

Summary: This retrospective study conducted between May 2008 and September 2009 among patients in the birthing room has shown the value of acupuncture in the management of labor. Whatever the gender and time of care, acupuncture should be recommended early rather than delayed acupuncture. These preliminary results suggest efficacy of acupuncture and oxytocin versus to the use of oxytocin alone and need to be confirmed by a randomized controlled trial.Keywords:acupuncture-Labor Management-oxytocin-cervical dilation.

En 2008, 5080 patientes (soit 5213 bébés) ont accouché à l’hôpital Jeanne de Flandre à Lille. Sur l’ensemble de ces patientes, 589 séances d’acupuncture (toutes indications confondues) ont été pratiquées soit 11,5% des patientes. Devant un tel pourcentage, nous avons voulu étudier l’effet de l’acupuncture pendant le travail. Nous avons donné plusieurs axes à notre travail ; ce que nous appellerons une « enquête d’opinion » et une étude de dossiers.

L’enquête a été réalisée grâce à un questionnaire rempli par les sages-femmes, comportant trois points principaux :

– évaluation de la connaissance des patientes sur les traitements par acupuncture pendant le travail.

– évaluation de leur opinion sur l’effet de l’acupuncture.

– évaluation de l’opinion des sages-femmes sur l’action de l’acupuncture pendant le travail.

L’étude rétrospective de dossiers nous a permis d’évaluer l’action de l’acupuncture pendant la direction du travail.

Résultats de l’enquête

Notre population ayant bénéficié de l’acupuncture se compose de 38% de multipares et 62% de primipares. Si la majorité des patientes ne connaissait pas le possible recours à l’acupuncture pendant le travail, elles s’avèrent largement favorables au renouvellement du traitement.

Les 2/3 des sages-femmes ont trouvé un réel bénéfice au traitement par acupuncture. Notamment le jugeant très efficace dans 36% des cas.

Les patientes, quant à elles, sont encore plus satisfaites que les sages-femmes c’est-à-dire 82% d’opinions positives.

Notre étude

Notre évaluation de l’acupuncture pendant le travail est une étude rétrospective de dossiers entre mai 2008 et septembre 2009.

Il s’agissait de comparer l’utilisation du Syntocinon (ocytocine) seul à l’utilisation du Syntocinon associé à l’acupuncture.

Bien sûr par son caractère rétrospectif  notre étude comporte de nombreux biais, tels que la péridurale ou non (même si au moins 80% de nos patientes en bénéficient), la rupture ou non de la poche des eaux, l’utilisation des postures, le Syntocinon : son débit et son augmentation, pour n’en citer que quelques uns.

Nous avons apparié nos populations selon la parité, le terme et le stade de dilatation.

Méthodologie

Nos groupes sont les suivants :

– Syntocinon exclusif, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun autre traitement tel que les antispasmodiques

– Syntocinon + acupuncture : simultanément ou au maximum une heure après : désigné acupuncture précoce. Les principaux points utilisés alors sont GI4, RP6, F2, F3, VC4, E30, V60, V67, VB21.

– Syntocinon + acupuncture décalée de plus d’une heure : désigné acupuncture tardive.

Pour chacune des patientes, nous avons observé la progression de la dilatation d’au moins 1cm une heure après l’intégralité du traitement et deux heures après dans le cas d’une prise en charge avant 5cm.

Dans le groupe seul, nous avons recensé 66 primipares et 74 multipares ayant accouché à un terme moyen de 39 semaines d’aménorrhée (SA) et trois jours et avec un travail spontané pour 79% d’entre elles.

Dans le groupe acupuncture précoce, nous avons recensé 90 primipares et 34 multipares ayant accouché à un terme moyen de 39SA et quatre jours et avec un travail spontané pour 74% d’entre elles.

Dans le groupe acupuncture tardive, nous avons recensé 76 primipares et 35 multipares ayant accouché à un terme moyen de 39SA et trois jours et avec un travail spontané pour 40% d’entre elles.

Si nos populations sont relativement comparables pour les critères de parité et de terme moyen, il n’en est pas de même pour le mode de début de travail. Nous reviendrons sur ce point particulier au cours de notre argumentation.

Résultats

À une heure pour les patientes prises en charge avant 5 cm

On note une progression de la dilatation pour 27 patientes soit 54% dans le groupe seul.

Pour le groupe acupuncture précoce 43 patientes soit 69%, pour le groupe acupuncture tardive 16 patientes soit 47%.

