Résumé : L’acupuncture peut-elle faire preuve d’un engagement profond vis-à-vis de la science et de la pensée critique ? La science peut-elle accepter en son sein une discipline empirique qui plonge ses racines dans plus de 4000 ans, empreinte d’une philosophie que la médecine moderne réprouve ? La dichotomie existe, ne serait ce que, par exemple certains praticiens s’en tiennent uniquement aux concepts chinois traditionnels de Yin et de Yang, alors que d’autres se basent principalement sur la neurophysiologie occidentale. La technique peut alors intervenir et pourquoi pas, concilier cette division de notions de façon à générer un enrichissement mutuel. L’Internet, en mettant la science médicale avec ses fabuleuses banques de données bibliographiques à la portée de tout un chacun, ne peut qu’améliorer la pratique de tout acupuncteur imprégné de Médecine traditionnelle Chinoise. Et nous verrons au travers de cet exposé comment la médecine ne peut que s’en trouver grandie, en explorant scientifiquement un pan considérable d’une médecine qui a traversé les millénaires. Mots-clés : acupuncture, science, Internet, histoire, banque de données, bibliographie, medline, méridiens,Yi jing.
Summary: Can the acupuncture make proof of a major engagement with respect to science and the critical thought? Can science accept in its centre an empirical discipline which plunges its roots in more than 4000 years, impregnated of a philosophy which modern medicine reproves ? The dichotomy exists, would not be that for example some practitioners work only with the traditional Chinese concepts of Yin and Yang, while others are based mainly on the Western neurophysiology. The technique can then intervene and why not, to conciliate this division of concepts in order to generate a mutual enrichment. Internet, by putting medical science with its fabulous bibliographic data banks at the range of all one each one, can only improve the practice of any impregnated acupuncturist of Chinese traditional Medicine. And we will see through this talk how medicine can only find grown, by exploring a considerable side scientifically of a medicine which crossed millennia. Keywords : acupuncture, science, Internet, history, bank of data, bibliography, medline, Méridiens, Yi jing.
Resumen : Puede la acupuntura hacer la prueba de un contrato importante con respecto a ciencia y al pensamiento crítico? Puede la ciencia validar en su centro una disciplina empírica que hunda sus raíces en más de 4000 años, impregnada de una filosofía que la medicina moderna reprenda? La dicotomía existe, no sería que por ejemplo algunos médicos trabajan solamente con los conceptos chinos tradicionales de Yin y de Yang, mientras que otros se basan principalmente en el neurophysiology occidental. La técnica puede entonces intervenir y porqué no, conciliar esta división de conceptos para generar un enriquecimiento mutuo. Internet, poniendo ciencia médica con sus bancos de datos bibliográficos fabulosos en el rango de un por cada uno, puede mejorar solamente la práctica de cualquier acupuncturist impregnado de la medicina tradicional china. Y veremos con esta charla cómo la medicina puede solamente encontrar crecido, explorando una cara considerable científico de una medicina que cruzó milenios. Palabras claves : acupuntura, ciencia, Internet, historia, bibliografía, medline, Yi jing.
Acupuncture
Substratum philosophique
Bien avant que la Science ait droit de cité en Occident, l’acupuncture, pratique médicale chinoise fondée sur la pose et la manipulation d’aiguilles en plus de trois cent soixante points du corps humain était utilisée pour soulager la douleur et traiter de nombreuses maladies.
Des aiguilles d’acupuncture datant de quatre mille ans ont été découvertes en Chine. Il faut savoir que le berceau de la Médecine Traditionnelle Chinoise mais aussi celui de la Philosophie (Taoïsme, Confucianisme) [1] se situe dans la région des cours moyen et inférieur du Fleuve Jaune [2], de la région de Zhengzhou dans la province du Hénan à celle de Jinan ou de Qingdao dans la province du Shandong.
Ceci fut confirmé par la découverte archéologique en 1899 à Anyang, site d’une des capitales de la dynastie Shang (XVI-XIème siècle avant JC), dans le Nord du Hénan, d’os et d’écailles de tortues, sur lesquels étaient gravés des oracles et des croyances religieuses. A cette lointaine époque, le temps était conçu comme cyclique sur des périodes de 60 jours, mois ou années [1] et la divination par le moyen de ces écailles de tortues ou d’os plats de bovidés (jiaguwen) soumis au feu, servaient de gravures médicinales, mais aussi à déterminer entre autres, la date et l’importance des sacrifices des prisonniers de guerre ou des animaux [3].
La légende veut que les premières aiguilles étaient de pierre, généralement de silex, mais en fait il paraît étonnant que la Chine, connaissant déjà la métallurgie depuis le IIIème millénaire, n’utilisât pas le bronze.
L’acupuncture traditionnelle postule l’existence d’une énergie Yin et Yang , circulant dans le corps par un réseau complexe de méridiens. L’exemple du nycthémère montre que Yin et Yang , bien que termes antinomiques, s’interpénètrent en évoluant : à l’aube, le Yin (nuit) s’atténue à mesure que le Yang (jour) prend force, et inversement au crépuscule. L’alternance de ces deux états n’est donc qu’apparente car, ils coexistent ensemble. En bref, il y a plus de Yang que de Yin dans la journée, plus de Yin que de Yang pendant la nuit.
Cette loi du rythme Yin et Yang, constitue le fondement de toute la tradition chinoise et par analogie, il n’est guère concevable que toute autre manifestation, rythmée par définition, n’obéisse pas à ce même schéma. Or, la physiologie, essentiellement rythmée, peut à tous ses niveaux s’y rapporter. Ainsi s’expriment par ce rythme aussi bien l’activité cardiaque (systole et diastole) que le système respiratoire (inspiration et expiration), que le rythme veille-sommeil, que tout métabolisme organique (anabolisme et catabolisme).
Pour les Antiques Chinois, l’être humain obéit également aux incitations du milieu extérieur, les saisons, le jour, la nuit etc.. L ’Homme devra être en harmonie avec l’Univers.
Alors, la maladie n’est pas autre chose, du point de vue traditionnel, qu’une anomalie dans cette harmonie. Et, il apparaît vite évident aux Anciens que cette dysharmonie morbide n’est pas le fait unique du macrocosme, mais aussi bien du microcosme, c’est à dire de l’homme lui-même, qui s’est exclu de cette équilibre holistique.
La maladie peut alors résulter d’un déséquilibre énergétique Yin, Yang lié à l’atteinte de l’organisme par des causes externes ou, et des causes internes.
