Les jingjin 經筋, Méridiens Tendino-Musculaires ou Muscles des Méridiens

Apprentissage danse folklorique Khmère – Phnom Penh – Cambodge

OBJECTIF : Connaître à la lumière des Textes classiques le trajet, la structure et l’utilisation thérapeutique des jingjin.
Les jingjin [经筋] font partie des Vaisseaux Secondaires. Il s’agit de comprendre leur apparition dans la Médecine Traditionnelle Chinoise de manière épistémologique ; de connaître leur trajet ainsi que la symptomatologie occasionnée par leur atteinte ; enfin de savoir les utiliser dans des pathologies courantes.

La médecine traditionnelle chinoise considère que l’Energie (qi 氣 [气]) et le Sang (xue 血) circulent à travers un réseau  reliant les régions superficielles et les régions profondes du corps : ce sont les méridiens (jingmai 經脈 [经脉]) et les vaisseaux secondaires (luomai 絡脈 [络脉]), le tout formant un système énergétique le jingluo 經絡 [经络].
Les méridiens sont les troncs principaux dont le qi et le xue circulent longitudinalement. Ils sont en relation avec différents méridiens secondaires leur appartenant pour former une entité en rapport en profondeur avec les organes-entrailles (zangfu 臟腑 [脏腑]), mais aussi en superficie avec les zones cutanées ou les zones tendino-musculaires, ou reliant un méridien yin à un méridien yang ou vice-versa.
Les Méridiens Principaux  peuvent être classés en deux groupes :
– les méridiens réguliers (les douze Méridiens : jingmai) et les méridiens extraordinaires (les huit Méridiens Extraordinaires : qijing bamai 奇經八脈) encore appelés Merveilleux Vaisseaux, Méridiens Curieux ou Méridiens Singuliers selon les différents auteurs ;
– les Méridiens secondaires (luomai) : les jingjin (Méridiens Tendino-Musculaires, MTM, aujourd’hui traduits par Muscles des Méridiens) ; les jingbie 經別 (Méridien distincts) ; les luomai transversaux ; les luomai longitudinaux. 


 À la source des Textes Classiques et problématiques

Encore appelés méridiens tendino-musculaires, Muscles des Méridiens » ou « Zone tendino-musculaire des méridiens », les jingjin représen­tent une notion diversement interprétée par les auteurs occidentaux.

Notons d’ailleurs que les jingjin ne sont pas couramment utilisés en Chine, ni en Extrême-Orient. C’est une notion théorique apportée par Nguyen Van Nghi [1,2]. Cependant, notons que l’institut de médecine traditionnelle chinoise de Shanghaï traduit par Roustan en fait état [19].

  Revenons donc aux textes de base : le chapitre XIII du Lingshu. La traduction du titre par Chamfrault est : « Les méridiens et les muscles » ; par Schnorrenberger : « Les méridiens et les tendons » ; et pour Milsky et Andrès : « Les tendons des méridiens » (traduction du titre du chapitre VI du Zhenjiu Jiayijing qui reprend le chapitre XIII du Lingshu).

Selon Lara, le caractère chinois « Tsing Tsing » représente la notion de muscle traversé par un méridien [3]. Pour Lafont, Giraud et Taillandier, le concept de méridien tendino-musculaire est impropre car il sous-entend un système de méridiens identique au système des méridiens principaux. Ils préfèrent parler de « zone tendino-musculaire des méridiens ». En effet, ils considèrent que le méridien tendino-musculaire (MTM) correspond aux muscles squelettiques placés sous la dépendance des méridiens principaux [4,5].

De la même façon, Auteroche et Navailh précisent que les MTM représentent les muscles répartis le long des méridiens. « Leur fonction est de relier le squelette, de maintenir la cohésion de l’ensemble du corps et de commander le mouvement des articulations ». Pour eux, il n’existe que trois catégories de méridiens : les principaux (jingmai), les méridiens extraordinaires (qjing bamai) et enfin les méridiens distincts (jingbie). Les jingjin ne sont donc pas des méridiens [6].

Milsky et Andrès décrivent également les trajets des jingjin en parlant des tendons des méridiens : « Quand le tendon de taiyang de pied est malade, on souffre de tiraillements et de douleurs au petit orteil et au talon, de spasmes et de contractions… » [7].

« Les méridiens ont sous leur influence les muscles qui se trouvent sur leur trajet et envoient des ramifications aux muscles environnants » (Lingshu). La traduction de Chamfrault est donc à cet égard très explicite. Il neparle absolument pas d’un nouveau réseau de méridiens. Et pourtant Chamfrault, dans son tome VI, reprend avec Nguyen Van Nghi ce système des méridiens tendino-musculaires et y développe une théorie énergétique intéressant la circulation de l’énergie wei 衞 [卫]les attaques par les énergies perverses xie et le traitement des MTM [8]. D’autres auteurs (Faubert, Guillaume, Ming Wong, Lebarbier, etc.) utilisent également ce système des MTM selon la conception de Cham­frault et Nguyen Van Nghi [9-13]. Esposito [21], plus récemment, considère que le système des jingjin représente « le dispositif énergétique chargé de la transformation de l’énergie trophique (rong qi – ying qi) en énergie mécanique » pour le travail musculaire.

 Trajet et structures

Points jing (ting) 井

Les 12 jingjin constituent un système circulatoire interconnecté situé dans l’espace dermo-musculaire de la couche superficielle externe des 12 jingmai. Tous débutent à l’extrémité des doigts et des orteils au niveau des points jing, longent les 4 membres, et suivent en général le trajet des méridiens principaux dont ils dépendent. Les figures 1 et 2 illustrent les trajets des jingjin du shoushaoyang 手少陽 et du zujueyin 足厥陰. Les trajets des différents jingjin ont été décrits de façon détaillée par Nguyen Van Nghi [2].

 
Figure 1. Trajet du jingjin de Foie zujueyin 足厥陰.
 
Figure 2. Trajet du jingjin du Triple Réchauffeur shoushaoyang 手少陽.

Les points d’union des jingjin

En effet, les jingjin sont reliés par le point ou zone de réunion ou d’union, selon leur nature et leur topographie.

Ainsi la réunion des trois jingjin des méridiens yang des membres inférieurs est située au niveau de l’os malaire, au point 18IG (quanliao).­

La réunion des trois jingjin des méridiens yang des membres supé­rieurs est le 13VB (benshen).

Le 3VC (zhongji) est la réunion des jingjin des méridiens yin des membres inférieurs.

Enfin, le 22VB (yuanye) est celui des trois yin des membres supérieurs.

Le Lingshu [6] ne parle pas de ces zones d’union. On peut alors se référer au Zhenjiu Jiayijing de Huangfu Mi : « Le tendon du taiyang de pied commence au petit orteil… et descend se nouer à la pommette…  » ; « Le tendon du shaoyang de pied commence sur le quatrième orteil… et monte se nouer à la pommette...  » ;  » Le tendon du yangming du pied commence au troisième orteil… arrive au creux sus claviculaire et s’y noue, monte au cou et des deux côtés de la bouche, s’unit aux pommettes… » [7].

On remarque qu’à chaque jingjin d’un méridien yang du membre inférieur, correspond une intersection commune avec les deux autres jingjin de la même catégorie, dans le cas présent, la pommette avec le point 18IG. Notons pour être exhaustif qu’il peut exister des divergences au niveau de certains points. Par exemple certains auteurs considèrent que le 8ES (touwei) est le point d’union des trois jingjin des méridiens yang des membres inférieurs à la place du 13VB [2,21], et que, à la place du 3VC, le 2VC (qugu) est celui des jingjin des méridiens yin des membres inférieurs [21]. D’où l’intérêt de parler des zones d’union. Effectivement on constate que les points en question sont proches l’un de l’autre, tout en sachant que certains auteurs doutent même de l’existence des ces points d’union. Néanmoins, Esposito expose bien qu’il est difficile de les nier à la vue de la biomécanique moderne [21].

Utilisation thérapeutique

Selon Nguyen Van Nghi : « En cas d’atteinte par l’énergie perverse, celle-ci emprunte les capillaires pour atteindre les méridiens tendino-musculaires. Lorsque l’énergie  (défensive) n’est pas assez puissante, c’est-à-dire lorsqu’elle se trouve en état de vide, l’énergie perverse pénètre dans les méridiens principaux et gagne les organes » . 

Les troubles des jingjin ont pour symptômes caractéristiques la contracture et la douleur sur leur trajet.

Les énergies perverses (xie 邪), (le vent, le froid, l’humidité, la chaleur) pénètrent tout d’abord dans les jingjin et vont entraîner un état de plénitude énergétique alors que le méridien principal se trouve en état de vide.

Ensuite le xie, dans un second temps et après avoir séjourné dans le jingjin, passe dans le méridien principal en y provoquant la plénitude tout en laissant le jingjin en vide.

En cas de plénitude du MTM, on disperse l’énergie perverse au niveau des points douloureux du MTM et tonifie le méridien principal.

« Tous les méridiens ont des vaisseaux secondaires qui les relient à l’épiderme. Quand on est atteint par l’énergie perverse, celle-ci passe d’abord dans les vaisseaux secondaires pour pénétrer ensuite dans les méridiens, les organes, ou pour séjourner dans les muscles et les os… Quand les vaisseaux secondaires sont en plénitude et le méridien en vide, il faut faire des moxas au inn(au méridien) et puncturer le yang (aux vaisseaux secondaires). Quand le méridien est en plénitude et les vaisseaux secon­daires en vide, il faut puncturer le Inn (le méridien) et faire des moxas au yang… » (Suwen chapitre LVI, « l’épiderme ») [14].

« L’énergie perverse pénètre en premier lieu dans les méridiens tendino-musculaires qui sont les plus superficiels des méridiens. Elle gagne ensuite des points ting (jing 井), qui sont des points de Grande Réunion des Énergies inn et yang (Nei King) sur les méridiens Principaux. Elle passe ensuite aux points iu (shu 輸 [输]) qui correspondent à l’énergie extérieure. C’est à ces points iu que l’on peut toucher l’Énergie perverse… » [8].

Ainsi donc, de nombreux auteurs préconisent de puncturer les points jing (ting)et shu (iu)dans toutes les atteintes par le xie.

Point de tonification du méridien principal

On utilise la règle Mère-Fils. Cette théorie permet ainsi de déterminer des points de tonification et de dispersion en fonction de la saison. Les points de tonification et de dispersion habituellement utilisés ne le sont qu’en fonction de leur mouvement et sont en relation directe avec le point racine ben (penn) qui représente le point élément dans le mouvement même. La mère tonifie, le fils disperse. De ce fait, ces points sembleraient n’être réellement efficaces que dans leur mouvement. Intérêt donc de la théorie des points saisonniers qui montre que l’activité énergétique des points varie selon la saison au cours de laquelle le patient est traité [15,20].

Ainsi prenons l’exemple d’une plénitude de Rein (mouvement eau) à traiter en hiver (mouvement eau). Il faut disperser le Fils. Le Fils de l’élément eau est l’élément bois. D’où le point dispersant du Rein en hiver est le point jing (ting)soit le 1Rn ; point tonifiant la Mère : 7Rn (figure 3).

 
Figure 3. Règle mère-fils dans la recherche du point de tonification du Rein en hiver.

Figure 4. Le point jing des Entrailles est au mouvement Métal. Ici 67V sera le point de tonification en hiver mais point dispersant durant la 5e saison.

De la même façon, un vide de Poumon vu en été (mouvement feu) sera traité en tonifiant cette fois la Mère, c’est-à-dire le bois. Piquer donc le point jing (ting) du poumon : 11P, point tonifiant saisonnier. Au printemps, le point de tonification de Vessie sera le 66V et non le 67V, tout comme celui-ci sera dispersant à la 5ème saison (figure 4).

Puncturer les points jing (ting)

Selon la théorie des 5 éléments, le point jing des organes correspond au mouvement Bois et le point jing des entrailles correspond au Métal (figure 3 et 4). Le point jing (ting) est le point de départ de l’énergie wei dans les jingjin. C’est aussi un « carrefour de l’énergie » yin et yang [16].

Puncturer les points shu (iu)

Le point iu est le « point d’embarquement de l’Énergie perverse » [8] et doit être utilisé dans les maladies des articulationsdes os et des muscles [16].

Puncturer les points jing 經 [经] et hé 合

Il faut puncturer le point jing (king) si le jingjin est de nature yin, le point he (ho) si le jingjin est de nature yang. Les points jing (king) ont un rôle considérable dans le traitement des affections liées au xie. Chamfrault insiste sur leurs rôles de débarquement de l’énergie perverse [8]. « C’est le point de concentration et d’arrêt de l’énergie » pour Nguyen Tai Thu [16].

«  Le point king attire l’Énergie perverse vers le passage dans un méridien principal dont le point iu, de son côté, assure la dispersion » [8]. Les points he sont les points d’entrée et de sortie de l’Énergie. Ils permettent de relier l’Intérieur à l’Extérieur.

Selon la loi des 5 éléments, le point he va correspondre à l’humidité pour les méridiens yang. Le puncturer permettra d’évacuer cette énergie perverse, tout comme le point iu le fera pour les méridiens yin. Par ailleurs, n’oublions pas que pour les méridiens yang, les points iu sont des points « vent » qui permettent de chasser l’humidité en utilisant le cycle de domination ge (ke 克). Le tableau I ci-dessous récapitule les différents point shu antiques, points de tonification et dispersion selon la saison.

Tableau I. Les points shu, points de tonification et dispersion selon la saison.

Organesjing (ting)ying (iong)shu (iu)jing (king)he (ho)
Foie1F2F3F4F8F
Coeur9C8C7C4C3C
Maître du coeur9MC8MC7MC5MC3MC
Rate-Pancréas1RP2RP3RP5RP9RP
Poumon11 P10P9P8P5P
Rein1R2R3R7R10R
Tonificationété5e saisonautomnehiverprintemps
Dispersionhiverprintempsété5e saisonautomne
Viscèresjing (ting)ying (iong)shu (iu)jing (king)he (ho)
Vésicule  Biliaire44VB43VB41VB38VB34VB
Intestin  Grêle1 IG2IG3IG5IG8IG
Triple Foyer1TR2TR3TR6TR10TR
Estomac45E44E43E41E36E
Gros  Intestin1 GI2GI3GI5GI11 GI
Vessie67V66V65V60V40V
Tonificationhiverprintempsété5saisonautomne
Dispersion5saisonautomnehiverprintempsété

Puncturer les points d’union des jingjin

On utilisera systématiquement les points de réunion précédemment décrits.

Agir sur les points ashi (points centre-douleur)

L’intérêt de puncturer les points de réunion est de stopper l’énergie perverse et de l’empêcher de gagner les deux autres zones tendino-musculaires couplées.

Les tableaux 3 et 4 récapitulent le traitement complet des jingjin en fonction d’une plénitude ou d’un vide de la zone tendino-musculaire.

Tableau 3. Traitement d’une plénitude de la zone tendino-musculaire.

Plénitude de la zone tendino-musculaire
1. piquer le point de tonification du méridien principal selon la saison.            
2. piquer le point jing (ting).           
3. piquer le point shu (iu)            
4. piquer – le point jing (king) si le jingjin est de nature yin ;
– le point he (ho) si le jingjin est de nature yang.             
5. piquer le point d’union des jingjin.             
  6. disperser les points « ashi » de la zone douloureuse.

En cas de vide du MTM, c’est l’inverse : moxer les points douloureux (points ashi) du MTM et disperser le méridien principal.

Tableau 4. Traitement d’un vide de la zone tendino-musculaire.

Vide de la zone tendino-musculaire           
1. piquer le point de dispersion du méridien principal.           
2. piquer le point jing (ting).           
3. piquer le point shu (iu)           
4. piquer – le point jing (king) si le jingjin est de nature yin,                          
– le point he (ho) si le jingjin est de nature yang.            
5. piquer le point d’union.           
6. moxer les points « ashi » de la zone douloureuse.

 Application thérapeutique

Sans être exhaustif, voici quelques indications thérapeutiques du traitement par les jingjin.

–      Syndrome du canal carpien [17]
–        Périarthrite scapulo-humérale [18]
–        Névralgie cervico-brachiale
–        Épicondylite
–        Rhizarthrose du pouce
–        Maladie de Dupuytren
–        Sciatique de type L5 ou S1
–        Cruralgie

  


Références

1. Nguyen VN. Pathogénie et pathologie énergétique en médecine chinoise. Marseille: Don Bosco; 1971.

2. Nguyen VN. Méridiens tendino-musculaires (jingjin). Revue Française de Médecine traditionnelle chinoise. 1991;148:159-76.

3. Lara J. Les problèmes musculaires traités dans le So-Ouenn. La revue française de médecine traditionnelle chinoise. 1987;122:154-163.

4. Lafont JL, Giraud JP, Taillandier J. Les muscles et les méridiens. Revue Française d’acupuncture. 1986;46:17-31.

5. Taillandier J. Les muscles et les méridiens, l’appareil locomoteur. La revue des séminaires d’acupuncture de l’AFERA, Nîmes 1985;1:43-62.

6. Auteroche B, Navailh P. Le diagnostic en médecine chinoise. Paris: Maloine; 1983.

7. Huangfu Mi, Milsky C, Andrès G. Zhenjui jiayijing, Les tendons des méridiens. Revue française d’acupuncture. 1987;50:45-60.

8. Chamfrault A, Nguyen VN. Traité de médecine chinoise: L’énergétique humaine en médecine chinoise. tome 6. Angoulême: éd. Chamfrault; 1981.

9. Faubert A. Traité didactique d’acupuncture traditionnelle. Paris: Trédaniel; 1977.

10. Guillaume G, Mach Chieu. Rhumatologie (2 volumes). Paris: La Tisserande; 1990.

11. Lebarbier A. Acupuncture pratique. Moulin-les-Metz: Maisonneuve; 1975.

12. Ming Wong. Ling Shu, base de l’acupuncture traditionnelle chinoise. Paris: Masson; 1987.

13. Simatos Salva ME. Réflexions sur l’existence des méridiens tendino-musculaires. Contrepoint. Bulletin de la société d’acupuncture et de stimulothérapie de Toulouse.1987;23:22-27.

14. Chamfrault A. Traité de médecine chinoise: Les livres sacrés de médecine chinoise, tome 2. Angoulême: éd. Chamfrault; 1981.

15. Borsarello JF. Acupuncture. 4è ed. Paris: Masson; 1997.

16. Nguyen TT, Lafont JL. Utilisation thérapeutique des points shu. Méridiens. 1983;61-62:145-157.

17. Stéphan JM. L’acupuncture dans le syndrome du canal carpien. Rôle du jingjin du Maître du Coeur. Méridiens. 1997;108:181-192.

18. Stéphan JM. Intérêt du traitement acupunctural du jingjin de shouyangming dans la périarthrite scapulo-humérale. Méridiens. 1992;97:109-133.

19. Roustan C. Traité d’acupuncture tome 3. Paris: Masson; 1984.

20. Stéphan JM. Traitement informatique de la théorie des Zi Wu Liu Zhu associée à celle des points saisonniers. Application aux techniques thérapeutiques des Jing Jin, des Jing Bie et à la méthode de Yanagiya Soreï. Méridiens. 1991;93,15-63.

21. Esposito B. La physiologie des vaisseaux tendino-musculaires (jingjin). Acupuncture & Moxibustion. 2004 ;3(1),11-16.

Mes remerciements à Pierre Dinouart pour l’insertion des caractères chinois.

Note : les caractères chinois afférents aux mots sont en caractères traditionnels. Ceux entre crochets sont en caractères simplifiés. Tous les mots chinois sont en pinyin excepté pour les citations. Les points shu antiques sont retranscrits aussi en pinyin mais aussi entre parenthèses selon l’Ecole Française d’Extrême Orient (EFEO) chère à George Soulié de Morant. 

Stéphan JM. Les jingjin, Méridiens Tendino-Musculaires ou Muscles des Méridiens. Acupuncture & Moxibustion. 2007;6(2):177-182. (Version PDF)

Stéphan JM. Les jingjin, Méridiens Tendino-Musculaires ou Muscles des Méridiens. Acupuncture & Moxibustion. 2007;6(2):177-182. (Version 2007)

Asthénie : intérêt de l’acupuncture au cours d’un protocole de chimiothérapie (carboplatine-paclitaxel)

André Fougeron (1913-1998). La cuisinière endormie 1947 – Roubaix Musée de la Piscine
André Fougeron (1913-1998). La cuisinière endormie 1947 – Roubaix Musée de la Piscine


Résumé :
 Les protocoles de chimiothérapie entraînent des effets secondaires difficiles à éviter, apparaissant dès le début du traitement anticancéreux et pouvant persister même des mois après la fin de ce traitement. Ainsi, qu’elle soit en rapport avec la chimiothérapie ou la radiothérapie, l’asthénie liée au cancer est un problème très fréquent. La description d’un cas clinique d’un cancer de l’ovaire suivi pendant quatre mois montre l’intérêt de l’acupuncture associée à la moxibustion et l’électroacupuncture sur la fatigue mais aussi les troubles neuropathiques et gastro-intestinaux en fonction de la différenciation des syndromes (zheng). Nous proposons un protocole de traitement acupunctural qui permet d’améliorer l’état du patient tout au long de son traitement chimiothérapique. Ainsi l’acupuncture qui objective dans des essais contrôlés randomisés préliminaires un bénéfice certain, nécessitant néanmoins la confirmation par des essais cliniques de grande puissance, semble efficace dans la fatigue liée au cancer quel que soit son stade et se doit donc d’entrer dans le panel de soins de santé que l’oncologue peut offrir à son malade. Mots clés : Acupuncture – cancer ovaire – fatigue liée au cancer – zheng – carboplatine – paclitaxel

Asthenia: the benefits of acupuncture during a chemotherapy protocol (carboplatin-paclitaxel)

SummaryThe protocols of chemotherapy have side effects difficult to prevent, occuring from the beginning of cancer treatment and may persist even for months after the end of this treatment. Thus, whether it is related to chemotherapy or radiation, cancer-related fatigue is a common problem. The description of a clinical case of an ovarian cancer followed-up for four months shows the value of acupuncture and moxibustion combined with electroacupuncture on fatigue but also neuropathic and gastrointestinal disordersaccording to differentiation of syndromes (zheng). We propose a protocol of acupuncture treatment that improves the patient’s condition throughout his chemotherapy. So the acupuncture, which shows objective definite benefits in preliminary randomized controlled trials, appears to be effective in cancer-related fatigue regardless of its stage. However, it requires the confirmation by clinical trials of great statistical power, and therefore must be included in the panel of health care that the oncologist can provide to hispatient. Keywords: Acupuncture – cancer –ovary – cancer-related fatigue –  zheng – carboplatine – paclitaxel

Introduction

 Une patiente de 55 ans présentant un adénocarcinome ovarien à cellules claires de type IIIC souhaita réaliser des séances d’acupuncture dans le but de limiter les effets secondaires d’un protocole de chimiothérapie. La recherche d’amélioration de la qualité de vie est effectivement une constante pour les patients souffrant de cancer comme le relève une étude sociologique réalisée en convention avec l’Institut national du cancer [[1]]. On relève ainsi que 69,9% des attentes des patients concernent la diminution des effets secondaires des traitements oncologiques, notamment les nausées et vomissements, le stress, la fatigue et les douleurs [[2]]. Parmi ces effets secondaires, la fatigue est la mieux soulagée (58,1% des cas) selon l’étude de Triadou et al. [[3]]. Il apparaît alors intéressant d’analyser durant toute la cure de chimiothérapie l’évolution de l’état de santé de la patiente. Par ailleurs à la lumière des données de la littérature, l’intérêt de cette étude de cas est de déterminer si l’acupuncture peut réellement être une aide bénéfique autant pour le patient que pour l’oncologue.

Observation

Présentation du cas clinique

Au décours d’une annexectomie bilatérale réalisée sous cœlioscopie pour kyste de l’ovaire gauche chez une femme ménopausée depuis deux ans, l’examen histologique retrouvait, en fait, un adénocarcinome à cellules claires nécessitant une seconde intervention chirurgicale complète en février 2012 avec curage ganglionnaire. Du fait d’une atteinte péritonéale, l’adénocarcinome était classé au stade IIIC. Le CA125 est dosé à 9U/mL après chirurgie.

On objectivait dans les antécédents essentiellement une primo-infection tuberculeuse dans l’enfance, une conisation et une rupture du ligament croisé droit traité chirurgicalement en 2007.

En réunion de concertation pluri-disciplinaire, il était décidé d’entreprendre une chimiothérapie adjuvante associant carboplatine® et paclitaxel (taxol®) pour un total de six cures, par cycle de 21 jours.

 Protocole de traitement acupunctural

 Lors de la première consultation d’acupuncture en mars 2012 qui a lieu quatre jours avant la première cure, Madame R.E présente un état général satisfaisant. Son poids est stable à 58kg pour 165cm. Pas de plainte algique. Elle se dit légèrement fatiguée avec évaluation estimée à 3 sur une échelle visuelle analogique (0 : aucune fatigue et 10 : fatigue maximale). Par contre, elle présente des troubles du sommeil, de l’angoisse. Les pouls sont fins (xi) et rapides (shuo). La langue est rouge et en particulier la pointe. Un Vide combiné de yin des Reins et de yin du Cœur est diagnostiqué selon la différenciation des syndromes (zheng).

En conséquence, les points puncturés pendant 20 mn sont : MC6 (neiguan), CO7 (shenmen), CO5 (tongli), PO7 (lieque),VE23 (shenshu) et RM4 (guanyuan) en moxibustion à l’armoise, RE3 (taixi), RE6 (zhaohai), RA6 (sanyinjiao), DM20 (baihui) et RM17 (shanzhong) en électroacupuncture à la fréquence de 100Hz (durée d’impulsion rectangulaire asymétrique de 0,5ms d’un courant pulsé alternatif à moyenne nulle) par l’intermédiaire d’un stimulateur électrique Agistim duo Sédatelec® à une intensité supportable par le patient.  Par ailleurs, en raison de la présence du paclitaxel qui entraîne une neurotoxicité fréquente avec les neuropathies périphériques, une partie du traitement préconisé en préventif par Jeannin [[4]] est utilisé au niveau des mains, à savoir une aiguille au milieu de chaque dernière phalange des mains et des pieds. De même le RM14 (chengjiang) est puncturé en prévention de l’inflammation des muqueuses, en particulier pour éviter les aphtes comme l’indique aussi Jeannin [[5]].

La deuxième séance d’acupuncture est réalisée vingt-quatre heures après la première cure de chimiothérapie. Celle-ci a été bien supportée : pas de vomissements mais quelques nausées malgré l’aprépitant (Emend®) 125mg pris une heure avant la cure et l’ondansétron (zophren®) 8 mg pris le matin même. Pas de fatigue ni d’aphtes non plus, pas de neuropathies. Cependant, outre l’inappétence et les selles devenues molles, son état psychologique s’est détérioré : anxiété avec idées noires, humeur dépressive avec insomnie et agitation mentale et fatigue plus marquée (4 à l’EVA). La langue a toujours la pointe rouge ; ailleurs elle est plus pâle. Les pouls sont toujours fins (xi), mais faibles (ruo). Son état correspond encore à un Vide de yin de Cœur auquel se surajoute un Vide de qi de Rate. Le traitement reprend les points précédents. Sont ajoutés ES36 (zusanli) et GI4 (hegu) stimulés en électroacupuncture à la fréquence de 2Hz.

La troisième séance d’acupuncture est réalisée en inter-cure de chimiothérapie, soit dix jours avant la deuxième cure de chimiothérapie. Une évaluation de sa fatigue est réalisée en utilisant l’échelle unidimensionnelle BFI (Brief Fatigue Inventory)  qui analyse par un questionnaire neuf items (chiffré de 0 à 10 sur une échelle numérique) avec trois questions sur la sévérité de la fatigue et six questions sur le retentissement dans la vie quotidienne dans les 24 heures qui précèdent : activité générale, humeur, capacité de marche, travail, relations avec autrui, joie de vivre. La fatigue est considérée comme modérée pour des chiffres compris entre 4 et 6 ; et sévère si compris entre 7 et 10. Madame R.E évalue sa fatigue à 6,3.

Lors de la quatrième séance qui a lieu 24h après la date de sa deuxième cure de chimiothérapie, la fatigue s’est amendée, puisque que chiffrée à 4,5 sur l’échelle BFI. Par contre, la deuxième cure a été reportée d’une semaine en raison de l’apparition d’une neutropénie à 1300/mm3. Le traitement de cette quatrième séance est identique à la précédente. La cinquième séance qui a lieu 48h avant la deuxième séance effective de chimiothérapie montre que la fatigue s’est bien stabilisée car évaluée à 3,5 sur l’échelle BFI.

La sixième séance, 24h après la deuxième cure retrouve à nouveau une fatigue très sévère à 8 sur l’échelle BFI. Les polynucléaires neutrophiles sont à 2800/mmmais l’oncologue a prévu une injection de pegfilgrastim (neulasta®) à faire systématiquement  24h après chaque cure de chimiothérapie.

De ce fait, cette sixième séance s’intercale entre cure de chimiothérapie et l’injection de la cytokine (facteur de croissance de la lignée granulocytaire, G-CSF Granulocyte-Colony Stimulating Factor humain). Madame R.E présente toujours un zheng combiné de Vide de yin de Cœur et Vide de qi de Rate et le traitement acupunctural reste identique aux trois précédentes séances. Cependant, du fait d’un début de paresthésies des doigts, le traitement concernant la neuropathie est intensifié avec ajout de nouveaux points selon le protocole de Jeannin [4].

La septième séance a lieu début mai en inter-cure et la huitième 24h avant la 3ème cure de chimiothérapie. Durant cette période d’inter-cure, la fatigue s’est amendée complètement, car évaluée à 1,5 sur l’échelle BFI. Par contre, cette période est marquée par une diarrhée malgré la prise de lopéramide (imodium®) et racécadotril (tiorfan®) et par des douleurs musculo-squelettiques à type de myalgies et d’arthralgies importantes évaluées à 7 sur l’échelle EVA en rapport aux injections de neulasta®. Le poids est à 53kg. L’examen clinique retrouve un Vide de yang des Reins avec une langue pâle, un pouls fin (xi) et profond (chen). Le traitement acupunctural reprend les mêmes points que les séances précédentes sauf RE6 et RM17. Sont ajoutés : FO13  (zhangmen) ;  GI11 (quchi) ; RM6 (qihai), RM12 (zhongwan) et ES25 (tianshu) en moxibustion à l’armoise et TR5 (waiguan), IG3 (houxi), VE62 (shenmai) et VB41 (zulinqi), points clés des Merveilleux Vaisseaux [[6]].

La diarrhée a disparu lors de la neuvième séance, intercalée entre 3ème cure de chimiothérapie et injection de neulasta®. Par contre, la fatigue est remontée à 5,2 au BFI, qui s’atténuera lors de dixième séance marquée par un début de reprise de ses activités professionnelles.

Et les séances d’acupuncture vont alterner jusqu’à la dernière cure de chimiothérapie en juillet 2012 sous le rythme d’une séance 48 à 72 heures avant la cure de chimiothérapie, une séance 24h après la cure de chimiothérapie, et une autre séance en inter-cure, vers le dixième jour du cycle. Les différents points sont utilisés en fonction des symptômes, mais aussi  selon la différenciation des syndromes zheng

Résultats

Au terme des six cures de chimiothérapie, Madame R.E avait retrouvé la joie de vivre. L’anxiété et l’humeur dépressive avait disparu. A la dernière séance d’acupuncture, 24h après la dernière cure, la fatigue était évaluée à 4,8 sur l’échelle BFI alors que 72h avant la cure, elle était à 0. La neuropathie périphérique toujours au niveau des doigts n’avait jamais dépassé le stade de paresthésies non invalidantes. Quelques épisodes de diarrhées sont encore survenus, mais jamais autant qu’après la deuxième cure ; quelques aphtes sans caractère de gravité. Par contre l’alopécie était totale. Les arthralgies et myalgies en rapport avec le neulasta® qui avaient duré quatre à cinq jours lors de la première injection ne duraient plus que deux à trois jours.

Discussion

Définitions de la fatigue et modalités épidémiologiques

 L’asthénie liée au cancer est une sensation subjective, pénible et persistante de fatigue physique, émotionnelle et/ou cognitive, un épuisement en rapport avec le cancer ou le traitement du cancer, non proportionnelle à l’activité récente, non améliorée par le repos et qui interfère avec le fonctionnement habituel du malade [[7]]. La fatigue touche très fréquemment les patients cancéreux bénéficiant d’une chimiothérapie cytotoxique, de radiothérapie, de greffe de moelle osseuse ou de traitements avec des modificateurs de réponse biologique [[8]]. Elle affecte 70% à 100% des patients cancéreux selon le National Comprehensive Cancer Network (NCCN).

Il faut distinguer la fatigue au cours de la prise en charge thérapeutique et celle qui survient après la fin du traitement.

Une revue de la littérature publiée entre 1989 et 2001 concernant le cancer du sein a objectivé que des taux élevés et fluctuants de prévalence de la fatigue sont trouvés non seulement pendant, mais aussi après l’administration d’une chimiothérapie adjuvante. Les études de la littérature montrent que l’intensité de la fatigue reste stable tout au long des cycles de traitement. Par contre, la fatigue qui suit les deux premiers jours après l’administration de la chimiothérapie semble être la pire [[9]].

La fatigue persiste aussi bien souvent alors que le traitement anticancéreux est terminé [[10]] et dans une étude longitudinale, on objective que 34% des sept-cent-soixante patientes interrogées rapporte une fatigue importante cinq à dix ans après le diagnostic du cancer du sein [[11]]. L’évaluation de la fatigue doit se faire au cours du temps par des questionnaires spécifiques comme le MFI 20 (multidimensional Fatigue Inventory), le FACIT-F (Functional assessment of chronic illness-Fatigue subscale) ou le BFI (Brief Fatigue Inventory) [[12]].

La prise en charge préconisée habituelle

La fatigue est un symptôme à la fois multifactoriel et multidimensionnel. Il s’agira tout d’abord de découvrir les causes réversibles facilement identifiables par un bilan biologique, comme une anémie, une infection, des troubles métaboliques, endocriniens, ou par une comorbidité : syndrome dépressif, dénutrition, causes iatrogènes, récidive du cancer, douleurs chroniques etc.

Sans étiologie précise, il est recommandé en fonction de la prise en charge (durant le traitement par chimiothérapie/ radiothérapie etc., en post-thérapie ou en fin de vie) de favoriser les techniques d’économie d’énergie sans conseiller le repos et la sieste qui sont délétères, favoriser la réhabilitation physique (marche, jogging, natation) avec des exercices physiques modérés et réguliers [[13]], d’avoir une approche psychologique et/ou enfin d’intervenir par thérapeutiques purement pharmacologiques tels que les psychostimulants : méthylphénidate, modafinil, dexamphétamine, guarana. Cependant, même si ces psychostimulants augmentent la vigilance, le niveau de preuves est insuffisant pour qu’ils soient systématiquement recommandés, sans compter que les effets secondaires sont loin d’être négligeables [7,[14]].

Durant la phase de traitement anticancéreux, le NCCN [7] avait rapporté des effets positifs de l’acupuncture, mais du fait de la faible population étudiée, recommandait des ECR de plus grande puissance. 

Prise en charge de la fatigue par acupuncture

 En effet, bien qu’une métaanalyse de la collaboration Cochrane réalisée à partir de cinq études (n=205) montre que le méthylphénidate puisse être efficace dans la fatigue, il a été conseillé de réaliser de plus grands essais [[15]]. De la même manière, même si quatre essais d’acupuncture portant sur une population globale de 127 patients objectivent un certain bénéfice, il n’en demeure pas moins que la réalisation d’ECR de plus grande puissance est nécessaire.

Fatigue liée à la radiothérapie

Une étude préliminaire a objectivé que douze séances d’acupuncture réalisées chez des patients (n=16) durant tout leur protocole de radiothérapie ont le potentiel de prévenir la fatigue liée à ce traitement [[16]].

Mieux, car dans cette étude toujours préliminaire mais en double aveugle et portant sur vingt-sept patients randomisés, il apparaît que le groupe de sujets recevant l’acupuncture ont une meilleure amélioration de la fatigue que dans celui du groupe acupuncture factice [[17]]. Il s’agit d’une étude pilote de bonne qualité méthodologique avec un score de Jadad à 5 (tableau I) [[18]]. On observe que l’acupuncture est plus efficace sur la fatigue, que l’acupuncture factice, même si la différence entre les deux n’est pas significative (p=0,37). En fait, les auteurs ont calculé que pour montrer une différence significative entre les deux groupes et objectiver un effet spécifique, il était nécessaire d’augmenter la puissance d’une étude future et d’inclure soixante-quinze patients par groupe. Quoi qu’il en soit les auteurs observaient que l’acupuncture véritable était plus bénéfique pour les patients que l’acupuncture factice.

Tableau I. Evaluation d’une qualité méthodologique de l’essai contrôlé randomisé de Balk.