Pour les primipares, on note une tendance vers l’efficacité (P=0,0719) avec l’acupuncture précoce par rapport au groupe Syntocinon mais le P est supérieur à 5% donc non significatif (voir figure 1). Il faudrait confirmer par des ECR de haute qualité méthodologique.

Figure 1. Progression de la dilatation à une heure chez les primipares prises en charge avant 5 cm de dilatation.

On note également une tendance plus forte à l’efficacité de l’acupuncture faite précocement par rapport à celle tardive notée par le test statistique du Chi-carré (P=0,05392 à 1 degré de liberté).

Chez les multipares, dans le groupe Syntocinon seul, on note une progression pour 22 patientes soit 48%.

Pour le groupe acupuncture précoce, 14 patientes soit 56%. Pour le groupe acupuncture tardive, 14 patientes soit 64%.

Chez les multipares, l’acupuncture précoce n’est pas plus efficace que le Syntocinon seul.

Il ressort aussi que, quelle que soit la parité, nous avons plus d’échecs avec l’acupuncture tardive : 47% chez les primipares et 64% chez les multipares. 

À 2 heures pour les patientes prises en charge avant 5 cm

Chez la primipare, l’acupuncture précoce est surtout efficace de manière statistiquement significative (P=0,0027) en comparaison à l’acupuncture tardive (figure 2), mais n’est pas plus efficace que le Syntocinon seul (P=0,2731).

Chez la multipare, il n’y a pas de différence statistiquement significative entre Syntocinon et acupuncture précoce (P=0,831).

  Figure 2. Chez la primipare, l’acupuncture est plus efficace précocement  par rapport à l’acupuncture tardive, mais pas plus que l’ocytocine.

À une heure pour les patientes prises en charge après 5 cm

Pour les primipares, les réussites dans les groupes Syntocinon seul et acupuncture précoce sont sensiblement égales : 88 et 78%. Par contre, on constate encore 38% d’échecs dans le groupe acupuncture tardive.

Chez les multipares, même tendance que chez les primipares, nous notons 89 et 100% de succès dans les groupes Syntocinon seul et acupuncture précoce.

Et toujours des échecs plus importants (16%) dans le groupe acupuncture tardive.

En conclusion, il n’y a pas de différence statistiquement significative évalué par le test du Chi-carré entre l’acupuncture qu’elle soit précoce ou tardive et le seul (P=0,098 à 2 degrés de liberté chez les primipares et P=0,4854 à 2 degrés de liberté chez les multipares) dès qu’elles sont prises en charge après 5 cm de dilatation. L’acupuncture ne donne pas de meilleurs résultats que le (figure 3).

 Figure 3. L’acupuncture est inefficace chez les multipares pour les patientes prises en charge après 5cm de dilatation.

Les résultats obtenus dans la prise en charge après 5cm pourraient s’expliquer par un choix de points d’acupuncture mal adaptés à la deuxième phase du travail.

Dans le groupe acupuncture tardive, l’utilisation de l’acupuncture comme dernier recours explique sans doute le grand nombre d’échecs.

Une raison essentielle à ce recours tardif, la sage-femme en charge de la patiente n’est probablement pas diplômée en acupuncture. Le temps qu’elle fasse appel à une acupunctrice ou le temps que cette dernière soit disponible, il est déjà trop tard pour espérer inverser la tendance. Néanmoins ce genre de situation tend à se raréfier dans la mesure où l’équipe de sages-femmes diplômées en acupuncture est de plus en plus importante.

Conclusion

Quels que soient la parité et le moment de la prise en charge, l’acupuncture précoce doit être préconisée plutôt que l’acupuncture tardive. Ces résultats préliminaires semblent montrer une efficacité par rapport à l’utilisation du seul mais cela demande la mise en place d’un essai contrôlé randomisé de haute qualité méthodologique et de grande puissance. De même l’utilisation de l’acupuncture tardive ne donne pas de bons résultats. Pour cela nous émettons deux hypothèses : la première est le faible taux de travail spontané dans ce groupe : seulement 40% ; et la seconde : une situation très compromise au moment du traitement c’est à dire que la dystocie (plusieurs heures de dilatation stationnaire) est installée au moment de la séance d’acupuncture qui intervient comme ultime recours avant une éventuelle décision d’extraction fœtale par césarienne.

