La statue d’Helvetia sur les bords du Rhin -Bâle – Suisse
Résumé :Introduction. L’objectif de ce travail est d’évaluer la possibilité d’utiliser l’électroacupuncture (EA) à visée antalgique ou analgésique chez la femme enceinte. Méthodes. A partir de trois cas cliniques (douleurs lombo-pelviennes, céphalées et syndrome du canal carpien), la discussion portera sur l’intérêt d’utiliser l’EA en obstétrique en complément de l’acupuncture manuelle. Après un rappel des contre-indications, des effets indésirables et des points interdits, est réalisé un état des lieux des essais comparatifs randomisés (ECR) et méta-analyses concernant l’analgésie par stimulation électrique des points d’acupuncture au cours du travail de l’accouchement. L’acupuncture expérimentale est abordée également, permettant de mieux appréhender les mécanismes neurophysiologiques. Résultats. L’utilisation de l’EA ou de la TEAS potentialise les effets de l’acupuncture manuelle seule. Il s’agira de privilégier dans les algies nociceptives l’EA alternant basse (2 Hz) et haute fréquence (100 Hz) alors que dans les douleurs neuropathiques, l’EA basse fréquence de 2 à 16 Hz est plus efficace que les hautes fréquences. Conclusion. Selon les preuves issues des ECR, on peut considérer que l’EA ou la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS) doit être utilisée avec ou sans acupuncture manuelle. Mots clés : Electroacupuncture – Algies – Analgésie –Travail – Obstétrique – Effets secondaires – Points interdits – Neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture – TEAS – Mécanismes neurophysiologiques.
Summary: Introduction. The objective of this study was to evaluate the possibility of using electroacupuncture (EA) for pain or analgesic referred in pregnant women. Methods. From three clinical cases (lumbar-pelvic pain, headache and carpal tunnel syndrome), the discussion will focus on the benefits of using EA in obstetrics in addition to manual acupuncture. After recalling the contraindications, adverse events and forbidden points, an overview of randomized controlled trials (RCTs) and meta-analyzes of analgesia by electrical stimulation of acupuncture points in the labor of the delivery is made. The experimental acupuncture is also addressed, to better understand the neurophysiological mechanisms. Results. The use of electroacupuncture or TEAS potentiates the effects of the single manual acupuncture. It will be preferred in the nociceptive pains alternating bass EA (2 Hz) and high frequency (100 Hz) while in neuropathic pain, the low-frequency EA 2 to 16 Hz is more effective than the higher frequencies. Conclusion. According to evidence from RCTs, we can consider that the EA or transcutaneous electrical nerve stimulation applied to acupuncture points (TEAS) must be used with or without manual acupuncture. Keywords: Electroacupuncture – Algies – Analgesia – Labor – Obstetrics – adverse events – forbidden points – TEAS – neurophysiological mechanisms– transcutaneous electrical acupoint stimulation.
Introduction
L’électroacupuncture (EA) permet, au travers des aiguilles, de délivrer aux points d’acupuncture de faibles courants électriques caractérisés par la durée de l’impulsion (de 50µs à 500µs – 0,05ms à 0,50ms), l’intensité (de 0,1 à 20 mA) et la fréquence (de 1 à 120 Hz), le tout variable selon les appareils. A différencier de la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) ou de la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS = transcutaneous electrical acupoint stimulation). L’EA est percutanée alors que le TENS ou le TEAS est réalisée par l’intermédiaire d’électrodes adhésives appliquées sur la peau, donc transcutanée. Le tableau I objective les différences possibles. On différenciera également l’acupuncture manuelle des techniques électriques. En effet, la stimulation sur les afférences des fibres Aδ (delta) et C engendrée par la rotation de l’aiguille à une fréquence de deux tours par seconde pendant 30s, ne pourra être assimilée qu’à l’EA basse fréquence à 2Hz, et comme elle, implique l’activation de certains récepteurs opioïdes [[1],[2]].
A partir de cas cliniques, la discussion va permettre d’évaluer l’intérêt de l’électroacupuncture dans les pathologies les plus couramment observées lors de la grossesse, les contre-indications, les modalités des protocoles confrontés aux données issues des essais comparatifs randomisés (ECR).
Tableau I. Différences dans l’action antalgique entre TENS ou TEAC et EA inspiré de l’article [[3]].
EA
TENS ou TEAS
Courant stimulant en profondeur par l’intermédiaire des aiguilles
Courant nécessitant le passage de la barrière cutanée présentant une impédance estimée à 2000 ohms [[4],[5]]
Selon les fréquences, l’EA favorise davantage les fibres nerveuses myélinisées Aβ, Aγ ou Aδ et de façon moindre les afférences nociceptives non myélinisées de type C
Stimulation des mêmes fibres nerveuses mais nécessité de franchir l’interface électrode – gel – peau qui se comporte comme un condensateur ou comme une résistance : cela peut provoquer des variations de courant pendant et après l’impulsion. De ce fait, cela peut être source de douleurs et d’inconfort d’autant plus grande que l’impédance cutanée diminue lors de la production de sueurs ou de la pression appliquée sur la peau.
Récepteurs opioïdes impliqués En fonction de la fréquence : à 2 Hz activation des récepteurs μ et δ via les β endorphines, les enképhalines et les endomorphines ; à 100 Hz : les récepteurs κ via la dynorphine
Mêmes récepteurs opioïdes impliqués en fonction de la fréquence [[6],[7]]
Effet sur processus nerveux plus facile et durable : analgésie opiacée réparation tissulaire
Les variations de l’impédance cutanée rendent le TENS moins prévisible que l’EA. Nécessité d’une intensité plus forte pour stimuler en profondeur les fibres motrices ou sensitives Risque d’activation des fibres C nociceptives en raison de la sensibilité à l’hydratation cutanée, la pression et la fréquence du courant
Action antalgique et sur la circulation Tolérance dès 30 mn Non utilisable à domicile
Action antalgique et sur la circulation Mais la largeur de l’électrode de surface du TENS permet de recruter un volume d’afférences plus grandes : Tolérance retardée Action plus forte sur la circulation Usage possible à domicile
Cas cliniques
Douleurs lombo-pelviennes
À 35SA, Madame N. N se présente avec des douleurs lombaires basses avec irradiation bilatérale de type L5, chroniques depuis 15 jours. Elle quantifie sa douleur sur une échelle visuelle analogique (EVA) à 7,1. Son incapacité fonctionnelle évaluée avec l’Oswestry Disability Index (ODI) est à 50% sur une échelle de 0 à 100% (0% = absence d’incapacité à une incapacité totale = 100%). La langue pâle, pouls fins et faibles. Elle est fatiguée. Le diagnostic de Vide de qi des Reins selon la différenciation des syndromes (bianzheng), permet de puncturer est le 3R (taixi), 23V (shenshu), mais aussi 62V (shenmai), 41VB (zulinqi), les points huatojiaji par EA à une fréquence de 2Hz alternée à celle de 100 Hz (durée de l’impulsion 300µs ; 2/100Hz), et enfin les points douloureux locaux (points ashi). Au terme de trois séances (une par semaine), l’EVA passe à 2,5 et l’ODI 20%.
Canal carpien
À 24SA, Mme R. S présente un syndrome du canal carpien bilatéral depuis 3 semaines. Elle évalue ses douleurs et paresthésies nocturnes et les engourdissements diurnes à 6 à l’EVA. La langue est pâle sans enduit, mince. Le pouls est fin (xi). On peut considérer qu’il y a un Vide de qi et Stase de Sang résultant au shoujueyin, Méridien du Maître du Cœur. L’EA est appliquée sur 7MC (daling) et 6MC (neiguan) à une fréquence de 15Hz (500µs). Les autres points poncturés sont les 4MC (ximen), 11GI (quchi), 5TR (waiguan). Une amélioration est obtenue en quatre séances à une semaine d’intervalle entre elles.
Céphalées
Depuis le début de sa grossesse, cette femme à 21SA se plaint de céphalées frontales en barre, chroniques, survenant une fois par semaine associées à des cervicalgies ou des céphalées pouvant toucher toute la tête. Elle évalue une douleur fluctuante entre 3 et 6 à l’EVA. Elle se plaint d’asthénie, de stress, de myalgies diffuses et de vertiges. La langue est pâle. Les pouls sont fins (xi) et faibles (ruo). On peut la catégoriser selon les bianzheng dans le Vide de qi et de Sang (avec Vent interne). Selon la physiopathologie chinoise, le yang du Foie, le Feu du Foie et le Vide de Sang du Foie peuvent être les causes de Vent interne. Dans notre cas, on peut considérer que le Vide de Sang devient Vent. De ce fait, le traitement appliqué va consister à chasser ce Vent par le 20VB (fengchi) par EA à une fréquence de 100Hz (300µs). Le 20DM (baihui), le yintang, le 3F (taichong) et le 6MC (neiguan) sont stimulés également avec recherche du deqi. L’amélioration se fait sentir à la 2e séance avec un EVA estimé à 2 et à la 3e séance, il n’est plus que de 1.
Contre-indications
L’EA est comme le TENS contre-indiquée de manière absolue ou relative selon les circonstances chez la femme enceinte sur des régions cutanées lésées ou insensibilisées ; sur la région cervicale antérieure au niveau des sinus carotidiens, au niveau de l’abdomen ; en cas d’utilisation avec tout dispositif médical implantable actif de type stimulateur cardiaque (pacemaker) et en cas d’utilisation concomitante avec un autre appareil réalisant électrocardiogramme, électroencéphalogramme, etc. [6], du fait de possibles interférences. A noter que s’agissant du pacemaker, il s’avère que l’EA puisse être malgré tout utilisée en prenant certaines précautions [[8]].
Les effets secondaires et sécurité de l’électroacupuncture chez la femme enceinte
Acupuncture
Deux revues systématiques récentes de 2014 et 2015 montrent qu’il n’y a aucune preuve objective de préjudice de l’acupuncture chez la femme enceinte. Aucune fausse couche, aucun accouchement prématuré ou autres complications obstétricales ont été attribués à l’acupuncture [[9],[10]]. La plupart des effets secondaires sont mineurs et correspondent à ceux que l’on retrouve dans la population tout venant, à savoir étourdissements, perte de conscience, baisse de pression, ecchymoses ou douleurs au site d’insertion de l’aiguille [[11]]. En effet, les effets secondaires chez la femme enceinte sont mieux connus, de même que la notion des points dits interdits [[12],[13]]. D’ailleurs, il serait plus judicieux de parler des points à utiliser avec précaution et à puncturer en fonction de la grossesse. De ce fait, Carr a répertorié quinze essais cliniques utilisant ces fameux points interdits dans leur protocole (n=823 femmes bénéficiant de 4549 à 7234 traitements d’acupuncture sur un ou plusieurs points interdits) et a objectivé que le taux de naissances prématurées et de mort-nés était équivalent à celui des groupes témoins non traités et conforme au taux habituel de ces complications dans la population générale [[14]]. De même, une grande étude observationnelle allemande (n=5885 femmes avec acupuncture sur les points interdits à tous les stades de la grossesse) a observé que les taux de fausse couche, de rupture prématurée des membranes, le travail prématuré ou menace de travail prématuré sont comparables à ceux des femmes enceintes non traitées et/ou compatibles avec l’incidence prévue [[15]].
Electroacupuncture
Un autre point important à connaître est la sécurité et les effets secondaires de l’utilisation de l’électroacupuncture indépendamment de l’acupuncture manuelle. Ceux-ci ont été étudiés dans plusieurs études essayant de démontrer le rôle abortif de l’EA en stimulant les points considérés comme interdits. Ainsi en 1977, Tsuei et coll. [[16]] ont utilisé l’EA au 4GI (hegu) et 6Rte (sanyinjiao) afin d’induire une fausse couche ou le travail dans une tentative de mettre fin à sept grossesses saines, mais indésirables, à mi-terme. Aucune réussite, en dépit du ramollissement et de l’effacement col utérin et des fortes contractions utérines alors que pour trente-quatre femmes à terme, le déclenchement par EA fut une réussite (78% des femmes).
Une autre étude chinoise fut réalisée sur 276 parturientes entre 37 SA et 42 SA au premier stade du travail réparties en un groupe EA (n=138) et un groupe ocytocine (n=138). Le groupe EA bénéficiait d’EA au point 4GI après recherche du deqi puis stimulation électrique à une fréquence alternée 2 et 100 Hz pendant 30 mn associée à une perfusion d’ocytocine. Le groupe ocytocine n’avait pour seul traitement que la perfusion d’ocytocine. La fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, la pression artérielle des femmes, la fréquence cardiaque fœtale ainsi que le score d’Apgar à la naissance ont été enregistrés. Pas d’effets secondaires ni d’incidents n’ont été rapportés dans les deux groupes. Les auteurs ont juste remarqué que l’EA au 4GI associé à la perfusion d’ocytocine permettait d’intensifier les contractions utérines et de raccourcir le travail [[17]].
Un autre ECR multicentrique (n=350 femmes en phase de travail, 38 à 41SA) ont été répartis au hasard dans le groupe EA (point dit interdit 6Rte) stimulé à une fréquence 4/20 Hz ; 30 mn), le groupe EA témoin et le groupe contrôle sans thérapeutique. De même, cette étude a montré aucun événement indésirable observable au cours du processus du travail dans les trois groupes (pas de différence sur la durée des contractions, les hémorragies, la délivrance, la sécrétion lactée, etc.) [[18]].
Plus récemment, un autre ECR en simple aveugle (n=111) s’est intéressé aux effets de l’EA toujours sur 6Rte (2/100hz) durant le travail dans trois groupes EA (38 cas), un groupe acupuncture placebo (37 cas) et un groupe témoin (36 cas). La pression artérielle et le rythme cardiaque des femmes ainsi que le rythme cardiaque du fœtus ont été mesurés à 20 min de l’EA et 30 min après le retrait des aiguilles. On observait une phase active de la 1re étape du travail statistiquement plus courte que celle des autres groupes (p <0,05). Par ailleurs, il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre les trois groupes en ce qui concerne le rythme cardiaque du fœtus, les saignements 24h après le travail et le score Apgar des nouveau-nés à 1mn. Pas d’effets secondaires, ni d’incidents dans les trois groupes [[19]].
Pour terminer, il est à noter que des études expérimentales réalisées chez des rates gravides ont démontré que l’EA n’entraînait ni avortements, ni augmentation de morts in utéro, ni malformation durant la grossesse [[20]]. Guerreiro da Silva et coll. ont d’ailleurs retrouvé des résultats similaires toujours chez des rates gravides. L’utilisation conjointe d’EA (5Hz ; 25mn) sur les points interdits 6Rte et 4GI mais aussi 27V (xiaochangshu) et 28 V (panguangshu) pendant toute la gestation n’avait pas d’influence sur le taux de décès embryonnaire lors de l’implantation ou sur la provocation de fausse couche, de perte fœtale ou de résorption [[21],[22]].
En conclusion, on constate que tous ces résultats sont rassurants et que l’EA peut être utilisée sans arrière-pensée.
Implications à visée antalgique et analgésique
La douleur du travail lors de l’accouchement
L’un des premiers ECR concernant l’analgésie obstétricale par EA durant le travail est celui de Martoudis et Christofides qui utilisaient l’EA (3-4 Hz) et objectivaient une diminution des algies par stimulation du point 4GI (hegu) pendant une durée de 20 à 40 mn. La durée moyenne de l’analgésie était de 6 heures. Les auteurs montrèrent dans cet essai ouvert (n=186) sans groupe placebo, sans groupe contrôle et sans randomisation que 87,75% des femmes étaient soulagées [[23]].
En 2007, Chao et coll. dans un ECR en double aveugle objectivait une amélioration de la douleur durant le premier stade du travail. Ils utilisaient dans le groupe (n=52) traité par TEAS (2/100Hz en alternance ; intensité 10-18 mA ; durée d’impulsion : 250µs, 30mn) les points 4GI (hegu) et 6Rte (sanyinjiao) bilatéralement. Le second groupe (n=53) avait un placebo de TENS (stimulation électrique à moins de 5mA et sans alternance de fréquence). Le groupe TEAS a eu une réduction statistiquement significative du score de 3 sur l’EVA versus le groupe placebo (p<0,001) [[24]]. Un autre ECR (n=49) de 2007, mais utilisant cette fois l’EA au lieu du TEAS, et sur les mêmes points (2/100 Hz ; 14 à 30 mA pendant 20 mn) objectivait une intensité de douleur inférieure et un meilleur degré de relaxation que dans le groupe témoin (p=0,018 ; p=0,031). Par ailleurs, en second critère de jugement étaient objectivés des augmentations significatives des concentrations plasmatiques de β-endorphine et de 5-HT (sérotonine) mesurées avant et après le début du traitement dans le groupe EA versus groupe témoin [[25]].
Borup et coll. comparèrent l’effet de l’acupuncture versus TENS (100 Hz ; 60µs ; 20 à 45mn) et analgésiques traditionnels (papules d’eau stériles, pethidine, protoxyde d’azote, péridurale) dans un ECR non en aveugle (n=607), utilisant trente-quatre points (4GI, 6Rte, 6MC, 7C (shenmen), 34VB (yanglingquan), 9Rte (yinlingquan), etc. Le traitement était individualisé selon la localisation de la douleur. Si les résultats objectivent que l’utilisation des méthodes invasives ou pharmacologiques était significativement plus basse dans le groupe acupuncture versus groupe analgésique traditionnel (p < 0,001) et versus TENS (p=0,031), par contre l’intensité de douleur était comparable dans les trois groupes [[26]].
La méta-analyse de Cho et coll. basés sur deux thèses chinoises [[27],[28]] objective que l’EA (2/100 Hz) sur le 6Rte est davantage analgésique à 15 et 30mn (p=0,04 et p=0,003) versus placebo. Malheureusement, l’effet de l’EA n’est pas maintenu au-delà de 30mn (figure 1) [[29]].
Figure 1. EA vs EA placebo à 15mn, 30mn pendant l’EA ; à 1, 2 et 3h après l’EA.
En 2011, Ma et coll. dans un ECR multicentrique (n=350) objective que l’EA (4 Hz en alternance à 20 Hz) permet d’engendrer une analgésie dès 30 mn et jusqu’ à 4 heures après le retrait des aiguilles. Par convenance et laisser les mains libres à la patiente en EA, seul le point 6Rte a été stimulé (figure 2) [[30],[31]].
Figure 2. Versus groupe EA placebo et groupe témoin, l’analgésie est statistiquement significative (p<0,05) à 30mn, 2 et 4h pendant le travail dans le groupe EA 4/20 Hz sur 6Rte (sanyinjiao).
Cependant MacKenzie et coll. dans un ECR en double aveugle (n=105) montraient qu’il n’y avait aucun avantage analgésique dans la douleur du travail chez les nullipares observé entre quatre groupes : EA (n=26 ; 4GI et 6Rte, 60V kunlun et 67V zhihin ; 2Hz, 500µs ; 30mn) ; acupuncture manuelle (n=26) ; acupuncture placebo (n=27) et groupe témoin (n=27) [[32]].
Le TEAS (5/10 Hz ; 250µs) au 4GI et au 6Rte a de nouveau été évalué en 2014 dans la gestion de la douleur du travail. Il n’y avait pas de différence significative entre les trois bras de cet ECR (groupe 4GI (n=40) ; groupe 6Rte (n=40) et groupe témoin). Néanmoins, antalgie et raccourcissement de la durée du travail étaient davantage observés dans le groupe 4GI [[33]].
Vixner et coll. dans un ECR longitudinal (n=303 nullipares) ont randomisé trois groupes : acupuncture manuelle (AM), électroacupuncture (80Hz) ou soins standard sans acupuncture (SA). Les séances duraient 40 mn. Les points les plus utilisés : 4GI, EX-B-2 (huatuojiaji), 3F, 6Rte, 7P, 6MC, 11R, 20VG, etc. Il n’y avait également aucune différence significative entre les trois groupes concernant l’analgésie. Par contre, les auteurs remarquaient que les femmes dans le groupe EA avaient peu utilisé l’analgésie péridurale (46%) par rapport aux femmes du groupe MA (61%) et celles du groupe SA (70%) (EA vs SA : odds ratio OR=0,35 ; (IC 95% = 0,19 -0,67), ce qui laissait supposer que l’effet de l’EA avait été sous-estimé [[34]].
En Chine, en 2014, l’équipe de Dong et coll. ont à nouveau évalué la gestion de la douleur du travail dans un ECR comprenant trois groupes de femmes nullipares : un groupe huatuojiaji (EX-B-2, les points situés latéralement de part et d’autre de la 10e vertèbre thoracique à la 3e vertèbre lombaire ; n=63), un groupe 6Rte (n= 61) et un groupe témoin (n=64). La stimulation électrique a été délivrée à partir d’un appareil (Hans-100B®) à la fréquence 2 Hz alternée à 100Hz (durée de l’impulsion=500µs ; 15mA, voire plus en fonction de la demande). Après 30 min d’intervention, on notait un effet antalgique dans les deux groupes TEAS par rapport au groupe témoin (p<0,01) sans différence significative entre les deux groupes TEAS (p>0,05). Après une intervention de 60 et 120 minutes, l’analgésie de la TEAS aux points EX-B-2 était de manière statistiquement significative plus forte que dans le groupe 6Rte (p<0,05). Par ailleurs, la phase active du travail était aussi diminuée versus groupe témoin (p <0,05) [[35]].
Une confirmation de ces données était donnée en 2015 par l’ECR de Liu et coll. avec une TEAS sur huatuojiaji (T10 à L3) et ciliao (32V) à une fréquence de 100/2Hz et une intensité de 15-30 mA produit par un stimulateur « Acupoint Nerve Stimulator Han »®) [[36]].
Acupuncture expérimentale
Expérimentalement, L’EA module le message nociceptif par de multiples mécanismes centraux et périphériques tout le long de sa transmission. Vont intervenir les différents opioïdes et leurs récepteurs µ, κ, δ, les récepteurs adrénergiques, cholinergiques, sérotoninergiques, GABAergiques, au glutamate (NMDA), etc. La modulation de la douleur pourra se faire par le système inhibiteur descendant sérotoninergique et catécholaminergique, le système hypotalamo-hypophysaire, etc. [37-39].
Plus spécifiquement dans le travail au cours de l’accouchement, des études ont montré que l’EA inhibe le cortisol sanguin et l’hormone corticotrope (ACTH) [[40]] et augmente la libération de β-endorphine et 5-HT (sérotonine) [25]. Néanmoins, les mécanismes d’action précis de l’EA dans l’analgésie durant le travail lors de l’accouchement ne sont pas clairs. De ce fait, une étude en 2016 sur un modèle expérimental de douleur du travail chez des rats enceintes (n=120) a exploré les mécanismes sous-jacents de l’action de l’EA (2/100Hz ; 0,1-0,3 mA). Quatre groupes (6Rte, 4GI, 6Rte+4GI, 10Rte (xuehai) ont été randomisés. Les auteurs ont démontré que l’EA dans tous les groupes a considérablement soulagé la douleur du travail. La concentration de dynorphine sérique a augmenté. L’EA permet la régulation du système dynorphine – récepteur κ (kappa/OP2/KOR) au niveau de la moelle épinière lombaire, mais pas dans le cortex cérébral. Le maximum d’effet se voit dans le groupe EA 6Rte, puis dans l’ordre 4GI, association 4GI+6Rte et enfin 10 Rte [[41]].
En pratique
Il ressort de toutes ces ECR et études expérimentales que le choix des paramètres électriques est important dans l’efficacité de l’EA. La plupart des études citées objectivent par exemple que l’analgésie du travail n’est pas observée si la fréquence de stimulation est haute [26,34] ou basse non alternée [32], alors qu’elle est observée dans les études avec fréquence de stimulation alternant hautes et basses fréquences.
En effet, de nombreux paramètres électriques interviennent : la fréquence, la durée d’impulsion, l’intensité de la stimulation. Il faudra aussi tenir compte du temps d’intervention et du choix des points. On sait que dans les algies de type nociceptif comme les douleurs lombo-pelviennes, l’effet optimum de l’EA sera obtenu globalement en stimulant par alternance en basse (2 Hz) et haute fréquence (100 Hz) ou éventuellement à la fréquence de 15 Hz, de façon à ce que les quatre sortes de peptides opioïdes endogènes (endorphines, enképhalines, endomorphines, dynorphines) soient libérées simultanément [[42],[43]]. L’EA à 2 Hz active les récepteurs μ et δ ; celle à 100 Hz, les récepteurs κ et la dynorphine. Il s’avère aussi que le mode d’alternance toutes les 3 s des fréquences 2/100 Hz est 40% plus antalgique que le mode 2+100 Hz car ce dernier ne libère que de la dynorphine. Dans les céphalées, on privilégiera pour les céphalées en phase de crise l’EA haute fréquence (100Hz), et, l’EA basse fréquence (2-10Hz) pour le traitement antalgique à long terme. La douleur du canal carpien est une douleur de type neuropathique qui sera davantage sensible, selon les études expérimentales, à l’EA basse fréquence de 2 à 16Hz impliquant la médiation des récepteurs sérotoninergiques (5-HT), des récepteurs GABAergiques, des récepteurs du glutamate (NMDA), des récepteurs opioïdes μ et δ, des récepteurs α2-adrénergique, des récepteurs cholinergiques, etc. [[44]]. Ainsi les effets antalgiques de l’EA (2Hz ; 500µs) sur une douleur neuropathique de type allodynie créée sur un modèle animal par section des racines nerveuses S1 et S2 sont en relation principalement avec les récepteurs cholinergiques muscariniques [[45]].
La durée de l’impulsion en pratique est en général fixée par le constructeur à 500µs (ex. Agistim duo Sédatelec®) valeur optimum pour les différentes fréquences, mais il est possible de les moduler de 50 à 300 µs sur le stimulateur schwa-medico ®. Savoir aussi qu’à une intensité de 1 mA, une EA de 10 Hz (2000 µs) produit un effet antalgique à court terme similaire à celle produite à une intensité de 3 mA et une fréquence de 100 Hz avec une impulsion de 100µs. Il apparaît ainsi que l’accroissement de la durée de l’impulsion a le même effet que l’accroissement de la fréquence électrique ou que l’augmentation moyenne de la durée de stimulation [[46]].
L’intensité de la stimulation est à tenir compte aussi : plus l’intensité sera forte et meilleure sera l’antalgie. Demander donc au patient d’endurer la limite du supportable.
Il s’agira aussi d’être vigilant à la durée de l’intervention : un traitement de 20mn est plus adapté dans l’analgésie qu’un traitement court (10 mn) voire long (30 mn) qui entraînera une certaine tolérance, résultat d’une désensibilisation des récepteurs opioïdes mais aussi d’une libération des anti-opioïdes (octapeptide cholecystokinine CCK-8, orphanine FQ, etc.). Pour éviter cette tolérance et maintenir l’effet antalgique comme dans l’analgésie du travail, il est nécessaire d’utiliser l’alternance de fréquence 2/100 Hz.
Et enfin bien choisir le point d’acupuncture à stimuler en fonction de sa spécificité.
Conclusion
L’EA ou la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS) partage avec l’acupuncture manuelle les mêmes effets secondaires et les mêmes considérations sur les points interdits. Dans l’analgésie du travail, la stimulation électrique des points cutanés à la fréquence alternée 2/100 Hz semble être à ce jour le traitement le plus antalgique, à condition de l’utiliser dans les conditions temporelles optimum. Dans les autres pathologies douloureuses de la femme enceinte, il sera nécessaire de faire le bon choix des fréquences d’intervention de la stimulation électrique. En dehors de son action antalgique, l’EA a-t-elle sa place dans les autres pathologies de la femme enceinte ? Ce sera le thème d’un prochain article.
Références
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Temple de la grotte de Varaha – Mamallapuram – golfe du Bengale -Tamil Nadu – Inde
Résumé :Introduction. L’objectif de ce travail est d’évaluer la possibilité d’utiliser l’électroacupuncture (EA) chez la femme enceinte dans les nausées-vomissements, la maturation cervicale et l’induction du travail. Méthodes. A partir de deux cas cliniques, la discussion portera sur l’intérêt d’utiliser l’EA en obstétrique en complément de l’acupuncture manuelle en se basant sur un état des lieux des essais comparatifs randomisés (ECR) et des méta-analyses. L’acupuncture expérimentale est abordée également, permettant de mieux appréhender les mécanismes neurophysiologiques. Résultats. L’utilisation de l’EA ou de la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS) potentialise les effets de l’acupuncture manuelle seule. Conclusion. Selon les preuves issues des ECR, l’EA peut être considérée comme plus efficace dans les nausées et vomissements, la maturation du col utérin et l’induction du travail chez la femme enceinte que l’acupuncture manuelle isolée. Mots clés : Electroacupuncture – Nausées – Vomissements – Maturation du col – Induction du travail – Obstétrique – Neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture – TEAS – Mécanismes neurophysiologiques.
Summary:Introduction. The objective of this study was to evaluate the possibility of using electroacupuncture (EA) in pregnant women in nausea, vomiting, cervical ripening and induction of labor. Methods. From two clinical cases, discussion will focus on the benefits of using EA in obstetrics in addition to manual acupuncture based on an inventory of randomized controlled trials (RCTs) and meta-analyzes. The experimental acupuncture is also addressed, to better understand the neurophysiological mechanisms. Results. Using the EA or transcutaneous electrical acupoint stimulation (TEAS) potentiates the effects of manual acupuncture alone. Conclusion. According to evidence from RCTs, the EA can be considered more effective in nausea and vomiting, ripening the cervix and inducing labor in pregnant women that the only manual acupuncture. Keywords: Electroacupuncture – Nausea – Vomiting – Maturation of the cervix – Induction of labor – Obstetrics – Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation applied to acupuncture points – TEAS – neurophysiological mechanisms.
Nous avons vu dans un précédent article la place de l’électroacupuncture (EA) [[1]] dans les algies chez la femme enceinte. Nous abordons à partir de cas cliniques, son intérêt dans les pathologies de la grossesse en dehors de l’action analgésique avec les modalités des protocoles confrontés aux données issues des essais comparatifs randomisés (ECR).
Cas cliniques
Nausées et vomissements du premier trimestre
Une jeune femme de 28 ans, primipare, consulte à 15 semaines d’aménorrhée (SA) pour des nausées opiniâtres accompagnées d’hypersialorrhée, de crachats mousseux et de vomissements clairs de glaires et salive. La langue est épaisse avec empreintes des dents et enduit lingual central blanc, gras. Le pouls est glissant, perlé (hua). Selon la différenciation des syndromes (bianzheng), un diagnostic de Mucosités-Glaires est porté. Trois séances de 20mn à une semaine d’intervalle entraînent la disparition complète des nausées et vomissements. Les points utilisés : 6MC (neiguan), 12VC (zhongwan), 40E (fenglong) stimulé par EA à une fréquence de 100Hz (300µs), 3Rt (taibai) et 36E (zusanli).
Maturation du col et induction du travail
Chez cette seconde pare à 41SA, avec un petit retard d’un jour par rapport à la date présumée d’accouchement et sans contractions utérines, une induction du travail est souhaitée. Un traitement non individualisé standard est utilisé impliquant les points 3F (taichong), 4GI (hegu), 6Rt (sanyinjiao), 31V (shangliao) et 32V (ciliao), 3VC (zhongji) et 4VC (guanyuan), les quatre derniers points en EA à une fréquence de 2Hz (300µs) pendant 30 minutes. Quelques contractions surviennent durant la séance et l’accouchement survient 20h après.
L’électroacupuncture à visée antiémétique
Le seul et unique ECR concernant l’EA dans les nausées et vomissements (NV) de la femme enceinte et qui démontre son efficacité est celui de Rosen [[2]]. Cet ECR en simple aveugle de bonne qualité méthodologique (n=187) montre une réduction au cours du premier trimestre de la grossesse de l’EA (fréquence non connue) sur 6MC (neiguan) versus groupe placebo. En fait, il s’agirait davantage d’un dispositif de neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS = transcutaneous electrical acupoint stimulation) car la stimulation électrique se ferait par l’intermédiaire d’un bracelet Velcro de 34g muni d’électrodes adhésives appliquées sur la peau. La TEAS est réalisée par l’intermédiaire d’électrodes adhésives appliquées sur la peau de manière transcutanée alors que l’EA est percutanée. Quoiqu’il en soit et selon la collaboration Cochrane de Matthews et coll. [[3]], la stimulation électrique serait plus efficace que l’acupuncture manuelle.
Pour se faire une idée de l’efficacité de l’EA dans les NV, il faut se rapprocher aussi de ce qui se fait dans les NV induits par la chimiothérapie. Ainsi, la méta-analyse de Ezzo et coll. qui a étudié les trois différentes formes d’interventions (acupuncture manuelle, EA et acupression) objective que l’EA dans trois ECR (n=134) est bénéfique dans les vomissements aigus versus le traitement habituel (p=0,02). Versus groupe témoin, l’acupuncture manuelle ne serait pas efficace dans les NV et l’acupression le serait dans les nausées aiguës mais pas dans les vomissements [[4]]. L’EA est utilisée aux points 36E (zusanli) et 6MC (neiguan) à une fréquence de 2 à 10Hz (impulsion de 500µs à 700µs) [[5]].
Acupuncture expérimentale
Expérimentalement chez la souris, on observe que l’EA (2Hz alternée à 15Hz) au point 12VC (zhongwan) réduit la motilité gastrique par action sur les récepteurs vanilloïdes 1 (TRPV1) [[6]]. Une autre théorie suggère que chez le chien, l’EA au 6MC (1 à 30Hz) réduit les contractions rétrogrades péristaltiques à travers l’action directe sur les muscles lisses de l’intestin grêle et de l’estomac, action abolie par la naloxone, d’où l’implication des neuropeptides opioïdes [[7]]. Idem chez l’homme avec une EA à 1Hz, mais avec une modulation de l’activité myoélectrique gastrique visible par électro-gastrographie (EGG). Ainsi, l’EA sur le 6MC inhibe l’amplitude du péristaltisme gastrique alors que le 36E l’amplifie. Par contre, s’ils sont stimulés ensemble, on a un effet synergétique par diminution du péristaltisme gastrique [[8]].
Chez quatorze sujets sains dont on a déclenché volontairement une distension gastrique, la stimulation électrique du 6MC par TEAS (100Hz avec impulsion de 100µs) réduit de manière significative (40% ; p<0,02) la relaxation transitoire du sphincter inférieur de l’œsophage (RTSIO)[a], action non inhibée par la naloxone chez l’homme. Cet effet ne semble pas être médié par les récepteurs µ opioïdes [[9]]. On retrouve le même résultat chez le chat. L’EA à une fréquence de 2Hz alternant avec celle de 100Hz (2/100Hz) sur le 6MC et 36E réduit la RTSIO et peut être médiée par l’oxyde nitrique (NO)[b], les récepteurs CCK-A et les récepteurs µ opioïdes [[10]] et les voies cholinergiques [[11],[12]].
Commentaires sur le cas clinique
Selon les conceptions de la Médecine Chinoise, la croissance progressive du fœtus enclenche une augmentation progressive du qi, lequel associé à l’accumulation du qi du chongmai va déclencher une remontée de qi à contre-courant. Ce mécanisme contrarie le mouvement de descente normale du qi de l’Estomac qui va alors s’épuiser progressivement. Dans ce cas clinique, il y a un Vide de qi de la Rate et l’Humidité s’accumule et entraîne au final la formation de Mucosités-Glaires (tanyin). Le point important à puncturer est donc le 40E. Selon les données expérimentales réalisées chez l’homme, mais aussi chez l’animal, l’EA à une fréquence de 100Hz ou 2/100Hz semble le meilleur compromis pour réduire la RTSIO. En cas d’un bianzheng évoquant un Vide de qi de Cœur et Feu du Cœur, le 6MC en EA à une fréquence de 2Hz aurait été plus judicieux.
L’électroacupuncture dans la maturation du col puis l’induction du travail
La provocation des contractions utérines ne suffit pas pour déclencher l’accouchement. On sait que pour se dilater, un col de l’utérus doit subir des modifications de structure. De ce fait, la méthode de déclenchement dépendra de l’état du col de l’utérus à apprécier par le toucher vaginal grâce au score probablement le plus utilisé en obstétrique, le score de Bishop (figure 1).
Évaluation de la maturation du col utérin selon le score de Bishop (1964)[c]
0
1
2
3
Dilatation du col
fermé
1-2 cm
3-4 cm
≥ 5 cm
Position
Postérieure
Centrale
Antérieure
Effacement
Long (0-30%)
Mi-long (40-50%)
Court (60-70%)
Effacé (>80%)
Consistance
Ferme
Moyenne
Molle
Présentation (Positionnement de la présentation fœtale par rapport aux épines sciatiques)
Mobile (3 cm au dessus)
Amorcée (2 cm au dessus)
Fixée (<1cm au dessus)
Engagée
Figure 1. Valeurs du score : de 0 à 13 ; score >= à 7 : pronostic favorable (travail de moins de 4 heures chez les multipares).
Lorsque le score de Bishop est favorable, le déclenchement du travail se fait directement. En cas de score défavorable, il est alors nécessaire tout d’abord de réaliser une maturation du col qui sera ensuite suivi du déclenchement.
La méta-analyse Cochrane de Smith et coll.
La Haute Autorité de Santé préconise la maturation cervicale par l’utilisation des prostaglandines E2 sous forme intravaginale, préférable à celle de l’ocytocine, du misoprostol (prostaglandine E1) et de la mifépristone pour le déclenchement artificiel du travail. En 2008, la HAS notifiait que les données disponibles ne permettaient pas de conclure sur l’intérêt de l’utilisation de l’acupuncture pour induire le travail[d]. Elle se basait sur la revue Cochrane de 2004 [[13]] et deux essais comparatifs randomisés [[14],[15]] qui avait pour objectif d’évaluer les effets de l’acupuncture sur la maturation cervicale et le déclenchement du travail pendant le troisième trimestre de grossesse. La revue Cochrane réalisée en 2004 et réactualisée en 2008 concluait qu’on avait besoin d’essais contrôlés randomisés bien conçus et de haute qualité méthodologique pour évaluer le rôle de l’acupuncture dans l’induction du travail avec des résultats cliniquement significatifs. Pourtant, les auteurs s’appuyaient sur trois ECR (n=212) [14,15,[16]]. Smith et al. objectivaient une efficacité clinique de l’acupuncture statistiquement significative (147 femmes, risque relatif RR=1,45 avec un intervalle de confiance IC à 95% de 1,08- 1,95 ; p=0,01) par rapport au groupe contrôle relatant que l’acupuncture nécessitait moins l’utilisation des autres techniques d’induction versus les groupes contrôles. Néanmoins, les auteurs concluaient que la population incluse était trop petite et que les femmes n’étaient pas décrites comme aveugles dans leur groupe. De ce fait, les résultats pouvaient être dus à un effet placebo [[17]].
