Interview éditions Elsevier Masson

Précis d’acupuncture médicale occidentale Adrian White, Mike Cummings, Jacqueline Filshie, Jean-Marc Stéphan

À l’occasion de la parution de l’ouvrage Précis d’acupuncture médicale occidentale, Jean-Marc Stéphan, le traducteur de ce livre, répond à nos questions.

Qu’apporte l’ouvrage au contexte français dans le domaine de l’acupuncture ?
L’acupuncture en France s’est développée dans les années 1930 à partir de la traduction non publiée du Dacheng que George Soulié de Morant en a faite. Puis elle s’est  propagée dans toute l’Europe. Cette acupuncture fait partie intégrante de la Médecine Traditionnelle Chinoise, concept introduit par la Chine lorsque Mao Zedong lance le 11 octobre 1958 sa célèbre phrase : « La médecine et la pharmacologie chinoise constituent un grand trésor. Il faut s’efforcer de les explorer et de les porter à un niveau supérieur ». Cinquante trois ans plus tard, le contexte français a peu évolué et nombreux sont encore les acupuncteurs à appliquer à  la lettre les théories dogmatiques issues des Classiques de la MTC. Mais n’y a-t-il pas une autre façon d’appréhender l’acupuncture ? De ce fait, cet ouvrage anglais semble être un moyen d’ouvrir les yeux sur une acupuncture factuelle que déjà les Chinois eux-mêmes appliquent de manière pragmatique.


Qu’est-ce que l’acupuncture médicale occidentale ? 
L’acupuncture dite médicale occidentale va se baser justement sur cette acupuncture factuelle. Il s’agit de justifier la pratique des différentes façons de traiter par les aiguilles par l’approche la plus scientifique qui soit. Il s’agit, comme la médecine occidentale exige pour sa thérapeutique, de prouver par des essais contrôlés randomisés (ECR) que l’acupuncture fonctionne chez le plus grand nombre de malades. Il s’agit enfin d’intégrer l’acupuncture dans le panel de soins des services de santé, et ceci dans le cadre de la médecine dite intégrative.


Comment s’articulent les concepts traditionnels chinois et les nouvelles bases scientifiques de compréhension de l’acupuncture dans cet ouvrage ?
Les auteurs ont démontré que l’acupuncture pouvait maintenant s’expliquer, du moins pour une grande part, par les avancées biologiques et neurophysiologiques de la médecine moderne. Tout semble pouvoir être expliqué : effets locaux avec la mécanotransduction induite par la rotation de l’aiguille, effets segmentaires, supraspinaux et centraux liés aux phénomènes connus de la transduction. Il apparaît donc que la compréhension traditionnelle chinoise de la structure et de la fonction qui était impressionnante en son temps semble obsolète et erronée aujourd’hui. De fait, une approche rationnelle fondée sur la connaissance obtenue scientifiquement pourrait expliquer la plupart des concepts de la MTC.