Atlas de poche du diagnostic par la langue en médecine chinoise

Atlas de poche du diagnostic par la langue en médecine chinoise SCHNORRENBERGER C. Clauss et SCHNORRENBERGER
Beate Bruxelles : Satas éditions, 2014.
304 p. ; 18,8 cm x 12,4 cm. Broché, fig, illust., biblio.       
ISBN 978-2872931378 : 38,80

Basée sur la version anglaise parue en 2011, voici la seconde édition de cet atlas consacré au diagnostic par la langue en médecine chinoise.

Clauss et Beate Schnorrenberger vont aborder la langue de manière très didactique.

Après un rappel en seize planches embryologiques et anatomiques concernant l’innervation, la vascularisation, puis la physiologie de la langue (salive, glandes salivaires, sens gustatif, etc.), ils abordent la procédure méthodologique pour un examen systématique.

Ainsi, les auteurs expliquent tout d’abord la topographie linguale, c’est-à-dire la correspondance des différentes régions de la langue en fonction des Trois Réchauffeurs.

Puis, les trois critères essentiels de l’examen sont décrits : aspect, couleur et enduit lingual. On commence donc par inspecter le corps de langue, voir la texture qui juge de l’état de l’énergie des Organes et déterminer un Vide ou une Plénitude, bref l’aspect, la forme ou le volume, la surface fissurée ou lisse, les empreintes des dents, la mobilité et la tonicité, l’humidité ou la sécheresse. La couleur, reflet de l’état « instantané » est aussi très importante : normale, blanche ou pâle, rouge, rouge foncée, bleutée.

Enfin le dernier critère, l’enduit lingual est étudié. Il permet d’actualiser le processus pathologique et de déterminer le type de l’agression externe par la couleur, l’état d’humidité et de sécheresse, l’épaisseur et la répartition : blanc, jaune – brun voire gris ou noir.

Les auteurs insistent sur le fait que l’analyse doit être bien sûr modulée avec les données de l’interrogatoire, mais aussi de la sphygmologie, afin de déterminer un diagnostic en fonction de la différenciation des syndromes (bianzheng).

L’intérêt de cet ouvrage va résider dans une très belle iconographie de deux-cents photos en couleurs concernant un grand chapitre clinique. On aura de ce fait pour chacune d’elles la présentation du cas et l’identification du tableau pathologique, le traitement acupunctural découlant du diagnostic selon les bianzheng, les recommandations diététiques adaptées à chaque patient et même les prescriptions phytothérapiques éventuellement indiquées.

Ainsi un patient présentant une langue gonflée et pâle, blanchâtre avec enduit très fin, blanc et indentations liées aux empreintes des dents traduira un Vide de qi et de yang au niveau de Rate et Estomac (figure 1).

Figure 1. Langue gonflée et pâle, blanchâtre avec empreintes des dents (齒痕舌 yahenshe)

Les auteurs préconisent de traiter cela en reconstituant le qi et le yang en renforçant la Rate et l’Estomac. Les points choisis sont : ES36, VE20, VE23, VC4, VC12, RA6, RA10, ES40 et moxibustion au VC6. Les conseils diététiques : éviter les aliments aux propriétés froides et fraîches correspondant à l’élément Bois qui ont une saveur acide, de même que les produits laitiers. Privilégier la consommation des aliments de nature chaude ou très chaude correspondant à l’élément Terre, comme le fenouil, la cannelle, les pommes de terre…

On peut reprocher aux auteurs de ne pas avoir associé examen de langue et étude des pouls. Par exemple dans ce cas précis, la sphygmologie objectiverait sans nul doute un pouls fin (xi) et faible (ruo).

On peut aussi reprocher de ne pas avoir ouvert en fin d’ouvrage une discussion sur la réalité du signe, reconnaître sa reproductibilité. A partir de quelle couleur une langue peut-elle être considérée comme pâle, rouge ou bleue ? Quelle est la différence nette entre un pouls glissant (hua) et un pouls tendu en corde (xian). En effet, il est souvent reproché la faiblesse du signe physique en médecine chinoise, car il y a toujours un certain degré de subjectivité [[1]]. Or pour valider un signe ou un test diagnostique par rapport au test ou signe de référence (gold standard), il est important d’en connaître la spécificité (correspondant à la probabilité que le signe soit absent chez les individus non atteints par la maladie recherchée) et la sensibilité (probabilité que le signe soit présent chez les individus atteints par la maladie recherchée) [[2]].

L’avenir passe par les nouvelles techniques de diagnostic modernes incluant étude optique de langue, tonomètre de sphygmologie, etc. [[3]]. Déjà l’entreprise chinoise Shanghai Dawson Medical Technology Co. a bien intégré ces données et propose des outils de diagnostic sous forme de collectes d’informations de sphygmologie par tonomètre (module DS01-C) ou de diagnostic de langue par utilisation d’appareil photographique (module DS01-B) permettant d’évaluer la couleur de la langue de manière comparative et sous certaines conditions d’éclairage (figure 2) [[4]].

Figure 2. Module DS01-B pour le diagnostic lingual et module DS01-C de tonométrie.

Néanmoins, Clauss et Beate Schnorrenberger nous offrent dans cet ouvrage de format agréable et illustré par une riche iconographie tous les aspects de la langue afin d’accéder à une compréhension toute holistique du malade. Ouvrage donc à mettre dans toutes les mains.

Conflit d’intérêts : aucun

Références


[1]. Nguyen J, Nguyen Trong Khanh et Lambert G. Aspects élémentaires, orientations diagnostiques et discussion sur la sémiologie en MTC. Revue Française de MTC. 1984;103:477-84.

[2]. Stéphan JM. Pré-éclampsie, qimen et valeur diagnostique dans les dystocies cervicales. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):x-x.

[3] . Jiang M, Lu C, Zhang C, Yang J, Tan Y, Lu A, Chan K. Syndrome differentiation in modern research of traditional Chinese medicine. J Ethnopharmacol. 2012;140(3):634-42.

[4]. Dawson entreprise. Available from URL : http://www.daosh.com/

Forteresse de Hohensalzburg (XIe) et Sphaera de Stephan Balkenhol  (2007) - Salzbourg - Autriche

Stéphan JM. Recension. Atlas de poche du diagnostic par la langue en médecine chinoise par Clauss et Beate Schnorrenberger. Acupuncture & Moxibustion. 2014;13(2):151-152.