Fatigue en post-chimiothérapie

L’étude ouverte de Vickers et al. [[19]] a été conduite chez trente-sept sujets, dont trente et un ont bénéficié de l’évaluation complète (six perdus de vue). Il s’agissait de patients ayant eu pour la plupart un cancer du sein (32%), mais aussi un cancer gynécologique (16%), poumon (23%), hématologique (16%) etc.

Ces malades avaient fini leur cure de chimiothérapie depuis plus de deux ans et avait une fatigue persistante évaluée au départ à 6,47 sur l’échelle BFI. Une première cohorte (n=25) avait bénéficié du traitement acupunctural deux fois par semaine pendant quatre semaines et la seconde (n=12), une fois par semaine pendant six semaines. La moyenne d’amélioration du niveau de fatigue a été de 31,1% et aucune différence entre les deux cohortes. Par contre, la réponse était moins bonne à partir de 65 ans. Cette étude de basse qualité méthodologique (Jadad=1) non contrôlée a le mérite de montrer que l’acupuncture peut entraîner une bonne amélioration de la fatigue, et, selon les auteurs, a le mérite d’attirer l’attention sur le fait que des ECR sont nécessaires pour le confirmer.

De ce fait, encouragés par ces résultats, Molassiotis et al. [[20]] ont réalisé un essai contrôlé randomisé contre placebo de haute qualité méthodologique (Jadad=5) à trois bras : un bras acupuncture (n=15), un autre acupression (n=16) et enfin un bras acupression factice « sham » (n=16) chez des patients cancéreux (lymphomes, cancers mammaires, cancer poumon, gastro-intestinaux etc.) souffrant de fatigue après avoir achevé un mois auparavant leur cycle de chimiothérapie (CHOP, anthracycline, cisplatine etc.). Par l’évaluation de la fatigue selon l’échelle MFI 20, ils confirment les résultats précédents en trouvant une moyenne d’amélioration à la fin du traitement de 36% des niveaux de fatigue dans le groupe acupuncture, 19% dans le groupe acupression et 0,6% dans le groupe placebo, le tout maintenu pendant deux semaines. L’acupuncture est plus efficace de manière statistiquement significative (p=0,01) que l’acupression ou l’acupression factice.

Deux semaines après la fin du traitement acupunctural, une seconde évaluation par MFI 20 a permis de constater que l’amélioration de la fatigue était moins forte qu’à la première évaluation (22% dans le groupe acupuncture, 15% dans le groupe acupression et 7% pour le groupe acupression placebo) et imposait donc la nécessité de prolonger le traitement pour maintenir l’effet antifatigue de l’acupuncture. Malgré l’efficacité nette de l’acupuncture et dans une moindre mesure celle de l’acupression qui pourra être utilisée chez les personnes pusillanimes, cette étude préliminaire objective la nécessité d’un ECR de grande puissance.

Johnston et al. [[21]] ont étudié l’utilisation de l’acupuncture dans le cadre de la médecine intégrative, c’est à dire intégration de l’acupuncture à un programme de prise en charge à la fois physique, psychologique et diététique chez des patientes ayant bénéficié d’une chimiothérapie pour cancer du sein. Elles souffraient d’une fatigue évaluée à une moyenne de 6,33 points selon l’échelle d’évaluation BFI. Les auteurs les ont randomisées en deux groupes : un groupe acupuncture intégré à la prise en charge habituelle (n=7) et un groupe uniquement de prise en charge habituelle (n=6). L’étude contrôlée randomisée préliminaire, de bonne tenue méthodologique (Jadad=3, car n’étant pas en insu) suit les recommandations CONSORT [[22]] et STRICTA [[23]]. On observe que l’intervention acupuncturale est associée à une baisse de 2,38 points (p=0,08) mesurée sur l’échelle BFI par rapport au groupe témoin. Ainsi du fait de la faible puissance de l’étude, les auteurs proposent de réaliser un ECR de plus grande taille pour confirmer l’efficacité de l’acupuncture.

Le tableau II récapitule les caractéristiques de ces études cliniques.

Tableau II. Caractéristiques des principales études cliniques d’acupuncture utilisée en cas de fatigue. 

Auteurstype d’étude et nombre de patientsJadadProtocolePoints utilisésRésultats
Balk(2009)ECR en double aveugle préliminaire contre placebo à deux bras (n=27) 5– durant période des six semaines de traitement de radiothérapie- séances de 30mn2 fois par semaine
 – recherche du deqi.
– évaluation : FACIT-F
– groupe acupuncture : taixi(RE3), sanyinjiao (RA6), hegu(GI4), zusanli (ES36), qihai(RM6).RE3 et ES36 : EA à 1Hz (30 mn) + RM6 est chauffé.
– groupe acupuncture factice : idem mais aiguilles placebo de type Park + simulation d’électroacupuncture (EA) (électrodes non reliées) et simulation de chaleur avec une lampe à émission de chaleur.
acupuncture plus efficace sur la fatigue que l’acupuncture factice mais non significatif (p=0,37)
Vickers (2004)Etude ouverte (n=37)1– 2 ans après fin de la cure de chimiothérapie
– premier groupe : 2 fois par semaine (20 mn)
– protocole modifié dans le deuxième groupe : puncture 1 fois par semaine- recherche du deqi
– évaluation : BFI
1er groupe : diji (RA8), yinlingquan (RA9), zusanli(ES36), guanyuan (RM4), qihai(RM6) et quchi (GI11).
 2e groupe : taixi (RE3), sanyinjiao (RA6), zusanli(ES36), guanyuan (RM4), qihai(RM6) et shufu (RE27)
– amélioration du niveau de fatigue : 31,1% (IC 95%, 20,6% à 41,5%)
– pas de différence significative entre les deux cohortes
Molassiotis(2007)ECR en double aveugle préliminaire contre placebo à trois bras (n=47)5– 1 mois après fin de la cure de chimiothérapie
– 6 sessions de 20 mn pendant quinze jours (3 fois par semaine)
– recherche du deqi
– évaluation : MFI 20 
groupe acupuncture : hegu(GI4), zusanli (ES36) et sanyinjiao (RA6)
groupe acupression : mêmes points utilisés avec pression d’une minute par le patient lui-même tous les jours pendant quinze jours
groupe placebo : utilisation de pression sur des points inactifs dans la fatigue : zhouliao (GI12), xiyangguan (VB33), pucan(VE61)
-amélioration du niveau de fatigue de 36% par acupuncture, 19% par acupression et 0,6% dans le groupe placebo
-maintien pendant 2 semaines.
-acupuncture  plus efficace (p=0,01) que l’acupression ou l’acupression factice. 
Johnston(2011)ECR sans placebo à 2 bras (n=13)3– après fin de la cure de chimiothérapie – 8 sessions de 50 mn (1 fois par semaine)- recherche du deqi– évaluation : BFI groupe acupuncture et prise en charge habituelle : hegu (GI4), zusanli (ES36), sanyinjiao(RA6) et taixi (RE3) +
 -en cas de symptômes gastro-duodénaux : neiguan (MC6), gongsun (RA4)
 – en cas de symptômes de la sphère psychologique : lieque(PO7), dazhong (RE4), taichong(FO3), yintang et baihui (VG20)
– en cas de troubles du sommeil shenmen (CO7), dazhong (RE4) et shenmai (VE62);
– en cas de symptômes douloureux et en fonction du site de la douleur : fengchi (VB20), xiaxi (VB43), juliao (VB29), huantiao (VB30), qiuxu (VB40), shenmai (VE62), waiguan (TR5) et houxi (IG3)
groupe témoin (prise en charge habituelle seule) : mêmes points utilisés avec pression d’une minute par le patient lui-même tous les jours pendant quinze jours 
-acupuncture diminue la fatigue de 2,38 points versus groupe témoin (IC 90% 0,586-5,014 ; p=0,0776)

Les principaux effets indésirables du traitement anticancéreux

Outre l’action sur la fatigue, le traitement acupunctural devra essayer de limiter certains effets secondaires des différentes molécules utilisées durant le cycle de chimiothérapie. En particulier, l’acupuncture agira sur les douleurs musculo-squelettiques, les troubles gastro-intestinaux, les neuropathies périphériques et même la leucopénie comme le suggère la métaanalyse de Lu et al. [[24]].

 Le carboplatine

Cette molécule présente essentiellement une toxicité rénale (néphropathie avec augmentation de la créatininémie, diminution de la clairance de la créatinine, troubles hydroélectrolytiques), hématologique (risque d’anémie, de leucopénie, neutropénie), digestive (nausées, vomissements, diarrhées) et neurologique (neuropathie périphérique avec paresthésies), alopécie et altération de l’état général.

 Le paclitaxel

Avant l’administration du taxol®, la prémédication préconisée à base de corticoïdes, d’antihistaminiques et d’antagonistes des récepteurs H2 est administrée systématiquement pour éviter les réactions d’hypersensibilité sévères, parfois fatales. Les autres effets secondaires rencontrés de manière très fréquentes sont : alopécie, neuropathies périphériques sévères (85% de neurotoxicité avec une perfusion de 175mg/m² sur 3 heures), myalgies et arthralgies (60% des patients), myélosuppression (une neutropénie sévère (< 500 /mm3) a été observée chez 28 % des patients) et bien sûr les troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, inflammation des muqueuses). L’asthénie est rapportée aussi mais non retrouvée de façon fréquente.

 Le pegfilgrastim

Les effets indésirables les plus fréquents sont les douleurs osseuses, douleurs musculo-squelettiques (myalgies, arthralgies, douleurs des membres, dorsalgies, cervicalgies), céphalées, nausées.

Conduite à tenir

L’efficacité de l’acupuncture dans la fatigue immédiate survenant en cours de traitement a été peu étudiée, excepté durant la période de radiothérapie [17] et dans certaines études de cas [5,[25],[26],[27]]. Ainsi, on s’aperçoit que ces différents protocoles de chimiothérapie ou de radiothérapie seront d’autant mieux supportés, d’un point de vue fatigue et qualité de vie, si le suivi par acupuncture se fait durant tout le cycle thérapeutique.

Ce qui a été réalisé dans ce cas clinique.

L’intervention acupuncturale a ainsi été réalisée en règle générale 24 à 48 heures avant la cure de chimiothérapie (séance de 20 mn), puis une autre le lendemain de la perfusion suivie d’une autre en inter-cure (en moyenne au 10ème jour pour un cycle de 21 jours de cure). Jeannin et al. préconisent une séance par semaine par exemple pendant toute la durée de la radiothérapie [5].

Lors de chaque consultation, le protocole du choix des points concernant la fatigue n’est pas rigide, mais est adapté en fonction de l’évolution ou de l’apparition de symptômes ou des effets secondaires. De ce fait cette souplesse permet également d’améliorer la qualité de vie des patients. Le tableau III récapitule un protocole de traitement à adapter en fonction du cadre clinique zheng.

 Tableau III. Protocole de traitement de la fatigue lié au cancer et adapté aux zheng pour un cycle de chimiothérapie de 21 jours. 

Traitement commun à réaliser  48 à 72h avant la cure de chimiothérapie, 24h après et au 10e jour du cycle MC6, CO7, CO5, PO7, VE23 et RM4 en moxibustion, RE3, RE6, RA6, DM20, RM14, aiguilles des dernières phalanges mains et pieds
Si Vide de yin de Cœur et Vide de qi de RateES36 (zusanli) et GI4 (hegu) stimulés en électroacupuncture à la fréquence de 2Hz. 
Si Vide de yang des ReinsFO13  (zhangmen) ;  GI11 (quchi) ; RM6 (qihai), RM12 (zhongwan) et ES25 (tianshu) en moxibustion à l’armoise et TR5 (waiguan), IG3 (houxi), VE62 (shenmai) et VB41 (zulinqi)

Conclusions

 Cette étude de cas montre que l’acupuncture peut apporter un bénéfice certain dans la fatigue persistante liée au traitement anticancéreux. En outre, l’acupuncture a l’avantage d’accompagner le patient tout au long de sa chimiothérapie et peut de ce fait anticiper et même améliorer nombre d’effets secondaires comme les troubles gastro-intestinaux et neurologiques. En ce qui concerne la fatigue, des études contrôlées randomisées de haute qualité méthodologique sont encore nécessaires. Mais il est clair, ainsi que le soulignent les différents auteurs, que ce n’est pas sans poser des problèmes pratiques. Il faudra bien sûr tenir compte de la difficulté de recrutement afin d’atteindre la population suffisante. En effet, Johnston et al. [[28]] montrent que pour obtenir une puissance statistique suffisante de l’ECR en phase III, il serait nécessaire de randomiser dans deux bras au moins 101 sujets (52 par bras) si l’on s’attend à un effet important de l’acupuncture, voire 235 (118 par bras) si l’effet est supposé plus modéré. Il faudra aussi faire le choix du placebo, tenir compte de la variabilité des symptômes, du type d’acupuncture (moxibustion, auriculothérapie, électroacupuncture, acupression etc.) qui peuvent entraîner une certaine hétérogénéité des études. Quoi qu’il en soit, il en ressort qu’il y a très peu d’effets secondaires et pas de réelles contre-indications [[29]], surtout si l’on suit les recommandations émises par la Haute Autorité de Santé [[30]]. D’autre part, la recherche clinique ne faiblit pas si l’on en croit le méta-registre d’essais cliniques contrôlés (mRCT) qui comptabilise à ce jour cinq études en phase II ou III, et deux études préliminaires [[31]].

L’acupuncture se doit donc d’entrer dans le panel de soins de santé que l’oncologue peut offrir à son malade.


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Stéphan JM. Asthénie : intérêt de l’acupuncture au cours d’un protocole de chimiothérapie (carboplatine-paclitaxel). Acupuncture & Moxibustion. 2012;11(3):201-209. (Version PDF)

Stéphan JM. Asthénie : intérêt de l’acupuncture au cours d’un protocole de chimiothérapie (carboplatine-paclitaxel). Acupuncture & Moxibustion. 2012;11(3):201-209. (version 2012)

Intérêt de l’acupuncture dans la fatigue liée au cancer

Paul Sérusier – Les Porteuses d’eau ou la Fatigue (1897) – Musée des Beaux-Arts de Brest
Paul Sérusier – Les Porteuses d’eau ou la Fatigue (1897) – Musée des Beaux-Arts de Brest

Résumé : Qu’elle soit en rapport avec la chimiothérapie ou la radiothérapie, la fatigue liée au cancer est un problème très fréquent apparaissant dès le début du traitement anticancéreux et pouvant persister même des mois après la fin de ce traitement. Son dépistage et son évaluation devraient donc être recommandés systématiquement. A l’exclusion des thérapies des causes facilement identifiables comme une anémie ou une dépression, le traitement habituel fait appel à une prise en charge favorisant les techniques d’économie d’énergie, une approche pharmacologique, psychologique et une réhabilitation physique. Une autre possibilité souvent ignorée fait intervenir l’acupuncture qui objective dans des essais contrôlés randomisés préliminaires un bénéfice certain qui doit être confirmé par des essais cliniques de grande puissance. L’acupuncture semble ainsi efficace dans la fatigue liée au cancer quel que soit son stade et se doit donc d’entrer dans le panel de soins de santé que l’oncologue peut offrir à son malade. Mots clés : Acupuncture, cancer, fatigue liée au cancer, traitement  alternatif.

Introduction

 La demande d’acupuncture chez les patients souffrant de cancer est motivée par une recherche d’amélioration  de la qualité de vie comme le relève une étude sociologique réalisée en convention avec l’Institut national du cancer ([1]). On relève ainsi que 69,9% des attentes des patients concernent la diminution des effets secondaires des traitements oncologiques, notamment les nausées et vomissements, le stress, la fatigue et les douleurs ([2]). Parmi ces effets secondaires (tableau 1), la fatigue est la mieux soulagée (58,1% des cas) selon l’étude de Triadou et al. ([3]) et il importe de faire le point sur l’état actuel des connaissances.

 Tableau 1. Effets secondaires les mieux soulagés par acupuncture des patients d’acupuncteurs médecins (reproduction réalisée avec l’aimable autorisation de la revue Acupuncture & Moxibustion).  

Définitions de la fatigue

L’asthénie liée au cancer est une sensation subjective, pénible et persistante de fatigue physique, émotionnelle et/ou cognitive, un épuisement en rapport avec le cancer ou le traitement du cancer, non proportionnelle à l’activité récente, non améliorée par le repos et qui interfère avec le fonctionnement habituel du malade ([4]). Elle est à la fois physique avec une asthénie prédominant en fin d’après-midi voire le soir, et psychique survenant le matin avec une dimension psycho-pathologique entraînant détresse, émotions, tristesse, irritabilité etc. Elle va entrainer des stratégies d’adaptation avec une diminution des capacités physiques et/ou psychologiques ([5]).

La fatigue touche très fréquemment les patients cancéreux bénéficiant d’une chimiothérapie cytotoxique, de radiothérapie, de greffe de moelle osseuse ou de traitements avec des modificateurs de réponse biologique ([6]). Elle affecte 70% à 100% des patients cancéreux selon le National Comprehensive Cancer Network ( NCCN). 

 Modalités épidémiologiques

 La prévalence de la fatigue a d’ailleurs été comparée à celle de la population générale. Selon la revue de Minton et al., elle varie beaucoup en fonction des questionnaires d’évaluation mais reste néanmoins significativement plus élevée que dans la population générale, chiffrée par exemple entre 39% et plus de 90% durant le traitement et de 19% et 38% après la fin du traitement anti-cancéreux ([7]).

Il est important aussi de savoir si la fatigue est bien la conséquence directe ou indirecte du cancer ou de son traitement. Il s’agira donc d’en faire un diagnostic précis selon des critères spécifiques et de la différencier d’une comorbidité psychiatrique. Cella et al. ([8]) ont établi différents critères afin de confirmer un diagnostic comme la fatigue significative, la diminution de la concentration, le sommeil non réparateur, le fait de devoir lutter pour surmonter la tendance à l’inactivité, la tristesse ou l’irritabilité, la perte de mémoire à court terme etc.

On distingue en outre la fatigue au cours de la prise en charge thérapeutique et celle qui survient après la fin du traitement.

Une revue de la littérature publiée entre 1989 et 2001 concernant le cancer du sein a objectivé que des taux élevés et fluctuants de prévalence de la fatigue sont trouvés non seulement pendant mais aussi après l’administration d’une chimiothérapie adjuvante. A l’inverse de la perception commune qui sous-entend que davantage de traitements de chimiothérapie peuvent conduire à une plus grande fatigue, les études de la littérature montrent au contraire que l’intensité de la fatigue reste stable tout au long des cycles de traitement. Par contre, la fatigue qui suit les deux premiers jours après l’administration de la chimiothérapie semble être la pire et les praticiens doivent en informer leurs patients ([9]).

La fatigue persiste aussi bien souvent alors que le traitement anticancéreux est terminé. Ainsi Broeckel et al. ont trouvé que la fatigue des patientes était en moyenne 50% plus élevée seize mois après la chimiothérapie que celle rapportée dans un groupe comparatif des femmes n’ayant pas eu le cancer du sein ([10]). A plus long terme, une étude longitudinale objective que 34% des sept-cent-soixante patientes interrogées rapporte une fatigue importante cinq à dix ans après le diagnostic du cancer du sein, presque identique à celle observée de un à cinq ans après le diagnostic (35%), soulignant ainsi l’absence de changement dans ce symptôme au fil du temps ([11]).

De ce fait, les patients sont en demande d’une utilisation plus fréquente des services de santé, y compris des thérapies alternatives, comme le montre une étude canadienne portant sur 913 patients, où l’asthénie est le symptôme le plus fréquemment rapporté (78%) avec l’anxiété (77%) ([12]). 

 Les échelles d’évaluation de la fatigue

 Si le diagnostic de la fatigue ne pose pas trop de problème, son évaluation au cours du temps nécessite des questionnaires spécifiques déterminés par l’intérêt que l’on porte au symptôme. S’il s’agit d’explorer la fatigue en évaluation de routine, une échelle unidimensionnelle de type visuelle analogique (EVA) graduée de 0 à 10 cm peut suffire. Par contre, en cas de recherche clinique, d’études contrôlées randomisées ou si le chiffrage à l’EVA est supérieur à 6 avec un impact sévère sur la vie quotidienne, les questionnaires doivent être spécifiques de type uni ou multidimensionnels, c’est à dire permettant d’étudier les différentes composantes de la fatigue à la fois physique et psychologique ([13]). On peut retenir le MFI 20 (multidimensional Fatigue Inventory) qui s’intéresse à vingt items et cinq dimensions : fatigue globale, physique, mentale, réduction de l’activité, réduction de la motivation ; le FACIT-F (Functional assessment of chronic illness-Fatigue subscale) mesurant à la fois la qualité de la vie (sur vingt-six items) et treize items spécifiques de la fatigue. Les référentiels interrégionaux (5) préconisent l’échelle de fatigue révisée de Piper datant de 1998 qui étudient vingt-deux items évalués sur une échelle numérique de 0 à 10, sur quatre dimensions : comportementale/intensité, affective, sensorielle et cognitive/humeur. Plus simple, car unidimensionnelle, la BFI (Brief Fatigue Inventory) évalue dans son questionnaire neuf items (chiffré de 0 à 10 sur une échelle numérique) avec trois questions sur la sévérité de la fatigue et six questions sur le retentissement dans la vie quotidienne dans les 24 heures qui précèdent : activité générale, humeur, capacité de marche, travail, relations avec autrui, joie de vivre. La fatigue est considérée comme modérée pour des chiffres compris entre 4 et 6 ; et sévère si compris entre 7 et 10. 

La prise en charge préconisée

 La prise en charge symptomatique doit tenir compte que la fatigue est un symptôme à la fois multifactoriel et multidimensionnel. Bien sûr il s’agira de découvrir les causes réversibles facilement identifiables par un bilan biologique, comme une anémie, une infection, des troubles métaboliques, endocriniens, ou par une comorbidité : syndrome dépressif, dénutrition, causes iatrogènes, récidive du cancer, douleurs chroniques etc.

Sans étiologie précise, il est recommandé en fonction de la prise en charge (durant le traitement par chimiothérapie/ radiothérapie etc., en post-thérapie ou en fin de vie) de favoriser les techniques d’économie d’énergie sans conseiller le repos et la sieste qui sont délétères, favoriser la réhabilitation physique (marche, jogging, natation) avec des exercices physiques modérés et réguliers ([14]), d’avoir une approche psychologique et/ou enfin d’intervenir par thérapeutiques purement pharmacologiques tels que les psychostimulants : méthylphénidate, modafinil, dexamphétamine, guarana. Cependant, même si ces psychostimulants augmentent la vigilance, le niveau de preuves est insuffisant pour qu’ils soient systématiquement recommandés, sans compter que les effets secondaires sont loin d’être négligeables (4,5).

Durant la phase de traitement anticancéreux, le NCCN (4) avait rapporté des effets positifs de l’acupuncture, mais du fait de la faible population étudiée, recommandait des ECR de plus grande puissance. 

Prise en charge de la fatigue par acupuncture

 En effet, bien qu’une métaanalyse de la collaboration Cochrane réalisée à partir de cinq études (n=205) montre que le méthylphénidate puisse être efficace dans la fatigue, il a été conseillé de réaliser de plus grands essais ([15]). De la même manière, même si quatre essais d’acupuncture (Figure 1) portant sur une population globale de 127 patients objectivent un certain bénéfice, il n’en demeure pas moins que la réalisation d’ECR de plus grande puissance est nécessaire.

Figure 1. Aiguille d’acupuncture implantée sur le point hegu (GI4). 

Fatigue liée à la radiothérapie

Une étude préliminaire a objectivé que douze séances d’acupuncture réalisées chez des patients (n=16) durant tout leur protocole de radiothérapie ont le potentiel de prévenir la fatigue liée à ce traitement ([16]).

Mieux, car dans cette étude toujours préliminaire mais en double aveugle et portant sur vingt-sept patients randomisés, il apparait que le groupe de sujets recevant l’acupuncture ont une meilleure amélioration de la fatigue que dans celui du groupe acupuncture factice ([17]). Il s’agit d’une étude pilote de bonne qualité méthodologique avec un score de Jadad à 5 (Tableau 2) ([18]). Les patientes sont traitées deux fois par semaine durant les six semaines de radiothérapie. Le recueil des mesures se fait selon l’échelle FACIT-F à trois et six semaines durant le traitement et quatre semaines après la fin. On observe que l’acupuncture est plus efficace sur la fatigue que l’acupuncture factice, même si la différence entre les deux n’est pas significative (p=0,37). En fait, les auteurs ont calculé que pour montrer une différence significative entre les deux groupes et objectiver un effet spécifique, il était nécessaire d’augmenter la puissance d’une étude future et d’inclure soixante-quinze patients par groupe. Quoi qu’il en soit les auteurs observaient que l’acupuncture véritable était plus bénéfique pour les patients que l’acupuncture factice.

 Tableau 2. Evaluation d’une qualité méthodologique de l’essai contrôlé randomisé de Balk.

Fatigue en post-chimiothérapie

L’étude ouverte de Vickers et al. ([19]) a été conduite chez trente-sept sujets, dont trente et un ont bénéficié de l’évaluation complète (six perdus de vue). Il s’agissait de patients ayant eu pour la plupart un cancer du sein (32%), mais aussi un cancer gynécologique (16%), poumon (23%), hématologique (16%) etc.

Ces malades avaient fini leur cure de chimiothérapie depuis plus de deux ans et avait une fatigue persistante évaluée au départ à 6,47 sur l’échelle BFI. Une première cohorte (n=25) avait bénéficié du traitement acupunctural deux fois par semaine pendant quatre semaines et la seconde (n=12), une fois par semaine pendant six semaines. La moyenne d’amélioration du niveau de fatigue a été de 31,1% (IC 95%, 20,6% à 41,5%) et aucune différence entre les deux cohortes. Par contre, la réponse était moins bonne à partir de 65 ans. Cette étude de basse qualité méthodologique (Jadad=1) non contrôlée a le mérite de montrer que l’acupuncture peut entraîner une bonne amélioration de la fatigue, et, selon les auteurs a le mérite d’attirer l’attention sur le fait que des ECR sont nécessaires pour le confirmer.

De ce fait, encouragés par ces résultats, Molassiotis et al. ([20]) ont réalisé un essai contrôlé randomisé contre placebo de haute qualité méthodologique (Jadad=5) à trois bras : un bras acupuncture (n=15), un autre acupression (n=16) et enfin un bras acupression factice « sham » (n=16) chez des patients cancéreux (lymphomes, cancers mammaires, cancer poumon, gastro-intestinaux etc.) souffrant de fatigue après avoir achevé un mois auparavant leur cycle de chimiothérapie (CHOP, anthracycline, cisplatine etc.). Par l’évaluation de la fatigue selon l’échelle MFI 20, ils confirment les résultats précédents en trouvant une moyenne d’amélioration à la fin du traitement de 36% des niveaux de fatigue dans le groupe acupuncture, 19% dans le groupe acupression et 0,6% dans le groupe placebo, le tout maintenu pendant deux semaines. L’acupuncture est plus efficace de manière statistiquement significative (p=0,01) que l’acupression ou l’acupression factice.

Deux semaines après la fin du traitement acupunctural, une seconde évaluation par MFI 20 a permis de constater que l’amélioration de la fatigue était moins forte qu’à la première évaluation (22% dans le groupe acupuncture, 15% dans le groupe acupression et 7% pour le groupe acupression placebo) et imposait donc la nécessité de prolonger le traitement pour maintenir l’effet antifatigue de l’acupuncture. Malgré l’efficacité nette de l’acupuncture et dans une moindre mesure celle de l’acupression qui pourra être utilisée chez les personnes pusillanimes, cette étude préliminaire objective la nécessité d’un ECR de grande puissance.

Johnston et al. ([21]) ont étudié l’utilisation de l’acupuncture dans le cadre de la médecine intégrative, c’est à dire intégration de l’acupuncture à un programme de prise en charge à la fois physique, psychologique et diététique chez des patientes ayant bénéficié d’une chimiothérapie pour cancer du sein. Elles souffraient d’une fatigue évaluée à une moyenne de 6,33 selon l’échelle d’évaluation BFI. Les auteurs les ont randomisées en deux groupes : un groupe acupuncture intégré à la prise en charge habituelle (n=7) et un groupe uniquement de prise en charge habituelle (n=6). L’étude contrôlée randomisée préliminaire, de bonne tenue méthodologique (Jadad=3, car n’étant pas en insu) suit les recommandations CONSORT ([22]) et STRICTA ([23]). On observe que l’intervention acupuncturale est associée à une baisse de 2,38 points (p=0,08)  mesurée sur l’échelle BFI par rapport au groupe témoin. Ainsi du fait de la faible puissance de l’étude, les auteurs proposent de réaliser un ECR de plus grande taille pour confirmer l’efficacité de l’acupuncture.

Le tableau 3 récapitule les caractéristiques de ces études cliniques.

 Tableau 3. Caractéristiques des principales études cliniques d’acupuncture utilisée en cas de fatigue. 

Auteurstype d’étude et nombre de patientsJadadProtocoleRésultats
Balk(2009)ECR en double aveugle préliminaire contre placebo à deux bras (n=27) 5– durant période des six semaines de traitement de radiothérapie
– séances de 30mn2 fois par semaine
 -recherche du deqi.
– évaluation : FACIT-F
– Bras acupuncture : avec électroacupuncture (EA)
– Bras acupuncture factice avec aiguilles placebo de type Park  +simulation d’ électrodes non reliées
acupuncture plus efficace sur la fatigue que l’acupuncture factice mais non significatif (p=0,37)
Vickers (2004)Etude ouverte (n=37)1– 2 ans après fin de la cure de chimiothérapie
– premier groupe : 2 fois par semaine (20 mn)
– protocole modifié dans le deuxième groupe : puncture 1 fois par semaine
– recherche du deqi
– évaluation : BFI 
– amélioration du niveau de fatigue : 31,1% (IC 95%, 20,6% à 41,5%)
– pas de différence significative entre les deux cohortes
Molassiotis (2007)ECR en double aveugle préliminaire contre placebo à trois bras (n=47)5– 1 mois après fin de la cure de chimiothérapie – 6 sessions de 20 mn pendant quinze jours (3 fois par semaine)
-recherche du deqi
– évaluation : MFI 20
groupe acupuncture
groupe acupression groupe placebo : utilisation de pression sur des points inactifs dans la fatigue   
-amélioration du niveau de fatigue de 36% par acupuncture, 19% par acupression et 0,6% dans le groupe placebo
-maintien pendant 2 semaines.
-acupuncture  plus efficace (p=0,01) que l’acupression ou l’acupression factice. 
Johnston(2011)ECR sans placebo à 2 bras (n=13)3– après fin de la cure de chimiothérapie
 – 8 sessions de 50 mn (1 fois par semaine)
-recherche du deqi
– évaluation : BFI
– groupe acupuncture et prise en charge habituelle
– groupe témoin (prise en charge habituelle seule)
-acupuncture diminue la fatigue de 2,38 versus groupe témoin (p=0,08)

Conclusions 

La fatigue persistante liée au traitement anticancéreux est un symptôme pour lequel l’acupuncture peut apporter un bénéfice certain. Bien sûr des études contrôlées randomisées de haute qualité méthodologique sont encore nécessaires. Mais il est clair, ainsi que le soulignent les différents auteurs, que ce n’est pas sans poser des problèmes pratiques. Par exemple, il faut tenir compte de la difficulté de recrutement afin d’atteindre la population suffisante. En effet selon l’étude de Johnston et al. ([24]) pour obtenir une puissance statistique suffisante de l’ECR en phase III, il serait nécessaire de randomiser dans deux bras au moins 101 sujets (52 par bras) si l’on s’attend à un effet important de l’acupuncture, voire 235 (118 par bras) si l’effet est supposé plus modéré. Il faudra aussi faire le choix du placebo, tenir compte de la variabilité des symptômes, du type d’acupuncture (moxibustion, auriculothérapie, électroacupuncture, acupression etc.) qui peuvent entraîner une certaine hétérogénéité des études. Quoi qu’il en soit, il en ressort qu’il y a très peu d’effets secondaires et pas de réelles contre-indications ([25]), surtout si l’on suit les recommandations émises par la Haute Autorité de Santé ([26]). D’autre part, la recherche clinique ne faiblit pas si l’on en croit le méta-registre d’essais cliniques contrôlés (mRCT) qui comptabilise à ce jour cinq études en phase II ou III, et deux études préliminaires ([27]).

L’efficacité de l’acupuncture dans la fatigue immédiate survenant en cours de traitement a été peu étudiée, excepté durant la période de radiothérapie (17) et dans certaines études de cas ([28],[29],[30],[31],[32]). Ainsi, on s’aperçoit que ces différents protocoles de chimiothérapie ou de radiothérapie seront d’autant mieux supportés, d’un point de vue fatigue et qualité de vie, si le suivi par acupuncture se fait durant tout le cycle thérapeutique. L’intervention acupuncturale sera réalisée ainsi en règle générale 24 à 48 heures avant la cure (séance de 20 mn), puis une autre le lendemain de la perfusion suivie d’une autre en intercure. Jeannin et al. préconisent une séance par semaine pendant toute la durée de la radiothérapie (30). Lors de chaque consultation, le protocole du choix des points concernant la fatigue n’est pas rigide, mais est adapté en fonction de l’évolution ou l’apparition de symptômes ou des effets secondaires. De ce fait cette souplesse permet également d’améliorer la qualité de vie des patients. L’acupuncture se doit donc d’entrer dans le panel de soins de santé que l’oncologue peut offrir à son malade.


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L’électroacupuncture a une efficacité spécifique dans le contrôle des vomissements induits par chimiothérapie myéloablative

Fort de France, Martinique : Fresque murale - France
Fort de France, Martinique : Fresque murale – France

Shen J,  Wenger N, Glaspy J, Hays R.D, Albert P.S, Choi C, Shekelle P.G : Electroacupuncture for Control of Myeloablative Chemotherapy–Induced Emesis. A randomized controlled trial. JAMA. 2000 ; 284 , 21, 2755-2761

Résumé

 Question :

L’électroacupuncture est-elle efficace dans les vomissements induits par une chimiothérapie hautement émétique ? Cette efficacité est-elle spécifique ?

Plan expérimental : Essai clinique randomisé, électroacupuncture versus puncture minimale et versus absence d’électroacupuncture.

Cadre : clinique de cancérologie dans un centre hospitalier universitaire californien (USA)

Patients : L’étude fut réalisée entre mars 1996 et décembre 1997. Un formulaire de consentement éclairé signé par les patientes fut demandé lors de l’hospitalisation pour la chimiothérapie. Le protocole d’étude fut approuvé par le comité scientifique local et revu par le comité institutionnel de protection du sujet humain.

Pour détecter entre 20 et 25% de réduction des vomissements, les groupes devaient inclure chacun 35 personnes, fixant une puissance de l’étude entre 77 et 93%.

104 femmes de 18 à 62 ans (âge moyen : 46 ans) ayant un cancer du sein à haut risque ( score supérieur à 80 sur l’échelle Karnofsky, quantifiée de 0 à 100), avec une espérance de vie d’au moins 6 mois, et candidates appropriées pour le programme de transplantation de moelle ont donc été recrutées.

Les exclusions : métastases de cerveau, infections évolutives, infections cutanées, pacemaker, incapacité à donner leur consentement éclairé.

Intervention : La randomisation en trois groupes fut réalisée par un investigateur qui n’avait eu aucun contact direct avec les patientes (enveloppes numérotées, scellées, opaques).

Les patientes des 3 groupes ont bénéficié de la même chimiothérapie et de la même thérapie antiémétique.

Chimiothérapie : cyclophosphamide (endoxan) à la dose de 1875 mg/m² de surface corporelle par jour et cisplatin (cisplatine) : 55mg/m²/j pendant les 3 premiers jours d’hospitalisation, et le 4ème jour carmustine (Bicnu) à la dose de 600mg/m².

Agents antiémétiques : prochlorperazine (non commercialisé en France) utilisé par voie intraveineuse avant la chimiothérapie à la dose de 10 mg dans 100 ml de solution saline puis en perfusion continue à la dose de 1mg/m² de surface corporelle et par heure, lorazepam en intraveineux (témesta, mais non commercialisé sous cette forme en France) à la dose de 1mg/m² toutes les 4 heures, diphenhydramine hydrochloride (non commercialisé sous cette forme en France) à la dose de 25mg/m² administré en intraveineux également toutes les 6 heures : thérapeutique commencée 1 heure après le début de la chimiothérapie et continuée 48 heures après la fin de la dernière perfusion de chimiothérapie. Du metoclopramide (primpéran) et du droperidol (droleptan), médicaments supplémentaires ont été donnés à la discrétion des médecins non impliqués dans l’étude ou à la demande des patientes.

3 groupes :

1.Groupe électroacupuncture (n=37)  : acupuncture classique avec des aiguilles au gabarit 36 (norme américaine) de manière bilatérale par deux médecins acupuncteurs chevronnés :

– MC6 (Neiguan), puncturé à une profondeur de 1 cun, avec recherche de la sensation du « de Qi », puis relié par une pince crocodile à la borne négative du stimulateur électrique.