Enfin pour terminer, on peut remarquer que les patientes ont une méconnaissance du possible recours à l’acupuncture en cours de travail. Néanmoins elles sont largement satisfaites d’avoir bénéficié de ce traitement, tout comme les sages-femmes (diplômées d’acupuncture ou non) qui l’apprécient de plus en plus. Ce large plébiscite, pressenti depuis quelques années, contribue à augmenter chaque année le nombre de sages-femmes de notre service inscrites en formation continue pour l’acupuncture.

Gageons aussi que ce travail préliminaire sera suivi d’un essai contrôlé randomisé dans notre service.

Gay C, Desmartin MC, Montaigne MH et Stéphan JM. Acupuncture en salle de naissance : étude préliminaire sur la direction du travail. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):43-45. (Version PDF)

Gay C, Desmartin MC, Montaigne MH et Stéphan JM. Acupuncture en salle de naissance : étude préliminaire sur la direction du travail. Acupuncture & Moxibustion. 2010;9(1):43-45. (Première Version 2010)

Acupuncture autour de la naissance : bases scientifiques et état des lieux dans les nausées et le syndrome de Lacomme

Nyhavn – København – Copenhague – Danemark
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Acupuncture autour de la naissance : bases scientifiques et état des lieux dans les nausées et le syndrome de Lacomme

Résumé :  L’acupuncture autour de la naissance implique médecins, sages-femmes mais aussi patientes à la recherche de traitements efficaces non tératogènes pendant leur grossesse. Dans cette première partie, sera étudiée l’efficacité de l’acupuncture dans les nausées, vomissements et hypermesis gravidarum mais aussi dans le syndrome douloureux pelvien gravidique. Un état des lieux des études contrôlés randomisées (ECR) permettra de déterminer si l’acupuncture peut être raisonnablement indiquée selon les niveaux de recommandations de la Haute Autorité de Santé Française. Mots-clés : obstétrique  nausées – vomissements – acupuncture –  syndrome douloureux pelvien gravidique – syndrome de Lacomme- ECR – recommandations

Summary: The acupuncture around the birth implies doctors, midwives but also patients n search of effective treatments not teratogenic during their pregnancy. In this first part, will be studied the efficiency of the acupuncture in the nausea, vomiting and hypermesis gravidarum but also in the pelvic girdle syndrome. An inventory of fixtures of the randomised controlled trial will allow to determine if the acupuncture can be reasonably indicated according to the levels of recommendations of the High Authority of French Health. Keywords: obstetrics – nausea – vomiting – acupuncture – pelvic girdle syndrome – syndrome of Lacomme – RCT – recommendations.

La Chine, comme l’attestent les textes anciens savaient déjà tirer profit de l’acupuncture lors de la grossesse (figure 1). Autour de la naissance, actuellement, hôpitaux et maternités offrent de plus en plus des soins par acupuncture aux femmes en demande de grossesse ou enceintes. Ainsi depuis 1993, en Grande-Bretagne, l’hôpital de Warwick possède un service d’obstétrique avec personnel qualifié qui traite par acupuncture dès six semaines de gestation jusqu’à six semaines en post-natal [ [1] ]. En 2003, une étude non contrôlée rétrospective a analysé les dossiers de 691 femmes suivies pendant leur grossesse et accouchement à l’hôpital Frederiksberg au Danemark. Leur moyenne d’âge était de 30,5 +/-4,3 ans, 71,8% d’entres elles étaient primipares. D’âge gestationnel moyen à 39 +/-3,7 semaines, 563 des femmes (81,5 %) étaient en travail. Vingt-deux indications ont été utilisées. 78,8 % de tous les traitements concernaient l’amélioration de la douleur ou de l’anxiété. Les parturientes et les sages-femmes ont considéré avoir eu à 42,2 et 40,6% respectivement une efficacité complète de l’acupuncture et un moindre effet à 33,3 et 33,4 % [ [2] ]. En Australie, une majorité d’obstétriciens (68 %) et de sages-femmes (78 %) n’hésite pas à autoriser l’usage d’une des thérapies complémentaires, dont l’acupuncture. Bien que les obstétriciens (70,6%) et les sages-femmes (65,2%) considèrent qu’elle soit utile pendant la grossesse, ils attendent des essais contrôlés randomisés de haute qualité méthodologique. Par contre, les obstétriciens (82,1%) et les sages-femmes (74,1%) la perçoivent comme un moyen d’utilisation sûre [ [3] ].


Figure 1. Coeur de la médecine. date : 984.  Textes chinois des dynasties Jin (265-420) et Tang (618-907). 1eréédition au Japon en 1854, d’où le nom japonais (Ishinpo).