Par cause externe, on entend les énergies perverses (Xie), vent, froid, humidité, sécheresse, chaleur qui agressent l’organisme, mais aussi tous les traumatismes physiques.
Les causes internes opèrent sur l’homme. Il s’agit des perturbations psychiques, c’est à dire les Shen ou Zang ou entités viscérales, âmes végétatives ou même âmes viscérales selon les auteurs : colère (Hun), joie ( Shen), soucis (Yi), tristesse (Po), peur (Zhi), et les causes alimentaires.
Tout le problème médical va donc consister à remettre le malade dans la bonne voie, à rétablir l’accord le plus parfait possible entre ses rythmes internes et ceux du milieu.
Ainsi, à un dérèglement précis, à une maladie déterminée, répond, sur la surface du corps du malade, un point non moins précis, lequel doit recevoir une action spécifique: apport d’énergie en cas de carence, dispersion d’énergie en cas d’excès. C’est par l’implantation d’une aiguille que ces effets sont obtenus, à condition toutefois que cet instrument réponde à certaines définitions traditionnelles.
En effet, comme il s’agit, aux fins d’harmonisation, de mettre en rapport le microcosme et le macrocosme, l’aiguille représentera un axe, pivot idéal reliant Ciel et Terre, au siège malade concerné. L’aiguille d’acupuncture n’est donc qu’un agent de liaison entre deux rythmes, l’un perturbé et l’autre servant de référence.
C’est un moyen symbolique, rituel, de remettre l’homme en contact avec le cosmos en un point de résonance bien déterminé. L’homme est le récepteur, c’est donc de son côté que sera la partie aiguë de l’instrument, la pointe. D’autre part, le Ciel, symbole de l’univers, est circulaire : de ce fait, ce qui est dirigé vers le macrocosme, dans l’aiguille, devra comporter un anneau afin d’être mieux encore en résonance. Le trou ou œil de l’aiguille, collecteur opposé à la pointe, complète symboliquement celle-ci. Et, en tant que « capteur cosmique » relié au macrocosme, cette boucle revêt autant d’importance que la pointe, agent de transmission au microcosme.
L’énergie perturbée sera régularisée donc par l’implantation d’une aiguille d’acupuncture au niveau de points spécifiques. Les aiguilles sont manipulées avec un mouvement de rotation, à la recherche du « De Qi », une sensation, le plus souvent désagréable, à type de meurtrissure, de pesanteur locale.
Toutes les civilisations se sont efforcées de combattre la douleur et la Maladie. La Chine depuis plusieurs millénaires a élaboré une Science médicale, reposant sur des bases théoriques traditionnelles très complexes. Et sa pratique s’est transmise à partir des 18 rouleaux du « Classique de l’Interne de l’Empereur Jaune » (Huang Di Nei jing Su Wen) [4]jusqu’aux traductions de George Soulié de Morant, sans très grande modification. L’acupuncture, qui est devenue en Occident, un peu à tort, le symbole de la médecine traditionnelle chinoise, se développa réellement à partir du IIème siècle avant notre ère, probablement quelques temps après la moxibustion.
Les historiens occidentaux ont cru à la réalité des dynasties légendaires chinoises et aux « empereurs », auteurs des grands textes classiques, dont Fu Xi auteur présumé du Yi Jing (livre des mutations) ou Huang Di, auteur présumé du Nei Jing Su Wen, qui fut daté d’au moins 2000 ans avant JC. La vérité semble tout autre. La première mention du Nei Jing se rencontre dans les « Annales des Han » qui date du 1er siècle avant notre ère. Mais, en fait le Nei Jing est une compilation de textes différents, remaniés et alourdis par les innombrables gloses au cours des siècles, dont les passages les plus anciens remonteraient aux Vème et IIIème avant JC. Puis sous la dynastie Sui (581-618 après JC) puis Tang (618-907), Wang Ping, vers 761 après JC, donna l’édition classique du Nei Jing, dont la forme nous est familière [5], parce que c’est celle qui fut rééditée en 1953, puis 1955 par le Shangwu Yinshu Guan à Shanghaï et qui servit de base à la traduction de Husson [4].
Diagramme du Yi Jing : Song entourant le Yin-Yang sur un Bronze d’époque Ming (1420) au Temple du Ciel à Pékin. Song signifie : « inquiétude, justice et présage heureux ». Song suit toujours le diagramme n°5 Su signifiant « le boire et le manger », ce que l’homme attend et considère comme indispensable. Et de cette attente peut naître la contestation et l’inquiétude exprimées par le diagramme n°6 Song.[26]
Substratum scientifique
Depuis quelques décennies et davantage ces dernières années, l’acupuncture suscite l’attention de milieux médicaux et scientifiques. La raison essentielle de cet intérêt fut l’annonce d’une action analgésique suffisamment puissante pour permettre des interventions chirurgicales. La coïncidence avec une évolution des conceptions neurophysiologiques de la douleur a été à l’origine de très importants travaux à la recherche des mécanismes neurobiologiques.
Cependant, le terme acupuncture englobe actuellement deux conceptions médicales différentes. Pour certains, cette technique ne peut se concevoir qu’au travers des lois de la médecine chinoise traditionnelle avec la référence obligatoire aux notions de points, de méridiens, d’énergie yin et yang . Pour d’autres, elle doit suivre l’évolution des données neuroanatomiques et neurophysiologiques, et acquérir de la sorte son statut scientifique.
C’est ainsi que deux courants se sont distingués, l’un se voulant conservateur et empirique, l’autre d’avant-garde et scientifique.
Les conservateurs, croyant préserver le côté ésotérique de l’acupuncture, ont introduit, sur des données occultistes occidentales, de petites aiguilles d’or et d’argent (Yang et Yin , soleil et lune, jour et nuit, etc.) qu’ils placent sur les points d’acupuncture choisis parmi les quelques formules empiriques dont ils disposent, ou en raisonnant selon les concepts traditionnels chinois.
Les scientifiques, eux, ont radicalement abandonné l’idée de piquer un point et, forts de leur théorie, y appliquent plutôt des courants électriques variés. Certains, voulant aller plus loin encore, appliquent sur les points d’autres agents physiques, des fréquences sonores, lasers ou magnétiques.
- Théorie du gate control de Melzack et Wall
L’hypothèse émise du mode d’action est que l’implantation d’aiguilles provoque l’excitation de récepteurs périphériques qui vont modifier l’intégration des messages douloureux dans le système nerveux central.