– ES 36 (Zusanli), puncturé à une profondeur de 1,5 cun, recherche du « de Qi », puis relié de la même façon à la borne positive.

Les variables électriques : fréquence : 2 à 10 hertz  impulsions de 0,5 à 0,7 millisecondes, polarité alternée, forme d’onde carrée de moins de 26 mA pendant 20 minutes.

La première séance a lieu dans les 2 heures précédant la perfusion initiale de chimiothérapie, puis les quatre jours suivants aux mêmes horaires, pour un total de 5 jours de traitement.

2.Groupe puncture minimale (n=33) : acupuncture avec insertion superficielle des aiguilles et  stimulation électrique simulée « mock » sur des points n’ayant aucun effet sur les vomissements : même protocole : aiguilles 36 placées de façon bilatérale par des médecins acupuncteurs.

– 1 point  aux environs de P7 (Lieque) et 1 autre près de VB 34 (Yanglingquan) puncturés superficiellement sans recherche du « de Qi », reliés donc à un stimulateur mais sans délivrance de courant électrique.

Même protocole de traitement : séances de 20 minutes par jour pendant 5 jours.

3.Groupe pharmacothérapie isolée (n=34) : sans électroacupuncture, les patientes reçoivent la thérapeutique antiémétique commune.

Les trois groupes à comparer sont similaires en terme d’âge, de sexe et de chimiothérapie antérieure. Néanmoins, le groupe avec électroacupuncture placebo a eu davantage de vomissements dans une chimiothérapie antérieure que les deux autres groupes, avec une différence significative (p=0,01).

Les patientes sont laissées dans l’ignorance de la nature du traitement reçu par acupuncture, comme l’atteste l’évaluation  par un questionnaire : pas de différence significative entre les 2 groupes (p=0,11 au test Khi-carré de Pearson). La qualité technique du traitement reçu, la gentillesse et l’accueil du médecin acupuncteur étaient comparables dans les deux groupes (p=0,13).

 La quantité moyenne d’agents antiémétiques administrés pendant la période d’étude était semblable dans les 3 groupes. De même, l’utilisation des antiémétiques supplémentaires était  comparable (p = 0,33 au test de Khi-carré de Pearson) dans les 3 groupes.

Critères de jugement : Critère primaire : le nombre d’épisode de vomissements. Critère secondaire : la proportion de jours sans vomissements. Deux périodes sont étudiées : la phase thérapeutique de J1 à J5 et la phase de suivi de J6 à J14. Les données ont été recueillies par une infirmière ignorant le groupe d’appartenance des patientes.

Résultats : Analyse en intention de traiter : toutes les patientes  randomisées, y compris celles sorties avant la fin de l’essai ont été étudiées..

Résultats
 GROUPE 1GROUPE 2Groupe 3
 électroacupuncturePuncture minimalePharmacothérapie
 (n = 37)(n = 33)(n = 34)
Période d’étude (Jour 1 – Jour 5)
Nombre d’épisodes de vomissements par personne
Moyenne (gamme)5 (1-25)10 (3-24)15 (0-25)
Moyenne (95% CI)*6.29 (4.20-7.02)10.73 (7.38-11.90)13.41 (9.55-15.05)
Pourcentage de jours sans vomissements
Moyenne (95% CI)55 (47-63)29 (20-37)20 (11-29)
Période de suivi (Jour 6 – jour 14)
Nombre d’épisodes de vomissements par personne
Moyenne (gamme)4 (0-32)7 (0-30)8 (0-22)
Moyenne (95% CI)*6.89 (3.65-7.34)8.60 (4.84-9.42)8.56 (5.29-9.48)
Pourcentage de jours sans vomissementsmoyenne (95% CI)60 (52-68)53 (45-62)52 (44-62)
 CI indicates confidence Interval 
* Constructed on Square root scale and back transformed to the original scale. 
     

1.Critère primaire  :

Durant la période des cinq jours thérapeutiques, le nombre d’épisodes de vomissements dans le groupe électroacupuncture est inférieur à celui de la puncture minimale et à celui de la pharmacothérapie seule (nombre moyen d’épisodes, 5, 10 et 15 respectivement ). La différence est statistiquement significative (p <0,001) pour chaque comparaison.

De même, le groupe acupuncture minimale a eu sensiblement moins d’épisodes de vomissements que le seul groupe pharmacothérapie isolée ( P <0,01).

  1. Critère secondaire : La proportion de jours sans vomissements est plus élevée dans le groupe électroacupuncture que dans celui de la puncture minimale ou que dans celui de la pharmacothérapie isolée (significatif : p<0,001). Par contre, la proportion de jours sans vomissements n’est pas supérieur dans le groupe puncture minimale par rapport augroupe pharmacothérapie (p=0,18).

Pendant la période de suivi du 6ème au 14ème jour, on ne met pas en évidence de différence significative dans la comparaison entre les trois groupes (p=0.18).

Conclusions :

Dans cette étude concernant des patientes ayant un cancer du sein et recevant une chimiothérapie à haute dose, l’adjonction d’une électroacupuncture est plus efficace dans le contrôle des vomissements qu’une puncture minimale ou qu’une pharmacothérapie isolée. Toutefois, l’effet observé est de durée limitée.

Commentaires :

Grille de Jadad :

Qualité méthodologique.

Des études antérieures ont suggéré que l’acupuncture puisse réduire les nausées et vomissements. Cet effet thérapeutique pourrait provenir des effets spécifiques mais aussi non spécifiques de l’acupuncture liés à la relation-interaction patient-acupuncteur.

Apparemment, cette étude n’est pas originale, car pourquoi faire une énième étude démontrant l’efficacité de l’acupuncture dans les vomissements ?

En effet déjà une conférence de consensus avait émis un avis favorable sur cette efficacité (1). Malheureusement, on suspectait un effet placebo.

 L’étude clinique randomisée de Dundee objectivait un effet certain de l’acupuncture sur les vomissements. Mais existait un problème : biais de méthodologie et pas assez de patients dans le groupe placebo.(2)

Une revue systématique des études cliniques randomisées (3) et une méta-analyse (4) ont démontré également l’efficacité de l’acupuncture, mais en post-opératoire et non dans les vomissements post chimiothérapiques, comme ici.

 Donc premier intérêt de cette étude

Deuxième question méthodologique : pourquoi faire une étude sur l’acupuncture et les vomissements ? Que peut apporter l’acupuncture au monde scientifique médical ?

Les auteurs, non acupuncteurs, expliquent qu’ils sont démunis dans la thérapeutique antiémétique post-chimothérapique, car bien que de nouvelles molécules soient sorties, en particulier l’ondansetron, très efficace, celui-ci ne peut être utilisé avec le cisplatin et le cyclophosphamide, car entraînant  de nombreuses interactions. D’où le deuxième intérêt de cette étude.

Le troisième intérêt : prouver qu’il existe un effet bien spécifique de l’acupuncture. Et là, les auteurs l’objectivent bien, mais démontrent qu’il existe de plus un effet non spécifique, lié pour eux à l’interaction patient-médecin, l’acupuncture minimale étant plus efficace que la thérapeutique antiémétique isolée. Mais pourquoi faire un essai avec un groupe acupuncture minimale et non directement un groupe placebo ?

Il s’avère donc qu’il existerait outre les effets spécifiques de l’électroacupuncture, des effets non spécifiques liés vraisemblablement à une intervention comportementale. En effet, l’électroacupuncture minimale induit également une réduction de la fréquence des épisodes de vomissements. L’attention apportée au patient et l’interaction clinicien-patient peuvent être des explications possibles dans l’effet bénéfique de cette configuration.

Par contre, l’effet spécifique de l’électroacupuncture serait de moduler la sérotonine, la substance P, et les opiacés endogènes au niveau du système nerveux central.

La qualité méthodologique de cet essai passe aussi par la validité statistique. La taille et la puissance de l’étude sont tout à fait bien étudiées, correctes et, avec ce qui est rare, un intervalle de confiance bien spécifié et étroit pour toutes les statistiques. Une valeur de P=0,05 indiquait une signification statistique. Seul bémol, la distribution des résultats n’étant pas normale, car étant distribuée de manière dissymétrique, les tests statistiques choisis ont été des tests non paramétriques ( analyse de variance de Kruskall-Wallis suivie du Test de Wilcoxon pour séries appariées, utilisation des modèles de quasi-vraisemblance de Poisson et modèle d’équation d’estimation généralisée GEE pour les ajustements, test de Wald). De ce fait, ces tests sont moins puissants que les tests paramétriques et pourraient produire des résultats significatifs trompeurs.  

Les limitations :

– Cette étude ne peut s’appliquer qu’à une certaine population cible : femmes, et une certaine pathologie, cancer du sein traité par chimiothérapie myéloablative.

–          Il faudrait voir si l’acupuncture est aussi efficace versus les nouvelles molécules (ondansetron) et les nouveaux protocoles. Donc d’autres ECR sont à réaliser…

– problème du groupe puncture minimale. Dans cette étude, les patients étaient incapables de distinguer la différence (tests statistiques pour preuve) entre acupuncture classique et acupuncture minimale que les auteurs  désignent du terme « non-classique ». Or nous savons qu’il existe une efficacité statistiquement significative de cette forme d’acupuncture (5, 6),  bien que d’autres auteurs disent le contraire(7).

Cette étude relève de ce que Johan Nguyen (8) décrit comme des essais de type B (acupuncture contre traitement de référence), mais aussi essais de type D (acupuncture contre fausse acupuncture). Le but des auteurs de cet essai était double : différencier l’effet spécifique de l’effet non-spécifique, et démontrer l’efficacité de l’électroacupuncture afin de définir sa place dans la stratégie thérapeutique (8).

– Les points utilisés ici comme antiémétiques sont classiquement retenus.

MC 6 (Neiguan) : point classique dans les vomissements, point Luo du Shou Jue Yin et surtout point clé du Yin Wei Mai, qui intervient préférentiellement sur la sphère neuropsychique et aussi sur la sphère digestive.

ES 36 (Zusanli) est le point He du méridien d’Estomac qui permet de calmer, contrôler et d’équilibrer le Qi et d’abaisser la Chaleur de l’Estomac en harmonisant Rate , Estomac, le Sang  et le Qi.

MC 6 est systématiquement utilisé dans les études, ES 36, bonne indication aussi, l’est nettement moins. Ce traitement classique est aussi préconisé comme points symptomatiques des nausées et vomissements dans le traité d’acupuncture de l’institut de médecine traditionnelle chinoise de Shanghaï (traduction de C. Roustan).

– Que dire maintenant des points retenus pour la puncture minimale : points situés près de  P 7 et VB 34. Je remarque en passant que les auteurs n’ont pas fait l’effort de mettre les noms des points en nomenclature chinoise pinyin. Mais ils utilisent tout de même la nomenclature internationale anglaise de 1980.

Notons que les auteurs décrivent ces deux points utilisés en disant qu’ils se trouvent près de P 7 et VB 34, sans donner exactement une distance. Certains chercheurs avaient tenté de déterminer la spécificité du point chinois en comparant les effets respectifs de stimulations appliquées à son niveau exact et sur un site voisin plus ou moins proche. Les résultats ne montrent pas de différence significative. Par exemple, chez le lapin, ils ont démontré que les effets de la stimulation se font  sentir tout autour d’une zone autour du point précis, mais s’atténuent dès qu’on s’éloigne trop (10,11). Ces résultats indiquent que le respect absolu des emplacements des points d’acupuncture n’est pas indispensable pour observer un effet hypoalgésique par exemple. La stimulation de zones d’innervation comparable produit donc des effets identiques.

 Mais c’est vrai aussi que les auteurs de cet essai n’ont pas cherché à mettre en place un placebo actif, mais ont plutôt cherché un protocole d’acupuncture minimale ‘acupuncture non-classique’ avec stimulation électrique feinte, qui ne sont pas indiqués pour le contrôle des vomissements.

Que penser donc de ces deux points ?

VB34 (Yanglinquan) n’est pas aussi inefficace dans les vomissements que semblent le dire les deux médecins acupuncteurs experts dans l’étude. En effet, le VB 34  a une action statistiquement significative dans les vomissements comme l’atteste l’étude de Chu en 1998 dans la prévention des vomissements après chirurgie de strabisme chez l’enfant.(9)

 En effet, Le VB 34, point Hui, grande Réunion des muscles et des tendons, point He à action spéciale sur la vésicule biliaire, est aussi un des douze points « étoile céleste ». Donc sa sphère d’activité n’est pas limitée qu’à la pathologie neuromusculaire. On le préconise également dans une variété d’hypertension artérielle, certaines précordialgies, les pathologies neurologiques (migraines, céphalées, zona…) et … dans les pathologies digestives (lithiases des voies biliaires, gastrites, ulcères, colopathies, hépatites),

P7 (Lieque), point clé du Ren Mai, n’est pas vraiment inefficace non plus. Le Ren Mai, vaisseau Conception,  présente en cas d’atteinte des symptômes de la sphère digestive, et en particulier des vomissements. Le Ren Mai, contrôle et régule les méridiens principaux et merveilleux vaisseaux Yin, mais aussi tous les points Mu qui se trouvent sur son trajet, contrôle enfin les fonctions digestives, sexuelles et respiratoires. Ainsi le RM 13 est le point des nausées et vomissements.

Conclusion : ni le VB34, ni le P7 ne peuvent être considérés comme des points complètement inefficaces dans les vomissements, même si on ne recherche pas le « De Qi » et même si l’électroacupuncture est feinte à ces niveaux.

Il y a donc une spécificité partielle de VB 34 et P7 sur les vomissements.

L’effet non spécifique lié à la relation patient-Acupuncteur ne peut être prouvé, car même si l’électroacupuncture minimale est moins efficace que l’électroacupuncture spécifique, c’est malgré tout de l’acupuncture agissant réellement de manière spécifique sur les vomissements .

D’où l’intérêt de mettre en oeuvre un comité d’expertise de spécialistes en acupuncture qui validerait les protocoles d’acupuncture utilisés, surtout ceux considérés comme placebo ou à action minimale.

Ici deux acupuncteurs avaient été chargés d’évaluer le protocole, un exerçant l’acupuncture  en privé depuis 3 ans, et l’autre davantage expérimenté (20 ans d’exercice).

En fait, les auteurs ont étudié 2 protocoles d’acupuncture, l’un plus spécifique que l’autre dans les vomissements.

Conclusion :

  1. étude remarquable d’un point de vue méthodologique.
  2. efficacité de l’électroacupuncture : il est donc légitime de proposer ce traitement en association avec une thérapeutique antiémétique pour le confort du malade
  3. erreur dans le choix de l’acupuncture minimale visant à différencier l’effet spécifique de l’effet non spécifique : les auteurs auraient dû se contenter de l’étude électroacupuncture versus traitement antiémétique.
  4. l’absence d’efficacité sur la période de suivi doit inciter à poursuivre les séances d’acupuncture plus longtemps
  5. Il n’y a aucune raison de penser que l’acupuncture puisse échapper à la règle qui veut que l’efficacité de toute technique résulte de son effet propre, ajouté à d’autres actions non spécifiques, placebo.

 Références

  1. NIH Consensus Conference. AcupunctureJAMA1998 Nov 4;280(17):1518-24. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/htbin-post/Entrez/query?db=m&form=6&Dopt=r&uid=9809733
  2. Dundee JW, Ghaly RG, Fitzpatrick KT, Lynch GA, Abram WP.Acupuncture to prevent cisplatin-associated vomiting.Lancet.1987;1:1083.
  3. Vickers AJ.Can acupuncture have specific effects on health?A systematic review of acupuncture antiemesis trials. J R Soc Med. 1996; 89:303-311. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/htbin-post/Entrez/query?db=m&form=6&Dopt=r&uid=8758186
  4. Lee A, Done M.The use of nonpharmacologic techniques to prevent postoperative nausea and vomiting : a meta-analysis.Anesth Analg.1999;88:1362-1369. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/htbin-post/Entrez/query?db=m&form=6&Dopt=r&uid=10357346
  5. Ernst E, White AR.A review of problems in clinical acupuncture research.Am J Chin Med. 1997;25(1):3-11.http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=9166992&dopt=Abstract
  6. Castera P. La recherche clinique en acupuncture : quels problèmes ? La revue Française de Méd. Trad. Chin., 2000, 186-187, 110-112
  7. Boujut E. réflexions sur les difficultés de l’évaluation en acupuncture à partir de Neiguan et de ses applications comme antiémétique dans des essais cliniques. Mémoire DIU d’acupuncture, Bordeaux, 1996
  8. Nguyen J. Pour une évaluation confiante et déterminée de l’acupuncture. Méridiens.1999, 112, 73-88. http://www.meridiens.org/m112/entree112.html
  9. Chu YC, Lin SM, Hsieh YC, Peng GC, Lin YH, Tsai SK, Lee TY.Effect of BL-10 (tianzhu), BL-11 (dazhu) and GB-34 (yanglinquan) acuplaster for prevention of vomiting after strabismus surgery in children. Acta Anaesthesiol Sin 1998 Mar;36(1):11-6. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=9807844&dopt=Abstract
  10. Dong Q, Dong X, Li H, Chen D, Xian M : The relations between acupuncture manipulations and responsive discharges of deep receptors.Chen Tzu Yen Chiu. 1993;18(1):75-82. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=8082286&dopt=Abstract
  11. Dong Q, Dong X, Chen D, Li H, Zhang S : The relation between acupuncture manipulations and responsive discharges of cutaneous receptors.Chen Tzu Yen Chiu. 1992;17(3):221-9. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=1339633&dopt=Abstract

Stéphan JM. L’électroacupuncture a une efficacité spécifique dans le contrôle des vomissements induits par chimiothérapie myéloablative. Acupuncture & Moxibustion. 2002,1(1-2):58-62.

Comment traiter la boulimie par acupuncture ?

Pâtisseries – offrandes pour la cérémonie de crémation – Ubud – Bali – Indonésie
Pâtisseries – offrandes pour la cérémonie de crémation – Ubud – Bali – Indonésie

Résumé : Encore inconnue il y a 30 ans, la boulimie ne cesse d’étendre ses ravages. Elle touche environ 3% des femmes jeunes et est 4 fois plus fréquente que l’anorexie mentale. La boulimie consiste en un besoin impulsif et violent de manger, qui peut être indépendant de toute faim véritable et que la satiété ne calme pas. Après l’absorption rapide et sans plaisir d’une quantité parfois énorme de nourriture, les boulimiques tentent de l’éliminer en vomissant, en prenant des diurétiques voire des laxatifs, le plus souvent en cachette, dans la honte et la culpabilité. En Médecine Traditionnelle Chinoise, la boulimie trouve son origine dans la perturbation de la loge Terre, mais surtout dans l’atteinte des entités viscérales, en particulier celle du Cœur : le Shen. Le traitement va donc consister à rééquilibrer le couple Rate-Pancréas, Estomac ainsi qu’à régulariser l’intrication des troubles des âmes viscérales : Shen, Zhi, Po, Yi et Hun. Une explication de la boulimie selon la nosologie chinoise permet de choisir les points suivants : E 36 (Zusanli), RP 6 (Sanyinjiao), E 40 (Fenglong), RP 3 (Taibai), RP 2 (Dadu), VG 20 (Baihui), MC 6 (Neijuan), C 7 (Shenmen), E 45 (Lidui), P 1 (Zhongfu), V 42 (Pohu), VC 17 (Shanzhong), VC 14 (Jujue), V 44 (Shentang), F 13 (Zhangmen), V 49 (Yishe), F 14 (Qimen), V 47 (Hunmen), VB 25 (Jingmen) et V 52 (Zhishi) utilisés tous ou en partie, en fonction de la détermination de l’organe atteint.  Mots clés : Acupuncture, boulimie, âmes viscérales, Shen, Hun, Po, Yi, Zhi, points assentiments psychiques Shen, points Hérauts Mu, psychiatrie.

Summary : Still unknown 30 years ago, the bulimia does not cease extending its devastations. It touches approximately 3% of the young women and is 4 times more frequent than the anorexia nervosa. The bulimia consists of an impulsive need and violent one to eat, who can be independent of any true hunger and whom satiety does not calm. After fast absorption and without pleasure of a sometimes enormous quantity of food, the compulsive eaters try to eliminate it while vomitting, by taking diuretic even laxatives, generally in hiding-place, in shame and the culpability. In Chinese Traditional Medicine, the bulimia finds its origin in the disturbance of the loggia Ground, but especially in the attack of the visceral entities, in particular that of the Heart: Shen. The processing thus will consist in rebalancing the couple Speen-Pancreas, Stomach as well as regularizing the intrication of the disorders of the visceral souls : Shen, Zhi, Po, Yi and Hun. An explanation of the bulimia according to the Chinese nosology makes it possible to choose the following points: ST 36 (Zusanli), SP 6 (Sanyinjiao), ST 40 (Fenglong), SP 3 (Taibai), SP 2 (Dadu), GV 20 (Baihui), HC 6 (Neijuan), H 7 (Shenmen), ST 45 (Lidui), L 1 (Zhongfu), BL 42 (Pohu), CV 17 (Shanzhong), CV 14 (Jujue), BL 44 (Shentang), LIV 13 (Zhangmen), BL 49 (Yishe), LIV 14 (Qimen), BL 47 (Hunmen), GB 25 (Jingmen) and BL 52 (Zhishi) used all or partly, according to the determination of the organ reached. Key words :  Acupuncture, bulimia, visceral souls, Shen, Hun, Po, Yi, Zhi, psychic approvals points, Mu points, psychiatry

Est il possible de traiter par l’acupuncture une personne souffrant de boulimie ? Et comment la soigner ? Alors que la boulimie n’est individualisée en tant que syndrome psychiatrique que depuis 1979, comment la considérer selon la nosologie traditionnelle chinoise ? Après un rappel de la boulimie selon les critères diagnostiques occidentaux, ce travail permettra de faire un corollaire avec la médecine chinoise et de donner des éléments de réponse. 

    la boulimie selon la nosologie occidentale

              Ce syndrome se caractérise par des épisodes de prises alimentaires brutales, véritables passages à l’acte durant lesquels la jeune fille ingère de grandes quantités d’aliments à forte densité calorique, ces mêmes aliments qu’elle cherche habituellement à éliminer de son alimentation, et cela en très peu de temps.

 Sa prévalence est de 3 à 12 % dans la population des femmes âgées de 16 à 25 ans, selon les critères diagnostiques de la DSM IV. Dans 10 à 20 % des cas traités, il s’agit d’un sujet de sexe masculin. Le début des symptômes se situe entre 16 et 21 ans. Mais ils sont longtemps dissimulés à l’entourage et la première consultation n’a lieu que quelques années plus tard, en moyenne entre 22 et 24 ans (1). 

Accès boulimique

  1. Description clinique 

 Un moment d’ennui,  un conflit familial, une angoisse, l’éminence d’une décision ou d’un examen, une irritabilité et toute situation générant des tensions sont propices à la survenue d’un accès, le plus souvent en fin de journée, à la place ou à la suite d’un repas, parfois la nuit, surtout si la patiente est seule chez elle. Ce besoin impérieux de manger n’est pas toujours lié à une sensation de faim, même si celle-ci peut en être parfois le déclencheur.  

Il faut alors trouver de la nourriture immédiatement accessible car l’accès surgit impulsivement après une courte lutte que la patiente sait perdue d’avance. Elle s’y est d’ailleurs préparée en achetant, ou en volant au préalable de la nourriture choisie parmi celle dont elle se prive habituellement en raison de sa richesse calorique : chocolat, pâtisserie, charcuterie, fromage, etc. Il peut même s’agir d’aliments froids, voire congelés, mangés tel que, non réchauffés. 

     Elle engloutit très vite, et non sans une certaine volupté une quantité énorme d’aliments, 3500 calories en moyenne et parfois jusqu’à 15000 calories,  ne tenant compte ni de leur goût, ni de leur odeur, ni de leur saveur, sans même les mâcher, à la hâte. Elle ne peut s’arrêter tant qu’il reste des aliments à consommer, tant que la réplétion gastrique reste possible et que personne ne la dérange.  

La fin de l’accès se manifeste par un malaise physique et psychique avec des douleurs abdominales, une sensation d’épuisement et d’étouffement, un état de torpeur, un vécu de dépersonnalisation. La patiente est en même temps assaillie par des sentiments de honte, de culpabilité, de remords et des auto-reproches. Mais cette souffrance intense est passagère et très vite les accès boulimiques  reprennent. 

Ils surviennent habituellement 1 à 2 fois par semaine, parfois plus, jusqu’à une quinzaine par jour. Ces accès surviennent par périodes de plusieurs mois ou semaines avec des intervalles libres de durée variable.  

  1. Signes associés et stratégies de maintien du poids  

     La peur intense de grossir conduit ces patientes à avoir recours à de nombreuses  manœuvres pour maintenir un poids acceptable. Leur efficacité explique et facilite sans doute la pérennisation de ces conduites boulimiques.  Ainsi, les vomissements provoqués immédiatement après l’accès, surviennent à la longue spontanément. Bien souvent ils entraînent une reprise de l’accès boulimique si  de la nourriture est encore disponible.  

   Ces patientes s’imposent, entre les accès, des règles diététiques sévères, parfois un véritable jeûne, en s’interdisant précisément les aliments absorbés lors des accès. Ces périodes de restriction alimentaire, de durée variable, contribuent à des fluctuations pondérales souvent importantes.  

  Ces femmes ont recours aussi à des médicaments anorexigènes (lorsque la prescription médicale était libre), des laxatifs ou des diurétiques. Elles s’exposent ainsi à des risques de déséquilibre métabolique dont elles nient la réalité  et la gravité. 

Elles ont une hyperactivité physique : les intenses efforts physiques, la gymnastique, le jogging, la natation à outrance etc., surtout lors des périodes de restriction alimentaire, ont pour but avoué d’éliminer des calories supplémentaires. 

L’image de leur corps les préoccupe énormément et c’est pourquoi elles passent beaucoup de temps à se peser,  et à remonter sur la balance, à vérifier à nouveau. Mais on ne retrouve pas là, la distorsion massive de la perception de l’image du corps telle qu’elle apparaît dans l’anorexie mentale.  

Et malgré tout cela, le poids est le plus souvent normal, critère exigé dans la définition de la boulimie ou quelque fois un peu au dessous des normes. 

  Complications somatiques 

     Rares, elles concernent surtout les patientes qui vomissent et peuvent être une circonstance de découverte de la boulimie que l’on s’efforce de dissimuler.  Ainsi, on peut observer au niveau du tractus digestif :

– une hypertrophie bilatérale des glandes salivaires qui concernent les parotides et les sous-maxillaires,

– une stomatite avec ulcération douloureuse du pharynx et de la cavité buccale,

– une érosion de l’émail dentaire avec des caries, des gingivites,

– des lésions œsophagiennes avec reflux gastro-oesophagien  et syndrome de Mallory-Weiss,

– une gastrite avec hématémèse,

– exceptionnellement, une dilatation aiguë de l’estomac caractérisée par des douleurs     abdominales, des nausées, un ballonnement, un météorisme et un arrêt du transit. Mais cette dilatation peut être grave et évoluer vers la rupture gastrique si le gavage est important et réalisé en un temps très bref.  

On observe aussi des troubles métaboliques et hydroélectrolytiques : hypokaliémie, déshydratation extracellulaire, alcalose métabolique sont les complications prévisibles et habituelles des prises de laxatifs, de diurétiques ou des vomissements. 

 Les troubles du cycles menstruel à type de dysménorrhée, d’aménorrhée ou de méno-métrorragies, témoin d’une dysrégulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien, sous l’influence des troubles psychiques, sont retrouvés dans 30% des cas. 

 Formes cliniques de la boulimie

  1.   Selon le type (DSM IV)  

            A côté de la boulimie avec vomissements provoqués ou prises de purgatifs par l’emploi abusif  de laxatifs, de diurétiques ou de lavements, il existe aussi une boulimie sans vomissements ni prise de purgatifs qui se caractérise par d’autres comportements compensatoires inappropriés tels que le jeûne ou les exercices physiques excessifs et ceci pendant la crise boulimique. 

  1. Formes associées

Très hétérogènes, elles montrent que les comportements boulimiques sont ancrés dans des pathologies psychopathologiques variées,  » état limite  » de type névrotique ou schizoïde.

La boulimie  » véritable toxicomanie sans drogue  » est souvent associée à    d’autres conduites d’addiction :

                        – une automédication avec des psychotropes (psychostimulants, tranquillisants ou hypnotiques), risquant d’induire une pharmacodépendance ;

– l’alcoolisme, soit sous forme chronique, soit sous celle d’ivresse aiguë ;

             – des pratiques délinquantes tels que les vols d’argent, de nourriture qui, comme l’accès boulimique, ont bien les mêmes caractères d’impulsivité et de compulsion. 

             Des troubles psychopathologiques peuvent être associés :

     – l’anxiété peut être diffuse et permanente ou apparaître sous forme de crises aiguë  d’angoisse, comme l’agoraphobie. Mais ces manifestations hétérogènes tendent à se focaliser peu à peu sur le poids et l’alimentation ;

     – un fond dépressif est souvent observé, bien au-delà de l’accès boulimique. Ce syndrome dépressif doit être distingué des moments dépressifs brefs qui font suite à l’accès boulimique et avivent des sentiments de honte et de culpabilité. 

             La stratégie de restriction alimentaire protège la plupart des patientes boulimiques. Parfois, cela ne suffit plus et cela conduit alors à une obésité durable. Mais la boulimie peut apparaître aussi chez des sujets obèses, lorsque ceux-ci s’engagent dans un régime de restriction alimentaire.  

 Évolution

                  On ne connaît pas bien l’évolution de la boulimie en raison de l’individualisation récente de ce syndrome par Russel en 1979. On sait que c’est plutôt imprévisible. Toutefois on peut observer que le syndrome boulimique peut disparaître spontanément à l’occasion d’un événement ou d’un changement existentiel important. Mais cette éventualité est de moins en moins probable au fur et à mesure que le syndrome devient chronique et entre dans une composante centrale du fonctionnement psychique. À la longue, il contribue à un  appauvrissement des échanges sociaux et des investissements.  

  Si l’épisode boulimique survient dans le cours évolutif d’une anorexie mentale comme c’est souvent le cas, il n’est pas pour autant un facteur de gravité du pronostic. Le syndrome boulimique marque plutôt un tournant évolutif et peut être considéré comme le signe d’un remaniement des défenses face aux pulsions. Il a  même à ce titre une valeur positive si, au cours du traitement, il permet à la patiente de prendre conscience de sa vie pulsionnelle jusque-là niée et réprimée, et par la voie de la  » libre association  » d’accéder à ses conflits inconscients. La survenue de l’épisode boulimique n’impose pas de modification du cadre thérapeutique préalablement mis en place. 

 L’évolution de la boulimie semble néanmoins sévère comme l’indique la fréquence des tentatives de suicide qui serait plus importante que dans l’anorexie mentale. 

 Facteurs étiopathogéniques

Les études épidémiologiques ont montré, comme pour l’anorexie mentale, que les  facteurs socioculturels jouaient un rôle certain. En effet, notre société valorise actuellement la maîtrise du corps et la compétition de tous les instants. 

 Aucune recherche n’a encore fait la preuve de l’existence d’un dysfonctionnement neurophysiologique. Plusieurs systèmes de neuromédiateurs sont impliqués dans les troubles des conduites alimentaires : la voie sérotoninergique, et la voie dopaminergique. L’hypothèse hyposérotoninergique est avancée dans la boulimie. Par contre la voie sérotoninergique, voie dite du plaisir concernerait davantage les troubles des conduites alimentaires, surtout l’anorexie. 

     Les facteurs psychopathologiques semblent déterminants comme pour les conduites addictives, qu’ils soient individuels ou familiaux. Ainsi deux grandes conceptions psychodynamiques se complètent dans les facteurs individuels. La première est centrée sur le conflit pulsionnel au sein du sujet avec l’évitement de la sexualité génitale qui s’accompagne d’un déplacement des représentations génitales sur la sphère orale, les conduites alimentaires se trouvant érotisées. La deuxième hypothèse est centrée sur les failles narcissiques de la personnalité et la fragilité identitaire. La compréhension doit s’axer sur les conduites adoptées en réponse à un traumatisme pubertaire. 

Les facteurs psychopathologiques familiaux qui agissent en interaction avec les facteurs individuels dans la genèse des troubles ont pour origine une organisation de la personnalité du futur boulimique pendant la petite enfance, qui est fonction de celles des parents. Ainsi, les mères sont dominantes dans le couple alors que les pères sont décrits comme effacés. Le fonctionnement familial est marqué par un repli face au monde extérieur et l’évitement des conflits internes. L’impulsivité caractérise les familles des boulimiques.           

Critères diagnostiques de la boulimie (DSM IV 1994)

Les principaux critères diagnostiques de boulimie sont :

-Survenue récurrente de crises de boulimie, c’est à dire :

– absorption en une période de temps limité (par exemple moins de 2 heures) d’une quantité de nourriture largement supérieure à celle que la plupart des personnes absorberait en une période de temps similaire et dans les mêmes circonstances. Ceci doit s’accompagner d’un sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire  pendant la crise (par exemple sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la quantité que l’on mange). 

  – Il existe des comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir la prise de poids, tels que vomissements provoqués, emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements ou autres médicaments,  jeûne, exercices physiques excessifs (jogging, gymnastique). 

– les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés surviennent, en moyenne, au moins 2 fois par semaine pendant 3 mois.  

– L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.  

– le trouble ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie mentale.  

 Approche thérapeutique de la boulimie

   Elle est difficile en raison de l’ambivalence de ces patientes. Diverses méthodes non exclusives les unes des autres peuvent être envisagées, tenant compte surtout du niveau de la demande d’aide de la patiente. 

  1. Méthodes thérapeutiques centrées sur le symptôme :

              – les thérapies cognitivo-comportementales reposent sur une analyse des représentations conscientes qui déclenchent l’impulsion boulimique et qui convainquent la patiente de son incapacité d’en changer le cours. Le praticien travaillera sur les informations nutritionnelles, les stratégies de contrôle de poids avec auto-observation à l’aide d’un carnet alimentaire, et les techniques de déconditionnement et d’exposition aux aliments ;

   – les thérapies de groupe réunissent des patients boulimiques afin de rompre leur   isolement et de favoriser leur engagement dans leur traitement. Pourront y être associées les thérapies corporelles utilisant la relaxation, les massages ou bains ; 

   – les traitements antidépresseurs sont utiles dans les phases dépressives. Mais ils doivent être prescrits avec prudence pour éviter les risques d’absorption massive lors des accès boulimiques. Les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont les plus intéressants mais sans efficacité directe sur les troubles des conduites alimentaires. De plus, l’échappement au traitement s’observe après quelques mois. Récemment, une équipe de l’université du Minnesota a montré une amélioration significative de 29 boulimiques chroniques sévères par l’administration d’ondansetron, une molécule antagoniste active périphérique des récepteurs 5-HT3 à la sérotonine, molécule utilisée sur les vomissements induits par la pratique de radio ou chimiothérapie (2). 

   – l’hospitalisation est rarement indiquée sinon lors d’une dépression sévère, lors d’un problème métabolique ou d’une complication somatique mais aussi pour préparer l’engagement du patient dans un traitement ambulatoire.  

Hellado de Roman (2018) -La Carihuela – Espagne
Hellado de Roman (2018) -La Carihuela – Espagne
  1. Méthodes thérapeutiques centrées sur la personnalité :

Ce sont essentiellement les psychothérapies d’inspiration psychanalytique. Mais elles n’ont de sens que si la patiente est devenue consciente qu’un arrière-plan psychique gouverne ses comportements, qu’elle en souffre et qu’elle soit déterminée à les élaborer. La psychothérapie sera de soutien.

  1. Méthodes thérapeutiques centrées sur l’entourage familial:

La dépendance de ces patientes à leur entourage justifie bien souvent une   approche familiale complémentaire. Donc on essaiera de soutenir le processus de séparation-individualisation. 

 Indications : chaque traitement suit une progression particulière. Plus que le traitement lui-même, c’est son adhésion qui importe et la détermination de la patiente à changer, c’est-à-dire à se séparer d’un symptôme très investi.

 la boulimie selon la nosologie traditionnelle chinoise 

 «L’empereur Hoang Ti :

 » Pourquoi parfois a-t-on faim, tout en n’ayant pas beaucoup d’appétit ? « 

Khi Pa :

« C’est parce que, dans ce cas, l’énergie est concentrée dans la rate, il ne reste dans l’estomac que l’énergie chaude (yang) ; celle-ci digère très vite la nourriture, c’est pourquoi on a une sensation de faim, mais le manque d’énergie donne cette perte d’appétit. » (Ling Shu : Chapitre LXXX : concentration de l’Énergie de Méridiens dans les yeux) (3) 

Selon les textes anciens de Médecine traditionnelle chinoise, la boulimie, du moins ce que les textes appellent excès d’appétit et de nourriture, trouve son origine dans une perturbation du couple Rate-Pancréas, Estomac. 

