Intérêt du traitement du jingjin du shouyangming dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Château des Comtes - Gravensteen (1180) - Gand - Belgique
Château des Comtes – Gravensteen (1180) – Gand – Belgique

Résumé. Introduction. La pathologie de la coiffe des rotateurs de l’épaule qui engendre de nombreuses tendinopathies dégénératives est fréquente et intéresse principalement le supra-épineux encore appelé le sus-épineux. Le traitement repose sur la réduction des contraintes, les antalgiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens. En cas de douleurs persistantes, on peut ajouter les infiltrations cortisoniques et la rééducation. Cela peut aboutir en cas d’échec au traitement de deuxième intention qui consiste dans moins de 10% des cas à une chirurgie réparatrice des éventuelles ruptures. Quel peut être alors l’intérêt d’utiliser l’acupuncture et techniques associées (électroacupuncture et moxibustion) dans cette tendinopathie ?

Méthodes. A partir d’un essai ouvert incluant dix-sept observations, il sera discuté donc leur proposition thérapeutique à appliquer sur la zone tendino-musculaire (jingjin) du Méridien de Gros Intestin (shouyangming). La discussion portera sur les preuves d’efficacité fournies par les essais comparatifs randomisés, les méta-analyses et l’acupuncture expérimentale.

Résultats. Dans cet essai clinique ouvert, il est observé une amélioration de 85% de la douleur. Conclusion. L’acupuncture et techniques associées ne doivent pas être oubliées du panel des soins de santé dans la thérapeutique de la pathologie de la coiffe des rotateurs. Mots clés. Algologie – coiffe des rotateurs – tendon du sus-épineux – acupuncture – électroacupuncture – moxibustion – jingjin – shouyangming

Interest of shouyangming jingjin treatment in rotator cuff pathology

Summary. Introduction. Shoulder rotator cuff disease, which causes numerous degenerative tendinopathies, is common and primarily affects the supraspinatus muscle. Treatment is based on stress reduction, analgesics, and nonsteroidal anti-inflammatory drugs. In cases of persistent pain, corticosteroid injections and rehabilitation can be added. This can lead to failure of second-line treatment, which in less than 10% of cases involves surgical repair of any tears. What, then, might be the benefit of using acupuncture and associated techniques (electroacupuncture and moxibustion) in this tendinopathy?

Methods. Based on an open trial including seventeen observations, their therapeutic proposal to be applied to the tendon-muscular zone (jingjin) of the Large Intestine Meridian (shouyangming) will be discussed. The discussion will focus on the evidence of efficacy provided by randomized controlled trials, meta-analyses, and experimental acupuncture.

Results. In this open-label clinical trial, an 85% improvement in pain was observed. Conclusion. Acupuncture and related techniques should not be overlooked in the healthcare system for the treatment of rotator cuff pain. Keywords. Algology – rotator cuff – supraspinatus tendon – acupuncture – electroacupuncture – moxibustion – jingjin – shouyangming


La pratique quotidienne de l’acupuncture nous amène à côtoyer les innombrables douleurs de nos contemporains. Et parmi celles-ci figurent en bonne place les algies de l’épaule. Notre propos est donc d’établir un traitement parfaitement codifié, utilisant le jingjin du shouyangming (Gros Intestin), permettant dans la grande majorité des cas d’améliorer ces algies de façon notable.

A partir de dix-sept observations cliniques intéressant les trois types de pathologie de la coiffe des rotateurs, les plus fréquemment observées, ce protocole acupunctural a été évalué. Notons que l’on peut désigner aussi cette pathologie par le terme de périarthrite scapulo-humérale. La périarthrite est un terme générique utilisé pour désigner une inflammation au niveau d’une des structures d’une articulation. Dans ce cas, l’articulation concernée est l’articulation scapulo-humérale. On peut parler ainsi de périarthrite scapulo-humérale si on a une rupture de la coiffe des rotateurs, ou d’une déchirure plus ou moins importante d’une structure musculo-tendineuse qui forment la coiffe des rotateurs ; d’une tendinite qu’elle soit calcifiante ou pas ; d’une capsulite rétractile ou enfin d’une bursite de l’épaule.

La pathologie de la coiffe des rotateurs selon la nosologie occidentale

La pathologie de la coiffe des rotateurs se cache derrière le terme encore souvent employé de périarthrite scapulohumérale ou PSH, terme générique et non spécifique. En fait il s’agit de toute une série d’affections touchant l’épaule.

La coiffe des rotateurs est composée de quatre tendons : sub-scapulaire,  supra-épineux (aussi dénommé sus-épineux), sous-épineux, petit rond. Le terme de périarthrite scapulo-humérale fut introduit par Duplay [[1]] en 1872, suite à la description d’adhérences fibreuses périarticulaires de la bourse sous-acromio- deltoïdienne retrouvées à l’autopsie d’une épaule enraidie et douloureuse. Cette description anatomique devient un véritable syndrome dans les années 1960 sous l’impulsion de l’école rhumatologique de De Sèze qui le codifie en quatre différents tableaux cliniques dans son article [[2]] de 1964 intitulé « épaule pseudo-paralysée, épaule douloureuse, épaule bloquée, le démembrement anatomo-clinique de la périarthrite de l’épaule ».

 En 1972, la pathologie sous-acromio coracoïdienne est décrite par Neer sous le terme de syndrome du conflit antérieur sous-acromial (impingement syndrome) [[3]]. De ce fait, cela explique les différentes lésions de cette pathologie qui touche essentiellement le tendon supra-épineux.

Il a été décrit trois stades anatomo-cliniques, toujours plus ou moins d’actualité en 2022 [[4],[5],[6]], subdivisés en plusieurs tableaux cliniques de l’atteinte des tendons de la coiffe des rotateurs. On distingue ainsi diverses tendinopathies qui peuvent aller de la simple tendinopathie à celle qui est destructive.  On pourra parler aussi de PSH calcifiante qui désigne la présence de calcifications dans les tendons et enfin la capsulite rétractile avec enraidissement de l’épaule, également appelée «épaule gelée». 

On distingue donc le  stade I : c’est un sujet jeune entre 20 et 30 ans dont les épaules sont soumises à un surmenage sportif ou un adulte réalisant des efforts intenses et épisodiques. Anatomiquement, on retrouve des lésions œdémateuses et micro-hémorragiques réversibles de la bourse sous-acromio- deltoïdienne. Il y a absence d’anomalie radiologique. C’est une tendino-bursite simple.

Le stade II touche des sujets de 30 à 40 ans et correspond généralement à une tendinite de la longue portion du biceps ou du supra-épineux, associée à une fibrose de la bourse séreuse sous-acromio-deltoïdienne. Au moindre surmenage, les douleurs réveillées par l’activité se produisent et limitent les mouvements. Radiologiquement, il y a une ascension de la tête humérale lors de la manœuvre de Leclercq, en abduction contrariée. C’est la tendinose dégénérative.