Les effets de l’acupuncture s’apparentent aussi à ceux des autres procédés de stimulation qui visent à activer un mécanisme inhibiteur endogène : neurostimulation transcutanée, médullaire ou thalamique. De nombreux arguments indiquent ainsi que l’effet d’installation rapide d’une hypoalgésie par acupuncture correspond à la mise en jeu d’inhibitions pré- ou post-synaptiques s’exerçant au niveau spinal sur les cellules de relais des voies nociceptives : c’est la fameuse théorie du gate control de Melzack et Wall. L’électroacupuncture constituerait de ce fait un procédé susceptible d’activer les afférences tactiles de façon comparable à la neurostimulation transcutanée. Ce contrôle segmentaire serait indépendant de la libération d’endorphines. C’est la première théorie des mécanismes neurophysiologiques de l’acupuncture.
Et comparativement aux techniques neurochirurgicales de stimulation médullaire ou thalamique, l’acupuncture apparaît ainsi comme une technique simple non invasive qui, de même que la neurostimulation transcutanée, constitue une alternative raisonnable.
L’indication principale de l’acupuncture en Chine est ainsi l’analgésie chirurgicale. Les chirurgiens chinois estiment que 30% des patients opérés bénéficient d’une analgésie correcte avec cette méthode. Cette analgésie est provoquée en envoyant un courant électrique dans les aiguilles. Cependant, il est préférable de parler d’hypoalgésie que d’analgésie, car la sensation douloureuse ne disparaît jamais totalement.
L’électrostimulation à des fréquences élevées de 50 à 100 hertz entraîne donc une hypoalgésie localisée au métamère où est appliquée la stimulation. Son délai d’installation est rapide. En règle général, l’effet inhibiteur cesse à l’arrêt de la stimulation et est indépendant de la libération des substances morphiniques endogènes au contraire de la neurostimulation à fréquence basse [20,21]. Cela ferait intervenir la théorie du gate control avec action sur les fibres nerveuses tactiles de gros diamètre (fibres II).
- Théorie neurohormonale
Par contre, pour des fréquences plus basses de 2 à 4 hertz, l’hypoalgésie est d’installation plus progressive et peut s’observer dans un territoire à distance du métamère où est appliquée la stimulation. D’autre part, l’effet se prolonge après l’arrêt de la stimulation grâce à la libération des endorphines, comme cela a été démontré encore récemment chez la souris, ou le rat [6, 20,21].
Après la découverte, en 1975, des enképhalines et des endorphines, des inhibiteurs naturels de la douleur, les neurologues ont suggéré que les aiguilles pouvaient déclencher la libération d’une ou plusieurs de ces substances. Ces dernières auraient pour effet de bloquer la transmission des messages douloureux au niveau de la moelle épinière. Cette deuxième théorie semble confirmée par de nombreuses études. Des scientifiques ont également démontré que l’analgésie par acupuncture était au moins partiellement bloquée par la naloxone, une substance inhibant l’action de la morphine et des endorphines [7, 8,9, 10,11, 12,13,14, 15,16].
- Théorie neuropsychologique
La troisième théorie fait intervenir des mécanismes neuropsychologiques. En effet, des hypothèses psychophysiologiques ont également été émises pour expliquer les effets hypoalgésiques de l’acupuncture. L’hypnose, la suggestion et l’effet placebo ont été proposés. Le faible pourcentage d’interventions chirurgicales réalisées en Chine sous acupuncture (environ 10%) témoigne de l’importance de facteurs individuels. De nombreux travaux démontrent un effet dit non spécifique de l’acupuncture. Ainsi par exemple, une équipe américaine dans une étude clinique randomisée, trouva que l’électroacupuncture était efficace de manière statistiquement significative dans les vomissements induits par chimiothérapie. Or, dans le groupe acupuncture à minima avec électrostimulation feinte, l’efficacité fut également retrouvée versus le groupe témoin sans acupuncture. Les auteurs avaient conclu à un effet non spécifique lié à l’interaction psychologique patient-acupuncteur [22].
L’hypothèse de mécanismes communs à l’acupuncture et à l’hypnose a été infirmée par des travaux montrant que les effets hypoalgésiants de l’hypnose ne seraient pas modifiés par l’administration de naloxone. Certaines études ont établi un lien entre réponse à l’acupuncture et réponse à l’hypnose [23].
Contrairement à l’hypnose, l’effet placebo ne serait peut-être pas sans relation avec une libération de substances morphinomimétiques. Cette notion fait cependant l’objet de controverses. Il n’y a aucune raison de penser que l’acupuncture puisse échapper à la règle qui veut que l’efficacité de toute technique résulte de son effet propre, ajouté à d’autres actions non spécifiques, placebo.
Mais dans tous les cas, restreinte à ces conceptions modernes, l’acupuncture ne présente plus qu’un rapport lointain avec les bases classiques de la Médecine Traditionnelle chinoise. On est alors en droit de se demander si la dénomination d’acupuncture demeure légitime pour désigner le seul procédé de stimulation périphérique électrique.
Au nom de la Science, l’Acupuncture perdrait son âme et ses fondements empiriques.
Science
Pourtant, l’acupuncture est issue d’une des civilisations les plus anciennes de l’humanité. Et, bien avant les pays européens, la Chine parvint à donner une forme relativement développée à l’activité scientifique. N’ont-il pas inventé la poudre, la boussole magnétique ? La Chine était même sans rivale pour l’importance de sa production de bronze et pour la sophistication de ses techniques métallurgiques.
Mais la médecine traditionnelle chinoise basée sur une tradition, une conception générale de la vie, ne fut pas réellement élaborée par méthode scientifique. C’est en effet à partir de la théorie du yin yang dont ils eurent la révélation que les empereurs mythiques Huangdi et Shennong promurent la médecine, chacun étant réputé être à l’origine de l’une des deux grandes voies de la médecine.
En Occident, ce n’était pas mieux car la science et la philosophie, furent longtemps inséparables. Dans l’Antiquité, la philosophie représentait la science suprême, celle «des premiers principes et des premières causes». Les autres sciences, et notamment la physique, recevaient d’elle leurs bases. Aux siècles de foi et d’autorité, la théologie était la reine des sciences. La philosophie était sa servante ou plutôt, comme gémissait Kant, sa suivante, alors que la philosophie, disait-il, devait précéder et non pas suivre, marcher en tête des disciplines.