  Vide du Yin de Rate-Pancréas

Le Su Wen précise que les excès alimentaires sont le symptôme de vide de Yin de Rate-Pancréas (Zu Tai Yin).

« Le Tai Yin et le Yang Ming qui sont en relation Dehors – doublure (Biao-Li) sont les vaisseaux de la Rate et de l’Estomac … Le Yin émane de la Terre… Le Yin pâtit de l’intempérance alimentaire…» (Su Wen : Chapitre 29 : Du Tai Yin et de Yang Ming) (4) 

Albert Husson dans son introduction à l’étude du Nei Jing Su Wencomplète par:

«Les excès alimentaires ou sexuels, les fatigues sont à l’origine d’insuffisance de Qi « correct » (Zheng) en certaines parties du corps qui subissent une sorte de dépression, de flaccidité, de « vide » (Xu) constituant un appel pour les « perversions » (Xie) venant de l’extérieur» (4) 

Il s’appuie  sur le chapitre 53 du Su Wen : «… une suralimentation avec un manque de Qi est un « retrait de sang » (Tuo Xué), de l’humidité s’est installée dans le bas du corps…» 

Donc quand la rate est malade, il y a une tendance aux fringales, à la boulimie.

«Rate malade : corps pesant, tendance aux fringales avec flétrissement des chairs… » (Su Wen : Chapitre 22 : Des horaires suivis par les souffles viscéraux.) 

 Plénitude de Yang d’Estomac ou chaleur d’Estomac

En surcroît de la rate-pancréas, l’estomac sera perturbé aussi.

Dans le chapitre X du Ling Shou « du trajet des méridiens » : « Le méridien de Tsou Yang Ming (Estomac) : … quand il y a plénitude, la partie antérieure du corps donne la sensation de chaleur. Le malade a toujours faim ; la couleur des urines est jaune foncée..» 

Donc en cas de plénitude d’Estomac ou de Chaleur d’Estomac, il existe une hyperphagie.

Bossy et collaborateurs décrivent dans la sémiologie en acupuncture pour les symptômes de plénitude des entrailles de l’Estomac : « faim » et dans les symptômes de chaleur : « le malade a faim mais vomit dès qu’il mange. » (5) 

 Plénitude de Yang de Rate-Pancréas 

Par contre, Bossy va décrire pour les symptômes de l’organe Rate en plénitude : « le malade a souvent faim », ce qui est contradictoire avec ce que relate le Su Wen qui conclut que la boulimie est liée à un vide et non pas à une plénitude de Yin ou de Qi de Rate-Pancréas. 

Dans ce cas, il faut considérer qu’il y a plénitude de Yang de Rate et que cela traduit en fait un vide de Yin de Rate. Cette distinction entre plénitude de Yang et vide de Yin est expliquée par Qi Bo dans le chapitre 43 du Su Wen : « Des Bi« .

«Il y a froid si le Yang manque et le Yin abonde… Il y a chaleur  si le Yang abonde et le Yin manque, le froid de la maladie  est vaincu dans la rencontre entre le Yin et le Yang.» 

En effet chaque organe revêt un aspect fonctionnel Yin (racine Yindont la fonction est de concentrer, élaborer) et Yang (racine Yang qui distribue et fait circuler l’énergie, le sang). 

Donc la boulimie aura pour origine une cause interne : un vide de Yin de Rate-Pancréas ou son corollaire une plénitude de Yang de Rate-Pancréas, une plénitude ou une chaleur d’Estomac qui ont eux-mêmes pour étiologie les excès alimentaires. Et, il y a auto-entretien de la maladie. 

Mais en fait, la boulimie n’a pas pour seule origine l’atteinte de la loge Terre. Il faut considérer la boulimie comme une maladie psychiatrique, véritable toxicomanie sans drogue, comme nous l’avons vu plus haut. Et à ce titre, en médecine traditionnelle chinoise, il faut fait faire intervenir les entités viscérales, et en particulier dans la boulimie, l’âme viscérale du Cœur. 

 Les entités viscérales : les Shen 

Dans les causes des maladies, la Médecine Traditionnelle Chinoise distingue deux causes principales : les causes externes et les causes internes. 

Par cause externe, on entend les énergies perverses (Xie), vent, froid, humidité, sécheresse, chaleur qui agressent l’organisme, mais aussi tous les traumatismes physiques. 

A noter que le Su Wen spécifie que si l’homme subit les attaques du Xie, c’est parce que son énergie essentielle est déjà affaiblie.

 « Les trésors des cinq viscères : le cœur abrite le Shen (esprit défini comme la perfection du Qi essentiel), le poumon abrite le Po (âme végétative, suppléant du Qi essentiel), le foie abrite le Hun (âme spirituelle, conseiller du Shen)… » (Su wen)

De ce fait les causes internes opèrent sur l’homme. Il s’agit des perturbations psychiques, c’est à dire les Shen ou Zang ou entités viscérales, âmes végétatives ou même âmes viscérales selon les auteurs : colère (Hun), joie ( Shen), soucis (Yi), tristesse (Po), peur (Zhi), et les causes alimentaires que nous venons de voir.

Sachons cependant que les maladies d’origine alimentaire peuvent elles-mêmes être classées dans les maladies de cause interne si elles sont le résultat d’un déséquilibre chronique, lié aux désirs et aversions alimentaires, et les maladies de cause externe si elles proviennent d’une intoxication aiguë. (5) 

 Le Yi 

Donc autre étiologie importante de la boulimie : les Shen.

Tout d’abord le YiShen de la Rate-Pancréas, peut être perturbé : « La rate est blessée par les soucis que réprime la colère» (Su Wen chapitre 5 : Des phénomènes correspondant au Yin-Yang)

«Avant de commencer à puncturer, il faut bien connaître le rôle du mental. La vie est engendrée par la réunion de l’énergie de la terre avec celle du ciel. Cette essence est composée de deux éléments, dont l’un provient du cosmos (l’air), tandis que l’autre provient des aliments (c’est à dire de la terre)… L’angoisse agit sur la rate… (Ling Shou : chapitre VIII : rôle du mental). 

Ainsi le stress, les soucis, le surmenage vont décompenser le mouvement de la Terre (Rate-Pancréas – Estomac) entraînant un vide de Yin de Rate-Pancréas et un feu d’Estomac ou une plénitude de Yang de Rate-pancréas. Cet excès de Yang va tarir le Yin de Rate-Pancréas. Le sujet ne trouve pas le repos ; il est préoccupé, soucieux, témoignage d’un trouble du Yi  et d’un épuisement du Sang (Xue). L’insuffisance du Yi se caractérise par un psychisme inconsistant avec une incapacité à la concentration et à l’attention. Il y a un manque de discipline intérieure, de conscience morale. Or comme nous l’avons vu plus haut, la boulimique a un sentiment de perte de contrôle sur son comportement alimentaire, ce qui signifie qu’au bout d’un moment lors de la crise par exemple, le Yi se trouve en insuffisance.

Par contre au tout début et même avant une crise, le Yi peut se trouver en plénitude avec des rêves empreints de lourdeur physique et de blocage des mouvements, avec son cortège d’obsessions, d’idées fixes, de pessimisme et de scrupules : remplir son réfrigérateur de pâtisseries…tout en sachant qu’on ne doit pas le faire. Et là, la discipline intérieure manque : insuffisance du Yi à nouveau. En fait, il y a bien une intrication de deux perturbations en vide et plénitude. 

«Quand le mouvement de la Terre s’embrase, engendrant un vide de Yin de Rate-Pancréas et un feu d’Estomac, cette bonne harmonie avec l’environnement laisse la place à un courant de boulimie frénétique. C’est l’aspect clinique le plus habituel des obèses et des pré-diabétiques. Le sujet éprouve de la faim, plus ou moins « sublimée en gourmandise »» (6). 

Nous l’avons bien compris, cette variété de boulimie entre davantage dans le cadre des excès alimentaires que l’on retrouve chez les sujets obèses. Mais notons que la boulimie que nous étudions peut aussi aboutir à la longue à ce cadre nosologique. 

 Le Po

Une autre âme viscérale qui intervient souvent dans la boulimie est le Po du Poumon. L’atteinte de ce Shen peut produire un vide de Yin du poumon avec blocage de l’énergie dans le bas du corps. Le Yang déferlera ensuite brutalement vers le haut et la tête : c’est un Jué du mouvement Métal entraînant une plénitude de Yang Ming. 

Le Su Wen chapitre 45 : des Jué (occlusions des Qi) spécifie : «… chez le sujet qui a des relations sexuelles en état d’ivresse ou après une trop bonne chère, le Qi d’alcool affronte celui des aliments et crée une surabondance de chaleur intérieure par tout le corps. »» 

«Huang Di : Comment se produisent les folies furieuses ?

Qi Bo : Elles viennent du Yang. La colère est provoquée par une brutale répression du Yang empêché dans son déversement, c’est un « blocage de Yang » (Yang Jué).

Huang Di : A quoi le reconnaît-on ?

Qi Bo : Le Yang Ming est normalement animé de pulsations… En effet, les aliments entrent dans le Yin et font croître le Yang. La suppression de la nourriture fait tout cesser aussitôt…» (Su Wen  chapitre 46 : « pathogénies »)

Un excès de nourriture provoque donc un vide de Yin de poumon avec augmentation du Yang au niveau de la racine Yang du Poumon par Jué, puis répercussion sur le Yang Ming

Ainsi le chapitre XXX « Yang Ming » du Su Wen de Chamfrault décrit : « Quand Yang Ming est atteint, le malade craint la chaleur ; il ne reconnaît plus son entourage ; il est parfois dyspnéique ; il veut se déshabiller, courir, monter partout, chanter comme un fou ; il injurie ses parents : tous ces symptômes sont l’indice d’excès de Yang ». 

Mais la répercussion ne se fera pas sur le Shou Yang Ming mais plutôt sur le méridien associé, le Zu Yang Ming, méridien d’estomac qui sera alors en plénitude. Le chapitre X du Ling Shou : « Trajet des méridiens » en fait la démonstration : « le méridien de Tsou Yang Ming(estomac) : … Si les troubles sont graves, les symptômes d’excitation apparaissent, le malade se met à courir comme un fou, il veut grimper haut pour chanter, veut se déshabiller… quand il y a plénitude… le malade a toujours faim…» 

Au risque de se répéter, il faut bien constater que cette citation met en exergue le Zu Yang Ming et que le chapitre XXX du Su Wen parle bien de l’Estomac. 

De ce fait, on a une crise de boulimie, que Réquena (7) considère comme faisant partie intégrante d’une crise maniaque provoquée par un Jué de Yang Ming mais que Du Bois considère plutôt comme un vide de Yin de Poumon (Shou Yang Ming) avec aussi un Jué du Métal entraînant une « frénétique compulsion d’incorporation ». « C’est la crise de boulimie par vide intérieur. Elle a la plupart du temps un effet immédiat avec sentiment de satiété, de trop plein et de culpabilité pouvant engendrer à son tour des vomissements provoqués.» (6). 

Mais Du Bois s’appuyant sur le Ling Shou chapitre XXII considère qu’un vide d’énergie du Poumon avec plénitude de Yin peut entraîner également une « folie dépressive » avec crise de boulimie. Notons cependant qu’il faut plutôt voir à mon sens cette « folie dépressive » comme le fait non pas uniquement d’un vide d’énergie de poumon mais aussi d’un vide de Yin de Poumon comme le cas précédent avec Jué de Yang vers le haut du corps, donc plénitude de Yang Ming (Gros Intestin – Estomac). 

«Tous les symptômes de la folie proviennent de la perturbation de l’énergie qui s’accumule au bas du corps puis assaille la tête. La moitié supérieure du corps représente le Ciel, elle est régie par l’énergie du Chéou Taé Inn (poumons) et de Yang Ming » (Ling Shou : chapitre XXII : « la folie ») 

La citation ci dessus issue aussi du même chapitre XXII confirme ainsi que la folie vient bien d’un Jué de Yang.

Et en fait, comme l’écrit Du Bois, le Po pourra être perturbé aussi bien par un vide de Yin de Poumon entraînant un Jué de Yang qu’une plénitude de Yin ou qu’une plénitude du Grand Méridien Yang Ming

Et cette perturbation du Po va surtout être de type vide caractérisée par la sous-vitalité avec repliement de la personnalité. Plus loin, tout le mouvement vital sera bloqué, la tristesse apparaît , puis l’angoisse, et la dépression l’emporte. L’accès boulimique engendre en fin de crise une sensation d’épuisement et à la longue la dépression s’installe.  

 Le Shen 

Mais l’âme viscérale primordiale à être impliquée dans la boulimie est le Shen, âme viscérale du Coeur. Le Shen sera d’autant plus important qu’il contrôle la production de l’activité mentale de l’individu. Il est le siège de l’affectivité et permet d’appréhender les émotions, les sensations, les impressions venues du monde extérieur, et interagit sur les différents viscères. Le Shen a aussi pour support matériel le Sang (Xue) qui est produit à partir de l’essence des aliments et qui dépend donc du couple Rate-Pancréas – Estomac.         

« De toutes ces nombreuses notions, chacune est maîtrisée (régie) par un Zang particulier ; mais toutes cependant naissent du cœur, car tous les Zang n’en sont que les auxiliaires et les agents (Xiang Shi), et le cœur en est le maître suprême, le chef absolu (Zhu Zai).» (Zhang Jiebin) (8)

Le Cœur apparaît ainsi comme un centre, un pivot de la vie. En effet comme le fait remarquer Larre, du cœur (Shen) dépend tous les autres Shen qu’il traduit par Zang : colère (Hun : foie), soucis (Yi : rate), tristesse (Po : poumons), peur (Zhi : rein) (8). 

Ainsi, un excès de Yang à l’estomac va tarir le Yin de Rate-Pancréas. Puis, la rate entraînera une atteinte de la loge Feu avec insuffisance du Yin de Cœur. Cette insuffisance du Yin de Cœur se traduira également par une plénitude du Yang apparent et une déficience du Shen.  

La plénitude de Yang au cœur peut également être produite lorsque le Yin du rein est épuisé ou insuffisant. Le Rein Yang va se trouver en excès : il va ascensionner au réchauffeur supérieur occasionnant indirectement un vide de Cœur et une perturbation de Shen

Même chose en cas de vide de sang, vide de foie ou insuffisance de Yin par insuffisance de l’énergie essentielle Jing Qi de l’organe foie, avec insuffisance corollaire du sang qui descend et s’amasse en bas, suscitant l’échappement consécutif de l’énergie (ou Yang du foie) vers le haut.  

Par ailleurs ce vide de foie génère dans le cycle de production (cycle Sheng) un tarissement du sang au niveau du cœur et du maître du cœur, d’où une libération du Yang et une perturbation de Shen. Le sujet sera insomniaque, avec un sommeil agité, peuplé de cauchemars et d’angoisse (9) . Il présente une boulimie sans faim.  

Une perturbation de Shen de type vide se manifeste par l’absence d’affection et de pulsions avec une lenteur à l’idéation. Le sujet perd la joie de vivre, il ne rit plus et parle peu. Et le patient s’enferme dans l’amertume de sa dépression avec son cortège de symptômes : angoisse, perte d’appétit ou inversement boulimie, insomnie avec rêves symboliques de fumées et d’incendie.  

On pourra voir aussi une déficience du Shen de type plénitude. Cet excès entraîne agitation et surexcitation psychophysique avec paroles et rires incessants. L’excès de joie accélère, échauffe l’énergie, le comportement devient débordant et incohérent d’un point de vue intellectuel comme d’un point de vue affectif et social. Le sujet va avoir une activité physique très intense se donnant sans compter. Son sommeil sera aussi bien sûr perturbé avec des rêves de rire, d’audace. Bref, ne retrouve-t-on pas encore ici une des caractéristiques de la boulimique hyperactive qui essaie d’éliminer de cette façon les calories ingurgitées de manière gloutonne. 

 Le Hun 

L’âme viscérale du Foie (Hun), peut aussi être perturbée et entraîner également une boulimie. L’excès de Hun est caractérisé par l’irritabilité, la susceptibilité, le mécontentement et surtout la colère. Le sommeil est entrecoupé de rêves de batailles, d’insultes, de punitions, de rixes et de procès.

«Quand les hun s’agitent, embrasent le Bois et engendrent une attaque transverse de la Terre, la boulimie prend un caractère de rage, d’agressivité mordante pour mordre » (6)

En effet un trouble du Hun peut engendrer une plénitude de Foie qui va attaquer la Rate-pancréas selon le cycle de domination (Ke) et occasionner à son tour un vide de yin de Rate-Pancréas entraînant la boulimie.

Mais on peut avoir aussi un vide de foie qui va générer comme nous l’avons vu plus haut dans le cycle Sheng, un tarissement du sang au niveau du cœur et de ce fait une perturbation du Shen

«Le foie régit le sang et dans le sang se loge l’âme. Quand il y a vide de l’énergie du foie, on devient peureux, anxieux. Quand il y a plénitude, on devient irascible, le malade est toujours en colère. » Ling Shou : chapitre VIII : Rôle du mental. 

            En effet le foie va stocker le Xue (le sang), qui sera propulsé dans la circulation générale en fonction de la demande.  Pendant le sommeil, le sang sera mis en réserve dans le foie. Dès le réveil, les besoins en sang augmentent : le foie libèrera le Xue.  

En cas d’insuffisance du sang ou d’énergie essentielle Jing Qi du foie, on observera un Jue, c’est à dire un reflux du Yang qui déferle vers le haut du corps, en particulier vers la tête et le Baihui (VG 20). D’où la déficience du Yin avec élévation consécutive du Yang peut correspondre à un vide du Yin du foie ou même une déficience du Yin des reins avec un Jue également.

 Le Zhi 

Pour être complet donc, l’âme viscérale du Rein (Zhi) peut être aussi touchée. Le Zhi est la force d’âme, la volonté, la ténacité, l’esprit de décision, la réalisation des désirs. En cas d’atteinte par vide de rein, la personne manque de volonté, le rein Yang se trouve en excès entraînant par le cycle Ke une atteinte du mouvement Feu avec vide de cœur ou plénitude de Yang de Cœur par Jue puis perturbation du Shen.

L’insuffisance du Zhi se manifeste par une personnalité indécise, instable, prompt au laisser-aller, sans aucune prise sur le réel. A quoi bon résister à cette envie impérieuse de manger ? Car après une courte lutte, la patiente sait qu’elle cédera et que d’ailleurs elle a déjà acheté et préparé tout ce qu’elle va engloutir. Le sujet avec insuffisance de Zhi n’a aucune force de caractère et est le jouet des évènements et de l’entourage. Elle est paralysée par la peur viscérale, la crainte d’être observée et se cache pour manger. Les rêves caractéristiques sont ceux de chutes dans des gouffres sans fin, des rêves d’eau et de noyades. Un bon moyen de reconnaître les caractéristiques de cette forme de boulimie. 

 Les différentes intrications 

En conclusion, la boulimie résulte d’une intrication des différentes atteintes des Shen. Il n’y a pas uniquement une atteinte du Yi ou du Shen. Mais en fonction de l’état du patient, va se retrouver une dominante Hunliée à la colère et au stress, et puis de manière concomitante le Zhi sera perturbé car le malade cessera d’opposer une résistance à son désir, ou bien la dominante sera le Shen du cœur avec son cortège d’anxiété, d’angoisse, de tristesse, le tout associé à la dépression liée à la perturbation du Po.

D’autre part, les déséquilibres d’origine alimentaire qu’ils soient en quantité ou en qualité, entraînent une modification du comportement de l’individu. Ses réactions émotionnelles sont modifiées et peuvent être les premières manifestations du déséquilibre énergétique. L’excès peut ainsi porter sur une seule des saveurs de base que ce soit le sucré ou le salé par exemple.  

Ainsi le boulimique peut être attiré par exemple par la saveur sucrée. En ce cas, l’excès affecte en premier l’organe intéressé par cette saveur, en l’occurrence la Rate-Pancréas, puis par le cycle Ke de domination  ou le cycle Sheng, va blesser les cinq autres organes.  

« Les 5 saveurs sont la matière première du Yin, mais elles peuvent blesser ses 5 demeures. L’abus d’acidités fait déborder le foie et tarit la rate. Trop de sel rétracte les chairs, fatigue les grands os et freine le cœur. L’abus des douceurs étouffe le cœur et déséquilibre le rein en noircissant le teint. L’abus d’amertumes dessèche la rate et épaissit l’émanation de l’estomac…» (Su Wen : chapitre 3 : de la continuité du souffle vital avec le ciel)

Dans notre exemple d’un excès de saveur sucrée, la rate sera donc perturbée, entraînant une plénitude de Yang de Rate-Pancréas puis débordement avec atteinte du poumon. Bref, ceci est valable pour chaque saveur, mais à chaque fois, l’excès de saveur perturbe l’âme végétative Shen. Et par une effet rétroactif du au cycle de génération ou domination, l’excès alimentaire ou la boulimie sera auto-entretenu. 

Le schéma suivant récapitule le cadre nosologique de la boulimie.

 Le traitement acupunctural de la boulimie

 Soigner la boulimie selon la Médecine Traditionnelle Chinoise va consister à agir sur les entités viscérales et de manière concomitante à régulariser le couple Rate-Pancréas, Estomac, siège principal du retentissement du déséquilibre du mouvement Terre et des Shen.

 On commencera donc par agir sur le mouvement Terre en harmonisant Rate-Pancréas et Estomac.

 Le choix des points à utiliser a été dicté par leur action et leur efficacité selon les textes chinois.

 Zusanli : E 36

Évidemment, il est difficile de se passer de ce grand point d’acupuncture, utilisé dans de nombreuses pathologies.

C’est le point He (Ho) du méridien d’estomac, utilisé pour faire descendre le Qi  et rafraîchir la Chaleur. Les points He sont les points d’entrée et de sortie de l’énergie. Ils permettent de relier l’Intérieur à l’Extérieur et sont souvent indiqués dans les affections gastro-intestinales et dans les maladies où le Yin et le Yang circulent en direction inverse (circulation d’Énergie à contre-courant, reflux), les maladies des Fu (entrailles) (10). Sa puncture permet de calmer, contrôler, équilibrer le Qi, d’abaisser la Chaleur de l’estomac qui est aussi une cause directe de boulimie. C’est un grand point du Yang général, dont la tonification fait croître le Yang. Donc traiter le E 36, c’est également agir sur le Yang Ming qui est le principal fournisseur du sang et de l’énergie.

E 36 fait partie des 12 points «étoiles célestes » mentionnés par le Zhen Jiu Da Cheng de Yang Jizhou (1522-1620), et réputés surpasser les autres points d’acupuncture. E 36 est réputé «conserver ventre et abdomen », révélant ainsi l’étendue de l’action d’un seul point. Rappelons qu’il est situé 3 cun en dessous de E 35 (point du foramen externe de la rotule), à un travers de doigt de la crête tibiale antérieure.

Il est aussi conseillé dans certains troubles psychologiques tels le stress, l’anxiété ou la perte de confiance en soi.

Zusanli, point Terre du Zu Yang Ming va aussi indirectement tonifier le Rein qui est ici en déficience. Bref, E 36 va harmoniser Rate et Estomac, le Sang et le Qi. (11)

  Sanyinjiao : RP 6

En association avec le E 36, le Sanyinjiao harmonise l’énergie de la rate et de l’estomac. Le RP 6 est le point Lo (Luo) de groupe des méridiens Yin des membres inférieurs et de ce fait contribue à remonter le Yin du bas de la rate, du rein et du foie. Dans la stagnation par vide de Sang liée ici au vide de Yin de Foie le RP 6 est un des points à action générale qui permettra en association avec le point E 36 de régulariser aussi bien le Yang Ming que le Tai Yin.

Il est situé 3 cun au-dessus de l’extrémité de la malléole interne, juste derrière le bord postérieur  du tibia.

 Fenglong : E 40

       Point Luo (Lo) du méridien de l’Estomac, le E 40 va permettre en se connectant avec la Rate-Pancréas d’harmoniser les énergies au sein de ce couple Yin – Yang de méridiens. En effet les points Luo ont cette particularité de régulariser l’énergie nourricière Rong Qi entre les méridiens couplés, à condition de puncturer aussi le point Yuan du méridien concerné qui absorbera l’excès d’énergie, en l’occurrence, il faudra utiliser aussi le RP3.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Auteroche, Solinas et Mainville préconisent d’utiliser le Fenglong en association avec Shenmen (C 7), qui piqués en dispersion auront la particularité d’abaisser les Mucosités-Chaleur qui troublent le Cœur. Associé toujours en dispersion avec  le MC 6 (Neiguan) et le C 7 (Shenmen), l’E 40 permet de soigner l’insomnie, les céphalées, les vertiges, de clarifier le Cœur, d’apaiser l’esprit, de disperser le Feu et de traiter ainsi les maladies mentales agitées.(12).

Nous voyons ainsi tout l’intérêt de ce point dans les boulimies, situé à 8 cun au-dessous du genou, un travers de doigt en dehors de la crête antérieure du tibia.

 Taibai : RP 3

      Situé sur le bord interne du pied, en arrière et en dessous de la tête du 1er métatarsien, le Taibai est donc le point Shu (Yu) et surtout point Yuan qui permettra donc de dériver l’excès de Yang du Lo de l’Estomac dans la Rate-Pancréas par l’intermédiaire du Luo transversal.

D’ailleurs Soulié de Morant, citant le Dacheng (13) dit que le RP 3 doit être piqué si : «agitation, révolte d’énergie». Bref, intérêt dans la boulimie pour calmer la chaleur et la plénitude de l’Estomac

  Il faudra renforcer d’autre part cette action de régularisation de la loge Terre par la puncture de Dadu RP 2 en tonification.

 Dadu : RP 2

Le Dadu est le point Rong (Iong) de Rate-Pancréas, mais aussi et surtout le point de tonification. Et c’est dans ce contexte qu’il permettra d’agir sur l’insuffisance manifeste du Yin de Rate-pancréas.

 Au point Dadu, Soulié de Morant traduisant toujours le Dacheng décrit les symptômes de vide : « Manque de conscience morale (voit ses désirs et non les conséquences), manque de discipline intérieure, manque de contrôle émotionnel. Ne peut fixer longtemps son attention, ne peut se concentrer longtemps sur un sujet… » (13)

 Est utile aussi à puncturer en cas de vide de l’âme viscérale de la Terre, le Yi selon Maurel (14). Il est situé sur le bord interne du gros orteil, en avant et au-dessous de la 1ère articulation métatarso-phalangienne, entre « chair blanche et chair rouge » dit le précis d’acupuncture chinoise de Pékin (17).

 Baihui : VG 20

 Le Baihui encore appelé «cent réunions» est placé au sommet du crâne, à 7 cun au-dessus de la ligne arrière des cheveux, à mi-distance de la ligne réunissant le sommet des deux oreilles.  Le VG 20 est le point de convergence de tous les méridiens Yang du corps.  Par ailleurs le trajet céphalique terminal du méridien de foie aboutit également au Baihui. Selon Chamfrault et Van Nghi (15), tous les méridiens Yin  ou Yang se terminent au niveau de la tête et du cou, et que d’autre part, le VG 20 est le point de passage obligé de la circulation  des méridiens Yang de droite vers les méridiens Yang de gauche, et vice-versa.

  D’où l’intérêt de le puncturer pour agir sur le reflux du Yang qui déferle vers le haut du corps quand on observe un Jue en raison d’une insuffisance de Xue due à un vide du Yin de Foie ou une déficience du Yin de Rein ou un vide de Yin de Cœur…

   Neijuan : MC 6

Le Neijuan est le point Luo du Shou Jue Yin (Maître du Cœur), mais surtout le point clé du Yin Wei Mai, merveilleux vaisseau qui contrôle qualitativement le Yin et qui intervient préférentiellement sur la sphère neuropsychique (dépression, anxiété, angoisse, instabilité mentale, troubles du sommeil etc..) et sur la sphère digestive (gastralgie, dyspepsie, vomissements…)MC 6 permet également de faire croître le Yin et de stabiliser le ShenNeijuan qui signifie «barrière interne», est ainsi indiqué dans tous les symptômes de blocage thoracique ou de blocage du passage abdomino-thoracique. De plus il intervient dans la régulation globale du Jue Yin (Grand Méridien : Maître du Cœur-Foie), et de ce fait agit sur le vide de Foie et la Plénitude relative du Maître du Cœur, donc sur la perturbation du Shen et du Hun qui peut en résulter. Il est situé à 2 cun au dessus du pli du poignet, entre les tendons du grand et du petit palmaire.

N’oublions pas aussi son intérêt en association avec le Fenglong (E 40), comme nous l’avons vu plus haut, ainsi qu’avec le C 7.

 Shenmen : C 7

       Shenmen est le point Shu (Yu ou Iu) du Cœur. C’est aussi le point de dispersion et le point Yuan (source). A ce titre, il absorbe l’énergie Wei défensive en excès du réchauffeur inférieur mais aussi l’énergie nutritive. Il est une des portes de l’âme viscérale du Shen, situé sur la face cubitale du poignet, en regard du bord postérieur du pisiforme, dans le creux sur le bord radial du tendon du muscle cubital antérieur.

«C’est là que Cinq Organes absorbent la matière nutritive circulant dans les 365 Points. Si l’on puncture ces douze points Yuan à propos, on peut guérir les affections des Cinq Organes et des Six Entrailles.» (16)

En cas de Vide ou de Plénitude de l’âme végétative du Feu, Maurel (14) préconise d’ailleurs de puncturer le Shenmen. Mais il ne faut pas utiliser ce point dans l’intention de disperser la loge Feu qui est certes très grandement perturbée en cas de boulimie, mais plutôt, dans l’intention de la réguler, afin d’harmoniser l’activité mentale consciente et inconsciente du Shen.

Intérêt aussi de l’association avec l’E 40 pour apaiser le Cœur, disperser le Feu et de traiter les maladies mentales agitées. (12)

 Lidui : E 45

C’est le point de dispersion de l’Estomac et le point Jing (Ting). Chamfrault et Van Nghi (15) le préconise pour les symptômes suivants : «manger beaucoup, a toujours faim et reste cependant maigre».

Du Bois parle de l’utiliser en cas d’excès d’énergie à l’estomac, boulimie et cauchemars (6).Donc Lidui est intéressant à puncturer en raison de l’atteinte de l’Estomac quasi constante dans les boulimies.

Il est situé sur le côté externe de l’extrémité du 2ème orteil, 0,1 cm en arrière de l’angle unguéal.

 Zhongfu : P1

      Le point P 1 est le point Mu (Mo), Héraut du Poumon, situé sur le coté externe de la poitrine, dans le 1er espace intercostal, à 6 cun de la ligne médiane.

        Les points Mu sont décrits partiellement dans au moins sept chapitres du Nei Jing. Tous situés sur le ventre ou le thorax, ils ont le sens de « rassemblement », mais également celui de « tenture » (18).                                                                               

                Comme pour les points Beishu ou points d’assentiment Shu, ils sont à utiliser pour combattre les déséquilibres internes (entrailles-organes). Par ailleurs selon Soulié de Morant (13), les points Mu sont recommandés dans toutes les insuffisances d’énergie originelle. Faubert les compare à des robinets que l’on ouvre lorsque l’on veut renforcer un méridien carentiel (19).

             Les points Mu et les points Shu également agissent électivement sur l’Organe correspondant      «Dans toutes les maladies provenant d’une lésion des Sept Sentiments, traiter les Points Mu» (13)

«Tous les troubles que guérissent les Points Mu sont des insuffisances de l’Energie Originelle» (16)

 L’atteinte de ces points donne l’impression d’insuffisance, de blocage par non distribution du Qi. Le point Mu reçoit principalement l’énergie Iong nourricière et est l’endroit où s’exprime la polarité Yin de chaque viscère. On parle souvent du point Mu comme d’un point alarme car c’est le point le plus douloureux quand il existe une perturbation énergétique.

On peut utiliser les points Mu non seulement pour traiter les affections internes mais aussi les affections en surface en relation avec les organes ou les entrailles correspondants. Leur fonction est donc tonifiante. En fait, l’utilisation combinée du point Shu et du point Mu d’un viscère est possible lorsque le tableau clinique est une intrication de syndrome Yin en déficience et de syndrome Yang en excès. (10)

 Dans la boulimie,  puncturer le P 1 permettra donc d’agir sur l’âme viscérale Po mais aussi de tonifier le Poumon qui sera en vide de Yin et d’énergie. Il s’agira aussi de combiner ce point avec le point Beishu,  Shu du dos sur le méridien de Vessie. Mais, en fait on privilégiera surtout le point Shen du Po, le V 42, Pohu.

 Pohu : V 42

En effet, à côté des points Beishu situés sur la première ligne de Vessie, existent les points Shu assentiment psychique encore appelés points Shen (20), situés sur la deuxième ligne de Vessie en regard des points Beishu de chaque organe trésor. Ces points sont utilisés dans les maladies psychosomatiques en relation avec le Shen de chaque couple d’organes.

Ainsi Pohu, traduit selon les auteurs par porte du Po ou portillon du Po est situé à côté du point d’assentiment des poumons le V13, à 3 cun en dehors du bord inférieur de l’épineuse de D3 et est le point assentiment psychique des Poumons. Pohu sera donc à puncturer systématiquement en association avec le P 1.

C’est aussi un point des maladies de chaleur à utiliser pour évacuer les chaleurs des 5 organes.

 Shanzhong : VC 17

Le point Shanzhong appartient au Ren Mai (Jenn Mo), Vaisseau Conception. C’est le point dit grande réunion Hui (Roe) de l’Énergie Vitale. C’est le point de la sérénité, il agit sur l’anxiété, les palpitations : c’est le point Maître de l’Énergie. C’est aussi et c’est surtout en sa qualité de point Héraut du Maître du Cœur qu’il sera puncturé.

 Jujue : VC 14

Jujue est le point Héraut du Cœur à puncturer aussi en cas d’atteinte du Shen. Il sera associé au VC 17 et au point V 44, assentiment psychique de la loge Feu. Il est situé à 6 cun au dessus de l’ombilic.

  Shentang : V 44

Le Shentang traduit par salle ou temple du Shen est le point Shen de la loge Feu, c’est à dire des méridiens Cœur et Maître du Cœur. Il va donc régulariser le Shen. Il est situé 3 cun en dehors du bord inférieur de l’épineuse de D5, au même niveau que le point d’assentiment du Cœur.

En cas de maladie de Chaleur, le V 44 permet de la disperser. Donc il sera à utiliser pour la Chaleur d’Estomac.

 Zhangmen : F 13

Situé au bord libre de la 11ème côte, c’est le point Héraut (Mu) de Rate-Pancréas qui permettra de tonifier le vide de Yin de Rate-Pancréas et d’agir sur l’Estomac en association avec le V 49. C’est aussi un point Hui (Roe) des 5 organes Zang que l’on puncture en cas d’atteinte des méridiens de Foie, Poumon, Cœur, Rate-pancréas ou Rein, ce qui est le cas dans la boulimie.

«Le lieu de réunion de l’énergie des 5 organes se trouve au Zhangmen (13F)» (21)

 Yishe : V 49

A 3 cun en dehors du bord inférieur de l’épineuse de D11, point assentiment psychique de l’âme viscérale de la Rate-pancréas, le Yishe dont la traduction est maison du Yi sera poncturé aussi dans la boulimie. On l’utilisera aussi car il est un point à traiter en cas de maladie de Chaleur, au même titre que le Pohu (V 42), le Shentang (V 44), le Hunmen (V 47) et le Zhishi V 52, mais le Yishe permettra davantage de dissiper la chaleur de l’Estomac.

«Quand il y a chaleur, Yang, à l’estomac, le malade a toujours faim, la peau au dessus de l’ombilic est toujours chaude…» (Ling Shou : chapitre XXIX : l’enseignement des vieux maîtres)

 Qimen : F 14

Le F 14 est le point Héraut (Mu) de Foie et permettra bien sûr de tonifier le vide de Yin de Foie et d’agir sur le Hun en association ave le Hunmen (V 47). Il est situé sur la ligne mamelonnaire, droit sous le mamelon, dans le 6ème espace intercostal.

N’oublions pas  que le Hun est le conseiller du Shen, âme viscérale du Cœur  et qu’ainsi agir sur le Foie permet aussi d’agir sur lui

Hunmen : V 47

C’est le point Shen, assentiment psychique de l’âme viscérale de Foie, le Hun. Sa traduction littérale est porte du Hun, et il est situé à 3 cun en dehors du bord inférieur de l’épineuse de D9 en regard du point Beishu du Foie le V18 situé lui à 1,5 cun de D9. Donc puncturer ce point, c’est agir, comme son nom l’indique sur le Hun

C’est aussi un point d’action contre la chaleur, comme le V 42, le V 44, le V 49, et le V 52.

 Jingmen : VB 25

      Situé sur la face externe de l’abdomen, au bord inférieur de l’extrémité libre de la 12ème côte, le Jingmen est le point Héraut de Rein qu’il faut puncturer en raison du vide de Yin de Rein, ou mieux le moxer. On le couplera au V 52 pour agir sur le Zhi.