Cette revue bénéficia d’une mise à jour en 2013 [[18]] avec inclusion de onze nouveaux ECR, soit quatorze ECR (n=2220 femmes). Trois critères de jugement principaux ont été étudiés : césarienne, morbidité néonatale grave et mortalité maternelle. Aucun essai ne documentait d’accouchement non conclu par voie basse dans les 24 heures et d’hyperstimulation utérine avec des modifications de la fréquence cardiaque fœtale (FCF).
On objectivait qu’il y avait certaines preuves d’un changement dans la maturation cervicale pour les femmes recevant de l’acupuncture par rapport au groupe témoin sous acupuncture simulée[e] (avec une différence moyenne (DM) : 0,40 ; IC à 95% = 0,11-0,69 ; p=0,0062 dans un ECR de 125 femmes) [[19]] et versus soins habituels avec misoprostol (DM : 1,30 ; IC 95% = 0,11-2,49 ; p=0,032) dans un ECR de 67 femmes [[20]] (figure 2). Remarquons que les auteurs de la Cochrane signalaient qu’une étude (Trémeau 1992 [[21]]) avait également apporté de plus grands changements dans la maturation du col de l’utérus dans le groupe acupuncture par rapport aux soins habituels, mais ne les avaient pas inclus dans la méta-analyse, du fait de l’hétérogénéité des protocoles.
Par contre, il n’y avait aucune autre différence statistiquement significative dans six ECR (n=654) en termes d’accouchements par césarienne entre groupe acupuncture et groupe témoin sous acupuncture simulée (risque relatif moyen (RR) : 0,95 ; IC à 95 % = 0,69 à 1,30 ; p=0,65) [19,21,[22],[23],[24],26]. Pas de différence non plus entre groupe acupuncture et groupe soins habituels dans six ECR (n=364) (RR moyen : 0,69 ; IC à 95 % = 0,40-1,20 ; p=0,19) [15,20,21,22,24,[25]] pour les accouchements par césarienne. Dans un ECR de 67 femmes [20], la durée du travail était plus courte dans le groupe de soins habituels (misoprostol) par rapport à l’acupuncture (moyenne de la différence moyenne standardisée DMS = 0,67 ; IC 95% = 0,18-1,17, p=0,0076).
A noter qu’il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans les convulsions néonatales entre groupe acupuncture et groupe sous acupuncture simulée dans un essai (n=364) [[26]] (RR : 1,01 ; IC à 95% = 0,06 – 16,04 ; p=0,99), objectivant la sécurité de l’acupuncture.
Figure 2. Comparaison de l’acupuncture versus groupe témoin dans la maturité du col utérin dans les 24h par évaluation du score de Bishop [18].
Depuis cette méta-analyse Cochrane de 2013, trois ECR sont parus [27-29]. Ajori et coll. (n=80 femmes à 38SA) utilisant le protocole d’acupuncture (4GI, 6Rt, 67V) n’ont pas objectivé de maturation ou d’induction du travail. Même chose avec l’ECR d’Andersen et coll. (n=407 femmes à 41SA)[f], et celui de Neri et coll. (n=221 femmes à 41SA + 5 jours) qui ont planifié des séances d’acupuncture tous les deux jours pendant une semaine.
Electroacupuncture
Comme le laisse entendre la méta-analyse Cochrane, la stimulation électrique des points d’acupuncture (EA) offre une maturation et une induction du travail plus efficace que l’acupuncture manuelle.
Ainsi, dans trois études chinoises, la majorité des femmes enceintes en terme dépassé avaient commencé le travail pendant le traitement électroacupunctural (fréquences entre 2 et 8Hz sur les points 6Rt et 4GI). Cependant, aucune de ces études n’avait inclus de groupe témoin, d’où le risque majeur de biais [17]. On notera aussi que la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture (TEAS = transcutaneous electrical acupoint stimulation) augmente la fréquence et la force des contractions utérines [[30]] (figure 3).
En 2006, dans l’ECR de Harper et coll. [15] l’EA à 2Hz montre une tendance à un accouchement plus rapide dans le groupe acupuncture par rapport au groupe témoin (p=0,36) ainsi qu’une tendance à avoir moins de césariennes. Mais il existe des limitations de ce travail liées à l’inclusion d’un petit nombre de femmes (manque de puissance) et une étude réalisée non en insu (figure 4).
Figure 3. Le protocole de TEAS de Dunn et coll. [30] utilisant la stimulation électrique à la fréquence de 30Hz.
Figure 4. La punture des points 4GI (hegu), 6Rt (sanyinjiao) et l’EA (2Hz) appliquée aux 31V (shangliao) et 32V (ciliao) entraine un accouchement survenu 21 heures plus tôt dans le groupe acupuncture par rapport au groupe contrôle, mais statistiquement non significatif (p=0,36) et moins de césariennes que le groupe témoin [15].
Un autre ECR canadien [23] de Gaudet et coll. en 2008 a essayé de déterminer l’efficacité de l’acupuncture pour induire le travail chez les femmes à terme à 41 SA (282 jours de grossesse en moyenne). Les auteurs ont constaté une différence de 62 heures, pour ce qui est de l’intervalle séparant l’intervention et l’accouchement, entre les deux groupes (en faveur du groupe « traitement ») et des périodes de travail plus courtes (figure 5). Cette étude pilote en double insu contre placebo de haute qualité méthodologique est malheureusement de très faible puissance. Les auteurs ont d’ailleurs calculé que pour avoir une puissance à 80% avec un risque alpha α de 5%, il fallait trente-huit parturientes par groupe pour détecter une différence.
Figure 5. L’EA à la fréquence variant de 1 à 2Hz est appliquée sur 6Rt, 43E (xiangu), 60V, 4GI et 36VB (waiqiu). Le groupe sham (acupuncture simulée) reçoit l’acupuncture sur des sites adjacents mais en dehors des méridiens et stimulés également par EA [23].
L’ECR de Gribel et coll. [20] paru en 2011 au Brésil n’est pas en insu tant pour les patientes que les praticiens et vise à comparer les effets de l’utilisation de l’EA (5/50Hz) et du misoprostol dans l’induction du travail chez les parturientes ayant un score de Bishop inférieur à 7.
Il n’y a pas de différence significative du travail dans les deux groupes en ce qui concerne la fréquence (p = 0,07) et le temps d’induction (p = 0,29), ce qui objective que l’EA est aussi efficace que le misoprostol. Cependant, on note surtout une absence de complication obstétricale et une plus grande satisfaction des patientes (p = 0,046) observées chez les patients du groupe EA bien que la durée du travail (p = 0,036) soit plus longue. Il existe aussi une fréquence plus élevée de césariennes (p = 0,014) et les complications obstétricales (9,3%) ont été observés chez les patientes du groupe misoprostol.
En conclusion, on objective que l’EA offre des résultats similaires dans la maturation du col et l’induction du travail au misoprostol mais sans survenue de complications obstétricales (figure 6).
Figure 6. L’EA (alternance 5/50Hz ; durée d’impulsion 200µs) aux points hegu (4GI), sanyinjiao (6Rt), zusanli (36E), taichong (3F), shenshu (23V) et ciliao (32V) peut être utilisée pour obtenir la maturation du col, avec des résultats similaires au misoprostol, avec une fréquence significativement plus élevée d’accouchements par voie basse et sans survenue de complications obstétricales [20]. L’EA a été exécutée tous les 7 h durant une hospitalisation par période de 24 h par cure de 3 sessions.
Paramètres électrophysiologiques
Une étude d’électroacupuncture expérimentale chez des rates au dernier stade de la grossesse a permis de déterminer les paramètres d’efficacité pour induire le travail en mesurant les contractions utérines. Les auteurs ont objectivé que l’EA sur hegu (4GI) et sanyinjiao (6Rt) pendant 20mn, entraîne des contractions utérines statistiquement significatives dans tous les groupes d’EA (n= 12 dans chaque groupe ; groupe EA traité par EA à 15Hz, groupe EA fréquence 2Hz en alternance 50 Hz, groupe 30Hz, groupe 50Hz, groupe 2/15Hz et 2/30Hz) par rapport au groupe témoin (animaux sans grossesse). On constate néanmoins que le groupe EA 2/50Hz offre une moyenne des niveaux plus élevés d’amplitude et de fréquence des ondes de contraction de l’utérus par rapport aux autres groupes EA [[31]].
Commentaires sur le cas clinique
En fonction des données issues des ECR et de l’électroacupuncture expérimentale, il s’avère que l’EA est plus efficace dans la maturation du col puis l’induction des contractions utérines que l’acupuncture seule. La fréquence de stimulation doit être basse, entre 2 et 50Hz, soit en fréquence unique de 2Hz ou alternée à celle de 50Hz. Le choix des points est également important. Toutes les études ont un minimum de points communs qui sonttaichong (3F), hegu (4GI), sanyinjiao (6Rt), ciliao 32V. On peut ajouter 3VC (zhongji) et 4VC (guanyuan) qui favoriseraient davantage la maturation du col. Ainsi selon la médecine chinoise, 3VC qui est le point mu de Vessie et également point de croisement avec les Méridiens de Rein, Foie et Rate-Pancréas (comme le 4VC), draine l’Humidité et fortifie la déficience du yang qi, de l’énergie originelle yuan qi et du Rein tout comme le 4VC. Il est à utiliser effectivement avec le 4VC, lui même point mu d’Intestin Grêle et point majeur dans les dystocies du col, favorisant ainsi la maturation du col.
Conclusion
A partir des données issues de l’acupuncture factuelle, L’EA ou la neurostimulation électrique transcutanée appliquée aux points d’acupuncture est plus efficace que l’acupuncture manuelle dans les nausées, vomissements, dans la maturation du col utérin et l’induction du travail chez la femme enceinte. Aucune complication obstétricale n’a été décelée, confirmant l’innocuité et la sécurité de l’EA. Et comme pour les algies [1], l’utilisation de l’acupuncture chez la femme enceinte peut être proposée avec un grade B de présomption scientifique de niveau 2 de preuves selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé française (HAS) [[32]] en attendant d’avoir un ECR de très grande qualité méthodologique.
[a]. La distension excessive de l’estomac active des récepteurs à l’étirement qui déclenchent un réflexe vaso-vagal provoquant la relaxation du sphincter inférieur de l’œsophage.
[b]. L’oxyde nitrique (NO) est le neuro-transmetteur non adrénergique et non cholinergique. Il permet la relaxation des muscles lisses de l’appareil gastro-intestinal.
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Les gorges du Saut du tigre (虎跳峡 ), canyon sur le fleuve Yangzi entre les deux sommets du Yulong Xue Shan (5 596 m) et du Haba Xue Shan (5 396 m), situé à 60 km au nord de la ville de Lijiang – Yunnan – 1800m d’altitude – Chine
Résumé : L’engorgement mammaire et la mastite sont des pathologies douloureuses pouvant inhiber le développement d’un allaitement correct. Selon la MTC, ces affections sont liées à une dysharmonie entre zuyangming et zujueyin et aussi à la possibilité de stase de qi dans le chongmai. De nombreuses études de cas, mais aussi des essais contrôlés randomisés (ECR) objectivent que l’acupuncture améliore efficacement la symptomatologie. De ce fait, il est souhaitable qu’elle puisse faire partie dès à présent de la stratégie thérapeutique. Il sera néanmoins nécessaire que des ECR de haute qualité méthodologique soient réalisés pour que la recommandation puisse être de grade A selon la HAS. Mots clés : allaitement – engorgement mammaire – acupuncture – mastite – synthèse.
Summary: Breast engorgement and mastitis are painful conditions that can inhibit the development of a correct breastfeeding. According to TCM, these disorders are linked to a disharmony between zuyangming and zujueyin and the possibility of stagnation of qi in the chongmai. Many case studies, as well as randomized controlled trials (RCTs) objectify that acupuncture improves the symptoms effectively. Therefore, it is advisable that it can do part now of the therapeutic strategy. It will nevertheless be necessary for high methodological quality RCTs are made to the recommendation may be to grade A according to the HAS. Keywords: breastfeeding – breast engorgement – acupuncture – mastitis – synthesis.
Depuis les années 1980, nombreuses ont été les initiatives nationales et internationales entreprises en vue d’encourager l’allaitement maternel. En 1978, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’UNICEF ont promulgué des normes, énoncées ultérieurement dans leur déclaration conjointe et intitulée « Protection, encouragement et soutien de l’allaitement maternel : le rôle particulier des services liés à la maternité » comportant les dix conditions pour le succès de l’allaitement [[1]]. Ces deux organisations internationales préconisent une stratégie mondiale qui repose sur l’importance avérée de la nutrition dans les premiers mois et les premières années de vie et sur le rôle crucial des pratiques d’alimentation appropriées dans la réalisation d’un état de santé optimal. L’OMS objective que le défaut d’allaitement maternel – et notamment le défaut d’allaitement maternel exclusif – durant les six premiers mois de la vie sont des facteurs de risque importants de morbidité et de mortalité [[2]]. De ce fait, tout doit être mis en œuvre pour une bonne prise en charge afin d’éviter les principales pathologies liées à l’allaitement maternel. L’engorgement mammaire et la mastite en font partie.
Stratégies diagnostiques et thérapeutiques dans les principales pathologies liées à l’allaitement maternel
Engorgement mammaire
D’un point de vue historique, on a décrit au XVIIIe siècle la « fièvre de lait », caractérisée par une tension mammaire et une forte fièvre. Elle survient autour du troisième jour suivant l’accouchement lors de la « montée du lait » et peut être le résultat de l’évolution d’une stase laiteuse résultant d’une mauvaise évacuation. Elle peut survenir dans un contexte d’une congestion mammaire peu après l’accouchement, ou à n’importe quel moment, si l’enfant ne tête pas le lait produit par une partie ou l’ensemble du sein.
Dans la première semaine post-partum (entre le 3e et le 6e jour) on a une augmentation très importante du débit sanguin mammaire et du volume de lait produit. Cet engorgement physiologique disparaît rapidement avec des tétées efficaces. Cependant, l’engorgement mammaire pathologique se traduit par une stase capillaire et lymphatique donnant un œdème. Il s’accompagne de fièvre, de frissons, de douleur et d’une gêne à l’écoulement du lait qui peut évoluer vers une mastite si des mesures ne sont pas prises.
Ainsi de très nombreuses interventions thérapeutiques ont été proposées, mais insuffisamment évaluées, comme les ultrasons, la chaleur (douche, cataplasmes, compresses chaudes), les applications froides (glace, gels packs), les applications de feuilles de chou (figure 1), le drainage lymphatique manuel, les anti-inflammatoires, l’ocytocine, le massage aréolaire…
Figure 1. Feuille de chou.
Aucun traitement de l’engorgement n’a fait la preuve de son efficacité hormis l’expression du lait (manuelle ou à l’aide d’un tire-lait). Cependant, même si le bénéfice d’un traitement symptomatique (application de froid ou de chaud) n’est pas démontré, il peut être utilisé selon les recommandations établies par l’ANAES en 2002 [[3]].
Mastite ou lymphangite
Chez les femmes qui allaitent, la mastite est une pathologie inflammatoire qui peut s’accompagner ou non d’une infection, pouvant être provoquée par stase lactée due au blocage des canaux galactophores. De nombreux auteurs distinguent les mastites inflammatoires des mastites infectieuses. En cas de mastite infectieuse, la porte d’entrée est généralement cutanée par gerçures, crevasses et lésions du mamelon mais aussi par voie hématogène (mais très improbable en l’absence d’une pathologie infectieuse systémique).
Le germe en cause est le plus souvent un staphylocoque aureus, plus rarement un streptocoque β-hémolytique, un streptocoque fécal ou un escherichia coli. La prévalence des mastites est particulièrement élevée pendant les premières semaines post-partum.
Les signes cliniques sont habituellement unilatéraux, allant de la simple inflammation localisée d’un segment du sein avec rougeur, douleur et augmentation de la chaleur locale à un aspect beaucoup plus sévère de cellulite avec peau d’orange. Le quadrant supéro-externe du sein est le plus souvent atteint. Ces signes locaux peuvent précéder ou s’associer à des signes généraux (fièvre ou symptômes pseudo-grippaux). L’abcès est une complication sévère de la mastite. Ces affections représentent une charge de morbidité considérable et engendrent des coûts importants.
Le traitement repose sur la recherche des facteurs favorisants, l’observation d’une tétée et l’évaluation de la pratique de l’allaitement, l’écoulement efficace du lait maternel par la poursuite de l’allaitement en optimisant le drainage du sein et l’extraction du lait, surtout du côté atteint. Si la tétée est trop douloureuse, l’expression du lait (manuelle ou avec un tire-lait) est indispensable (figure 2). On évite de suspendre l’allaitement qui expose au développement d’un abcès du sein. Le traitement antibiotique est indiqué en cas de mastite infectieuse (confirmée si possible par une mise en culture du lait et réalisation d’un antibiogramme), en cas de symptômes graves d’emblée, d’une lésion du mamelon visible ou enfin si les symptômes ne s’amendent pas en 12 à 24 heures. Le traitement symptomatique repose sur l’application de chaud ou de froid sur le sein, qui peut être utilisée si elle procure un soulagement à la mère, et sur le repos [1].
Figure 2. Expression du lait par pompe tire-lait électrique.
L’allaitement selon les conceptions de la Médecine Traditionnelle Chinoise
Le chongmai, encore appelé Méridien d’Assaut ou Vaisseau des Attaques, Mer des cinq zang et des six fu, Mer du Sang [[4]] se disperse dans la poitrine et les seins sur lesquels il a une influence importante. Selon Maciocia, toute pathologie de stase de qi dans le chongmai « affecte les seins et engendre une distension ou une douleur… » [[5]].
Selon Zhu Zhenheng 朱震亨, plus connu sous le nom de Zhu Dan-xi, « les seins sont en rapport avec le yangming alors que les mamelons sont attribués au jueyin » [[6]]. Une dysharmonie entre zuyangming (Méridien Estomac) et zujueyin (Méridien Foie) est impliquée dans tous les troubles du sein. Ceux-ci, caractérisés par la douleur, l’œdème, l’inflammation ou un abcès peuvent être dus à deux principaux facteurs internes : le Feu de l’Estomac ou la stase du qi du Foie.
Au stade compliqué de la mastite, l’abcès du sein est lié à une obstruction du zujueyin et du zuyangming. Zhu Dan-xi dit encore : « Si la mère qui allaite a une alimentation trop riche ou endure des animosités ou des rancunes, le qi va donc cesser de circuler et les ouvertures seront bloquées. Parce que le lait n’est plus en mesure de sortir, le Sang du yangming devient chaud et se transforme en pus… Il y a cependant des cas où le souffle du bébé est brûlant, et, quand il est soufflé (sur la poitrine de la mère), donne lieu à des ganglions (dans le mamelon de la mère) » [[7]]. Zhu Dan-xi distingue donc en plus des facteurs internes, les facteurs pathogènes externes. L’engorgement ou la mastite peut être lié à un mécanisme de Chaleur locale plus ou moins important [[8]]. Truong considère lui aussi que cette production de Chaleur résulte soit d’une cause externe (en rapport avec les crevasses ou lésions liées à la tétée du nourrisson), soit d’une cause interne (asthénie autant physique que psychologique de la femme associée à une alimentation riche en lipides. « La colère et les aliments gras provoquent des troubles circulatoires du jueyin, associés à un surchauffement énergétique et à une stagnation du yangming» [[9]]. Ainsi la Chaleur du jueyin et le Feu du yangming qui en résulteraient atteindraient le sein, provoquant une inflammation. Le traitement va donc consister à éliminer la Chaleur en la dispersant.
Etudes cliniques
Etudes de cas
Il existe de très nombreuses études de cas concernant le traitement des mastites [10-15]]. La plupart sont en langue chinoise et non traduites ou avec un petit résumé. Il est donc difficile de juger de la qualité méthodologique des différents travaux. Mais le plus intéressant est de constater que les traitements varient énormément selon les auteurs qui appliquent différentes formes de thérapie :
– saignée ponctuelle des points 43V (gaohuangshu), 42V (pohu), 41V (fufen) pour les mastites de la partie supérieure de la glande mammaire, ou 43V, 42V, 44V (shentang) pour les mastites centrales, ou 43V, 44V et 45V (yixi) pour les mastites inférieures [[16]] ;
– moxibustion indirecte à l’ail au VC17 (shanzhong) avec massage du point IG11 (tianzong) [[17]] ;
– acupuncture suivie de pose de ventouse sur ES18 (rugen) et VC17 et huatuojiaji dorsaux [[18]] ;
– acupuncture et massage sur GI11 (quchi) [[19]] ;
– cryothérapie sur les points VC17 et ES18 [[20]] ;
– acupuncture de point unique, le PO7 (lieque) [[21]] ou le point VB21 (jianjing) [[22],[23]], ou le point VB41 (zulinqi) [[24]] ;
– puncture sur des associations de points principaux VC17, GI11, huatuojiaji en T2 avec combinaison éventuelle de points complémentaires selon la symptomatologie : ES16 (yingchuang), VB21, ES18, ES40 (fenglong), IG11, ES36 (zusanli), GI4 (hegu), FO3 (taichong) et VG14 (dazhui), le tout associé à une émission de rayonnements sur la zone douloureuse par une lampe TDP (lampe Teding Diancibo Pu, dispositif émettant des infrarouges équivalent à la moxibustion) [[25]].
Bref ces études de cas cliniques, même si elles concernent une population nombreuse sont beaucoup trop hétérogènes, aussi bien du point de vue des points utilisés que de celui de la technique mise en œuvre (moxibustion, cryothérapie, massage, acupuncture etc.), pour permettre d’établir des recommandations. En France, Pelletier-Lambert dans une étude d’un cas préconisait la puncture des points VC17, VB41, VB21, ES15 et VG20 dans l’engorgement mammaire entrant dans le cadre d’un syndrome Chaleur [[26]].
Il existe aussi des essais contrôlés randomisés (ECR) chinois s’intéressant au traitement de la mastite par acupuncture et/ou saignée [[27],[28]], mais aussi par massage tuina des points VC17, ES15 (wuyi), ES16 (yingchuang), ES18, IG1 (shaoze), GI4, VB21, ES34 (lianqiu), FO3, ES36 [[29]]. Mais là aussi, même si l’efficacité est présente avec une nette amélioration de la symptomatologie, il est nécessaire de confirmer ces différents travaux par des ECR de bonne qualité méthodologique.
Les essais contrôlés randomisés en acupuncture
De ce fait, la bonne qualité méthodologique a été retrouvée dans deux ECR qui ont étudié l’action de l’acupuncture dans l’engorgement mammaire durant la lactation.
Le premier est un essai pilote qui a été conduit en Suède pour évaluer l’intérêt de l’acupuncture dans les symptômes inflammatoires du sein. Quatre-vingt-huit mères ont été randomisées dans trois groupes. Les conseils de drainage du sein, d’extraction du lait et de confort (application de serviettes chaudes, massages, antipyrétiques, etc.) ont été donnés dans ces trois groupes. Le groupe 1 appliquait le traitement des conseils habituels et utilisation de spray d’ocytocine. Le groupe 2 était traité de la même façon mais sans spray d’ocytocine et avec addition d’acupuncture aux points CO3 (shaohai), VB21 (jianjing). Enfin, le groupe 3 avait le même traitement que le groupe 2 auquel on ajoutait le point RA6 (sanyinjiao), réputé pour avoir une action ocytocique.
Les mères ont exprimé une satisfaction relative vis-à-vis de leur situation d’allaitement malgré l’inconfort considérable dans tous les groupes. Mais aucune différence significative entre les groupes ne fut notée concernant la guérison, ni dans la sévérité symptomatologique au bout de trois jours. L’ECR fut arrêté prématurément du fait de l’utilisation d’antibiotiques chez 9% seulement de la population (n=88) alors que de nombreuses études rapportent un taux d’antibiothérapie plus élevé (supérieur à 38% en moyenne) en cas d’inflammation. Quoi qu’il en soit, cette étude pilote non en aveugle était insuffisante pour établir des recommandations. Ainsi, en se basant sur ces résultats, les auteurs ont calculé que pour avoir une puissance suffisante et établir que l’acupuncture puisse avoir une efficacité thérapeutique sur l’inflammation dans le sein allaitant, deux cents femmes devaient participer à un ECR de bonne qualité méthodologique [[30]].
Cet ECR en intention de traiter a donc été réalisé en 2006 par les mêmes auteurs dans une clinique d’allaitement en Suède [[31]]. L’objectif du critère principal était de comparer le traitement par acupuncture par rapport aux interventions classiques de soins (conseils de drainage du sein, applications de serviettes chaudes) dans le soulagement des symptômes inflammatoires du sein pendant la lactation. Deux cent dix mères ont été incluses dans trois groupes similaires au précédent travail [30]. Tous les points d’acupuncture ont été stimulés pendant 30 mn au maximum après obtention préalable du deqi tous les jours et aussi longtemps que les patientes le jugeaient nécessaire. Un index de sévérité (IS) des symptômes (classifiant la douleur, l’érythème et la tension des seins) a été créé avec une échelle allant de 0 (symptômes les moins sévères) à 19 (grande sévérité).
On constata une différence statistiquement significative (p=0,01) concernant l’index de sévérité qui était moins élevé dans les deux groupes acupuncture au 3ème et 4ème jour de traitement versus le groupe avec traitement classique. Aucune preuve donc que le point RA6 ait une action ocytocique au cours de la période d’allaitement.
En outre, l’antibiothérapie ne fut prescrite que chez 15 % de la population (n=210) de l’étude quel que soit le groupe. On infirma donc malheureusement que l’acupuncture pouvait avoir un effet sur l’éventuel passage à l’infection. Les auteurs concluent que si l’acupuncture est acceptable pour la mère, ce traitement et les interventions de soins (correction de la position de l’enfant lors de l’allaitement au sein par exemple) pourraient être un meilleur choix thérapeutique que l’utilisation d’ocytocine en spray nasal.
Bref, même si cet ECR est d’une bonne qualité méthodologique avec un Jadad estimé à 3, il souffre malgré tout du fait qu’il ne soit pas en aveugle et surtout qu’il n’y ait pas de groupe acupuncture placebo (on ne peut donc pas évaluer l’évolution naturelle de la maladie). Mais il s’agit avant tout d’un ECR pragmatique dont le but essentiel est d’étudier l’efficacité de l’acupuncture dans une situation clinique globale sans se préoccuper des effets spécifiques ou non spécifiques.
Revue Cochrane
Néanmoins, il est à noter que dans l’engorgement mammaire, l’acupuncture a objectivé des preuves d’efficacité alors que cela n’est pas le cas pour de nombreuses autres thérapeutiques ou techniques habituellement utilisées.
La revue Cochrane a ainsi évalué à partir de huit ECR (n=774) toutes ces techniques (application de froid ou de chaud, de feuilles de choux, ocytocine, ultrasons, comprimés de complexe protéolytiques et enfin acupuncture). Seules deux interventions ont montré une efficacité : les complexes protéolytiques (mais l’étude japonaise datant de 1965 (n=59), il est semble difficile de confirmer l’ECR) et l’acupuncture.
On observait ainsi chez les femmes recevant l’acupuncture versus soins habituels une plus grande amélioration des symptômes à partir du 4ème jour (RR= 0,82 ; IC95% 0,82 [0,69-0,96], p=0,0014) et qui restait encore significative (p=0,041) au 5ème jour. A noter que les auteurs de la revue Cochrane ont analysé l’ECR de Kvist de 2007 en combinant les deux groupes acupuncture en un seul groupe de traitement (n=140) [[32]].
Conclusion
En 2002, l’ANAES, dans ses perspectives de recherche, objectivait la nécessité de bien définir les difficultés de l’allaitement (douleurs et lésions du mamelon, engorgement mammaire, mastite) afin de prévenir un arrêt précoce de l’allaitement maternel exclusif [3]. Bien que de très nombreuses études chinoises montrent l’efficacité de l’acupuncture dans ces pathologies, cela n’avait pas été analysé, peut-être par méconnaissance et sans doute en raison de la grande hétérogénéité des études chinoises à méthodologie défaillante. Pourtant, certaines autres méthodes thérapeutiques qui avaient été étudiées à partir d’essais cliniques de plus ou moins grande qualité, ont été recommandées alors que leur efficacité n’a pas été suffisamment jugée ou bien, comme les anti-inflammatoires non évalués sur le plan de la cinétique lactée et du suivi des enfants allaités.
En 2011, il s’avère que l’acupuncture, en association avec les recommandations de positionnement correct du nourrisson offre une possibilité significative de prévenir les arrêts d’allaitement à la suite d’engorgements mammaires ou des mastites.
Il ne reste plus qu’à réaliser de nouveaux ECR de haute qualité méthodologique afin d’utiliser l’acupuncture avec une recommandation de grade A selon la Haute Autorité de Santé1.
La Gorgonne – Laurent Honoré Marqueste (1876) -Musées des Beaux-Arts -Lyon -Rhône –
Région Auvergne-Rhône-Alpes – France
Notes
Les grades de recommandations de la Haute Autorité de Santé(HAS) sont pondérés par le niveau de preuve des études sur lesquelles elles sont fondées, selon l’échelle suivante : une recommandation de grade A est fondée sur des études scientifiques de fort niveau de preuve (exemple : méta-analyses d’ECR, ECR en double aveugle contre placebo de grande puissance ; une recommandation de grade B est fondée sur des présomptions scientifiques fournies par des études de niveau de preuve intermédiaire (ECR de faible puissance, ECR pragmatiques etc.) ; une recommandation de grade C est fondée sur des études de faible niveau de preuve (études de cas-témoins, études comparatives comportant des biais importants, série de cas, études rétrospectives). En l’absence de précisions, les recommandations reposent sur un accord professionnel exprimé par le groupe de travail et le groupe de lecture.
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Cables électriques et transformateurs dans les rues de Kyoto – Japon
Résumé : De nombreux paramètres interviennent dans l’analgésie électroacupuncturale : la fréquence, l’intensité, la durée d’impulsion, le temps d’intervention. On devra tenir compte à la fois du développement de la tolérance souvent lié à l’octapeptide cholécystokinine (CCK-8) ou à la nociceptine, mais aussi de la variabilité individuelle à l’électroacupuncture (EA). Chez le rat, l’effet optimum dans les algies par action de l’EA sera obtenu globalement en stimulant par alternance en basse (2 Hz) et haute fréquence (100 Hz) ou simplement à la fréquence de 15 Hz, de façon à ce que les quatre sortes de peptides opioïdes (endorphines, enképhalines, endomorphines et dynorphine) soient libérées simultanément. Il s’agira également de ne pas dépasser les 30 minutes de stimulation sous peine de déclencher le système anti-opioïde. Mots-clés : électroacupuncture – fréquences – peptides opioïdes – tolérance – octapeptide cholécystokinine.
Summary: Many parameters involved in electroacupunctural analgesia: frequencies, intensity, pulse width, intervention time. It should take into account both the development of tolerance often linked to the cholecystokinin octapeptide (CCK-8) or the nociceptine, but also of individual variability in the electroacupuncture (EA). In rat, the optimum effect in pain by action of the EA will be achieved globally by alternately stimulating low (2 Hz) and high frequency (100 Hz) or just 15 Hz, so that the four types of opioid peptides (endorphins, enkephalins, endomorphins and dynorphin) are released simultaneously. It will also not exceed 30 minutes on pain stimulation to trigger the antiopioids. Keywords: electroacupuncture – frequencies – opioid peptides – tolerance – cholecystokinin octapeptide.
Les derniers travaux de physiologie et d’imagerie concernant l’électroacupuncture dans les algies ont permis de se faire une idée plus précise de la nature de ses mécanismes neurophysiologiques. On connaît l’implication de la libération des neuropeptides opioïdes, l’action inhibitrice des récepteurs ionotropiques glutaminiques et la modulation de la douleur par le système inhibiteur descendant sérotoninergique et catécholaminergique [ [1] ]. Pour bien maîtriser cette technique, il convient alors de bien connaître les différents paramètres électrophysiologiques.
Caractéristiques paramétriques de l’électroacupuncture
La stimulation électrique des points d’acupuncture s’appelle l’électroacupuncture (EA). On utilise des appareils permettant de délivrer soit des courants pulsés alternatifs à moyenne nulle (constitués d’impulsions soit positives, soit négatives, mais qui ne changent pas de polarité cycliquement), soit des courants pulsés unidirectionnels (constitués d’impulsions uniquement positives). Les appareils doivent être manufacturés de manière réglementaire, car dans une étude, il s’est avéré qu’au moins deux des paramètres mesurés sur trois ne se trouvaient pas dans la marge de sécurité des valeurs données par le constructeur, ce qui peut être inquiétant pour le patient [ [2] ].
Le courant est caractérisé par :
– la forme de son impulsion : carrée ou rectangulaire,
– la durée de cette impulsion : variable de 0,1 ms à 5 ms, (voir figure 1)
– l’intensité efficace : variable de 0,1 à 6 mA
– la fréquence : variable de 2 à 100 Hz
Variables électrophysiologiques de l’électroacupuncture
Fréquence
De nombreux paramètres influencent l’action de l’électroacupuncture, en particulier l’utilisation de différentes fréquences, qu’elles soient basses (2 à 4 Hz) ou élevées (100 à 200 Hz). En effet, des études révèlent par exemple que l’EA à fréquence basse entraîne une libération d’enképhaline, de bêta-endorphine et d’endomorphine, alors qu’à fréquence haute, il y a libération d’un autre type d’endorphine : la dynorphine [3-9].
Dès 1992, Chen et Han montrent que l’analgésie produite par l’EA (durée d’impulsion de forme carrée de 0,3 ms) est médiée par trois types de récepteurs opioïdes [ [10] , [11] ]. Ainsi, l’EA à 2 Hz active les récepteurs μ et δ ; celle à 100 Hz, les récepteurs κ. Mais mieux, l’EA à 15 Hz produit une activation des trois sortes de récepteurs chez le rat [9 ].
En 1996, Guo et coll. [ [12] , [13] ] démontrent que l’électroacupuncture à 2 Hz et à 100 Hz (durée d’impulsion de forme rectangulaire de 0,3 ms) a un effet sur le niveau de l’expression des gènes encodant trois neuropeptides du cerveau chez le rat. Ainsi la stimulation à 2 Hz augmente l’expression c-fos au niveau du noyau arqué de l’hypothalamus avec augmentation de l’expression de l’ARN messager pour un précurseur de l’endorphine, le préproenképhaline (PPE). Au niveau, de la formation réticulaire rostro-médiale (noyau gigantocellulaire, paragigantocellullaire, formation réticulaire latérale), la stimulation à la fréquence de 100 Hz augmente sélectivement l’expression de l’ARN messager pour le préprodynorphine (PPD). Les auteurs montrent aussi que les protéines proto-oncogènes c-fos et/ou c-jun jouent davantage un rôle dans la transcription des gênes des opioïdes PPD que dans celles de PPE et des POMC [12-14].
L’électroacupuncture (ES36, RA6) à la fréquence de 2 Hz agit aussi dans les algies en diminuant la réponse à l’inflammation locale par l’intermédiaire de la modulation de l’expression des récepteurs ionotropes au glutamate et en particulier le récepteur au N-méthyl-D-aspartate (NMDA) dans la corne dorsale de la moelle épinière [ [15] , [16] ]. Malheureusement, dans ces études, du fait du manque de groupe contrôle sham, les résultats ne peuvent attribués complètement à l’action de l’électroacupuncture seule.
Selon la fréquence de la stimulation, l’EA chez les rats diminue la douleur neuropathique induite par ligature d’un nerf rachidien. Il a ainsi été observé que l’EA à basse fréquence (2 Hz) sur le ES36 et RA6 produisait davantage d’effets antinociceptifs et prolongés dans le temps sur l’allodynie (douleur produite par un stimulus non nociceptif) et l’hyperalgie nociceptive thermique que l’EA à haute fréquence (100 Hz) sur un modèle de rats. Les récepteurs opioïdes et les récepteurs NMDA participent à ces effets antalgiques de longue durée [ [17] , [18] ].
La combinaison des fréquences alternées et asynchrones permet d’améliorer l’action de l’EA. Ainsi deux modes d’EA ont été étudiés : le mode 2+100 Hz, mode où la stimulation de 2 Hz est appliquée à la patte arrière gauche du rat en même temps que 100 Hz à la patte arrière droite ; le mode 2/100Hz où la stimulation 2 Hz est alternée toutes les 3 secondes avec celle de 100 Hz. Il s’avère que le mode 2/100 Hz est 40% plus antalgique que le mode 2+100 Hz (p<0,01). L’injection intrathécale d’un antagoniste des récepteurs opioïdes mu a bloqué l’effet anti-nociceptif du mode 2/100 Hz, mais pas celui de l’EA 2+100 Hz, tandis que l’injection d’un antagoniste des récepteurs opioïdes kappa a bloqué les deux modes d’EA. En conclusion, l’EA 2/100 Hz augmente la libération à la fois des endomorphines-2 et de la dynorphine. L’EA 2+100 Hz libère seulement la dynorphine [ [19] ].
Lao et coll. ont créé un modèle de douleur inflammatoire par injection d’adjuvant de Freund (émulsion d’eau et d’huile quelquefois additionnée de bactéries, bacilles de Koch inoffensifs) sur la patte arrière des rats. Ils ont évalué ensuite les paramètres de l’analgésie par EA (fréquence, intensité, durée du traitement, et durée d’impulsion). Ils précisent ainsi que l’analgésie par EA à 10 Hz est plus efficace que celle à 100 Hz pour les traitements antalgiques à long terme. L’EA à 100 Hz est à privilégier pour les effets rapides à court terme [ [20] ].
Plus récemment, on constate que l’EA à 100Hz (intensité 0,5 mA, onde biphasique carrée asymétrique) entraîne un effet antinociceptif qui est variable en fonction du point d’acupuncture stimulé et sans doute en fonction de l’algie. Ainsi sur un modèle de douleur orofaciale induite par chaleur sur la branche maxillaire du nerf trigéminal chez le rat, l’EA à 100 Hz appliquée sur le ES36 pendant 20 minutes sera analgésique, mais pas l’EA à 5 Hz et 30 Hz. Pas d’action analgésique non plus de l’EA à 5, 30 ou 100 Hz appliquée sur le GI4. L’effet antinociceptif de l’électroacupuncture est médiée par l’activation des opioïdes endogènes (la dynorphine dans ce cas), elle même activée par le monoxyde d’azote (NO) et dépend donc de la localisation de la douleur, du choix du point et de la fréquence de stimulation [ [21] ].
Intensité
Huang et coll. vont montrer chez la souris que l’analgésie induite par EA varie en fonction de la fréquence, mais aussi de l’intensité. Ainsi l’analgésie ne sera produite chez la souris (évaluée par le test de tail-flick qui mesure la latence entre l’application de la stimulation thermique et le premier mouvement échappatoire de la queue) qu’à partir d’une intensité de 0,5 mA et sera à son optimum pour 2 Hz et 100 Hz (durée d’impulsion carrée commune respectivement de 0,6 ms et 0,2 ms) par rapport au groupe témoin [ [22]].