Toutefois, c’est en Occident que la science prit une forme institutionnelle stable. La Renaissance fut une étape décisive, car l’activité des scientifiques devint autonome à cette époque. Elle se distingua donc de celle des philosophes et des théologiens, abandonnant ainsi une longue tradition héritée des universités médiévales.
Des chaires de science et de médecine furent alors créées dans les facultés européennes [17].
Et émergea progressivement en Europe une science moderne, ouverte aux hypothèses et aux théories nouvelles, et à l’expérimentation.
Mais c’est au XVIIe siècle et surtout au XVIIIe, avec l’apparition de la méthode expérimentale que se développèrent réellement les sciences.
L’idée que la science pouvait devenir l’élément central d’une conception du progrès émergea petit à petit, portée par les élites et une partie des classes dirigeantes. Une nouvelle étape fut franchie avec la fondation de nouvelles académies : la Royal Society fut instituée à Londres en 1662, puis l’Académie des sciences à Paris en 1666. La Royal Society de Londres était une novation, car elle voulait substituer à la spéculation purement philosophique l’observation et l’expérience. Avec ces deux académies, créées par le pouvoir politique, un nouveau mode de relations s’instaurait entre la science et le pouvoir : la recherche était reconnue officiellement.
Au XVIIIe siècle, la philosophie des Lumières contribua à ancrer l’idée que le progrès des connaissances scientifiques et technologiques pouvait être un puissant facteur de transformation des sociétés ; cette idéologie influencera des hommes politiques et des administrateurs de nombreux pays européens.
Au XIXe siècle la grande révolution industrielle édifiée sur des innovations techniques importantes (machines textiles, machines à vapeur) devait donner naissance à une industrie nouvelle, fondée sur l’application systématique des découvertes scientifiques.
Et la médecine ?
En Chine, à partir du IIIe siècle avant JC, parallèlement à la médecine traditionnelle, une médecine empirique se développa aussi.
Alors que la doctrine préalable du Yin et Yang justifie l’acte thérapeutique du médecin traditionnel, le médecin empirique ne peut justifier ses actes que par eux-mêmes et ne s’appuie que sur la pratique : un acte sera bon dans tel cas s’il a obtenu un bon résultat dans la plupart des cas semblables. Et c’est peut-être déjà une forme d’expérimentation.
Ces médecins empiriques existèrent très tôt à côté de la médecine traditionnelle, mais les empiriques devinrent officiels lorsque le premier empereur de la dynastie Qin, Qin Shi Huangdi (221-207 avant JC), célèbre pour son mausolée et son armée de guerriers de terre cuite, organisa un autodafé des textes classiques, faisant table rase du passé, interdisant tout recours aux données traditionnelles. Les initiés qui avaient pu sauver leur tête dans cette affaire entrèrent dans une sorte de clandestinité, sans trop oser se manifester, et les empiriques devinrent les seuls médecins désormais officiels, par le simple fait qu’ils n’évoquaient aucune tradition dans leur exercice professionnel.
A 42 km de Xi’an, la ville de Lintong et le tombeau du premier empereur Shi Huangdi des Qin aménagé dès son accession au trône. Lorsqu’il mourut en 210 avant JC, il se fit enterrer dans un tombeau qui avait exigé 36 ans de labeur avec son armée de terre cuite.
Dans la conception chinoise, l’individu conserve son statut et son rang au delà de la mort. De ce fait Shi Huangdi se devait d’avoir une armée d’outre-tombe pour veiller sur son immense palais funéraire. En 1974, un paysan découvrit une effigie en creusant un puits. Depuis, les archéologues s’attèlent à l’un des plus grands chantiers de l’archéologie mondiale en déterrant des trois fosses une armée en argile de plus de 7000 guerriers et chevaux en ordre de formation.
Dès lors, avec la disparition des traditionnels, les ouvrages classiques, que personne ne comprenait plus, furent recopiés, amputés des passages consacrés à la doctrine et commentés par des auteurs qui osèrent les signer de leur nom. Tels sont maintenant ces classiques reconstitués de mémoire après l’incendie des livres, incomplets, truffés de commentaires parasites et trop souvent erronés. De plus, et après les amputations d’usage, des commentaires vinrent s’intercaler entre ce qui restait du texte, de telle façon qu’il est impossible de distinguer ce qui est authentique de ce qui est apocryphe. Ainsi, au VIIIe siècle, Wang Bing, pour ne citer que lui, recopia ce qui restait du texte et ses propres commentaires dans le même corps de caractères.
La médecine se borna à accomplir de ce fait, une série d’actes thérapeutiques non réfléchis, sur des symptômes précis qui réclamaient selon l’usage établi par la pratique ou l’expérience telle ou telle intervention. On abandonna l’examen du pouls au profit du catalogue des symptômes : on traita la maladie au lieu de traiter le malade, les causes de la maladie furent oubliées au profit de l’expression pathologique [18].
Bien que la médecine compte plusieurs millénaires d’existence, elle n’a atteint réellement son âge adulte que depuis moins de deux cents ans. Cela tient à ce qu’elle est à la fois un art et une science.
Un art, elle pouvait l’être dès l’origine des civilisations, à la mesure de l’intuition, de l’empirisme, de l’humanisme et du savoir-faire de ceux qui l’exerçaient.
Une science, parce qu’elle s’exerce en un mode de connaissance critique. Le qualificatif «critique» doit être entendu ici en un double sens : il indique, d’une part, que la médecine, comme la science en général, applique un contrôle vigilant sur ses propres démarches en mettant en œuvre des critères précis de validation, et, d’autre part, qu’elle élabore des méthodes qui lui permettent d’étendre de façon systématique le champ de son savoir.
Maintenant, il est aisé de croire que seules les découvertes biologiques, physiologiques peuvent fonder la science médicale et que toutes les techniques thérapeutiques antérieures, anciennes, traditionnelles relèvent de l’obscurantisme total.
Et la médecine va s’appuyer donc sur une démarche scientifique visant à la compréhension des phénomènes biologiques en faisant appel à l’analyse et à l’expérimentation, dans le but de comprendre les fondements même de la vie et ses dérèglements. Mais de surcroît, la médecine se doit d’apporter des réponses efficaces sous la forme de procédures thérapeutiques.