 Zhishi : V 52

      La chambre ou la salle du Zhi est enfin le dernier point Shen, assentiment psychique du Rein, à puncturer à 3 cun du bord inférieur de l’épineuse de L2.

       Enfin il fait aussi partie des 59 points (Wu Shi Jiu Ci) (Su Wen : Chapitre 32 : de l’acupuncture des chaleurs) que l’on utilise dans les maladies chaudes, comme nous l’avons vu plus haut pour le V 42, V 44, V7 et V 49.

«Il y a 5 fosses qui sont sur les côtés des assentiments viscéraux : Po HuShen tangHun MenYi ShéZhi Shi de vessie, soit 10 points pour évacuer les chaleurs des 5 viscères magasins» (Su Wen : Chapitre 61 : les points des eaux et des chaleurs »)

Bref les 5 points Shen, assentiment psychique sont aussi tous des points de la chaleur.

Conclusion

Au terme de ce travail, on se doit de constater que la boulimie, somatisation du mal-être de l’individu peut se traiter par l’acupuncture d’une manière tout à fait correcte. En fonction d’un interrogatoire bien mené, les points indiqués seront puncturés, tous, ou en partie. En règle générale, tous les points agissant sur la dysharmonie Rate-Pancréas, Estomac et l’atteinte du Shen devront être utilisés. De cette façon, ce besoin impulsif et violent de manger, témoin de l’atteinte des entités viscérales avec pour corollaire la perturbation de la loge Terre pourra être combattu avec efficacité.

Références

  1. Dupuis G., Venisse J.-L. : Anorexie mentale et boulimie de l’adolescence : Diagnostic, principes du traitement. Rev. prat. Paris, 1999 , vol. 49 , no 14 , pp. 1591 – 1597
  2. 2Catala I : Boulimie : l’ondansetron peut entraîner une amélioration symptomatique (résumé articles Faris et Kiss : Lancet vol: 355, 69-770, 792-797), Le quot du Méd., 03/2000, 6659, 17
  3. Chamfrault A. : Traité de médecine chinoise, tome 2. Ed. Coquemard, Angoulème,1973
  4. 4Husson A. : Huang Di Nei Jing Su Wen. Ed . A.S.M.A.F., Paris, 1973
  5. Bossy J., Lafont J.-L., Maurel J.-Cl. : Sémiologie en acupuncture. Doin, Paris, 1982
  6. Du bois R.: Aspects psychosomatiques de l’obésité en acupuncture, Méridiens, 1996,107, 41-54
  7. Réquena Y. : Terrain et pathologie en acupuncture. Maloine, Paris, tome 1, 1980
  8. Larre C., Rochat de la Vallée E. : Cascade : traduction Lingshu chap.8. Méridiens. 1990, 87, 17-37
  9. Stéphan JM : Les troubles du sommeil du nourrisson : traitement par stimulation électro-acupuncturale, 1990, 87, 149-167
  10. Lafont JL : Pratique acupuncturale. Grands principes thérapeutiques. Encycl. Méd. Nat. Paris, France, Acupuncture et Médecine traditionnelle chinoise, IA-8a, 12-1989
  11. Stéphan JM : Le syndrome de la queue de cheval : place de l’acupuncture dans une paraplégie flasque périphérique incomplète. Méridiens. 1998, 110, 159-183
  12. Auteroche B. Solinas H., Mainville L. : E 40-Fenglong : plantureuse protubérance. Méridiens 1996, 107, 143-147
  13. Soulié de Morant G : l’acupuncture chinoise. Maloine, Paris, 1972
  14. Maurel Jc : Pathologie psychique et acupuncture, essai de classification, approche thérapeutique, résultats cliniques à propos de 480 cas. Méridiens. 1981, 53-54, 179-194)
  15. Chamfrault A., Van Nghi N. : Traité de médecine chinoise : l’énergétique humaine en médecine chinoise. Tome 6, éd. Chamfrault, Angoulême, 1981
  16. Darras JC : Zhejiu Decheng. Darras. Ed Paris, 1981
  17. ACADEMIE DE MEDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE (PEKIN) : Précis d’acupuncture chinoise. Dangles, Saint Jean de Braye, 1977
  18. Franzini S. : Points Mu, points tenture. Rev fr. d’acup., 1986, 48, 63-67
  19. Faubert A : Traité didactique d’acupuncture traditionnelle. Trédaniel, Paris, 1977.
  20. Kespi N., Kespi JM : Fondements de la physiologie traditionnelle chinoise. Encycl. Méd. Nat. Acupuncture et Médecine traditionnelle chinoise, Paris, Ia-4b, 12-1989
  21. Nan Jing, diff 45, trad Grison P., masson 1979
Rotterdam : Markthal (marché couvert) architecte Winy Maas (2014) – Pays Bas
Rotterdam : Markthal (marché couvert) architecte Winy Maas (2014) – Pays Bas

Stéphan JM. Comment traiter la boulimie par acupuncture. Méridiens. 2000;114:119-146 (version PDF)

EA, addiction à l’héroïne et endorphines

Chanvre indien (Cannabis sativa) : Népal : sentier entre Telkot et Changu Narayan à 1650m d’altitude
Chanvre indien (Cannabis sativa) : Népal : sentier entre Telkot et Changu Narayan à 1650m d’altitude

Le protocole de sevrage des addictions à l’héroïne du professeur Nguyen Tai Thu décrit dans le numéro précédent par Pierre Moal, s’appuie sur l’intérêt de l’utilisation des dosages des bêta-endorphines comme moyen de suivi ou de guérison de la toxico-dépendance [1]. Quelle en est la problématique ?

La déplétion des endorphines suite à la prise d’héroïne

Notre organisme utilise naturellement des substances similaires aux opiacés comme neurotransmetteurs. Il s’agit des bêta-endorphines, des enképhalines, des endomorphines et de la dynorphine, que l’on désigne souvent sous l’appellation d’opioïdes endogènes. Les effets très puissants des opiacés comme l’héroïne ou la morphine s’expliquent par le fait que ces substances exogènes vont se fixer sur les mêmes récepteurs que nos opioïdes endogènes. Les opiacés freinent entre autres, les cellules de l’hypophyse qui sécrètent de la bêta-endorphine. De ce fait, le sevrage des opiacés, par exemple de l’héroïne (naturellement présente dans l’opium, suc du pavot somnifère, papaver somniferum, voir figure 1) produit au bout de deux jours une augmentation statistiquement significative des endorphines [2].

  
Figure 1. Fleur de pavot rose (papaver orientalis rose)

Un usage quotidien d’héroïne engendre donc une diminution importante de la production des bêta-endorphines par activation des récepteurs opioïdes μ (mu) et κ (kappa). Une étude a montré que le sevrage, la prise de naloxone ou la désintoxication par méthadone (agoniste des récepteurs opioïdes μ, mu) la fait remonter [3]. Wen et coll. en 1979 objectivèrent que l’électroacupuncture associée à la naloxone chez les héroïnomanes entraînait une élévation dans le sang de 130% de l’ACTH, de 83% du cortisol et de 24% de l’AMP cyclique par rapport au début du traitement, mais cette augmentation des dosages n’était pas corrélée avec une amélioration des symptômes de sevrage. Ils en concluaient que la stimulation des endorphines par l’électroacupuncture était inhibée par la naloxone [4], ce que l’on savait déjà grâce aux études de Pomeranz et coll. en 1976 [5], Sjolund et coll. [6] en 1977 ou Mayer et coll. pour en citer quelques unes [7]. La naltrexone est comme la naloxone un antagoniste des opiacés. Elle agit par compétition avec la morphine et les opiacés sur les récepteurs μ (mu), κ (kappa) et δ (delta) localisés principalement dans le système nerveux central et périphérique. Une étude a étudié le taux des bêta-endorphines chez 21 anciens héroïnomanes prenant de façon chronique de la naltrexone. Ils en concluaient que des taux de bêta-endorphines pouvaient s’accroître durant les traitements chroniques d’antagonistes aux opiacés comme la naltrexone [8]. On peut comprendre cela par le fait que les antagonistes aux opiacés s’opposent ici aux opiacés exogènes, comme l’héroïne, mais va aussi s’opposer à l’électroacupuncture qui libère des opioïdes endogènes, d’où l’inefficacité de l’action de l’électroacupuncture sur les syndromes de sevrage en cas de prise concomitante d’antagoniste des opiacés comme la naloxone ou la naltrexone.

 Fréquences d’électroacupuncture : modèle expérimental animal

Un autre point important à souligner dans le reportage de Moal sur la technique de Tai Thu, concerne les fréquences d’électroacupuncture. En effet, l’efficacité de l’électroacupuncture à supprimer les effets de l’abstinence morphinique a été étudiée chez des rats dépendants à la morphine. Han et coll. ont démontré qu’en fonction de la fréquence basse (2 Hz) ou élevée (100 Hz) de l’électroacupuncture, l’effet diffère sur la libération des neuropeptides opioïdes endogènes [9]. L’électroacupuncture à fréquence basse (2 Hz) entraîne une libération d’enképhaline, de bêta-endorphine et d’endomorphine qui sont en relation avec les récepteurs opioïdes μ (mu) et ont la même action que la méthadone sur les héroïnomanes. Par contre, la fréquence élevée de 100 Hz libère un autre type d’endorphine : la dynorphine qui se fixe sur les récepteurs κ (kappa), d’où une action complémentaire dans le sevrage [10]. Dans ce contexte, Zhang et coll, utilisant les découvertes de Han ont permis une détoxication de 121 héroïnomanes au bout de 14 jours suite à une électroacupuncture pluri-quotidienne alternées de 2 et 100 Hz. A noter que 8 indices servaient à déterminer l’efficacité du traitement, tous cliniques (fréquence cardiaque, poids corporel, anxiété, insomnie etc..) et aucun biologique [11].

Les endorphines ne doivent pas être un marqueur du sevrage chez les héroïnomanes 

De ce fait, le dosage des endorphines peut-il servir de marqueur de l’efficacité du traitement électroacupunctural et du sevrage complet ?

En 1979, l’équipe de Clement-Jones montrait ainsi que lors du sevrage des toxicomanes à l’héroïne, une élévation du taux des bêta-endorphines était objectivée à la fois dans le sang et le liquide céphalo-rachidien. Mais l’application de l’électroacupuncture n’élevait pas de manière statistiquement significative les bêta-endorphines par rapport au taux basal alors que les effets cliniques dus au sevrage étaient supprimés. Avant électroacupuncture, les niveaux dans le sang ou dans le liquide céphalo-rachidien de met-enképhaline n’étaient pas élevés, mais après traitement électroacupunctural, on rencontrait néanmoins une élévation des met-enképhalines dans le LCR, mais pas dans le sang [12].

En 1980, une autre étude a entrepris d’évaluer si le niveau des bêta-endorphines dans le sang ou le liquide céphalo-rachidien pouvait augmenter après électroacupuncture chez trente héroïnomanes. Aucune élévation ne fut obtenue au bout de 30 mn de stimulation. En dépit de cela, les symptômes liés au sevrage furent atténués et les auteurs concluaient que l’on ne pouvait pas exclure l’implication des bêta-endorphines dans l’action de l’électroacupuncture [13].

Tai Thu donne la valeur normale comprise entre 58 à 65 picogrammes par millilitre de sang selon la corpulence et l’ethnie. Il donne un taux de 43 pg/ml bas à l’entrée du drogué et considère le patient guéri lorsque le taux revient à 58 pg/ml. Or l’on sait depuis 1989 que la sécrétion des bêta-endorphines suit un rythme circadien et donc que le dosage varie en fonction de l’heure de 16-18 pg/ml jusqu’à 62 pg/ml à l’acrophase avec une amplitude de 6 +/-1 pg/ml [14]. D’où l’intérêt du choix de l’heure du dosage des bêta-endorphines et donc la difficulté de s’affranchir de ces données circadiennes !

Par ailleurs, le dosage des bêta-endorphines comme marqueur de la guérison, ne semble pas être le seul. Une équipe a aussi proposé en 1978 d’utiliser le dosage de l’AMP cyclique plasmatique qui diminue lors de l’électroacupuncture [15]. La mesure de la sécrétion de GH (hormone de croissance) assujettie au récepteurs B gabaergiques est altérée chez les héroïnomanes et peut être un marqueur d’une addiction persistante après deux mois d’abstinence [16]. Une étude plus récente en 2004 préconise de doser l’expression des récepteurs de l’ARNm de la dopamine D4 qui est diminuée de manière persistante chez les héroïnomanes abstinents [17].

En conclusion, si l’électroacupuncture élève le taux des endorphines aussi bien dans le sang que dans le liquide céphalo-rachidien, cette élévation est aussi le reflet de son élévation naturelle lors de tout sevrage. Il est donc difficile d’en faire un marqueur du sevrage de l’addiction de l’héroïne par électroacupuncture.

Pour terminer, une revue systématique des études cliniques s’intéressant à l’efficacité de l’acupuncture dans les addictions aux opiacées a démontré qu’il n’y avait pas de preuve statistiquement significative de son efficacité [18]. La plupart des essais cliniques randomisés montrant une efficacité résultait des études à méthodologie non randomisée, non contrôlée et non aveugle ou provenait d’études en langue chinoise dont l’évaluation méthodologique reste difficile à apprécier. De ce fait, souhaitons que le professeur Nguyen Tai Thu réalise dans son hôpital à Hanoi un essai positif satisfaisant à tous les critères rigoureux de la méthodologie.

Références
1. Moal P. Traitement acupunctural des addictions aux opiacés à Hanoi. Acupuncture & Moxibustion. 2006;5(2):185-187. 
2. Emrich HM, Nusselt L, Gramsch C, John S. Heroin addiction: beta-endorphin immunoreactivity in plasma increases during withdrawal. Pharmacopsychiatria. 1983;16(3):93-6.
3. Kosten TR, Morgan C, Kreek MJ. Beta endorphin levels during heroin, methadone, buprenorphine, and naloxone challenges: preliminary findings. Biol Psychiatry. 1992;32(6):523-8. 
4. Wen HL, Ho WK, Wong HK, Mehal ZD, Ng YH, Ma L. Changes in adrenocorticotropic hormone (ACTH) and cortisol levels in drug addicts treated by a new and rapid detoxification procedure using acupuncture and naloxone. Comp Med East West. 1979;6(3):241-5. 
5. Pomeranz B, Chiu D. Naloxone blockade of acupuncture analgesia: endorphin implicated. Life Sci. 1976;19(11):1757-62. 
6. Sjolund B, Terenius L, Eriksson M. Increased cerebrospinal fluid levels of endorphins after electro-acupuncture. Acta Physiol Scand. 1977;100(3):382-4.
7. Mayer DJ, Price DD, Rafii A.Antagonism of acupuncture analgesia in man by the narcotic antagonist naloxone. Brain Res. 1977;121(2):368-72. 
8. Kosten TR, Kreek MJ, Ragunath J, Kleber HD. A preliminary study of beta endorphin during chronic naltrexone maintenance treatment in ex-opiate addicts. Life Sci. 1986;39(1):55-9.
9. Han JS, Zhang RL. Suppression of morphine abstinence syndrome by body electroacupuncture of different frequencies in rats. Drug Alcohol Depend. 1993;31(2):169-75. 
10.  Han JS. Acupuncture and endorphins. Neurosci Lett. 2004;361(1-3):258-61.
11. Zhang B, Luo F, Liu C. [Treatment of 121 heroin addicts with Han’s acupoint nerve stimulator]. Zhongguo Zhong Xi Yi Jie He Za Zhi. 2000;20(8):593-5.
12. Clement-Jones V, McLoughlin L, Lowry PJ, Besser GM, Rees LH, Wen HL. Acupuncture in heroin addicts; changes in Met-enkephalin and beta-endorphin in blood and cerebrospinal fluid. Lancet. 1979;2(8139):380-3. 
13. Wen HL, Ho WK, Ling N, Mehal ZD, Ng YH. Immunoassayable beta-endorphin level in the plasma and CSF of heroin addicted and normal subjects before and after electroacupuncture. Am J Chin Med. 1980;8(1-2):154-9.
14. Iranmanesh A, Lizarralde G, Johnson ML, Veldhuis JD. Circadian, ultradian, and episodic release of beta-endorphin in men, and its temporal coupling with cortisol. J Clin Endocrinol Metab. 1989;68(6):1019-26. 
15. Wen HL, Ng YH, Ho WK, Fung KP, Wong HK, Ma L, et al. Acupuncture in narcotic withdrawal: a preliminary report on biochemical changes in the blood and urine of heroin addicts. Bull Narc. 1978;30(2):31-9. 
16. Volpi R, Gerra G, Vourna S, Vescovi PP, Maestri D, Chiodera P, et al. Failure of the gamma-aminobutyric acid (GABA) derivative, baclofen, to stimulate growth hormone secretion in heroin addicts. Life Sci. 1992;51(4):247-51.
17. Czermak C, Lehofer M, Wagner EM, Prietl B, Lemonis L, Rohrhofer A, et al. Reduced dopamine D4 receptor mRNA expression in lymphocytes of long-term abstinent alcohol and heroin addicts. Addiction. 2004;99(2):251-7. 
18. Jordan JB. Acupuncture treatment for opiate addiction: a systematic review. J Subst Abuse Treat. 2006 Jun;30(4):309-14.

Stéphan JM. Electroacupuncture, addiction à l’héroïne et endorphines. Acupuncture & Moxibustion. 2006;5(3):239-242. (Version PDF)

Stéphan JM. Electroacupuncture, addiction à l’héroïne et endorphines. Acupuncture & Moxibustion. 2006;5(3):239-242. (Version 2006)

Tabagisme de la femme enceinte et acupuncture

Femme de l’ethnie Pa’O fumant cigare vert Cheroot à Inn Thein près du lac Inle au Myanmar (Birmanie)
Femme de l’ethnie Pa’O fumant cigare vert Cheroot à Inn Thein près du lac Inle au Myanmar (Birmanie)


L’acupuncture est-elle réellement efficace dans le tabagisme de la femme enceinte ? 

Résumé : Les recommandations de l’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) concernant le tabagisme en cas de grossesse ont été publiées ce 30 novembre 2004. Comme on pouvait s’y attendre, elles occultent l’intérêt de l’acupuncture et la placent au même niveau que l’hypnothérapie.

« Les résultats sur l’efficacité de l’acupuncture dans la population générale sont contradictoires selon les études : un effet spécifique, différent de l’effet placebo, n’est pas clairement démontré. Il n’y a pas d’études spécifiques à la femme enceinte pour l’hypnothérapie et l’acupuncture, ni d’accord professionnel pour les recommander. »

Ce texte fait suite à la conférence de consensus « Grossesse et Tabac » qui a eu lieu le 7 et 8 octobre 2004 à Lille. Le jury était composé de douze membres (aucun médecin acupuncteur) et placé sous la présidence du Dr Dequidt, gynécologue-obstétricien.

Les recommandations de l’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) concernant le tabagisme en cas de grossesse ont été publiées ce 30 novembre 2004. Comme on pouvait s’y attendre, elles occultent l’intérêt de l’acupuncture et la placent au même niveau que l’hypnothérapie.

 « Les résultats sur l’efficacité de l’acupuncture dans la population générale sont contradictoires selon les études : un effet spécifique, différent de l’effet placebo, n’est pas clairement démontré. Il n’y a pas d’études spécifiques à la femme enceinte pour l’hypnothérapie et l’acupuncture, ni d’accord professionnel pour les recommander. »

Ce texte fait suite à la conférence de consensus « Grossesse et Tabac » qui a eu lieu le 7 et 8 octobre 2004 à Lille [ [1] ]. Le jury était composé de douze membres (aucun médecin acupuncteur) et placé sous la présidence du Dr Dequidt, gynécologue-obstétricien.

Il est vrai que les françaises sont nombreuses à fumer, même quand elles sont enceintes. Le lien de causalité (association statistiquement significative, relation dose – effet, réversibilité à l’arrêt, mécanisme physiopathologique pour expliquer l’effet) entre tabagisme maternel  pendant la grossesse et la survenue de troubles de la fertilité masculine et féminine, d’anomalies du déroulement de la grossesse (prématurité, retard de croissance intra-utérin, hématome rétro-placentaire, rupture prématuré de membranes) est maintenant bien établi, sans oublier les risques accrus de mort fStale in utero, de grossesses extra-utérines, d’avortements spontanés. Et pourtant le nombre de françaises fumeuses a triplé en l’espace de trente ans et reste un sujet d’inquiétude pour les gynéco-obstétriciens.

A noter cependant que même si la nicotine a été suspectée d’être à l’origine de tous ces effets délétères durant la grossesse et chez le fStus, toutes ces données ont été principalement observées chez les animaux. De ce fait, il n’existe aucune preuve convaincante à ce jour des dangers de la nicotine pure pour l’espèce humaine et des études objectivant l’absence d’effets nocifs chez l’Homme restent à faire [ [2] ].

En réalité, c’est l’ensemble des toxiques présents dans la fumée des cigarettes qui a un effet toxique lors de la grossesse. Aucune substance isolée, telle la nicotine, n’est entièrement responsable des complications de la grossesse, mais c’est l’association des différentes substances qui agissent de façon additive ou synergique [ [3] ]. Les toxiques les plus préoccupants pour la femme enceinte sont le monoxyde de carbone (CO), les substances oxydantes (goudron, oxydes d’azote etc..), le cyanure d’hydrogène, le cadmium, le chrome, l’arsenic, le nickel, le plomb etc.. Ainsi, le monoxyde de carbone est le toxique le plus impliqué. Cela a été prouvé par une exposition accidentelle au CO qui peut provoquer la mort in utero ou des séquelles neurologiques irréversibles [ [4] ].

Bref, le tabagisme des femmes enceintes est devenu un problème de santé publique et a été inscrit parmi les mesures prioritaires du Plan Cancer.

 Quelles sont donc les interventions efficaces d’aide à l’arrêt du tabac chez la femme enceinte retenues au cours de cette conférence de consensus et inscrites dans les recommandations ?

Les approches psychologiques et/ou comportementales peuvent être recommandées en première intention aux différentes étapes de la prise en charge de la femme enceinte fumeuse ou qui vient d’accoucher, comme par exemple :

– le conseil minimal (grade B) (voir tableau I) : il doit être effectué systématiquement à la première consultation et renouvelé par les différents professionnels de santé à chaque rencontre avec la femme enceinte fumeuse ;

– l’intervention brève (grade B) ;

– l’entretien motivationnel (grade B) ;

– la thérapie comportementale et cognitive : TCC (grade B) ;

– la consultation psychologique.

Tableau I. les différents niveaux de preuve.

Une recommandation de grade A est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort niveau de preuve (niveau 1).
Une recommandation de grade B est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau de preuve intermédiaire (niveau 2).
Une recommandation de grade C est fondée sur des études de faible niveau de preuve (niveau 3 ou 4).
En l’absence de précisions, les recommandations reposent sur un consensus exprimé par le jury.

 Notons que ces interventions (conseil minimal, intervention brève, conseil motivationnel) ont montré une efficacité statistiquement significative sur le taux d’arrêt du tabac par rapport à l’absence d’intervention, dans la population générale et chez la femme enceinte. Mais le conseil minimal ne semble pas aussi efficace chez la femme enceinte que chez le fumeur en général. Sur 100 femmes enceintes fumant lors de leur visite prénatale, 10 arrêtaient de fumer grâce au conseil minimal, 6 ou 7 supplémentaires y arrivaient avec un suivi plus intense (par un tabacologue) [ [5] ]. De même chez la femme enceinte, la TCC n’a pas montré une efficacité supérieure à d’autres techniques d’aide ou d’accompagnement psychologique et/ou comportemental.

Bref, on s’oriente très rapidement vers le traitement substitutif nicotinique (TSN). Les auteurs recommandent de l’instaurer le plus rapidement possible au cours de la grossesse, même en association avec une approche psychologique et/ou comportementale. Par ailleurs, le TSN prescrit doit être personnalisé avec une dose de nicotine et une répartition sur le nycthémère suffisants pour obtenir et maintenir un arrêt du tabac.

Cependant, par mesure de précaution, le rapport bénéfique/risque du TSN au 3e trimestre de la grossesse est à apprécier au cas par cas, car bien que le TSN ne soit probablement pas sans risque, ce risque est très négligeable par rapport à celui associé au tabagisme si la femme enceinte continue de fumer pendant sa grossesse. La nicotinémie sous TSN est 2 à 3 fois moins élevée que la nicotinémie liée au tabagisme. En tout état de cause, le TSN qui n’apporte que de la nicotine, évite la toxicité des autres composants de la fumée de cigarette, en particulier le CO.

Toutefois, remarquons que l’intérêt de l’utilisation du TSN repose sur une seule étude clinique qui a évalué l’efficacité du TSN chez la femme enceinte en comparant timbre transdermique actif et timbre transdermique placebo. Le pourcentage d’arrêt pour les femmes traitées par patch actif était de 28% et 25% avec le patch placebo ; et respectivement 15% et 14% un an après la naissance de l’enfant ! Bref, le TSN n’a pas fait la preuve d’une efficacité supérieure en terme de pourcentage darrêt, mais il semblerait selon les auteurs que l’observance ait été insuffisante dans les 2 groupes étudiés. En revanche, le poids moyen des enfants nés après 37 SA était significativement plus élevé dans le groupe traité par TSN que dans celui traité par placebo. La faible efficacité du TSN sur l’arrêt du tabac pourrait être due au métabolisme plus rapide de la nicotine chez la femme enceinte. Il se peut qu’un traitement standard (15 mg sur 16 heures) ne soit pas suffisant chez les femmes fortement dépendantes au tabac [ [6] ].

Terminons avec le dernier produit sur le marché : le bupropion (Zyban®). Selon les recommandations de l’Afssaps publiées en 2003, le bupropion est déconseillé pendant la grossesse. Bien que les données recueillies sur un registre portant sur 668 grossesses et 333 suites de grossesse, mis en place en 1997 aux États-Unis par le laboratoire pharmaceutique fabricant, ne suggèrent pas que le bupropion soit tératogène, il existe un accord professionnel pour déconseiller sa prescription chez la femme enceinte. Notons aussi que Benowitz et Dempsey concluaient leur revue par une mise en garde contre l’utilisation du bupropion chez la femme enceinte [ [7] ].

En résumé, il semblerait que toutes les méthodes préconisées par ces recommandations ne montrent pas une réelle garantie d’efficacité et de sécurité. Mais il est impératif d’obtenir l’abstinence tabagique de ces femmes. Mettre les patchs permet essentiellement d’éliminer surtout les autres toxiques nettement plus préjudiciables à la santé du fStus, en particulier le monoxyde de carbone et de ce fait, le bénéfice sera global sur la grossesse.

Et l’Acupuncture dans tout cela ?

Au cours de la conférence de consensus à Lille et comme nous avons pu le constater sur place, jamais l’acupuncture n’a été notifiée comme moyen antitabagique.

De ce fait, le Docteur Stéphan, ayant été mandaté par le Conseil d’Administration du Collège Français d’Acupuncture (CFA) et invité par le Professeur Delcroix, a pu ainsi être le porte-parole de notre profession, qui comme nous l’avons dit plus haut, n’était pas du tout représentée au  sein du Jury. Il a donc fait remarquer cet état de fait à l’assemblée et notifier que la conférence de consensus française de l’Anaes en 1998 [ [8] ] et surtout celle de l’AFSSAPS en 2003 [ [9] ] n’avaient pas intégré les travaux réalisés par les médecins acupuncteurs, ceux-ci n’ayant pas été invités par ailleurs. Ces différentes conférences se basaient essentiellement sur les résultats de la méta-analyse de Cochrane [ [10] ] qui concluaient à une inefficacité de l’acupuncture.

Or, la dernière méta-analyse réalisée par Castera et coll. [ [11] ] en avait mis en évidence les biais méthodologiques et surtout principalement la non-utilisation d’un essai clinique randomisé français de Vibes [ [12] ]. En introduisant ces nouvelles données, l’acupuncture offrait une efficacité statistiquement significative.

On fit remarquer au Dr Stéphan que cet ECR n’avait pas la qualité méthodologique requise. Mais si une conférence de consensus doit se borner à entériner les données ou recommandations anglo-saxonnes, autant en faire l’économie. Notons  aussi  qu’il est étonnant qu’une conférence de consensus française refuse de prendre en compte des données publiées en langue française.

On se doit de considérer qu’à partir du moment où des données nouvelles sont apportées, elles doivent être analysées et discutées.

Néanmoins, cette intervention n’aura pas été vaine, car l’acupuncture apparaît dans le texte des recommandations ! Pourtant au final, une impression désagréable, subsiste.

Il semble exister deux poids, deux mesures : aucune étude de niveau de preuve 1 pour les différentes techniques d’arrêt du tabagisme avec une efficacité somme toute bien faible et une sécurité non absolument prouvée, nonobstant cela, on va les recommander. L’acupuncture quant à elle, fournit une efficacité et une sécurité reconnues, et malgré tout, elle est ignorée !


Références

 [1] . Texte des recommandations. Conférence de consensus. Grossesse et tabac. 7 et 8 octobre 2004. Lille (Grand Palais) Available from: URL: http://www.anaes.fr/

[2] . Le Houezec J. Comment prendre en charge les femmes fumeuses ? Quelles sont les différentes techniques efficaces d’aides à l’arrêt du tabac ? Proceedings of the  Conférence de consensus Grossesse et Tabac, 7 et 8 octobre 2004; Lille France 2004; p.191-208.

[3] . Dempsey DA, Benowitz NL.Risks and benefits of nicotine to aid smoking cessation in pregnancy. Drug Saf 2001;24(4):277-322.

[4] . Koren G, Sharav T, Pastuszak A, Garrettson LK, Hill K, Samson I, Rorem M, King A, Dolgin JE. A multicenter, prospective study of fetal outcome following accidental carbon monoxide poisoning in pregnancy. Reprod Toxicol 1991;5(5):397-403. 

[5] . Coleman T. ABC of smoking cessation. Special groups of smokers. BMJ 2004 Mar 6;328(7439):575-7.  

[6] . Wisborg K, Henriksen TB, Jespersen LB, Secher NJ. Nicotine patches for pregnant smokers: a randomized controlled study. Obstet Gynecol 2000;96(6):967-71.  

[7] . Benowitz N, Dempsey D. Pharmacotherapy for smoking cessation during pregnancy. Nicotine Tob Res 2004;6 Suppl 2:S189-202.  

[8] . ANAES. Conférence de consensus sur l’arrêt de la consommation du tabac. Paris: Editions EDK; 1998.

[9] . Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé. Les stratégies thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses de l’aide à l’arrêt du tabac  argumentaire. Mai 2003.

[10] . White AR, Rampes H, Ernst E. Acupuncture for smoking cessation (Cochrane Review). In: The Cochrane Library, Issue 4, 2004. Chichester, UK: John Wiley & Sons, Ltd.

[11] . Castera Ph, Nguyen J, Gerlier JL, Robert S. L’acupuncture est-elle bénéfique dans le sevrage tabagique, son action est-elle spécifique ? Une méta-analyse. Acupuncture et Moxibustion 2002;1(3-4):76-85.

[12] . Vibes J. Essai thérapeutique sur le rôle de l’acupuncture dans la lutte contre le tabagisme. Acupuncture 1977;51:13-20.

Stéphan JM, Prulière C. L’acupuncture est-elle réellement efficace dans le tabagisme de la femme enceinte ? Acupuncture & Moxibustion. 2005;4(2):132-135.

Traitement de la constipation chronique par acupuncture

piments au marché de Pakse - Laos
piments au marché de Pakse – Laos

Résumé : Traiter la constipation par acupuncture avec une seule aiguille au point tianshu 25 E en piqûre profonde avec électro-stimulation est la gageure que Zhao Hong a réalisée avec succès en Chine. Après une description étiologique selon la médecine occidentale, l’auteur donne la nosologie de la constipation selon la médecine traditionnelle chinoise et explique sa façon de procéder. Zhao Hong offre aussi un traitement par le massage et l’auriculothérapie. Notons que cet article a fait l’objet d’une communication à Séville en juin 2003. (NDT : Jean-Marc Stéphan). Mots clefs : constipation, tianshu, acupuncture, auriculothérapie, 25 E

Summary : To treat the constipation by acupuncture with only one needle in the tianshu point 25 E in deep puncture with electro-stimulation is the gageure that Zhao Hong realized successfully in China. After a etiologic description according to Western medicine, the autor gives the nosology of the constipation according to Chinese traditional medicine and explains  the way she proceeds. Zhao Hong offers also a treatment by the massage and the auriculotherapy. Let us note that this article made the subject of a communication in Seville in June 2003. Keywords: constipation, tianshu, acupuncture, auriculotherapy, 25 S

 La constipation chronique est un trouble fonctionnel d’une très grande fréquence. Sa définition est caractérisée par la diminution significative du nombre d’exonérations par semaine, inférieur ou égal à 3, le caractère chronique étant défini par l’ancienneté du trouble, supérieur ou égale à 1 mois. Bien souvent, cela s’accompagne de douleurs abdominales. Généralement, cela ne gêne pas la vie quotidienne du patient. On estime la prévalence de la constipation en Chine à 30% chez les jeunes et 20% chez les personnes âgées. Aux Etats-Unis d’Amérique et dans la province de Canton en Chine, on retrouve respectivement 4,6% et 3% de constipation. D’après les statistiques, ce sont les femmes d’un haut niveau d’éducation qui en souffriraient le plus.

La classification étio-pathogénique de la constipation objective sans être exhaustif :

  1. les causes systémiques : les constipations secondaires à la prise de médicaments, les désordres métaboliques type hypokaliémie et hypercalcémie, les endocrinopathies dominées par l’hypothyroïdie, le diabète avec neuropathie, les affections neurologiques, la maladie de Parkinson, les tumeurs cérébrales (tumeur du tronc cérébral)
  2. les causes digestives (les plus fréquentes) : les causes anales (fissures ou hémorroïdes compliquées notamment), cancer du côlon, diverticulose sigmoïdienne, sténose d’origine inflammatoire, causes fonctionnelles dominées par l’erreur diététique, les colopathies fonctionnelle avec alternance de diarrhée-constipation, la dyschésie recto-anale, la maladie de Hirschprung (rare chez l’adulte), l’inertie colique..etc..

Le diagnostic de la constipation se base fondamentalement sur l’histoire clinique. On pourra ainsi utiliser les critères diagnostiques dits de « Rome II ». L’exploration para-clinique est néanmoins essentielle pour éliminer une cause organique.

Coloscopie, transit intestinal, manométrie anorectale voire défécographie dynamique peuvent donc compléter les explorations paracliniques.

Le ralentissement du rythme du transit du colon est une altération fonctionnelle qui représente 15 à 30% des constipations dont la manifestation principale est la présence d’excréments secs et durs, une diminution du réflexe d’expulsion, accompagnée de douleurs et de gênes abdominales. 75% des patients ne vont pas travailler pour ces raisons. Cela peut affecter aussi l’appareil urinaire et la sexualité.

La constipation habituelle, non compliquée, répond à l’application de conseils hygiéno-diététiques associés à des médications simples, des diètes, des changements d’habitudes, des traitements physiques (pratique d’une activité physique régulière), des laxatifs, des mucilages, des lavements. Malgré tout cela, le résultat n’est pas très probant, chacun ayant ses limites. Les médicaments peuvent stimuler l’intestin, voire provoquer la diarrhée ; c’est pourquoi un usage chronique et trop long est déconseillé.

Différenciation de syndromes

La constipation en médecine traditionnelle chinoise est connue comme le : da bian nan ou difficulté à déféquer, pi yue ou rate déficiente etc. Il existe des syndromes de déficience et des syndromes d’excès.

En voici les plus courants :

 Chaleur excessive d’Intestin et d’Estomac.

Selles dures et sèches, urines rares et rouges, visage rouge et sensation de malaise au  cœur, sensation de chaleur, bouche sèche, haleine fétide, distension abdominale, langue rouge avec enduit jaune, pouls glissant et rapide.

 Stase de qi de l’Intestin

Difficulté à déféquer, les selles peuvent être sèches ou non, flatulences, distension costale et abdominale, langue avec enduit mince gras et pouls en corde.

 Vide de qi de Rate et d’Estomac

Les selles sont pâteuses, molles. On peut avoir envie de les expulser et cependant l’acte reste difficile malgré de nombreux efforts, allant même jusqu’à la sudation. Dyspnée. Après la défécation, sensation de fatigue ; le visage est pâle, chute du shen. On n’a plus envie de parler. La langue est molle, blanchâtre, pouls faible.

 Déficience de yang de Rate et d’Estomac

Les excréments peuvent être secs ou non, avec difficulté à l’expulsion. L’urine est claire et abondante. Le visage est pâle et un peu verdâtre. Les extrémités sont froides.

Désir de chaleur et aversion pour le froid, l’abdomen est froid et douloureux. Sensation de froid et lourdeur de la colonne vertébrale. La langue est rose, l’enduit blanc, le pouls profond et lent.

(NDT : ce syndrome correspond cliniquement à l’évolution d’un vide de qi associé à des signes Froid)

Déficience de yin et sécheresse d’Intestin.