Le stade III survient après 40 ans et correspond à une rupture du tendon du supra-épineux ou du long biceps. La douleur permanente ne cède pas au repos et réveille parfois le malade, l’empêche toujours de dormir sur son épaule. L’examen radiographique montre une ascension de la tête humérale vers l’acromion avec rupture du cintre omo-huméral, une sclérose et quelques ostéophytoses sur la surface antéro-inférieure de l’acromion avec un conflit sous-acromial : c’est déjà le début de l’omarthrose.

Les chirurgiens ont même rajouté un stade IV, retrouvé après la soixantaine, d’un grand polymorphisme clinique se traduisant par des épisodes algiques modérés du type de l’épaule douloureuse simple, ou tout à fait asymptomatique. Il s’agit d’une arthrose scapulo-humérale avec ascension de la tête par rupture de la coiffe des rotateurs [[7]].

Il n’existe pas vraiment de superposition parfaite entre l’aspect clinique décrit par De Sèze et les lésions anatomiques de Neer.

On distingue en effet selon De Sèze quatre tableaux, six pour certains auteurs [4].

L’épaule douloureuse simple

C’est une épaule douloureuse très fréquente, surtout après 40 ans. Elle survient souvent après un traumatisme ou une sollicitation anormale de l’épaule, quelquefois sans cause déclenchante. Les algies apparaissent avec les mouvements de l’épaule et rendent difficile l’habillage, le fait de se coiffer. Elles sont souvent nocturnes. Les mouvements passifs de l’épaule ont une amplitude normale mais peuvent être douloureux en fin de course. Les mouvements actifs, abduction, rotation externe sont douloureux, mais leur amplitude reste normale à 10° près. Il s’agira très souvent d’une lésion de la coiffe des rotateurs composée de la fusion de quatre tendons : le sous-scapulaire en avant, le sus-épineux (supra-épineux) en haut, le sous-épineux et le petit rond en arrière. Le tendon du long biceps traverse cette coiffe puis chemine à sa face profonde et s’insère au pôle supérieur de la cavité glénoïde. De ce fait, l’examen clinique de l’épaule douloureuse simple permettra de retrouver essentiellement soit :

  • La tendinite du sus-épineux : c’est la plus fréquente, qui se traduit par une douleur antéro-externe.
  • La tendinite du long biceps : la douleur est antérieure, et irradie souvent à la face antérieure du bras.
  • La tendinite du sous-épineux : la douleur est souvent postérieure et réveillée par la rotation externe contrariée du bras.
  • La tendinite du sous-scapulaire qui se traduit par une douleur lors de la rotation interne contrariée du bras.

 L’examen radiographique est généralement normal. On peut cependant mettre parfois en évidence une calcification périarticulaire ou des signes indirects de détérioration de la coiffe des rotateurs : atrophie trochitérienne, ascension de la tête humérale, ostéophytose acromiale externe ou condensation acromiale inférieure.

Le traitement habituel fait appel aux antalgiques et surtout aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). L’épaule douloureuse simple guérit souvent en quelques semaines. Pourtant, certains patients ne guérissent pas au bout de trois mois et l’on passe à la forme clinique suivante.

 L’épaule douloureuse simple prolongée

 Elle peut correspondre à plusieurs mécanismes.

Les calcifications tendineuses

Il s’agit d’une calcification de la coiffe des rotateurs entraînant généralement l’association d’un fond douloureux chronique et de poussées plus aiguës évoquant des épisodes d’épaule hyperalgique.

Le conflit antéro-supérieur ou conflit sous-acromial

La douleur est dans ce cas antérieure ou antéro-externe. L’étude des radiographies met en évidence un bec acromial anormalement développé, une ossification du ligament acromio-coracoïdien, ou une ostéophytose acromio-claviculaire importante. Par ailleurs, on retrouve souvent des signes indirects de la rupture de la coiffe des courts rotateurs, en particulier une ascension de la tête humérale.

Le traitement a généralement recours à la chirurgie au bout de six mois, en effectuant un geste de décompression tel l’acromioplastie avec résection du ligament acromio-coracoïdien. D’autre part, on effectue également une réparation de la coiffe des courts rotateurs.

Rupture de la coiffe des rotateurs

La rupture de la coiffe des rotateurs est souvent associée au conflit antéro-supérieur et se traduit par une diminution de force de l’abduction accompagnée d’une éventuelle amyotrophie des fosses sus et sous-épineuses. Là aussi, la réparation chirurgicale doit être envisagée, lorsque la rééducation est inefficace…

Le conflit antéro-interne ou sous-coracoïdien

Il résulte du rétrécissement de l’espace coraco-huméral et se signale par une douleur antérieure. Ce conflit touche essentiellement les sujets jeunes, sportifs.

L’épaule douloureuse mixte

Elle réalise un tableau voisin de l’épaule douloureuse simple mais dans lequel les mobilités actives et passives sont diminuées. Cette diminution résulte d’une contracture antalgique réflexe. La rotation externe passive y est généralement conservée. L’évolution de cette épaule douloureuse mixte est superposable à celle de l’épaule douloureuse simple.

L’épaule douloureuse hyperalgique

C’est une complication des calcifications de la coiffe des courts rotateurs de l’épaule. Il y a une inflammation périarticulaire aiguë en rapport avec des microcristaux d’apatite constituant des calcifications, mises en contact avec la bourse séreuse sous-deltoïdienne ou les tendons. Cette inflammation est responsable de douleurs extrêmement vives, à début brutal, insomniantes. Le tableau est complété souvent par une impotence complète de l’épaule et de la fièvre. L’affection est parfois récidivante. La radiographie objective une calcification tendineuse ou bursale. Celle-ci peut cependant disparaître au cours de la crise.

L’épaule pseudo-paralytique

 Il s’agit d’une rupture de la coiffe des rotateurs. L’abduction active est limitée alors que la mobilité passive est normale. L’épaule est peu ou pas douloureuse. La radiographie montre la rupture de la coiffe des rotateurs par une diminution de la distance entre la tête humérale et l’acromion, due à l’ascension de la tête. Cette variété d’épaule s’observe essentiellement après 60 ans, à la suite d’un effort d’abduction voire d’un simple mouvement du bras.

L’épaule gelée

Elle correspond à une capsulite rétractile responsable d’un enraidissement de l’articulation gléno-humérale. Elle vient parfois compliquer l’évolution d’une épaule douloureuse simple, mais s’installe habituellement d’emblée, de manière progressive. Le début est souvent très algique, puis les douleurs au repos disparaissent, mais l’épaule s’enraidit alors que les tentatives de forcer cette raideur deviennent peu ou pas douloureuses. On a donc une épaule bloquée ou gelée, raide et indolore. A noter que l’évolution spontanée de la capsulite rétractile est favorable mais très lente : la guérison s’obtient en six mois à deux ans. L’épaule bloquée peut également entrer dans le cadre d’une algodystrophie de l’épaule, à la suite à un traumatisme, une prise médicamenteuse (barbituriques), ou un diabète de type 2.