Ainsi comme le dit Triadou [19], « la notion de maladie fait référence à un modèle qui s’appuie tout autant sur une histoire clinique ou clinico-biologique, que sur une conception physiopathologique typique », et je rajouterai, qu’à partir de ces conceptions, la médecine se doit d’élaborer un modèle de thérapeutique standardisée et applicable à tout individu.
Et c’est ce que la médecine moderne essaie d’étendre à l’acupuncture, comme jadis les empiriques l’emportèrent sur les traditionnels.
Bref, pour que l’acupuncture soit reconnue officiellement comme faisant partie intégrante de la médecine moderne, deux choses essentielles sont exigées :
D’une part, prouver, démontrer expérimentalement les fondements physiopathologiques, histologiques, cytologiques, immunologiques ou biologiques de l’acupuncture : qu’est ce qu’un point d’acupuncture ? Quelles sont les substances hormonales impliquées ? Déterminer les mécanismes d’action ? etc..
D’autre part, comme tout médicament, l’acupuncture doit faire la preuve de son efficacité thérapeutique, en faisant appel à des essais cliniques randomisés, acupuncture versus placebo ou traitement de référence. Et ces essais qui s’appuient sur des comparaisons permettent ainsi de formuler des conclusions scientifiquement valables, car significatives par un test statistique.
Et sous prétexte de devenir une médecine scientifique, l’acupuncture se doit-elle de se couper de son héritage et d’oublier ses racines traditionnelles ? Il me semble que non, car l’immense richesse de cette médecine implique que la recherche scientifique a aussi le devoir d’intégrer les sources chinoises qui vont permettre d’établir par exemple des protocoles méthodologiques en accord avec les acupuncteurs traditionnels. On éviterait ainsi les erreurs ou les biais de méthodologie liés à des groupes dits placebos qui ne le seraient pas, comme on peut l’observer dans certains essais cliniques randomisés.
Par ailleurs, il est fort possible qu’un jour, les archéologues mettent à jour des textes anciens, antérieurs à l’autodafé de Qin Shi Huangdi, comme on a exhumé en 1991 des bronzes de la période des Printemps et Automnes (771-481 avant J.C), textes qui pourraient nous ouvrir les yeux sur certains chapitres abscons des Classiques.
Mais surtout, il me paraît évident que la recherche scientifique en acupuncture ne peut faire l’impasse sur le travail des sinologues ou des acupuncteurs. Le progrès de la science étant une œuvre collective, les informations doivent circuler entre les chercheurs d’une manière aussi rapide et complète que possible. Qu’il s’agisse des méthodes expérimentales employées, des observations effectuées dans le cadre des essais cliniques randomisés ou de simples études de cas, des essais infructueux tentés, des traductions des sinologues, ou encore des différents résultats obtenus, leur connaissance est un stimulant pour le chercheur, un adjuvant précieux dans les sciences d’observation et un point de départ ou un garde-fou pour le médecin acupuncteur.
Dans ce but, la technologie deviendra un composant essentiel de cette communication, et l’Internet en est un vecteur essentiel.
Internet
L’Internet est un réseau de réseaux disséminés dans le monde entier et accessible quasi librement. L’Internet représente également une communauté d’utilisateurs qui dialoguent ou échangent du courrier électronique.
L’Internet d’aujourd’hui qui a connu une croissance exponentielle au cours de ces dernières années, est issu du réseau Arpanet (de l’Advanced Research Projects Agency), créé en 1968 par le département d’État américain de la Défense pour relier quatre universités et centres de recherche. En 1979, parallèlement au développement d’Arpanet et dans le but de faire correspondre des ordinateurs afin d’échanger des informations essentiellement scientifiques, le système CSNET (computer Science Research Network) est construit par les universités américaines. De phénomène militaire, puis universitaire, l’Internet devint ensuite aux États-Unis l’affaire des grandes et petites entreprises privées, avant de devenir celle des particuliers.
En 1983, c’est au tour de l’Europe et du reste du monde de se connecter à ce réseau de réseaux, qui relie dès 1995, date de l’explosion de l’Internet en Europe, plus de 2 millions d’ordinateurs et plus de 30 millions d’utilisateurs dans 146 pays. En 1993, l’Internet comptait déjà plus de 45 000 réseaux et s’étendait au rythme de 1 000 nouveaux réseaux par mois! Mais presque un quart de siècle aura été nécessaire pour que l’Internet arrive sur le devant de la scène.
En se connectant à l’Internet, on accède à des centaines de milliers de gigaoctets de données en ligne, disponibles sous forme de textes, de bases de données, d’images, de vidéos, de sons. Ces informations numériques traitent de tous les sujets. Et cela constitue le point fort d’Internet !
La médecine n’est pas oubliée.
Pour l’acupuncture, la communication des recherches passe aussi par les grandes banques de données bibliographiques qui ont envahi l’Internet, tout en conservant la tradition d’ouverture et de gratuité des bibliothèques publiques. La recherche bibliographique doit alors dépasser le cadre étroit de la thèse et de la publication scientifique. Ainsi l’acupuncteur en verra tout l’intérêt dans son exercice quotidien. Savoir ainsi que l’acupuncture offre une possibilité de traitement dans les vomissements chimiothérapiques induits bien plus efficace qu’un traitement anti-émétique conventionnel ne peut que renforcer les convictions de l’acupuncteur de base dans son petit cabinet libéral.
Comment s’informer et rester à l’écoute de la recherche scientifique ?
Il faut d’abord savoir que l’Internet héberge deux types de documents [24]:
– les documents primaires qui sont les documents originaux, en texte intégral ;
– les documents secondaires (les bibliographies) qui vont référencer les documents primaires.
Par exemple la revue « Méridiens » possède un site internet dont l’adresse qui va référencer des documents primaires. Vous y trouverez des publications originales en texte intégral.
Cette revue sera elle-même référencée dans la banque de donnée de l’institut de l’information scientifique et technique (INIST). L’INIST, document secondaire donc, au sein du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a pour mission de collecter, traiter et diffuser les résultats de la recherche scientifique et technique. Cette banque de données contient ainsi plus de cinq millions d’articles.
En pratique, on peut considérer qu’il existe deux sortes de recherche
– la recherche documentaire. Les requêtes sont adressées à des banques de données documentaires par des moteurs de recherche ou des métamoteurs (Northern Light,Vista, Google, Fast, Voilà, Hotbot, MedNets etc..), des répertoires de sites ou annuaire [25] (Yahoo, Nomade, Ecila, CISmef, Lycos, CliniWeb, etc..) ou des agents intelligents (copernic, Strategic Finder, QueryServer). Grâce à cela l’utilisateur obtient une liste de documents primaires directement accessibles.