Excréments secs. Maigreur du patient. Rougeur des pommettes. Nausées. Acouphènes. Palpitations avec sensation de peur. Lombalgie et gonalgie. Langue rouge et sèche. Pouls fin et rapide.

Traitement

De nombreux textes de médecine traditionnelle chinoise s’intéressent à la physiopathologie et au traitement de la constipation par l’acupuncture. Nous avons examiné les archives de médecine de Chine dans lesquelles nous avons trouvé 90 articles en rapport avec la constipation.

Les points tianshu (25 E), huangshu (16 R), zusanli (36 E) sont les points les plus appliqués en acupuncture ou moxibustion. L’auriculothérapie est aussi utilisée.

 Acupuncture

a. Traitement par acupuncture profonde au point tianshu 25 E 

Technique : le point se situe à 2 cun à l’extérieur de l’ombilic. Avec une aiguille de 3 cun (de calibre 28-30), piquer perpendiculairement de 2,8 cun. Obtenir une sensation locale de distension. Après cette sensation « Deqi« , appliquer l’électro-stimulation à 20 Hz, l’intensité adéquate s’observant lorsque les muscles de l’abdomen remuent légèrement. Laisser l’aiguille durant 30 minutes. Une séance par jour, cinq par semaine, sauf les samedis et dimanches. La durée totale du traitement est de deux semaines.

 Dans le  » Suwen  » ( chapitre 8 : des règles secrètes  de la bibliothèque Ling Lan ): le Gros Intestin est le responsable du transit où prend naissance le changement  » (Da Chang Zhe, Chuan Dao Zhi Guan, Bian Hua Chu Yan)

La constipation a pour étiologie le Froid ou la Chaleur, la stase de Sang ou la stase de qi. Ces causes produisent une difficulté de circulation de qi, la fonction de transit diminue, alors se produit la constipation.  Tienshu 25 E est le point mu du Gros Intestin où circule le qi du viscère qu’il faut traiter en cas d’atteinte de la fonction de l’organe interne.

Durant les deux dernières années, j’ai réalisé d’importantes observations cliniques traitant de la constipation chronique en utilisant le point tianshu 25 E. J’ai choisi des patients aussi bien en consultation externe qu’en milieu hospitalier. Après une sélection adéquate, deux groupes ont été formés. Un groupe a été traité par acupuncture d’insertion profonde et l’autre selon l’acupuncture d’insertion habituelle. Chaque groupe contient 25 personnes.

(NDT : l’insertion habituelle en Chine est une insertion déjà profonde, environ 12 à 25 mm selon l’académie de Médecine traditionnelle chinoise, alors que l’insertion profonde préconisée par l’auteur est de 2,8 cun soit quasiment le triple de profondeur )

 Résultat :

L’efficacité moyenne du groupe en introduction profonde est de 82,3% à la différence de l’autre groupe (57%). La différence entre deux groupes est statistiquement significative. Un suivi est réalisé pendant six mois. 57% des malades dans le groupe d’introduction profonde n’a pas eu de rechute. L’étiologie principale retrouvée pour les deux groupes est le simple ralentissement du transit au niveau du côlon (15 cas dans le groupe d’introduction profonde et 17 cas  dans le groupe d’introduction habituelle).

On obtient 62% d’efficacité du traitement avec l’introduction profonde et parmi eux 30% voient une amélioration après seulement une seule séance de traitement.

Dans le groupe avec la technique d’introduction habituelle l’efficacité est de 31%. Bref, l’insertion profonde est plus efficace de manière statistiquement significative que le mode superficiel.

Le temps de transit s’améliore aussi davantage dans le groupe traité selon l’introduction profonde que dans l’autre groupe.

En conclusion, pratiquer la méthode d’introduction profonde de l’aiguille au point tianshu 25E améliore davantage la constipation que la méthode habituelle. D’autre part, le traitement est davantage efficace s’il est plus précoce. C’est pourquoi, cette méthode est plus adaptée à une large application clinique.

 b. Modifications du traitement selon un diagnostique différenciel du syndrome

– Excès de chaleur d’Intestin et d’Estomac : hegu GI 4, quchi GI 11, fujie RP 14, shangjuxu E 37

– Stase de qi  : yanglingquan VB 34, qihai VC 6, xingjian F 2, qimen F 14

– Vide de qi de Rate et d’Estomac : pishu V 20, weishu V 21, dachangshu V 25, zusanli E 36 (point à moxer)

– Vide de yang de Rate et Estomac : qihai VC 6, guanyuan VC 4, zhaohai R 6, shenshu V 23 (point à moxer)

– Déficience de yin et sécheresse d’intestins : sanyinjiao RP 6, xuehai RP 10, taixi R 3

c. Exemples de traitement selon quelques textes d’acupuncture

– Constipation : mettre l’aiguille en zhangmen F 13 favorise le  couple  Rate – Estomac selon les livres classiques, de même yinjiao VC 7, qihai VC 6, shimen VC 5, zusanli E 36, zhaohai R 6, sanyinjiao RP 6, taibai RP 3, dadun F 1, dadu RP 2.

– Constipation par défaut de transit : zhangmen F 13, taibai RP 3, zhaohai R 6.

– Difficulté à déféquer et prolapsus en cas d’effort excessif : neiguan MC 6, zhaohai R 6, baihui VG 20, zhigou TR 6.

  • Traitement par massage de l’abdomen

Avant de se lever chaque matin, faire un massage de 30 minutes à 1 heure. On le réalise en décubitus dorsal, les deux genoux légèrement pliés et l’abdomen découvert. On masse légèrement l’abdomen avec les paumes en suivant le sens des aiguilles d’une montre, en répétant 20 à 30 fois ce geste. Si on sent une zone plus dure, c’est à cause de l’accumulation de selles, alors on applique davantage de pression à ce niveau, lentement, en massant et en frottant du bout des doigts. On masse donc selon une légère pression lentement du bas vers le haut pendant 20 à 30 fois.

Pendant la pression, il faut expirer. Quand les mains se séparent, on inspire par le nez et à ce moment là, il est possible de faire plus de pression sur les masses les plus rondes.

Enfin, masser à nouveau 20 à 30 fois l’abdomen mais cette fois ci avec l’intérieur des mains. A la fin de la séance de massage, essayer de déféquer. Il est habituel durant le massage d’avoir envie d’expulser en raison des gaz.

 ·  Auriculothérapie

Choisir les points Poumon, Gros Intestin, Intestin Grêle, sympathique, Rate et le sous cortex. On aseptise préalablement l’endroit du placement de l’aiguille à demeure. On ajustera ensuite un sparadrap d’à peu près 5 x 5 mm. Après avoir placé l’aiguille sur le point, on presse, jusqu’à obtenir une sensation nette de distension de chaleur et douleur. Faire une pression 2-3 fois par jour, chaque fois 3 à 5 minutes. Alterner l’oreille à chaque séance


Dr Zhao Hong
Beijing Hospital GuanganmenTél: (010) 69519671(H) 
 E-ail: hongzhao253@hotmail.com  
EDUCATION1996-1999   Guangzhou University of TCM  (Guangzhou City, Guangdong Province) :  Master Degree of Acupuncture1991–1996   Beijing University of TCM  (Beijing City) :    Bachelor Degree of TCM
 EXPERIENCE   Depuis mars 2002 :  Acupuncture and Moxibustion Department of Guang An Men Hospital, The Chinese Academy of TCM : Vice-directeur
2001-2002 : Acupuncture and Moxibustion Department of Guang An Men Hospital, The Chinese Academy of TCM          Médecin attachée
Septembre 1999 à décembre 2001 :  Acupuncture and Moxibustion Department of Guang An Men Hospital, The Chinese Academy of TCM   : médecin résident
 Septembre 1997- 1999   The No.1 Affiliated Hospital of Guangzhou University of TCM : étudiante en médecine
05.2002-08.2002   China Cochrane Center, Western China College :   travail de recherche      
 Les principales recherches
Motility of rats with Ulcerative colitis and effect of Chinese medicine Weichangkang decoction.X-ray and gastro-intestinal electricity of abnormal motility of stomach.
Clinical effect and mechanism research of acupuncture on old-aged patients with incontinence.
The research gained grade award of  The Chinese Academy of TCM.
Clinical effect and mechanism research of acupuncture on patients suffering from swallow obstacle after stroke.
Clinical effect of acupuncture on patients suffering from equilibrium after stroke. 
Les principaux articles déjà parus
1. Acupuncture for chronic constipation(protocol). Cochrane library
2. Treatment of chronic stage of SARS by moxibustion: A clinical observation of 9 cases. Chinese Acupuncture and Moxibustion. (will be published).
3. Clinical research about electroacupuncture treatment of disequilibrium caused by cerebel and brain stem infarct. Journal of Clinical Research of Acupuncture and Moxibustion. Journal of Clinical Acupuncture and Moxiibustion,2002,(9)
4. Clinical study on electroacupuncture treatment of senile imperative urinary incontinence. Chinese Acupuncture and Moxibustion,2001,21(10):579-582
5. The effect of acupuncture at Zusanli on electrogastrogram of functional dyspepsia. New Journal of TCM,2001;33(8):39-40
6. Regulation of acupuncture and moxibustion on gastric function. Journal of Guanzhou TCM College, 1998;15(1)68-71
7. A study on the relationship between X-ray images of gastric dyskinesia and its motility type. Journal of Guanzhou TCM College, 1998;15(2)97-99
8. A study on the relationship between gastric dyskinetic symptoms and electrogastrograms. Journal of Guanzhou TCM College, 1998;15(3)191-194
9. Effects of Chinese medicine compound Weichangkang on ulcerative colitis and its NO abnormality. World Chinese Journal of Digestion,1998;6(4):288-290
10. Effect of Weichangkang decoction on colonic electricity and motility of rats with ulcerative colitis. Chinese Journal of Integrated Traditional and Western Medicine on Gastro-spleen,1998;6(1):25-28       

 Traduction : Jean-Marc Stéphan avec la collaboration d’Annie Marez et Claudette Dick

 Publié avec l’aimable autorisation de l’ACMAS Huangdi. Séville. Espagne.

Article traduit à partir de la communication au X Curso Internacional Acupuntura, Farmacopea y MTC à Séville les 28-29 juin 2003                                                               

Hémorroïdes selon un dyptique flamand (1520-1530) Galerie Wittert – Liège – Belgique
Hémorroïdes selon un dyptique flamand (1520-1530) Galerie Wittert – Liège – Belgique

Zhao Hong, (Traduction Stéphan JM). Traitement de la constipation chronique par acupuncture. Acupuncture & Moxibustion. 2003;2(4):194-7.

Prévention des migraines par traitement des jingbie (經別), électroacupuncture et chronoacupuncture : étude synthétique à propos d’un cas clinique (Mise à jour novembre 2021)

Mise à jour de novembre 2021 pour le congrès de Rouen 2021 de l’article paru en 2017 Stéphan JM. Prévention des migraines par traitement des jingbie (經別), électroacupuncture et chronoacupuncture : étude synthétique à propos de deux cas cliniques. Acupuncture & Moxibustion. 2017;16(2):145-162.

Résumé : Introduction. L’objectif de ce travail est d’évaluer la possibilité d’utiliser l’acupuncture et l’électroacupuncture dans la prévention des migraines, autant pour la crise que dans le traitement de fond. Méthodes. Deux études de cas clinique de migraines permettent d’étudier le protocole de traitement selon la différenciation des syndromes (bianzheng) mais surtout en utilisant la piqûre miu applicable aux méridiens jingbie, l’électroacupuncture et la chronoacupuncture (théorie des points saisonniers et celle des ziwu liuzhu). Après un rappel de la physiopathologie selon la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) et celle de la médecine expérimentale, un état des lieux des méta-analyses et des essais comparatifs randomisés (ECR) est réalisé. Résultats. L’acupuncture peut être utilisée seule ou en association avec le traitement classique dans le cadre de la médecine intégrative. Selon les preuves issues des méta-analyses, des ECR et même des recommandations d’experts, on peut considérer sa contribution utile, efficace et sans effets indésirables. Conclusion. L’utilisation de l’acupuncture dans la prévention des migraines peut être proposée avec un grade A de preuve scientifique établie selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé française (HAS). Mots clés : Acupuncture – migraines – électroacupuncture – neurologie – jingbie – chronoacupuncture – ziwu liuzhu.

Summary: Introduction. The objective of this work is to evaluate the possibility of using acupuncture and electroacupuncture in the prevention of migraines, both for the crisis and in the background treatment. Methods. Two clinical case studies of migraines make it possible to study the treatment protocol according to the differentiation of syndromes (bianzheng) but especially by using the miu sting applicable to jingbie meridians, electroacupuncture and chronoacupuncture (seasonal point theory and that of ziwu liuzhu). After a review of the pathophysiology according to Traditional Chinese Medicine (TCM) and that of experimental medicine, an inventory of meta-analyzes and randomized controlled trials (RCTs) is carried out. Results. Acupuncture can be used alone or in combination with conventional therapy in integrative medicine. Evidence from meta-analyzes, RCTs and even expert recommendations can be considered useful, effective and without adverse effects. Conclusion. The use of acupuncture in the prevention of migraines can be proposed with a grade A of scientific evidence established according to the recommendations of the French High Authority of Health (HAS). Key words: Acupuncture – migraines – electroacupuncture – neurology – jingbie – chronoacupuncture – ziwu liuzhu.

Introduction

La migraine est une maladie neurologique dont la prévalence est estimée chez l’adulte de 18 à 65 ans, entre 12 et 15 % de la population mondiale, avec une prédominance féminine de trois femmes pour un homme [[1]]. Elle se traduit par la survenue des céphalées se répétant régulièrement plus ou moins associées à d’autres symptômes (intolérance à la lumière et aux bruits, nausées/vomissements). La sévérité des crises peut entraîner un retentissement socioprofessionnel important avec des arrêts maladies itératifs. Existent deux principales formes de crises migraineuses : avec ou sans aura. La plus habituelle des migraines est celle sans aura. Il s’agit de douleurs importantes qui durent entre quatre et soixante-douze heures sans traitement. Deux des quatre caractères suivants sont nécessaires pour parler de migraine : prédominance d’une douleur unilatérale (hémicranie), pulsatile, d’intensité modérée (gênant les activités habituelles) à sévère (nécessité de se coucher dans l’obscurité et le silence) et céphalée aggravée par le mouvement (montée ou descente d’escaliers par exemple).

Typiquement, la migraine s’accompagne de nausées et/ou vomissements et/ou d’une photophobie et phonophobie. La maladie migraineuse se définit aussi par la répétition des crises, au moins cinq.

Migraine avec aura

La céphalée peut être précédée ou s’accompagne d’un trouble neurologique transitoire entièrement réversible, l’aura. Typiquement, ce sont des troubles visuels, mais aussi sensitifs, associés ou non à des troubles du langage (dysarthrie). Dans 90% des cas, les troubles visuels sont une perte de vision ou vision trouble associée ou pas à la présence de phosphènes avec taches brillantes ou formes géométriques. Plus rarement, on peut observer des paresthésies ou des engourdissements d’une main ou de la face, ou encore de difficultés à s’exprimer. Cela s’installe généralement lentement, en quelques minutes et cela peut durer moins d’une heure. D’autres sous-types de migraines plus rares avec aura ont été observés, comme la migraine hémiplégique familiale, la migraine basilaire et même des auras migraineuses sans céphalée [[2]].

Généralement, la durée de la crise ne dépasse pas six heures grâce au traitement et peut être raccourcie par les traitements. La fréquence des crises peut varier de quelques épisodes par an à plusieurs par mois, générant des douleurs plus de quinze jours par mois. Entre chaque crise, la rémission des symptômes est totale, tout au plus peut persister quelques jours de fatigue et une légère céphalée.

Il faudra faire le diagnostic différentiel avec la céphalée de tension qui engendre une douleur plus diffuse, bilatérale, continue et non pulsatile, à type de sensation de compression, d’étau, d’intensité peu ou moyennement forte et sans signes digestifs associés ou d’intolérance au bruit. Elle est plus répandue que la migraine. A noter qu’une personne migraineuse peut avoir des céphalées de tension entre deux crises.

Les facteurs déclenchants

Le caractère héréditaire est connu depuis le 19e siècle, surtout pour les migraines avec aura. Par ailleurs depuis 2010, plus d’une douzaine de gènes de susceptibilité à la migraine ont été identifiés qui codent notamment des protéines impliquées dans la régulation glutamatergique. Ainsi dans le cas de la migraine hémiplégique familiale (avec aura par déficit moteur associé à des signes sensitifs, visuels ou troubles du langage), on a découvert en 1993 que l’hérédité de la maladie est monogénique, en rapport avec une mutation génique sur le chromosome 19 avec implication des canaux calciques. La transmission de la maladie est autosomique dominante, signifiant qu’une personne malade a 50% de risque de transmettre la mutation à chacun de ses enfants [[3]].

Néanmoins, ce sont surtout des facteurs internes ou externes qui sont davantage impliqués dans le déclenchement de la crise. Tous ces facteurs ont en commun un changement de rythme ou d’état. Cela peut être engendré par un changement qu’il soit émotionnel (stress ou émotions agréables), physique (surmenage ou relâchement du dimanche par exemple), hormonal (chez les femmes, la chute des taux d’œstrogènes en période menstruelle déclenchant la migraine cataméniale), climatique (chaleur ou froid, vent violent), sensoriel (lumière ou odeur désagréable), ou bien une diététique inadaptée par un repas trop lourd, une prise d’alcool, un repas oublié..), des troubles du sommeil soit par dette, soit par excès, etc.

En identifiant et en évitant certains de ces facteurs, les crises peuvent être ainsi réduites.

Les mécanismes physiopathologiques

La migraine est due à une excitabilité neuronale anormale, liée dans certains cas à une prédisposition génétique, le tout pouvant être modulée par les facteurs environnementaux. La compréhension des mécanismes impliqués dans les différents symptômes des crises n’est pas complète. On sait que dans la prédisposition génétique, les mutations au niveau de trois gènes différents des canaux ioniques CACNA1A, ATP1A2 et SCN1A peuvent être causales. Des études fonctionnelles de ces mutations ont montré qu’elles peuvent entraîner une régulation défectueuse de la neurotransmission glutamatergique et déséquilibre excitateur/inhibiteur au niveau du cortex cérébral avec augmentation du potassium et du glutamate dans la fente synaptique. Cela conduit donc à une hyperexcitabilité neuronale, une dépression corticale envahissante qui engendre la création d’une vague de dépolarisation. Celle-ci est considérée comme impliquée dans les mécanismes d’initiation des migraines à prédisposition génétique mais aussi celles avec aura. Par l’imagerie par résonnance magnétique, on observe ainsi une légère diminution du débit sanguin cérébral pouvant expliquer les troubles neurologiques visuels, sensitifs, de langage, ou même l’état d’asthénie réactionnelle. De nombreux autres gènes responsables ont été découverts comme le KCKN18, PRRT2, CSNK1D, etc. La recherche continue qui pourrait se traduire pour ces patients par des traitements ciblés.

La physiopathologie de la migraine à proprement parlé est partiellement comprise, mais on pense qu’elle peut être provoquée par l’activation du système trigéminovasculaire qui comprend les nerfs trijumeaux innervant les méninges et les vaisseaux sanguins intracrâniens. La crise de migraine résulterait de l’activation des nocicepteurs innervant les vaisseaux sanguins crâniens, transmettant un signal aux neurones bipolaires trijumeaux, puis relayé aux zones thalamique et corticale, produisant ainsi la sensation de douleur. Ce sont les neuropeptides vasoactifs tels la substance P, le peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP) et l’oxyde nitrique, libérés par les nocicepteurs eux-mêmes qui vont conduire à une vasodilatation au niveau des méninges et une inflammation neurogène puis sensibilisation centrale du tronc cérébral par libération de neuromédiateurs inflammatoires, ce qui contribue au déclenchement et au maintien du circuit douloureux [[4]].

La thérapeutique

La prise en charge de la migraine repose bien sûr sur l’éviction des facteurs déclenchants, le traitement des crises et éventuellement leur prévention par une thérapeutique de fond quotidienne.

Pour limiter la sévérité et la durée de la crise, le traitement devra être pris le plus tôt possible, dès les prodromes. On préconisera le traitement de fond pour diminuer la fréquence des crises et sera prescrit de ce fait en cas de crises fréquentes et invalidantes avec consommation excessive d’antalgiques.

La crise

Pour le traitement de crise, deux classes thérapeutiques sont préconisées :

  • non spécifique : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou aspirine (grade A de preuve scientifique établie selon l’HAS[1] ou paracétamol seul (Grade C de faible niveau de preuve scientifique) en cas de crise légère à modérée ;
  • soit spécifique (triptan ou dérivé ergoté, dihydroergotamine en spray (grade A) ou ergotamine (Grade B de présomption scientifique), en cas de crise sévère d’emblée ou résistant aux AINS.

Quelle que soit l’option, il ne faut pas dépasser huit jours de prise par mois pour éviter l’abus médicamenteux. Les antalgiques opiacés (codéine, tramadol, morphine et autres opioïdes forts) ne doivent pas être utilisés en raison du risque de surconsommation, voire d’addiction, sans oublier qu’ils peuvent entraîner une céphalée chronique en raison de l’abus médicamenteux (AE)[2].

Les triptans, traitements spécifiques de la migraine sont des agonistes des récepteurs sérotoninergiques 5HT1B/D et inhibent l’inflammation neurogène et la vasodilatation en agissant sur le système trigéminovasculaire. Chez l’animal, le zolmitriptan par exemple, grâce à son activité agoniste sur les récepteurs 5-HT1, induit une vasoconstriction et une inhibition de la libération du peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP), du peptide vasoactif intestinal (VIP) et de la substance P. Ces deux effets (vasoconstriction et inhibition de la libération de neuropeptides) sont vraisemblablement à l’origine de l’amélioration des crises de migraine. Ils sont contre-indiqués néanmoins en cas d’antécédent de pathologie cardiaque ischémique (infarctus du myocarde, angor, accident vasculaire cérébral, etc.) ou d’accident ischémique transitoire (AIT), de syndrome de Wolff-Parkinson-White, d’hypertension artérielle quelque soit le niveau d’intensité et à éviter également en présence de facteurs de risque ischémique (tabagisme, hyperlipidémie, diabète, hérédité). Les effets indésirables sont habituellement transitoires, apparaissent en début de traitement et disparaissent spontanément touchant essentiellement le système nerveux (sensations anormales ou troubles des sensations, étourdissements, céphalées, hyperesthésie, paresthésie, somnolence, sensation de chaleur, asthénie, sensation d’oppression, myalgies, etc.) et la sphère gastro-intestinale avec les douleurs abdominales, nausée, vomissement, sécheresse buccale, dysphagie.

D’autres traitements de crise spécifiques et non vasoconstricteurs sont à l’étude comme les gépans (antagonistes de la CGRP) ou les ditans (agonistes sérotoninergiques 5HT1F, dérivés des triptans).

Prophylaxie de la migraine

Elle repose sur l’analyse des crises (fréquence, intensité, sévérité, retentissement sur la qualité de vie) et de la consommation médicamenteuse (> 6 à 8 prises mensuelles depuis 3 mois, même efficaces).

Donc, si les crises sont très fréquentes (au moins deux par mois), longues, intenses, mal soulagées, le traitement de fond peut s’envisager. Le délai d’action est de quatre à six semaines et son objectif est la diminution de la fréquence ou de l’intensité des crises. La suppression complète des crises est exceptionnelle.

Aucune molécule n’a démontré de supériorité en termes d’efficacité par rapport aux autres (grade A). En tenant compte des contre-indications et des effets indésirables, on pourra utiliser en première intention les bêtabloquants (propranolol, metoprolol), le topiramate ou l’amitriptyline. En seconde intention les antisérotoninergiques : l’oxétorone ou le pizotifène et en dernière intention la flunarizine [1] qui ont pour effets indésirables surtout la somnolence, la prise de poids, voire les manifestations extrapyramidales.

Il est possible aussi d’utiliser la stimulation magnétique transcrânienne ou stimulation du grand nerf occipital qui fait également leurs preuves chez certains patients. Les impulsions magnétiques modifient le fonctionnement électrique des neurones et préviennent la migraine [[5]].

La Haute Autorité de Santé française propose aussi les approches non pharmacologiques. La relaxation-sophrologie, le rétrocontrôle biologique (biofeedback) et les thérapies cognitives et comportementales de gestion du stress ont fait preuve d’efficacité (grade B). On peut en faire bénéficier certains patients en fonction de leur profil psychologique. De même, l’acupuncture peut-être proposée [1,2,[6]] surtout si le migraineux ne souhaite pas de traitement de fond médicamenteux. Les autres approches non-pharmacologiques (homéopathie, ostéopathie…), par contre n’ont pas fait la preuve de leur efficacité et de leur intérêt dans le traitement de fond de la migraine.

Observations

Une migraine fronto-orbitaire

Depuis quatre ans, Madame MS, attachée commerciale, présente régulièrement des migraines fronto-orbitaires droites sans aura accompagnées de temps en temps par des nausées mais surtout par des gastralgies avec un pyrosis et une sensation de brûlure dans la gorge. Cette migraine survient deux à trois fois par mois chez une femme de 50 ans dont la fibroscopie a objectivé un reflux gastro-œsophagien traité par quarante mg d’ésoméprazole. Elle ne prend pas de traitement de fond pour la migraine. En revanche en période estivale, en raison d’une lucite solaire, elle prend un anti-histaminique (desloratadine). Son indice de masse corporelle (IMC) est à 30,8 en obésité modérée. Elle présente également une constipation et avoue des pulsions vers le sucre. L’examen de la langue objective une langue pâle avec empreintes des dents. Les pouls sont fins (xi) et faibles (ruo). Les points choisis à la première séance du 31 mai 2017 correspondent à la piqûre miu du traitement du jingbie du zuyangming droit[3]. En effet, cette migraine suit le trajet du méridien d’Estomac, avec des manifestations pathologiques intermittentes, unilatérales à type de syndrome douloureux associé à des signes d’atteinte de l’Entraille (fu). D’où la technique du traitement à l’opposé qui utilise les deux points jing (puits) ou jing distal du couple yin-yang gauche de jingbie, si l’atteinte est à droite. Piquer les points jing à l’opposé permet, d’une part, de rétablir l’équilibre des deux parties du corps droite et gauche par la circulation Viscères (zang)/Entrailles (fu) ; d’autre part, d’attirer l’Énergie wei dans le méridien distinct perturbé, afin de combattre le xie (Énergie Perverse) situé en profondeur. Les points utilisés et puncturés avec des aiguilles de 0,18×30 mm sont donc lidui 45E et yinbai 1Rt à gauche, xiangu 43E et taibai 3Rt bilatéralement, neiting 44E et yinlingquan 9Rtà droite (points de tonification saisonniers au printemps[4]) [[7]], qichong 30E, yintang (PEM), baihui 20VG et chengqi 1E (utilisé très superficiellement). Par ailleurs, compte tenu du Vide combiné de Sang et de qi de Rate selon la différenciation des syndromes (bianzheng), mais aussi du possible Vide du Sang du Foie qui engendre un Vent interne lors de la crise sont rajoutés les points pishu 20V, sanyinjiao 6Rt, taichong 3F, fengchi 20VB (stimulé par appareil d’électroacupuncture EA schwa-medico© ; fréquence 2Hz ; durée d’impulsion 0,3ms pendant 20mn), zhongwan 12VC, hegu 4GI (EA à 2Hz) et zusanli 36E bilatéralement (EA à 2 Hz). La recherche du deqi est réalisée sur certains points comme le hegu 4GI, zusanli 36E, sanyinjiao 6Rt.

Mme MS est revue dix jours après. Elle a souffert d’une céphalée latente pendant les deux à trois jours qui ont suivi la séance, puis disparition des migraines. Le même traitement est appliqué mais allégé par la suppression des points taichong 3F, hegu 4GI, baihui 20V, sanyinjiao 6Rt et yinlingquan 9Rt droit remplacé par le yinbai 1Rt droit (point saisonnier en été). Elle est à nouveau revue fin août, lors de la 5e saison. Le pyrosis a nettement diminué et elle n’a eu que deux migraines. La piqûre miu est continuée avec le jiexi 41E et dadu 2Rt points de tonification saisonniers du couple des jingbie atteints à droite stimulé par EA à 2Hz. 

Le 8 novembre, soit deux mois après la précédente séance, elle est revue à nouveau : trois jours de migraines sur cette période. La piqûre miu est encore appliquée : les nouveaux points de tonification saisonniers en automne : zusanli 36E (EA à 2Hz bilatéralement) et taibai 3Rt droit. Mme MS est globalement satisfaite surtout qu’elle a d’elle-même diminué de vingt mg l’ésoméprazole, le pyrosis s’étant bien estompé.

Une migraine temporale

En cas de crise migraineuse, M. SLM prend un triptan (frovatriptan) et/ou un AINS. Le traitement de fond : propranolol à la dose d’½ comprimé matin et ¼ soir, mais en vain car les migraines sont quasi constantes et nécessitent un alitement au moins une à deux fois par semaine. Âgé de trente-cinq ans, il subit ces migraines temporales gauches ou droites depuis l’âge de vingt ans, pouvant entraîner des arrêts de travail itératifs chez cet enseignant anxieux. Sportif, il a été obligé de ralentir ses activités ; de même il évite d’être trop longtemps devant les écrans ou de se coucher tardivement. Il est de corpulence normale avec une IMC à 24,7 pour un poids de 81kg. Il présente souvent des colopathies spasmodiques. Il est allergique aux acariens et du fait d’une myopie a bénéficié d’une chirurgie réfractive de l’œil. Son sommeil est perturbé avec difficulté d’endormissement. Il se réveille très fréquemment le matin, la vue trouble et accompagnée d’une hémicrânie souvent gauche qui va durer toute la journée associée à des nausées. Lors de la première consultation le 11 janvier 2017, il n’est pas en crise mais est resté alité trois jours durant les vacances scolaires et se sent fatigué. La langue est à bords rouges. Les pouls sont faibles (ruo) et profonds (chen), sans doute rapides (shuo) mais ininterprétables du fait de la prise du bêtabloquant (propranolol). Le Vide de yin des Reins peut engendrer des céphalées déclenchées et aggravées par l’anxiété et peuvent se manifester sur le trajet du méridien du zushaoyang (Vésicule Biliaire)quand un yang de Foie est extériorisé. Le traitement a consisté donc à agir sur le Vide de yin des Reins pour éviter l’élévation du yang de Foie : baihui 20VG, shenshu 23V, taixi 3R, zhaohai 6R (EA à 2Hz), fengchi 20VB (EA à 2Hz), taiyang (PEM), shuaigu 8VB, jiaosun 20TR, xuanzhong 39VB (EA à 2Hz), yanglingquan 34VB (EA à 2Hz). Les aiguilles sont identiques au cas précédent, de même l’appareil d’électroacupuncture.

Il est revu huit jours après, expliquant que la séance précédente avait déclenché une grosse migraine gauche avec aura le lendemain ayant perduré deux à trois jours ; puis, quatre jours sans. Le même traitement est appliqué. Il est à nouveau revu le deux mars 2017, en début de d’hémicrânie gauche accompagnée de quelques nausées. Durant cette période d’un mois et demi, il a bénéficié de quinze jours sans aucune migraine. Il a même repris la course à pied. Les bords de la langue sont toujours rouges, le corps rouge. Les pouls sont tendus (xian). Un traitement de la crise est entrepris utilisant la piqure miu du méridien atteint zushaoyang, un des deux méridiens atteints du couple yin-yang (Foie-Vésicule Biliaire). Sont puncturés et laissés en place pendant 20 mn à droite les points jing : dadun 1F et zuqiaoyin 44VB ; les points shu bilatéralement : taichong 3F et zulinqi 41VB (en EA à la fréquence de 2Hz en alternance avec celle de 100Hz (2/100 Hz) ; durée d’impulsion 0,3ms pendant 20mn) ; les points de tonification saisonniers (printemps) du jingbie zushaoyang atteint à gauche ainsi que celui du méridien couplé zujueyin : xiaxi 43VB et ququan 8F ; les points « ashi » temporaux gauches douloureux ici au taiyang, tianchong 9VB et shuaigu 8VB ; les points de jonction : qugu 2VC et tongziliao 1VB ; fengchi 20VB (EA à 2/100Hz) et xuanzhong 39VB (EA à 2/100Hz). Il est revu deux fois de suite à huit jours, puis trois autres à quinze jours d’intervalle. Un traitement similaire est toujours appliqué en tenant toujours compte de la latéralité de la dernière crise, de la théorie des points saisonniers mais aussi de celle des ziwu liuzhu[5] [7] mais avec une EA à la fréquence de 2Hz, du fait qu’il ne sera plus vu en période de crise. Revu fin mai, il signale cinq crises gauches durant cette période de trois mois, mais sans aura et avec juste un état nauséeux supportable. Durant l’été et jusque fin août, il subit plusieurs hémicrânies droites, dont une avec trouble de la vue, mais très nettement supportables. Il a perdu du poids : 73kgs et s’est remis de manière régulière à la course à pied. Il déclare être très satisfait : il est passé de migraines quasi quotidiennes à une à deux migraines par mois très nettement gérables. Il est préconisé de réaliser une séance par mois.     

Discussion

Ces deux cas cliniques parmi tant d’autres, objectivent que l’acupuncture a toute sa place dans l’arsenal thérapeutique de la migraine comme le préconisent autant la Société Française d’Étude des Migraines et des Céphalées (SFEMC) que les organismes de santé d’État (HAS, INSERM) [1,2,6]. Notons cependant l’ambiguïté de SFEMC qui sur leur site grand public mentionne que l’acupuncture peut être proposée alors que dans leurs recommandations, elle signale que les données de la littérature ne sont pas concluantes [[8]]. D’autre part, leurs recommandations initialement élaborées à la demande de la HAS, ont été totalement récusées par ce même organisme du fait que la majorité des membres du groupe de travail déclarait des liens d’intérêt importants avec les laboratoires pharmaceutiques. La SFEMC avait donc décidé de produire en son nom propre ces recommandations [[9]]. Malgré tout, les données de la médecine factuelle ont permis en 2021 que les recommandations de la SFEMC évoluent favorablement en faveur de l’acupuncture [[10]]. Ainsi à la question : quelle est l’efficacité de l’acupuncture dans la prévention de la migraine ? La réponse : « l’acupuncture peut être efficace par rapport au placebo dans la prophylaxie à court terme de la migraine épisodique (niveau de preuve moyen), et présente une efficacité similaire et moins d’effets secondaires que de nombreux agents pharmaceutiques standards. Les études à long terme de l’acupuncture dans la migraine épisodique et dans la migraine chronique font défaut ».

Tout d’abord, voyons les mécanismes physiopathologiques de l’action de l’acupuncture dans les migraines ? Puis dans un second temps, quelles sont les preuves apportées par les méta-analyses et essais comparatifs randomisés (ECR) ? Enfin, dans un troisième temps, on discutera de la physiopathologie selon la médecine chinoise et de la thérapeutique acupuncturale.

Mécanismes physiopathologiques de l’acupuncture ou de l’électroacupuncture

Action sur la dépression corticale envahissante

L’électroacupuncture agirait sur la dépression corticale envahissante et sur la concentration en peptide lié au gène de la calcitonine plasmatique (CGRP) et en substance P (SP). En effet, l’EA à une fréquence alternée de 2/100Hz appliquée sur les points yanglingquan (34VB) et taichong (3F) bilatéralement lors d’une provocation d’une crise migraine par injection de 3mmol/L de KCl dans le cortex cérébral de rats randomisés en trois groupes (N=30) témoin, modèle de rats migraineux et EA, supprime de manière statistiquement significative (p<0,01) la dépression corticale envahissante versus groupe modèle. De même, les taux plasmatiques de CGRP et de SP diminuaient considérablement dans le groupe EA versus groupe modèle et groupe témoin (respectivement p<0,05 ; p<0,001), suggérant de ce fait un effet inhibiteur de l’EA sur les substances provoquant la douleur [[11]].

Inhibition du système trigéminovasculaire et de l’inflammation neuronale

Une autre étude montre que les effets anti-nociceptifs de l’EA dans la migraine seraient associés au récepteur cannabinoïde de type 1 (CB1)[6][[12],[13]]. L’EA interviendrait en inhibant l’inflammation neurogène par un mécanisme impliquant l’activation des récepteurs CB1. Cela a été démontré dans une étude expérimentale sur un modèle de migraine chez le rat induit par la stimulation électrique unilatérale du ganglion du trijumeau (SEGT). L’EA était délivrée sur les points fengchi 20VB et waiguan 5TR à la fréquence 2/15Hz et appliquée tous les jours pendant 30mn au cours des cinq jours précédant la SGET. Les auteurs constataient alors que les concentrations sériques de CGRP et de PGE2 étaient diminuées dans le groupe EA (p<0,001 par rapport aux autres groupes de rats traités uniquement par acupuncture minimale, placebo ou groupe témoin. Par ailleurs, une molécule antagoniste des récepteurs CB1 atténuait cette diminution associée à l’EA, ce qui signifie que des effets anti-inflammatoires de l’EA sont médiés par les récepteurs CB1 dans un modèle de migraine chez le rat [[14]].