La classification française des épaules douloureuses distingue de quatre à six grands tableaux anatomocliniques, précis et cohérents. Elle n’aborde pas la notion d’évolution et ne correspond qu’à des moments précis de la vie de l’épaule. La classification de Neer offre en revanche la description dans le temps du syndrome conflictuel.

L’amalgame de ces deux classifications permet ainsi d’associer au stade I de tendinite simple : l’épaule douloureuse simple, l’épaule douloureuse mixte, l’épaule douloureuse simple prolongée et l’épaule aiguë hyperalgique.

Au stade II de tendinose dégénérative, les tableaux cliniques seront variés avec une plus grande fréquence des épaules douloureuses mixtes, des épaules douloureuses simples prolongées et des épaules pseudo-paralytiques.

Enfin, au stade III, stade de dégénérescence tendineuse chronique, correspondent aussi les épaules douloureuses simples prolongées, les épaules douloureuses mixtes mais également davantage d’épaules pseudo-paralytiques et bloquées.

Actuellement, on parle de cinq grands tableaux cliniques à l’issue de l’examen utilisant une variété de manœuvres permettant de découvrir l’atteinte précise du tendon, comme le test de Jobe pour l’atteinte du supra-épineux[1], le signe du clairon pour l’atteinte de l’infra-épineux[2], ou les tests d’accrochage et de conflit comme le test de Hawkins[3], de Neer[4] en cas de conflit antérosupérieur ou conflit sous acromial  etc.. Les tableaux : épaule raide comme la capsulite rétractile, syndrome régional complexe ; épaule fonctionnelle mais douloureuse : conflit simple ou calcification chronique ou rupture peu étendue ; épaule déficitaire (en  élévation antérieure, et/ou rotation externe et/ou rotation interne) : rupture de coiffe ; épaule pseudo-paralytique : rupture massive de la coiffe des rotateurs ; épaule hyperalgique : évolution d’une tendinopathie calcifiante avec résorption spontanée de la calcification [[8],[9],[10]].

La pathologie de la coiffe des rotateurs selon la nosologie de la Médecine chinoise

La périarthrite de l’épaule au sens générique du terme est causée par une attaque des énergies perverses (xie) telles que le Vent, le Froid et l’Humidité. Ceux-ci pénètrent à l’intérieur du corps et séjournent dans l’épaule en raison d’une insuffisance de l’Energie (qi) et du Sang (xue), et déterminent une dysharmonie entre l’Energie Nourricière ying qi et l’Energie de Défense wei qi. De ce fait, les perturbations de la circulation de l’Energie ying et wei associées à la pénétration de l’Energie Perverse sont responsables des scapulalgies et des contractures musculaires [[11],[12]].

 Donc, la pénétration de l’Energie Perverse va provoquer une obstruction énergétique appelée bi. Nous aurons un bi Errant, si l’atteinte est réalisée par le Vent ; un bi Fixe s’il y a atteinte par le Froid ; bi Humidité ou bi Fixe si l’atteinte provient de l’Humidité.

Plus spécifiquement, les Energies Perverses vont pénétrer l’organisme par l’intermédiaire des jingjin, des Méridiens Principaux, des Vaisseaux luo, des jingbie (méridiens distincts) ou des Merveilleux Vaisseaux [[13],[14]].

Par conséquent, au niveau de l’épaule, les méridiens y ayant un passage obligé seront bien évidemment atteints. L’épaule est une zone carrefour où convergent les méridiens Poumon, Gros Intestin, Triple Réchauffeur, Maître du Cœur, Cœur, Intestin Grêle ainsi que Vessie et Vésicule Biliaire.

D’autre part, certains Méridiens Curieux tels que le yangweimai, le yangqiaomai y possèdent également des points. Ils peuvent donc être atteints, tout comme leurs Méridiens couplés : daimai (Vaisseau Ceinture) et dumai (Vaisseau Gouverneur).

Il est alors intéressant de rechercher la douleur sur le trajet de chaque Méridien. Dans la très grande majorité des cas, l’atteinte est antéro-externe et correspond au shouyangming (Gros Intestin).

Outre la douleur retrouvée dans la pathologie de la coiffe des rotateurs, l’impotence qui en résulte doit être étudiée, car elle nous donnera aussi une idée du Méridien concerné (voir tableau I).

Tableau I. Atteinte du Méridien en fonction du mouvement et du muscle.

MouvementsMusclesMéridiens
Abductionsupra-épineux
deltoïde
GI – TR
Adductiongrand dorsal
grand pectoral
grand rond
sous scapulaire
C – MC
Antépulsiondeltoïde
grand pectoral
biceps
GI – P
Rétropulsiondeltoïde
grand dorsal
grand rond
triceps
IG – TR
Rotation internesous scapulaire
grand pectoral
grand dorsal
grand rond
deltoïde
P – MC
Rotation externesous-épineux
petit rond
deltoïde
IG – TR

Il est donc possible devant la limitation d’un ou plusieurs mouvements de connaître le ou les Méridiens perturbés. Généralement, on retrouve une abduction limitée voire impossible, ce qui signifie une atteinte dans les méridiens de Gros Intestin et/ou de Triple Réchauffeur.

Enfin, pour être complet, une pathologie de la coiffe des rotateurs peut résulter de causes internes. Citons ainsi que la saveur piquante en excès arrive, selon la théorie des cinq éléments, à léser les Méridiens de Poumon et de Gros Intestin. Cependant ces causes internes sont rares, de même celles liées aux sentiments [[15],[16],[17]].

En résumé, l’inflammation de l’épaule est une maladie de type bi provoquée par une faiblesse ou un Vide de l’Energie Défensive wei qi et de l’Energie Nourricière ying qi : les xie de type Vent, Froid, Humidité en profitent et envahiront soit les jingjin, soit les jingbie, les Vaisseaux luo, soit les Méridiens Principaux ou même les Méridiens Curieux. Enfin la recherche de la topographie douloureuse nous renseignera sur l’atteinte du Méridien touché.

Méthodes

A partir d’un essai ouvert réalisé en 1992 portant dix-sept observations, il sera discuté la proposition thérapeutique réactualisée à appliquer sur le jingjin du Méridien de Gros Intestin (shouyangming) [[18]].

Les points utilisés

En fonction de l’état de Plénitude ou de Vide du jingjin de shouyangming, deux protocoles ont été appliqués.