Une autre étude montre l’importance de l’intensité de l’EA. Les récepteurs opioïdes du noyau thalamique submédian sont impliqués dans l’analgésie de l’EA à haute intensité et basse fréquence (5 mA, 5 Hz par série d’impulsions carrées constantes de 0,3ms) alors qu’à haute fréquence et faible intensité (50 Hz, 0,5mA), c’est le noyau antérieur prétectal qui intervient, tout en sachant que ces deux structures sont habituellement impliquées dans la modulation du système inhibiteur descendant [ [23] ].
Lao et coll. constatent que les fréquences 10 et 100 Hz à une intensité de courant de 3 mA produisent la plus grande analgésie. Une intensité moindre à 1 ou 2 mA est moins efficace [20 ].
Durée de l’impulsion
La durée d’impulsion électrique correspond à celle d’un stimulus constant. Ainsi, dans une période de temps donnée et à une fréquence de 10 Hz, une impulsion d’une durée de 2 ms fournit vingt fois plus de stimuli électriques qu’une impulsion de 0,1 ms. Romita et coll. ont évalué la durée d’impulsion électrique de l’EA (4 Hz) nécessaire pour une analgésie efficace sur un modèle de nociception-chaleur chez le rat. Ils constatent qu’une durée d’impulsion (de forme carrée monophasique) de 0,2 ms est satisfaisante en terme de persistance et d’efficacité de la réponse antinociceptive à court terme mais celle-ci s’atténue sur le long terme par rapport aux réponses produites avec une EA à une impulsion de 2 ms ou 5 ms. Cela s’explique par le fait que l’activation des fibres C nécessite généralement une durée d’impulsion au minimum de 0,5 ms, voire égale ou supérieure à 1 ms [ [24] ]. De ce fait, dans leur étude suivante sur l’action antinociceptive de l’EA , ils ont choisi une EA à 4 Hz avec une impulsion de forme carrée de 2 ms appliquée pendant 20 mn [ [25] ].
L’étude paramétrique de Lao et coll. analyse toutes les variables électrophysiologiques de l’EA : fréquence, intensité, durée d’intervention, spécificité du point d’acupuncture et surtout une des seules à étudier précisément la durée de l’impulsion. La durée d’impulsion a été aussi étudiée avec un stimulateur électrique (A300 pulsemaster®, World Precision Instruments) (figure 2). Les auteurs ont observé dans ce travail qu’avec une intensité de 1 mA, une EA de 10 Hz/2 ms produit un effet antalgique à court terme similaire à celle produite à une intensité de 3 mA et une fréquence de 100 Hz avec une impulsion de 0,1ms. Ils objectivent aussi que les effets prolongés observés à 10 Hz/0,1ms disparaissent quand la durée d’impulsion passe à 2 ms. Il apparaît ainsi que l’accroissement de la durée de l’impulsion a le même effet que l’accroissement de la fréquence électrique ou que l’augmentation moyenne de la durée de stimulation [20 ].
Figure 2. Le stimulateur A300 pulsemaster.
Durée d’intervention
Lao et coll. ont montré aussi qu’une EA délivrée pendant 20 minutes est plus adaptée dans l’analgésie qu’un traitement court (10 mn) ou long (30 mn). Le VB30 (huantiao) est plus efficace que le point 5TR (waiguan) ou qu’un point placebo ou même que le point VB30 opposé à l’inflammation algique. D’où spécificité de l’action du point d’acupuncture [20 ].
Sur un modèle de douleur inflammatoire induite chez le rat par l’adjuvant de Freund, l’EA appliquée avec un Han’s Acupoint Nerve Stimulator (HANS), 100 Hz, 0,5-1,0-1,5 mA, 10 min pour chaque intensité, impulsion carrée de 0,2ms en une seule session sur 36ES et 6RP augmente de façon statistiquement significative le seuil de retrait dans les algies mécaniques mais pas dans les algies thermiques (plaque chaude à 52 +/- 0,2°C). La répétition des sessions deux fois par semaine pendant 4 semaines montre une diminution sensible de l’hyperalgésie mécanique à la troisième et quatrième semaine, sans incidence sur l’hyperalgésie thermique. L’effet analgésique est inhibé par la naloxone, objectivant encore l’intervention du système opioïde [ [26] ].
Taguchi [ [27] ] a induit une hyperalgie en injectant de la carragénine (inducteur inflammatoire extrait d’algues rouges) dans le tissu sous-cutané de la patte postérieure de rats afin d’étudier l’effet analgésique de différentes fréquences, d’intensités et de durée de l’EA. Les seuils nociceptifs ont été évalués par un test de Randall-Selitto qui permet de les déterminer en exerçant une pression mesurable. L’EA (durée d’impulsion de forme carrée biphasique de 0,1 ms) sur ES36 a été appliquée à 3, 15 ou 100 Hz pendant 1, 15, ou 60 minutes. L’EA est commencée trois heures après l’injection de carragénine. L’EA à 3 Hz (au bout de 15mn et à 60 minutes) a induit une analgésie statistiquement significative qui a persisté pendant 24 heures après l’injection. Par contre, pas d’analgésie avec l’EA à 15 ou 100 Hz dans le cadre des algies provoquées par la carragénine chez le rat à la différence de celle provoquée par l’adjuvant de Freud [20 ]. Importance donc de la fréquence, de la durée dans l’induction de l’analgésie. Le tableau I récapitule les principaux résultats de ces travaux.
Tableau I. Récapitulatif des principaux travaux et leurs conclusions.
Auteur (année)
Caractéristiques de l’électroacupuncture
Localisation cérébrale : visualisation par expression c-fos / ac anti-récepteurs stimulés / imagerie fonctionnelle
Conclusions
Chen et Han (1992)[10 ,11 ]
(durée d’impulsion de forme carrée de 0,3 ms) 2 Hz de1mA à 3mA par palier de 10mn ES36 et RA6 chez le rat
récepteurs μ et δ
Libération de : Endorphines Met-enképhaline endomorphine [9 ]
100 Hz de1mA à 3mA par palier de 10 mn ES36 et RA6 chez le rat
récepteurs κ
Libération de : dynorphine
2 Hz en alternance avec 15 Hz toutes les 2,5s de1mA à 3mA 30mn ES36 et RA6 chez le rat
récepteurs μ et δ et κ
Libération de : Endorphines Met-enképhaline dynorphine
Guo (1996) [12 ,13]
(durée d’impulsion de forme rectangulaire de 0,3 ms) 2 Hz au ES36 (zusanli) et RA6 (sanyinjiao) 1mA, 2mA, 3mA chez le rat (10mn à chaque intensité)
(durée d’impulsion = 0,1 ; 1 et 2 ms) 10 Hz, 100 Hz pendant 10,20,30mn 1 à 3 mA Algie induite par adjuvant de Freund chez rat VB30, TR5, points placebos
Expression C-fos : 10 et 100 Hz : suppression couches superficielles de Rexed (I / II) de la corne dorsale de la moelle épinière (afférences nociceptives, lame I, ou couche marginale, reçoit des fibres Aδ ; lame II, ou couche gélatineuse : fibres C.) activation couches superficielles de Rexed (III / IV) (terminaisons des fibres Aα et Aβ)
– Analgésie de l’EA à 10 ou 100 Hz (3 mA) de 20 minutes plus efficace que 10 mn ou 30 mn : importance de la durée -10 Hz/0,1ms/3 mA plus bénéfique que 100 Hz sur l’algie inflammatoire à long terme – importance de l’intensité : 10 ou 100 Hz/0,1ms/ 3 mA plus efficace qu’à 1mA – spécificité d’action du point – durée d’impulsion = même effet que l’augmentation de la fréquence
Zhu (2004)[23 ]
5 Hz (ES36) 5 mA, 15 mn
Noyau thalamique submédian (fibres afférentes de petit diamètre A-δ et C)
Efficacité similaire de la haute ou basse intensité, mais différents effets
50 Hz (ES36)0,5 mA 15mn
Noyau antérieur prétectal (fibres afférentes de gros diamètre A-β)
Wang (2005)[19 ]
2+100 Hz2 Hz la patte arrière gauche du rat en même temps que 100 Hz à la patte arrière droite
Libération dynorphine
Efficacité plus grande de l’EA 2/100 Hz
2/100 Hz alternance 2 Hz toutes les 3 secondes avec 100 Hz
Libération dynorphine + endomorphine-2
Taguchi (2007)[ 27 ]
impulsion biphasique carrée de 0,1ms 3, 15, or 100Hz pendant 1mn, 15 mn,60mn intensité : 3mA (3Hz) ; 1,5mA (15 et 100Hz) ES36
Analgésie produite dès 15mn à la fréquence de 3 Hz. Importance de la fréquence et de la durée.
Algie induite par carragénine chez rats
Almeida(2008)[21 ]
intensité 0,5 mA, onde biphasique carrée asymétrique 5, 30, or 100Hz 20 mn ES36 et GI4
Libération dynorphine (médiée par NO) induit par EA à 100Hz sur ES36 Pas d’action de l’EA à 5 et 30 Hz sur ES36 Pas d’action de l’EA à 5 et 30 et 100 Hz sur GI4
Importance de la spécificité du point d’acupuncture en fonction de l’algie Importance de la fréquence de l’EA (100Hz)
Algie orofaciale induite par chaleur chez le rat
La tolérance
En 1981, la tolérance à l’analgésie acupuncturale a été décrite en observant que la durée de l’analgésie était corrélée à la durée de l’administration de l’EA. Appliquée au rat pendant 30 mn, l’EA augmente son seuil de tolérance à la douleur de 89%. Lorsque la stimulation est répétée plus de six sessions consécutives avec des intervalles de repos de 30 mn, une sensibilité décroissante (tolérance) va se développer avec un retour à l’état basal [ [28] ]. Cette tolérance est le résultat d’une désensibilisation des récepteurs opioïdes (down regulation), mais aussi à la libération de l’octapeptide cholecystokinine (CCK-8) [ [29] ]. Han et coll. vont même annuler le phénomène de tolérance par une injection intraventriculaire d’antisérum de CCK-8 au groupe de rats ayant bénéficié d’EA en continu pendant 8h [ [30] ]. Il a été ainsi mis en évidence chez le rat que CCK-8 réalise un rétro-contrôle négatif de l’analgésie électroacupuncturale au delà de 30 mn de stimulation, et en fonction des fréquences. Le pourcentage d’augmentation en CCK-8 est obtenu à la fin de la première heure (+36%), atteint un niveau maximal (+60%) à la fin de la 2ème heure, fluctue entre 3 et 5 h puis se maintient à haut niveau (+54%) à la fin de la 6ème heure. Ce sont les fréquences hautes de 15 Hz ou 100 Hz qui libèrent davantage de CCK-8 [ [31] , [32] ]. Il faut noter que l’électroacupuncture à 100 Hz (0,2-0,3 mA, impulsion de 0,3ms, 30 mn) du 36ES limite la satiété chez les rats Sprague-Dawley LETO en rapport avec la CCK agissant sur le récepteur CCK-1 [ [33] ].
La CCK-8 n’est pas le seul anti-opioïde intervenant dans la tolérance de l’électroacupuncture. Tian et coll. montrent que l’orphanine FQ (ou nociceptine) participe également à la modulation de l’analgésie induite par l’EA à 100 Hz [ [34] ] et que la tolérance produite par EA (100Hz, 3mA, impulsion carrée de 0,3 ms sur le 36ES et 6RP) sera réversible par injection intracérébro-ventriculaire d’anticorps anti-orphanine FQ (OFQ-ab) [ [35] ].
Différences individuelles et potentialisation de l’EA
Il existe des différences individuelles à l’électroacupuncture. En effet, de nombreux auteurs ont distingué des répondeurs et non répondeurs sensibles à l’EA. Le mécanisme impliqué est double : un bas niveau de libération de peptides opioïdes dans le SNC et un haut niveau de libération de CCK-8 dans la substance grise périaqueducale [ [36] , [37] ].
Prolonger l’effet analgésique de l’électroacupuncture est possible en la combinant avec la dizocilpine (MK-801), antagoniste non compétitif du récepteur NMDA du glutamate. Sur un modèle d’hyperalgie provoquée par injection de Freund dans le coussinet plantaire de la patte de rat, l’EA (30VB) à la fréquence de 10 et 100 Hz (A300 pulsemaster® : impulsion de 0,1ms à 3 mA) associée au MK-801 en sous-dose efficace est statistiquement plus antalgique (p<0,05) que le MK-801 seul [ [38] ]. On a le même effet synergique avec l’indométacine [ [39] ] ou avec de faibles doses de celecoxib [ [40] ].
Que retenir ? Les points essentiels
Fréquence : dans les algies, il faut stimuler à la fois en basse (2 Hz) et haute fréquence (100 Hz), chacune durant 3 secondes en alternance, de sorte que les quatre sortes de peptides opioïdes (enképhalines, endorphine, endomorphine et dynorphines) soient libérées simultanément, produisant une interaction synergique. Une possibilité équivalente est de stimuler dans la fréquence 15 Hz qui entraîne la même action sur les neuropeptides. A noter que les fréquences hautes (100 Hz) sont à privilégier si on veut une action immédiate à court terme, alors que les basses (2 Hz) produisent une action antalgique plus durable.
Durée de l’impulsion : en pratique, il n’est pas possible d’agir sur cette variable qui est en général fixée par le constructeur à 0,5 ms, valeur optimum pour les différentes fréquences.
Intensité de la stimulation : plus l’intensité sera forte et plus l’antalgie sera meilleure. Demander donc au patient d’endurer la limite du supportable, tout en sachant que la plupart des appareils ne délivrent généralement que 4 à 5 mA sur 1000 Ohm d’intensité efficace maximale.
Durée d’intervention : pas plus de 30 mn. Au-delà, le phénomène de tolérance se déclenche par activation du système anti-opioïde.
Spécificité du point d’acupuncture : bien choisir le point et la fréquence de stimulation en fonction de l’algie.
Implications pratiques dans les algies
Des essais contrôlés randomisés (ECR) ont mis en pratique les données expérimentales. Pour exemple, un ECR en double aveugle contre placebo de haute qualité méthodologique (jadad à 5) concernant les douleurs post-thoracotomiques chez 27 patients opérés suite à un carcinome pulmonaire a montré que dans le groupe EA, il y avait au deuxième jour une diminution de l’usage de la morphine statistiquement significative par rapport au groupe placebo (7,5 +/- 5 mg versus 15,6 +/- 12 mg ; p < 0,05). Les points de l’EA utilisés étaient : GI4, VB34, VB36 et TR5, points reconnus pour leur influence sur les algies thoraciques. L’EA était commencée immédiatement au retour de la salle d’opération. Le patient recevait deux sessions de 30 mn par jour d’EA à la fréquence de 60 Hz et cela pendant un total de 7 jours. La fréquence 60 Hz a été choisie comme fréquence moyenne (comme le 15 Hz) entraînant une action sur tous les récepteurs opioïdes. Cependant, les auteurs recommandaient de réaliser d’autres études en utilisant différentes fréquences [[41] ].
En conclusion, l’électroacupuncture doit faire partie de l’arsenal de tout acupuncteur dans les algies de quelque nature que ce soit, à condition d’en bien maîtriser tous les paramètres. La découverte de l’action de l’EA sur la libération des neuropeptides opioïdes a même engendré des études cliniques dans les addictions aux morphiniques. Ainsi, Zhang et coll. [ [42] ] ont permis une détoxication de 121 héroïnomanes au bout de 14 jours suite à une électroacupuncture pluri-quotidienne alternées de 2 et 100 Hz utilisant la méthode d’EA issus des travaux de Han [3 ,6 ,7 ]. Plus récemment, Mu et coll. objectivent une amélioration des effets de sevrage dans l’addiction à l’héroïne grâce à l’EA de points jiaji (EX-B2) [ [43] ]. Malheureusement, ces deux ECR montrant une efficacité, résultent d’études en langue chinoise dont l’évaluation méthodologique reste difficile à apprécier [ [44] , [45] ].
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Résumé : Objectif. Les champs magnétiques statiques (CMS) engendrés par les aimants pourraient-ils avoir un effet bénéfique dans l’amélioration des algies ? Méthodes. Les mécanismes biologiques des effets antalgiques des CMS sont étudiés en expérimentation animale. Une étude de la revue de littérature (revues systématiques et méta-analyses) est réalisée concernant l’application des aimants en un point quelconque de la peau ou sur les points spécifiques d’acupuncture. Résultats.On ne peut pas recommander l’usage des CMS dans un but thérapeutique antalgique. De même, les preuves de l’efficacité antalgique des dispositifs magnétiques sur des points d’acupuncture sont insuffisantes. Conclusions. Malgré quelques essais cliniques montrant une certaine efficacité dans les douleurs musculo-squelettiques, il est néanmoins nécessaire de réaliser des essais contrôlés randomisés à haute qualité méthodologique. Mots-clés : Champs magnétiques statiques – aimants – acupuncture – antalgie.
Summary: Objective. Could the static magnetic fields (SMF) engendered by magnets have a beneficial effect in the relief pains? Methods. The biological mechanisms of the analgesic effects of SMF are studied in animal experiment. A study of the literature review (systematic review and meta-analysis) is performed concerning the application of magnets in some point of the skin or on the specific points of acupuncture. Results. The evidence does not support the use of SMF for pain relief. Also, the evidences of reducing pain effectiveness of the magnetic devices on points of acupuncture are insufficient. Conclusions. In spite of some clinical trials showing a certain effectiveness in the musculoskeletal pains, it is nevertheless necessary to realize randomized controlled clinical trials in high methodological quality. Keywords: Static magnetic fields – magnets – acupuncture – relief pain.
Afin de prolonger l’effet du traitement par les aiguilles, les acupuncteurs peuvent être tentés d’utiliser des dispositifs engendrant un champ magnétique statique (CMS). Ainsi un aimant logé sur l’injecteur des aiguilles semi-permanentes (ASP) utilisées en auriculothérapie permet d’induire directement un champ magnétique dans l’aiguille implantée. Ne s’embarrassant pas des notions de médecine traditionnelle chinoise, certains praticiens placent également des aimants sur la peau au niveau des zones douloureuses et en dehors des points d’acupuncture.
Que doit-on penser de ces pratiques ? Les champs magnétiques statiques ont-ils un réel effet thérapeutique dans le domaine de l’antalgie ? Le but de cette étude est d’établir à partir de la littérature la réalité des effets des CMS.
Introduction
En physique, le champ magnétique est une grandeur caractérisée par la donnée d’une intensité et d’une direction, définie en tout point de l’espace et déterminée par la position et l’orientation d’aimants, d’électroaimants et le déplacement de charges électriques. La présence de ce champ se traduit par l’existence d’une force agissant sur les charges électriques en mouvement (dite force de Lorentz) et divers effets affectant certains matériaux (paramagnétisme, diamagnétisme ou ferromagnétisme selon les cas). La grandeur qui détermine l’interaction entre un matériau et un champ magnétique est la susceptibilité magnétique. Le champ magnétique forme, avec le champ électrique les deux composantes du champ électromagnétique décrit par l’électromagnétisme [[1]].
L’unité de l’intensité d’un champ magnétique dans le système international est le tesla (T). On utilise aussi en médecine le gauss (G) en sachant que 1G = 100µT = 10-4T (10 000 G = 1 T = 1 Weber/m2)
A proximité de certains appareils, les valeurs du champ magnétique peuvent être de l’ordre de quelques centaines de micro teslas [[2]]. Le champ magnétique terrestre est évalué à 47 µT au centre de la France (figure 1). L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) utilise des appareils émettant des champs magnétiques entre 1,5 T à 3 T dans le domaine du diagnostic médical, voire jusque 17 T, réservé aux expériences sur les rats ou souris.
Figure 1. Valeurs du flux magnétique terrestre, évoluant de 25 µT en Amérique du Sud à 65 µT en Antarctique [[3]].
Expérimentation animale sur l’effet antalgique des champs magnétiques statiques
La réponse biologique aux champs magnétiques statiques (CMS) délivrés par les aimants a été étudiée de manière expérimentale sur les animaux. Sur la centaine d’études que compte la littérature, quelques unes se sont intéressées particulièrement à l’effet antalgique ou anti-inflammatoire des champs magnétiques statiques. Les résultats observés sur les effets antinociceptifs des CMS sont contradictoires.
Certains auteurs ont rapporté que l’exposition des souris ou des rats à un champ magnétique statique pouvait supprimer le stress, induire une analgésie en rapport avec la libération de peptides opioïdes ou diminuer les constantes biologiques inflammatoires [4-13].
D’autres ont trouvé que les CMS avaient un effet inverse avec la suppression de l’analgésie qui faisait intervenir les opioïdes ou la mélatonine [14-16].
La raison de ces contradictions résulte semble-t-il des différences entre les espèces et les caractéristiques du champ magnétique, comme l’intensité ou la durée de l’exposition (aigue ou chronique).
Notons qu’il n’existe pas d’étude expérimentale sur l’utilisation précise des CMS sur les points spécifiques d’acupuncture.
Les essais contrôlés randomisés concernant les CMS
Les preuves d’efficacité des CMS sont limitées. On retrouve quelques essais contrôlés randomisés (ECR) montrant une efficacité dans le soulagement de différentes pathologies algiques (douleurs post-poliomyélitiques, neuropathie diabétique, fibromyalgie, douleurs chroniques pelviennes, canal carpien, gonarthrose, coxarthrose) [17-23]. Une revue de littérature étudie d’ailleurs les différents ECR et montre une certaine efficacité [[24]].
Mais il existe aussi autant d’autres ECR objectivant l’inefficacité des CMS dans l’amélioration des douleurs (myalgies, odontalgies, lombalgies chroniques, cervicalgies et douleurs d’épaule, talalgies, canal carpien, douleurs postopératoires [25-32]. Une autre revue de littérature conclut à l’inefficacité et propose d’éviter les aimants [[33]]. Une revue de littérature Cochrane montre également l’inefficacité des CMS dans les cervicalgies [[34]].
Méta-analyses
A la lecture de ces différents travaux, il est donc difficile de se faire une opinion sur l’impact réel des CMS dans les algies. D’où l’intérêt des méta-analyses dont le principal objectif est d’essayer de déterminer l’efficacité d’une thérapie à partir de la synthèse d’essais contrôlés randomisés.
Pittler et coll. en 2007 [[35]] ont procédé à une étude systématique et à une méta-analyse des ECR évaluant l’efficacité des aimants statiques dans le traitement d’algies de différentes étiologies. Seules les études comportant un placebo ou un aimant de très faible champ magnétique utilisé dans le groupe témoin ont été incluses. Le critère principal d’évaluation était la variation moyenne de la douleur mesurée sur une échelle visuelle analogique (EVA) de 100 mm (100 mm signifiant le maximum de douleur). Vingt-neuf ECR ont été éligibles. Mais seulement neuf parmi ces vingt-neuf ont été retenus dans cette méta-analyse qui, au final, n’a révélé aucune différence significative entre le groupe placebo et le groupe témoin en ce qui concerne l’atténuation de la douleur (différence moyenne pondérée -WMD- sur l’EVA égale à 2 mm ; intervalle de confiance à 95 % –1,8 à 5,8 mm ; p = 0,29) (figure 2). Bien que d’un point de vue statistique, l’hétérogénéité est non significative (I²=11,4%, p=0,16), il n’en demeure pas moins que cette méta-analyse souffre d’un biais important de validité interne et comporte en réalité une hétérogénéité clinique. En effet, les critères nosologiques retenus ne sont pas pertinents : ainsi dans les causes étiologiques, on retrouvait la fibromyalgie [[36]], les lombalgies, les algies du canal carpien, la neuropathie diabétique, les talalgies, la coxarthrose, les myalgies [[37]] et algies du pied [[38]]. Les analyses de sensibilité ont été réalisées. Cela a consisté à comparer les résultats obtenus en incluant ou pas des ECR pour lesquels il était difficile de trancher de leur éligibilité dans la méta-analyse. Ainsi par exemple en incluant juste les ECR dans les douleurs musculo-squelettiques, les auteurs n’ont pas retrouvé de différence significative entre groupe CMS et groupe placebo. En conclusion, les auteurs ne proposent pas d’utiliser les aimants statiques et ne les recommandent pas non plus comme traitement efficace des algies. Toutefois dans le cas de l’arthrose, il existe des données probantes mais qui ne suffisent pas à prouver un important avantage clinique et ouvre plutôt la porte à d’autres études.
Figure 2. Effet des CMS sur la douleur avec moyenne pondérée des tailles d’effets (weighted mean difference avec l’intervalle de confiance à 95%. La ligne verticale ne représente aucune différence entre les aimants et le placebo. Figure à partir de CMAJ. 2007. doi: 10.1503/cmaj.061344 [35].
Cependant, suite à cette méta-analyse une controverse [[39]] est née du fait que certaines études avec bras placebo pouvaient ne pas avoir été réalisées réellement avec bras placebo. En effet, les aimants pour être dits thérapeutiques doivent avoir un CMS supérieur à 300G (30 mTesla) [[40],[41]]. Or il s’avère que certains aimants considérés justement comme thérapeutique avaient un champ magnétique statique équivalent à cette force. Ainsi Harlow et coll. [23] utilisaient comme aimants placebo des aimants de 30mT. D’ailleurs Colbert et coll. [[42]] dans une revue de littérature parue au même moment, critiquent les ECR et argumentent que 34 d’entre eux (soit 61% des ECR recensés) ne fournissent pas suffisamment de détails concernant les différents paramètres des champs magnétiques statiques pour permettre à de nouveaux chercheurs de reproduire les résultats dans d’autres investigations.
Champs magnétiques statiques et acupuncture
Du fait de la spécificité du point d’acupuncture en rapport avec la mécanotransduction [[43]], la transduction au niveau du tissu conjonctif [[44]] et de l’action des molécules informationnelles au niveau du système nerveux central [[45]], il est tout à fait possible que l’effet du CMS additionné à celui du point d’acupuncture puisse avoir un effet bénéfique sur la douleur, supérieur à celui du CMS seul. De ce fait, une revue de littérature a été réalisée en 2008 [[46]].Trois cent huit références ont été trouvées dont 50 études répondaient aux critères d’inclusion. 31 ECR étaient en langue anglaise et 11 études en chinois. La revue était très hétérogène en raison d’une grande variété de dispositifs magnétiques utilisés dans différentes maladies (dépression, hypertension artérielle, nystagmus congénital, insomnie, migraine etc..) avec de multiples dispositifs de contrôle-placebo.
Trente-sept des 42 études (88%) ont déclaré un bénéfice thérapeutique. Mais la mauvaise qualité de l’ensemble des essais contrôlés ne permet pas d’affirmer qu’il existe des éléments de preuve recommandant le traitement par CMS. D’ailleurs, seules trois études concernaient les douleurs musculo-squelettiques : la périarthrite scapulo-humérale [[47]], lésions des tissus mous [[48]] (2 études de cas) et un ECR utilisant auriculothérapie et CMS dans les lombalgies [[49]]. En conclusion, aucune preuve de l’efficacité des CMS associés à l’acupuncture dans la douleur ne semble exister à l’heure actuelle. Les ECR sont à réaliser.
Effets secondaires et risques
Les aimants sont généralement considérés sans danger. Cependant, il est plus prudent de ne pas les utiliser chez certaines personnes [[50]] :
– les femmes enceintes, car les possibles effets des aimants sur le fœtus ne sont pas connus ;
– les personnes utilisant des dispositifs médicaux tels qu’un stimulateur cardiaque, défibrillateur, ou pompe à insuline, parce que les aimants peuvent interférer avec le fonctionnement de l’appareil médical ;
– les personnes qui utilisent des patchs qui délivrent des thérapeutiques à travers la peau, car cela pourrait entraîner une vasodilatation et affecter la distribution du médicament.
Les effets secondaires rapportés sont peu nombreux et bien qu’en laboratoire, on ait pu montrer que les cellules pouvaient s’aligner dans le champ à partir de 5000G, les implications ne sont pas claires.
Des études animales ont montré une action sur le système vestibulaire à partir de 4T. Une induction de courants électriques autour du cœur et de la majeure partie des vaisseaux sanguins a été objectivée à partir de CMS de 1000 G chez les animaux, mais aucun effet désirable n’a été relevé.
On a néanmoins rapporté que les hautes intensités des aimants (en l’occurrence 2000G) appliqués sur six points d’acupuncture, soit 12000G (1,2T) et laissés en place pendant 72 heures pour traiter des bouffées de chaleur (personnes traitées par chimiothérapie en raison d’un cancer du sein), avaient entraîné une exacerbation de ces bouffées ainsi qu’une irritation de la peau, sans doute due à l’adhésif de contention [[51]]. D’où l’importance de ne pas multiplier les points d’acupuncture à traiter simultanément.
Dans des champs de 8T, les effets cardiovasculaires ont été observés chez l’être humain mais ces effets ont été limités et entrent dans l’échelle des variations physiologiques.
Cependant, certaines personnes exposées à des champs d’environ 2T ou davantage, peuvent éprouver des réactions transitoires : vertiges et goût métallique dans la bouche. Des études épidémiologiques et des rapports de cas cliniques n’ont pas rapporté d’effets indésirables à long terme, mais les données sont rares et il n’y a aucune étude de suivi de patients à long terme des ECR concernant les CMS.
Dans l’ensemble, on peut conclure qu’au niveau de l’exposition aux CMS (à partir d’environ 2T), les effets sensoriels transitoires peuvent affecter certaines personnes. Aucun effet grave ou permanent sur la santé n’a été objectivé jusqu’à un niveau de 8T, mais les investigations scientifiques sont limitées. Par contre au delà de 8T, les effets sur le corps humain sont inconnus mais quelques effets cardiovasculaires et sensoriels pourraient se voir avec des CMS très élevés [2].
Conclusion
Les champs magnétiques statiques engendrés par des aimants et appliqués sur des points d’acupuncture dans le cadre des algies pourraient prolonger l’effet des aiguilles. Cependant, aucun ECR à l’heure actuelle n’a objectivé une quelconque efficacité. Compte-tenu des effets secondaires négligeables, cette voie de recherche clinique est à suivre avec attention. Il sera néanmoins nécessaire d’appliquer un protocole méthodologique précis et rigoureux [[52]].
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Résumé : Une technique associée à l’acupuncture est le laser de faible puissance. Utilisée sur le point d’acupuncture, l’émission laser peut remplacer l’aiguille. La connaissance de ses caractéristiques physiques (longueur d’onde, énergie, puissance, irradiance, fluence) est primordiale pour un effet optimal de la thérapie par acupuncture laser (TAL). Les études expérimentales montrent que les effets photobiologiques résultent d’effets directs avec stimulation de la microcirculation (effets sur l’angiogenèse, stimulation trophique au niveau cellulaire) qui engendrent à leur tour des effets indirects : anti-inflammatoires, antalgiques, trophiques, antiallergiques, effets de détoxification par activation des radicaux libres. La TAL a donc un intérêt notable pour tous ceux ayant peur des aiguilles et doit faire partie du panel de soins de la médecine moderne. Néanmoins des essais contrôlés randomisés sont nécessaires pour mieux définir les paramètres d’un traitement optimal. Mots-clés : laser – acupuncture – faible puissance – irradiance – fluence – absorption tissulaire – TPKR – ROS – TNF-α – interleukine IL-1β – récepteurs 5-HT1 et 5-HT2A – β endorphine.
Summary: An acupuncture related technique is the low-power laser. Used on the acupuncture point, the laser output can replace the needle. Knowledge of its physical characteristics (wavelength, energy, power, irradiance, fluence) is essential for optimal effect of laser acupuncture therapy (LAT). Experimental studies show that the photobiological effects result from direct effects with stimulation of the microcirculation (effects on angiogenesis, trophic stimulating in cellular level), which in turn generate indirect effects: anti -inflammatory, analgesic, trophic, antiallergic, detoxification effects by activation of free radicals. LAT thus have a significant for all those with a fear of needles and should be part of the panel care modern medicine interest. Nevertheless, randomized controlled trials are needed to better define the parameters of optimal treatment. Keywords: laser – acupuncture – Low power – irradiance – influence – tissue absorption – TPKR – ROS – TNF- α – IL- 1β interleukin – 5-HT1 and 5 -HT2A – β endorphin.
La thérapie par laser de faible puissance (TLFP) est une forme de photothérapie qui va engendrer différents processus biologiques dépendant de paramètres physiques spécifiques comme la longueur d’onde, la puissance, l’énergie, la fluence et l’irradiance. En raison de ses propriétés antalgiques et anti-inflammatoires, elle peut être utilisée par exemple dans les cervicalgies [[1]], même si son efficacité est controversée dans une autre méta-analyse plus récente [[2]]. Une intéressante modalité de la TLFP est la thérapie par acupuncture laser (TAL) définie comme l’utilisation du laser par stimulation d’une combinaison de points d’acupuncture soit de façon simultanée [[3]], soit de façon séquentielle [[4]] selon les paradigmes de la médecine chinoise. Les avantages du TAL, outre la rapidité du temps de traitement, sont son intérêt chez les personnes ayant la crainte des aiguilles, et surtout le fait de n’entraîner aucun risque d’infection, ni effets secondaires, à condition que patient et praticien protègent leurs yeux par des lunettes adaptées à la longueur d’onde.
Aspects physiques du laser
Quelques notions de base
Un laser (acronyme de l’anglais « Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation » est un appareil qui produit une lumière spatialement et temporellement cohérente basée sur l’effet laser. Celui-ci a pour principe fondamental l’émission stimulée (ou émission induite) décrite en 1917 par Albert Einstein. En 1960, le physicien américain Maiman obtient pour la première fois une émission laser au moyen d’un cristal de rubis. Un an plus tard, Javan mettait au point un laser au gaz (hélium et néon) puis en 1966, Sorokin construisait le premier laser à liquide. Einstein montre que l’émission d’un photon lorsqu’un atome se désexcite peut être induite, stimulée, par un photon de même énergie. Dans ce processus appelé « émission stimulée », le photon émis possède les mêmes caractéristiques que le photon « stimulant » : même énergie, même direction d’émission, même phase, mais avec une énergie double du fait de l’amplification de lumière par émission stimulée de radiation (figure 1).
Le phénomène d’absorption. Lorsqu’il est éclairé par un rayonnement électromagnétique (photon hν = la lumière), un atome peut passer d’un état n à un état n’ > n, en prélevant l’énergie correspondante sur le rayonnement. L’atome passe de son état fondamental E1 vers l’état excité E2.
Le phénomène d’émission stimulée. Un atome dans l’état n’ peut se « désexciter » vers le niveau n sous l’effet d’une onde électromagnétique, qui sera alors amplifiée. On peut l’interpréter comme l’émission d’un photon d’énergie qui vient s’ajouter au rayonnement. La désexcitation de l’atome est stimulée par l’arrivée du photon incident. Le photon émis vient s’ajouter au champ incident : il y a amplification.
Figure 1. Les phénomènes d’absorption et d’émission stimulée expliquant l’effet laser (l’émission spontanée, troisième mécanisme d’interaction qui engendre l’émission d’un photon à direction et phase aléatoire n’est pas abordée dans ce schéma).
Pour avoir un effet laser, il est nécessaire qu’il y ait davantage d’atomes dans l’état excité que dans l’état fondamental : il faut donc provoquer une « inversion de population » et donc sortir de l’état d’équilibre thermodynamique. Un tel déséquilibre est réalisé à partir de méthodes dites de «pompage» qui apportent sans cesse de l’énergie et intensifient la population d’atomes dans l’état excité. On augmente ainsi le taux d’émissions stimulées par « amplification résonante » en utilisant une cavité constituée de deux miroirs parallèles. Dans cette cavité résonante qui constitue un oscillateur optique, on obtient une amplification favorisant l’émission stimulée dans la direction de propagation de la lumière grâce à l’un des miroirs semi-réfléchissants qui permet au faisceau de sortir du dispositif.
Un laser se définit donc par trois éléments fondamentaux :
– Un milieu amplificateur optique de différents types (matériau gazeux, solide ou liquide). Dans ce milieu, on trouve des atomes, molécules, ions ou électrons dont les niveaux d’énergie sont utilisés pour accroître la puissance d’une onde lumineuse au cours de sa propagation. Le principe physique mis en jeu est l’émission stimulée.
– Un système d’excitation du milieu amplificateur (aussi appelé système de pompage) : il permet de créer les conditions d’une amplification lumineuse en apportant l’énergie nécessaire au milieu. Le système de pompage peut être de différente nature : pompage optique (le soleil, lampes flash, lampes à arc continues ou lampes à filament de tungstène, diodes laser ou autres lasers …), électrique (décharges dans des tubes de gaz, courant électrique dans des semi-conducteurs …) ou même chimique.
– La cavité qui permet de recycler les photons et d’obtenir par effet en cascade une amplification de la lumière déjà existante. La cavité la plus simple est constituée de deux miroirs, dont l’un est partiellement réfléchissant. Ce résonateur optique qui est un oscillateur laser permet donc de confiner l’onde à l’intérieur de la cavité, puis d’augmenter son parcours dans le milieu amplificateur, de façon à obtenir une amplification considérable. L’oscillateur laser peut être schématisé par la figure 2 avec ses éléments fondamentaux : le milieu amplificateur excitable, le système de pompage, et les miroirs formant la cavité, dont le miroir de sortie. Différentes techniques permettent d’obtenir une émission autour d’une seule longueur d’onde. Les longueurs d’ondes concernées étaient d’abord les micro-ondes (maser inventé en 1954 par Townes), puis elles se sont étendues aux domaines de l’infrarouge, du visible, de l’ultraviolet et commencent même à s’appliquer aux rayons X [[5],[6]].
Figure 2. Principe de fonctionnement du laser : 1 – milieu excitable ; 2 – énergie de pompage 3 ; – miroir totalement réfléchissant ; 4 – miroir semi-réfléchissant 5 – faisceau laser. Le composé 1, par exemple le gaz He-Ne ou un cristal (rubis, etc.) est placé entre les deux miroirs dont un laisse passer une petite partie de la lumière. Ce composé est ensuite excité de manière à libérer des photons lorsqu’il perd cette énergie (quand les électrons du composé passent à une couche inférieure). La taille du système qui correspond à la cavité résonnante est prévue pour que lorsqu’un photon heurte un miroir, deux photons repartent dans l’autre sens pour générer le faisceau laser (schéma d’après http://fr.wikipedia.org/wiki/Laser).
Les différents types de laser peuvent être classés suivant les caractéristiques qu’ils présentent, en deux grandes catégories :
Dans une première catégorie, sont classés les lasers selon le mode temporel d’émission. On trouve ainsi des sources émettant en mode dit continu (durée de l’impulsion constante, exemple τ>0,25s pour l’He-Ne) ; des sources dites impulsionnelles ou pulsées dont la fréquence et la puissance sont modulables. Ce sont des lasers utilisant une diode capable de fonctionner une très courte durée (quelques femtosecondes) mais avec énormément de puissance (près d’1 MW = 1 000 kW = 1 000 000 W pour les plus puissants).