Sensibilisation centrale et contrôles inhibiteurs descendants

Le système modulateur de la douleur descendante du tronc cérébral, comprenant la substance grise périaqueducale (PAG), le noyau raphe magnus (NRM) et le noyau trijumeau caudalis (NTC), pourrait être impliqué dans la physiopathologie de la migraine. Quarante rats mâles Sprague-Dawley ont été assignés au hasard à l’un des quatre groupes suivants : un groupe EA (stimulation à une fréquence de 2Hz alternée à celle de 15Hz sur le point fengchi 20VB bilatéralement ; un groupe factice d’acupuncture (SA : acupuncture manuelle sur un non-point d’acupuncture) ; un groupe modèle de migraine témoin sans aucun traitement) ; et un groupe contrôle témoin sans migraine et sans aucun traitement. On observe une augmentation significative du nombre moyen de neurones c-Fos dans les groupes PAG, NRM et NTN dans le groupe modèle de migraine versus groupe témoin (p <0,001) et des troubles du comportement en rapport avec la douleur (figure 1). Tout ceci est significativement atténué par le traitement EA (p<0,001 au niveau immunocytochimique ; p<0,01 pour le comportement). Le prétraitement EA améliore donc un modèle de migraine récurrente chez le rat, sans doute également par modulation des voies descendantes du tronc cérébral [[15]].

Figure 1. Distribution immunocytochimique des cellules positives au c-Fos dans la région grise périaqueducale (PAG) (A) et nombre de cellules positives pour 100 μm² (B) chez 40 rats qui ont subi une implantation d’électrodes suivie d’aucune stimulation (groupe contrôle témoin, n=10) ou stimulation électrique répétée durale (n=30) sans traitement (groupe modèle, n=10), prétraitement par électroacupuncture (groupe EA, n=10) ou un prétraitement d’acupuncture fictif (groupe SA, n=10). Des images représentatives montrent un marquage c-Fos relativement clairsemé dans le groupe témoin (C) et un groupe EA (F) et un marquage c-Fos relativement intense dans le groupe SA (D) et le groupe modèle (E). Barre d’échelle = 200 μm. Les données sont présentées en moyenne ± écart-type. *** p <0,001 vs groupe témoin. ### p <0,001 vs groupe de modèles. ++ p<0,01 par rapport au groupe SA. Aq, aqueduc (Sylvius); Dk: noyau de Darkschewitsch ; dlf, fascicule longitudinal dorsal (Graphique issu de [15], distributed in accordance with the Creative Commons Attribution Non Commercial (CC BY-NC 4.0) license.

Sensibilisation centrale et vasodilatation

Lors de la migraine, on sait que la stimulation des terminaisons nerveuses du trijumeau autour des vaisseaux sanguins provoque la libération de la substance P, de CGRP et autres substances vasculaires actives entraînant sensibilisation centrale et forte vasodilatation, d’où la douleur. La myosine kinase à chaîne légère (MLCK) et la protéine kinase C sont tous deux impliquées dans ce processus de vasodilatation et vasoconstriction. Zhou et coll. ont donc étudié l’effet de l’action de l’acupuncture au point fengchi (20VB) sur l’activation de la MLCK dans l’artère méningée moyenne des rats modélisés pour la migraine. Quarante-quatre rats Sprague-Dawley (SD) femelles en bonne santé ont été répartis au hasard en quatre groupes : le groupe normal témoin, le groupe témoin modélisé (GTM) mais sans traitement, le groupe d’acupuncture fengchi 20VB (après modélisation de la migraine : le fengchi 20VB est puncturé avec recherche du deqi pendant 2mn et maintenu en place pendant 20mn) et le groupe de prévention fengchi 20VB (on puncture d’abord le baihui 20VG avec recherche du deqi pendant 2mn, aiguille laissée en place 20mn puis on déclenche la crise sur ce modèle de migraine par une stimulation électrique). Comparée au groupe normal témoin, l’activation de la MLCK était significativement diminuée dans le groupe GTM (p<0,01), ce qui indique que les migraines aiguës pourraient être associées à une diminution de MLCK en rapport avec le système de signalisation CGRP. Et à la suite de l’action de l’acupuncture autant en prévention qu’en curatif, la MLCK dans l’artère méningée moyenne est statistiquement augmentée (p<0,05), ce qui pourrait indiquer son efficacité dans la prévention et le soulagement des crises de migraine [[16]].

L’acupuncture associée à l’électroacupuncture permettrait donc à la fois d’intervenir sur les crises mais aussi surtout de manière prophylactique.

Une méta-analyse de la bibliothèque Cochrane a confirmé d’ailleurs en 2009 l’effet de l’acupuncture comme traitement prophylactique de la migraine [[17]].

Méta-analyses et essais comparatifs randomisés (ECR)

Sur vingt-deux ECR avec 4419 participants, six avaient démontré que l’acupuncture réduisait versus aucune intervention le nombre de jours de céphalées évalué trois à quatre mois après la randomisation. L’effet s’estompait neuf mois après avoir cessé le traitement. Quatorze ECR montraient que l’acupuncture véritable n’était pas plus efficace que l’acupuncture simulée, factice ou placebo. Quatre études objectivaient que l’acupuncture était un peu plus efficace et surtout avait moins d’effets secondaires que les médicaments habituels indiqués en prévention. Ainsi, les auteurs suggéraient que l’acupuncture devait avoir une place seule ou associée aux soins classiques dans la thérapeutique de la crise ou en prophylaxie du fait de son équivalence au traitement usuel mais surtout sans tous leurs effets secondaires.

Le fait que l’intervention feinte soit aussi efficace que la véritable acupuncture pouvait être difficilement interprétable et liée, selon les auteurs à ce que la localisation du point pourrait être d’une importance limitée. Il est fort possible aussi que cette absence de spécificité soit liée à des interventions factices non inertes et/ou des protocoles d’acupuncture non optimum [[18],[19],[20]][7].

En 2016, la méta-analyse de 2009 était mise à jour avec recherche des ECR jusqu’en avril 2016 [[21]].

Vingt-deux essais étaient inclus (N=4985) avec exclusion de cinq essais précédemment inclus, car incluant des personnes souffrant de migraine depuis moins de 12 mois. En revanche cinq nouveaux ECR étaient inclus. L’objectif de cette nouvelle méta-analyse était triple : déterminer si l’acupuncture est 1- plus efficace que l’absence de traitement prophylactique ou de routine ; 2- plus efficace que l’acupuncture factice (placebo) ; et 3- aussi efficace qu’un traitement prophylactique médicamenteux en vue de réduire la fréquence des céphalées chez les adultes atteints de migraine épisodique.

Acupuncture versus absence d’acupuncture et de traitement préventif

L’acupuncture était associée à une réduction statistiquement significative (p<0,00001) de la fréquence des maux de tête après traitement par rapport à l’absence d’acupuncture (quatre essais, 2199 participants ; différence moyenne standardisée (DMS) -0,56 ; intervalle de confiance IC à 95% de -0,65 à -0,48) ; les résultats étaient statistiquement hétérogènes (Chi²=6,96 P=0,07 ; I²=57% ; preuves de qualité modérée[8]). Après le traitement, la fréquence de réduction de 50% des migraines était réduite chez 41% des participants traités à l’acupuncture et chez 17% des personnes n’ayant pas été traitées à l’acupuncture (risque relatif RR à modèle fixe : 2,40 ; IC à 95% de 2,08 à 2,76 ; 4 études, 2519 participants) ; il n’y avait pas d’indication d’hétérogénéité statistique (Chi²=3,24 P=0,36 ; I²=7%). Malgré cela les auteurs considéraient que ces résultats après traitement fournissaient une preuve de qualité modérée car risque de biais dû au manque d’insu.

Acupuncture versus acupuncture factice

Aussi bien après le traitement (12 ECR, 1646 participants) que lors du suivi (10 ECR, 1534 participants), l’acupuncture était associée à une réduction de la fréquence des migraines par rapport à l’acupuncture factice, statistiquement significative (respectivement p<0,0004) ; p<0,0003). La différence moyenne à modèle standardisée (DMS) est de -0,18 (IC à 95 % de -0,28 à -0,08 ; I²=47% ; P=0,04) après le traitement et -0,19 (IC à 95% de -0,30 à -0,09 ; I²=59% ; P=0,010) lors du suivi. Il existe une grande hétérogénéité signifiant cependant des preuves de qualité modérée. Néanmoins, et c’est la grande différence par rapport à la précédente méta-analyse, c’est que ces données suggèrent également la présence d’un effet de l’acupuncture véritable, comparée au traitement factice même si cet effet est faible.

Acupuncture versus traitement médicamenteux prophylactique

L’acupuncture a réduit la fréquence des migraines de manière statistiquement significative (p<0,0001) comparativement à la prophylaxie médicamenteuse (métoprolol, flunarizine ou recommandations de prévention médicale) (DMS -0,25 ; IC à 95% de -0,39 à -0,10 ; 3 ECR, N=739 ; I²=0% ; P=0,76), mais cette différence ne s’est pas maintenue (p=0,08) lors du suivi (DMS -0,13 ; IC à 95 % de -0,28 à 0,01 ; 3 ECR, N=744). Après trois mois, la fréquence de réduction de 50% des migraines se retrouvait chez 57% des participants traités à l’acupuncture et chez 46 % de ceux recevant une thérapeutique préventive (RR à modèle fixe 1,24 ; IC à 95% de 1,08 à 1,44) et après six mois chez 59% et 54%, respectivement RR 1,11 ; IC à 95 % de 0,97 à 1,26 (figure 2).

Figure 2. 3.2.1 pour au moins 50% de fréquence de réduction des migraines, l’acupuncture est statistiquement plus efficace (p=0,003) versus traitement de fond après 3 mois de traitement ; 3.2.2 : pas d’efficacité significative (p=0,12) à 6 mois [21].

Pas d’hétérogénéité des résultats : I²=0%. Par ailleurs, on remarquait qu’il y avait moins d’effets indésirables chez les patients bénéficiant d’acupuncture. Les auteurs concluaient que l’acupuncture pouvait être considérée comme une option thérapeutique aussi efficace que le traitement à visée prophylactique, surtout chez les personnes ne souhaitant pas ou ne supportant pas le traitement médicamenteux. On peut même rajouter que les données et les conclusions sont en faveur d’une recommandation de l’acupuncture avec un effet spécifique mis en évidence, du fait que l’acupuncture est plus efficace que l’acupuncture factice, placebo.

Les autres méta-analyses

D’autres méta-analyses montrent que l’efficacité à court et à long terme de l’acupuncture est significativement meilleure que celle de la médecine occidentale dans le traitement de la migraine [[22],[23],[24]] ; meilleur effet analgésique pour traiter les crises versus acupuncture factice à 2 h (MD=0,36, IC95% : 0,08 à 0,65, P=0 01 ; à 4h : MD=0,49 ; IC95% : 0,14 à 0,84, P=0,007) [[25]] ; meilleure efficacité de l’acupuncture véritable versus acupuncture factice (risque relatif RR : 0,24, IC 95% 0,15 à 0.38, p <0,0001, quatre ECR) et diminution du taux de récurrence des migraines (RR : 0,47 ; IC à 95% 0,28 à 0,81, p=0,006, deux essais) [[26]]. Concernant l’électroacupuncture, une méta-analyse de 2019 analysant 13 ECR impliquant 1559 patients, a rapporté que l’EA était supérieure (p<0,05) à un traitement placebo en ce qui concerne la fréquence des migraines (versus médecine occidentale, EA simulée ou groupe témoin) (figure 3), et son efficacité clinique (versus la médecine occidentale, EA placebo) selon l’échelle visuelle analogique [[27]].

Figure 3. La fréquence des migraines après EA est plus basse que celle retrouvée avec la thérapeutique occidentale (MD différence moyenne : – 0,98 – IC à 95% = -1,57  à – 0,38) ; p=0,001), mais grande hétérogénéité I²=90%, non retrouvée dans la comparaison entre EA et EA placebo I²=0%, MD : -1,42 – IC 95% = -1,89 à -0,96).

Quoi qu’il en soit et même s’il était démontré que l’acupuncture était aussi efficace que le traitement de fond médicamenteux, on peut noter qu’elle est encore réfutée car considérée par certains comme thérapeutique placebo [[28]]. Cet auteur ne tient compte ni de son efficacité spécifique non expliquée par l’effet placebo seul, ni du peu d’effets secondaires de l’acupuncture, ni des études de coût-efficacité réalisées sur ce sujet surtout en Grande Bretagne qui objective un coût moindre que la thérapeutique usuelle [[29]]. Cependant, Coeytaux et coll. exposent que les effets placebo peuvent contribuer à l’efficacité clinique de l’acupuncture et que dans une perspective d’efficacité purement comparative, les preuves issues des ECR et des méta-analyses démontrent de manière convaincante le rôle potentiellement important de l’acupuncture dans les migraines mais aussi dans les céphalées de tension et autres types de céphalées chroniques [[30]].

Néanmoins, la recherche clinique continue, preuve cet ECR d’avril 2017 qui objective l’effet à long terme de l’acupuncture dans la prophylaxie de la migraine [[31]]. Il s’agit d’un ECR à trois bras comparant électroacupuncture avec recherche du deqi préalable (séance d’EA 2/100 Hz une fois par jour de 30mn pendant 5 jours consécutifs suivis d’une pause de deux jours pendant quatre semaines) par rapport à l’acupuncture factice et un groupe en liste d’attente, réalisé durant 24 semaines (quatre semaines de traitement puis vingt semaines de suivi). Deux-cent-quarante-neuf participants âgés de 18 à 65 ans souffrant de migraine sans aura, avec une migraine survenant deux à huit fois par mois ont été sélectionnés. Les auteurs objectivaient que la moyenne (SD) de la fréquence des crises de migraine différait significativement entre les trois groupes à 16 semaines après la randomisation (p <0,001) avec une réduction plus importante des migraines dans le groupe EA que dans celui de l’acupuncture factice (p=0,002) et dans le groupe EA versus liste d’attente (p<0,001). On peut citer aussi de deux autres ECR plus récents objectivant que l’acupuncture manuelle en prévention offre une réduction des symptômes migraineux à court ou long terme [[32],[33]].

En conclusion, les recommandations de bonne pratique données par un groupe d’experts dans la migraine comparant les thérapeutiques disponibles sont largement en faveur de l’acupuncture dans le monde entier [[34],[35],[36],[37],[38]] y compris depuis 2021 en France avec un niveau fort de recommandations : « Chez les patients souffrant de migraine épisodique et demandant des traitements non-pharmacologiques ou n’obtenant pas une efficacité suffisante avec les traitements pharmacologiques, proposer l’acupuncture comme alternative ou complément à la prophylaxie pharmacologique » [10]. Notons que les auteurs ont établi les recommandations françaises à partir de trois revues systématiques ou méta-analyses internationales [21,[39],[40]].

Quelles sont alors les thérapeutiques acupuncturales usuelles, comment traite-t-on la migraine selon la médecine chinoise ?

Étiopathogénie selon la médecine chinoise

On parle de toutong pour la céphalée (tou signifianttête et tong douleur) et de piantoutong pour la migraine (pian signifiant unilatéral, partiel) [[41]]. D’ailleurs, à part quelques auteurs qui en font la distinction [40,[42],[43]], céphalées et migraines font souvent partie en médecine chinoise de la même entité nosologique [[44],[45],[46],[47],[48],[49],[50],[51]].

En effet, c’est au XVe siècle, que le terme toutong est apparu en distinguant les céphalées d’atteinte externe waigan toutong de celles d’atteinte interne neishang toutong [46] alors que dans le Suwen on parlait essentiellement de « Vent de Foie » ou de « Vent de Cerveau » si atteinte par le Vent (feng) (SW42 : « Des Vents ») [[52]].

Les différents auteurs s’accordent pour distinguer deux types de céphalées selon la différenciation des syndromes (bianzheng) :

– les céphalées aiguës d’étiologie externe waigan toutong par Vent-Froid, Vent-Chaleur ou Vent-Humidité (cela correspondrait aux étiologies fébriles infectieuses comme les états grippaux, les sinusites, etc. et qui ne font pas partie stricto sensu du cadre des migraines) ;

– les céphalées chroniques d’étiologie interne neishang toutong par globalement : Stagnation du qi du Foie, déficience de Rate-Pancréas ou par insuffisance des Reins.

De nombreux sous-syndromes nosologiques d’étiologie interne ont été reconnus : Feu du Foie, excès de yang du Foie, Froid du Foie, Vide des Reins (déficience du yin, déficience du yang), déficience de qi, déficience de Sang, stagnation des Glaires (yin) et Mucosités (tan), Stase du Sang ; etc. [44,48,49,50].

Cependant, en pratique quotidienne, on peut considérer que seuls deux syndromes sont à identifier dans les céphalées chroniques : Stagnation ou Stase du qi du Foie et Vide de Sang et d’Énergie [44,48].

La crise de migraine quant à elle peut être considérée comme des céphalées de type Plénitude en rapport le plus souvent avec le Mouvement Bois (Foie-Vésicule Biliaire) mettant en cause les niveaux shaoyang (TR-VB) et jueyin (MC-F) [40] ou un syndrome de Stagnation du qi du Foie [44,48].

Néanmoins, un autre élément important à prendre en compte est la topographie de la douleur céphalique. Elle pourra établir une correspondance entre Grands Méridiens et collatérales atteints et type de migraine [40,45,46]. Ainsi, classiquement une migraine frontale et sus-orbitaire correspond au yangming (GI-E) ; une localisation occipitale avec irradiations dans le cou correspond au taiyang (IG-V) ; une localisation temporale, c’est une atteinte du shaoyang (TR-VB) ; un siège au sommet du crâne et vers l’œil, on pensera au jueyin (MC-F).

Les points, les protocoles de traitement les méthodes les plus fréquemment utilisés dans les migraines

Le traitement de la pathologie migraineuse devra tenir compte autant du caractère aigu de la crise que de la mise en place du traitement de fond en prévention.

Ainsi dans les cas cliniques présentés, on peut distinguer un traitement de fond, mais aussi quelques traitements en phase de crise. Gourion propose par exemple dans son traitement de fond de tonifier les Reins, de rééquilibrer le couple du Mouvement Bois, de régulariser jueyin, de régulariser le Sang et le shen [40]. Les points utilisés entre autres sont donc : shenshu (23V), jinmen (25VB), taixi (3R), ququan (8F), taichong (3F), yanglinquan (34VB), neiguan (6MC), dadun (1F), xuehai (10Rt), zhiyang (9VG), geshu (17V), zhangmen (13F), zhongwan (12VC) et shenmen (7C). Pendant la crise, il propose des traitements divers en fonction des caractères étiologiques et topographiques de la crise : traitement du jingjin du Méridien de Vésicule Biliaire[9][[53]], traitement du jingbie de Foie-Vésicule Biliaire [[54]], traitement du Grand Méridien jueyin, traitement du Sang, etc.

Maciocia préfère lui parler de traiter la Racine (ben) et la Branche (biao) [50]. Ainsi dans les migraines chroniques, l’élévation du yang de Foie lors d’une crise correspond à la Branche qui elle-même provient d’une Racine en rapport soit avec un Vide de yin des Reins, soit un Vide de Sang du Foie, soit un Vide de yin du Foie, soit un Vide de yang des Reins, soit un Vent interne. Donc il s’agira souvent de traiter le ben en préventif et le biao si crise. Il est proposé ainsi de traiter le biao par fengchi 20VB, baihui 20VG, hegu 4GI et en même temps le ben par taichong 3F, yanglingquan 34VB, xiaxi 43VB, taixi 3R, shenshu 23V, neiguan 6MC, ququan 8F, etc.

On remarquera que de nombreux points sont similaires et même si l’éventail des possibilités thérapeutiques est vaste : Méridiens, niveaux énergétiques des Grands Méridiens, points choisis selon des formules, différenciation des syndromes (bianzheng), il peut être judicieux d’appliquer des protocoles simples comme l’ont proposé certains auteurs [44,48,49]. Le point commun de tous ces protocoles est l’utilisation systématique des points : fengchi 20VB, hegu 4GI et taiyang auxquels il faut rajouter les points souvent locaux.

Il est alors intéressant de connaître les points utilisés au cours des ECR.

Au cours du congrès de la Society for Acupuncture Research (SAR), le Professeur Lixing Liao de Hong-Kong a exposé suite à une revue de littérature d’acupuncture médicale chinoise qu’au cours de dix dernières années le choix des points utilisés en Chine était le plus souvent basé sur l’identification des syndromes selon la théorie des Méridiens (41%), les formules (15%), les organes-entrailles (zangfu 臟腑 [脏腑]) (7%) qui correspond à la différenciation des syndromes (bianzheng), et enfin les six niveaux qui correspond au concept des niveaux énergétiques des Grands Méridiens (2%). Par ailleurs, six études sur dix appliquent un protocole fixe stéréotypé [[55]].

On constate ainsi dans le tableau I ci-dessous concernant les ECR ayant fait preuve d’une efficacité dans les migraines que les auteurs utilisent toutes les possibilités de traitement. Mais effectivement il en ressort que la théorie des méridiens obtient davantage les faveurs des auteurs avec 36% des ECR. On vérifie d’autre part que les points les plus utilisés sont : fengchi 20VB, hegu 4GI et baihui 20VG, confirmant le dénominateur commun à tous les traitements.

Tableau I. Les points et les méthodes les plus utilisées dans les principaux ECR ayant objectivé une efficacité.

Points choisis selon la théorie des Méridiens
Xu 2020 [32]Acupuncture manuelle avec puncture bilatérale selon formule de base : hegu (4GI), taichong (3F), taiyang (EX-HN5), fengchi (20VB), shuaigu (8VB) et points additionnels selon le théorie des méridiens : touwei (8E) si migraine correspondant au méridien yangming ; tianzhu (10V) si migraine sur le territoire du taiyang ; baihui (20VG) pour migraine type jueying.
Zhao 2017 [30]EA sur quatre points : 20VB et 8VB systématiquement et les deux autres points choisis en fonction de la différenciation de l’atteinte du méridien lors de la migraine : 5TR, 34VB, 60V, 3IG, 4GI, 44E, 3F et 40VB
Ceccherelli [[56]]2V, 10V, 60V, 3VB, 20VB, 11VG, 20VG, 3F, 13VC, yintang, 8E
Li 2009 [[57]]5TR (waiguan), 34VB(yanglingquan), 40VB (qiuxu), 20TR (jiaosun) et 20VB (fengchi)
Streng 2006 [[58]]Points individualisés selon atteinte méridienne
Vickers 2004 [[59]]Points individualisés
Linde 2005 [[60]]20VB, 40VB ou 41VB ou 42VB, 20VG, 3F, 3TR ou 5TR, taiyang
Zhao 2014 [[61]]5TR, 20VB, 34VB, 40VB
Melchart 2003 [[62]]20VB, 15VB (linqi), 14VB (yangbai), 10VB (fubai), 8VB (shuaigu), 20VG, 9MC (taiyang), 4GI (hegu), 5TR (waiguan), 41VB (zulinqi), 3F (taichong) et autres points éventuellement ajoutés en fonction des symptômes associés.
Points choisis selon formules
Alecrim 2006 [[63]]Protocole semi-standardisé : 12VB, 20VB, 21VB et 10V
Allais 2002 [[64]]3F (taichong), 6Rt (sanyinjiao), 36E (zusanli), 12VC (zhongwan), 4GI (hegu), 6MC (neiguan), 20VB (fengchi), 14VB (yangbai), taiyang, 20VG (baihui)
Linde M 2004 [[65]]8VB, 20VB, 4GI, 3F, 6Rt + 14VB, taiyang ou 10V dépendant du site de douleur maximale.
Wallasch [[66]]4GI, 6Rt, 5TR, 41VB, 3IG, 62V, 20VG, 20VB, taiyang, 23TR, 3F, 3R
Traitement fondé sur la différenciation des syndromes bianzhenglunzhi 辨證論治
Alecrim 2008 [[67]]Selon la différenciation des syndromes (bianzheng)
Diener 2006 [[68]]Selon la différenciation des syndromes (bianzheng)
Faco 2008 [[69]]Selon la différenciation des syndromes (bianzheng)
Faco 2013 [[70]]Selon la différenciation des syndromes (bianzheng) ; en cas d’attaque par les énergies perverses : 20VB, 8E, EX-HN5 (taiyang), plus 8VB, 12V, 60V dans le syndrome de Vent-Froid ; et 5TR et 14VG dans le syndrome Vent-Chaleur, et 40E, 6Rt et 12VC dans le syndrome Vent-Humidité. Pour les syndromes internes : a) hyperactivité des points d’acupuncture yang du Foie : 8VB, 20VB, 38VB, 8E, 3F, 4F, EX-HN5 ; b) obstruction du réchauffeur moyen en raison de Glaires-Humidité : 8E, 40E, 9Rt, 23VC, 12VC, EX-HN5 ; c) Vide de jing de Rein : 12VB, 20VB, 10V, 12V, 23V, 3R ; stagnation du qi et du Sang : 8VB, 20VB, 6Rt, 10Rt, 3F, EX-HN5, plus points ashi sur le méridien de VB
Linde M 2000 [[71]]40VB, 14VB, 20VG, 4GI et 44E et selon la différenciation des syndromes (bianzheng)
Wang 2015 [[72]]20VB, taiyang, 8VB, 4GI pour tous et points supplémentaires selon les bianzheng 20VG, 2F, 3F, 3R, 39VB, 6Rt
Musil  2018 [31]Selon la différenciation des syndromes (bianzheng) :Excès de yang du Foie : 20VB (fengchi), taiyang, 8VB (shuaigu) et les points optionnels :  baihui (20VG), xingjian (2F), taichong (3F), taixi (3R), xuanzhong (39VB), sanyinjiao (6Rt) ; Vide de Sang et d’Énergie : hegu (4GI) et les points optionnels : baihui (20VG), shangxing (23VG), zusanli (36E), sanyinjiao (6Rt) ; Stagnation des glaires par attaque du Vent : fenglong (40E), zhongwan (12VC), yinlingquan (9Rt) , Stase du Sang : sanyinjiao (6Rt), xuehai (10Rt) et points ashi
Traitement selon le concept des niveaux énergétiques des Grands Méridiens
Li 2012 [[73]]1) groupe de traitement avec atteinte spécifique à shaoyang : 5TR, 34VB, 40VB, 20VB ; groupe 2) groupe de traitement avec atteinte non spécifique à shaoyang : 19TR, 8TR, 33VB, 42VB ; groupe 3) groupe de traitement avec atteinte spécifique à yangming : 8E, 6GI, 36E, 42E. Électroacupuncture sur tous les points
Wang 2012 [[74]]Les points obligatoires inclus 20VG (baihui), 24VG (shenting), 8E (touwei), 8VB (shuaigu) et 20VB (fengchi). Selon différents syndromes des Grands Méridiens, les points supplémentaires pourraient être choisis individuellement : 5TR (waiguan) et 34VB (yanglingquan) pour la migraine de type shaoyang (TR-VB) ; 4GI (hegu) et 44E (neiting) pour la migraine yangming (GI-E) ; 60V (kunlun) et 3IG (houxi) pour les migraines taiyang (IG-V) ; 3F (taichong) et VB40 (qiuxu) pour l’atteinte jueyin (MC-F) ; 6MC (neiguan) si nausées et vomissements ; et 3F en cas de troubles de l’humeur ou susceptibilité à la colère.
Wang 2012 [[75]]Les points obligatoires inclus 20VG (baihui), 24VG (shenting), 8E (touwei), 8VB (shuaigu) et 20VB (fengchi). Selon différents syndromes des Grands Méridiens, les points supplémentaires pourraient être choisis individuellement : 5TR (waiguan) et 34VB (yanglingquan) pour la migraine de type shaoyang (TR-VB) ; 4GI (hegu) et 44E (neiting) pour la migraine yangming (GI-E) ; 60V (kunlun) et 3IG (houxi) pour les migraines taiyang (IG-V) ; 3F (taichong) et VB40 (qiuxu) pour l’atteinte jueyin (MC-F) ; 6MC (neiguan) si nausées et vomissements ; et 3F en cas de troubles de l’humeur ou susceptibilité à la colère.
Autre traitement : points gâchettes ou trigger points ou ashi
Hesse 1994 [[76]]Points ashi

Dans les cas cliniques présentés dans cet article, le choix de points correspond à un traitement plus individualisé qui associe une thérapie complexe utilisant à la fois la théorie des Méridiens, le traitement fondé sur la différenciation des syndromes bianzhenglunzhi 辨證論治, la chronoacupuncture, sans oublier l’électroacupuncture.

La thérapie de la théorie des Méridiens

Notons que la thérapeutique de la théorie des Méridiens répond ici à une technique typiquement française car utilise le traitement des vaisseaux secondaires des Méridiens et en particulier celui des jingbie ou Méridiens Distincts 經別 [经别]. Bien décrite et connue par les auteurs français [40,43] et même utilisé en milieu hospitalier [42], la piqûre miu l’est beaucoup moins des auteurs des ECR étrangers car sans doute plus difficile aussi à mettre en œuvre. Par ailleurs, elle reste sujette à controverse en France [53,[77]]. On sait ainsi que selon le Zhenjiu jiayi jing de Huangfu Mi, chapitre : « La piqûre miu » traduit par Milsky et Andrès [[78]], les vaisseaux secondaires peuvent représenter aussi les vaisseaux luo (luomai 絡脉 [络脉]). De même Husson les appelle les vaisseaux secondaires, « vaisseaux de liaison » ou « grandes liaisons » selon le cas [[79]] et Wang et col. les nomment méridiens secondaires de communications [[80]]. On peut donc dire que cette technique de la piqûre miu est peu usitée car peu ou pas connue des auteurs des ECR qui lui préfèrent nettement un traitement plus classique des Méridiens par les points shu antiques, les couples des huit Merveilleux Vaisseaux, etc.

L’électroacupuncture

Les paramètres de l’EA ont été appliqués en fonction des données issues de l’acupuncture expérimentale [11,14,15,[81]]. La fréquence basse de 2Hz avec une intensité maximale en dessous du seuil de la douleur pendant 20mn a été utilisée dans le traitement de fond. Outre le fait d’avoir un effet anti-nociceptif spécifique dans la migraine en rapport avec l’activation du récepteur cannabinoïde de type 1 (CB1), permettant l’inhibition de l’inflammation neurogène [14], elle a une action également spécifique sur la sensibilisation centrale et les contrôles inhibiteurs descendants dans la migraine [15], mais aussi moins spécifique sur le GABA, les enképhalines, la sérotonine (5HT) et la noradrénaline, neurotransmetteurs tous impliqués dans les contrôles inhibiteurs descendants supraspinaux [80,[82]].

La fréquence de 2Hz en alternance avec la fréquence rapide de 100Hz avec les mêmes paramètres en intensité et en durée, est utilisée lors des crises. Elle est préférée à la fréquence uniquement rapide de 100Hz préconisée par Cuignet [80] car les études expérimentales montrent son action spécifique sur la dépression corticale envahissante et sur son inhibition de la concentration en peptide lié au gène de la calcitonine plasmatique (CGRP) et en substance P (SP) [11] mais aussi son action non spécifique sur les algies [[83]].

La chronoacupuncture

Considérée comme une thérapeutique absconse car difficile d’accès [7,[84]], elle n’en est pas moins importante à connaître car améliore de façon très notable les résultats thérapeutiques. Quelques études de cas cliniques ont déjà démontré son intérêt [[85],[86]]. Chez les rates gravides en fin de grossesse, la stimulation des points clés fermés selon la méthode de linggui bafa (灵龟八法 : huit méthodes de la tortue magique), concernant l’utilisation des points-clés des huit Merveilleux Vaisseaux peut réduire davantage les contractions utérines que le traitement classique [[87]] ; tout comme elle donnera de meilleurs résultats chez l’être humain dans le traitement des gastrites chroniques superficielles [[88],[89]], en cas de dépression post-accident vasculaire cérébral [[90]] ou dans la prévention des arythmies cardiaques [[91]].

Le traitement acupunctural selon la théorie des ziwu liuzhu a permis aussi de montrer son bénéfice dans un ECR concernant le déficit fonctionnel et neurologique des maladies cérébrovasculaires ischémiques [[92]] mais aussi dans les ischémies myocardiques post accident vasculaire cérébral [[93]]. Dans un ECR (n=190), la sélection des points puncturés selon la méthode de najia de ziwu liuzhu qui propose de puncturer les points aussi en fonction des tables des Troncs Célestes, en plus de l’horaire, a permis d’améliorer de manière statistiquement significative (p<0,05) les scores de la déficience fonctionnelle neurologique, l’état de la capacité de vie totale, les indices rhéologiques sanguins et l’efficacité clinique globale chez les personnes ayant eu un AVC versus groupe AVC ayant bénéficié de l’acupuncture habituelle. Le traitement a été effectué ainsi durant la période de la Branche Terrestre chen (7h00-9h00) à la période si (9h00-11h00) [[94]].

La recherche concernant la chronoacupuncture se poursuit en Chine et en particulier sur la théorie des ziwu liuzhu [[95]]. Cependant, de plus en plus grâce aux progrès sur l’étude des rythmes circadiens, on s’aperçoit de la justesse des observations des sciences médicales chinoises. Ainsi le système de synchronisation circadien adapte la majeure partie de la physiologie et du comportement des êtres vivants au cycle lumière / obscurité des 24 heures. Cette coordination temporelle repose sur des horloges circadiennes endogènes présentes dans pratiquement tous les tissus et organes et impliquées dans la régulation de processus cellulaires clés tels que le métabolisme, le transport et la sécrétion [[96]]. Les conséquences d’une perturbation de ces cycles sont nombreuses pouvant déclencher diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, cancer, etc. [[97],[98]]. Mais plus intéressant et se rapprochant de la théorie des ziwu liuzhu est l’étude des possibilités de traitement selon ces rythmes. Ainsi une étude française toute récente objective que la lésion myocardique périopératoire lors d’un remplacement valvulaire aortique est orchestrée par l’horloge circadienne et en particulier le gène Rev-Erbα[10] [[99]] et que son antagonisme semble être une stratégie pharmacologique de cardioprotection. Et de ce fait, ils ont démontré dans une étude observationnelle prospective monocentrique de patients (n=596) présentant une sténose aortique sévère et une fraction d’éjection ventriculaire gauche préservée (>50%) qu’il était préférable de réaliser le remplacement chirurgical de la valve aortique l’après-midi plutôt que le matin. En effet, la libération de troponine T était significativement plus faible dans le groupe de l’après-midi que dans le groupe du matin (p=0,045) et que le récepteur nucléaire Rev-Erbα était en revanche plus élevé le matin. Ainsi la protection myocardique périopératoire est meilleure si la chirurgie est réalisée l’après-midi [[100]]. Cela correspond à la marée énergétique des branches Terrestres wu (Cœur) entre 11h et 13h et wei (Intestin Grêle) entre 13 et 15h, ce qui correspond en fonction de l’heure légale en hiver (1 h en avance par rapport à la course solaire) entre 12h et 16h et 13h-17h en été (2 heures en avance).

Conclusion

Au terme de cette synthèse réalisée à partir de deux cas cliniques, l’acupuncture quelle que soit la théorie de médecine chinoise appliquée (Méridiens, niveaux énergétiques des Grands Méridiens, points choisis selon des formules, différenciation des syndromes bianzheng) a fait la preuve de son efficacité selon les critères de la médecine factuelle fondée sur les preuves, autant versus acupuncture factice ou placebo que thérapeutique usuelle dans les migraines. Le rapport coût-efficacité qui analyse de façon comparative l’efficacité et les coûts de deux stratégies de santé, même s’il n’a pas été étudié en France est nettement favorable à l’acupuncture par rapport aux traitements médicamenteux dans certains pays, et cela sans effets indésirables tels qu’ils sont rapportés avec de nombreuses molécules thérapeutiques. Un plus est apporté par l’électroacupuncture et l’utilisation de la chronoacupuncture. On ne peut donc que recommander son utilisation autant dans les crises que dans le traitement de fond avec un grade A de preuve scientifique établie selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé française (HAS).

Notes


[1]. HAS. Niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique – État des lieux. 2013. [cité le 06/11/2017]. Available from URL : https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-06/etat_des_lieux_niveau_preuve_gradation.pdf.

[2]. AE : l’accord d’experts correspond, en l’absence de données scientifiques disponibles, à l’approbation d’au moins 80% des membres du groupe de travail.

[3]. Le traitement d’une attaque de xie dans les jingbie consiste à 1) punturer les deux points jing (ting) du couple yin-yang du côté opposé au jingbie atteint ; 2) punturer bilatéralement les points shu (yu) du couple des jingbie yin et yang ; 3) punturer le point de tonification du jingbie atteint ainsi que celui du méridien couplé ; 4) disperser les points « ashi » au niveau de la zone douloureuse ; 5) punturer les points de jonction (ou d’union) ; 6) piquer le point « cent réunions » : 20VG (baihui).