– la recherche bibliographique. Les requêtes sont adressées à des banques de données bibliographiques comme : TheseNet, INIST, Pediadol, BDSP, Heracles, BioMedNet, Medline etc.. On obtiendra alors une liste de références bibliographiques beaucoup plus ciblée. D’autre part, de plus en plus de publications médicales, comme « Méridiens » mettent en ligne des articles en texte intégral. (Méridiens, Jama, British Medical Journal, The Lancet etc..). Medline peut aussi, dans certains cas, renvoyer directement à partir de sa base vers les documents primaires.
La recherche documentaire fait appel à des moteurs de recherche, à ne pas confondre avec les répertoires. Le moteur de recherche est rarement pris de court. La principale qualité d’un moteur est d’avoir réponse à tout car le caractère automatique et non sélectif de son indexation lui permet de recenser près de 500 millions de pages. Son principal défaut est d’être souvent peu pertinent. Ainsi prenons pour exemple le terme « Acupuncture ». AltaVista à la date du 04/02/2001 va recenser 190 705 articles traitant de l’acupuncture. Google en trouve plus de 414 000, Voilà : 6009, Debriefing : 7855 articles, Northern Light : 164 639 articles. Les articles référencés parlent de telle actrice utilisant l’acupuncture, ou de l’adresse du site de « Méridiens » ou l’adresse d’une association d’acupuncteurs au Québec…Cela n’a rien de très scientifique, mais peut être affiné en ciblant davantage avec des mots clefs et les opérateurs logiques booléens (AND, OR, NOT, ou AND NOT).
Les répertoires obéissent à une philosophie bien différente. Comme il existe une multitude de sites, certaines sociétés ont sélectionné et indexés les sites qui correspondent le plus à leur propre critères de sélection. C’est dire dans ce cas que bien souvent on trouve moins de réponses à un sujet précis mais cette réponse sera beaucoup plus pertinente.
Prenons toujours pour exemple le terme « acupuncture », la société Ecila va référencer à peine 100 liens concernant l’acupuncture. Yahoo, Nomade, Lycos vont en référencer davantage, mais lorsque l’on fait une recherche directe en tapant le mot « acupuncture », le répertoire nous oriente selon un classement thématique propre à chaque répertoire. Ainsi pour Yahoo, on aboutit au thème Santé puis Médecine parallèle puis Médecine chinoise. C’est à peu près la même chose pour Lycos Avec Nomade : 65 sites seront référencés avec un commentaire sur chaque lien. Doc’CISMeF va référencer uniquement deux sites : acubase, et DUMENAT qui est le Département Universitaire des MEdecines NATurelles de l’Université Léonard de Vinci à Paris. CISMeF, catalogue du CHU de Rouen, comme CliniWeb sont des catalogues médicaux et élaborés toujours sur le même principe : classement thématique par spécialités et classement alphabétique (par descripteurs MeSH : Medical Subject heading). Même chose pour HON qui est un catalogue très précieux basé aussi sur les descripteurs MeSH, puis lorsque le chemin est trouvé, HON se connecte à une banque bibliographique genre Medline. Ainsi, l’exploration des répertoires emprunte donc une ou plusieurs voies plutôt qu’un seul mot clé dans une fenêtre d’interrogation.
Les agents intelligents dont le meilleur est sans nul doute Strategic finder ont l’avantage extraordinaire de rechercher l’information dans certaines bases de données généralement non référencées sur le Web. Et c’est l’atout de Strategic Finder de trouver des documents par exemple au format bureautique, en texte brut, inaccessibles aux moteurs de recherche classiques. A la manière d’un métamoteur, il va interroger les différents moteurs de recherche existants, mais aussi les bases de données tels forums, lettres de diffusion, bibliothèques, revues gouvernementales, universitaires, informations issues donc de ce qu’on appelle le Web invisible.
QueryServer est un agent intelligent hybride, à la fois métamoteur et répertoire centré sur le monde de la santé : 146 références sont retrouvées pour le terme « acupuncture » mais cela peut varier en fonction des paramètres de recherche ( temps de recherche, nombres de revues, recherche Medline compris ou pas etc…). Même chose pour MedNets qui est un métamoteur médical basé sur la technologie de Copernic qui interroge simultanément plusieurs outils et bases de données médicales. On doit sélectionner la spécialité comme la rhumatologie ou l’endocrinologie et la recherche s’effectuera dans les revues référencées. Les possibilités sont très importantes.
Bien plus pertinente et ciblée est la recherche bibliographique. Une banque de données bibliographiques est composée de notices produites par un service universitaire, une institution plus ou moins gouvernementale, ou même une société commerciale.
Le document primaire est analysé, commenté, indexé par des spécialistes qui vont rédiger une notice décrivant le document et son contenu (titre, auteur, éditeur, date de publication, résumé, mots clés). L’interrogation de ces banques de données se fait de la même façon que pour les moteurs de recherche, mais si on veut davantage de précisions, il faut établir des équations de recherche en utilisant des règles syntaxiques précises.
Les banques de données sont nombreuses. En voici quelques unes s’intéressant à l’acupuncture chez lesquelles la requête « acupuncture » a été réalisée à la date du 4 février 2001 :
- TheseNet : catalogue référençant toutes les thèses soutenues en France depuis 1983. La requête avec le mot clé « acupuncture » permet de retrouver 234 thèses.
- Institut de l’information scientifique et technique (INIST) : 5 millions d’articles provenant de 630000 numéros de périodiques. La même requête simple avec le mot acupuncture retrouve 89 documents
- Pediadol : association pour la diffusion des données sur le traitement de la douleur de l’enfant : 2 références
- BDSP : banque de données concernant la santé publique en France : 88 références concernant l’acupuncture. Inconvénient, il faut un mot clé pour accéder au résumé.
- Heracles : 87 000 notices et 500 revues concernant le domaine du sport sont indexées dans cette banque de données. 40 références traitant de l’acupuncture avec des résumés en ligne peuvent être retrouvées.
- BioMedNet est une banque de données très importante référençant de nombreuses revues, livres, ouvrages techniques, commentaires, éditoriaux et interconnecté à Medline. La requête sur « acupuncture » retrouve 7684 références.