Dans une seconde catégorie peuvent être classés les lasers pour lesquels la nature du milieu actif diffère [[7]].
– Lasers à gaz tels que les lasers atomiques neutres (laser He-Ne, He-Cd, …), les lasers atomiques ionisés (Argon Ar+, Kryton Kr+) et les lasers moléculaires (CO2, excimères, etc.). Les lasers à gaz couvrent tout le spectre optique, depuis l’ultraviolet jusqu’à l’infrarouge lointain.
– Lasers solides tels que le laser à rubis, Nd-YAG (grenat d’yttrium-aluminium dopé au néodyme Nd-YAG) etc. ;
– Lasers à colorants : utilisation de colorants pour avoir la longueur d’onde exacte désirée (au centième de nanomètre près) ;
– Lasers à semi-conducteurs à diode laser (les photons sont produits par deux semi-conducteurs traversés par un courant électrique) ; à électrons libres ;
– A fibres (le milieu amplificateur est une fibre optique dopée avec des ions rares).
Définition des caractéristiques des émissions lasers
Un laser est caractérisé par sa longueur d’onde en nanomètre (1 nm : 10-9 mètre), son énergie en Joule (J), sa puissance en Watt (W), son irradiance, parfois appelée densité de puissance en Watt/centimètre carré (W/cm² ou mW/cm²), sa fluence ou dose délivrée en Joule/centimètre carré (J/cm²).
La longueur d’onde
Lorsque la longueur d’onde λ (lambda) se situe entre 400 nm et 750 nm, le rayon laser est visible à l’œil humain (exemple : He-Ne 632 nm : rouge ; argon 514 nm : vert). Les longueurs d’onde inférieures à 400 nm sont situées dans l’ultraviolet et celles supérieures à 750 nm figurent dans l’infrarouge. Le tableau I montre le spectre électromagnétique. Les longueurs d’onde entre 633 à 670 nm sont la meilleure option pour la thérapie au laser de faible puissance avec une profondeur de pénétration n’excédant pas le centimètre [[8]].
Tableau I. Spectre électromagnétique et exemples de longueur d’onde avec correspondance avec la fréquence en Hertz (Hz).
L’énergie est la capacité d’un système à produire un travail, entraînant un mouvement ou produisant par exemple de la lumière, de la chaleur ou de l’électricité. C’est une grandeur physique qui caractérise l’état d’un système et qui est d’une manière globale conservée au cours des transformations. L’énergie s’exprime en joules (E= Puissance en mW x Temps en seconde). Exemple : 1J= 1 W-s (watt seconde).
La puissance
La puissance est la quantité d’énergie par unité de temps. L’unité de puissance est le watt qui correspond donc à un joule fourni par seconde. Ne pas confondre la puissance exprimée en watts (W) avec l’énergie exprimée en watt-heures (W-h) ou avec l’unité de variation de puissance exprimée en watts par heure (W/h). En vue de calculer la dose à administrer au point d’acupuncture, il est important de connaître la puissance de sortie du laser. En effet, deux types de laser sont utilisés en médecine : le laser de haute puissance (500mW-50W : hard laser) et le laser de faible puissance (5mW-500mW), encore appelé soft laser ou basse énergie. Celui-ci est utilisé en acupuncture pour ses propriétés non thermiques alors que le hard laser est réservé pour les techniques chirurgicales (scalpel, photo coagulation etc.).
L’irradiance
Il s’agit de la densité de puissance qui quantifie la puissance d’un rayonnement électromagnétique par unité de surface. Elle s’exprime en watts par centimètre carré (W/cm²). I=P/S avec I : irrradiance ; P : puissance et S la surface.
La fluence
C’est l’énergie délivrée par unité de surface, encore appelée dose délivrée, dont l’unité est le J/cm². F= E/S avec F : la fluence ; E : énergie et S : surface. Elle est fonction de l’irradiance et du temps d’application : irradiance x Temps = Fluence. Exemple : Pour traiter une surface de 8 cm2 avec une dose délivrée (fluence) de 3 J/cm2 et un laser de 50mW, il faut un temps de 20 sec x 3 J/cm2 x 8 cm2 = 480 sec soit 8 minutes alors qu’il faut seulement 90 sec avec 250 mW, 45 sec avec 500mW et 24 sec avec 1Watt.
Est ce que 1 J/cm² est équivalent à 1 W/cm² ? Différence entre fluence et irradiance.
En pratique, est ce qu’une dose délivrée sur la peau en 9 minutes de 32 J/cm2 à partir d’une source laser est équivalente à une irradiance de 32 W/cm2 en 9 minutes. Non car il existe un facteur de temps. Ainsi 1 watt n’est pas égal à 1 joule. La puissance en watts est égale à l’énergie en joules, divisée par le temps en secondes. 9 minutes = 540 secondes. Ainsi, une fluence de 32 J/cm ² administrée en 9 minutes est équivalente à une irradiance de 32 J/cm²/540s = 0,059 J/cm² s• = 0,059 W/cm ²
Caractéristiques techniques des lasers de faible puissance
La puissance se situe entre 10 et 500 mW. L’irradiance retrouvée habituellement est comprise entre 5mW/cm² et 5W/cm², la longueur d’onde est comprise entre 600 et 1000 nm et la fluence entre 0,05 et 20 J/cm².
La World Association for Laser Therapy (WALT) a proposé les doses recommandées pour un traitement optimal. Ainsi dans le canal carpien, avec un laser de longueur d’onde compris entre 780 et 860 nm, en émission d’une puissance entre 5 mW et 500 mW, les temps de traitement doivent être compris entre 20 et 300 secondes avec une application d’un minimum de 4 J par point pour un total de 8 J par poignet (traitement réalisé chaque jour pendant 15 jours ou tous les deux jours pendant 4 semaines). Il est nécessaire de différencier la fluence (J/cm²), de l’énergie (J), car par exemple une haute fluence peut facilement être obtenue en jouant sur la surface de traitement ou la surface du faisceau laser. Ainsi 1 joule appliquée sur une surface de 1 cm² (fluence=1 J/cm²) correspondra à une dose délivrée de 10 J/cm² sur une surface de 0,1cm² [9 ,10 ,11 ]. Il est donc important de connaître le diamètre du faisceau laser pour connaître la dose délivrée réelle.
Calcul de la fluence
Les paramètres : laser de 50 mW de puissance en émission constante ; diamètre du faisceau laser : 1 mm ; point traité pendant 5 secondes. Pour calculer la fluence, nous avons besoin de deux paramètres : la puissance et l’aire de distribution du faisceau. Ainsi, 50 mW émis durant 5 s signifie qu’une énergie de 250 mJ =0,25 J a été émise du laser (0,75 J pour 15 secondes). L’aire est égale à 0,785mm², soit 0,00785cm² (1 mm de diamètre). En supposant que l’irradiance soit la même sur chaque point, la fluence sera donc de 0,25 J / 0,00785 cm² = 31,84 J/cm², fluence qui sera délivrée aux cellules en contact direct avec le faisceau laser, soit sur une aire de 0,785mm². Si on veut calculer la dose moyenne de la fluence délivrée sur une aire de 1cm² (diamètre 1,13cm) autour du point de puncture, nous retrouvons une fluence de 0,25 J/cm², ce qui veut dire que l’effet thérapeutique suivra une loi de distribution gaussienne avec effet maximum près de l’ouverture du faisceau et effets moindres plus on s’en éloigne.
Mécanismes d’action du laser de faible puissance
Les effets physiologiques de l’émission laser s’observent déjà pour une irradiance supérieure à 1,3W/cm² [3,[12]]. Une fluence de 4 J/cm2 est considérée comme la dose optimale pour la stimulation biologique d’un point sur la base de résultats empiriques [[13]] bien que de nouvelles recherches concernant le laser ultra faible puissance (3 mW ; 0,45mJ/cm²) objectiveraient également une photo-biostimulation [[14]]. Ainsi la TAL (670 nm ; 3mW ; 0,21 mJ/mm² par point) appliquée sur ES36 et TR5 aurait un effet anti-œdémateux et antalgique sur un modèle de douleur inflammatoire et neuropathique chez le rat. Pas d’action par contre sur la douleur viscérale [[15]].
Mester en 1968 a été le premier à réaliser des travaux de recherche concernant les effets non thermiques des lasers sur la croissance des cheveux de la souris [[16]]. Dans une étude ultérieure [[17]], le même groupe a rapporté une accélération de la cicatrisation des plaies et l’amélioration de la capacité de régénération des fibres musculaires après lésion grâce à un laser basse énergie à rubis (694 nm) d’une fluence d’un 1 J/cm2.
A la différence des lasers forte puissance qui induisent des effets thermiques, l’un des traits les plus marquants des lasers faible puissance est que les effets sont plutôt médiés par un processus appelé photobiostimulation. On utilisera en règle générale des sources de rayonnement dans la région spectrale rouge et proche infrarouge (620 à 1200 nm de longueur d’onde), pour la raison que l’hémoglobine n’absorbe pas ce rayonnement. De ce fait, l’émission laser peut pénétrer plus profondément dans les tissus vivants et interréagir [[18]].
Effets d’absorption tissulaire du rayonnement laser
Outre les spécificités physiques précédemment décrites, il convient effectivement de connaître la profondeur d’absorption du rayonnement laser dans le tissu cutané, ceci afin d’en comprendre le mécanisme d’action. En effet, la structure du tissu se compose essentiellement de chromophores comme l’eau, l’hémoglobine et les pigments tels la mélanine, la bilirubine ou le carotène. Il existe une « fenêtre optique » comprise entre 600 et 1300 nm pour laquelle la pénétration est maximale. Au-delà de 1300 nm, l’eau va absorber toute l’énergie, tout comme en dessous de 600 nm, le rayonnement sera absorbé par l’hémoglobine et les pigments [[19],[20]].
Figure 3. Coefficients d’absorption en mm des trois principaux chromophores biologiques (oxyhémoglobine, mélanine et eau) en fonction de la longueur d’onde (d’après [20]).
Ainsi sur un échantillon de peau abdominale humaine de 0,784mm d’épaisseur, l’intensité du rayonnement laser (longueur d’onde 850 nm ; 100mW ; 0,28mm du diamètre de la sonde) est réduite de 66%. Cela suggère que le rayonnement laser est absorbé dans le premier mm du tissu cutané [[21]]. Notons que le derme qui a une épaisseur moyenne de 1 à 2 mm, est une des trois couches constitutives de la peau comprise entre l’épiderme et l’hypoderme. Il est formé de tissu conjonctif principalement composé d’une matrice extracellulaire produite par des fibroblastes qui interviennent justement dans la mécanotransduction induite par l’acupuncture [[22]]. Ankri et coll. suggèrent que la longueur d’onde optimale pour un effet thérapeutique dans la cicatrisation des lésions est de 730 nm car la pénétration va jusqu’à 1,6mm de profondeur et 0,5mm pour une longueur d’onde à 480 nm [[23]]. Cependant la pénétration du laser diffère aussi selon les localisations cutanées. Ainsi le faisceau laser He-Ne (632,8 nm ; 50 mW) pénètre à 80,5% dans un tissu abdominal de 0,03mm d’épaisseur ; à 6,5% dans un tissu de 2,60mm ; à 0,3% pour 19mm. Au niveau de la face antérieure du bras la pénétration n’est que de 58% pour un tissu cutané de 0,024 mm d’épaisseur et descend à 10% pour un tissu cutané de 1,5mm. Les résultats montrent que la pénétration du rayonnement laser diffère selon les différentes localisations à la surface de la peau [[24]], tout comme on piquera plus ou moins profondément selon les concepts de la médecine traditionnelle chinoise.
Effets photobiologiques de l’émission laser
On peut considérer que les effets photobiologiques vont résulter d’effets primaires ou directs avec stimulation de la microcirculation (effets sur l’angiogenèse, stimulation trophique au niveau cellulaire) engendrant à leur tour des effets indirects : effets anti-inflammatoires et anti-œdémateux, antalgiques, immunosuppresseurs, trophiques et cicatrisants, effets antiallergiques, effets de détoxification par activation des radicaux libres. A ce jour, plusieurs mécanismes d’action biologique ont été proposés, mais aucun n’est clairement établi et satisfaisant. Par ailleurs, ces effets ont été démontrés en utilisant des dispositifs de laser de faible puissance variables et souvent non comparables. Pour ajouter à la confusion, il existe un effet dose-dépendant actif sur une gamme étroite de longueur d’ondes qui peuvent disparaître avec l’augmentation de la dose délivrée. En effet, les effets de la biostimulation par le laser sont régis par la loi d’Arndt-Schultz à savoir que des stimuli faibles activent l’activité physiologique cellulaire alors que les stimuli intenses les diminuent jusqu’à engendrer une réponse négative [[25],[26]]. Selon cette loi, la biostimulation apparaît à une fluence comprise entre 0,05 et 10 J/cm² [[27]], avec une valeur optimale comprise entre 0,5 et 4 J/cm² [[28]] (figure 4).
Figure 4. La loi d’Arndt-Schultz pour thérapie par laser de faible puissance (d’après [28 ]).
Effets directs
Sur la cellule
La stimulation laser à faible puissance favorise la prolifération de plusieurs cellules, principalement à travers l’activation de la chaîne respiratoire mitochondriale et l’initiation de la signalisation cellulaire. Gao et coll. ont réalisé une revue de littérature concernant ces effets et ont montré l’implication des récepteurs à tyrosine kinase (TPKR) qui sont phosphorylés. Les TPKR activés pourraient engendrer à leur tour des éléments de signalisation par transduction (Ras/Raf/MEK/ERK, PI3K/Akt/PI3K/Akt/eNOS etc.). Il y a aussi implication de deux autres voies de transduction : ATP/cAMP/JNK/AP-1 et ROS/Src (dérivés réactifs de l’oxygène). Cela aboutit en aval à la synthèse ou la libération de nombreuses molécules, comme les facteurs de croissance, les interleukines, les cytokines inflammatoires etc. [[29]]. Ces mécanismes cellulaires sont similaires à ceux observés par l’action de l’aiguille d’acupuncture qui déclenche une transduction dans le tissu conjonctif [[30]].
Sur l’angiogenèse et le flux sanguin
Il a été objectivé chez le lapin que le laser (830 nm ; 60 mW ; 40 mW/mm² ; 1,4mm de diamètre, 39 mW/cm² déclenchait une accélération de la vélocité du flux sanguin, une augmentation du diamètre des artérioles dans les groupes traités par acupuncture ou par laser en rapport avec l’accroissement de la concentration en oxyde nitrique (NO) [[31]]. De la même façon, chez l’être humain, on pourra observer un accroissement de la microcirculation par activation de la NO, synthèse via la synthase NO (NOS) pour une longueur d’onde de 385-750 nm (40 mW/cm2, 12 J/cm2) [[32]].Wang et coll. observent même chez des volontaires sains que la TAL (405 nm, 110 mW) appliquée sur 14VG (dazhui) accélère les effets vasculaires périphériques de la microcirculation érythrocytaire [[33]].
Effets anti-inflammatoires
Chez la souris, on observe qu’une fluence de 5 J/cm² pour des longueurs d’onde variant de 635 nm à 905 nm peuvent déclencher une modulation de la réponse inflammatoire en entraînant une régulation positive (uprégulation) de l’expression des gènes de la synthase inductible de l’oxyde nitrique (iNOS) [[34]]. Cela est à nouveau confirmé sur un modèle de blessure musculaire chez le rat Wistar bénéficiant d’une émission par diode laser (GaAlAs) avec les paramètres suivants : mode continu, 808 nm, 30 mW de puissance, 47 secondes d’émission, surface stimulée : 0,00785 cm2, fluence : 180 J/cm2, irradiance 3,8 W/cm2, avec une énergie totale de 1,4 J par point. On retrouve une réduction du stress oxydatif dans le groupe des rats traités (n=20) versus groupe contrôle non traité (n=20) par diminution de la production d’oxyde nitrique (NO), probablement en rapport avec la réduction de la forme inductible (iNOS) de l’oxyde nitrique. En outre, la thérapie par laser de faible puissance (TLFP) augmente l’expression du gène de la superoxide dismutase (SOD, antioxydant permettant de lutter contre les radicaux libres de type ROS) et une réduction de la réponse inflammatoire mesurée par la diminution de l’expression du gène du NF-kβ, de la cyclooxygénase-2 (COX2), inhibant la libération de cytokines pro-inflammatoires comme le TNF-α, et l’interleukine IL-1β [[35]].
Un travail très récent sur un modèle de lésion musculaire inflammatoire chez le rat confirme que la TLFP (904 nm ; pulsé à 700 Hz ; 60 mW ; irradiance =1,67 W/cm² ; 1 J) diminue de manière significative (p <0,05) les cytokines inflammatoires telles que l’IL-1β, IL-6 et les concentrations de TNF-α par rapport au groupe non traité ainsi que les groupes diclofénac et cryothérapie [[36]].
Piva et coll. ont analysé vingt-deux travaux de recherche réalisés aussi bien in vitro (chez l’animal) qu’in vivo (chez l’homme). Ils ont conclu que la TLFP exerce un important effet anti-inflammatoire précoce dans les processus de cicatrisation en réduisant les cytokines pro-inflammatoires comme l’IL-1β, l’IL-2, les IL-6 et 10, le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α), l’histamine, la prostaglandine E2 (PGE2). Par ailleurs, la TLPF réduit aussi la migration des cellules inflammatoires comme les leucocytes, les neutrophiles et augmente les facteurs de croissance tels que le fibroblast growth factor-2 (FGF-2), le platelet-derived growth factor (PDGF), l’insulin-like growth factor 1 (IGF-1) et l’insulin-like growth factor-binding protein 3 (IGFBP3) etc. Les auteurs montrent néanmoins un manque de standardisation sur le choix des paramètres physiques et observent par exemple que la plupart des lasers utilisés concernaient la longueur d’onde comprise entre 632,8 et 685 nm [[37]].
Effets analgésiques
Sur un modèle de rat, la stimulation du point zusanli (36ES) bilatéralement par laser pendant 6 secondes (830 nm ; 30 mW ; 1,6 mm de diamètre de faisceau ; 3 J/cm², 6 mm² d’aire, 180 mJ) inhibe les contractions abdominales induites par injection d’acide acétique intra-péritonéale et à la fois les douleurs nociceptives et inflammatoires induites par le formaline. Les auteurs démontrent que ces effets sont médiés par l’activation des systèmes opioïdes (β endorphine) et sérotoninergiques (récepteurs 5-HT1 et 5-HT2A, mais pas les récepteurs 5-HT3) [[38]]. Ce travail corrobore l’étude réalisée par Hagiwara et coll. qui objectivait l’effet analgésique du laser en rapport avec la libération de β endorphines [[39]].
Effets antiallergiques
La stimulation de la muqueuse intra-nasale incluant le point hors méridien neiyingxiang (EX-HN9) par un dispositif laser de faible puissance (658 nm, 30 mW, 0,2 cm², 320s :1000 mJ/cm² et 640s : 2000 mJ/cm²) sur un modèle de rhinite allergique chez la souris entraîne une inhibition statistiquement significative de la concentration totale en IgE, en interleukine IL-4, en interféron de type II (IFN-γ) et en TARC (CCL17), chimiokine en rapport avec une réponse humorale des lymphocytes Th2. Il sera noté que la faible fluence 1000 mJ/cm² est plus efficace que la haute fluence (2000 mJ/cm²). Les auteurs notent l’importance de la dose thérapeutique optimale, sans doute en rapport avec la loi d’Arndt-Schultz [[40]].
Conclusion
Le laser provoque peu ou pas de sensations, avantage notable pour tous ceux ayant peur des aiguilles d’acupuncture, ou en pédiatrie. Néanmoins, il est important d’en connaître ses caractéristiques physiques. Plusieurs mécanismes d’action biologique ont été proposés. Aucun n’est clairement établi et satisfaisant car trop de variables influent sur les résultats. Aussi, des essais contrôlés randomisés sont nécessaires pour mieux définir les paramètres d’un traitement optimal, incluant la longueur d’onde, l’irradiance, la fluence et l’énergie du laser, afin de maximiser les avantages physiologiques et la rentabilité de cette technique thérapeutique associée à l’acupuncture.
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Crémation au temple de Pashupatinath – Katmandou – Népal
Résumé : Introduction. L’objectif de ce travail est d’évaluer la possibilité d’utiliser la moxibustion en obstétrique. Méthodes. Après avoir étudié l’origine, les différentes variétés, puis décrit les caractéristiques générales de la moxibustion, à savoir les effets thermiques, électromagnétiques et pharmacologiques, cette étude synthétique s’intéressera aux effets secondaires et la sécurité. Des études de cas concernant l’intérêt de la moxibustion dans les versions pour présentation de siège seront à la base de la discussion faisant un état des lieux des méta-analyses et des essais comparatifs randomisés (ECR) ainsi que d’une explication théorique des mécanismes d’action de la moxibustion. Même approche concernant le syndrome douloureux pelvien gravidique (syndrome de Lacomme) et les douleurs lombaires basses. Les autres applications de la moxibustion, telles l’asthénie, l’accélération du travail seront également étudiées. Résultats. Il est souhaitable que la moxibustion soit proposée dans le panel des soins de santé à offrir aux femmes enceintes associée ou non aux autres techniques comme l’acupuncture ou l’électroacupuncture.. Conclusion. La moxibustion peut être utilisée seule ou en association avec le traitement classique dans le cadre de la médecine intégrative. Selon les preuves issues des méta-analyses, des ECR, on peut considérer sa contribution utile, efficace et sans effets indésirables. Néanmoins, du fait de nombreux biais (population insuffisante, grande hétérogénéité des ECR, etc.), il est nécessaire de réaliser des ECR de grande qualité méthodologique pour que l’on puisse proposer la moxibustion en obstétrique avec un grade A de preuve scientifique établie selon la Haute Autorité de Santé française. Mots clés : Moxibustion – présentation du siège – obstétrique – syndrome de Lacomme – syndrome douloureux pelvien – mécanismes d’action.
Summary: Introduction. The objective of this work is to evaluate the possibility of using moxibustion in obstetrics. Methods. After studying the origin, the different varieties and then describing the general characteristics of the moxibustion, namely the thermal, electromagnetic and pharmacological effects, this synthetic study will focus on side effects and safety. Case studies of the relevance of moxibustion in breech versions will form the basis of the discussion of the state of play of meta-analyzes and randomized controlled trials (RCTs) as well as a theoretical explanation of mechanisms of action of moxibustion. Same approach regarding pelvic pain syndrome (Lacomme syndrome) and low back pain. Other applications of moxibustion, such as asthenia, acceleration of work will also be studied. Results. It is desirable that moxibustion be offered in the panel of health care to offer to pregnant women associated or not with other techniques such as acupuncture or electroacupuncture. Conclusion. Moxibustion can be used alone or in combination with conventional therapy in integrative medicine. According to the evidence from the meta-analyzes, RCTs, one can consider its contribution useful, effective and without undesirable effects. However, because of many biases (insufficient population, high heterogeneity of RCTs, etc.), it is necessary to perform RCTs of high methodological quality so that moxibustion in obstetrics can be proposed with a grade A of established scientific evidence established by the French High Authority of Health.. Keywords: Moxibustion – presentation of the seat – obstetrics – Lacomme syndrome – pelvic pain syndrome – mechanisms of action.
Origine de la moxibustion
La première utilisation de la moxibustion pourrait dater de la dynastie Shang, également appelée dynastie Yin (1600 AEC à 1046 AEC) car notifiée sur les oracles écrits sur plastron de tortue (Jiagu Wen, 甲骨文) [[1],[2]].
Mais c’est en 1973 lors de la découverte des vingt manuscrits médicaux sur rouleaux de soie ou de bambou à Mawangdui (dynasties de Qin (221 BC-206 BC) et des Han (206 BC-220 AD) que l’on trouva une trace écrite plus importante. Ainsi les premiers livres excavés de la tombe 3 traitant de moxibustion furent le Canon de moxibustion des onze méridiens yin et yang –version A (Yingyang shiyimai jiujing –jiaben), le Canon de moxibustion des onze vaisseaux du pied et de l’avant-bras et les Prescriptions pour 52 affections qui fut le premier manuscrit de prescriptions s’intéressant à cent-trois maladies et donnant deux-cent-quatre-vingt-trois formules et huit protocoles de moxibustion [[3],[4]].
Les différentes moxibustions
Deux types de moxibustion sont appliquées : la moxibustion directe et la moxibustion indirecte.
La moxibustion directe
La moxibustion indirecte
Elle est dite indirecte (appelée onkyu au Japon) [[5]] car il n’y a pas de contact direct du moxa avec la peau et de ce fait, n’entraîne ni brûlures ni cicatrices.
Les caractéristiques générales de la moxibustion
Trois effets ont été décrits : thermique, rayonnement électromagnétique et pharmacologique.
Effets thermiques de la moxibustion indirecte
Brûler un moxa produit une haute température d’environ 400 à 890°C. Superficiellement, la température tombe à environ 65° au niveau de la peau, puis en sous-cutané passe à 45°C. Une activation des thermorécepteurs type récepteurs TRPV (transient receptor potential vanilloide) et des récepteurs polymodaux [note 1] se produit, puis activation des neurones nociceptifs du subnucleus reticularis dorsalis (SRD) à l’étage supra-médullaire au niveau de la formation réticulée bulbaire [6-11]. Les effets de la moxibustion sur la peau déclenchent des douleurs, phlyctènes et autres irritations cutanées comme des exsudats. Au niveau du point de brûlure, il existe une vasoconstriction alors qu’autour on retrouve une vasodilatation avec augmentation de la circulation sanguine artérielle périphérique et de la perméabilité microvasculaire. Enfin, une induction des protéines de choc thermique (HSP)[note 2] dans les tissus locaux (HSP70, 85, 100) va impliquer un pliage et un déploiement d’autres protéines, facteurs protecteurs endogènes en réponse à l’hyperthermie et autres stress environnementaux (figure 1) [7,12-14].
Figure 1. Explication du fonctionnement d’Hsp70. La structure des protéines est sensible à la chaleur, elles se dénaturent et perdent leurs fonctions biologiques. Le rôle des protéines chaperons est de prévenir les dommages potentiellement causés par une perte de fonction protéique due à un mauvais repliement tridimensionnel. La protéine mal conformée pénètre dans Hsp70 schématisé sous forme d’un cylindre. Celui-ci va replier la protéine qui ressortira avec sa conformation définitive. Par K90 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5262114.
Effets de rayonnement
Le moxa émet un rayonnement lumineux et infrarouge (IR). Donc effet thermique mais aussi électromagnétique avec un pic infrarouge du bâton armoise à 3,5µm avec une intensité d’émission de 43300,41 mV (figure 2). Cette longueur d’onde correspond à l’infrarouge proche (PIR) : 0,78 à 3 µm et à l’infrarouge moyen MIR de 3 à 50 µm. Lorsque les PIR irradient le corps, la lumière réfléchie par la peau est relativement faible et l’énergie peut être transmise dans la peau à environ 10 mm de profondeur, atteindre les tissus. Cela peut induire certaines substances actives produite dans les tissus, après avoir été absorbé par le tissu conjonctif, les vaisseaux sanguins, lymphatiques et les nerfs. Les IR favoriseraient la circulation sanguine et amélioreraient les activités enzymatiques cellulaires [6,[15]].
Figure 2. Spectre de rayonnement infrarouge d’un bâton traditionnel de moxa (pic à 3,5µm et intensité d’émission à 43300,31mV), d’un bâton de moxa sans fumée (pic à 7,5µm ; intensité d’émission : 31,15 mV) et d’une cigarette de tabac de marque 555 (pic à 3,5µm ; intensité d’émission : 37,03 mV). Schéma d’après [15].
Effets pharmacologiques de la moxibustion indirecte
L’armoise commune, encore appelée armoise citronnelle (Artemisia vulgaris L) est une espèce de plantes herbacées vivaces de la famille des Astéracées ou Composées (Asteraceae). On n’oublie pas que son genre vient du nom latin Artémis, déesse de la fertilité et représentée comme la mère nourricière allaitant l’humanité par ses nombreux seins gorgés du lait divin. C’est aussi la déesse de la fécondité, des femmes mais surtout des jeunes filles vierges, la protectrice des enfants. Ne pas confondre l’Artemisia vulgaris L dont la base d’armoise séchée et broyée est utilisée pour fabriquer les bâtonnets de moxa avec l’armoise annuelle (Artemisia annua L.) mise à l’honneur par le Nobel de Tu Youyou dans le développement pharmaceutique de la substance antipaludique l’artémisinine [[16],[17]]. On distingue dans l’armoise les huiles volatiles (0,45% à 1%) et la fumée du moxa. Il existe plus de soixante types de composants. On notera dans les huiles volatiles issues de la combustion le 1,8-cinéole, les alcènes (alpha-thujène, pinène, sabinène, etc.), le camphre, le bornéol, les aldéhydes, cétones, phénols, alcanes et composés de la série benzénique, les tanins, flavonoïdes, stérols, des polysaccharides, oligo-éléments et d’autres ingrédients. Dans la fumée, les ingrédients sont l’ammoniac, les alcools (éthylène glycol, pentyl butanol), les hydrocarbures aliphatiques, les hydrocarbures aromatiques, les composés terpéniques et leurs oxydes, etc. [6,7,[18]].
Les produits de combustion du moxa pénètrent dans le corps humain à travers la peau. Leur action est variable en fonction de la pathologie. Par exemple, le camphre aura une action importante sur le système respiratoire. La fumée a une action antivirale, anti-infectieuse, etc. [2,6]. Chez le rat, une action immunomodulatrice sur les lymphocytes T a été objectivée par diminution des proportions des lymphocytes T régulateurs (Treg) CD4+CD25+ dans les cellules T CD4+ dans le sang périphérique[note 3] [[19]].
Sécurité et effets indésirables de la moxibustion
Il faudra, avant de commencer une moxibustion, s’assurer qu’il n’existe pas d’allergie à l’Artemisia vulgaris L, tout en s’assurant de la possible allergie croisée avec les ombellifères (anis, carotte, céleri, coriandre, cumin, fenouil, persil, poivre vert..).
Plusieurs études ont démontré que dans les salles uniquement réservées à la moxibustion, la pollution de l’air est manifeste. On observe une augmentation des concentrations d’oxyde de carbone (CO et CO2), monoxyde d’azote (NO), de composés organiques volatils (COV). Ces niveaux globaux de pollution sont dans les limites de sécurité à condition de réaliser la moxibustion dans une grande pièce ventilée ou d’utiliser une ventilation avec extracteur et purificateur de l’air [[20]]. Ainsi l’étude de Mo et coll. a détecté les nombreux polluants dans les salles réservées à la moxibustion (tableau I) [[21]]. La moxibustion induit également la libération de particules fines (PM10 et PM2,5)[note 4]. Les dommages oxydatifs des PM2,5 ou PM10 sur l’ADN induits par la moxibustion chez les patients sont néanmoins inférieurs à ceux rapportés dans d’autres environnements. Cependant, la concentration des PM2,5 et PM10 après la moxibustion est encore relativement élevée. Les auteurs recommandent donc aussi d’assurer une ventilation adéquate pendant la moxibustion de façon à réduire les risques éventuels. Notons que ce sont surtout les praticiens qui sont les plus exposés [[22],[23]].
Tableau I. Les différents polluants.
Effets indésirables
En 2010, Park et coll. ont répertorié tous les effets indésirables rapportés dans la littérature. Ils ont réalisé une revue de la littérature et analysé vingt et une études (treize études de cas, sept études cliniques dont quatre ECR et une enquête prospective). Les effets indésirables les plus habituels identifiés dans cette revue sont : réactions allergiques, infections dues aux brûlures (cellulite, hépatite C, abcès), xérophtalmie, xérodermie, macules hyperpigmentées, ptosis et éversion des paupières, rubéfaction, prurit, gêne due à la fumée, fatigue générale, troubles gastriques, céphalées, épigastralgies, douleurs de l’hypocondre, odeur désagréable avec ou sans nausées et problèmes de gorge, douleurs abdominales. Chez les femmes enceintes : naissance prématurée, rupture prématurée de la membrane, hémorragies dues à une pression excessive sur le placenta antérieur [[24]]. La revue systématique de Xue et coll. réalisée en 2014 décrit soixante-quatre cas d’effets indésirables retrouvés dans vingt-quatre articles et rapportés dans six pays (tableau II) [[25]]. En conclusion, la moxibustion n’est pas entièrement sans risque, car comporte plusieurs types d’effets secondaires : surtout les brûlures, les allergies et les infections.
Tableau II. Soixante-quatre effets indésirables. Entre parenthèses, le nombre de cas répertoriés.
Présentation du siège : version par moxibustion
Cas cliniques
Quatre femmes enceintes en présentation du siège ont bénéficié d’un protocole commun : moxibustion sur le point 67V (zhiyin) le jour de la consultation, puis après explication documentée de séances quotidiennes de 30 mn à la maison pendant 15 jours par le conjoint.
Premier cas : GR. Héléna, 26 ans : nullipare à 36 semaine d’aménorrhée (SA) et 6 jours a bénéficié de la puncture en plus au 67V.
Deuxième cas : DU Emilie, 37 ans, allergique à la coriandre, seconde geste à 34SA a bénéficié d’un moxa par l’intermédiaire d’un moxa électrique (Premio 10 Sedatelec®), puis à la maison par le moxel électrique Phu xan®.
Troisième cas : LE Faustine, 27 ans, seconde geste à 34SA5j présente une langue pâle avec l’empreinte des dents, les pouls sont fins (xi) et profonds (chen). De ce fait au 67V, sont rajoutés les points en moxa 9R (zhubin), 6MC (neiguan), 4Rt (gongsun).
Dernier cas : LI Lucie, 34 ans, 2e geste à 33SA, sans antécédents particuliers non plus. La langue est aussi pâle mais sans empreinte des dents ; les pouls fins et profonds.
Au terme des 15 jours et des 450 mn de moxibustion, il s’avère que seul le dernier cas, LI Lucie aura une version réussie.
Discussion
En France, 68% des nouveau-nés en présentation du siège bénéficient d’une césarienne non dénuée de risques. Afin de diminuer la fréquence de ce problème, la réalisation d’une version par manœuvres externes (VME) est habituellement proposée vers la 36e SA. Il existe des versions spontanées jusqu’à la 34e SA, 77% de versions spontanées par exemple à 32 SA, mais versions qui passent à 83% si réalisées par moxibustion (figure 3) [[26],[27]]. La VME est efficace dans 65% des cas lorsqu’elle est réalisée à 36 SA mais reste néanmoins souvent douloureuse et peut engendrer exceptionnellement une souffrance fœtale, sans oublier les onéreux frais d’hospitalisation [[28]]. D’où l’intérêt de la version par moxibustion initiée par les chinois dès 1983 [[29]].
Figure 3. Probabilité de version spontanée comparée à celle obtenue par moxibustion en fonction de l’âge de la grossesse. Schéma d’après [26,27].
Les ECR et méta-analyses
L’un des premiers auteurs à le démontrer a été Cardini en 1998. Il a objectivé dans un essai comparatif randomisé (ECR) en intention de traiter et de bonne qualité méthodologique (Jadad=3/5), et ce malgré qu’il ne soit pas en insu, que la moxibustion était bénéfique (figure 4) [[30]].
Figure 4. L’ECR de Cardini de 1998 [30].
De nombreux ECR sont parus à sa suite avec des résultats contradictoires [31-40]. Les méta-analyses de Vas et coll. en 2009 [[41]] puis celle de Zhang et coll. en 2013 [[42]] objectivent toutes deux que la moxibustion a un effet bénéfique. Ainsi celle de Vas (7 ECR) objective que la version est réalisée à 72,5% dans le groupe moxa versus 53,2% dans le groupe témoin (RR=1,36 ; intervalle de confiance à 95%=1,17-1,58). Mais il existe une grande hétérogénéité des ECR, le test I² de Higgins étant à 64% [5]. Pour Zhang, même chose, la moxibustion versus groupe témoin montre son efficacité RR=1,29 ; IC95%=1,12-1,49). Par contre le test I²=0%, sans hétérogénéité car ayant justement exclus tous les ECR pouvant l’engendrer ; de ce fait seuls quatre ECR entrent dans la méta-analyse.
Le protocole de moxibustion
Johan Nguyen avait objectivé que pour que la moxibustion soit efficace dans les versions, trois éléments étaient indispensables : l’âge de la grossesse, l’intensité de la stimulation et la nature de la stimulation [[43]]. Depuis, avec les nouveaux ECR réalisés, on se rend compte que très souvent les échecs des versions par moxibustion sont en rapport avec le fait que les protocoles commencent trop tardivement après 34SA, que l’intensité de stimulation est trop faible et/ou qu’on utilise une moxibustion sans armoise avec des bâtonnets sans fumée ou des aiguilles chauffées [[44]]. Le tableau III récapitule les différents protocoles et objective l’âge de la grossesse en SA et l’intensité de la stimulation permettant de comprendre les échecs et succès de la moxibustion.
De ce fait, en 2014 un protocole de consensus a été établi par seize experts acupuncteurs selon la méthode Delphi[note 6] [[45]]. Ils proposent que la moxibustion commence entre la 34 et 35e SA. L’utilisation d’un bâtonnet sans fumée et inodore doit être préconisé afin d’éviter les odeurs. Les séances doivent être quotidiennes et durer 30mn pendant dix jours, soit 300 minutes d’intensité.
Cela ne correspond pas tout à fait aux préconisations plus strictes établies dix ans plutôt et qui préconisait de commencer dès la 33e semaine, avec des séances quotidiennes de 30mn pendant semaines (420mn) et à l’aide d’un bâton d’armoise (compte-tenu des propriétés pharmacologiques) [[46]].
En conclusion, il faudra attendre un ECR de haute qualité méthodologique et de grande puissance pour voir quel protocole est le meilleur, même s’il semble, à la lecture du tableau III, que celui préconisant l’intensité plus forte et le moxa à l’armoise garantisse davantage la version du siège.
Tableau III. Protocole des ECR évaluant l’acupuncture ou la moxibustion au 67V dans les versions du siège. En grisé : effet positif de la moxibustion ; en blanc : pas d’effet. Mise à jour du tableau de [43].
Auteurs
Age de la grossesse
Technique
Séances
Durée
Nombre/ rythme
Quantité en minutes
GC Jiangxi 1983 [29]
28-32e semaine
Moxibustion(domicile)
30 minutes
2 fois par jour7 jours
420 mn(maxima)
Cardini 1998 [30]
33e semaine
Moxibustion(domicile)
30 minutes
Une séance à deux séances par jour ,- 7 à 14 séances.