Plénitude de la zone tendino-musculaire du Gros Intestin

On puncture : le point de Tonification du Méridien Gros Intestin : le GI11 (quchi) dans la saison automne, et cela de manière bilatérale, de façon à tonifier les deux méridiens et éviter l’extension de la pathologie vers l’autre épaule ;

Puis de manière unilatérale du côté de l’atteinte :

  • le point jing (ting, selon la transcription de l’Ecole Française d’Extrême Orient-EFEO), c’est à dire le GI1 (shangyan) ;
  • le point shu (iu) : GI3 (sanjian) ;
  • le point he (ho) : GI11 (quchi),
  • le point de réunion des zones tendino-musculaires : le VB13 (benshen).

 Et enfin, on dispersera les points ashi de la zone douloureuse par électroacupuncture. A été utilisée en 1992, date de cet essai clinique une EA à une basse fréquence de 2 à 5Hz alternée à celle élevée de 50 à 100Hz. L’appareil de l’époque était un détecteur-stimulateur WQ-10C2 fabriqué en République populaire de Chine. La durée d’impulsion était de 250 à 300µs pour la fréquence variant de 0 à 100Hz. Notons qu’il ne faut pas considérer l’action de l’EA comme ayant une réelle action dispersante au sens de la Médecine chinoise. Il s’agit ici plutôt d’une action sous-tendue par les mécanismes théoriques neuro-physiopathologiques comme on le verra plus bas et qui n’a rien à voir avec une action éventuellement dite dispersante, ou tonifiante.

Vide de la zone tendino-musculaire de Gros Intestin

On puncture : le point de Dispersion du Méridien Principal du Gros Intestin, le GI2 (erjian) pour la saison automne, et cela de manière bilatérale ;

Puis de manière unilatérale du côté de l’atteinte :

  • le point jing (ting) : GI1 (shangyang),
  • le point shu (iu) : GI3 (sanjian),
  • le point he (ho) : GI11 (quchi),
  • le point de Réunion : VB13 (benshen)

Et enfin, on moxera les points ashi de la zone douloureuse. En 1992, on utilisait un appareil moxibusteur électrique de type Moxel (électro-moxateur à impulsion). Actuellement, on préfère les bâtons d’armoise (Artemisia vulgaris). Les points saisonniers de Dispersion ou de Tonification en fonction de la saison ont été choisis selon le tableau II [[19]].

Tableau II. Les points saisonniers.

Viscèresjing (ting)ying (iong)shu (iu)jing (king)he (ho)
Vésicule  Biliaire44VB43VB41VB38VB34VB
Intestin  Grêle1IG2IG3IG5IG8IG
Triple Foyer1TR2TR3TR6TR10TR
Estomac45EME43E41E36E
Gros  Intestin1GI2GI3GI5GI11GI
Vessie67V66V65V60V40V
Tonificationhiverprintempsété5e saisonautomne
Dispersion5e saisonautomnehiverprintempsété 

Les cas cliniques

Neufs items sont étudiés : âge et sexe du patient, durée de l’évolution de la maladie avant la première consultation d’acupuncture, classification occidentale, chinoise, les éléments radiologiques, les antécédents et les signes cliniques d’accompagnement, le traitement antérieur, le traitement occidental associé à l’acupuncture et enfin le pourcentage d’amélioration de la douleur en fonction du nombre de séances.

Chaque séance de 20 à 30 minutes de durée est réalisée à une semaine d’intervalle. Au bout de la quatrième, l’intervalle passe à 15 jours, et ceci pendant quatre séances. Enfin au bout de la huitième séance, le rythme devient mensuel (tableau III)

 Tableau III. Evolution des 17 cas cliniques.

Les résultats

 Les patients ont été invités à codifier leur douleur selon une échelle de 0 à 10 selon une échelle visuelle numérique. 0 correspond à aucune douleur, 10 à celle de la première consultation d’acupuncture. Ainsi, une note de 8 est évaluée à 20% d’amélioration de la douleur; une note de 1 représente 90% d’amélioration. Globalement, il y a régression de 50% des douleurs au bout de 3 séances. A la suite d’une moyenne de 6 séances, nous avons 85% d’amélioration, et certaines formes d’épaule douloureuse sont pratiquement guéries (tableau IV).

Tableau IV. Résultats en fonction de la nosologie.

ClassificationoccidentaleClassificationMTCMoyenneÂgeÉvolutionmoyennenombre moyen de séanceset % d’amélioration
améliorationguérison
Epaule douloureuse simple prolongéeJingjin de GI en vide6214 mois38
41 %67 %
Jingjin de GI en plénitude6612 mois avec recrudescence depuis 1 mois411
53%93%
Epaule douloureuse mixteJingjin de GI en plénitude5633 jours23
48%94%
Epaule douloureuse simpleJingjin de GI en plénitude48 17 jours24
60 %90 %
Jingjin de GI en vide562 mois 1/236
50 %80 %

Discussion

Réalité de l’atteinte du shouyangming

Il s’avère au décours de notre étude que le seul méridien atteint est celui du Gros Intestin, en particulier sa zone tendino-musculaire. Pourtant, comme nous l’avons décrit précédemment, l’épaule est le carrefour de nombreux autres Méridiens. Effectivement, nous avons rencontré certaines atteintes du Triple Réchauffeur, du Poumon, et même de l’Intestin Grêle. Mais en tout état de cause, le méridien shouyangming était aussi concerné, généralement en association, par exemple Poumon et Gros Intestin ou Triple Réchauffeur et Gros Intestin.

Autre question : pourquoi traiter le jingjin, et non le jingbie, les Vaisseaux luo, ou même le Méridien Principal de Gros Intestin selon les bianzheng ? La réponse vient du fait que la douleur de l’épaule est ici permanente, récente ou ancienne, jamais intermittente, et dans nos cas, isolée sans pathologie d’organe ou d’entrailles. Cela élimine l’atteinte du jingbie pour lequel la douleur est intermittente et toujours accompagnée d’une symptomatologie de l’Entraille Gros Intestin [19,[20],[21],[22]].

En cas de douleur chronique et ancienne peuvent être en cause les Vaisseaux luo, les Merveilleux Vaisseaux et les Méridiens Principaux. Les Vaisseaux luo de Gros Intestin ne sont pas touchés, en raison de la symptomatologie pathognomonique rare et non retrouvée dans notre étude [19].

Même chose pour les Merveilleux Vaisseaux.

Ceux-ci, touchés par le xie, offrent des symptômes caractéristiques : insomnie, yeux rouges et douloureux pour le yangqiaomai en cas d’attaque par le feng ; fièvre, frissons, céphalées (si attaque par le feng) pour le yangweimai ; douleur et raideur de la colonne vertébrale si atteinte du vaisseau dumai ; et enfin douleurs erratiques, lombalgies pour le daimai.

