Acupuncture abdominale et longues aiguilles : danger !
Deux études de cas ont été observées à Séoul en Corée du Sud.
Une pancréatite aiguë avec une amylasémie à 1162 U/l a été induite chez une femme de 42 ans ayant un index de masse corporelle bas (IMC=16,41 kg/m²) cinq heures après une séance d’acupuncture. L’acupuncteur avait utilisé des aiguilles de 13 cm de long placées au niveau de la paroi abdominale antérieure en région péri-ombilicale. La patiente souffrait d’une dyspepsie fonctionnelle à type de gonflement et plénitude épigastrique, sans preuve d’ulcère ou de reflux à la gastro-fibroscopie. Pendant deux mois, elle avait bénéficié en vain d’un traitement à base d’anti-H2 et de thérapeutiques prokinétiques. Les auteurs concluaient que cette pancréatite aiguë, la première décrite dans la littérature internationale et heureusement résolutive, était en rapport chez cette femme à faible index de masse corporelle à la perforation de la glande par une aiguille de trop grande longueur.
Pseudoanévrysme de l’aorte abdominale après acupuncture lombaire ?
Un homme de 54 ans se présente aux urgences pour douleurs abdominales accompagnées d’une masse palpable et pulsatile. En raison de douleurs abdominales, il avait été traité un mois auparavant par acupuncture avec des aiguilles longues d’environ 10 cm insérées au niveau lombaire. Après la séance, la douleur abdominale avait été exacerbée. Un scanner abdominal révèle un pseudoanévrysme de l’aorte abdominale (7 x 5 x 3,5 cm). Une intervention chirurgicale est effectuée. En l’absence d’autres facteurs (traumatisme, maladie de Behçet ou maladie du tissu conjonctif) les auteurs rattachent le pseudoanévrysme à la séance d’acupuncture avec les aiguilles longues.
Paraplégie avec spondylodiscite, abcès épidural et abcès du psoas après acupuncture
Un homme de 64 ans consulte en urgence pour des douleurs lombaires sévères avec troubles de la marche. Trois jours auparavant il avait été traité par acupuncture pour des lombalgies évoluant depuis 20 ans. D’après le patient, la séance d’acupuncture avait comporté quatre aiguilles lombaires d’une longueur supérieure à 10 cm. Une IRM au premier jour ne montre pas de différence avec une autre IRM réalisée il y a quelques mois (diagnostiquant alors un canal lombaire étroit). Une infection est suspectée sur les premiers examens biologiques.
Fasciite nécrosante chez un diabétique après acupuncture
Arrivée aux urgences du CHU de Kuala Lumpur en Malaisie, une femme de 55 ans, diabétique, présentait de multiples fistules purulentes au dessus du genou droit. Depuis 3 mois, elle était traitée par acupuncture en raison d’une gonarthrose bilatérale, sa dernière séance datant d’une semaine. L’acupuncteur passait les aiguilles au dessus de la flamme d’une bougie. La peau de la patiente était nettoyée à l’aide d’un simple tissu humide sans désinfection préalable. Deux jours après la dernière séance le genou droit montrait de multiples fistules purulentes douloureuses au niveau des points de puncture (figure 1) ; le genou gauche en était indemne, excepté les traces de puncture (figure 2). Comme le traitement antibiotique par sulbactam-ampicilline (Unacim ®) en intraveineux n’était pas efficace, le diagnostic de fasciite nécrosante étant posé, une résection chirurgicale large des tissus infectés suivie d’une greffe cutanée fut réalisée du genou au pli de l’aine, mais sans succès dans un premier temps. Un second débridement chirurgical (figure 3) et l’addition d’un autre antibiotique de la classe des aminoglycosides furent nécessaires après la découverte de pseudomonas dans les tissus mis en culture. Cinq semaines d’hospitalisation permirent néanmoins la guérison.