- The research Council for Complementary Medicine avec son moteur de recherche Ciscom offre 800 références avec résumés concernant les études cliniques randomisées de 1980 à 1998
- Cancerlit : banque de données bibliographiques du National Cancer Institute avec 1,5 millions de notices, dont 69 concernent l’acupuncture.
- The Cochrane Library, dont l’accès est gratuit après inscription offre 28 articles complets, diffusés librement. C’est aussi une banque de données de l’Evidence-based Medicine (EBM) , médecine basée sur les meilleures preuves disponibles.
- Gateway : mis à la disposition du public le 16 octobre 2000 est une interface de recherche de la National Library of Medicine. 9769 notices avec résumés de chaque article sur l’acupuncture sont retrouvées par l’intermédiaire de cet outil qui interroge simultanément la banque de données bibliographiques Medline, le répertoire Medline Plus, le catalogue audiovisuel Locator plus, les résumés de congrès sur le sida et une banque de donnée sur les projets de recherche en santé (HSRProj)
- Medline (PubMed) : c’est enfin la banque de données bibliographiques de référence en médecine. Onze millions de notices bibliographiques, 4300 publications indexées par la National Library of Medicine (USA). Medline se caractérise par son choix des revues indexées très orientées sur la clinique. Son langage original est le thésaurus MeSH adopté déjà par de nombreux répertoires. Les requêtes sont faites par l’intermédiaire de 2 types de mots clés : les mots du titre et du résumé des articles et les descripteurs MeSH. Le thésaurus MeSH (abréviation de Medical Subject Heading) est le vocabulaire contrôlé utilisé par les documentalistes de la NHM pour indexer tous les articles présents dans Medline. Le mot « acupuncture » est ainsi indexé comme descripteur MeSH, et sa recherche permet ainsi de trouver 7476 notices. Par ailleurs, Medline propose quelque fois un lien vers le texte intégral de plusieurs centaines de revues. Mais la plupart ne sont accessibles que par abonnement et mot clé.
La recherche documentaire peut aussi s’effectuer directement dans les revues médicales en ligne. Ainsi JAMA référence 102 articles concernant l’acupuncture parus dans ses colonnes en accès direct gratuits et souvent complets. Bristish Medical Journal (BMJ) en référence 10 seulement The Lancet : 44 articles dont certains complets après inscription préalable et mot de passe The New England Journal of Medicine : 3 articles complets et gratuits EBM journal : 3 références aussi, mais 1 seul complet.
Toutes ces revues offrent l’avantage de proposer des correspondances épistolaires, des éditoriaux, des commentaires de lecteurs dans les forums qui ne sont jamais indexés dans Medline ou dans n’importe quel moteur de recherche : cela fait partie de l’Internet invisible, car non référencé. Pour aller plus vite, on peut aussi lancer la recherche dans un catalogue de publications comme HigWire Press qui rassemble 225 revues médicales internationales et propose une interface commune de présentation avec sommaire du numéro courant, résumés, archives etc..). Les documents récents sont exceptionnellement en accès intégral gratuit au contraire des archives de plus d’un ou deux ans d’existence. Ainsi, 128 notices sur l’acupuncture ont été retrouvées.
Et bien sûr, la recherche peut s’effectuer sur les revues d’acupuncture. « Greek medical Acupuncture », site grec, offre un moteur de recherche spécifique à l’acupuncture mais aussi d’innombrables liens vers d’autres sites de Médecine Traditionnelle Chinoise dont certaines revues. La recherche d’un mot, par exemple « stress » permet de détecter 93 documents référencés sur son site concernant l’acupuncture et le stress.
Trente-six références sur le stress seront trouvées dans la revue anglaise « Acupuncture in Medicine », émanation de « the British Medical Acupuncture Society ». Dix numéros de 1995 à 2000 ont été mis sur l’Internet, avec possibilité de consulter gracieusement une sélection d’articles complets. D’autre part, les résumés des articles sont présentés systématiquement.
La revue américaine « Medical acupuncture » est une émanation de l’American Academy of Medical Acupuncture. Toujours pour le même terme de recherche « stress », 42 références sont retrouvées sur ce site. Douze numéros de la revue parus sur une période de 13 ans, sont offerts en ligne avec les résumés ou même mieux les articles complets sélectionnés sur la période allant de novembre 1996 à juin 2000. Les 4 derniers numéros sont entièrement en ligne sans restrictions.
La revue française « Méridiens » offre aux internautes les résumés et bien souvent de larges extraits de tous les articles parus depuis 1996, ainsi que le texte intégral d’un ou deux articles par numéro. Tous les titres des articles parus depuis 1968 sont également référencés. Six références sur le terme « stress » sont retrouvées.
Mais surtout, chose que ne fait encore aucune autre revue d’acupuncture, « Méridiens » vous offre la possibilité de recevoir chaque semaine des notices bibliographiques de Medline concernant le thème de l’acupuncture. Ainsi, l’internaute a dans sa boite aux lettres électronique toute l’actualité de l’acupuncture parue dans plus de 4300 publications internationales indexées dans la National Library of Medicine. Pour les acupuncteurs qui suivent de près la littérature médicale concernant leur spécialité et sur une longue durée, l’intérêt de cet outil n’a nul besoin d’être souligné.
Enfin, depuis peu, un nouveau site « acupuncture-ebm » offre la possibilité aux acupuncteurs de s’intéresser aux essais cliniques randomisés qui sont analysés et commentés selon les impératifs de la médecine factuelle fondée sur les meilleures preuves disponibles. On découvrira par exemple qu’une équipe américaine dans une étude clinique randomisée, trouva que l’électroacupuncture était efficace de manière statistiquement significative dans les vomissements induits par chimiothérapie.[22]
Conclusion
Il peut sembler contradictoire d’associer science, acupuncture et Internet. L’acupuncture est souvent considérée par les scientifiques comme une technique ou une médecine devant faire ses preuves. Mais bon nombre d’actes pratiqués en clinique conventionnelle ont peu de fondements scientifiques alors qu’en revanche, divers essais contrôlés randomisés ont prouvé l’intérêt scientifique de certaines interventions d’acupuncture.
La médecine scientifique a besoin de travailler conjointement avec la médecine traditionnelle chinoise, ne serait ce que pour mettre en oeuvre des comités d’expertise de spécialistes en acupuncture qui valideraient par exemple les protocoles d’acupuncture utilisés, surtout ceux considérés comme placebo ou à action minimale.