Reste un éventuel trouble du Méridien Principal. Mais cette alternative n’en est réellement pas une. Effectivement, dès qu’il y a atteinte du jingjin, le Méridien Principal est souvent touché, que ce soit en vide ou en plénitude. D’où l’obligation de toujours le traiter des deux côtés pour éviter un débordement ou une bascule de la douleur en puncturant bilatéralement le point de Tonification ou de Dispersion selon le cas.

Ainsi le Méridien Principal en plénitude donne une douleur ancienne avec des signes d’atteinte de l’Entraille Gros Intestin : irritabilité, agitation, hypertension artérielle, douleurs abdominales, constipation spasmodique avec selles sèches, ou inversement diarrhée, odontalgies, gengivites, surdité, acnés, impétigo, maladies de peau sèche ou à pus [[23]].

En vide, le Méridien Principal de Gros Intestin offre une symptomatologie aussi riche : déprime, découragement, ventre mou, ballonnements, aérocolie, diarrhée ou constipation avec selles rares et dures, ptôse anale, aménorrhée, douleurs aux pommettes, dermatose avec prurit, eczéma [23].

Bref, en observant les antécédents et les signes cliniques associés chez chaque patient de l’étude, nous pouvons constater la réalité de l’atteinte du méridien principal associée à celle du jingjin de shouyangming.

D’un point de vue diagnostic occidental, on observait d’ailleurs essentiellement une atteinte du tendon du supra-épineux qui pouvait être secondaire à un conflit sous-acromial quand l’acromion est agressif sur la partie superficielle de ce tendon. Il est ensuite retrouvé la rupture de la coiffe des rotateurs et l’omarthrose pour les patients les plus âgés. De ce fait, nous avons pris le parti de soigner toutes les pathologies de la coiffe des rotateurs rencontrées ici par le traitement du jingjin de Gros Intestin, bien que certains symptômes puissent correspondre aussi à une attaque d’un autre Méridien.

Notion de plénitude ou de vide du jingjin

Qu’appelle-t-on Plénitude ou Vide de la zone tendino-musculaire ? Nous rappellerons simplement que les Energies Perverses déterminent une Plénitude énergétique lors de leur attaque, entraînant directement un Vide du Méridien Principal. Ensuite, selon le traitement ou les circonstances, le xie peut passer dans le méridien principal en y provoquant la plénitude, tout en laissant la zone tendino-musculaire en vide [19].

« Quand on est atteint par une des six énergies perverses, il faut commencer par les disperser avant de régulariser l’énergie du corps, à condition, toutefois, qu’il présente des symptômes de plénitude. Car s’il présente des symptômes de vide, on commencera par régulariser les énergies Inn et Yang du corps avant de disperser les énergies perverses » (Lingshu: Chapitre XXV) [[24]].

Notion de douleur de type yang ou yin

Au yang correspondent le ciel, la chaleur, le soleil, la sécheresse ; au yin, la terre, le froid, la lune, l’humidité.

Une douleur yin est considérée généralement comme une douleur chronique, sourde, ancienne, diffuse, profonde, accompagnée d’ankylose, de paresthésies, d’une peau froide et œdémateuse.

Une douleur yang est par contre récente, lancinante, localisée et superficielle, associée à des contractures, une hyperesthésie cutanée, une peau chaude et rouge.

« Le malade présentant de la plénitude de yang est plus facile à guérir que celui qui présente de la plénitude de inn ». (Le yang crie sa douleur, il est facile à guérir, le inn geint, se lamente, c’est plus difficile à guérir disent les Chinois.) (Lingshou: Chapitre LIII) [24].

On peut ainsi établir une corrélation entre plénitude et douleur yang, vide et douleur yin.

Corrélation entre plénitude / vide et douleur yang / yin

 Le tableau V ci-dessous permet de mieux appréhender un Vide ou une Plénitude de jingjin en fonction de la douleur yin ou yang.

Tableau V. Corrélations des douleurs yang / yin.

DOULEURVIDEPLENITUDE
 YINYANG
caractèresChronique
sourde 
Prolongée 
Diffuse
vague
Lancinante, fulgurante
Aiguë
localisée
Précise
topographieProfonde
Fixe
Superficielle
erratique
apparitionanciennerécente
Modalités
d’aggravation
la nuit
le froid 
l’humidité
le repos
le jour
la chaleur
la sécheresse
le mouvement
le massage
Modalités 
d’amélioration
la chaleur
le massage
le mouvement
le froid
le repos
peauFroide
blanche
épanchements 
hypotonie
Chaude
érythémateuse
contractures 
hypertonie

Bien que ce tableau donne des notions importantes à considérer lors du traitement, persistent néanmoins des imprécisions. Ainsi la notion de temps.

Notion de temps

Qu’appelle-t-on douleur ancienne ? A partir de quel moment une douleur dite récente, donc yang, devient-elle yin, c’est à dire chronique ? L’expérience clinique nous a permis d’apporter quelques éclaircissements. Ainsi, il apparait que la limite temporelle entre une douleur yin et yang se situe généralement à 30 jours. En dessous de 30 jours, la douleur est toujours yang. Au-delà de deux mois, la douleur est toujours yin. Entre un et deux mois, il est possible de voir soit l’un, soit l’autre.

A ces notions, notons aussi qu’il arrive fréquemment d’avoir une recrudescence des douleurs de type yang sur un fond chronique yin.

« Dans le yang il y a du yin et dans le yin il y a du yang » (Suwen) [[25]]. Ainsi, une pathologie classiquement yin comme l’épaule douloureuse simple prolongée peut malgré tout correspondre à une plénitude du jingjin de Gros Intestin (voir cas n°4,9,12). De même, une épaule douloureuse simple peut être en Plénitude du jingjin, c’est le cas habituel (n°11,16), mais aussi en Vide (n°13,14).

Remarques sur le traitement par moxibustion ou par électroacupuncture

Sur quels critères se base-t-on pour traiter le Vide de jingjin par moxibustion et la plénitude par électroacupuncture ?

Selon les Textes Classiques : « Quand les vaisseaux secondaires sont en plénitude et le méridien en vide, il faut faire des moxas au Inn (au méridien) et puncturer le Yang (aux vaisseaux secondaires). Quand le méridien est en plénitude et les vaisseaux secondaires en vide, il faut puncturer le Inn (le méridien) et faire des moxas au Yang (aux vaisseaux secondaires). » (Suwen : chapitre LVI: l’épiderme) (9). Les Textes sont clairs et préconisent bien une moxibustion lors du Vide d’un Méridien principal ou secondaire. Par contre, il faut puncturer en cas de plénitude.

Les auteurs contemporains sont moins catégoriques. Ainsi Beghini et Gourion [[26]] proposent de traiter la plénitude de la zone tendino-musculaire par une puncture dispersante du jingjin. En cas de Vide, le jingjin est moxé. D’autre part, ils utilisent également une électrostimulation. Malheureusement, celle-ci sera aussi bien utilisée en cas de Vide que de Plénitude. De plus, on ne connaît pas les paramètres électriques d’utilisation. Difficulté donc à conclure.