420 mn(maxima)
Lin 2002 [34]
30-37e semaine
Moxibustion (domicile) et position génu-pectorale
30 minutes
2 fois par jour jusqu’à version moyenne (3 -6 jours)
216 mn(moyenne)
Cardini 2005 [35]
32-33e semaine
Moxibustion(domicile)
30 minutes
2 séances par jour, 14 séances. (arrêt prématuré suite intolérance odeur)
420 mn(maxima)
Yang 2006 [36]
28-34e semaine
Moxibustion (domicile)position génu-pectorale
15-20 minutes
2 fois par jour jusqu’à version moyenne (7 jours)
245 mn(moyenne)
Guittier 2009 [33]
34-38e semaine
Moxibustion(maternité et domicile)
20 minutes
1 séance /j1 4 jours
280 mn
Millereau 2009 [38]
34e semaine
Moxibustion
15-20 minutes
Une séance par jour, une semaine.
140 mn(maxima)
Do 2011 [37]
34-36,5e semaine
Moxibustion
20 minutes
2 fois par jour10 jours
400 mn
Vas 2013 [32]
33-35e semaine
Moxibustion (domicile)
20 minutes
Une séance par jour,15 jours
300 mn
Neri 2014 [31]
33-35e semaine
Acupuncture suivi de moxibustion(maternité)
20 minutes
2 séances par semaine 4 séances
80 mn
Bue 2016 [39]
32-36e (33 moyenne)
Moxibustion (maternité)
15-20 minutes
1 séance /j1 4 jours
280 mn maxi
Coulon 2016 [40]
33e 4/7 – 35e 4/7
Moxibustion (maternité)
20 minutes
6 jours
120 mn
Hypothèses du mécanisme d’action dans les versions
Il est postulé que la moxibustion engendre une cascade de réactions biochimiques avec augmentation de l’activité corticosurrénale, augmentation de la production d’œstrogènes par l’unité fœto-placentaire avec augmentation du ratio prostaglandine F2α / prostaglandine E2. Cela augmenterait le tonus basal utérin et de par ce fait, augmenterait la contractilité, d’où stimulation des mouvements fœtaux qui rendraient la version spontanée plus probable [[47]]. Chez les vaches, on a pu démontrer que la moxibustion avait le même effet que la prostaglandine F2α dans l’involution utérine en postpartum [[48]].
Les effets indésirables de la moxibustion dans les versions
Aucune altération au cardiotocogramme n’a été objectivé par Guittier et coll. [[49]] lors d’une version par moxibustion chez des femmes entre 34 et 36SA. Aucun effet secondaire maternel ou fœtal significatif n’a été observé. Ce qui a été confirmé par les revues de littérature de Park et coll. [24] et Xu et coll. [25] qui ont considéré les naissances prématurées, les ruptures prématurées des membranes, les odeurs déplaisantes avec nausées après moxas, les douleurs abdominales comme des incidents liés de manière improbable à la moxibustion. De ce fait, on peut les comparer aux effets indésirables répertoriés dans une analyse rétrospective de 1121 patientes ayant bénéficié de versions par manœuvres externes (VME) proposées généralement entre 35 et 36SA. Les auteurs objectivent pour 3,32% de réussite, 0,45% de complications graves : un décollement placentaire, une césarienne d’urgence pour détresse fœtale, deux torsions du cordon, un décès fœtal attribuable à une VME réussie ; et 4,28% de complications mineures : rupture de membranes, anomalies au cardiotocogramme, hémorragies [[50]].
Maman et son enfant – Sénégal
Syndrome douloureux pelvien gravidique (syndrome de Lacomme) et douleurs lombaires basses
Cas clinique
Mme H. Cindy, kinésithérapeute, 30 ans, 30SA, 1m69, 79kgs (+14kgs par rapport au début), présente une lombalgie basse avec irradiation au niveau de la fesse gauche depuis le 4e mois de grossesse. Elle est très asthéniée et en arrêt de travail depuis deux mois. Sa douleur insomniante mesurée sur une échelle visuelle analogique est 7 à 8. La langue pâle, les pouls profonds (chen), fins (xi) et tendus (xian) la fait entrer selon la différenciation des syndromes (bianzheng) dans le cadre nosologique de Vide de yang des Reins qui se prolonge en s’associant au Vide de yin des Reins, en raison de l’insomnie. La moxibustion est préconisée aux points shenshu (23V), yaoyangguan (3VG), mingmen (4VG), taixi (3R), fuliu (7R), zhubin (9R), yanglingquan (34VB), xuanzhong (39VB), shangliao (31V). L’amélioration se fait sentir au bout de trois séances à une semaine d’intervalle.
Discussion
Hypothèses du mécanisme d’action dans les algies
Alors que les récepteurs polymodaux détectent autant les stimuli chimiques, mécaniques et thermiques douloureux, les récepteurs TRPV (transient receptor potential vanilloide) sont des récepteurs ionotropiques unimodaux activés par des molécules de la famille des vanilloïdes telle que la capsaïcine présente dans le piment[ note 7]. Ils interviennent dans les mécanismes nociceptifs et s’activent en réponse à un stimulus thermique supérieur à 44°C. La moxibustion a une action sur les TRPV1, TRPV2, TRPV3, TRPV4, mais principalement sur les TRPV1 et TRPV2. Ainsi les récepteurs TRPV sont activés par un seuil thermique : ≥ 43℃ pour TRPV1, ≥ 52℃ pour TRPV2, > 34-38℃ pour TRPV3, > 27-35℃ pour TRPV4.3 [51-53]. Ainsi Fu et coll. ont objectivé que la moxibustion du dachangshu (25V) peut réduite l’hyperalgie viscérale chez le rat par régulation négative de l’expression de l’ARNm des TPRV1 [[54]]. Par ailleurs, ont été observés des effets anti-inflammatoires par régulation négative des protéines SOCS 1 et SOCS 3 (protéines de signalisation des cytokines) au niveau liquide synovial dans un modèle de maladie rhumatoïde chez le lapin [[55]]. De même, des effets analgésiques et anti-inflammatoires sur des modèles des douleurs neuropathiques et inflammatoires chez la souris ont été démontrés, corrélés par la réduction de certaines interleukines comme les interleukines IL-1, IL-6 et le TNF-alpha [56,57].
Au niveau local, la moxibustion agirait sur les radicaux libres en diminuant les réactions inflammatoires, en augmentant la superoxyde dismutase (SOD), les catalases, le glutathion [[58]]. La moxibustion accélérait la microcirculation sanguine, éliminerait les médiateurs inflammatoires par son action sur le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) [[59]].
Un autre effet anti-inflammatoire serait réalisé par la fumée du moxa comme le démontre l’étude de Matsumoto et coll. qui observent que l’inhibition de la production de monoxyde d’azote (NO) par cette fumée engendre probablement une inhibition de l’expression de iNOS[note 8] [[60]].
Pour terminer, Zhou et coll. ont objectivé que les interventions de moxibustion à température différente provoquaient différents effets analgésiques. Ainsi il est suggéré que plus la température de la moxibustion est élevée, meilleur est l’effet analgésique chez les souris inflammatoires chroniques ; dans la douleur neuropathique, la température plus élevée (47°C ou 52°C) de moxibustion produit un effet analgésique plus fort qu’une température plus basse (37° C ou 42°C) [[61]].
Les ECR dans les algies en obstétrique
Aucun ECR n’a été réalisé concernant la moxibustion dans les syndromes douloureux pelviens gravidiques. Les seuls ECR réalisés et montrant une efficacité l’ont été par électroacupuncture [[62]]. Néanmoins, dans les douleurs des contractions utérines durant le travail, la moxibustion a été utilisée avec succès. Il s’agit d’un ECR (n=164) à trois bras : un groupe moxa (n=59 – moxibustion sur le point sanyinjiao (6Rt) pendant 30 min lorsque le col de l’utérus est perméable à 3 cm) ; un groupe traité par placebo (n=57 – moxibustion sans acupoint pendant 30 min ; un groupe témoin (58 cas – traitement conventionnel des douleurs des contractions utérines [[63]]. Le critère d’évaluation principal était la mesure de la douleur par échelle visuelle analogique (EVA). On observait que les douleurs étaient diminuées après 15 min et 30 min de moxibustion (p<0,05). Pas de changements significatifs des scores des EVA dans le groupe traité par placebo et dans le groupe témoin. Par contre, les algies ont diminué beaucoup plus nettement dans le groupe moxa versus les deux autres groupes (p<0,05). L’évaluation de la douleur réalisées par les sages-femmes : après 30 min, l’analgésie du travail était de 69,5% (41/59) dans le groupe moxa versus 45,6% (26/57) dans le groupe placebo et versus 43,1% (25/58) dans le groupe témoin (p<0,05). La quantité d’hémorragie post-partum (critère secondaire d’évaluation) dans groupe moxa était inférieure à celle du groupe traité par placebo et du groupe témoin (p<0,05). Le score d’Apgar du nouveau-né était plus élevé dans le groupe traité par moxa et dans le groupe placebo que dans le groupe témoin (p <0,05). Les auteurs concluaient que la moxibustion pouvait soulager la douleur des contractions utérines lors du travail, n’avait aucun effet secondaire retrouvé chez la mère et le nourrisson et pouvait donc être une des méthodes d’analgésie non médicamenteuse sûre, efficace.
Les méta-analyses dans les algies en dehors de l’obstétrique
On a des preuves convaincantes suggérant que la moxibustion, comparée à la moxibustion fictive et aux médicaments oraux, est efficace dans la réduction de la douleur et la gestion des symptômes de la gonarthrose. Mais le niveau de preuve est modéré, du fait du risque élevé de biais et la petite taille de la population (tableau IV) [[64]]. Dans les algies liées à l’ostéoporose, la revue systématique (13 ECR, n=808) de Xu et coll. [[65]] offre également des preuves limitées du fait de la grande hétérogénéité des ECR que la moxibustion associée à une thérapeutique anti-ostéoporotique pourrait être plus antalgique (amélioration à l’EVA de 2 points dans 4 ECR) par rapport aux traitements classiques de vitamine D-Calcium ou alendronate ou calcitriol seuls. Mais en raison de la faiblesse méthodologique des ECR, on ne peut donner de conclusion définitive quant à l’efficacité de la moxibustion.
Une technique particulière appliquant la recherche des points thermo-sensibles a objectivé aussi une amélioration des lombo-sciatalgies liées à une hernie discale par moxibustion de ces points thermosensibles, en l’occurrence : jiaji (EX-B 2), ciliao (32V), zhibian (54V), huantiao (30VB), weizhong (40V), yanglingquan (34VB), kunlun (60V) en les moxant une fois par jour durant sept jours [[66]].
Tableau IV. Méta-analyse de Choi et coll. objectivant l’efficacité de la moxibustion indirecte dans la gonarthrose (14 ECR).
Autres applications de la moxibustion
Un cas clinique a objectivé que dans l’hypogalactie associée à une asthénie et un début de dépression post-partum la moxibustion avait une grande valeur thérapeutique [[67]]. Il s’agissait selon les tableaux de différenciation des syndromes bianzheng d’un Vide du qi des Reins. Il n’existe pas d’ECR spécifique de la moxibustion dans la dépression et l’hypogalactie utilisant la moxibustion seule. Par contre un ECR a montré que cette dame qui avait eu un long accouchement dystocique au démarrage aurait pu bénéficier de la moxibustion sur le sanyinjiao (6Rt) qui permet de raccourcir la première et seconde phase de travail [[68]] et de réduire les hémorragies du post-partum [[69]]. Et même s’il n’existe pas d’études spécifiques de la moxibustion en cas de fatigue ou de dépression chez la femme enceinte, on peut considérer qu’elle ne peut qu’être efficace si on fait un parallèle avec la fatigue liée au cancer. En effet, la moxibustion y a des effets favorables (RR=1,73 ; IC95% :1,29 à 2,32 ; p=0,0003 ; hétérogénéité, I² = 15%, p = 0,32) comme on le voit dans cette méta-analyse de quatre ECR (n=374) [[70]], même s’il existe un risque élevé de biais.
Du point de vue des mécanismes physiopathologiques, il semblerait que la moxibustion agirait sur le système nerveux autonome comme démontré chez l’homme [[71]] ou chez le rat [[72]] où il est observé une augmentation du débit sanguin du cortex cérébral par action intracérébrale des afférences cholinergiques.
Conclusion
De plus en plus d’ECR sur la moxibustion sont publiés. Ici, une méta-analyse de onze ECR (n=969) objective une amélioration des symptômes du syndrome du côlon irritable [[73]] qui montre que la moxibustion associée à l’acupuncture est plus efficace que le traitement conventionnel (RR=1,27 ; IC95%=1,09 à 1,49) ou là, une méta-analyse de vingt-deux ECR parue en 2016 qui considère que la moxibustion devrait être une nouvelle option thérapeutique dans l’insomnie primaire car, plus efficace versus médicaments occidentaux (RR=1,16 ; IC95%=1,09 à 1,24, p<0,00001) [[74]].
Néanmoins, dans toutes ces méta-analyses, les auteurs ne manquent pas de mettre en exergue les nombreux biais (population insuffisante, grande hétérogénéité des ECR, etc.) et insistent bien sur le fait de la nécessité d’ECR de grande qualité méthodologique suivant les recommandations CONSORT et STRICTA [[75]]. Et c’est à ce prix que la moxibustion aura droit de cité. Néanmoins, il est souhaitable que la moxibustion soit proposée dans le panel des soins de santé à offrir aux femmes enceintes associée ou non aux autres techniques comme l’acupuncture ou l’électroacupuncture avec un grade B de présomption scientifique.
D’ailleurs, la Médecine chinoise ne parle-t-elle pas de zhenjiu (针灸) que l’on traduit par acupuncture-moxibustion ?
Notes
[1]. Les récepteurs polymodaux sont les terminaisons libres des fibres C amyéliques.
[2]. Les protéines de choc thermique ou HSP (pour heat shock proteins), sont une classe de protéines chaperons initialement découvertes en raison de leur accumulation et de leur inductibilité sous l’effet de la chaleur. Leur rôle est la protection, le maintien et la régulation des fonctions des protéines auxquelles elles sont associées. Cette classe regroupe des protéines nommées d’après leur masse moléculaire comme l’HSP70 ou le HSP85. Morange M. Protéines chaperons. médecine/sciences. 2000;16(5):630-634.
[3]. Les lymphocytes T régulateurs (Treg) CD4+ sont impliqués dans le maintien de la tolérance périphérique et la prévention des maladies auto-immunes. Ils régulent également les réponses immunes observées dans les allergies, les greffes, les cancers et les maladies infectieuses.
[4] Les particules en suspension (« PM » en anglais pour « Particulate matter ») sont en règle générale de fines particules solides portées par l’air. Les PM10 ont un diamètre aérodynamique inférieur à 10 micromètres, voire plus fin encore avec les PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5μm) et peuvent être inhalées profondément dans le système respiratoire et de ce fait, sont la plus petite fraction solide capable d’atteindre la circulation sanguine. Transportant des composés absorbés sur leur surface, elles sont dans leur ensemble désormais classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS.
[5]. Une valeur I² <25% indique une hétérogénéité faible, des valeurs comprises entre 25 et 50% une hétérogénéité modérée et une valeur 50% une hétérogénéité importante.
[6]. La méthode Delphi est une méthode visant à organiser la consultation d’experts sur un sujet précis. Il faut entendre par « expert » toute personne ayant une bonne connaissance pratique, politique, légale ou administrative d’un sujet précis et ayant une légitimité suffisante pour exprimer un avis représentatif du groupe d’acteurs auquel elle appartient. Par ailleurs, le questionnement des experts se fait sur base de questionnaires écrits à questions ouvertes et fermées. Les questionnaires sont envoyés individuellement aux experts et non pas administrés en groupe afin d’éviter les phénomènes d’influence liés au groupe.
[7]. La moxibustion comme la capsaïcine, molécule activatrice des TRPV1 naturellement présente dans le piment a un mode d’action biphasique : elle engendre d’abord une irritation (brûlure) due à la stimulation de TRPV1. Puis les fibres sensorielles présentant ce récepteur se désensibilisent. Ainsi quand les TRPV sont saturés (stimulés par un excès de chaleur ou de capsaïcine), une downrégulation (régulation négative) se produit avec diminution des récepteurs à la surface des fibres, d’où cela provoque ainsi un effet analgésique. Dans certains cas, la stimulation de TRPV1 entraîne une augmentation permanente de la concentration intracellulaire en Ca²+ qui engendre une dégénérescence des fibres portant les TRPV1. Ainsi la douleur est atténuée.
[8]. La régulation de la synthèse de l’oxyde nitrique synthase inductible (iNOS) permet de jouer un rôle majeur dans les mécanismes cellulaires relayant l’activation membranaire par des cytokines pro-inflammatoires en réponse au stimulus inflammatoire. Ainsi lors d’une agression de l’organisme par un agent extérieur, se déclenche un mécanisme d’inflammation, une production de cytokines, ce qui active l’expression de iNOS.
Goudronnage de route à Kandy – Sri Lanka (Ceylan)
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Résumé : Dès la fin des années 1970, les mécanismes neurophysiologiques de l’électroacupuncture dans les algies commencent à être dévoilés. Les peptides opioïdes endogènes (endorphines, enképhalines, dynorphines, endomorphines) et leurs récepteurs µ, κ , δ, le système anti-opioïde (nociceptine, CCK-8…), le glutamate et ses récepteurs ionotropiques AMPA, KA, NMDA et enfin le système inhibiteur descendant faisant intervenir sérotonine et cathécolamines sont les différents mécanismes que l’électroacupuncture active en fonction de la fréquence électrique. Par l’exploration expérimentale chez l’animal, mais aussi chez l’homme par les techniques d’imagerie (IRM fonctionnelle, tomographie par émission de positons), on sait maintenant que les aires cérébrales activées correspondent à celles impliquées dans la douleur (par activation ou inactivation) : systèmes hypothalamique, limbique et paralimbique, mais aussi tronc cérébral et corne dorsale de la moelle épinière. Mots-clés : électroacupuncture – endorphine – dynorphine – anti-opioïdes – CCK-8 – système inhibiteur descendant – IRMf – TEP – système limbique.
Summary: In the late 1970’s, the neurophysiological mechanisms of electroacupuncture pain in the beginning to be unveiled. The endogenous opioid peptides (endorphins, enkephalins, dynorphins, endomorphins) and theirs µ, κ , δ receptors, antiopioids system (nociceptin, CCK-8…), glutamate and his ionotropics AMPA, KA, NMDA receptors then finally the descending inhibitory system involving serotonin and cathecolamins are the different mechanisms that electroacupuncture active as a function of frequency electric. By exploring experimental animals, but in humans through imaging techniques (functional MRI, positron emission tomography), we now know that the brain areas activated correspond to those involved in pain (activation or inactivation): hypothalamic and limbic systems, but also brain stem and dorsal horn of the spinal cord. Keywords: electroacupuncture – endorphin – dynorphin – antiopioid – descending inhibitory system – CCK-8 – fMRI – PET.
Les molécules informationnelles, substances chimiques produites par une cellule vivante pour transmettre un signal à une autre cellule qui le reçoit à son tour par un récepteur spécifique, sont à la base de l’Acupuncture. De nombreuses molécules sont issues des voies de la mécanotransduction ou de la transduction [[1],[2]] et certaines d’entre-elles interviennent dans l’obtention des effets de l’acupuncture et/ou de l’électroacupuncture (EA). La démonstration de récepteurs spécifiques aux alcaloïdes au niveau cérébral a permis de découvrir des ligands naturels endogènes, les opioïdes actifs à structure peptidique (neuropeptides) qui jouent le rôle de médiateurs ou de neuromodulateurs. Le glutamate, un autre neurotransmetteur excitant majeur et ses récepteurs ionotropiques NMDA, AMPA et kainate (KA) interviennent aussi dans la modulation des algies par électroacupuncture ainsi que le système inhibiteur descendant sérotoninergique et noradrénergique. Grâce à l’imagerie cérébrale, il est possible d’observer les différentes cibles du système nerveux central intervenant dans l’électroacupuncture.
Rappels neurophysiologiques de la douleur
Les stimulations nociceptives activent les terminaisons libres des nocicepteurs C ou Aδ. La physiologie de la douleur aiguë puis chronique a beaucoup profité des progrès de la biologie moléculaire qui a permis de découvrir une « soupe » inflammatoire complexe périphérique : ATP et récepteur purinergique P2X3, récepteur vanilloïde sensible à la chaleur, bradykinine, substance P et CGRP (calcitonin gene-related peptide), nerve growth factor etc.. Les acides aminés excitateurs comme le glutamate, sérotonine, peptides opioïdes etc.. vont moduler la transmission de cette douleur de la première synapse à l’arrivée des fibres périphériques dans la moelle. Puis un relais s’effectuera vers des cibles supraspinales : bulbe, mésencéphale, thalamus, système limbique et cortex. Le caractère douloureux dépendra d’une balance entre des influx excitateurs et inhibiteurs comme le système inhibiteur descendant issu du tronc cérébral. Nous allons découvrir les principales molécules agissantes de l’électroacupuncture.
Les peptides opioïdes endogènes
Localisation de la synthèse des neuropeptides
Ces endorphines sont synthétisées à deux niveaux :
– dans le système nerveux central (SNC) : corne dorsale de la moelle épinière, substance réticulée (noyaux du raphé médian et para-médian et les noyaux giganto-cellulaires), les ganglions de la base (noyau caudé, putamen, noyau sous-thalamique, pars lateralis, pallidum), mésencéphale (substance grise périaqueducale, noyau inter-pédonculaire, noyau parabrachial, noyau du faisceau solitaire, substance noire), amygdale, hippocampe, diencéphale (hypothalamus, lobe antérieur de l’hypophyse, thalamus), cervelet ; cortex cérébral (sauf occipital) ;
– dans le système nerveux périphérique : neurones du ganglion mésentérique, neurones intrinsèques ou cellules endocrines de l’intestin, pancréas, cœur, poumons, médullo-surrénales et les organes de la reproduction.
Les différents opioïdes et leurs récepteurs
Trois familles de neuropeptides se distinguent par leur précurseur protéique spécifique dont elles sont issues par protéolyse : la proopiomélanocortine (POMC), la préproenképhaline (PPE) et la préprodynorphine (PPD). Les endorphines résultantes de la protéolyse de ces précurseurs préotéiques ont la même séquence amino-terminale identique Tyr-Gly-Gly-Phe-Met (Met-enképhaline) ou Tyr-Gly-Gly-Phe-Leu (Leu-enképhaline) (figure 1). La protéolyse de la POMC produit entre autres neuropeptides, l’hormone adénocorticotrope (ACTH), l’alpha MSH, la β-lipotrophine, les bêta endorphines. La PPE engendre les Met-enképhalines et peptides voisins ; la PPD les dynorphines et les néoendorphines. On a isolé plus de 20 peptides issus de ces trois familles avec une exception, les endomorphines 1 et 2 qui ne possèdent pas la séquence pentapeptique, mais quatre acides aminés [[3]]. Leur rôle comme neurotransmetteur ou neuromodulateur est très probable mais incomplètement élucidé.
Figure 1. Structure des enképhalines.
Plusieurs récepteurs opioïdes ont, eux aussi, été identifiés et différenciés.
Dans le SNC, trois classes principales sont distinguées : µ (mu/OP3/MOR) avec les sous types μ1, μ2, κ (kappa/OP2/KOR) avec les sous-types κ1, κ2, κ3, δ (delta/OP1/DOR). Certaines observations suggèrent l’existence d’autres types de récepteurs : epsilon (ε), zêta (ξ) et lambda (λ). Une substance opioïde donnée peut interagir avec les trois récepteurs différents et se comporter, pour l’un, comme un agoniste, pour l’autre, comme un agoniste partiel ou même comme un antagoniste. Pour cette raison, il peut exister des différences d’effets entre les opioïdes. Les morphiniques agissent par l’activation d’une protéine G couplée aux récepteurs µ, κ , δ par le mécanisme de transduction [[4]].
Les enképhalines par exemple, activent divers types de récepteurs du SNC, parmi lesquels les récepteurs μ (mu), μ1, μ2, et κ1, κ2, κ3, sont les mieux décrits. L’activation des récepteurs µ, appelés aussi OP3 (Opioid receptor) engendre les effets morphiniques des endorphines et entraîne analgésie, dépression respiratoire, constipation, dépendance, myosis, hypothermie. Le récepteur δ est plus spécifique des enképhalines qui sont co-sécrétées avec les catécholamines par la médullosurrénale entraînant l’euphorie et l’analgésie également. L’activation des récepteurs κ qui présentent une affinité particulière pour les dynorphines, provoque analgésie, sédation, myosis. L’analgésie par les morphiniques peut provenir de l’activation des récepteurs μ et κ et la dépendance par l’activation des récepteurs μ (voir tableau résumé I).
Tableau I : Classification des opioïdes et effets de leurs différents récepteurs.
Le SNC synthétise et libère des molécules, que l’on peut qualifier d’anti-opioïdes qui sont libérées à la suite de la prise de toute substance capable de stimuler les récepteurs des opioïdes. Il s’agit des réseaux neuronaux capables de s’opposer aux actions des opioïdes et qui peuvent expliquer en partie la tolérance et la dépendance. Récemment un nouveau type de récepteur a été ainsi identifié et appelé récepteur-orphelin aux opiacés, ORL1 (opioid receptor-like / OP4) dont l’agoniste est la nociceptine. Les principales molécules anti-opioïdes sont la cholécystokinine-8 (CCK-8), la neuropeptide FF (NPFF), la melanocyte inhibiting factor (MIF) et la nociceptine appelée auparavant orphanine FQ, protéine neuropeptide de 17 acides aminés ayant des similarités avec la dynorphine A (voir tableau II).
Tableau II : Classification des anti-opioïdes et effets de leurs différents récepteurs.
Classe
Récepteurs
Effets pharmacologiques
Localisation de la synthèse
nociceptine ou orphanine FQ
ORL1
Pronociceptif et antiopioïde au niveau supraspinalAnalgésique / antinociceptive au niveau spinalanxiolytique
très faible affinité pour les récepteurs μ, δ et k
Pronociceptif
Système nerveux central
melanocyte inhibiting factor (MIF)
Agonistes partiels des récepteurs de type μ
Pronociceptif
Système nerveux central
Système inhibiteur descendant supraspinal
Il existe deux types de contrôle inhibiteurs descendants.
Contrôle descendant issu du tronc cérébral et déclenché par des stimulations cérébrales
La stimulation chez l’animal du raphé, du bulbe (région bulbaire rostro-ventrale comprenant le noyau raphé magnus, le noyau giganto-cellulaire, le noyau réticulé latéral du tractus solitaire), du pont et du mésencéphale (substance grise périaqueducale) entraîne une analgésie par blocage des entrées nociceptives dans le système nerveux central. Les neurones du raphé sont sérotoninergiques et se projettent dans la partie dorsale du faisceau latéral de la moelle (funiculus dorsal), mais sont aussi interconnectés au locus coeruleus, structure noradrénergique. Il y a donc aussi une implication d’un contingent de fibres noradrénergiques mais aussi des substances opioïdes
Contrôle inhibiteur descendant déclenché par des stimulations nociceptives (CIDN)
Ce contrôle est déclenché par stimulation nociceptive (CIDN) périphérique. La structure impliquée est la réticulée bulbaire. Les neuromédiateurs sont endorphiniques et sérotoninergiques.
Le glutamate et ses principaux récepteurs
Le glutamate
Il intervient comme neurotransmetteur excitateur qui libéré dans l’espace synaptique, à partir des terminaisons neuronales, se fixe sur ses récepteurs postsynaptiques dont l’activation induit la dépolarisation du neurone cible. Cependant, si la régulation de cette transmission synaptique est altérée et l’activation des récepteurs prolongée, il peut y avoir maintien d’une dépolarisation accrue conduisant à la mort cellulaire. On a montré que l’injection par voie systémique de glutamate ou d’autres acides aminés excitateurs (AAE) à des animaux immatures entraînait des dégénérescences dans des aires du cerveau qui ne sont pas protégées par la barrière hémato-encéphalique. Depuis, de nombreuses études ont mis en évidence la toxicité des AAE, ou excitotoxicité. Le glutamate en trop grande concentration a été ainsi mis en cause dans l’étiologie de nombreuses pathologies du système nerveux central : lésions traumatiques du SNC, maladies neurodégénératives aiguës, maladies neurodégénératives inflammatoires (scléroses multiples), maladies neurodégénératives chroniques (Alzheimer, Chorée de Huntington, SLA).
Les récepteurs ionotropiques du glutamate
Le glutamate agit sur trois récepteurs canaux distincts dénommés par le nom de leur agoniste le plus sélectif : les récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA), kainate (KA) et a-amino-3-hydroxy-5-métyl-4-isoxazolepropionate (AMPA). Ces trois récepteurs sont des récepteurs ionotropiques capables de transmettre instantanément un message au neurone cible par modification du potentiel de la membrane post-synaptique en quelques millièmes de secondes.
On a mis en évidence deux familles de récepteurs, respectivement AMPA et kainate (KA) à la fin des années 1970. Les sous-unités AMPA et kainate peuvent être colocalisées au sein d’un même neurone mais ne peuvent s’assembler entre-elles. Les différentes sous-unités des récepteurs AMPA/KA sont abondamment exprimées dans l’ensemble du SNC. Les récepteurs NMDA sont quant à eux mis en jeu dans de nombreux mécanismes physiologiques comme la différenciation neuronale et la formation des connections synaptiques au cours du développement. Chez l’adulte, le récepteur NMDA est impliqué dans l’apprentissage et la mémoire à court terme. Les récepteurs au NMDA jouent aussi un rôle important dans différents processus physiologiques en augmentant la transmission du processus douloureux. La kétamine est un antagoniste des récepteurs au NMDA et son injection produit une analgésie puissante.
Neurophysiologie de l’action de l’électroacupuncture
Electroacupuncture analgésique expérimentale
Découverte des opioïdes
Le premier travail expérimental sur l’analgésie acupuncturale fut réalisé dans les années 1970 chez 60 étudiants en médecine volontaires [[5]]. La douleur fut induite par ionophorèse potassique à travers la peau. Le seuil à la douleur fut mesuré après insertion et manipulation pendant 50 minutes des aiguilles d’acupuncture au GI4 et ES36. Dans le groupe contrôle, 10 mg de morphine en intra-musculaire augmente le seuil de douleur en moyenne de 80 à 90%. Dans le groupe acupuncture, on observa de façon identique une augmentation graduelle du seuil à la douleur avec un pic au bout de 20 à 40 minutes après l’insertion de l’aiguille. En cas d’injection de procaïne, anesthésique local, l’effet de l’acupuncture est annulé, ce qui suggère que l’effet nécessitait des récepteurs sensoriels intacts.
En 1974, la même équipe présupposant le rôle humoral de neurotransmetteurs, montre que l’analgésie induite par acupuncture peut être transmise d’un lapin à un autre par transfusion du liquide céphalo-rachidien (LCR) [[6]]. Tous ces travaux sont conduits un peu avant la découverte des endorphines.
Lorsque les premières endorphines sont découvertes en 1975, nombreux sont ceux qui font l’hypothèse que ces substances sont les médiateurs responsables des effets de l’analgésie acupuncturale.
En 1976, Pomeranz et coll. [[7]] montrent chez la souris que la naloxone bloque l’effet analgésique de l’acupuncture, ce qui implique le rôle des endorphines. Chez l’homme, Sjolund et coll. [[8]] en 1977 démontrent que l’induction de l’analgésie par EA pendant 30 mn s’accompagne d’une augmentation dans le LCR du niveau de bêta-endorphines issues de la région hypothalamique et confirment que l’administration d’un antagoniste opiacé, la naloxone inhibe totalement l’analgésie. Mayer et coll. rapportent aussi que l’analgésie par acupuncture est réversible 5 mn après l’injection de la naloxone [[9]]. Clement-Jones et coll. en 1980 objectivent chez 10 volontaires présentant des douleurs chroniques une élévation dans le LCR du taux des bêta-endorphines après 30 mn d’EA à basse fréquence (2-3 Hz) alors que le niveau de la met-enképhaline n’est pas augmenté. Cependant, ils supposaient déjà que différents mécanismes étaient impliqués, fonction de la fréquence de stimulation [[10]].
En 1992, Chen et Han montrent que l’analgésie produite par l’EA est régulée par trois types de récepteurs opioïdes [[11],[12]]. Ainsi, l’EA à 2 Hz active les récepteurs μ et δ ; celle à 100 Hz, les récepteurs κ. Mais mieux, l’EA à 15 Hz produit une activation des trois sortes de récepteurs chez le rat [[13]].
Chez le rat anesthésié, la stimulation électrique à basse fréquence (4 Hz) de zusanli (ES36) entraîne une expression de c-fos dans le lobe antérieur de la glande hypophysaire, aussi bien qu’au niveau des noyaux hypothalamiques arqués et autres voisins [[14]]. Les mêmes auteurs ont montré dans une autre étude chez les rats anesthésiés au pentobarbital et subissant une stimulation nociceptive thermale que l’EA (4 Hz sur zusanli) entraînait une augmentation de la localisation de l’expression de c-fos dans le noyau hypothalamique médio-basal et arqué, et dans le noyau paraventriculaire hypothalamique. On retrouvait aussi une élévation de l’hormone adrénocorticotrope (ACTH) et des bêta endorphines plasmatiques. Cela suggère que l’axe hypothalamo hypophyso surrénalien est donc activé lors de l’action de l’électroacupuncture [[15],[16]]. Néanmoins, l’étude de Yang et coll. objective l’implication directe des neurones du noyau supraoptique hypothalamique (SON) dans l’analgésie par EA (36ES 10/20 Hz alternés, 30 mn). L’ocytocine et la vasopressine, sécrétées par le SON, sont connues pour augmenter le seuil à la douleur. Cependant, les auteurs ont montré qu’il fallait distinguer les effets liés au passage des fibres nerveuses reliées aux régions extra-hypothalamiques (substance périaqueducale, noyau raphé magnus, amygdale, locus coerulus etc..), des effets liés aux neurones propres du SON (neurones magnocellulaires sécréteurs de vasopressine et d’ocytocine) et aux dendrites libérant les neuropeptides (modulés aussi par l’ocytocine) [[17]].
Par des travaux d’acupuncture expérimentale sur les animaux, rats, lapins, des auteurs à leur tour démontrent la libération des endorphines par électroacupuncture au niveau du système limbique : amygdale, hippocampe, thalamus, noyau accumbens etc.. ; du bulbe : substance réticulée (les noyaux raphé magnus, giganto-cellulaire, noyau ambigu) ; hypothalamus ; mésencéphale (substance grise périaqueducale) ; corne postérieure de la moelle épinière (funiculus postéro-latéral) etc.. et leur inhibition par la naloxone ou la naltrexone (inhibiteurs opioïdes) [18-28].
Contrôles inhibiteurs descendants
Autre neuromédiateur, la sérotonine ou 5-hydroxytryptamine joue un rôle important lors d’une stimulation par EA et interviendrait, entre autres, dans l’un des mécanismes de l’analgésie par stimulation du noyau raphé dorsal [29-32].
Takagi et coll. ont déterminé chez le lapin que les récepteurs, localisés au niveau présynaptique et postsynaptique, et libérés dans l’EA (36 ES, 2Hz, 40mn) étaient le 5-HT1 (excepté le 5-HT1A) ; le 5-HT2 (excepté le 5-HT2A) et le récepteur 5-HT3 [[33]]. L’EA à 2Hz stimule aussi l’expression du récepteur 5-HT3a [[34]].
En 2007, Li et coll. montrent que l’EA (10 Hz à 3mA) appliquée pendant 20mn dans un modèle d’algie par injection d’adjuvant de Freund sur la patte de rat inhibe la transmission de la nociception et de l’hyperalgie en activant les neurones supraspinaux qui se projettent sur la moelle épinière par le système inhibiteur descendant. L’EA active la sérotonine et les catécholamines des neurones du noyau raphé magnus et du locus coeruleus dont l’expression c-fos est significativement augmentée [[35]].
Récemment, il a été démontré que l’analgésie par EA était aussi médiée par les récepteurs α2 adrénergiques de la moelle épinière. Ceci a été observé de manière statistiquement significative sur un modèle d’entorse de cheville chez le rat traité par EA à 100 Hz (largeur d’impulsion carrée de 1 ms) sur TR6 (zhigou) pendant 30 mn versus 4GI (hegou) [[36]]. Plus précisément, Kim et coll. en 2008 observent que la suppression des effets de l’EA à basse fréquence (1 Hz) sur un modèle de douleur inflammatoire carragénine induite sur la patte de rat est médiée par les ganglions sympathiques post-synaptiques. La haute fréquence (120 Hz) intervient quant à elle, par le système médullaire sympatho-surrénalien. Ceci est démontré par le fait que la surrénalectomie diminue l’action de l’EA à 120 Hz sans affecter la basse fréquence et que le traitement pré-thérapeutique avec un antagoniste des récepteurs à la corticostérone n’intervient pas dans l’efficacité de l’EA à 2 ou 120 Hz. D’autre part, l’administration de la 6-hydroxydopamine (neurotoxine des terminaisons nerveuses sympathiques périphériques) bloque sélectivement l’EA (2 Hz). Le propranolol (antagoniste des récepteurs bêta-adrénergiques) abolit complètement à la fois l’EA haute et basse fréquence [[37]].
Récepteur ionotropique NMDA
L’électroacupuncture (36ES, 6RP) à la fréquence de 2 Hz agit aussi dans les algies en diminuant la réponse à l’inflammation locale par l’intermédiaire de la modulation de l’expression des récepteurs ionotropes au glutamate et en particulier le récepteur au N-méthyl-D-aspartate (NMDA) dans la corne dorsale de la moelle épinière [[38],[39]]. Wang et coll. vont confirmer en 2006 le rôle de la modulation de l’expression des récepteurs de la NMDA par EA (4 Hz/16 Hz alternativement pendant 30 mn : 30VB huantiao et 34VB yanglingquan) sur un modèle de rat hyperalgique [[40]].
Un stimulus nociceptif ou une lésion aiguë d’un nerf engendre une potentialisation à long terme des potentiels évoqués des fibres C de la corne dorsale de la moelle. L’EA à basse fréquence (2 Hz de 1 à 3mA par incrément de 1 mA toutes les 10 mn) appliquée sur ES36 et RA6 induit une dépression à long terme de ces mêmes potentiels évoqués chez le rat ayant une ligature du nerf rachidien de L5-L6. Cet effet est bloqué par l’antagoniste des récepteurs de la N-méthyl-d-acide aspartique (NMDA), le MK-801 et par l’antagoniste des récepteurs opioïdes, la naloxone. En revanche, l’EA à haute fréquence (100 Hz), qui n’est pas efficace dans le traitement des douleurs neuropathiques (encore appelée douleur par désafférentation), induit une potentialisation à long terme des potentiels évoqués des fibres C de la corne dorsale de la moelle chez le rat avec ligature du nerf rachidien. Contrairement à l’EA à 2 Hz, l’EA à 100 Hz est dépendante des systèmes inhibiteurs sérotoninergiques et gabanergiques. L’EA à 2 Hz intervient dans la plasticité synaptique rachidienne par une dépression à long terme de la transmission synaptique au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière. Les effets à long terme de l’antinociception s’expliqueraient par l’induction des récepteurs NMDA à dépression à long terme via l’activation du système des peptides opioïdes endogènes [[41]].