Par ailleurs, la conception et la réalisation d’essais cliniques randomisés d’acupuncture nécessitent que la communauté des praticiens acupuncteurs fasse preuve d’un engagement plus profond qu’il ne l’est actuellement vis-à vis de la science, de la pensée critique et de la médecine basée sur les meilleures preuves disponibles.
Et l’Internet, avec ses moyens infinis, tout aussi bien en banques de données qu’en moyens de communication se doit d’être l’acteur de ce consensus.
Références
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2. Liu Y, Gu W, Pang T :« Vérification de la théorie des mouvements et des énergies par des relevés météorologiques importants dans la région de Zhengzhou sur trente ans » J Med Trad Chin, 1987, 3, 189-205.
3 .Gernet J. : « diversité culturelle et bouleversements historiques » dans « la gloire des empereurs de Chine ». Paris, éditions Findakly, 2000, 40-51
4. Husson A: “ Huang Di NeiJing Su Wen” Ed. A.S.M.A.F., Paris, 1973.
5. Huard P: “La médecine sous les dynasties Souei et Tang”. Méridiens, 1990, 89, 43-62.
6. Huang C, Wang Y, Chang J, Han J: Endomorphin and &mgr;-opioid receptors in mouse brain mediate the analgesic effect induced by 2 Hz but not 100 Hz electroacupuncture stimulation. Neurosci Lett. 2000 Nov 24;294(3):159-62.
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8. Zhu D, Zhao J, Wang L, Liu S, Li C. : The changes in firing rates of ventromedial hypothalamic neurons and its modulations by electroacupuncture, arcuate nucleus and locus coeruleus during the immune response.Chen Tzu Yen Chiu. 1996;21(3):32-5.
9. Bragin EO, Emel’ianenko IV, Popkova EV: The ratio of the contents of beta-endorphin, adrenaline and noradrenaline in the hypothalamus of rats with an experimental stomach ulcer and during acupuncture. Fiziol Zh SSSR Im I M Sechenova. 1989 Jul;75(7):917-22.
10. Salar G, Iob I: Transcutaneous electroanalgesia and naloxone. Clinical aspects. 1978;24(6):415-7
11. Petti F, Bangrazi A, Liguori A, Reale G, Ippoliti F: Effects of acupuncture on immune response related to opioid-like peptides. J Tradit Chin Med. 1998 Mar;18(1):55-63.
12. Nazyrova LA, Shumilova Iiu :Role of neuropeptides and « pain substances » in the formation of humoral mechanisms of experimental and postoperative pain. Anesteziol Reanimatol. 1998 Sep-Oct;(5):21-3.
13.Pintov S, Lahat E, Alstein M, Vogel Z, Barg J: Acupuncture and the opioid system: implications in management of migraine. Pediatr Neurol. 1997 Sep;17(2):129-33.
14. Wang HH, Chang YH, Liu DM, Ho YJ: A clinical study on physiological response in electroacupuncture analgesia and meperidine analgesia for colonoscopy. Am J Chin Med. 1997;25(1):13-20.
15. Chiang MH, Wong JO, Chang DP, Dai YB, Chen CC, Lee SC, Chang CL: The effect of needleless electroacupuncture in general anesthesia during laparoscopic surgery]. Acta Anaesthesiol Sin. 1995 Jun;33(2):107-12.
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17. Papon P :La recherche scientifique. Encycl. Universalis 1998.
18 .Lavier J. A.: Médecine chinoise, médecine totale, Paris , Grasset, 1991.
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22. Shen J, Wenger N, Glaspy J, Hays R.D, Albert P.S, Choi C, Shekelle P.G : Electroacupuncture for Control of Myeloablative Chemotherapy–Induced Emesis. A randomized controlled trial. JAMA. 2000 ; 284 , 21, 2755-2761.
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26. Philastre P-L-F : Le YiKing. Edit Zulma, Paris.1992.
Annexes
Recherche documentaire
Principaux Moteurs de recherche ou métamoteurs Northern Light : www.northernlight.com AltaVista: http://ragingsearch.altavista.com Google : www.google.com Fast : www.alltheweb.com Voila : www.voila.fr Metacrawler:www.metacrawler.com Mamma : www.mamma.com Search : www.search.com Debriefing : www.debriefing.com/france Acupuncture.com:http://acupuncture.com/sitemap.htm | Principaux répertoires de site Yahoo : www.yahoo.fr Nomade : www.nomade.fr Cismef : www.cismef.org Lycos : www.lycos.fr CliniWeb : www.ohsu.edu/cliniweb Excite : www.excite.fr Ecila : www.ecila.com HON sélect: www.hon.ch/HONselect/index_f.html | Agents Intelligents Copernic : www.copernic.com/fr/ Strategic Finder : www.strategicfinder.com QueryServer : http://www.queryserver.com/health.htm MedNets :www.mednets.com/smedlink.htm |
Recherche bibliographique
Banques de données bibliographiques Medline(PubMed) : www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi INIST : http://form.inist.fr/public/fre/conslt.htm TheseNet : http://thesenet.abes.fr/ Cochrane Library : www.cochrane.org Gateway : http://gateway.nlm.nih.gov/gw/Cmd CancerLit : www.cancer.gov/cancerinfo/literature Pediadol : www.invivo.net/invivo/pediadol/bbo/compsearch.sql Heracles : www.sportdoc.unicaen.fr/heracles/accueil.htm BDSP: www.bdsp.tm.frRCCM’s Ciscom : www.rccm.org.uk/cisc.htm Acudoc2 : www.acudoc2.org | Publications médicales internationales HighWirePress : http://intl.highwire.org BioMedNet : www.bmn.com/ Jama : http://jama.ama-assn.org British Medical Journal : www.bmj.com The lancet : www.thelancet.com The New England Journal of Medicine : www.nejm.org EBM journal : www.ebm-journal.presse.fr Méridiens : www.meridiens.org Medical Acupuncture www.medicalacupuncture.org/aama_marf/journal/index.html Greek Medical Acupuncturehttp://users.med.auth.gr/~karanik/english/main.htm Acupuncture in Medicine www.medical-acupuncture.co.uk/aimintro.htm EBM-ACUPUNCTURE : www.ecr.fr.fm |
Stéphan JM. Science, acupuncture et internet. Méridiens. 2000;115:27-37 (Version PDF courte)
Stéphan JM. Science, acupuncture et internet. Méridiens. 2000;115:27-37. (Version HTML longue 2000)