Durant une discussion de table ronde relatée par Ji Xiaoping, certaines périarthrites scapulo-humérales ont été traitées par moxibustion. Il s’agissait essentiellement d’épaules douloureuses depuis plus d’un an avec raideur et difficulté à la mobilisation. Selon le professeur Guo, la moxibustion sur IG10 (naoshu), GI15 (jianyu), TR14 (jianliao) disperse le Vent et le Froid qui affectent l’épaule en causant une obstruction de la circulation locale du qi (Energie) et du xue (sang). Cette moxibustion doit être réalisée sur les points piqués préalablement par les aiguilles. Un à six mois de soins sont nécessaires pour calmer les douleurs [[27]].

Minzoni quant à lui a traité 18 cas d’épaules douloureuses simples d’apparition récente, mais avec des signes de réduction du mouvement. Le diagnostic selon la médecine traditionnelle chinoise permettait de mettre en évidence une Plénitude d’Energie Perverse entraînant donc un Vide de la zone tendino-musculaire de Gros Intestin ou de Poumon. Son traitement consistait alors en une moxibustion associée à une massothérapie. Pas d’électrostimulation. Il semblerait donc que Minzoni ait traité des épaules mixtes dont l’évolution, selon notre avis, n’était pas si récente ; vraisemblablement entre 2 et 3 mois. D’où caractère yin de la douleur et efficacité de la moxibustion [[28]].

L’étude clinique de Crouzat a porté également sur dix-sept épaules douloureuses simples d’apparition récente, ayant le diagnostic de Plénitude du Méridien tendino-musculaire de Gros Intestin. Le traitement a consisté à tonifier le méridien principal, puncturer le point jing (ting), le point he (ho), le point yuan (iunn source), le point Réunion, et à disperser les points douloureux locaux 14GI (binao), 15GI (jianyu), 16GI (jugu) et 15TR (tianliao) de la zone tendino-musculaire. Certains points, mais il ne précise pas lesquels, ont bénéficié d’une stimulation électroacupuncturale. Il obtient 2 échecs seulement après les dix séances nécessaires. Mais de la même façon que chez Beghini et Gourion, nous ignorons totalement les paramètres de son électroacupuncture [[29]] .

Birger Kaada a traité 14 épaules douloureuses avec calcifications tendineuses par neurostimulation transcutanée. Pas d’acupuncture. L’intérêt est de voir la réduction des douleurs mais aussi des calcifications en un temps relativement bref : amélioration des douleurs au bout de sept jours pour les épaules aiguës avec disparition complète en 15jours ; pour les épaules chroniques, amélioration entre 7 et 15 jours, guérison entre 3 et 8 semaines, excepté un échec. Les calcifications s’amenuisent à la radiographie entre 3 et 6 mois. La neurostimulation transcutanée a été réalisée à une fréquence basse : 2 Hertz, une intensité de 15 à 30mA, entraînant une contraction des muscles adjacents, non douloureuse. Donc efficacité de la stimulation électrique surtout dans les épaules aiguës [[30]].

L’acupuncture expérimentale peut-elle expliquer l’efficacité antalgique tout d’abord de l’électroacupuncture et ensuite de la moxibustion qu’elle soit réalisée à l’armoise, ou par moxibusteur électrique ?

Mode d’action théorique de l’électroacupuncture ou de la neurostimulation transcutanée  (TENS)

Il est admis que l’analgésie induite par acupuncture ou électroacupuncture de la douleur qu’elle soit nociceptive, inflammatoire voire neuropathique fait intervenir différents mécanismes entraînant une modulation à plusieurs niveaux interagissant entre eux [[31],[32],[33],[34],[35],[36],[37]] : niveau périphérique avec la sensibilisation périphérique (action locale avec les peptides opioïdes, l’adénosine, l’histamine, substance P, le peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP), l’anandamide, l’oxyde nitrique, la noradrénaline et sur le ganglion rachidien de la racine dorsale GRD) ; niveau médullaire (spinal ou segmentaire) avec la sensibilisation centrale (action sur la racine dorsale de la moëlle épinière, théorie du portillon) ; le troisième niveau est supraspinal avec la plasticité synaptique au niveau du SNC via les contrôles inhibiteurs descendants ; et le dernier au niveau central avec action sur le thalamus, l’hypothalamus avec les axes hypothalamo-hypophyso-surrénaliens et adrénergiques, le nerf vague. Le rôle des systèmes opioïdes (récepteurs opioïdes μ et δ), adrénergiques (récepteur α2-adrénergique), sérotoninergiques (récepteurs 5-HT1A et 5-HT3), cholinergiques (récepteur muscarinique M1), GABAergiques (récepteurs GABAet GABAB), récepteurs ionotropiques du glutamate (NMDA, AMPA) et système des récepteurs cannabinoïde CB1 et CB2 est essentiel [31,33,[38]].

On notera que comme dans l’étude clinique de 1992 [18], l’alternance basse/haute fréquence (2/100 Hz, 300µs) sera privilégiée, car engendre une antalgie puissante qui évite la transition de la douleur aiguë à la douleur chronique en inhibant en autres actions, la voie de signalisation PKCε-TRPV1 [[39]], ou celle de la p38 MAPK et de TNF-α dans le ganglion dorsal de la moëlle épinière [[40]].

Mode d’action théorique de la moxibustion

Alors que les récepteurs polymodaux détectent autant les stimuli chimiques, mécaniques et thermiques douloureux, les récepteurs TRPV (transient receptor potential vanilloide) sont des récepteurs ionotropiques unimodaux activés par des molécules de la famille des vanilloïdes telle que la capsaïcine présente dans le piment [[41]]. Ils interviennent dans les mécanismes nociceptifs et s’activent en réponse à un stimulus thermique supérieur à 44°C. La moxibustion a une action sur les TRPV1, TRPV2, TRPV3, TRPV4, mais principalement sur les TRPV1 et TRPV2. Ainsi les récepteurs TRPV sont activés par un seuil thermique : ≥ 43℃ pour TRPV1, ≥ 52℃ pour TRPV2, > 34-38℃ pour TRPV3, > 27-35℃ pour TRPV4.3 [[42],[43],[44]]. Notons d’ailleurs que le  prix Nobel de médecine et de physiologie a été attribué le 4 octobre 2021 à David Julius et Ardem Patapoutian, pour leur travaux entre autres sur le transient receptor potential vanilloid1 (TRPV) [[45]]

Fu et coll. ont objectivé ainsi que la moxibustion du dachangshu (25V) peut réduite l’hyperalgie viscérale chez le rat par régulation négative de l’expression de l’ARNm des TPRV1 [[46]]. Par ailleurs, ont été observés des effets anti-inflammatoires par régulation négative des protéines SOCS 1 et SOCS 3 (protéines de signalisation des cytokines) au niveau liquide synovial dans un modèle de maladie rhumatoïde chez le lapin [[47]]. De même, des effets analgésiques et anti-inflammatoires sur des modèles des douleurs neuropathiques et inflammatoires chez la souris ont été démontrés, corrélés par la réduction de certaines interleukines comme les interleukines IL-1, IL-6 et le TNF-alpha [[48],[49]].