[4]. La théorie des points saisonniers, une des théories de la chronoacupuncture, permet de déterminer des points de tonification et de dispersion en fonction de la saison. En effet, les points de tonification et de dispersion habituellement utilisés ne le sont qu’en fonction de leur mouvement et sont en relation directe avec le point Racine (Penn ou ben). De ce fait, ces points ne sont réellement efficaces que dans leur mouvement. La méthode permettant de les trouver ne se préoccupe pas de la saison. Intérêt donc de la théorie des points saisonniers qui montre que l’activité énergétique des points varie selon la saison au cours de laquelle le patient est traité.

[5]. La théorie des ziwu liuzhu concerne la circulation du qi et du xue dans les méridiens à des heures précises du jour et de la nuit. Cela consistera, en fonction de chaque heure définie par une Branche Terrestre qui se trouve en corrélation avec un Méridien principal à tonifier son organe en vide ou à disperser son organe en plénitude en piquant le point horaire concerné. On utilise la Branche Terrestre de l’heure ou de l’heure couplée selon la méthode « midi-minuit », par exemple le Méridien de Foie est en plénitude entre 1 et 3h solaire, d’où son point tonifiant horaire sera le xingjian 2F et son point dispersant horaire sera le ququan 8F. La théorie des ziwu liuzhu, la théorie des points saisonniers, la méthode de linggui bafa (灵龟八法 huit méthodes de la tortue magique) qui concerne l’utilisation des points-clés des huit Merveilleux Vaisseaux), ainsi que celle basée sur le jia (méthode des points dits ouverts ») sont les quatre règles thérapeutiques essentielles de la chronoacupuncture. On tiendra compte de l’heure d’été ou d’hiver. L’heure d’été est en avance de deux heures par rapport à l’heure solaire; l’heure d’hiver l’est d’une seule. Et on remplacera les points de tonification ou de dispersion ayant une action horaire nulle par les points mu (tonifiant) ou les points beishu du dos (dispersant).

[6]. Un endocannabinoïde est une molécule endogène capable de se lier à un récepteur cannabinoïde et d’activer les voies de transduction du signal auxquelles est couplé le récepteur. Le système endocannabinoïde (EC) comprend deux récepteurs principaux : les récepteurs de type 1 cannabinoïdes CB1 qui se distribuent au niveau du système nerveux central (SNC : hippocampe, système limbique, cortex et hypothalamus) et en périphérie (testicule, utérus, système immunitaire, intestin, vessie, etc.) ; et le récepteur aux cannabinoïdes de type 2 (CB2) présent principalement dans le système immunitaire et dans une moindre mesure au niveau du SNC. Au niveau spinal, les endocannabinoïdes sont efficaces pour inhiber la transmission des fibres nociceptives de petit diamètre, et ils diminueraient la libération de neurotransmetteurs tels que la substance P ou le peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP), responsables de la transmission de la douleur. Enfin, au niveau périphérique, les récepteurs CB1 et CB2 jouent un rôle synergique d’inhibition des stimuli nociceptifs.

[7]. Certains auteurs ont suggéré de ce fait que les interventions avec acupuncture factice avaient des effets plus grands que les placebos qu’ils soient pharmacologiques ou physiques Ainsi l’acupuncture feinte sur des non-points, surtout appliquée sur le même dermatome, ne semble pas réellement inerte et ne peut être considérée comme placebo car fait intervenir le système limbique.

[8]. Notons qu’il existe une hétérogénéité dans la cohérence des résultats de la méta-analyse objectivé par le test I² de Higgins I²= 57%, (une valeur I² <25% indique une hétérogénéité faible, des valeurs comprises entre 25% et 50% une hétérogénéité modérée et une valeur >50%, une hétérogénéité importante). Le test χ² objective une hétérogénéité pas tout à fait significative car P=0,07 ; serait significative si P<0,05 ; d’où les preuves de qualité modérée, malgré une différence significative (p<0,00001).

[9]. Les jingjin sont encore appelés méridiens tendino-musculaires ou « Muscles des Méridiens » ou « Zone tendino-musculaire des méridiens ».

[10]. Les récepteurs nucléaires sont des récepteurs biochimiques, protéines actives dans le noyau des cellules qui peuvent transmettent à celles-ci des signaux hormonaux spécifiques conduisant à la modulation de l’expression de gènes cibles. Ainsi Rev-Erbα est exprimé dans certains types cellulaires du système immunitaire tels que les macrophages, ainsi que dans différents types cellulaires de la paroi vasculaire. Rev-Erbα joue également un rôle au niveau inflammatoire et dans le métabolisme des lipoprotéines riche en triglycérides, facteur de risque dans le développement de l’athérosclérose.


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Stéphan JM. Prévention des migraines par traitement des jingbie (經別), électroacupuncture et chronoacupuncture : étude synthétique à propos d’un cas clinique. 23e congrès de la FA.FOR.MEC : Rouen 27 novembre 2021 (article PDF).

Stéphan JM. Prévention des migraines par traitement des jingbie (經別), électroacupuncture et chronoacupuncture : étude synthétique à propos d’un cas clinique. 23e congrès de la FA.FOR.MEC : Rouen 27 novembre 2021 (Powerpoint).

À propos d’une paralysie de Bell : efficacité de l’acupuncture et de l’électroacupuncture : étude synthétique

Cloche du temple Bindhyabasini – Pokhara – Népal
Cloche du temple Bindhyabasini – Pokhara – Népal

Résumé : Introduction. La paralysie du nerf facial (VIIe nerf crânien) est souvent idiopathique (anciennement appelée paralysie de Bell ou a frigore). C’est une paralysie soudaine, unilatérale et périphérique du nerf facial. Les symptômes de paralysie du nerf facial sont une paralysie hémifaciale touchant la partie haute et basse du visage. Le traitement consiste en l’instauration précoce et urgente d’une corticothérapie orale (1 mg/kg par jour pendant 10 jours) et la protection de l’oeil.  L’acupuncture et l’électroacupuncture (EA) peuvent-elles avoir leur place dans la thérapeutique classique ?  Méthodes. A partir d’un cas clinique d’un homme de 32 ans, un protocole a été choisi (quatre séances réparties sur 15 jours) selon les données de la médecine chinoise afin d’éliminer le Vent-Froid sur les méridiens du yangming et du shaoyang., mais aussi selon les données de l’acupuncture fondée sur les preuves. La plupart des points appliqués font partie des points les plus utilisés dans les essais comparatifs randomisés (ECR) : 14VB (yangbai), 4E (dicang), 6E (jiache), 17TR (yifeng), 20GI (yingxiang), 18IG (quanliao), 23TR (sizhukong), 4GI (hegu), dont certains stimulés par EA à la fréquence 2Hz (durée d’impulsion 180µs). Résultats. L’acupuncture et EA ont amélioré la qualité de la vie avec guérison rapide de la paralysie. L’acupuncture couplée à l’EA doivent être intégrées au panel de soins usuel dans le cadre de la médecine intégrative et est une alternative intéressante et efficace aux traitements allopathiques classiques. Mots clés : Paralysie faciale – acupuncture – électroacupuncture – yangming – shaoyang.

About Bell’s palsy: effectiveness of acupuncture and electroacupuncture: a synthetic study.

Summary: Introduction. Paralysis of the facial nerve (7th cranial nerve) is often idiopathic (formerly called Bell’s palsy or a frigore). It is a sudden, unilateral, peripheral paralysis of the facial nerve. The symptoms of facial nerve palsy are hemifacial paralysis affecting the upper and lower part of the face. Treatment consists of early and urgent initiation of oral corticosteroids (1 mg/kg daily for 10 days) and protection of the eye.  Can acupuncture and electroacupuncture (EA) have a place in conventional therapy?  Methods. Based on a clinical case of a 32-year-old man, a protocol was chosen (four sessions over 15 days) according to the data of Chinese medicine to eliminate Wind-Cold on the yangming and shaoyang meridians, but also according to the data of evidence-based acupuncture. Most of the points applied are among the most commonly used points in RCTs: GB14 (yangbai), ST4 (dicang), ST6 (jiache), SJ17 (yifeng), LI20 (yingxiang), SI18 (quanliao), SJ23 (sizhukong), LI4 (hegu), some of which were stimulated by EA at the frequency 2Hz (pulse duration 180µs). Results. Acupuncture and EA improved quality of life with rapid recovery from paralysis. Acupuncture coupled with EA should be integrated into the usual care panel within the framework of integrative medicine and is an interesting and effective alternative to classical allopathic treatments. Keywords: Bell’s palsy – acupuncture – electroacupuncture – yangming – shaoyang

Dénominations

Médecine occidentale

Le nerf facial (VIIe paire des nerfs crâniens) innerve tous les muscles de la face. La paralysie faciale idiopathique dite a frigore ou paralysie de Bell, qui est la plus fréquente des paralysies faciales correspond à la perte complète et unilatérale de la motricité du nerf facial. Elle touche tous les muscles, à la fois la partie supérieure et inférieure du visage. On observe l’effacement du pli nasogénien, la chute de la commissure labiale, l’attraction de la bouche du côté sain lors du sourire, une fermeture incomplète de l’œil et un effacement des rides du front.

Le mécanisme de cette paralysie est probablement en rapport avec une neuropathie œdémateuse du nerf facial secondaire soit à un processus inflammatoire, soit une atteinte virale. Par ordre de fréquence, on retrouverait le virus herpes simplex, l’herpès zoster, le virus coxsackie, le cytomégalovirus, l’adénovirus et le virus d’Epstein-Barr, etc. la maladie de Lyme, la sarcoïdose ou même le diabète de type 2 peuvent également engendrer une parésie.

La paralysie périphérique du nerf facial idiopathique est généralement favorable avec récupération complète en moins de deux mois. Néanmoins dans 5 à 10%, l’importance des lésions nerveuses engendre une récupération lente et incomplète avec séquelles, comme la persistance du déficit ou un hémispasme facial. Les études de conduction nerveuse et l’électromyographie peuvent aider à prédire l’évolution. En effet, la probabilité de récupération complète après une paralysie totale est de 90% si les branches faciales du nerf conservent une excitabilité normale à la stimulation électrique mais ne sera que d’environ 20% si l’excitabilité électrique est nulle.

Le traitement consiste en l’instauration précoce et urgente d’une corticothérapie orale (1 mg/kg par jour pendant 10 jours). On prévient également les complications oculaires par le dépistage d’une éventuelle kératite. Il est de ce fait prescrit des larmes artificielles et un pansement occlusif la nuit. En ce qui concerne les possibles spasmes hémifaciaux, il est souvent proposé un traitement local par injection de toxine botulique [[1]].

Médecine chinoise

En médecine chinoise (zhongyi), la paralysie faciale est « paralysie du visage » (miantan). On retrouve encore les expressions « déviation de la bouche par le Vent » (waizuifeng) et « déviation de la bouche et de l’œil » (kouyanwaixie). Les dynasties passées attribuaient cette paralysie au Vent (feng). Le qi décrit les substances vitales constitutives du corps humain et des fonctions physiologiques des Organes (zangfu) et des canaux (jingluo) principaux et collatéraux. Il maintient les activités vitales et constitue le reflet de la résistance du corps humain. Une déficience du qi correct (zhengqi) permet l’invasion par le Vent pathogène exogène (waifeng).

Cadre clinique (zheng)

Attaque de Vent-Froid (hanfeng) sur les méridiens tendino-musculaires (jingjin) du shaoyang et du yangming.

Physiologie et physiopathologie

Le méridien du shaoyang est riche en qi, celui du yangming en Sang et en qi (Lingshu, 65 et 78). Ces deux méridiens parcourent la face et alimentent ses muscles, ce qui leur permet de lutter contre les pervers externes.

Quand l’Énergie correcte (zhengqi) est insuffisante, les couli (interstices entre la peau et les muscles) ne sont pas fermés. L’attaque du Vent-Froid sur les méridiens du shaoyang et du yangming, à la face, pénètre dans les luo. Cette attaque bloque la circulation du Sang et du qi. Elle provoque la paralysie musculaire accompagnée de la déviation de la bouche. Certains auteurs attribuent l’atteinte aux jingjin (méridiens tendino-musculaires) [[2]].

Sémiologie

Symptômes

C’est une maladie unilatérale survenant brusquement au réveil, à tout âge, mais le plus souvent chez l’adulte jeune de 20 à 40 ans. Elle peut être précédée d’une douleur rétro-auriculaire (mastoïdienne) intense.

Elle se manifeste par une paralysie, un engourdissement et une raideur unilatérale du visage sans déficit sensitif. Elle s’accompagne d’une déviation de la bouche vers le côté non atteint avec affaissement du coin de la bouche et effacement des plis et des rides cutanées.

Comme tous les muscles de la face sont paralysés, il y a impossibilité de : plisser le front qui devient lisse, froncer les sourcils, ascensionner les pommettes, montrer les dents, fermer l’œil car la paupière inférieure est abaissée. Des larmes peuvent s’écouler sur la joue par non-fermeture de l’orifice lacrymal. La salive peut sourdre du coin de la bouche et les aliments stagner dans les dents.

Pouls

Le pouls est fu (superficiel) d’atteinte externe et jin (serré) de Froid ou chi (lent) de Froid.

Langue

Enduit est mince et blanc de Froid.

Traitement

Généralités

La liste des points n’est pas exhaustive. Les points sont classés par méridiens et par zones.

On choisit tous ou certains points d’un méridien et d’une zone.

Règles thérapeutiques

Dans ce cas, il faut éliminer le Vent-Froid pour permettre l’activation de la circulation du qi et du Sang dans les luo. La dispersion systématique doit être superficielle. Prendre, de préférence quotidiennement, les points proches et éloignés du foyer de la maladie sur les méridiens du yangming et du shaoyang.

L’électroacupuncture trouve toute sa place dans la paralysie faciale comme nous le verrons dans ce cas clinique. Il est possible de traiter aussi selon la technique des méridiens tendino-musculaires (jingjin) du shaoyang et du yangming [[3]].

Points

Points locaux

Méridien du zuyangming : chongqi 1E, sibai 2E, juliao 3E, dicang 4E, jiache 6E, xiaguan 7E.

Méridien du shaoyang : sizhukong 23TR, tongziliao 1VB, yangbai 14VB.

Autre point proche : quanliao 18IG, réunion avec le zuyangming.

Points à distance

Fengchi 20VB (point étang = chi, du Vent = feng)hegu 4GI (Source (yuan) polyvalent – Lingshu, 1 – du Gros Intestin du yangming riche en Sang et en qi, chasse ainsi tout pervers ; fait partie des quatre points maîtres (sizongxue) ; il agit sur la face et la bouche : éliminent le Vent-Froid externe en dispersion et réchauffement.

Points spécifiques

Atteinte du front et des sourcils (non-froncement) : zanzhu 2V, sizhukong 23TR, yangbai 14VB.

Atteinte de l’œil (non-fermeture) : jingming 1V, zanzhu 2V, tongziliao 1VB, sizhukong 23TR, yintang, point hors méridien (PEM) situé entre les sourcils, taiyang (PEM situé à un cun en arrière du milieu de la ligne joignant le cantus externe à la queue du sourcil), yuyao (PEM situé au milieu du sourcil).

Atteinte du nez (non-mobilité) : yingxiang 20GI.

Atteinte de la bouche (déviation) : dicang 4E, renzhong 26VG (réunion avec les méridiens du Gros Intestin et de l’Estomac, en cas d’atteinte de la lèvre supérieure), chengjiang 24VC (réunion avec le méridien de l’Estomac, en cas d’atteinte de la lèvre inférieure).

Atteinte de la joue (difficulté à montrer les dents) : juliao 3E, quanliao 18IG (réunion avec le yangming).

Douleur de la mastoïde : yifeng 17TR, huizong 7TR (xi-accumulation du Sang et du qi du méridien du Triple Réchauffeur qui passe par l’arrière de l’oreille, actif dans les cas aigus et urgents).

Cas particuliers

En cas d’atteinte chronique faire des moxas sur les points de la face selon la localisation de l’atteinte.

En cas de Vide de zhengqi, faire des moxas sur zusanli 36E.

Après le retrait des aiguilles, appliquer des ventouses sur quelques points locaux

Femme devant cloche du temple Bindhyabasini – Pokhara – Népal
Femme devant cloche du temple Bindhyabasini – Pokhara – Népal

Présentation du cas clinique

Monsieur O, 32 ans, vient de Bakou en Azerbaïdjan. Enseignant en Mathématiques, il est arrivé en France 8 jours avant le début du confinement. Il rédige une thèse en Mathématiques Appliquées pendant 3 ans, thèse financée par un groupe pétrolier pour former des ingénieurs de retour dans son pays.

Il est sportif et pratique la plongée dans son pays, ce qui lui vaut des problèmes ORL à répétition. Il mesure 178cm et pèse 80kg.

Il boit du lait qu’il adore et mange très épicé. Il a arrêté de lui- même le jeûne, en pleine période de ramadan.

Monsieur O travaille beaucoup, vit seul et loin de sa famille.

Le 14/05/2020, après s’être lavé les cheveux, il se remet à son bureau, dos à la fenêtre, un vent froid et sec finit de sécher ses cheveux.

Le lendemain matin il se réveille et constate que toute l’hémiface droite est paralysée. Affolé il consulte un médecin des urgences qui diagnostique une paralysie de Bell et prescrit des corticoïdes et des gouttes pour hydrater sa cornée.

Monsieur O consulte le 22/05/2020.

À son arrivée la paralysie n’a pas régressé selon lui, depuis 7 jours, malgré le traitement par corticoïdes à raison de 1 mg/kg pendant 10 jours. Il est très inquiet, la TA est à 14/11, pouls à 113, il a couru pour être à l’heure à son rendez-vous. L’examen cardiopulmonaire est normal, les ROT sont vifs.

La langue est fissurée (il me parle de son enfance vécue comme angoissante en période de guerre.), avec un enduit jaune reflet de glaires avec chaleur. La langue est déviée vers la gauche, l’œil droit est sec et ne se ferme pas, il ne présente pas de douleur particulière, il décrit une insensibilité de l’intérieur de la bouche à droite.

Le pouls est superficiel et serré.

Les points suivants sont poncturés : 3F (taichong) et 5TR (waiguan) pour calmer le Vent (feng), 4GI (hegu) pour son action sur la face et 36E (zusanli) pour son action d’harmonisation globale sur tous les méridiens, 24VC (chengjiang), yintang.

À droite 12VB (wangu), 14VB (yangbai), 3E (juliao), 4E (dicang), 1VB (tongziliao), 18IG (quanliao) 17TR (yifeng).

Électroacupuncture (EA) : 14VC (juque), 15VC (jiuwei) (15Hz – durée d’impulsion 200µs) pour calmer son anxiété accrue par l’éloignement et une communication qui se fait en anglais seulement). L’EA est appliquée en utilisant un appareil stimulateur AS super 4 schwa-medico©.

Le 26/05/2020 l’œil se ferme quasiment, monsieur O est beaucoup plus détendu, le sourire s’améliore, il sent mieux l’intérieur de la joue, la langue est encore déviée à gauche.

Les points de la séance précédente sont puncturés, on rajoute 26VG (renzhong) pour son action harmonisante sur le yin et le yang.

Il est choisi de ne pas faire d’EA sur le visage car la progression est nette entre la première et deuxième consultation.

Monsieur O est enthousiaste et semble nettement moins inquiet. La TA 12/8 pouls à 80.

Le 28/05/2020, très nette amélioration du sourire et quasi-fermeture de l’œil, le sourcil droit ne peut encore être haussé. Les points de la séance précédente sont poncturés.

Le 03/06/2020 tout va nettement mieux avec une légère progression des plis du front à droite. Les points de la séance précédente sont puncturés auxquels on ajoute à droite de l’EA à la basse fréquence de 2Hz (durée d’impulsion 180µs)[1] sur 4GI (hegu), 20GI (yingxiang), 1VB (tongziliao) 14VB (yangbai).

Monsieur O me rappelle en skype® 7 jours après et tout est redevenu normal.

Discussion

Etudes expérimentales

 Ce cas clinique ne fait que conforter l’intérêt de l’acupuncture et EA dans la paralysie faciale. Déjà en acupuncture expérimentale, on a objectivé chez un modèle de rat ayant une paralysie cérébrale spastique que l’acupuncture réduit de manière statistiquement significative les facteurs inflammatoires au niveau cérébral comme le facteur-α de nécrose tumorale (TNF-α), l’interleukine-6 (IL-6), la protéine C réactive (CRP) et la synthase d’oxyde nitrique (NOS) [[4]]. L’acupuncture pourrait également exercer des effets neuroprotecteurs par inhibition de l’apoptose cellulaire en augmentant les facteurs de croissance, tels le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF – brain-derived neurotrophic factor) et le facteur neurotrophique dérivé des cellules gliales (GDNF – Glial Derived Neurotrophic Factor), comme cela a été montré par exemple sur les dommages cérébraux induits par l’hypoxie-ischémie chez les rats néonataux [[5]] ou sur l’anosmie [[6]]. Les effets neuroprotecteurs de l’acupuncture dans de nombreux troubles neurologiques commencent à être bien étudiés. Il s’avère que ces effets neuroprotecteurs peuvent être liés à des changements dans les voies de signalisation, mais aussi par la participation de la famille des protéines de neurotrophine (NT), en particulier le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) [[7]] (figure 1).

Figure 1. L’acupuncture peut augmenter l’expression du BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau) par les voies de signalisation PI3K/Akt (Phosphatidylinositol-4,5 bisphosphate 3-kinase) et MEK/ERK1/2 en activant le récepteur de tropomyosin kinase B (TrkB), un récepteur catalytique d’affinité élevée pour plusieurs neurotrophines qui induisent l’activation de la voie de signalisation de survie. Ceci mène finalement à la phosphorylation et à l’activation du facteur de transcription CREB (protéine ubiquitaire agissant comme un facteur de transcription liant l’AMPc, protéine essentielle de la régulation de l’expression des gènes) qui médie la transcription de l’expression de gène de BDNF menant à la neuroprotection. Les auteurs de l’article [7] émettent l’hypothèse que la cyclophiline A (CypA) joue un rôle important dans l’activation du BDNF. Au contraire, le BDNF peut également être un facteur important en amont dans la régulation de l’expression de CypA pendant le traitement d’acupuncture. Ainsi, le mécanisme exact entre l’effet de l’acupuncture et l’expression de CypA est encore inconnu. Le Cyclophiline A (CypA) est une protéine appartenant à la famille des cyclophilines ayant une activité enzymatique de Peptidyl prolyl isomérase. Son gène est le PPIA situé sur le chromosome 7 humain. (figure extraite de [7]).

 Ainsi sur modèle expérimental de section de moelle chez le rat, il a été démontré qu’outre cette neuroprotection avec réduction de l’œdème, l’EA agit également sur la réduction des cicatrices gliales, la régénération axonale, l’action antalgique et l’action antistress selon les fréquences utilisées et le stade de la maladie [[8]].

Par exemple, il s’avère que l’EA à la fréquence alternée 3/60 Hz appliquée sur les points TR17 (yifeng), 4GI (hegu), E4 (dicang), E6 (jiache) sur le côté affecté pendant 30 min, respectivement, une fois par jour pendant 3 semaines chez un modèle au stade aigu de lésion du nerf facial du lapin peut jouer un effet positif sur la réparation des cellules nerveuses et des cellules de Schwann du nerf facial.  Cependant, l’intervention continue de trois semaines d’EA (3/60Hz) aggraverait les dommages du nerf facial [[9]]. De même, un prétraitement d’EA (2/100 Hz – durée d’impulsion respectivement 600µs/200µs) peut susciter la neuroprotection sur un modèle induit de lésion cérébrale ischémique chez les rats. Ce serait en rapport avec l’inhibition de la voie p38MAPK qui intervient dans la réponse inflammatoire via la suppression de l’expression du TRPV1 (Transient Receptor Potential Vallinoid 1), d’où contrôle des lésions oxydatives et diminution des cytokines inflammatoires [[10],[11]].

En revanche, sur un modèle de lésion médullaire installée chez les souris, l’EA à fréquence basse alternée 1,5/7,5 Hz) permet d’améliorer considérablement la fonction locomotrice chez ces souris. Cela serait associé aussi à une réduction de l’inflammation, des réactions de stress oxydatif et de la prolifération réactive des astrocytes par régulation de l’expression de l’apolipoprotéine E, de la voie antioxydante ERK1/2 (phosphorylated extracellular regulatory protein kinase – p-ERK1/2), et en inhibant aussi l’expression de l’interleukine inflammatoire IL-1β et du facteur transcriptionnel NF-kB (joue un rôle aussi dans l’inflammation) [[12]]. De même, la fréquence basse à 5 Hz (largeur d’impulsion 150µs) sur 20VG (baihui) et 14VG (dazhui) sur un modèle de rat soumis à une ischémie par occlusion d’une artère cérébrale permet une augmentation du facteur neurotrophique le BDNF médiée par une régulation de la signalisation de la voie Raf-1/MEK1/2/ERK1/2/p90RSK [[13]], ou par l’activation du facteur de transcription CREB à la fréquence basse alternée 5/20 Hz (25,5ms/15ms de durée d’impulsion) [[14]].

 L’EA serait-elle supérieure à l’acupuncture manuelle ?

Cela a été étudié également en analysant toujours sur un modèle de lapin avec paralysie faciale. L’étude de l’ultrastructure des cellules de Schwann du nerf facial, celle de la gaine de myéline et des mitochondries a permis d’explorer le mécanisme sous-jacent à l’amélioration de la paralysie faciale. Ainsi sur cette étude expérimentale de 50 lapins néo-zélandais répartis au hasard en quatre groupes (n=10 dans chaque groupe) avec un groupe témoin, groupe EA, groupe AM et 2 groupes placebo. La stimulation manuelle des aiguilles ou EA (20 Hz) a été appliquée sur E4 (dicang), E7 (xiaguan), taiyang (EX-HN 5) et VB14 yangbai sur le côté lésé pendant 4 semaines, 30 minutes chaque jour. Par rapport au groupe normal sans atteinte faciale, les scores de mouvement du nerf facial, les changements morphologiques ultrastructuraux et le nombre d’axones par unité nerveuse, l’épaisseur de la gaine de myéline et de l’axone s’étaient aggravés dans le groupe modèle atteint de paralysie (p<0,05). Après traitement, tous ces scores étaient améliorés dans les deux groupes de traitement versus ceux du groupe modèle (p<0,05). Cependant les auteurs notaient que l’EA améliorait davantage et ce, de manière statistiquement significative par rapport à l’acupuncture manuelle (p<0,05). En conclusion, dans le traitement des lésions nerveuses faciales, l’EA à 20Hz peut favoriser la prolifération mitochondriale au niveau de l’axone, la récupération de gaine de myéline et la régénération axonale plus efficacement que l’acupuncture manuelle [[15]].

De ce fait, on peut penser que la fréquence de l’EA est aussi un facteur important à connaitre. Ainsi en phase aiguë, l’alternance basses et hautes fréquences (3/60Hz [9] ou 2/100hz [10]) semble la plus efficace, sans doute par action sur les facteurs inflammatoires, néanmoins, dès que la lésion est installée (au bout de sept jours), il semble bien que les fréquences basses soient les mieux adaptées à la guérison. Cependant les ECR proposent d’utiliser quel que soit la période, une stimulation par fréquence basse.

Essais comparatifs randomisés (ECR) et méta-analyses

En effet, s’il on en croit ce protocole d’un ECR qui prévoyait de recruter 132 patients présentant la paralysie de Bell (grades III et IV selon le score de House-Brackmann, score d’évaluation du degré de lésion nerveuse dans une paralysie du nerf facial), les patients devaient être puncturés avec recherche du deqi autant au stade aigu que lors de la récupération de la paralysie par les points 2V (cuanzhu), 14VB (yangbai), 23TR (sizhukong), qianzheng, 20GI (yingxiang), 18IG (quanliao), 4E (dicang), 4GI (hegu) et 3F (taichong) avec aiguilles laissées en place pendant 20 minutes, tous les 2 jours ; et l’EA était appliquée à fréquence basse à 2Hz sur 14VB, 23TR, 18IG, 20GI et 4E [[16]].

Concernant les ECR et méta-analyses, ils sont nombreux. La base de données Medline Pubmed[2] référence quatre-vingt-quatre ECR et méta-analyses depuis vingt-un ans. La base de données française Acudoc2.com[3], quant à elle, référence 1050 études concernant la paralysie faciale. Notons que cette grande différence résulte du fait qu’Acudoc2 intègre toutes les études qu’elles soient comparatives ou pas et dans toutes les langues y compris en langues asiatiques bien souvent oubliées dans Pubmed.

De ce fait, on privilégiera l’analyse de méta-analyses des dix dernières années pour s’assurer de l’intérêt de l’acupuncture et techniques associées.

Ainsi en 2011, Teixeira et coll. dans une méta-analyse de la Cochrane a évalué les thérapies physiques dans la paralysie faciale idiopathique. Ils ont cherché des essais comparatifs randomisés ou quasi randomisés jusqu’en février 2011. Douze études répondaient aux critères d’inclusion (872 participants) dont quatre ECR concernant l’EA (n=313) et cinq (n=360) comparant kinésithérapie versus acupuncture. Malheureusement les auteurs concluaient qu’il n’y avait aucune preuve de haute qualité pour soutenir l’avantage significatif de n’importe quelle thérapie physique dans le traitement de la paralysie faciale idiopathique [[17]].

Kim et coll. en 2012 ont trouvé huit ECR répondant aux critères d’inclusion sur les 3 474 essais cliniques découverts sans restriction linguistique, mais seuls quatre ECR ont été analysés dans une méta-analyse : acupuncture versus traitement usuel. Il a été montré des améliorations significatives dans le groupe d’acupuncture (n=463, risque relatif (RR)=1,07 ; IC95% : 1,02 à 1,13 ; p=0,006 ; I²=0%). Six ECR ont testé les effets de l’acupuncture ainsi que le traitement usuel par rapport au traitement usuel seul. La méta-analyse de cet ensemble d’ECR objective les effets favorables de l’acupuncture sur le taux de réponse de la maladie (n=512, RR=1,11 ; IC95% : 1,05 à 1,17 ; p=0,001 ; I²=13%). Cependant, les preuves à l’appui de l’efficacité de l’acupuncture étaient limitées car le nombre et la qualité des essais étaient trop faibles pour donner des conclusions rigoureuses. D’où les auteurs souhaitaient que d’autres ECR avec une méthodologie rigoureuse soient menés [[18]].

En 2015, Li et coll ont inclus quatorze ECR (n=1541) dans un autre méta-analyse. Là encore, l’acupuncture semblait être, selon les auteurs, une thérapie efficace, compte tenu de l’efficacité statistiquement retrouvée sur l’amélioration de la paralysie (RR=1,14 ; intervalle de confiance à 95 % : 1,04-1,25 ; p=0,005) mais il y avait une hétérogénéité assez importante entre les études (I²= 87%). L’évaluation des ECR indiquait également un risque élevé de biais lié à la qualité méthodologique [[19]].

C’est avec Dimitrova et coll. que l’on constate une efficacité davantage probante de l’acupuncture et techniques associées (EA, moxibustion) dans les neuropathies périphériques, en particulier la paralysie de Bell. Ils constatent une amélioration des symptômes par acupuncture et/ou EA en ce qui concerne la paralysie de Bell, mais aussi de la neuropathie diabétique. Ainsi dans six ECR (n=680), les symptômes neuropathiques étaient significativement améliorés dans la neuropathie diabétique et la paralysie de Bell (OR à modèle d’effets aléatoires = 4,23 ; IC 95% : 2,3-7,8 ; p< 0,001). Le souci cependant est que les auteurs amalgamaient quatre ECR concernant la neuropathie diabétique douloureuse avec deux ECR sur la paralysie faciale, d’où l’hétérogénéité de cette méta-analyse [[20]].

Deux ans plus tard en 2019, la revue systématique et méta-analyse de Zhang et coll. analysaient onze ECR (n=1288). Ils objectivaient aussi que le traitement par acupuncture était associé à une augmentation du taux de guérison (RR=1,77 ; intervalle de confiance à 95% : 1,41-2,21) mais encore une fois avec une hétérogénéité significative des résultats combinés (I²=67%, p=0,0008). Il y avait une différence significative entre le taux d’efficacité total de l’acupuncture qui était supérieur à celui du traitement médicamenteux (RR=1,18 ; IC à 95% : 1,07-1,31), mais toujours avec une hétérogénéité substantielle (I²=90%, p<0,001). Les effets indésirables n’ont pas été suffisamment analysés. Cependant les auteurs considéraient que l’acupuncture était associée à une augmentation du taux de guérison par rapport aux médicaments. Mais toujours les résultats devaient être interprétés avec prudence, en raison de la mauvaise qualité et de l’hétérogénéité des études incluses [[21]].

En 2020, la méta-analyse de Wang et coll. portant sur vingt-trois ECR (n=1985) objectivait que l’EA était meilleure que l’acupuncture manuelle (RR=1,16 ; IC à 95% : 1,11-1,22), meilleure également dans la récupération faciale (SMD=2,26 ; IC à 95% : 0,15-4.37). De même, combinée à d’autres traitements, l’EA améliore leur efficacité (RR=1,19 ; IC à 95% : 1,12-1,28). Les auteurs concluent que l’EA est supérieure en efficacité à l’acupuncture manuelle (AM). Mais versus AM, ils ne trouvent pas de différence d’efficacité entre EA basse fréquence (ex. 2Hz), alternance haute/basse fréquence (ex. 2/100Hz) ou haute fréquence (100Hz) car il n’a pas assez de comparaison réalisée entre ces différentes fréquences. Toutefois, du fait de la faible qualité méthodologique des ECR, les données probantes de cette méta-analyse était très modérées [[22]].

 Choix des points d’acupuncture et de la fréquence utilisée

L’analyse de tous ces études expérimentales, ECR et méta-analyses permettent de constater que les points les plus utilisés du côté affecté sont 14VB (yangbai), 4E (dicang), 6E (jiache), 17TR (yifeng), 20GI (yingxiang), 18IG (quanliao), 23TR (sizhukong), 4GI (hegu), etc. On préconisera une EA à une fréquence basse entre 2 et 40 Hz avec une durée d’impulsion de 200µs, quel que soit le stade de l’évolution de la paralysie. Néanmoins, au stade très précoce, avant le 7e jour de l’évolution de la paralysie faciale, il est licite d’utiliser une alternance de fréquence 2/100 Hz (300µs) qui pourrait assurer une neuroprotection en limitant l’inflammation.

Conclusion

Cette observation met en lumière l’intérêt de l’acupuncture et de l’électroacupuncture dans le traitement de la paralysie faciale. La paralysie faciale engendre toujours une grande détresse chez les sujets atteints ; l’acupuncture et techniques associées permettent un apaisement psychologique rapide avec une récupération rapide d’un fonctionnement musculaire normal du visage. Et malgré les preuves limitées de l’efficacité de l’acupuncture, les méta-analyses vont dans ce sens, même si nous sommes toujours en attente d’un essai comparatif randomisé de haute qualité méthodologique et de grande puissance. Il est à noter cependant que deux méta-analyses ont objectivé la preuve de l’efficacité de l’acupuncture et/ou de la moxibustion, mais hélas toutes deux en langue chinoise non traduite, d’où la difficulté de les analyser [[23],[24]].

Points forts

L’EA : effet anti-inflammatoire au stade précoce de la paralysie faciale (avant le 8e jour)
Protocole de points : 2/100 Hz (300µs)

L’EA : effet neuroprotecteur
Protocole de points : 2Hz (200µs) sur 14VB (yangbai), 20GI (yingxiang), 23TR (sizhukong), 4GI (hegu), 18IG (quanliao), 4E (dicang).

Autres points à utiliser :  selon la technique des méridiens tendino-musculaires (jingjin)


Notes 

[1]. Cela correspond à 1,8Hz avec une durée d’impulsion 200µs

[2]. National Library of Medicine. Pubmed.gov. [Consulté le 15/05/2021]. Disponible à l’URL : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=%28facial+paralysis+OR+bell%27s+palsy%29+AND+%28electroacupuncture+OR+acupuncture%29+NOT+neuropathy&filter=pubt.meta-analysis&filter=pubt.randomizedcontrolledtrial&filter=dates.2001%2F1%2F1-2021%2F5%2F15

[3]. Acudoc2.com est une base de données bibliographiques en acupuncture et sciences médicales chinoises. [Consulté le 15/05/2021]. Disponible à l’URL: http://www.acudoc2.com/.

Cloches – Cathédrale Sainte-Anastasie -Zadar – Croatie
Cloches – Cathédrale Sainte-Anastasie -Zadar – Croatie

 Références

[1]. Collège des Enseignants de Neurologie. Paralysie faciale. [Consulté le 15/05/2021]. Disponible à l’URL : https://www.cen-neurologie.fr/deuxieme-cycle/paralysie-faciale.

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[3]. Stéphan JM. Les jingjin, Méridiens Tendino-Musculaires ou Muscles des Méridiens. Acupuncture & Moxibustion. 2007;6(2):177-182.

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