En 2008, à nouveau Ryu et coll. objectivent que l’EA (2Hz, 1,0 mA au 36ES et 6RP 30 mn) entraîne chez le rat une modulation de la phosphorylation des récepteurs NMDA (NR1 et NR2B) au niveau de la moelle épinière [[42]]. Le tableau III récapitule les principaux travaux d’électroacupuncture expérimentale et d’imagerie avec les résultats observés.
Tableau III. Récapitulatif des principaux travaux d’électroacupuncture expérimentale et d’imagerie.
Auteur (année)
Caractéristiques de l’électroacupuncture
Localisation cérébrale : visualisation par expression c-fos / ac anti-récepteurs stimulés / imagerie fonctionnelle
100 Hz (8 à 15 mA)36ES (zusanli) et 6RP (sanyinjiao)chez 48 volontaires sains
Activation : lobule pariétal inférieur controlatéral, le cortex cingulaire antérieur ipsilatéral et le noyau accumbens,
Désactivation :amygdale controlatérale
Choi (2005)[39]
2 Hz, 15 Hz et 120 Hz : 36ES, 6RPchez le rat pendant 30j par intervalle de 3 jours
Corne dorsale de la moelle épinière : modulation des récepteurs NMDA (type NR1, NR-2A, GlucR-1, GluR-2/3) pour tous les fréquences
Diminution des récepteurs ionotropiques NMDA (NR1 et NR-2A)
Napadow (2005)[46]
36ES (zusanli)courant continu de 0,7 à 3,6mA ;7 mn13 volontaires sains
2 Hz
Visualisation par IRM fonctionnelle
Intervention du système limbique
Activation :insula antérieurcortex cingulaire antérieur médial Désactivationamygdale, hippocampe antérieur, cortex cingulaire rétrosplénial (BA29 et BA30), le cortex cingulaire subgenual, le cortex ventromédial préfrontal, les lobes frontaux et temporaux.
Aire du raphé du pont.
100 Hz
Li (2007)[35]
10 Hz (3 mA) 20mn30VBAlgie induite par adjuvant de Freund chez rat
Inhibition expression c-fos-couches lame I et II de la corne dorsale de la moelle épinièrestimulation-noyau raphé magnus- locus ceruleus
intervention du système inhibiteur descendant : sérotonine et les catécholamines des neurones du noyau raphé magnus et du locus coeruleus
Imagerie électroacupuncturale analgésique
L’étude de Wu et coll. de 2002 [[43]] a étudié la réaction cérébrale par IRMf suite à la stimulation électrique du point VB34 (yanglinquan) utilisé en analgésie chez 15 volontaires sains. Ils objectivaient que l’EA vraie à 4 Hz activait de manière statistiquement significative par rapport au groupe placebo (EA « sham » appliquée sur des non-points d’acupuncture) l’hypothalamus, l’aire primaire somatosensorielle ou somatosentivive (S1), le cortex moteur et désactivait le segment rostral du cortex cingulaire antérieur qui est impliqué dans la « réponse émotive » à la douleur. Ils concluaient que les systèmes limbique et hypothalamique étaient modulés par l’électroacupuncture.
Zhang et coll. en 2003 vont démontrer également que l’effet analgésique est modulé à la fois par l’aspect sensoriel et émotionnel du processus douloureux en réponse à la stimulation électrique des points d’acupuncture. Chez huit volontaires sains chez qui on applique un stimulus de chaleur (18°C) et de froid (2°C), l’électroacupuncture engendre une activation de l’aire bilatérale somatosensorielle secondaire (S2), du cortex préfrontal médial, de l’aire de Brodman 32 (BA32) et une désactivation de l’aire S1 controlatérale, de la BA7 et BA24 (gyrus cingulaire antérieur) [[44]].
Les mêmes auteurs [[45]] ont étudié par IRM fonctionnelle les mécanismes possibles à la base de la spécificité de fréquence. Dans les deux cas, il y a des niveaux d’activation positives dans les zones S2 bilatérales, dans l’insula, dans le cortex cingulaire antérieur controlatéral et le thalamus en rapport avec l’effet analgésique. A la fréquence de 2 Hz, des corrélations positives ont été observées dans l’aire motrice primaire controlatérale (gyrus précentral), l’aire motrice supplémentaire et le gyrus temporal supérieur ipsilatéral, tandis que des corrélations négatives ont été retrouvées dans l’hippocampe bilatéral. A la fréquence de 100 Hz, des activations positives ont été observées dans le lobule pariétal inférieur controlatéral, le cortex cingulaire antérieur ipsilatéral et le noyau accumbens, tandis qu’une corrélation négative a été détectée dans l’amygdale controlatérale. Ces résultats montrent que l’analgésie en rapport avec l’électroacupuncture à fréquences basses et hautes nécessite la médiation de différents réseaux cérébraux plus ou moins entremêlés.
Napadow et coll. objectivent que l’EA à 2Hz et à 100 Hz ainsi que l’acupuncture manuelle produisent une activation du signal BOLD de l’IRM fonctionnelle au niveau de l’insula antérieure et une désactivation des structures limbiques et paralimbiques. Augmentation aussi du signal BOLD dans le cortex cingulaire antérieur médial à la fois pour l’EA haute et basse fréquence, toutefois seule l’EA à basse fréquence (2Hz) produit une activation de l’aire du raphé du pont. Tous ces résultats confirment l’hypothèse que le système limbique est un élément central de l’analgésie électroacupuncturale [[46]].
L’étude de l’équipe japonaise de Maenaka s’intéresse à la suppression de la douleur chaleur-induite chez trois singes rhésus et à sa visualisation cérébrale par utilisation de la tomographie par émission de positrons (TEP). La stimulation électroacupuncturale (fréquence de 4 Hz/60 Hz en alternance de 2 secondes est appliquée sur le 36ES et le 4GI pendant 25 mn avant de mettre la queue de l’animal dans l’eau chaude à 47°C. Le temps de latence du retrait est mesuré. L’imagerie par TEP permet de visualiser les aires cérébrales impliquées qui correspondent à celles impliquées dans la douleur, mais inactivées par l’EA : le thalamus (zone postéro-inférieure du chiasma optique très proche de l’hypothalamus), une portion de l’insula et le gyrus cingulaire [[47]]. Le tableau IV récapitule les différentes aires cérébrales impliquées par l’EA.
Tableau IV. Principales structures du SNC observées par imagerie ou acupuncture expérimentale lors de l’EA analgésique.
Rhombencéphale (pont et bulbe rachidien) Formation réticulée Noyau raphé du pont Noyau raphé magnus Locus coeruleus Système limbique Gyrus cingulaire Amygdale Hippocampe Insula Hypothalamus
Conclusion
Les travaux de physiologie et d’imagerie concernant l’électroacupuncture dans les algies donnent une idée de plus en plus précise de la nature de ses mécanismes neurophysiologiques. Les données récentes suggèrent fortement l’implication de la libération des neuropeptides opioïdes (endorphines, enképhalines, dynorphine etc..), mais aussi l’action inhibitrice des récepteurs ionotropiques glutaminiques (en particulier NMDA), sans oublier la modulation de la douleur par le système inhibiteur descendant sérotoninergique et catécholaminergique. L’EA semble donc moduler le message nociceptif par de multiples mécanismes tout le long de sa transmission. L’imagerie démontre de manière formelle que les systèmes limbique, hypothalamique et le tronc cérébral sont activés par l’EA. Nous verrons dans un prochain article les modalités techniques de l’électroacupuncture et ses implications pratiques.
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Parlement Hongrois (néo-gothique -éclectique) 1885-1904 – Budapest – Hongrie
Résumé. Introduction. En France en 2016, la prévalence globale du diabète était estimée à 5% de la population, à laquelle s’ajoute celle de près de 20% de syndrome métabolique responsable à plus ou moins long terme de ce même diabète de type 2 et des complications cardio-vasculaires. L’acupuncture et l’électroacupuncture (EA) peuvent-elles avoir leur place dans la thérapeutique classique ? Méthodes. A partir d’une étude de cas d’un homme de 51 ans présentant un diabète de type 2 avec traitement usuel, un protocole agissant selon la différenciation des syndromes (bianzheng) sur le Vide de yin et de yang des Reins a été appliqué par EA à la fréquence alternée 3/80 Hz (durée de l’impulsion : 300µs) sur 6MC (neiguan), 6Rt (sanyinjiao), une EA à 15Hz (200µs) sur 36E (zusanli), 12VC (zhongwan) et 4VC (guanyuan) ; et enfin une puncture manuelle avec recherche du deqi sur les points 23V (shenshu), 3R (taixi), 4Rt (gongsun), 7C (shenmen), 20VG (baihui), yishu (EX-B3). Le critère principal de jugement est un test de glycémie aléatoire effectué avant et après la séance, quinze séances au total sur une période de dix-neuf mois. Le critère secondaire de jugement est l’effet à long terme mesuré par l’évolution de l’hémoglobine glyquée (HbA1c). Résultats. Après une seule séance d’acupuncture et EA, on observe une baisse statistiquement significative de la glycémie (DM=0,498mm/L ; IC 95% ; 0,2035 à 0,7925 ; p=0,0027, test de Student) entre les deux groupes de mesure et une tendance à la baisse globale de la HbAC1. Conclusion. L’acupuncture et EA doivent être intégrées au panel de soins usuel dans le cadre de la médecine intégrative. L’effet est immédiat et dure dans le temps. Mots clés. Diabète de type 2 – acupuncture – électroacupuncture – effets immédiats – insulinorésistance – bianzheng.
About a clinical case of type 2 diabetes: immediate effects of acupuncture and electroacupuncture. What are the long-term effects?
Summary.Introduction. In France in 2016, the overall prevalence of diabetes was estimated at 5% of the population, to which should be added the prevalence of nearly 20% of metabolic syndrome responsible in the more or less long term for type 2 diabetes and cardiovascular complications. Can acupuncture and electroacupuncture (EA) have a place in conventional therapy? Methods. Based on a case study of a 51 year old man with type 2 diabetes with standard treatment, a protocol acting according to the differentiation of syndromes (bianzheng) on the yin and yang empty of the Kidneys was applied by EA at the alternating frequency of 3/80 Hz (pulse duration: 1.5 seconds): 300µs) on 6P (neiguan), 6SP (sanyinjiao), an EA at 15Hz (200µs) on 36ST (zusanli), 12REN (zhongwan) and 4REN (guanyuan) ; and finally a manual puncture with deqi search on 23BL (shenshu), 3KID (taixi), 4SP (gongsun), 7HE (shenmen), 20DU (baihui), yishu (EX-B3). The main outcome is a random blood glucose test carried out before and after the session, a total of 15 sessions over a period of 19 months. The secondary outcome is the long-term effect measured by the change in glycated hemoglobin (HbA1c). Results. After a single acupuncture session and EA, there was a statistically significant decrease in blood glucose (DM=0.498mm/L; 95% CI; 0.2035 to 0.7925; p=0.0027, Student’s test) between the two measurement groups and an overall downward trend in HbAC1. Conclusion. Acupuncture and EA should be integrated into the usual care panel in integrative medicine. The effect is immediate and lasts over time. Keywords. Diabetes type 2 – acupuncture – electroacupuncture – immediate effects – insulin resistance – bianzheng.
Introduction
En France, la prévalence globale du diabète était estimée à 5% de la population en 2016 dont 90% des cas correspondaient au diabète de type 2 (DT2), chiffre d’ailleurs largement sous-estimé puisqu’il ne tient pas compte des personnes non traitées ou non diagnostiquées. Or, compte tenu du caractère silencieux de la maladie, on estime que de 20 à 30% des adultes diabétiques ne sont pas diagnostiqués. C’est également 6% de la mortalité mondiale et 50% des décès liés au diabète sont dus à une maladie cardiovasculaire.
L’incidence du DT2 augmente avec l’âge. La maladie se manifeste généralement après 40 ans et elle est diagnostiquée à un âge moyen proche de 65 ans. L’incidence est maximale entre 75 et 79 ans avec 20% des hommes et 14% des femmes traités pour cette maladie. La prévalence de la maladie a beaucoup augmenté ces dernières années. Ceci est essentiellement lié au vieillissement de la population, mais aussi aux déséquilibres nutritionnels, à la sédentarité qui engendrent une hygiène de vie délétère, induisant une augmentation générale du poids et du nombre de personnes obèses. Un autre sujet d’alerte est l’augmentation récente de diabètes iatrogènes, associés en particulier à certains neuroleptiques [[1]].
Définition
Le diabète de type 2 est défini par :
– une glycémie supérieure à 1,26 g/l (7,0 mmol/l) après un jeûne de 8 à 12 heures et vérifiée à deux reprises,
– ou la présence de symptômes de diabète (polyurie, polydipsie, amaigrissement) associée à une glycémie (sur plasma veineux) supérieure ou égale à 2 g/l (11,1 mmol/l),
– ou une glycémie (sur plasma veineux) supérieure ou égale à 2 g/l (11,1 mmol/l) deux heures après une charge orale de 75 g de glucose (critères proposés par l’Organisation Mondiale de la Santé).
Le diabète de type 2 accélère l’athérosclérose et provoque des complications microvasculaires (rétinopathie, néphropathie et neuropathie) et macrovasculaires (infarctus du myocarde, artérite et accident vasculaire cérébral). L’objectif du traitement du patient atteint d’un diabète de type 2 est de réduire la morbi-mortalité, par l’intermédiaire notamment d’un contrôle glycémique correct et d’obtenir une hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieure ou égale à 7% [[2]].
Le traitement
Les mesures hygiénodiététiques et l’activité physique sont toujours nécessaires, et doivent être réévaluées à chaque étape de la stratégie. Un amaigrissement, même limité (- 5 % du poids), apporterait un bénéfice glycémique démontré en cas d’excès pondéral. Une activité physique modérée de 2 h 30 par semaine doit être mise en place progressivement. La monothérapie avec la metformine est le traitement oral de première intention. Ce n’est qu’en cas d’intolérance ou de contre-indication à la metformine que l’on peut choisir entre de multiples possibilités thérapeutiques comme :
– les sulfamides hypoglycémiants et les glinides qui stimulent la production d’insuline au niveau du pancréas ;
– les inhibiteurs des alpha-glucosidases (par exemple acarbose) qui retardent l’absorption des glucides après les repas ;
– les agonistes du récepteur du glucagon-like peptide-1 (GLP1) qui ralentissent la vidange gastrique, limitent l’appétit et stimulent la sécrétion d’insuline, mais uniquement en cas d’élévation de la glycémie, limitant donc le risque d’hypoglycémie. Ils peuvent d’ailleurs être combinés à une insuline dite « lente » qui maintient continuellement une concentration basale d’insuline ;
– les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase 4 (DPP4) ou gliptines qui bloquent la dégradation du GLP1 ;
– les inhibiteurs du co-transporteur sodium/glucose de type 2 (SGLT2) comme la dapagliflozine, qui agissent sur le rein en bloquant la réabsorption du glucose.
La recommandation de la Haute Autorité Française évoque la possibilité de passer rapidement à l’insuline si l’écart à l’objectif glycémique est supérieur à 1%, ce qui survient souvent après plusieurs années d’évolution, d’où le terme de diabète insulino-requérant. On comprendra ainsi que, l’ancien terme diabète non insulinodépendant (DNID) ait été abandonné pour diabète de type 2, du fait d’une insulinopénie progressive et inéluctable.
Les variations glycémiques
Les variations glycémiques observées chez le sujet non diabétique sont surtout en rapport à la réponse métabolique post-prandiale liée aux repas. C’est physiologique et reproductible d’un jour à l’autre dans la mesure où les activités et les repas sont semblables. Classiquement, après la prise d’un repas, la glycémie s’élève dans les 15 minutes suivant l’absorption orale pour atteindre un pic aux alentours de la 45e minute. En règle générale, on a un retour au niveau basal de la glycémie dans l’heure qui suit le pic glycémique post-prandial. Puis le niveau glycémique reste alors stable jusqu’au prochain repas chez le patient non diabétique.
Chez le patient diabétique sous insuline, cette variabilité glycémique est en revanche directement liée à la perte de l’homéostasie glycémique en rapport avec la diminution puis la carence de la sécrétion endogène insulinique [[3]].
De ce fait, il paraît intéressant d’observer si l’acupuncture et techniques associées, en l’occurrence ici l’électroacupuncture (EA) permet d’agir sur cette variabilité glycémique. Ainsi, l’objectif de cette étude, évaluant un seul cas clinique, mais observé sur dix-neuf mois, est de constater les effets immédiats du traitement acupunctural, mais aussi d’observer si on peut maintenir un diabète équilibré sur un long terme.
Matériel et Méthodes
Observation
Monsieur D. E., 51 ans présente un diabète de type 2 devenu requérant, associé à une hypertension artérielle (HTA) et un état dépressif depuis 2008, ayant nécessité à partir de 2015 sa mise en arrêt de travail longue durée, puis sa mise en invalidité. Non sportif, il pèse 80kgs pour 1m65 et son indice de masse corporelle est de 29,4 objectivant un surpoids, à la limite de l’obésité modérée [note 1]. Le dosage sanguin de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) est à 8% quand il est vu pour la première fois en 2013. Le traitement anti-diabétique associe metformine 500 mg, exénatide 5µg (analogue du GLP1), insuline glargine : 120 unités le soir en moyenne à adapter en fonction de la glycémie ; irbesartan 300 mg, manidipine 20mg pour l’HTA ; atorvastatine en raison d’une hypercholestérolémie et enfin miansérine 60 mg pour son état dépressif. La dose de metformine n’a pu être augmentée en raison des nombreux troubles gastro-intestinaux.
Au départ la langue est sèche et rouge ; le pouls est profond(chen), fin(xi) et rapide (shuo) qui correspond selon la différenciation des syndromes (bianzheng) à un Vide de yin des Reins.
Traitement acupunctural
Le traitement est individualisé à partir de 2013 mettant l’accent tout d’abord sur ce Vide de yin des Reins, comme cela a déjà été décrit par exemple par Hawawini [[4]]. Mais progressivement, au cours des mois de traitement, il y a évolution vers un Vide de yin et de yang des Reins, conséquence de ce Vide de yin des Reins avec une langue devenant pâle, un pouls toujours profond(chen) et fin(xi). En accord avec le patient, un protocole de traitement est mis en place au cabinet médical lors de la séance du 25 juillet 2018 et poursuivi sur dix-neuf mois à raison d’une séance de 20 à 25 minutes réalisée entre quatre et huit semaines d’intervalle, soit quinze séances jusqu’au 26 février 2020.
Un test de glycémie aléatoire [note 2], par mesure de la glycémie capillaire est effectuée par le patient lui-même, avant et après la séance avec un lecteur Freestyle Optium Abbot®. Le prélèvement de la goutte de sang s’effectue par une lancette à usage unique pour chaque contrôle par piqûre sur le côté de la dernière phalange d’un des trois derniers doigts. La séance est généralement réalisée chaque mois à la même heure : 17h. Le critère de jugement principal est donc d’objectiver l’effet immédiat de la séance d’acupuncture, à savoir une diminution de la glycémie après la séance. Le critère secondaire est l’effet à long terme mesuré par l’évolution de l’hémoglobine glyquée (HbA1c).
Analyse statistique
Il s’agit d’une étude de cas réalisée sur un seul patient avec mesure de la glycémie avant, puis après quinze séances d’acupuncture et EA, réparties à une moyenne d’un mois d’intervalle sur une durée de dix-neuf mois du 25/07/2018 au 26/02/2020. Il a été estimé que la taille des mesures serait suffisante pour fournir des résultats qui répondraient à notre critère de jugement principal. Le test t de Student pour échantillons appariés a été choisi. Ce test t permet de comparer deux mesures d’une variable quantitative effectuées sur le même sujet. En fait, ce test traite les deux échantillons appariés comme un seul sur lequel on aurait mesuré la différence entre les deux mesures. On compare donc les moyennes de deux échantillons appariés. Les hypothèses à tester sont : H0 hypothèse nulle = les moyennes des deux groupes sont identiques : μ1 = μ2 ; HA = les moyennes des deux groupes sont différentes : μ1 ≠ μ2. Après calcul du test t, la probabilité d’obtenir cette valeur t est calculée de façon à savoir si l’H0 est vraie (c’est-à-dire si les moyennes dans les populations sont égales). La différence statistiquement significative est fixée à p=0,05. Si cette probabilité p calculée est inférieure à p<0,05, alors, on ne peut pas accepter H0 et on conclut dans ce cas à la validité de l’hypothèse HA, à savoir que les glycémies diffèrent.
Les analyses ont été effectuées en utilisant le logiciel statistique biostaTGV [[5]].
Résultats
Le tableau I objective les dates des séances et les glycémies avant et après les quinze traitements. Sont notifiés également les dosages de la HBA1c.
Résultats du test statistique à 14 degrés de liberté observée t = 3,6266 ; p=0,00274 ; en valeur absolue différence moyenne (DM = 0,498mm/L avec un intervalle de confiance à 95% [0,2035 à 0,7925] entre les deux groupes de mesure.
En conclusion, l’hypothèse HA est validée objectivant une diminution statistiquement significative (p=0,0027, test de Student) des taux glycémiques en mm/l avant et après séance.
Les résultats sont présentés dans le tableau 1, les figures 1 et 2.
Le critère secondaire mesuré objective une baisse globale de la HbAC1. Ainsi à la toute première séance en 2013, l’HbA1c était à 8% alors qu’à la dernière en février 2020, le chiffre était à 6,2% (tableau I). On observe donc une baisse continue de son taux d’hémoglobine glyquée sur une période de sept ans, permettant de ne pas augmenter la thérapeutique usuelle.
Tableau I. Dates des séances. Glycémie avant et après séance en mmol/L. Dosage de l’hémoglobine glyquée HbA1c en %.
Dates
avant
après
différence
HbA1c
25/07/2018
6,49
6,38
0,11
7,1
18/09/2018
6,98
6,65
0,33
14/11/2018
6,87
6,87
0
6,9
26/12/2018
13,70
13,14
0,56
29/01/2019
8,91
8,80
0,11
26/02/2019
10,23
10,12
0,11
09/04/2019
8,19
6,76
1,43
15/05/2019
7,70
6,93
0,77
19/06/2019
4,95
4,62
0,33
6,8
28/08/2019
8,85
9,30
-0,45
23/10/2019
3,90
3,30
0,6
19/11/2019
5,11
4,78
0,33
17/12/2019
5,55
4,40
1,15
22/01/2020
7,59
6,93
0,66
26/02/2020
9,02
7,59
1,43
6,2
Figure 1. Mesure de la glycémie en g/L avant et après une séance d’acupuncture et EA pour le patient et évaluée quinze fois.
Figure 2. Différences entre la glycémie avant et après la séance d’acupuncture et d’électroacupuncture.
Discussion
L’objectif de cette étude était de démontrer que l’acupuncture associée à l’électroacupuncture a un effet immédiat sur les paramètres métaboliques. A été analysée ainsi la glycémie avant et après une séance de vingt minutes. On observe donc une diminution statistiquement significative de cette glycémie (p=0,00269).
On notera aussi que les glycémies effectuées à domicile sont généralement dans les normes. Les doses d’insuline glargine et d’exénatide sont modulées en fonction de la glycémie. On observe quelques pics, mais globalement Monsieur D. E. est stabilisé tout comme le montre son HbA1c (Tableau II). Il semble donc que l’acupuncture et techniques associées aient un effet favorable sur le diabète de type 2 requérant.
Les études expérimentales en acupuncture montrent-elles également cet effet ? Peut-on corréler cette étude de cas clinique à des essais comparatifs randomisés ou mieux des méta-analyses ? La discussion va permettre d’approfondir ces problématiques.
Tableau II. Glycémies à jeun réalisées à domicile trois fois par jour en moyenne, vers 9h30, midi et en début de soirée durant la période du 22 janvier au 26 février 2020. Dose d’insuline glargine (L30 en Unités) et d’exénatide (en µg).
Etudes expérimentales
En effet, des études sur l’animal suggèrent cet effet favorable.
Notons que les études ont été faites à la fois sur des modèles de diabète type 1 comme les rats diabétiques induits par la streptozotocine (STZ) [note 3] ou des modèles de type 2 comme le rat des sables (Psammomys obesus) [note 4], le rat GK (Goto-Kkizaki) japonais dont le diabète est consécutif à une alimentation relativement hypercalorique avec une obésité modérée, ou autres modèles animaux de diabète induit par un régime alimentaire hypercalorique ou rats en résistance à l’insuline induite par injection de stéroïdes (SIIR).
Effets immédiats de l’EA
Tous les travaux expérimentaux suggèrent une action immédiate de l’EA à 30, 60 ou 90 mn engendrant une baisse rapide de la glycémie versus groupes placebo ou témoin. La régulation de la glycémie se fait par augmentation de la sécrétion de β endorphines [6-8], de l’insuline ou de sa sensibilité [6,7,9-11] ; par la diminution de la résistance à l’insuline, soit du fait de la baisse des acides gras plasmatiques [11-14], soit par régulation à la hausse de l’expression des protéines de signalisation de l’insuline (IRS1, GLUT4 ou Akt2) [11-15]. Autres actions de l’acupuncture et de l’EA sur la baisse immédiate de la glycémie : stimulation des nerfs cholinergiques [13,15,16] et par augmentation de la nNOS [13].
On notera que, dans la grande majorité des cas, la fréquence appliquée sur points (souvent 36E zusanli, 12VC zhongwan et 4VC guanyuan [[17]])est une fréquence à 15Hz pour une durée d’impulsion de 200µs (voir annexe 2 pour de plus amples détails : Expérimentation animales sur les effets immédiats de l’acupuncture et électroacupuncture), d’où le choix de la fréquence utilisée dans ce cas clinique pour obtenir un effet immédiat. Outre ces effets, on a pu objectiver que ces effets peuvent se prolonger comme le démontrent d’autres travaux expérimentaux.
Effets à long terme
Shapira et coll. en 2000 objectivaient que l’électroacupuncture (15Hz ; 350 µs) appliquée au zhongwan (12VC), gwanyuan (4VC) induisait un effet hypoglycémiant prolongé sur un modèle de rats diabétiques de type 2 (rats Psammomys) versus l’électroacupuncture placebo. Cet effet se prolonge sur plus de deux semaines après la fin de l’intervention de manière statistiquement significative (p<0,0001) versus groupes placebo et témoin, sans qu’un effet hypoinsulinémique ne soit mis en évidence [[18]]. Mêmes observations chez les rats diabétiques Zucker obèses, l’EA (10 Hz, largeur de l’impulsion 200 µs, 30 mn 3 fois par semaine) sur zhongwan (12VC) et gwanyuan (4VC) engendre une baisse significative de la glycémie 30 mn après la séance aux 5e, 8e et 12e jour de traitement, plus importante que l’EA au zusanli (36E) [[19]].
Comme on l’a vu dans les effets immédiats, l’EA a donc également un effet hypoglycémiant important sur les effets à long terme. L’acupuncture et EA agiraient sur l’insulino-résistance, en améliorant la fonction des cellules bêtas des îlots de Langherans et en allégeant le dysfonctionnement endothélial [[20]].
Les études expérimentales ont objectivé diverses voies potentielles concernant l’action de l’acupuncture et EA sur l’insulino-résistance.
Les mécanismes s’effectuent ainsi par régulation de l’hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (réduction de la corticotropin-releasing hormone (CRH) et du cortisol) et de ce fait action sur le métabolisme des lipides sanguins (triglycérides, cholestérol HDL et LDL) [[21]] ; par régulation à la hausse des concentrations de certaines protéines des tissus cibles de l’insuline (foie et muscle squelettique), tels que la protéine kinase activée par l’AMP (AMPK) [22-24], les protéines de signalisation de l’insuline (IRS1, GLUT4 ou Pi3K/Akt) [[25]], la protéine SREBP-1 [[26]], par régulation de l’expression des protéines hypothalamiques phosphatidylinositol-3-kinase (PI3K)-p85 [[27]] chez les rats obèses, par régulation des protéines de synthèse des acides gras [23,24,26], en supprimant la réaction inflammatoire du tissu hépatique et en régulant l’adiponectine et la leptine sérique [24,[28]] ; en réduisant les niveaux des espèces réactives d’oxygène (ROS) et le contenu de malondialdéhyde (MDA) [[29]] ; en atténuant les lésions structurelles de l’îlot du pancréas et l’apoptose des cellules β pancréatiques chez les rats diabétiques [34] ; et enfin, par une action épigénétique [note 5] [30-34]. En conclusion, de multiples niveaux et divers systèmes sont impliqués dans les actions de l’acupuncture et EA dans l’amélioration de l’insulino-résistance.
Ces différentes études confortent donc dans ce cas clinique le choix des points en EA et de la fréquence appliquée (3/80Hz ; 300µs [note 6] sur 6MC (neiguan), 6Rt (sanyinjiao) (voir annexe 3 : Expérimentation animales sur les effets à long terme de l’acupuncture et électroacupuncture), surtout qu’on observe également un effet à long terme sur la prévention des complications diabétiques et des maladies cardiovasculaires [25].
Néanmoins, le niveau de preuve scientifique soutenu par les études expérimentales n’est pas suffisant et il convient de se reporter aux essais comparatifs randomisés pour alléguer un grade de recommandation dans l’action de l’acupuncture et/ou EA dans le diabète de type 2.
Les essais comparatifs randomisés (ECR) et méta-analyses
Effets immédiats
Concernant les effets immédiats de l’acupuncture et/ou de l’EA, il n’existe aucune méta-analyse sur le sujet. Néanmoins quatre études cliniques pilotes existent [35-38].
Belivani et col. en 2015 [35] dans leur étude pilote pragmatique randomisée ont comparé trois groupes de femmes en obésité (IMC> 30 kg/m²). Le critère de jugement était la glycémie mesurée avant et après l’administration en une seule séance (30 min) d’EA 2/80Hz (durée impulsion100µs) [note 7]. Trois groupes : un groupe Dorsal (n=5) avec EA sur les points ganshu (18V), pishu (20V), weishu (21V) et shenshu (23V) bilatéralement (correspondant aux niveaux segmentaires de l’innervation du pancréas) ; le groupe Oreille (n=5) avec EA aux points d’oreille Poumon et Cœur dans la cavum conchae ; le groupe Corps (n=6) avec EA sur shousanli (10GI), quchi (11GI), zusanli (36E) et zhongping [note 8]. Ils observaient après la séance une diminution significative de la glycémie dans les groupes Dorsal et Corps alors qu’il n’y avait aucun changement et même une tendance vers une hyperglycémie dans le groupe Oreille.
Mohanty et coll. en 2016 [36] se sont aussi intéressés aux effets immédiats de l’acupuncture sur la glycémie de trente-six sujets sains hommes et femmes âgés de 18 à 24 ans. Il s’agit d’un ECR contre placebo et en double aveugle (participants et investigateur). Deux groupes : acupuncture manuelle au zhongwan 12VC (n=18) et groupe acupuncture témoin placebo (n=18) sur un non-point à 1 cun latéral au 12VC. Le critère de jugement est la glycémie aléatoire mesurée avant et après une seule séance (20 min, faite entre 10h30 et 11h30. Ils observent une tendance à la diminution de la glycémie chez les sujets sains mais non statistiquement significative dans les groupes acu et témoin avant et après séance et entre les deux groupes.
Ce qui se rapproche davantage du cas clinique présenté ici est l’ECR contre placebo et en double aveugle également (participants et investigateur) chez quarante diabétiques hommes de type 2 (âge moyen 56±11 ans) [37]. Le protocole de cet ECR est identique à celui de Mohanty [36] avec le même point utilisé zhongwan 12VC (n=20) dans le groupe traité. Après une seule séance d’acupuncture, les auteurs observent une diminution statistiquement significative (p<0,001) de la glycémie dans le groupe acupuncture avant et après séance, alors qu’il n’y a pas de changements dans le groupe témoin.
On observe également une baisse de la glycémie après 30 mn d’acupunture sur zusanli (36E)avant etaprès une unique séance dans l’ECR de Mooventham et coll. dans le groupe Acu (n=30) versus groupe placebo (n=30) [38].
Seuls deux ECR objectivent donc une efficacité immédiate significative dans le diabète de type 2 et sur un seul point : acupuncture manuelle sur 12VC [37] et sur E36 [38]. On retrouve la même efficacité statistiquement significative avec l’EA (2/80 Hz ;100µs) mais chez les femmes obèses non diabétiques [34] alors qu’un autre ECR sur des sujets sains [36] stimulant 12VC, la baisse est légère et non significative. Cela montre l’action cybernétique de l’acupuncture : celle-ci n’agit que s’il y a rupture de l’homéostasie.
Effets à long terme
La première méta-analyse concernant acupuncture et diabète de type 2, au total vingt et un ECR (n=1943 participants) a été publiée en août 2019. Combinée ensemble aux traitements classiques, l’acupuncture manuelle versus acupuncture simulée ou sans, offre une réduction statistiquement significative de la glycémie (MD= 1,21mmol/l, IC à 95% : 1,56 à 0,87 ; I²=91%), glycémie postprandiale à 2h (MD : 2,13 mmol/l ; IC à 95% : 2,79 à 1,46), HA1c (MD= 1,12% ; IC à 95% = 1,62 à -0,62). Les auteurs montrent également en critères secondaires de jugement que l’acupuncture peut améliorer le taux des lipides sanguins, le contrôle de la pression artérielle et réduire le poids. Toutefois, la puissance de cette méta-analyse est faible avec de nombreux ECR de petite taille, une mauvaise qualité méthodologique des ECR examinés et donc la quantité de preuves n’est pas entièrement convaincante, surtout qu’il existe une grande hétérogénéité. Ainsi le test d’Higgins I² = 91% [note 9] peut s’expliquer entre autres par le fait que les auteurs ont analysé en même temps l’acupuncture manuelle de type Médecine Chinoise, l’auriculothérapie, l’acupression, l’enfouissement de catgut sur les acupoints, EA, etc.. Quoi qu’il en soit les auteurs concluent à la nécessité d’études bien planifiées, à long terme et de bonne qualité méthodologique [[39]].
La seconde méta-analyse de Wu et coll. s’est davantage axée sur le traitement de l’insulino-résistance (IR) [note 10]. Vingt études (n=1639) ont été analysées. Dans les 20 études incluses, les participants avaient reçu un diagnostic de maladies liées à l’IR, dont 8 (40 %) patients atteints de diabète de type 2, 8 (40%) avec un syndrome ovarien polykystique (SOPK), 2 (10%) avec le syndrome métabolique, 1(5%) avec hypertension essentielle et 1 (5%) avec une obésité abdominale. L’acupuncture et techniques associées seules ou combinées au traitement occidental ont été comparées versus acupuncture factice (3 ECR) ou versus traitements occidentaux seuls (17 ECR). Avec l’acupuncture, l’évaluation du modèle d’homéostasie de la résistance à l’insuline (Homeostasis Model Accessment of insuline resistance HOMA-IR) [note 11] a diminué de manière significative (différence moyenne (MD) = -1,04, intervalle de confiance à 95% (IC) -1,37 à -0,71 ; p<0,00001 ; I²=95%), tout comme la glycémie à jeun (MD=-0,56, IC à 95% -0,88 à -0,25; p=0,0005 ; I²=96%), la glycémie postprandiale à 2h (2hPG) (MD = -0,91, IC à 95%, -1,62 à -0,20 ; p=0,01 ; I²=96%) et l’insuline à jeun (MD = -3,23, IC à 95% -4,14 à -2 ; p<0,00001 ; I²=90%). On remarque en même temps que l’indice de sensibilité à l’insuline (ISI) (MD= 0,36, IC à 95% 0,18 à 0,53 ; p<0,0001 ; I²=84%) a augmenté et que surviennent moins d’événements indésirables [[40]]. Là encore et comme la précédente méta-analyse, tout ceci suggère que l’acupuncture peut avoir une valeur thérapeutique dans le traitement de la résistance à l’insuline. Toutefois, les conclusions sont limitées par des lacunes méthodologiques des ECR inclus et la grande hétérogénéité.
La méta-analyse similaire de Song et coll. (9 ECR, n=562) s’intéressant à l’efficacité de l’acupuncture sur la résistance à l’insuline et analysant les ECR jusqu’en janvier 2018 a objectivé également des effets significatifs concernant HOMA-IR (MD= 0,70, IC à 95% 0,04 à 1,35, p=0,04<0,05) et sur les résultats secondaires comme la glycémie à jeun, l’insuline à jeun et de la glycémie postprandiale à 2 h. Mais les auteurs signalaient que même si l’acupuncture pouvait aider à améliorer l’IR dans une certaine mesure, il était nécessaire de confirmer par d’autres ECR de haute qualité [[41]].
Une méta-analyse (5 ECR) étudiant la moxibustion dans le diabète de type 2 n’a pas objectivé de réelle efficacité, et il faudra davantage d’ECR de bonne qualité méthodologique pour affirmer une efficacité [[42]].
En revanche et plus récemment, la méta-analyse de Li et coll. parue en octobre 2020 s’est intéressée au syndrome métabolique [note 12]. Un total de 13 ECR ont été identifiés (n=834). Après quatre à douze semaines de traitement (de 20 à 72 séances d’acupuncture), les auteurs observent que l’acupuncture offre une diminution statistiquement significative par rapport à l’acupuncture simulée de divers indices (tour de taille, perte de poids avec réduction de l’indice de masse corporelle IMC, amélioration de l’HbA1c, des TG, du cholestérol total et de l’HTA) ; améliore également le contrôle des taux de triglycérides et d’HDL cholestérol versus traitement conventionnel. Par ailleurs, il est observé également que l’ajout de l’acupuncture au traitement conventionnel engendre des effets globaux nettement plus importants que le traitement conventionnel seul, en ce qui concerne la circonférence de la taille abdominale, l’IMC (DM=−2,54 (Z= 5,83, IC à 95%= -3,40 -1,69) ; p <0,001), ainsi que des améliorations sur la plupart des indices hyperlipidémiques et de la glycémie à jeun. L’acupuncture est donc bénéfique dans le traitement des syndromes métaboliques seule ou associée au traitement conventionnel. Néanmoins, encore une fois, en raison d’une grande hétérogénéité, des ECR à plus grande échelle sont encore nécessaires pour confirmer l’efficacité de l’acupuncture dans le syndrome métabolique [[43]].