Plus récemment, une étude a montré que la moxibustion agissait aussi sur la douleur inflammatoire au niveau de la voie de signalisation du récepteur de l’acide N-méthyl-D aspartique/oxyde nitrique/guanosine monophosphate cyclique (NMDA-NO-cGMP) dans la moelle épinière [[50]].

Où stimuler en moxibustion ou en EA ?

Il s’agira de stimuler bien sûr la zone douloureuse, en fait les points ashi, que ce soit en moxibustion ou en EA.

Remarque sur les points ashi

Les points ashi sont des points locaux douloureux spontanément ou à la pression, encore appelés points « centre-douleur ou point gâchette ». Il convient donc de les rechercher attentivement, car ce sont ces points qui seront moxés ou stimulés électriquement. Cela correspond aussi au terme de « myofascial trigger point » (MTrp), encore connu sous le terme de « trigger points ». Les points gâchettes ont été décrits par David J. Simons et Janet G.Travell dans les années 1950 [[51]]. Ces trigger points sont des faisceaux musculaires fermes à la palpation qui vont déclencher une douleur diffuse, irradiant parfois à distance (douleurs référées). Étonnamment, cette douleur est quasi identique à celle dont se plaint le patient. Le point gâchette est donc un point douloureux à la palpation qui se présente sous la forme de nodules.

D’autre part, ces points permettent de rectifier une erreur de diagnostic concernant le Vide ou la Plénitude. En effet, il est à remarquer qu’une douleur récente de type yang avec plénitude du jingjin, bénéficiant malencontreusement d’une moxibustion, sera toujours amplifiée. Ceci confirme ce que les Anciens connaissent déjà, à savoir l’aggravation de la douleur yang par la chaleur et l’amélioration par le Froid (voir tableau V).

Par ailleurs, il est important de constater que les points ashi sont très souvent des points appartenant soit au méridien Gros Intestin, soit au Triple Réchauffeur, soit enfin au méridien d’Intestin Grêle.

Les trois primordiaux, rencontrés dans la plupart des cas sont : GI15 (jianyu), TR14 (jianliao), TR15 (tianliao). Accessoirement, on peut retrouver aussi GI14 (binao), IG10 (naoshu), IG14 (jianwaishu) et IG15 (jianzhongshu).

Notons toutefois que l’on ne peut pas améliorer notablement les douleurs de la pathologie de la coiffe des rotateurs en utilisant uniquement le traitement des trigger points ou des points ashi. Ainsi une revue systématique avec méta-analyse de 2018 portant sur onze ECR (n= 496) comparant la puncture « dry needling – puncture sèche » des « trigger points » versus acupuncture ou autre intervention concluait qu’il existait très peu de preuves à l’appui de l’utilisation de cette technique au niveau de l’épaule [[52]].

Notion d’échec ; les ECR et méta-analyses

Dans l’étude de 1992, un seul échec (n°1) a été déploré. En effet, l’amélioration n’a été que de 10% au bout de quatre séances et le patient n’a pas voulu persister dans le traitement. Il s’avère que, généralement, trois à quatre séances à une semaine d’intervalle permettent d’obtenir une amélioration notable aussi bien dans les douleurs yin que yang (tableau IV). Cependant, l’amélioration peut également survenir plus tardivement (cas n°9,16).

D’autre part, il est toujours possible, au bout de quatre séances, d’associer au traitement de la zone tendino-musculaire, les points des Merveilleux Vaisseaux : shenmai (V62), houxi (IG3), waiguan (TR5), zulunqi (VB41), ainsi que yanglingquan (VB34) et xuanzhong (VB39) [14], auxquels seront ajoutés zusanli (E36), kunlun (V60) et hegu (GI4) associés en partie avec l’électroacupuncture comme décrits dans la conférence à Nantes [[53]].

D’ailleurs, un ECR pragmatique (n=62) de 2021 a comparé l’efficacité des points éloignés versus les points locaux dans la PSH. Le résultat montrait que les points d’acupuncture distants et locaux étaient tous deux bénéfiques dans la gestion de la douleur et de la fonction. Néanmoins, les auteurs montraient que les points à distance avaient une meilleure action antalgique que les points locaux. Les points à distance étaient : E38 (tiaokou) VB34 (yanglingquan), VB41 (zulinqi) et V11 (dazhu) ; les points locaux : GI15 (jianyu), TR14 (jianliao), VB21 (jianjing) et IG9 (jianzhen) [[54]]. On remarquera que deux points à distance VB34 et VB41 sont des points proposés dans le protocole rhumatologique [53].

Vas et coll en 2004 proposaient également des points à distance dans un autre ECR pragmatique (n=125). Ils avaient évalué la réponse immédiate dans la tendinite du sus-épineux, à la piqûre unique du tiaokou (E38) avec recherche du deqi associée à une auto-mobilisation de l’épaule douloureuse versus groupe témoin. Ils objectivaient que tiaokou était significativement plus efficace que la puncture simple pour soulager la douleur et améliorer la fonction d’abduction de l’épaule douloureuse en rapport avec une atteinte du tendon sus-épineux [[55]]. C’était confirmé par un ECR multicentrique (N=425) [[56]].

Se pose alors l’intérêt du traitement de l’épaule douloureuse par point distal unique. Goret et Nguyen ont noté ainsi cinq autres points uniques distaux à utiliser toujours avec une auto-mobilisation de l’épaule douloureuse: yanglinquan (VB34), yinlinquan (Rt9), tianding (GI17) et les points hors méridiens  zhongping et jiankang. Ils notaient toutefois que 69% des études utilisaient le tiaokou. Les auteurs rapportaient des cas spectaculaires avec des soulagements quasi-immédiats [[57]]. Quoi qu’il en soit, nous sommes en attente d’une méta-analyse confirmant l’intérêt de cette technique du point unique.

Plusieurs méta-analyses justement ont étudié l’efficacité de l’acupuncture et techniques associées dans les douleurs chroniques, y compris dans celles de l’épaule. Vickers et coll. en 2012 [[58]] puis en 2018 [[59]] objectivaient que l’acupuncture est efficace dans le traitement des douleurs musculo-squelettiques chroniques, dans l’arthrose, etc… Les effets du traitement de l’acupuncture persistent dans le temps et ne peuvent pas être expliqués uniquement en termes d’effets placebo.