 Nausées et vomissements du premier trimestre et hyperemesis gravidarum 

En 2004, une synthèse méthodique des essais comparatifs randomisés (ECR) concernant le traitement des nausées et des vomissements gravidiques a permis de recenser dix-huit ECR, dont quatorze objectivaient des résultats favorables à l’acupuncture. Ces essais étaient très hétérogènes mais de qualité méthodologique correcte selon l’échelle de Jadad [ [4] ]. Deux techniques se sont révélées les plus efficaces avec un niveau de preuve élevé : la puncture du MC6 (neiguan) et le port d’un bracelet d’acustimulation électrique sur MC6. L’acupression sur le MC6 est efficace aussi mais avec un niveau de preuve plus faible [ [5] ]. Des traitements plus complexes faisant intervenir la différenciation des syndromes (zheng) selon la Médecine Traditionnelle Chinoise (stase de qi de Foie, Chaleur de l’Estomac etc..) ont montré leur supériorité par rapport au traitement standardisé d’acupuncture et versus acupuncture factice [ [6] ].

Dans environ 1 à 2 % des cas, ces nausées et vomissements matinaux peuvent aboutir à une forme sévère avec vomissements persistants et incoercibles entraînant perte de poids et troubles électrolytiques, l’hyperemesis gravidarum. Là aussi, l’acupuncture montre son efficacité : MC6, VC12 (zhongwan), ES36 (zusanli) et acupression au MC6 versus métoclopramide en perfusion avec supplémentation en vitamine B12 apparaît aussi efficace que le traitement au métoclopramide dans la réduction de l’intensité des nausées et la fréquence des vomissements et même améliore l’activité quotidienne [ [7] ]. L’efficacité du MC6 est à nouveau démontrée dans une étude coréenne réalisée en 2007 concernant l’hyperémèse gravidique. Chez 66 femmes réparties en 3 groupes, l’acupression sur MC6 diminue de manière statistiquement significative (p<0,05) les vomissements par rapport au groupe placebo et le groupe contrôle recevant un traitement conventionnel intraveineux [ [8] ]. Nguyen évaluant l’étude pragmatique de Neri par rapport aux nombreux autres ECR et méta-analyses démontre bien l’intérêt de la prise en charge acupuncturale de cette pathologie mais s’étonne que la revue de la Cochrane library, référence en médecine, juge équivoques certains résultats [ [9] ]. Et pourtant, la Haute Autorité de santé en France en 2005 précise que la stimulation du point d’acupuncture MC6 est efficace dans les nausées et vomissements gravidiques avec un grade de recommandation A, c’est à dire preuve scientifique établie [ [10] ]. De même au Canada, le point MC6 en acupressure et en acupuncture est cité comme faisant systématiquement partie du traitement [ [11] ]. Cependant, comme l’établit une étude réalisée par téléphone auprès des médecins généralistes français, il existe une méconnaissance de la recommandation (91% des médecins) et un faible recours à l’acupuncture (12%) dans cette indication [ [12] ].

Notons que la puncture du MC6 est sûre et dépourvue de risque iatrogène comme le démontre Kessler qui a volontairement perforé le nerf médian au niveau du MC6 sans provoquer de douleurs importantes ni problèmes neurologiques [ [13] ]. Néanmoins, en cas de crainte ou de pusillanimité , il est toujours possible d’utiliser en première intention l’acupression sur le MC6 comme le montre encore cette étude récente turque [ [14] ].

Syndrome douloureux pelvien gravidique (syndrome de Lacomme) 

Nommé « pelvic girdle syndrome » par les anglo-saxons et syndrome de Lacomme par les Français, ce syndrome a une prévalence estimée à 20% des femmes enceintes [ [15] ]. Fréquent au 3ème trimestre de la grossesse, mais aussi quelques fois dès le 2ème trimestre, le syndrome douloureux pelvien gravidique fait partie des syndromes ostéo-musculo-articulaires. Sa physiopathologie fait intervenir une augmentation du taux de la relaxine, qui joue un rôle central dans le relâchement des ligaments pelviens au cours de la gestation [ [16] , [17] ]. Bien qu’il y ait eu des résultats de travaux discordants indiquant que la relaxine n’interviendrait pas dans le syndrome de Lacomme [ [18] , [19] ], une étude très récente de 2008 objectivait l’association : augmentation de la relaxine (appartenant structurellement à la famille des insuline-like growth factor) avec syndrome douloureux pelvien gravidique, surpoids ou diabète de type 1 [ [20] ]. Par ailleurs, l’existence de propeptide du procollagène de type III (PIIINP) intervenant dans le métabolisme du collagène entre 13 et 17SA et un affaiblissement par distension de la ceinture musculaire abdominale y jouerait également un rôle.