En conclusion, selon les preuves fondées sur des données probantes, il est encore nécessaire de réaliser des ECR de grande puissance et de haute qualité méthodologique avant d’affirmer que l’acupuncture et techniques associées puissent être totalement efficaces sur un long terme dans le diabète de stade 2.
Le choix des points et de stimulation
Il existe un consensus dans le choix des points zusanli (36E) et zhongwan (12VC), points classiques utilisés à la fois dans les études expérimentales et les ECR. Feng et coll. en 2018 avaient montré que les points les plus utilisés dans le traitement du diabète de type 2 étaient par ordre de fréquence dans les ECR parus entre 2014 et 2018, 36E, 23V, 6Rt, yishu, 12VC, 11GI (quchi), 9Rt (yinlingquan), 6MC, 4GI, 10Rt (xuehai), 40E (fenglong) et 20V (guanyuan) [17].
On note que le point yishu (EX-B3) est situé dans la zone métamérique et segmentaire du viscérotome innervé par les nerfs cholinergiques du système parasympathique (8e vertèbre thoracique (T8) qui stimulent les sécrétions du pancréas exocrine, mais aussi celles du pancréas endocrine avec sécrétion d’insuline et inhibition du glucagon.
Autre point important à soulever : l’EA est-elle équivalente à l’acupuncture manuelle ?
En d’autres termes, l’acupuncture manuelle (AM) avec recherche du deqi a-t-elle les mêmes effets physiologiques que l’électroacupuncture ? Cette question pragmatique a été en partie analysée à partir des ECR. On s’est aperçu que les techniques de stimulation de l’aiguille en acupuncture manuelle sont presque toujours appliquées pour une durée beaucoup plus courte que la stimulation électrique (c.-à-d. en secondes plutôt qu’en minutes). D’autre part, souvent dans les ECR d’EA, la stimulation manuelle est fréquemment effectuée brièvement en premier afin d’obtenir le deqi, suivie ensuite d’EA, d’où un biais méthodologique dans le sens où l’AM est effectivement comparée à une combinaison d’AM plus EA. D’où l’existence de nombreux facteurs de confusion si la comparaison s’effectue entre AM versus EA, ou AM par rapport à AM+EA.
Autre biais : l’EA est typiquement appliquée au moins 15 à 20 minutes, alors que l’AM en stimulation en continu n’est jamais réalisée. En effet, 20 mn de stimulation manuelle serait trop algique et de ce fait, les aiguilles sont stimulées quelques secondes puis laissées en place 20 mn. La recherche comparative de l’efficacité de l’AM versus EA en 2015 par Langevin et coll. [[44]] a retrouvé un seul ECR comparant EA versus AM [[45]] et seize autres ECR comparant AM par rapport à AM combinée à l’EA. La plupart des ECR portait sur l’évaluation de l’efficacité analgésique (n=10 [59%]). Sept ECR ont objectivé dans cette indication que l’AM+EA avait un effet antalgique supérieur par rapport à AM seule. Une meilleure analgésie était retrouvée si l’EA prolongée est ajoutée à la stimulation manuelle comparée à une stimulation manuelle brève ou intermittente.
Sept méta-analyses comprenaient une comparaison quantitative des résultats entre AM et EA. Une seule concernant la gonarthrose a réalisé une comparaison directe entre AM et EA et a objectivé que quatre ECR (n=614) montraient que l’EA était supérieure à l’AM seule (p=0,042) [[46]].
Les autres comparaisons indirectes entre EA et AM s’intéressaient au sevrage tabagique [[47]], fibromyalgie [[48]], leucopénie induite par la chimiothérapie [[49]], l’état dépressif [[50]], la schizophrénie [[51]] et l’obésité [[52]]. Aucune de ces méta-analyses n’étaient concluantes sur une éventuelle supériorité de l’EA par rapport à l’acupuncture manuelle, mais il est bien difficile d’interpréter ces données du fait d’une faible puissance de ces méta-analyses et du fait que les comparaisons étaient indirectes, à l’exception de la méta-analyse sur la gonalgie montrant une efficacité supérieure de l’EA. En attendant de nouvelles comparaisons et en se fiant aux études expérimentales, il apparaît néanmoins que l’EA a un effet supérieur à l’acupuncture manuelle seule.
Effets immédiats de l’acupuncture : mythe ou réalité ?
L’intérêt aussi de cette étude clinique est d’objectiver que l’acupuncture a un effet immédiat, aussi rapide en action que le fait de prendre de l’acide acétylsalicylique pour faire baisser la fièvre ou la douleur.
D’ailleurs, cet effet immédiat de l’acupuncture et techniques associées a pu également être démontré dans diverses pathologies et symptômes : hémiplégie à la suite d’un accident ischémique cérébral ou effets neuromusculaires après AVC [53-55], effets antalgiques dans la gonalgie liée à la gonarthrose [[56],[57]], actions sur la mécanosensitivité du nerf médian [[58]], dans les douleurs oromyofaciales, craniomandibulaires, cervicales [[59],[60]], sur la rigidité artérielle avec baisse de la pression artérielle diastolique [[61]] ou dans la diminution de la résistance vasculaire de l’artère rénale par moxibustion chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique [[62]], dans la diminution de la force segmentaire musculaire visualisée par électromyographie [[63]], dans la paralysie cérébrale spastique avec diminution de la spasticité du tonus du muscle gastrocnemius chez les enfants [[64]], dans les menstruations et les dysménorrhées primaires [[65]], dans le bien-être psychologique, les réponses immunologiques et endocriniennes physiologiques chez le sportif en compétition [[66]], dans l’amélioration de la dyspnée et de la FEV1 de la broncho-pneumopathie chronique obstructive [[67]], dans l’asthme bronchique et les rhinites allergiques chez les enfants et les adolescents [[68],[69]], dans l’analgésie [[70]], dans la dyspepsie fonctionnelle et la variabilité de la fréquence cardiaque [[71]], etc.
Bien sûr ces études ne sont pas toutes des études comparatives randomisées de grande puissance, mais il s’avère donc que l’acupuncture et techniques associées peuvent avoir un effet immédiat dans de nombreuses pathologies.
Conclusion
Comme nous l’avons vu, chez le patient diabétique sous insuline, la variabilité glycémique est directement liée à la perte de l’homéostasie. On peut la mesurer par des outils spécifiques de calcul qui vont permettre d’évaluer les variations intra-journalières de la glycémie à court terme (MAGE), les variations inter-journalières (MODD), etc.. Ainsi, ces deux indices (MAGE et MODD) apprécient chacun une composante spécifique de la variabilité glycémique du patient diabétique insulino-traité. Certains auteurs considèrent que le MAGE est le témoin d’une variabilité endogène (défaut de sécrétion de l’insuline) et le MODD le témoin d’une composante exogène (type de traitement utilisé) de la variabilité glycémique. Le MAGE, coefficient de variation du glucose, défini par la déviation standard (DS) ajustée sur la moyenne glycémique, est certainement le meilleur index pour évaluer la variabilité glycémique. La valeur de 36 % permet de séparer les diabètes stables et labiles [3,[72]].
Par ailleurs, chez le diabétique, la valeur moyenne du MODD est significativement plus élevée chez les patients présentant des changements de mode de vie que chez ceux qui n’en ont pas [[73]].
Dans notre observation, il est difficile de les calculer du fait du nombre insuffisant de données recueillies au domicile (tableau I) [3,[74]]. Néanmoins en raison du mode de vie sédentaire et de son invalidité au travail du patient, on peut supposer que la variabilité glycémique est faible et que son diabète de type 2 est stable. Cela témoigne que l’acupuncture et EA associées au traitement diététique, médicamenteux permet une faible perte de l’homéostasie glycémique, ce qui réduira la survenue d’événements cardio-vasculaires graves chez ce patient diabétique de stade 2 insulino-requérant. L’effet est immédiat et se prolonge dans le temps.
En conclusion, l’acupuncture et l’électroacupuncture, se doivent de faire partie de la panoplie du traitement de tout diabète de type 2.
Points forts
L’EA a un effet hypoglycémiant immédiat dans le diabète de type 2. Protocole de points : 36E zusanli, 12VC zhongwan et 4VC guanyuan à la fréquence 15Hz (durée d’impulsion 200µs) L’EA a un effet hypoglycémiant à long terme dans le diabète de type 2. Protocole de points : 3/80 Hz ; 300µs sur 6MC (neiguan), 6Rt (sanyinjiao) Autres points à utiliser : puncture manuelle avec recherche du deqi sur les points 23V (shenshu), 3R (taixi), 4Rt (gongsun), 7C (shenmen), 20VG (baihui), yishu (EX-B3)
Merisiers en fleurs – Parc Naturel Régional Scarpe Escaut – France
Annexes
Annexe 1. Le choix des points
Les points ont été choisis selon les Textes.
Xiaoke (de xiao amaigrissement et ke soif), diabète de type 2 est lié à une Chaleur des Trois Réchauffeurs (sanjiao) et est dû à un Vide de yin engendrant un feu interne. Dans ce cas clinique, cela a abouti ainsi à un Vide de yin et de yang des Reins. Il est alors intéressant d’utiliser les points choisis ci-dessous.
Neiguan (6MC)
Il s’agit du point clé d’ouverture du yinweimai, Merveilleux Vaisseau qui contrôle qualitativement le yin. Par ailleurs, il est le point luo du shoujueyin permet de faire croître le yin et de stabiliser le shen. Il a pour fonction d’ouvrir la poitrine, calmer le shen, faire circuler le qi et le Sang (xue), le qi du Foie, harmoniser l’Estomac.
Sanyinjiao(6Rt)
Il harmonise et tonifie le qi de la Rate et de l’Estomac ; c’est le point luo de groupe des méridiens yin des membres inférieurs (Rate, Foie, Reins) et de ce fait contribue à remonter le yin du bas de la Rate, des Reins et du Foie. Il élimine l’Humidité, calme le shen, nourrit le Sang et le yin. Associé à guanyuan (4VC), il peut renforcer le xian tian (Inné ou Ciel antérieur), le hou tian (Acquis ou Ciel postérieur), le yuan yang (yang originel) et le yuan yin (yin originel).
Guanyuan (4VC)
Il est le point mu d’Intestin Grêle, point de croisement du Vaisseau Conception avec Rate, Foie et Reins et chongmai. Tonifie le yin des Reins, tonifie le qi Originel (yuan qi). De plus en tonification et réchauffement, 4RM renforce le yang des Reins. Il calme également le shen.
Zusanli (36E)
C’est unpoint Mer (he) du méridien d’Estomac, point Terre, utilisé pour faire descendre le qi et clarifier la Chaleur ; point Étoile Céleste [note 13] de Ma Dan Yang, point de la Mer de l’Eau et des Aliments ; va harmoniser Rate et Estomac, le xue et le qi.
Zhongwan (12VC)
Point mu de l’Estomac, point de réunion (hui) des Entrailles (fu), point de croisement avec les méridiens de l’Intestin grêle, du Triple Réchauffeur et de l’Estomac, il tonifie Estomac et Rate, harmonise le Réchauffeur moyen, régule la circulation du qi, élimine les Mucosités-Glaires (tanyin) et l’Humidité.
Shenshu (23V)
Point beishu (point shu du dos) du Rein, le renforce, tonifie son qi et son yang ; a des effets bénéfiques sur l’Essence (jing), nourrit le yin du Rein.
Taixi (3R)
Point antique (shu), yuan (source) et shu (rivière), point Terre, il tonifie les Reins que ce soit le yin ou le yang des Reins, stabilise le qi du Poumon, élimine la Chaleur-Vide.
Gongsun (4Rt)
Renforce et régule le qi de la Rate car il est son point luo et élimine l’Humidité ; il est aussi le point clé d’ouverture du chongmai.
Shenmen (7C)
Régule et renforce le Cœur (Sang et yin), calme l’Esprit (shen) ; élimine la Chaleur du méridien du Cœur ; Point source (yuan), point rivière (shu), point Terre ; calme l’Esprit (shen).
Baihui (20VG)
Il est le point de croisement du Vaisseau Gouverneur avec les méridiens de Vessie, Vésicule Biliaire, Triple Réchauffeur et du Foie ; point de la Mer des Moëlles. Il a pour action de faire tomber le Vent interne, soumet le yang, a des effets bénéfiques sur le Cerveau et les organes des sens, calme l’Esprit (shen).
Yishu (EX-B3)
C’est un point hors méridien situé à 1,5 cun en dessous épineuse de T8. Cela correspond à la zone métamérique du pancréas.
Annexe 2. Expérimentations animales sur les effets immédiats de l’acupuncture et électroacupuncture
En 1999, Chang et coll. stimulaient pendant 30 mn par EA (fréquence 15Hz, durée d’impulsion 200µs) les points zhongwan (12VC) et gwanyuan (4VC) sur un modèle de rats diabétiques et observaient versus groupe placebo, une baisse de la glycémie statistiquement significative (p<0,01), avec retour de la glycémie à la normale au bout de 30mn après la séance. Les auteurs observaient également une augmentation de la sécrétion plasmatique de β endorphines (p<0,05) et d’insuline (p<0,01) et suggéraient que la réduction de la glycémie était en relation avec ces stimulations. Pas d’effet de l’EA sur le glucagon [6].
Ishizaki et coll. ont démontré sur un modèle de rats diabétiques GK que l’EA (15Hz, 200µs sur 12VC et 4VC) a engendré une hypoglycémie statistiquement significative (p<0,007) mesurée à la 30e mn par augmentation marquée des taux plasmatiques d’insuline (p<0,001) versus groupe témoin. L’EA augmente donc la sensibilité à l’insuline [9].
Après EA (15 Hz ; 200µs) sur zusanli (36E), l’activité hypoglycémique a été confirmée également versus groupes témoins de manière statistiquement significative (p<0,01) à la fois sur les rats Wistar normaux et les rats diabétiques STZ, la glycémie ayant été mesurée avant EA (0 min) et après EA (à 30 et 60 min). Les auteurs observaient aussi une sensibilité accrue à l’insuline [10].
Un effet hypoglycémique de l’EA (2Hz ; 200µs) a été aussi observé par la stimulation du zusanli (36E) chez les rats normaux versus point placebo (p<0,001) associé à une augmentation statistiquement significative 30 mn après EA des niveaux plasmatiques d’insuline (p<0,01) et des β-endorphines (p<0,05). Il n’y avait aucune réponse hypoglycémique de l’EA à 2 Hz EA chez les rats diabétiques STZ. La sérotonine pourrait jouer un rôle dans ce phénomène. En effet, l’injection intraveineuse de sérotonine (5-HT) a diminué la glycémie de manière significative chez les rats normaux. Par conséquent, les auteurs suggéraient que l’EA à 2Hz sur zusanli induirait une réaction hypoglycémique médiée par la sérotonine et les β-endorphines via la sécrétion d’insuline [7].
Sur un modèle de rats en hyperglycémie par ablation de la surrénale (adrénalectomisé) car l’adrénaline inhibe l’insuline, il a été démontré que l’EA à 15hz (200µs) sur zhongwan (12VC) et gwanyuan (4VC) engendre une hypoglycémie significative versus groupe témoin (p<0,01), action inhibée par la naloxone, mesurée après la séance. Ce qui objective la participation des β-endorphines de la glande surrénale dans l’action hypoglycémique de l’EA [8].
On a pu également montrer que l’EA à 15Hz (200µs) sur zusanli pendant 60 mn chez des rats en résistance à l’insuline par injection de prednisolone (SIIR), permet d’améliorer cette résistance à l’insuline en diminuant les acides gras plasmatiques et régulant à la hausse l’expression des protéines de signalisation de l’insuline (IRS1[ note 14] et GLUT4 [note 15]), ce qui améliore l’activité de l’insuline. La baisse de la glycémie et des acides gras libres a été statistiquement observée à 30, 60mn (p<0,05). Par ailleurs, il existe une diminution de l’HOMA-IR (Homeostasis Model Accessment of insuline resistance) dans le groupe EA versus groupe non-EA (p<0,05) [12].
En 2016, on observe encore des résultats sensiblement identiques aussi sur un modèle de rats SIIR induite par un autre stéroïde, le dexaméthasone. L’EA à 15Hz (200µs) sur zusanli pendant 60 minutes engendre également une glycémie et des concentrations en acides gras libres significativement inférieurs à 30/60 minutes versus groupe non traité (p<0,01). De même, l’expression de l’IRS-1 et du GLUT4 a été considérablement augmentée par l’EA (p<0,01). Les auteurs concluent que l’EA augmentent la sensibilité à l’insuline [11].
On obtient à nouveau les mêmes résultats sur l’abaissement du taux de glucose plasmatique à 30, 60 et 90mn après une séance d’EA de 60mn sur zusanli (36E) (15 Hz 200µs) mais cette fois-ci en traitement associé à l’acarbose (ACA inhibiteurs des alpha-glucosidases). Le traitement combiné de l’ACA + EA a eu un effet de réduction du glucose plus important que celui de l’ACA seul chez les rats Wistar normaux (−45% ±3 % contre −19% ± 3%, p< 0,001) et les rats modèles SIIR (−43% ± 2% contre −16% ± 6%, p < 0,001). Ont également été observées dans le groupe ACA + EA des rats SIIR versus groupe témoin, une réduction significative des niveaux des acides gras plasmatiques, une amélioration de l’évaluation du modèle homéostatique de l’indice IR (HOMA-IR) (−48,9% ± 4,0%, p < 0,001) et l’indice de sensibilité à l’insuline (102 % ± 16,9 %, p < 0,001), des augmentations significatives de l’IRS1, du GLUT4 et du récepteur-γ proliférateur activé par le peroxisome (PPAR‐γ) dans le muscle squelettique. Bref, l’EA combinée à l’ACA produit donc un effet plus fort de réduction de glucose que l’ACA seul [14].
Sur des modèles de rats diabétiques STZ, l’EA (15Hz ; 200µs ; 30 mn) aux zusanli (36E) et zhongwan (12VC) diminue l’hyperglycémie analysée 30mn après la séance (p<0,01) versus groupe témoin. L’EA stimule de manière statistiquement significative (p<0,01) l’expression des protéines de signalisation de l’insuline (IRS1, Akt2 [note 16]) qui sont activées par les nerfs cholinergiques du système parasympathique médié par l’acétylcholine et la glande surrénale [15]. Les auteurs confirment ces données en utilisant l’atropine, l’hémicholinium-3 (HC-3) et l’éserine qui sont antagonistes des nerfs cholinergiques et qui vont de ce fait bloquer l’action hypoglycémique de l’EA 15Hz (200µs). Par ailleurs, aucune différence significative dans les valeurs d’insuline ou de concentrations en acides gras libres n’a été notée entre les deux groupes ; toutefois, on observe aussi une diminution de l’HOMA-IR dans le groupe EA (p<0,05) [16]. Même constat dans une autre étude de Lin et coll. On retrouve également des taux significativement plus bas de la glycémie lors de l’EA (15Hz ; 200µs : 36E) versus groupe témoin à 15, 30, 60 et 90 min (p<0,005). Les auteurs objectivent également l’action de l’EA sur les nerfs cholinergiques, sur le neurotransmetteur monoxyde d’azote ou oxyde nitrique (NO) dont la biosynthèse est sous la dépendance, entre autres de l’isoforme neuronale de l’oxyde nitrique synthase (nNOS1)[note 17]. Ils concluent que l’action de l’EA a un effet combiné sur les nerfs cholinergiques et sur l’activité nNOS. Celle-ci est augmentée significativement (p<0,05), via des concentrations plus faibles en acides gras libres (p<0,05 à 90mn) plasmatiques avec amélioration de l’activité de l’insuline par une régulation positive de l’IRS1 dans le muscle squelettique du rat [13].
Annexe 3. Expérimentations animales sur les effets à long terme de l’acupuncture et électroacupuncture
L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien libère le cortisol qui est augmenté lors d’une période de stress, engendrant la libération d’acides gras et de triglycérides. Cela va diminuer la sensibilité à l’insuline avec le risque de diabète de type 2. Gao et coll. ont ainsi objectivé que l’EA 15Hz (tous les jours 20 min ; 5 traitements par semaine pendant un mois) sur un modèle de rats diabétiques appliquée au point yishu (EX-B3) réduit significativement l’hyperglycémie (p<0,01) tout comme pishu (V20) et shenshu (V23). L’EA atténue l’hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien en réduisant la corticotropin-releasing hormone (CRH) et le cortisol, en améliorant la résistance à l’insuline et l’indice de sensibilité à l’insuline et en régulant le métabolisme des lipides sanguins de manière significative (triglycérides, cholestérol HDL et LDL) [21].
L’étude de Tominaga et coll [22] montre que l’application de quatorze séances réparties sur quatre semaines d’EA (2/15Hz ; 200µs) au 36E zusanli engendre une augmentation significative dans le muscle de la protéine kinase activée par l’AMP (AMPK) [note 18] juste après la séance finale versus groupe témoin (p<0,05), donc améliorant la résistance à l’insuline induite par l’alimentation.
Ainsi sur un modèle de rats mâles Sprague-Dawley avec insulinorésistance induite par un régime hyperlipidique (n=24), Lan et coll. ont étudié l’effet de l’EA (2/50Hz ; 500µs ; séance de 20mn tous les jours pendant 4 semaines) sur les points shenshu (V23), neiguan (6MC), zusanli (36E) et sanyinjiao (Rt6). Ils ont observé une augmentation significative des marqueurs de l’expression des IRS1, Pi3K [note 19], Akt2 et de l’eNOS dans l’endothélium vasculaire avec production de monoxyde d’azote (NO) versus groupe témoin ou groupe insulinorésistant non traité. De même l’indice HOMA était significativement abaissé (p<0,05) [25]. Ceci permet d’atténuer le dysfonctionnement endothélial et pourrait donc jouer un rôle potentiel dans la prévention ou le traitement des complications diabétiques communes telles que neuropathies, néphropathies et maladies cardiovasculaires par la voie de signalisation Pi3K/Akt, tout en améliorant l’impact négatif de l’alimentation [17].
Une autre étude expérimentale similaire objective également chez un modèle de rat en insulinorésistance (n=32) que l’EA (2/50Hz ; 500µs ; séance de 20mn sept jours par semaine pendant deux semaines consécutives) sur les points 40E (fenglong) et 6Rt (sanyinjiao) améliore la sensibilité à l’insuline (indice HOMA-IR diminué p<0,01) par régulation positive de l’expression des composants de la signalisation AMPK et de l’acétyl-CoA carboxylase (ACC) [note 20] dans le muscle squelettique versus groupe témoin. Diminution aussi des triglycérides et du cholestérol (p<0,05) [23].
Que l’on retrouve également dans cette étude expérimentale sur quarante rats qui a observé l’effet de l’électroacupuncture (2 Hz/100 Hz) sur les points fenglong (40E) et sanyinjiao (6Rt) dans les troubles du métabolisme des lipides, la résistance à l’insuline (RI) et l’expression des protéines SREBP-1 (sterol regulatory element blinding protein-1) [note 21] au niveau du tissu hépatique de rats atteints d’hyperlipidémie avec RI. Ainsi après EA une fois par jour pendant 14 jours, il est observé une régulation de la glycémie à 60 et 120 mn après dernière intervention, une augmentation significative du cholestérol HDL sérique (P<0,01), une diminution des triglycérides sériques, du cholestérol LDL, des acides gras libres (p<0,05) et des niveaux d’expression des protéines hépatiques SREBP-1c par rapport au groupe témoin (P<0,01). Aucune différence significative n’a été constatée entre les groupes EA et médicaments dans tous les indices mentionnés ci-dessus (P>0,05). En conclusion, l’EA est capable d’améliorer le trouble du métabolisme des lipides des rats en insulinorésistance, ce qui peut être associé à ses effets de réduction de l’expression des protéines SREBP-1 c et de la diminution de la synthèse des acides gras [26]. Les mêmes auteurs, dans une étude similaire avec la même méthodologie d’EA objectiveront une amélioration dans le tissu hépatique du métabolisme lipidique des rats en insulinorésistance en rapport avec une diminution de l’activité des enzymes liées à la synthèse des acides gras, régulation de l’adiponectine et de la leptine [note 22] induite par la régulation de la signalisation AMPK/ p38 MAPK/PPARγ (kinase protéique activée par le mitogène p38/récepteur gamma activé par proliférateur peroxisome (PPARγ) [24].
L’étude de Peplow concernant des rats Zucker, obèses et diabétiques âgés appliquant le protocole précédemment établi [19] (EA 10Hz ; 200µs ; 30mn) a objectivé une diminution de la leptine et une augmentation du rapport adiponectine/leptine dans le tissu adipeux et le sérum. De tels changements peuvent améliorer la résistance à l’insuline chez les rats diabétiques obèses. Cet effet hypoglycémique de l’EA répétée sur zhongwan (12VC) et guanyuan (4VC) est plus efficace que l’EA sur zusanli (36E). La diminution de la leptine peut ainsi améliorer la sensibilité à l’insuline et augmenter l’absorption de glucose stimulée par l’insuline dans les adipocytes [28].
L’EA (2/15Hz ; 500µs) ; 30mn sur baihui (20VG) a également un effet protecteur sur les lésions ischémiques cérébrales chez les souris diabétiques STZ, lorsqu’elle est utilisée deux heures avant induction d’une ischémie cérébrale focale. Les auteurs observent une réduction de la taille de l’infarctus, une diminution du malondialdéhyde (MDA) [note 23] et des espèces réactives d’oxygène (ROS) [note 24]. Cela est médié au moins en partie par l’action inhibitrice de l’EA de l’activité oxydase de la NADPH. Les résultats suggèrent que l’EA peut avoir un rôle potentiel dans la prophylaxie des complications cérébro-vasculaires du diabète [29].
De nombreuses études ont montré aussi que l’épigénétique est étroitement associée à l’obésité mais également aux troubles métaboliques [32,33]. L’acupuncture ou/et l’EA peuvent avoir aussi un rôle épigénétique dans le diabète de type 2 comme cela a été démontré dans le stress [[75]].
Ainsi, par le biais de la déméthylation et l’inhibition du promoteur hypothalamique Tsc1(Tuberous sclerosis complex 1), l’EA (2/15hz ; durée impulsion 1000µs ; 30mn/jour pendant trente jours) sur tianshu 25E, zhongwan 12VC, sanyinjiao 6Rt et zusanli 36E va ainsi inhiber l’activité de la voie de signalisation mTORC1 [note 25], comme cela a été démontré expérimentalement chez des rats en obésité par alimentation en haute teneur de matières grasses. L’EA contrôle ainsi les facteurs de régulation de l’appétit et atténue l’obésité chez ces animaux [31].
Une nouvelle approche des mécanismes physiopathologiques de l’action de l’EA sur le diabète fait intervenir l’action sur les ARN circulaires [note26] [33] par une autre étude épigénétique qui va conforter les résultats de l’étude de Leng et coll. [31].
Ainsi il est observé après EA (2Hz pendant 15 mn ; durée d’impulsion 500µs) sur zusanli (36E), pishu (20V) une fois tous les deux jours, trois fois par semaine, pendant 4 semaines (12 fois au total) une réduction de la glycémie à jeun, une préservation de la structure de l’îlot et une réduction du taux apoptotique de cellules β de l’îlot de Langerhans chez les souris modèles de diabète de type 2. Par ailleurs, cent-soixante-cinq circARN exprimés différemment ont été retrouvés [note 27]. Ces résultats suggèrent que l’action de l’EA est multifactorielle. La régulation de la glycémie dans le diabète de type 2, peut aussi se faire éventuellement via la régulation de la signalisation de l’hormone thyroïdienne et du phosphatidyl-inositol [34].
Notes
[1]. Si l’IMC est : Entre 25,0 et 29,9 kg/m², il existe un surpoids ; Entre 30,0 et 34,9 kg/m², il s’agit d’obésité modérée ; Entre 35,0 et 39,9 kg/m², il s’agit d’une obésité sévère ; Plus de 40 kg/m², on parle d’obésité massive.
[2]. Un test de glycémie aléatoire peut être effectué à tout moment de la journée. Les résultats peuvent varier en fonction du dernier repas consommé. On considère cependant qu’une personne en bonne santé avec une tolérance au glucose normale n’aura pas de changements majeurs dans les niveaux de glucose dans le sang. Un taux de glucose aléatoire normal varie de 0,70g/L (3,9mmol/L) et ne dépasse pas 1,40g/L (7,8mmol/L).
[3]. La streptozotocine, à forte dose, détruit les cellules B ; à faible dose et répétée, induit une destruction des cellules B de Langerhans par un mécanisme immunitaire dépendant des cellules T.
[4]. Dans son milieu naturel, cet animal se nourrit de plantes salées pauvres en calories, alors que soumis à un régime standard de laboratoire, 40% des animaux deviennent obèses et développent un diabète non insulino-dépendant à partir du 3e mois. Les 60% restants ne présentent pas de diabète mais restent obèses avec des taux élevés d’insuline plasmatique. Le rat des sables répond à l’augmentation alimentaire provoquant une surcharge calorique par un accroissement du poids corporel dû à une augmentation de la taille des adipocytes ou cellules graisseuses, une hyperinsulinémie et une intolérance au glucose à différents degrés.
[5]. L’épigénome comprend la méthylation de l’ADN, les modifications de l’histone et les ARN non codants, qui peuvent réguler la différenciation cellulaire, l’expression des gènes spécifiques aux cellules, l’empreinte parentale, l’inactivation du chromosome X, ainsi que la stabilité et la structure génomiques [30].
[6]. Dans les études expérimentales, la fréquence la plus souvent appliquée est 2/50 Hz avec une durée d’impulsion de 500µs, ce qui correspond à la fréquence 3/80 Hz à une durée d’impulsion 300µs.
[7]. Cela correspond à une fréquence de 1/40 Hz pour une durée d’impulsion 200µs
[8]. Zhongping est localisé à mi-distance entre le 38E et l’interligne fémoro-tibial. Le point est décrit comme un point curieux sous le nom de zuzhongping (zhongping du pied). Voir Goret O. Tiaokou dans l’épaule douloureuse : shang bing xia qu. Acupuncture & Moxibustion. 2005;4(3):218-219.
[9]. Une valeur I² <25% indique une hétérogénéité faible, des valeurs comprises entre 25 et 50% une hétérogénéité modérée et une valeur 50% une hétérogénéité importante.
[10]. L’insulinorésistance se définit par une réduction de la réponse biologique à l’action de l’insuline. De ce fait, on observe des anomalies du métabolisme des glucides, pouvant conduire à l’apparition d’un diabète de type 2 ; des anomalies des lipides (hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie), et est souvent associée à une surcharge pondérale et à une hypertension artérielle.
[11]. L’HOMA-IR est un index qui permet de calculer la résistance à l’insuline (insulino-résistance). HOMA-IR = Insuline x Glucose / 22,5. Les patients ayant un index de HOMA > 3 sont insulino-résistants
[12]. Le syndrome métabolique ne se définit pas comme étant une maladie, mais plutôt se traduit par la présence de plusieurs troubles physiologiques et biochimiques. Reconnu depuis les années 1920, le syndrome métabolique, aussi appelé « syndrome X », désigne la coexistence de plusieurs désordres métaboliques qui augmentent considérablement le risque de diabète de type 2 et de maladies cardiaques. Le diagnostic est fait lorsque le sujet présente au moins trois des symptômes suivants : hypertension artérielle, glycémie élevée mais sans réel diabète de type 2, surpoids ou embonpoint abdominal, faible taux de HDL cholestérol et taux élevé de triglycérides. Ces signes peuvent entraîner des complications (passage en diabète de type 2, cardiopathie, d’accident vasculaire cérébral (AVC). Bref, cela est engendré par une insulino-résistance. La prévalence du syndrome métabolique en France est de 22,5% chez les hommes et 18,5% chez les femmes selon l’étude de Gamila et al. (Gamila S, Dallongeville J. Épidémiologie du syndrome métabolique en France ; 2003.)
[13]. Les points Etoiles célestes ont été tout d’abord onze décrits par Ma Dan Yang (1123-1183) dans sa « chanson des onze points Etoiles célestes ». Le douzième point taichong (F3) a été rajouté sous la dynastie Ming (1368-1644) par Xu Feng Zhuan dans son « Classique du Dragon de Jade ». Aujourd’hui on les retrouve dans le classique Zhenjiu Dacheng (针灸大成) daté de 1601. Les points sont : E36 zusanli, E44 neiting, GI11 quchi, GI4 hegu, V40 weizhong, V57 chengshan, F3 taichong, V60 kunlun, VB30 huantiao, VB34 yanglingquan, C5 tongli, P7 lieque.
[14]. Le substrat récepteur de l’insuline 1 (IRS1) est une protéine adaptatrice de signalisation. La transmission du signal insulinique dans la cellule met en jeu des modules protéiques de reconnaissance présents sur les protéines substrats et capables de les positionner à proximité du récepteur activé. L’IRS1 joue un rôle clé dans la transmission de signaux de l’insuline et l’insuline-like growth factor-1 (IGF-1), mais aussi des récepteurs aux voies intracellulaires Pi3K/Akt et les voies Erk MAP Kinases
[15]. Le transporteur de glucose 4 (GLUT4) est une protéine de la famille des transporteurs GLUT de classe I (avec GLUT1, GLUT2, et GLUT3), dont le rôle essentiel est le transport du glucose du plasma au muscle et au tissu adipeux.
[16]. L’Akt2 est une enzyme appartenant à la famille des protéines kinases, impliquée dans la signalisation cellulaire de l’insuline, nécessaire au transport du glucose.
[17]. Le nNOS est exprimé dans les îlots pancréatiques de rat et aide à contrôler la sécrétion d’insuline.
[18]. La protéine kinase activée par l’AMP (AMPK) est une protéine régulatrice clé de l’homéostasie énergétique et joue entre autres dans la régulation de la synthèse d’insuline. L’AMPK contenu dans le muscle squelettique va médier également le transporteur insulino-dépendant du glucose GLUT4.
[19]. L’une des principales voies de la signalisation insulinique est celle de la phosphatidyl-inositol 3 kinase (Pi3K). Dans la voie de signalisation PI3K/Akt, l’activité du Pi3K des rats résistants à l’insuline est généralement inhibée. De ce fait, les activités métaboliques comme la synthèse du glycogène sont améliorées via la voie de signalisation Pi3K/Akt. (Capeau J. Voies de signalisation de l’insuline : mécanismes affectés dans l’insulino-résistance. M/S : médecine sciences. 2003;19(8–9) :834-839).
[20]. L’acétyl-CoA carboxylase est une enzyme largement répandue dans de nombreux tissus mais principalement dans le foie, le tissu adipeux et la glande mammaire qui synthétisent des acides gras. Elle intervient dans la première étape de la synthèse des acides gras. L’insuline produit l’induction de la transcription du gène de l’acétyl-CoA carboxylase.
[21]. Le SREBP-1c est un médiateur des effets transcriptionnels de l’insuline dans le foie, acteur majeur de la régulation du métabolisme lipidique puisqu’ils contrôlent l’expression des gènes du métabolisme des acides gras, des triglycérides et du cholestérol. L’activation de l’isoforme SREBP-1c se fait par l’insuline dans le foie. L’insuline après liaison à son récepteur active la transcription du gène SREBP-1c par une voie impliquant la phosphatidyl inositol 3 phosphate kinase (PI3 kinase) et la protéine kinase B (PKB). (Foufelle F, Hegarty B, Bobard A, Hainault I, Bossard P, Ferré P. Un nouveau rôle de l’insuline dans la régulation du métabolisme glucido-lipidique hépatique. Médecine/scienses.2005;21:569-92.).
[22]. L’adiponectine est produite par le tissu adipeux et impliquée, entre autres, dans la régulation du métabolisme des lipides et du glucose. Un taux d’adiponectine élevé diminuerait le risque de diabète de type II. Elle exerce son rôle antidiabétique au niveau du foie et du muscle squelettique en augmentant la sensibilité à l’insuline de ces organes. Au niveau hépatique, elle permet de diminuer la production de glucose et de réduire le contenu en triglycérides. Dans le muscle squelettique, l’adiponectine permet une augmentation de l’entrée de glucose et une augmentation de l’oxydation des acides gras. La leptine est produite et sécrétée dans la circulation sanguine par les adipocytes. Une sécrétion importante de leptine induit une lipolyse, inhibe la lipogenèse et augmente la sensibilité à l’insuline. La leptine agirait comme un signal de satiété. (Vatier C ; Capeau J, Vigouroux C. La leptine, nouvelle perspective thérapeutique dans le traitement du diabète ? Médecine/Sciences. 2010 ;10(26):504-807)
[23]. Le stress oxydant peut être évalué par la mesure du produit terminal de la péroxidation lipidique, le malondialdéhyde (MDA). C’est un marqueur de stress oxydant sensible et spécifique.
[24]. La NADPH oxydase (NOX) est un complexe enzymatique membranaire, enzyme clé de l’explosion oxydative, où elle catalyse la réaction d’oxydation du NADPH par l’oxygène O2, ce qui produit du NADP+, de l’H+ et de l’O2–. Ces deux derniers réagissent ensuite sous l’action de la superoxyde dismutase (SOD) pour former du peroxyde d’hydrogène H2O2.
[25]. Parmi les nombreuses voies de signalisation de la cellule cancéreuse, la voie PI3K-Akt-mTOR joue un rôle majeur dans la croissance, la prolifération et la survie cellulaire. Il s’agit d’une voie complexe dont l’activation peut se faire soit au niveau extracellulaire via des récepteurs à activité tyrosine kinase, soit au niveau intracellulaire par mutation ou surexpression de protéines impliquées dans cette voie. mTOR (mechanistic target of rapamycin) dans l’hypothalamus, cible de la rapamycine chez les mammifères, est une enzyme qui régule donc la prolifération, la croissance, la mobilité cellulaire, etc. De ce fait, elle est associée au niveau pathologique à la genèse des tumeurs. Cependant, mTOR joue aussi un rôle dans l’obésité, la faim et l’homéostasie énergétique de l’organisme. On objectivera ainsi sur des modèles de rats obèses une augmentation de la méthylation du promoteur du gène Tsc1 et celle de l’expression du mTORC1 dans l’hypothalamus. La voie de signalisation mTORC1 est activée par les nutriments, les hormones comme l’insuline et les facteurs de croissance apparentés à l’insuline 1 (IGF-1) par le biais de la voie PI3K/Akt ou de la voie des MAPK, et aussi nécessite l’inhibition de Tsc1/Tsc2 au niveau hypothalamique. L’AMPK inhibe mTORC1 dans des conditions de déficit en énergie.