De même, une méta-analyse chinoise (54 ECR ; n=5865 patients) considérait que l’acupuncture mais aussi la moxibustion était efficace dans la PSH. Il relativisait leur conclusion en spécifiant que d’autres ECR de haute qualité méthodologique étaient nécessaires pour avoir une complète confirmation [[60]].

Goret et Nguyen analysaient huit revues systématiques publiées entre 2002 et 2021 [[61]] en ce qui concerne le conflit sous-acromial de l’épaule et montraient ainsi que deux revues de 2018 et 2021 [[62],[63]] incluant le syndrome sous-acromial dans une analyse plus générale des pathologies de la coiffe des rotateurs concluaient à une efficacité de l’acupuncture justement dans la coiffe des rotateurs. Mais, ils faisaient remarquer que la revue de Choi 2021 [63] portant sur 28 ECR, en incluait sept spécifiques au  syndrome sous-acromial. Les deux revues concluaient à une efficacité de l’acupuncture mais avec une faible qualité des données, surtout en ce qui concerne le conflit sous-acromial.

Notons enfin que deux méta-analyses en réseau[5] ont permis de déterminer la place de l’acupuncture et techniques associés dans le traitement des douleurs de l’épaule. La première concerne la pathologie de la coiffe des rotateurs. Ils concluaient que l’acupuncture et les thérapies basées sur les exercices étaient les  options thérapeutiques à utiliser en première intention et les plus efficaces pour les pathologies de la coiffe des rotateurs. En revanche, la thérapie par champ électromagnétique pulsé, l’injection localisée de corticostéroïdes, la fibrolyse diacutanée et la thérapie par ultrasons peuvent être utilisées en seconde intention alors que la thérapie au laser de faible intensité et l’injection localisée d’AINS ne sont pas recommandées [[64]].

La seconde méta-analyse en réseau en 2021, plus récente, suggère une supériorité de l’acupuncture dans le conflit sous-acromial. La revue a identifié 99 ECR (n= 6764 patients avec vingt options de traitement).  Six traitements avaient une forte probabilité d’être les plus efficaces, à court terme, pour la douleur et la fonction (acupuncture, thérapie manuelle, exercice, exercice plus thérapie manuelle, laser et microcourant (TENS), mais avec une faible certitude pour la plupart des options de traitement. De futurs essais randomisés pragmatiques ou méta-analyses de grande envergure et de haute qualité sont de ce fait encore nécessaires [[65]].

La recherche continue donc si on en croit ce protocole qui propose de réaliser une méta-analyse concernant l’intérêt de l’acupuncture et de la moxibustion dans la périarthrite scapulo-humérale [[66]].

Remarque sur les cas cliniques, étude qualitative

Pour terminer, il est intéressant d’examiner le recrutement des malades et de s’interroger sur leurs motivations quant à effectuer le traitement acupunctural.

Ainsi, on remarquera que chez environ 41% des patients existent des problèmes d’intolérance digestive aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), gastralgies, hernie hiatale, gastrite ou ulcère ancien, mais aussi plus rarement manifestations d’ordre allergique.

Pour 71% d’entre eux, la motivation repose sur l’inefficacité subjective de la médecine classique (infiltrations, kinésithérapie, antalgiques, anti-inflammatoires), insuffisante à calmer la douleur, ou trop agressive, du fait de l’intolérance ou des effets indésirables engendrés par celle-ci.

Enfin, une frange de 30% vient directement, sans avoir utilisé de traitement antérieur. Généralement, leur pathologie est récente, et, pour avoir déjà été soulagés par l’acupuncture, ou par ouï-dire, ils tentent l’expérience.

Dernier point, 76% des patients ne souhaitent pas de traitement associé à l’acupuncture.

Conclusion

 Ce travail permet d’apprécier l’efficacité de l’acupuncture dans une pathologie rhumatologique courante. À tout moment, jusqu’à 26% de la population adulte générale souffrira de l’épaule. Les affections sous-acromiales, y compris le syndrome du conflit sous-acromial, la pathologie de la coiffe des rotateurs et la bursite sous-acromiale représentent près de 70% de toutes les manifestations de douleurs à l’épaule [[67],[68]]. L’intérêt est de constater qu’il existe une solution thérapeutique non agressive, comme peuvent l’être les anti-inflammatoires ou éventuellement les infiltrations de corticoïdes, le tout sans effets indésirables notables. Après un traitement médical bien conduit de dix-huit mois au stade II et de six mois au stade III de Neer, la cure chirurgicale est souvent envisagée. Celle-ci n’offre malheureusement pas toutes les garanties de succès et doit être suivie d’une kinésithérapie spécialisée, quotidienne et prolongée. Et la douleur peut aussi persister, de même que la limitation des mouvements.

Or il nous apparaît que l’acupuncture, mal connue du public, mais surtout des médecins, a un rôle de premier plan à jouer et peut réellement éviter des interventions onéreuses pour la Société.

L’acupuncture et techniques associées ne doivent pas donc être oubliées du panel des soins de santé dans la thérapeutique de la pathologie de la coiffe des rotateurs, surtout qu’actuellement les preuves apportées par la médecine factuelle ne cessent de croître.

Dr Jean-Marc Stéphan

Coordinateur du DIU d’acupuncture obstétricale et initiation à l’acupuncture – Université Lille – Faculté de Médecine
Directeur de la revue « Acupuncture & Moxibustion »
Président du SNMAF (Syndicat National des Médecins Acupuncteurs Français)
Secrétaire-Général de l’Ecole Française d’Acupuncture et de l’Association Scientifique des Médecins Acupuncteurs de France (ASMAF-EFA)
Médecin acupuncteur attaché au CHG de Denain 59220
Chargé d’enseignement à la Faculté de Médecine de Rouen (DIU acupuncture obstétricale)

 jean-marc.stephan2@univ-lille.fr
ORCID : 0000-0002-3377-2280

Conflit d’intérêts : aucun

Façade de la Chapelle Saint-Basile de la Basilique du Saint-Sang (XII -XVe) - Bruges - Belgique
Façade de la Chapelle Saint-Basile de la Basilique du Saint-Sang (XII -XVe) – Bruges – Belgique

Notes

 [1]. C’est l’élévation antéro-latérale contrée, en rotation interne.

[2]. La difficulté à porter la main à la bouche, le coude se trouve au-dessus de la main

[3]. La difficulté à la rotation interne passive sur membre en élévation antéro-latérale

[4]. A l’élévation antérieure passive + compression acromiale, positif si diminution de l’espace sous-acromial

[5]. La méta-analyse en réseau ou méta-analyse bayésienne permet de hiérarchiser un arsenal thérapeutique donné en positionnant un traitement par rapport à ses concurrents en termes d’efficacité et de tolérance au regard des études disponibles.


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