La prise en charge de ces douleurs ne bénéficie d’aucun consensus. Certains proposent des règles hygiénodiététiques afin de limiter la prise de poids et la sollicitation mécanique du bassin, d’autres des exercices musculaires spécifiques en début de grossesse ou lors du post-partum et/ou le port d’une ceinture visant à diminuer la sollicitation mécanique du pelvis et du rachis lombaire [16 ].

Etude de cas et essai clinique ouvert

L’acupuncture depuis 2000 propose différentes solutions. Ainsi dans cette étude de cas, la douleur pelvienne chez une femme primigeste de 23 ans à 27 semaines de grossesse sera traitée efficacement par auriculothérapie sur les points shenmen, sympathique, abdomen 2 et lombaire. Les aiguilles étaient laissées à demeure pendant 8 heures, au cours desquelles la patiente n’avait plus besoin de ses 7 à 10 comprimés de oxycodone – paracétamol quotidiens. Elle bénéficia d’un suivi régulier qui lui permit de réduire quasi complètement la prise de la thérapeutique et d’avoir une qualité de vie lui permettant de maintenir une activité normale [ [21] ]. Dans un essai ouvert, Rempp montre également une excellente amélioration du syndrome de Lacomme en utilisant les points RE9 (zhubin) et ES44 (neiting), mais ce n’est pas un essai contrôlé randomisé [ [22] ].

Soixante femmes enceintes ont été réparties en deux groupes : groupe acupuncture (n=30 : VE26 (guanyuanshu), VE30 (baihuanshu) VE60 (kunlun) et les points douloureux locaux (points ashi) : 10 traitements de 30 mn répartis sur un mois) ; groupe kinésithérapie (n=30 : massages et kinésithérapie active, exercices physiques, corrections posturales, gymnastique aquatique : 10 traitements de 50 mn sur 6 à 8 semaines). Les femmes ont évalué la sévérité de leur douleur par une échelle visuelle analogique (EVA) et mesuré l’incapacité dans l’exécution de douze activités quotidiennes par une échelle d’évaluation d’incapacité (EEI) graduée de 0 à 10. On constate une diminution significative (p<0,01) des douleurs et amélioration de la qualité de vie dans le groupe acupuncture versus le groupe kinésithérapie. Néanmoins, ce travail est encore de basse qualité méthodologique avec un haut niveau de sortie d’essai (n=18 dans le groupe kinésithérapie). Par ailleurs, on note des biais dans le traitement : traitement individuel dans le groupe acupuncture alors que la kinésithérapie se réalise en groupe de travail. Il existe aussi un biais de sélection dans le diagnostic : sont autant incluses les femmes avec syndrome de Lacomme que des femmes ayant juste des douleurs lombaires basses [ [23] ]. Une autre étude a été réalisée chez 61 femmes enceintes réparties aléatoirement en deux groupes : groupe contrôle (n=34 avec paracétamol) et groupe acupuncture (n=27, paracétamol et traitement acupunctural avec recherche du deqi  sur les points suivants : RE13 (qixue), VE62 (shenmai), VE40 (weizhong), RA13 (fushe), VB30 (huantiao), VB41 (zulinqi) et les points huatojiaji). Le traitement acupunctural était habituellement exécuté une fois par semaine, voire de temps en temps deux fois en cas de douleurs pelviennes ou lombaires basses intenses au cours d’une période de huit à douze semaines. Il s’avère que le groupe acupuncture bénéficie d’une réduction des douleurs de 4,8 points sur l’échelle visuelle analogique graduée de 0 à 10 par rapport au groupe contrôle (p<0,0001). La capacité à effectuer des activités générales, travailler et marcher a été davantage améliorée dans le groupe d’étude que dans le groupe témoin (p<0,05). L’utilisation du paracétamol a également été inférieure dans le groupe acupuncture (p<0,01) [ [24] ]. Cependant cette étude est encore de basse qualité méthodologique du fait de la randomisation inadéquate.