[26]. Les ARN circulaires (circARN) sont actuellement classés comme des ARN non codants (ARNnc), biomarqueurs potentiels de la maladie. Des exosomes, nanovésicules extracellulaires (30–150 nm) d’origine endocytique transportent de nombreuses molécules biologiques telles que ces fragments d’ADN, des circARN et des micro(mi)ARN qui favorisent la communication intercellulaire et régulent de nombreux processus pathophysiologiques. Ainsi une surexpression du miR-7 (miARN-7) dans les cellules β transgéniques de souris entraîne le diabète. De même, il a également été démontré que la surexpression du ciRS-7 inhibe la fonction miR-7 dans les cellules β de l’îlot de Langerhans, ce qui améliore à son tour la sécrétion d’insuline. Notons qu’il existe plusieurs couches de régulation épigénétique : méthylation directe des résidus de cytosine ou d’adénine, modifications covalentes des protéines histones, structure chromatine de plus haut ordre et ARN non codant, comme ici. Chacun d’entre eux a été impliqué dans des processus cellulaires intervenant dans le diabète. De fait, il existe de nombreuses associations entre l’épigénétique et le diabète, l’obésité, et autres désordres métaboliques.
[27]. Shou et coll. montrent dans leur étude que l’EA peut agir à plusieurs niveaux : réguler à la hausse les voies de signalisation de l’hormone thyroïdienne, celles de la régulation des erreurs de transcription du cancer, de la régulation des lipides des adipocytes, etc. ; et peut réguler à la baisse la voie de transduction du signal de la phagocytose des macrophages, la voie du système de signalisation du phosphatidyl-inositol, la voie du métabolisme de la choline cancéreuse, la voie de signalisation mTOR, la voie du métabolisme du phosphoinositol (IP) et la voie du protéoglycane cancéreux, etc. Ainsi, les analyses ont révélé entre autres que la signalisation de l’hormone thyroïdienne était activement régulée par l’EA. L’analyse de l’interaction circARN/miARN a révélé aussi que le mmu-mir-7092-3p était étroitement associé au circINPP4B, suggérant que la voie de signalisation du phosphatidyl-inositol pouvait être affectée par l’EA.
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Usine sidérurgique de Völklingen – patrimoine mondial de l’UNESCO (1994) – Communauté urbaine de Sarrebruck – Sarre – Allemagne
Résumé. Introduction. L’incidence des neuropathies diabétiques est estimée entre 10 à 26% au bout de dix ans après le diagnostic de diabète de type 2. Les traitements usuels des symptômes douloureux reposent sur les antidépresseurs tricycliques, la gabapentine, la prégabaline, la duloxétine, éventuellement les opiacés ou la capsaïcine topique. Mais les effets secondaires de ces différentes molécules ne sont pas négligeables. L’acupuncture et les techniques associées (électroacupuncture -EA-, moxibustion) peuvent-elles avoir leur place dans la thérapeutique classique ? Méthodes. A partir d’une étude de cas d’une femme de 73 ans diabétique de type 2 et présentant des douleurs neuropathiques, un protocole a été choisi en fonction de la différenciation des syndromes (bianzheng) correspondant ici à un état de Plénitude-Chaleur, et aussi selon les données de l’acupuncture fondée sur les preuves. Les points utilisés sont donc : baxie et bafeng, 39VB (xuanzhong), 5TR (waiguan), 4Rt (gongsun), 12JM (zhongwan), 6Rt (sanyinjiao), 36E (zusanli), 40E (fenglong), 4GI (hegu), 20V (pishu), 7P (lieque), 23V (shenshu), 11GI (quchi). L’EA a été appliquée sur 6Rt (sanyinjiao) et 36E (zusanli) à la fréquence alternée 3/80 Hz (durée de l’impulsion : 300µs), et à la fréquence de 2Hz (300µs) sur 39VB (xuanzhong) et 5TR (waiguan). Résultats. Appliquées pendant plus de trois ans, à raison d’une séance tous les quinze jours, l’acupuncture et EA ont amélioré la qualité de la vie en diminuant sensiblement les douleurs neuropathiques. Conclusion. L’acupuncture et l’EA doivent être intégrées au panel de soins usuel dans le cadre de la médecine intégrative.
Mots clés. Neuropathie diabétique – acupuncture – électroacupuncture – bianzheng – neurologie – médecine fondée sur les preuves – acupuncture expérimentale
The contribution of acupuncture and related techniques in diabetic neuropathy: synthesis from a case study
Summary. Introduction. The incidence of diabetic neuropathy is estimated to be 10-26% at ten years after the diagnosis of type 2 diabetes. The usual treatments for painful symptoms are based on tricyclic antidepressants, gabapentin, pregabalin, duloxetine, possibly opiates or topical capsaicin. But the side effects of these different molecules are not negligible. Can acupuncture and related techniques (electroacupuncture -EA-, moxibustion) have their place in classical therapy? Methods. Based on a case study of a 73-year-old woman with type 2 diabetes and neuropathic pain, a protocol was chosen according to the differentiation of syndromes (bianzheng) corresponding here to a state of Plenitude-Heat, and also according to evidence-based acupuncture data. The points used are therefore: baxie and bafeng, GB39 (xuanzhong), SJ5 (waiguan), SP4 (gongsun), REN12 (zhongwan), SP6 (sanyinjiao), ST36 (zusanli), ST40 (fenglong), LI4 (hegu), BL20 (pishu), LU7 (lieque), BL23 (shenshu), LI11 (quchi). EA was applied to SP6 (sanyinjiao) and ST36 (zusanli) at the alternating frequency of 3/80 Hz (pulse width: 300µs), and at the frequency of 2Hz (300µs) to GB39 (xuanzhong) and SJ5 (waiguan). Results. Applied for more than three years, at a rate of one session every fifteen days, acupuncture and EA improved the quality of life by significantly reducing neuropathic pain. Conclusion. Acupuncture and EA should be integrated into the usual care panel in the framework of integrative medicine.
L’incidence des neuropathies diabétiques est difficile à estimer mais généralement au bout de dix ans après le diagnostic de diabète de type 2, 10 à 26% des patients présentent une neuropathie douloureuse, voire une polyneuropathie. La forme la plus fréquente est une polyneuropathie symétrique distale. Il s’agit d’une atteinte des fibres nerveuses les plus longues caractérisée par une prédominance sensitive des troubles qui commencent de manière symétrique par les pieds, puis atteignent ensuite le bout des doigts, puis toute la main. Cela peut s’étendre aux bras puis dans les formes sévères, la face antérieure du tronc. Les algies ont une prédominance nocturne, engendrant une impression de brûlure, ou une certaine insensibilité, voire des allodynies, comme la perte du tact, etc.. Bref par l’atteinte des petites fibres nerveuses, il y a une perte de la sensibilité thermo-algésique avec association à une dysautonomie[note 1], et une rétinopathie [1-3].
Les troubles sensitifs ont une évolution chronique et cela peut engendrer un pied diabétique avec ulcères du pied qui peuvent conduire à l’amputation.
Les traitements usuels des symptômes douloureux reposent sur les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, imipramine, clomipramine,..) ; qui peuvent donner de bons résultats tout comme la gabapentine, la prégabaline et la duloxétine. Les opiacés (oxycodone, tramadol) et la capsaïcine topique peuvent également être utilisés. Mais les effets secondaires de ces différentes molécules ne sont pas négligeables. Ainsi on peut par exemple noter globalement qu’il est fréquent d’avoir une augmentation de l’appétit, du poids ; des céphalées ; de l’ataxie, troubles de la coordination, tremblements, dysarthrie, amnésie, troubles de la mémoire ; troubles visuels tels que vison trouble, diplopie, amblyopie ; vertiges ; vomissements, nausées, constipation, diarrhée, xérostomie ; crampes musculaires et myalgies, arthralgies ; hyperglycémie (avec la gabapentine et la duloxétine surtout chez les diabétiques), hypertension artérielle ; fatigue ; somnolence ou insomnie, etc..
Matériel et Méthodes
Observation
Mme B. M, 73 ans, en obésité sévère avec un poids à 102kg et un indice de masse corporelle (IMC) à 37,2 consulte pour la première fois le 26 janvier 2018 pour douleurs neuropathiques qui existent depuis de nombreuses années.
Elle est suivie pour hypertension artérielle, diabète de type 2 depuis 2000 et a été traitée en 2010 pour un adénocarcinome colique avec localisation secondaire hépatique. Elle a donc bénéficié d’une chimiothérapie (protocole Folfox associant 5 fluoro-uracile et oxaliplatine) et d’une hépatectomie partielle en 2011. Elle a bénéficié d’une exérèse d’un carcinome basocellulaire ulcéré de l’avant-bras droit en 2012. Elle présente également un syndrome de l’apnée du sommeil pour lequel elle bénéficie d’une ventilation à pression positive continue. Elle souffre également de gonalgies surtout à droite, de lombalgies chroniques et de cervicalgies. L’IRM objective un conflit avec la racine C6 lié à une cervicarthrose C5-C6, et une lombarthrose pluri-étagée en L3-L4, L4-L5 et L5-S1avec possible conflit avec la racine L4 droite.
L’équilibration de son diabète est fluctuante avec une hémoglobine A1c (HbA1c) à 7,20%. Le bilan électrophysiologique des membres inférieurs réalisé en novembre 2017 montre que l’ensemble des valeurs des vitesses de conduction motrice et sensitive se situe à la limite inférieure de la normale (ainsi la vitesse de conduction sensitive moyenne du nerf cutané sural médial (saphène externe) est à 39,5 m/s ; 10µV à droite et à 40m/s à gauche pour une norme habituelle entre 43 et 50 m/s). Le neurologue conclut à la probabilité d’une neuropathie sensitivo-motrice ayant pour cause le diabète de type 2. On notera néanmoins qu’il est possible que ces symptômes de polyneuropathies soient également en rapport avec le traitement de 2010 à l’oxaliplatine [note 2].
La thérapeutique journalière est lourde : metformine 3g, urapidil 120mg, glimépiride 2mg, acide acétylsalicylique 75 mg, candésartan 24mg, hydrochlorothiazide 12,5 mg, pravastatine 20mg, aténolol 100mg, en plus du prégabaline à la dose maximum de 600mg.
Son médecin traitant demande donc un avis thérapeutique en acupuncture en raison de cette neuropathie diabétique très invalidante, malgré le traitement.
En effet les douleurs neuropathiques touchent autant les pieds que les mains avec une sensation de marcher sur du coton ou sensation de pied pris dans un étau, le tout accompagné de sensation de brûlure constante. Elle évalue ses douleurs permanentes à 8 sur 10 sur une échelle visuelle analogique.
L’examen clinique objective une pression à 158/85 avec un pouls à 89, une saturation partielle en oxygène (SaPO²) à 96% ; une langue rouge et sèche avec un enduit jaune ; le pouls est xian (tendu) et hua (glissant) à la fois aux Pouces et aux Barrières et sans doute plus rapide shuo (rapide) de Chaleur mais à interpréter du fait de la prise de bêtabloquant (aténolol). Cela correspond donc selon la différenciation des syndromes (bianzheng) à un état de Plénitude-Chaleur touchant les trois réchauffeurs (Poumon, Estomac-Rate et Rein) avec Vide de yin global.
Traitement acupunctural et résultats
Un protocole a donc été choisi pour agir sur cette observation clinique complexe. Il s’agira à la fois de traiter les zheng atteints, mais aussi d’appliquer un traitement selon les données probantes en acupuncture qui incluent les essais comparatifs randomisés (ECR), les revues systématiques et méta-analyses ainsi que les recommandations de bonne pratique nationales et internationales, bref l’acupuncture factuelle, encore dénommée acupuncture fondée sur les preuves.
Les points utilisés sont donc : baxie et bafeng, 39VB (xuanzhong), 5TR (waiguan), 4Rt (gongsun), 12JM (zhongwan), 6Rt (sanyinjiao), 36E (zusanli), 40E (fenglong), 4GI (hegu), 20V (pishu), 7P (lieque), 23V (shenshu), 11GI (quchi).
Mme B. M a été suivie régulièrement lors de séances de 20mn d’EA tous les quinze jours en moyenne jusqu’en mars 2021, où elle a été hospitalisée en raison du SARS-Cov-2. Les douleurs neuropathiques diminuaient sensiblement après chaque séance et restaient supportables à 5/10 à l’EVA mais revenaient au même niveau au bout de dix jours. Son état diabétique est resté stable avec une HbA1c restant toujours un peu au-dessus de 7%. Cependant, elle appréciait ces trêves et a donc souhaité bénéficier régulièrement d’acupuncture et d’EA pendant plus de trois ans.
Usine sidérurgique de Völklingen – patrimoine mondial de l’UNESCO (1994) – Communauté urbaine de Sarrebruck – Sarre – Allemagne
Discussion
Des études d’acupuncture expérimentale animale, des essais comparatifs randomisés, des revues systématiques voire méta-analyses semblent avoir objectivé l’intérêt de l’acupuncture et techniques associées dans le traitement des neuropathies quelle qu’en soit leur origine. Qu’en est-il vraiment ?
Etudes expérimentales animales dans les douleurs de type neuropathique
Nombreuses sont les études expérimentales animales. Ces études de laboratoires impliquant des animaux sont généralement réalisées au stade précoce de la recherche pour déterminer la sécurité d’un traitement et ses mécanismes d’action. Cela permet également de déterminer s’il est possible de l’appliquer à l’homme, même si l’on sait qu’un traitement efficace dans les études animales peut ne pas l’être chez l’être humain. De ce fait les études animales sont considérées comme des recherches préliminaires, n’apportant pas le même niveau de preuves qu’un ECR bien conduit. Bien sûr, il est nécessaire aussi de respecter une éthique stricte selon la Convention européenne sur la protection des animaux vertébrés utilisés à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques. Notons que de nombreux Etats ne l’ont pas ratifiée, dont la Chine ou les Etats-Unis [note 3].
Ainsi, de nombreuses études animales se sont intéressées à la neuropathie chimio-induite définie par des dommages du système nerveux périphérique, pouvant être engendrée par les agents anticancéreux associant des troubles à type de douleurs, des symptômes moteurs mais aussi des troubles trophiques.
La douleur neuropathique résulte d’un mécanisme de sensibilisation périphérique et centrale [[4]] ; son contrôle par acupuncture et techniques associées peut s’effectuer par modulation chez l’animal de différentes molécules comme l’adénosine, la substance P, les peptides opioïdes endogènes, les récepteurs vanilloïdes 1 (TRPV1), le peptide lié au gène de calcitonine (calcitonin gene-related peptide CGRP), les récepteurs glutamiques NMDA, les cytokines pro-inflammatoires TNF-α, IL-6, IL-1β, et cytokine anti-inflammatoire IL-10 [[5]], les métalloprotéases matricielles MMP-9 et MMP-2, les prostaglandines E2 (PGE2), les dérivés réactifs de l’oxygène (reactive oxygen species, ROS), les récepteurs purinergiques P2X3 et P2X4R [note 4] [[6],[7]], etc.
L’acupuncture et techniques associées peuvent intervenir également sur les contrôles inhibiteurs spinaux et supramédullaires (supra-spinaux) par modulation de différentes molécules et récepteurs comme le GABA (acide γ-aminobutyrique), le glutamate et ses différents récepteurs (AMPA, NMDA…), le système sérotoninergique (5HT), le système opioïde, la noradrénaline (NE), les récepteurs cholinergiques, le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) et de son récepteur tyrosine kinase B (TrkB) [[8]], etc. (figure 1). Il a d’ailleurs été démontré que l’EA à basse fréquence (2Hz) a une action analgésique dans les douleurs neuropathiques bien supérieure à celle de la haute fréquence (100 Hz) dans les études expérimentales animales [[9],[10]].
Figure 1. Plusieurs niveaux de modulation de l’acupuncture et techniques associées : 1. Périphérique avec action sur la transduction au niveau des cellules du derme et du ganglion rachidien de la racine dorsale (GRD) ; 2. Segmentaire au niveau de la corne postérieure, théorie du portillon ; 3. Supra-spinal ou supra-médullaire : modulation du tronc cérébral, hypothalamus, thalamus, formation réticulaire, du bulbe etc. Vont intervenir les différents opioïdes et leurs récepteurs, les récepteurs adrénergiques, cholinergiques, sérotoninergiques, GABAergiques, au glutamate, BDNF et récepteur tyrosine kinase TrkB. La modulation de la douleur s’effectuera via l’action sur la sensibilisation périphérique, centrale, la substance gliale, les cytokines.
Par exemple, dans une étude expérimentale en 2016 sur un modèle de douleur neuropathique par lésion nerveuse chez des rats, l’EA à 2Hz (200µs de durée d’impulsion) sur 36E (zusanli) et 6Rt (sanyinjiao) a permis de diminuer la douleur en engendrant une régulation positive des transporteurs de glutamate (transporteur de glutamate aspartate (GLAST ou EAAT1) et le transporteur de glutamate-1 (GLT-1) dans la moelle épinière des rats. Les transporteurs de glutamate permettent ainsi l’élimination du glutamate [note 5] du liquide extracellulaire [[11]].
Davantage spécifique de la neuropathie diabétique, toujours sur un modèle de rats, He et coll. en 2017 ont montré que l’EA à 2Hz et 100Hz diminue de manière statistiquement significative la douleur, et régule à la baisse la surexpression des récepteurs P2X3 et du CGRP dans le ganglion rachidien dorsal, mais celles-ci étaient nettement plus forte à la fréquence de 2Hz [[12]].
Ceci est confirmé en 2018 par Zhou et coll. qui montre que l’EA sur zusanli (36E) et kunlun (60V) à la fréquence de 2Hz (durée d’impulsion : 400µs) permet de réduire la douleur en mesurant le seuil de retrait des pattes. Ils objectivent que le mécanisme sous-jacent de l’analgésie était médié de ce fait par la suppression la régulation haute du récepteur purinergique de membrane de la P2X3 dépendante de la protéine kinase (PKC) dans le ganglion médullaire dorsal [[13]].
Une étude en 2019 de Li et coll. objective aussi que l’EA à 2Hz (durée d’impulsion 200µs) sur les points 60V (kunlun) et 36E (zusanli) atténue significativement les hypersensibilités thermiques et mécaniques dans un modèle de rat de douleur neuropathique périphérique induite par le paclitaxel. L’EA réduit la surexpression de TLR4 (Toll-Like Receptor 4), MyD88 (Myeloid Différenciation Primary Response 88) et TRPV1 (Transient Receptor Potential Vallinoid 1) dans le ganglion de la racine dorsale (DRG) [[14]].
Cependant une autre étude expérimentale de Huang et coll. la même année montre que les allodynies mécaniques et thermiques toujours sur un modèle de rat avec neuropathie périphérique étaient plutôt soulagés par l’EA à 15 Hz (durée d’impulsion 100µs) [note 6] mais pas par celles de 2Hz ou 50Hz (100µs) sur baihui (20VG) et dazhui (14VG). Ces phénomènes ont été associés à l’augmentation des récepteurs du GABA dans l’hippocampe et la substance grise périaqueducale (PAG) mais pas les récepteurs du glutamate NMDA. En outre, le glutamate, neurotransmetteur excitateur a été diminué dans l’hippocampe alors que le neurotransmetteur inhibiteur GABA était augmenté dans le PAG. Tout ceci suggère que l’EA module les neurotransmetteurs et leurs récepteurs connexes au niveau cérébral, en plus de la moëlle épinière et objective une certaine spécificité des points d’acupuncture en fonction de la fréquence appliquée [[15]].
En 2020, il a été démontré par Xue et coll. [8] que dans la douleur neuropathique induite par lésion nerveuse chez rat, l’EA à la basse fréquence de 2 Hz (durée d’impulsion 600µs) engendre dans la corne postérieure de la moëlle, une réduction de l’expression des niveaux du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) et de l’expression du récepteur de la tyrosine kinase B (TrkB) [note 7], d’où une amélioration de l’hypersensibilité mécanique par inhibition de la sensibilité médullaire centrale.
Plus récemment, en mars 2021, Zheng et coll. étudient l’effet de l’EA sur E36 (zusanli) et 60V (kunlun) à la fréquence de 2/100 Hz (durée d’impulsion respectivement 600µs/200µs) sur un modèle de douleur neuropathique par section des racines nerveuses rachidiennes L4 et L5 chez le rat. Ils observent la diminution de l’allodynie mécanique et de l’hyperalgésie thermique. L’analgésie est réalisée par inhibition des récepteurs P2X4R médiée par l’activation de la microglie médullaire [note 8], d’où diminution de l’excitabilité des neurones dans la région de la substance gélatineuse de la corde dorsale de la moelle [7].
Les essais comparatifs randomisés (ECR) et méta-analyses
En 2018, un grand ECR multicentrique coréen (n=126) a étudié les effets de l’EA à la fréquence 2Hz alternée à celle de 120Hz sur les points bafeng, 36E (zusanli), 39VB (xuanzhong), 9Rt (yinlingquan), 6Rt (sanyinjiao), 3F (taichong), 41VB (zulinqi) chez des patients diabétiques de type 2 présentant des douleurs neuropathiques depuis au moins six mois et les évaluant égales ou supérieures à 4 sur une échelle numérique d’intensité de la douleur (PI-NRS). Shin et coll. objectivèrent versus le groupe témoin (N=63) une réduction statistiquement significative supérieure ou égale à 50% à la 9e semaine (p<0,05) avec 20,3% de bons répondeurs [[16]].
Cela va dans le sens de quatre méta-analyses.
La méta-analyse de Liu et coll. en 2014 [[17]] sur sept ECR (n=364) a objectivé que l’acupuncture était de manière statistiquement significative (RR=3,35 ; intervalle de confiance IC à 95% : 2,05 – 5,48) plus antalgique que la thérapeutique usuelle. Par ailleurs, une amélioration de la vitesse de conduction sensitive du nerf médian versus médicaments était également observée (DM = 2,29 ; IC à 95% : 0,61 – 3,98) ; tout comme il y avait une amélioration de la vitesse de conduction des nerfs moteurs y compris du nerf médian dans le groupe acupuncture versus médicaments (DM=1,79 ; IC à 95% : 0,57-3,02). Dans les deux groupes (acupuncture et témoin), l’amélioration est statistiquement significative (DM= 3,59 ; IC à 95% : 2,28 – 4,91) mais elle est malgré tout meilleure avec l’acupuncture et la moxibustion. Néanmoins les auteurs considèrent que les preuves sont de faible niveau car les ECR ne sont pas puissants en termes de recrutement de population et la qualité méthodologique n’est pas toujours bonne.
Dimitrova et coll. ont évalué l’efficacité de l’acupuncture et techniques associées (EA, moxibustion) dans les neuropathies périphériques (neuropathie diabétique, paralysie de Bell, algies liées au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou d’affections idiopathiques, syndrome du canal carpien) à partir de treize ECR. Ils constatent dans la majorité des ECR une amélioration des symptômes par acupuncture et/ou EA en ce qui concernent la neuropathie diabétique, la paralysie de Bell, et syndrome de tunnel carpien ; probablement efficace dans le traitement de la neuropathie liée au VIH, mais pas suffisamment de preuves dans la neuropathie idiopathique. D’autre part, les paramètres de la vitesse de conduction nerveuse des composantes sensitives et motrices sont améliorés également. Enfin dans six ECR (n=680), les symptômes neuropathiques sont significativement améliorés dans la neuropathie diabétique et la paralysie de Bell (OR à modèle d’effets aléatoires = 4,23 ; IC 95% : 2,3-7,8 ; p< 0,001) [[18]].
En 2019, Nash et coll. en analysant dix études (n=432) qui comportaient trois ECR, deux ECR pilotes, trois essais cliniques non contrôlés, un quasi-ECR et une série de cas, observaient également une amélioration des symptômes algiques dans toutes les études. Mais du fait de l’hétérogénéité des mesures des résultats, aucune méta-analyse n’avait pu être réalisée. Les points d’acupuncture retrouvés régulièrement et communs aux différents ECR étaient le 36E (zusanli), 6Rt (sanyinjiao). En outre, la moitié des études ont sélectionné des points locaux, comme bafeng, baxie. Ils notaient aussi que les études menées en dehors de la Chine avaient un meilleur rapport de qualité selon la liste de contrôle STRICTA [note 9] et selon l’échelle NICMAN [note 10]. Les auteurs concluaient en notant que si l’acupuncture semblait améliorer les symptômes, il existait une trop grande hétérogénéité dans l’application de l’acupuncture, dans la qualité des études incluses, dans la méthodologie et les mesures des résultats pour affirmer avec conviction l’efficacité de l’acupuncture. D’autres ECR étaient encore nécessaires en 2019 [[19]].
Concernant la moxibustion, Tan et coll. en 2020 ont exploré de leur côté son intérêt dans la neuropathie diabétique en analysant onze ECR (n=927 patients). Versus groupe témoin, ils observent une augmentation de la vitesse de la conduction sensitive et motrice des nerfs médian et fibulaire (respectivement p=0,0007 ; p<0,00001) et une amélioration plus significative du taux d’efficacité total en moxibustion (RR=0,25 ; IC : 95% 0,18-0,37 ; p<0,00001). Aucun effet indésirable notifié dans dix ECR. La méta-analyse réalisée sur six ECR (N=461 patients) comparant moxibustion avec une durée minimale de traitement de quatorze jours versus groupes placebo, à aucune intervention, ou interventions conventionnelles de la neuropathie observe ainsi une amélioration de la vitesse de conduction nerveuse sensitive du nerf fibulaire versus groupe témoin (MD=3,57 ; IC à 95% 2,06 – 5,09, p<0,00001). Néanmoins il existe encore ici une très grande hétérogénéité, puisque le test de Higgins I²=89% [ note 11]. Ils concluaient que la moxibustion peut être une option efficace et sûre pour des patients souffrant de neuropathie diabétique mais cela restait à confirmer par d’autres études rigoureuses [[20]].
Bref, tous ces ECR, revues systématiques et méta-analyses vont dans le même sens, à savoir que même s’il y a globalement une amélioration des algies, il manque encore des ECR de très grande qualité méthodologique et de grande puissance.
D’ailleurs, tout récemment, une évaluation de l’action de l’acupuncture et techniques associées versus traitement sans acupuncture sur la neuropathie diabétique est parue en janvier 2021. Yu et coll. ont analysé quatre-vingt-huit revues systématiques et méta-analyses. Après avoir appliqué des critères d’inclusion, il en restait dix-huit, mais encore une fois la qualité méthodologique était extrêmement faible selon l’évaluation PRISMA [note 12] et l’échelle AMSTAR2 [note 13].
Certes l’acupuncture et techniques associées améliorent la neuropathie diabétique périphérique, augmentent la vitesse de conduction nerveuse et les symptômes cliniques. Néanmoins, ils préconisaient la nécessité d’améliorer la qualité méthodologique des ECR, mais aussi de mettre en place une norme unifiée pour les méthodes de traitement d’acupuncture, la sélection des points d’acupuncture et la notification des effets indésirables [[21]].
Choix des fréquences utilisées et des points utilisés
Comme nous l’avons déjà analysé dans un précédent article consacré aux effets à long terme sur le diabète de type 2 [[22]], l’EA sur 6Rt (sanyinjiao) et 36E (zusanli) appliquée à la fréquence alternée 3/80 Hz (durée de l’impulsion : 300µs) aura un effet hypoglycémiant à long terme. Les données expérimentales sur l’animal montrent aussi que la fréquence de 2Hz (300µs) que l’on a appliquée sur 39VB (xuanzhong), 5TR (waiguan) a une action purement antalgique. Notons que dans les douleurs de type neuropathiques que la fréquence 2Hz est plus efficace que la fréquence 100Hz [9,10,12].
Le choix du 39VB est dicté par le fait que xuanzhon est le point Réunion (hui) des Moëlles, également le point luo de groupe des méridiens yang des membres inférieurs. Il est considéré pour avoir des effets bénéfiques sur les tendons (jin), les os (gu)et surtout sur la moelle (sui) caril élimine le Vent-Chaleur. Intérêt donc du xuanzhong (39VB) dans toutes les douleurs de type inflammatoire qu’elles soient nociceptives ou neuropathiques.
De même, le waiguan (5TR) est un point considéré comme le point de commande des douleurs du poignet, mais aussi par le fait qu’il est le point maître du merveilleux vaisseau yangweimai et également point luo du shoushaoyang, utilisé dans toutes les algies [[23]].
Conclusion
A la vue de ce cas clinique, des études expérimentales et des méta-analyses, et même si on n’a pas de preuves indiscutables selon les données de la médecine factuelle sur l’efficacité dans la polyneuropathie diabétique, l’acupuncture et ses techniques associées objectivent néanmoins des résultats prometteurs, sans tous les effets secondaires des traitements usuels. Il convient donc de considérer que l’acupuncture, l’EA, mais aussi la moxibustion se doivent de faire partie de la panoplie thérapeutique, même si selon le registre ISRCTN [note 14], aucun essai comparatif randomisé n’a été mis en route à ce jour concernant la neuropathie diabétique.
Points forts
L’EA a un effet hypoglycémiant à long terme dans le diabète de type 2 Protocole de points : 3/80 Hz ; 300µs sur 36E (zusanli), 6Rt (sanyinjiao) L’EA a un effet antalgique dans la neuropathie diabétique Protocole de points : 2Hz (300µs) sur 39VB (xuanzhong), 5TR (waiguan). Autres points à utiliser : puncture manuelle avec recherche du deqi si possible sur les points baxie et bafeng, 4Rt (gongsun), 12JM (zhongwan), 40E (fenglong), 4GI (hegu), 20V (pishu), 7P (lieque), 23V (shenshu), 11GI (quchi).
Usine sidérurgique de Völklingen – patrimoine mondial de l’UNESCO (1994) – Communauté urbaine de Sarrebruck – Sarre – Allemagne
Notes
[1]. La dysautonomie, souvent associée à la polyneuropathie diabétique est un dysfonctionnement du système nerveux autonome avec manifestations sudoromotrices, cardiovasculaires (troubles du rythme avec tachycardie ou bradycardie nocturne ; hypotension orthostatique), gastro-intestinales, ou génito-urinaires. L’anhidrose des pieds (risque d’ulcération cutanée) est la manifestation initiale, avec des défauts d’adaptation à la température (risque d’hypothermie).
[2]. En effet, les symptômes de la polyneuropathie, effets secondaires bien décrits des dérivés de platine (cisplatine et carboplatine) peuvent persister longtemps après l’arrêt du médicament. Ainsi dans une étude de patients souffrant de cancers colorectaux, traités par oxaliplatine, les symptômes de polyneuropathies ont persisté durant onze ans après le traitement. Ces symptômes peuvent être aggravés par l’âge, mais aussi d’autres comorbidités comme le diabète, la consommation d’alcool, la dose et le nombre de cycles de chimiothérapie. [Mols F, Beijers T, Lemmens V, van den Hurk CJ, Vreugdenhil G, van de Poll-Franse LV. Chemotherapy-induced neuropathy and its association with quality of life among 2- to 11-year colorectal cancer survivors: results from the population-based PROFILES registry. J Clin Oncol. 2013 Jul 20;31(21):2699-707].
[3]. Convention européenne sur la protection des animaux vertébrés utilisés à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques. STE n°123. Strasbourg, 18/03/1986. [consulté le 9 mai 2021]. Disponible à l’adresse URL : https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/123/signatures?p_auth=qxtcMhop.
[4]. Les récepteurs purinergiques P2X3 sont des récepteurs sensoriels du système nerveux périphérique responsables de la sensation d’irritation et de douleur. L’ATP, la bradykinine et les ions H+ stimulent les nocicepteurs par l’intermédiaire de ces récepteurs spécifiques. Après induction d’une douleur neuropathique, le récepteur P2X4 est exprimé dans les cellules microgliales où il gouverne de la libération de BDNF. Ce récepteur, par son expression dans les cellules immunitaires et son rôle dans la libération de molécules pro-inflammatoires, intervient directement dans le développement de l’hypersensibilité observée dans le cas de douleurs neuropathiques. [Ulmann L. Récepteurs purinergiques P2X et douleurs chroniques. Douleurs : Evaluation – Diagnostic – Traitement. 2014;15(4):168-173].
[5]. Le glutamate intervient comme neurotransmetteur excitateur qui libéré dans l’espace synaptique, à partir des terminaisons neuronales, se fixe sur ses récepteurs postsynaptiques dont l’activation induit la dépolarisation du neurone cible. Le glutamate agit sur trois récepteurs canaux distincts dénommés par le nom de leur agoniste le plus sélectif : les récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA), kainate (KA) et a-amino-3-hydroxy-5-méthyl-4-isoxazolepropionate (AMPA). Le glutamate, tout comme le GABA intervient dans le mécanisme de la douleur chronique. [Peek AL, Rebbeck T, Puts NA, Watson J, Aguila MR, Leaver AM. Brain GABA and glutamate levels across pain conditions: A systematic literature review and meta-analysis of 1H-MRS studies using the MRS-Q quality assessment tool. Neuroimage. 2020 Apr 15;210:116532.]
[6]. Notons que l’EA 15Hz (100µs) reste de la basse fréquence car cela correspond à une fréquence de 7,5Hz pour une durée d’impulsion de 200µs ou 5Hz pour 300µs ; et 2Hz (100µs) est équivalent à 1Hz (200µs) ; 50Hz est équivalent à 25Hz (200µs).
[7]. Le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), facteur important dans la thérapeutique régénérative, participe au développement et au rétablissement de la fonction au sein du système nerveux central. Cependant, des études sur le récepteur de la tyrosine kinase B (TrkB), un récepteur majeur pour le BDNF, indiquent que certains effets du récepteur TrkB en réponse à une maladie ou à une blessure peuvent être inadaptés. Plus précisément, le déséquilibre entre les isoformes des récepteurs TrkB semble contribuer à la signalisation aberrante et à la douleur neuropathique. Leurs inhibitions peuvent réduire la douleur neuropathique dans divers paradigmes expérimentaux. [Cao T, Matyas JJ, Renn CL, Faden AI, Dorsey SG, Wu J. Function and Mechanisms of Truncated BDNF Receptor TrkB.T1 in Neuropathic Pain. Cells. 2020 May 11;9(5):119].
[8]. L’activation gliale est liée significativement au développement des douleurs. Les cellules microgliales activées via l’expression de certains récepteurs comme le toll-like 2 (TLR2) ou le récepteur ionotropique aux purines (le P2X4), dont leurs expressions semblent conduire à une hyperexcitabilité des neurones spinaux. L’activation des récepteurs P2X4 entraîne ainsi une libération accrue de BDNF par la microglie, qui serait la responsable des interactions glie-neurones conduisant à l’hyperexcitabilité de ces derniers. L’action du BDNF changerait le potentiel d’équilibre anionique et inverserait ainsi l’effet de l’ouverture des canaux chlore par la glycine et l’acide gamma amino butyrique (GABA) [4].
[9]. Les normes STRICTA qui s’appliquent aux ECR d’acupuncture sont une extension de la norme CONSORT. Il s’agit d’une checklist d’items qui comprend six éléments et 17 sous-éléments, utilisés conjointement avec les 25 items de la liste de contrôle CONSORT. La liste de contrôle CONSORT évalue la force méthodologique et le rapport des essais contrôlés randomisés, le compte rendu des essais contrôlés randomisés (ECR). Les items de STRICTA évaluent spécifiquement les rapports d’intervention en acupuncture, comme les informations sur le protocole de traitement : nombre total de traitements, la fréquence du traitement, la sélection des points, l’aiguille, etc. [MacPherson H, Altman DG, Hammerschlag R, Youping L, Taixiang W, White A, Moher D. STRICTA Revision Group. Revised STandards for Reporting Interventions in Clinical Trials of Acupuncture (STRICTA): extending the CONSORT statement. PLoS Med. 2010;7(6): e1000261. doi: 10.1371/journal.pmed.1000261)].
[10]. L’échelle NICMAN est un outil relativement nouveau qui donne des résultats selon la fiabilité des ECR. Elle comprend 11 éléments et est notée sur 23 avec quatre domaines principaux d’évaluation : 1. Population, intervention, comparaison et résultats (PICO) ; rapport de mesure, pertinence de la conception de l’étude et diagnostic différentiel basé sur le paradigme (items 1-6) ; 2. Sélection et emplacement des points d’acupuncture, en référence à la littérature publiée (points 7 et 9) ; 3. Description des dimensions de l’aiguille, de la technique de puncture et du nombre de traitements (points 8 et 10) ; 4. La qualification et la formation de l’acupuncteur (point 11). Des scores plus élevés sur l’échelle NICMAN sont associés à une meilleure qualité de l’intervention d’acupuncture [Smith CA, Zaslawski CJ, Cochrane S, Zhu X, Zheng Z, Loyeung B, Meier PC, Walsh S, Xue CC, Zhang AL, Fahey PP, Bensoussan A. Reliability of the NICMAN Scale: An Instrument to Assess the Quality of Acupuncture Administered in Clinical Trials. Evid Based Complement Alternat Med. 2017;2017:5694083].
[11]. Le test I² de Higgins I²=89%, (une valeur I²<25% indique une hétérogénéité faible, des valeurs comprises entre 25% et 50% une hétérogénéité modérée et une valeur >50%, une hétérogénéité importante).
[12]. L’outil « Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses (PRISMA) » est un outil en 27 points utilisé pour évaluer la qualité méthodologique des revues systématiques et méta-analyses [Moher D, Liberati A, Tetzlaff J, Altman DG; PRISMA Group. Preferred reporting items for systematic reviews and meta-analyses: the PRISMA statement. PLoS Med. 2009 Jul 21;6(7):e1000097]. [Page MJ, McKenzie JE, Bossuyt PM, Boutron I, Hoffmann TC, Mulrow CD, et al. The PRISMA 2020 statement: an updated guideline for reporting systematic reviews. BMJ 2021;372:n71.]. Disponible à l’URL: http://www.prisma-statement.org/.
[13]. L’outil « Assessment of Multiple Systematic Reviews (AMSTAR) » est un outil en 37 points utilisé pour évaluer la qualité méthodologique des revues systématiques [Shea BJ, Reeves BC, Wells G, Thuku M, Hamel C, Moran J, Moher D, Tugwell P, Welch V, Kristjansson E, Henry DA. AMSTAR 2: a critical appraisal tool for systematic reviews that include randomised or non-randomised studies of healthcare interventions, or both. BMJ. 2017 Sep 21;358:j4008].
[14]. L’ISRCTN est une base de données de dossiers d’essais cliniques contenant l’ensemble minimal de données jugé essentiel pour décrire une étude dès le début, conformément aux exigences établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’International Clinical Trials Registry Platform (ICTRP) et le Comité international des directeurs de revues médicales (ICMJE). Tous les dossiers d’étude de la base de données sont librement accessibles et consultables, et un numéro ISRCTN leur a été attribué. Le registre a été lancé en 2000, en réponse à l’opinion croissante en faveur de l’enregistrement prospectif d’essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR). À l’origine, ISRCTN signifiait « International Standard Randomised Controlled Trial Number ». [Consulté le 10/05/2021]. Disponible à l’adresse URL: https://www.isrctn.com/.
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Usine sidérurgique Völklingen – patrimoine mondial de l’UNESCO (1994) – Communauté urbaine de Sarrebruck – Sarre – Allemagne