Une autre étude ouverte s’est intéressée aussi à l’amélioration par acupuncture des douleurs pelviennes et lombaires basses pendant le dernier trimestre de grossesse chez 72 femmes enceintes entre la 24 et 37ème de grossesse : groupe acupuncture (n=37) et groupe témoin (n=35) [ [25] ]. Les points d’acupuncture, FO3 (taichong), VG20 (baihui), VE60 (kunlun), IG3, VE22 (sanjiaoshu), VE26 (guanyuanshu) et les points douloureux locaux (points ashi) ont été stimulés avec recherche du deqi une ou deux fois par semaine jusqu’à l’accouchement ou la guérison totale. Le groupe contrôle n’a bénéficié d’aucun traitement. L’évaluation de la douleur s’est faite par échelle visuelle analogique (EVA). On constate que durant la période de l’étude, l’intensité de la douleur a diminué chez 60 % des patients dans le groupe acupuncture et de 14 % dans le groupe témoin (p<0,01). À la fin de l’étude, 43% des patientes du groupe acupuncture étaient moins gênées par la douleur pendant leurs activités qu’au départ alors qu’il y avait à peine 9% de patientes dans le groupe contrôle (p<0,01). Aucun effet indésirable n’a été notifié aussi bien chez les patientes que les nouveaux nés. Cependant la qualité méthodologique n’est pas bonne (Jadad=2/5) : haut niveau des sorties d’essai (28%) , pas d’analyse en intention de traiter. En effet, on considère un taux de perdus de vue inférieur à 20% comme acceptable selon le groupe de travail de la Cochrane [ [26] ]. De plus, le peu d’attention apporté au groupe contrôle peut avoir influencer les résultats, patient et évaluateur ne pouvant plus être considérés comme aveugle.

L’autre point important de toutes ces études ouvertes est la non différenciation entre un véritable syndrome douloureux pelvien gravidique et des douleurs lombaires basses.

Identification et classification du syndrome de Lacomme

En effet, en raison d’un problème de définition, d’identification et de classification des douleurs, il s’agit donc de bien différencier le syndrome douloureux pelvien gravidique (pelvic girdle pain) des douleurs lombaires basses et pelviennes. Le syndrome de Lacomme peut survenir séparément ou en association. De ce fait, selon les recommandations européennes de Vleeming et coll. [ 15 ], il est nécessaire de bien définir le syndrome de Lacomme avant toute étude selon certains critères diagnostiques. On recherchera une douleur provoquée en certains points précis avec douleurs utérines basses, au-dessus de la symphyse, au palper du segment inférieur, et surtout des douleurs latéro-utérines sur le trajet du ligament rond, de la région inguinale à la corne utérine. Au toucher vaginal, on retrouvera  des douleurs osseuses, articulaires et musculaires sur trois zones électives : douleur vive déclenchée à la pression de la zone rétro-symphysaire, douleur provoquée à la pression de la surface quadrilatère de l’os iliaque, en avant de l’épine sciatique, enfin douleur à la traction des releveurs en avant par les doigts recourbés en crochet [ [27] ]. A cela, il faudra faire un ou plusieurs tests de provocation recommandés : le test de Gaenslen, le test PPPP (posterior pelvic pain provocation), le test de « Patrick’s Faber », le test de provocation de la douleur de la symphyse par la manSuvre modifiée de Trendelenburg, le test de la palpation de la symphyse pubienne etc. [15 ].  

Essai contrôlé randomisé en simple aveugle

En 2006, une équipe suédoise réalise un ECR en simple aveugle afin de comparer l’efficacité de l’acupuncture profonde par rapport à l’acupuncture superficielle chez quarante-sept femmes entre 18 et 35 semaines de grossesse et présentant un syndrome douloureux pelvien gravidique. Dix séances de 30 mn ont été réalisées dans les deux groupes : groupe à acupuncture profonde (n=25 : puncture profonde avec 5 fois recherche du deqi durant la séance sur les points : VE27,28,29,31,32,54, RE11, VC3, RA6, GI4, FO2), groupe acupuncture superficielle (n=22 : aiguilles insérées par voie sous-cutanée sur les mêmes points mais sans recherche du deqi). Les auteurs évaluent à la fois l’intensité de douleur au repos et pendant des activités quotidiennes sur une échelle visuelle analogique. On constate une diminution significative de l’intensité des algies aussi bien au repos que dans les activités quotidiennes. Cependant, aucune différence significative entre les deux groupes [ [28] ]. Les limitations de ce travail sont la faible puissance de l’étude du fait d’un nombre important de perdues de vue (23 sur 70 incluses au départ) non intégrés en intention de traiter (c’est-à-dire comptabilisés en résultat négatif au traitement), et surtout l’absence d’un bras contrôle sans traitement. Par contre, l’inclusion du syndrome douloureux pelvien a bien été réalisée avec les tests appropriés.

Un autre essai contrôlé randomisé en simple aveugle de meilleure qualité méthodologique a été réalisé par Elden et coll. en Suède. Les auteurs distinguaient les lombalgies basses du syndrome douloureux pelvien gravidique par les tests spécifiques de provocation de la douleur. Ils ont objectivé une atténuation statistiquement significative (p<0,001) dans le groupe acupuncture versus groupe traitement standard chez des femmes entre 32 et 37 semaines de grossesse. Dans cette étude, trois groupes avaient été évalués bénéficiant tous du même traitement standard (à savoir conseils de kinésithérapie, ceinture pelvienne et exercices à réaliser à la maison : n=130) additionnés soit d’un traitement acupunctural (VG20 (baihui), GI4 (hegu), VE26 (guanyuanshu), VE32 (ciliao), VE33 (zhongliao), VE54 (zhibian), RE11(henggu), VE60 (kunlun), HM21 (huatuojiaji), VB30 (huantiao), ES12 (quepen), ES36 (zusanli)) dans le groupe acupuncture (n=125), soit d’exercices de stabilisation par travail dynamique des muscles lombo-pelviens dans le groupe exercice (n=131) [ [29] ].

Elden et coll. ont poursuivi leur étude par un suivi à distance des trois cent quatre-vingt six femmes incluses dans leur essai contrôlé randomisé. Ils constatent que chez 75% des femmes, le syndrome douloureux pelvien gravidique a disparu au bout de trois semaines après l’accouchement et complètement au bout de 12 semaines chez 99% d’entre elles. Il n’y a pas de différence d’amélioration de la douleur entre les trois groupes [ [30] ].

Les points interdits

Les mêmes auteurs ont poursuivi leur étude sur les mêmes groupes et étudié les effets indésirables de ce traitement acupunctural. L’objectif a été donc d’évaluer les possibles effets néfastes versus un groupe de femmes ayant reçu des exercices de stabilisation. Cet ECR en simple aveugle (N=386, essai comparatif en intention de traiter) pendant 6 semaines a démontré qu’il n’y avait pas plus d’effets indésirables que dans les deux autres groupes. Donc l’acupuncture a toute sa place dans l’arsenal thérapeutique sans crainte de déclencher l’accouchement [ [31] ]. L’intérêt aussi de cette étude, c’est de relativiser aussi la notion des points interdits car il était habituel de considérer les points GI4, ES36, VE32, VE33, VE60, VG20 comme des points pouvant entraîner un déclenchement [ 6 ].

Les revues systématiques

En conclusion, sortaient en 2007 et 2008 deux revues systématiques recommandant d’utiliser l’acupuncture dans les douleurs pelviennes et lombaires basses. La revue de Cochrane (8 ECR répertoriés, n=1305) montrait que l’acupuncture offrait de meilleurs résultats antalgiques par rapport à la kinésithérapie, surtout dans les algies en fin de journée [ [32] ]. La revue de 2008 de Ee et coll. [ [33]] confirmait ses résultats en analysant 3 essais sur les 432 références sélectionnées et considérait l’acupuncture, en adjonction au traitement standard supérieure au traitement standard seul et la kinésithérapie dans le soulagement des douleurs pelviennes et lombaires basses. Mais ils concluaient que les preuves étaient limitées du fait des nombreux biais et de la faiblesse méthodologique. Ils considéraient que de nouveaux essais contrôlés randomisés de haute qualité méthodologique étaient nécessaires.

Ce que faisaient aussi remarquer Ee et coll. dans leur revue systématique, c’est qu’aucune étude n’avait inclus un bras placebo en aveugle, d’où on ne peut évaluer l’évolution naturelle des algies et l’effet non-spécifique du traitement. L’étude la plus importante avec une bonne qualité méthodologique a été conçue sur un modèle de conception A + B versus B avec A comme traitement acupunctural et B traitement témoin ou contrôle. On sait que ces ECR sont susceptibles de générer des résultats faussement positifs en raison d’effets non spécifiques tels que l’effet placebo, les autres soins donnés aux patients, les rapports thérapeute-patient ou le désir souhaité du patient. Ernst et coll. suggèrent d’adopter un autre modèle de type A versus B ou de réaliser des ECR incluant trois groupes, dont un bras placebo, mais toujours de grande puissance [ [34] ].

Essai contrôlé randomisé en double aveugle

Cela a été réalisé en 2008 par l’équipe suédoise de Elden dans un essai contrôlé randomisé en double aveugle, en intention de traiter, de très haute qualité méthodologique incluant 115 femmes souffrant d’un syndrome douloureux pelvien gravidique (« pelvic girdle syndrome ») bien diagnostiqué (douleur à l’échelle visuelle analogique EVA au départ supérieur ou égal à 50/100mm) [ [35] ]. Deux groupes ont bénéficié d’un traitement : le premier correspond au traitement standard plus acupuncture (traitement identique au précédent ECR [29 ] et le second : traitement standard plus acupuncture placebo (sham) utilisant des aiguilles rétractables de Streitberger. La thérapeutique a été appliquée pendant 8 semaines, à raison de 12 séances, de 30mn chacune, deux fois par semaine pendant 4 semaines, puis 1 fois par semaine pendant les 4 dernières semaines avec recherche du deqi dans le groupe acupuncture. Après traitement, la douleur moyenne a diminué de 66 à 36 dans le groupe d’acupuncture et de 69 à 41 dans le groupe placebo (p=0,493), douleur évaluée sur l’EVA. Donc sur la douleur, pas de différence significative entre groupe acupuncture et groupe placebo. Par contre, sur l’échelle d’évaluation de l’invalidité (DRI) qui recouvre la fréquence des arrêts maladie, l’état fonctionnel, la qualité de la vie etc. les femmes dans le groupe acupuncture bénéficiaient d’une capacité supérieure à exécuter les activités quotidiennes par rapport au groupe placebo.

En conclusion, cela confirme quelque peu les résultats précédents observés sur l’acupuncture superficielle et profonde [ 28 ], mais surtout pose le problème même du mécanisme d’action de l’acupuncture. En effet, il est possible que même le traitement par aiguilles placebo simulant l’acupuncture ne soit pas totalement inerte et pourrait à l’instar de l’acupuncture coréenne et japonaise très superficielle avoir un réel effet acupunctural.

Quoiqu’il en soit, on peut reprendre les conclusions des recommandations européennes de Vleeming et coll. qui donnaient un grade de recommandations de niveau B à l’acupuncture, grade allant de A (multiples ECR de haut niveau méthodologique et méta-analyses) à D (aucun ECR) et proposer l’acupuncture comme traitement du syndrome douloureux pelvien gravidique [ 15 ]. Le tableau I récapitule ces études.

Tableau I. Les principales études dans le syndrome de Lacomme, selon la qualité méthodologique (bonne qualité méthodologique si Jadad ≥ 3. 

Conclusion

En théorie, l’acupuncture est une médecine idéale dans l’accompagnement d’une grossesse parce qu’elle n’oblige pas la femme enceinte à prendre des thérapeutiques médicamenteuses pouvant entraîner des effets tératogènes. Pour de nombre de sages-femmes et d’obstétriciens, l’acupuncture reste un moyen de pallier la frustration engendrée par le manque de molécules sûres à offrir aux femmes dans les petites affections de la grossesse comme les nausées du premier trimestre, le syndrome du canal carpien, les céphalées, les migraines, les douleurs de poitrine, les hémorroïdes, les douleurs abdominales, la constipation, les diarrhées, les sciatiques, les lombalgies, le syndrome de Lacomme, l’hyperemesis gravidarum, etc.. Nous verrons dans les prochains numéros de la revue que l’acupuncture peut aussi être utilisée dans les corrections des mauvaises présentations, dans l’induction du travail et  la maturation du col, dans les douleurs de l’accouchement. En post-natal, il existe des indications dans le traitement des douleurs périnéales, l’engorgement mammaire ou insuffisance de lactation, mastite et dépression post-natale (baby blues). Enfin, l’acupuncture joue un rôle croissant dans l’assistance médicale à la procréation et la fécondation in vitro.

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Stéphan JM. Acupuncture autour de la naissance : bases scientifiques et état des lieux dans les nausées et le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2009;8(2):86-93.(Version PDF imprimable)

Stéphan JM. Acupuncture autour de la naissance : bases scientifiques et état des lieux dans les nausées et le syndrome de Lacomme. Acupuncture & Moxibustion. 2009;8(2):86-93. (Version 2009)