L’éternité n’est pas de trop
Pierre Dinouart-Jatteau nous avait déjà incités à lire « Le dialogue » de François Cheng, merveilleux petit livre poétique. Ce livre du même auteur, tout aussi lyrique se déroule au XVIIème à la fin de la dynastie Ming.
Récit d’une passion impossible entre Lan-ying, première femme du Seigneur Zhao et d’un moine taoïste Dao-sheng, médecin dans un monastère de haute montagne, ce roman décrit les affres de l’amour qui défie le passage du Temps.
Needles, herbs, Gods, and Ghosts
Les relations entre la Chine et l’Occident ne se limitent pas aux échanges commerciaux et culturels de Marco Polo (1254-1323) et de son père Niccolò. Willem van Ruysbroeck (1215-1270) à la cour de Möngke Khan à Karakorum relate dans son journal les pratiques de l’alchimie chinoise, particulièrement des élixirs de longévité qui permettaient d’acquérir l’immortalité. Roger Bacon (1214-1294), médecin et alchimiste s’en inspira. Bien avant eux, au second siècle avant JC, les romains suivirent la Route de la Soie jusqu’à la Chine du Nord. Plus tard, la dynastie Tang (618-907) commerça avec l’Italie. Puis vint l’époque Ming (1368-1644) et l’établissement des missions Jésuites, Dominicaines et Franciscaines dont le missionnaire le plus célèbre est sans nul doute le jésuite Matteo Ricci (1552-1610). Suivit le jésuite Michael Boym (1612-1659) qui s’intéressa à la flore chinoise (1656) puis à la sphygmologie. Le premier écrit d’acupuncture fut le fait d’un chirurgien hollandais de la Dutch East India Company, Dane Jakob de Bondt (1592-1631).
Palpation subtile des points d’acupuncture
Georges Willem nous fait découvrir sa méthode de travail fondée sur ce qu’il appelle la palpation subtile des points d’acupuncture, ou encore palpation proprioceptive. Ce n’est pas une méthode basée sur les cinq éléments et leur correspondance, ni sur les huit règles de diagnostic et de traitement, ni sur la sphygmologie ; encore moins une méthode d’acupuncture à base de recettes ; d’acupuncture occidentalisée par les essais cliniques randomisés ou la neurophysiologie de métamérisation ; pas plus une acupuncture micro-système auriculaire dont les points se détectent par des détecteurs différentiels de résistance. Non, sa méthode va à l’essentiel, appréhender le qi, « palper le non-structuré et structurer l’impalpable ». Vous apprendrez ainsi à reconnaître les sensations perçues au niveau des points clés des Merveilleux Vaisseaux, des points shu antiques, des points shu du dos, des points mo, des points luo de groupe, et tant d’autres points essentiels à la pratique de l’acupuncture.
SRAS..RAS
Par un jeu de mot sur le titre de son livre, Michel Angles nous invite à réfléchir sur la psychose engendrée par la pneumopathie atypique, encore appelée syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le 10 juillet 2003, l’OMS donnait les derniers chiffres : 812 décès parmi les 8438 personnes atteintes. Relativisons, suggère Michel Angles car au delà de ces chiffres, il faut voir les 250 000 à 500 000 morts sur les 3 à 5 millions de personnes atteintes de grippe maligne chaque année dans le monde, les 278 000 décès par an des suites d’un cancer en France, les 30 000 décès français par infarctus et par an etc. Pourquoi une telle panique est née au sein de la communauté internationale ? Michel Angles a une théorie qu’il veut nous faire partager.
Wu Zetian, l’impératrice de la dynastie des Tang
« Je m’allongeai sur le ventre. Deux mains charnues commencèrent à appuyer lentement sur les points d’acupuncture de ma nuque. Elles glissaient dans mes cheveux et frottaient mon crâne fatigué par le port de la perruque et des épingles d’or ». Voici le seul passage de ce livre qui fait référence à l’acupuncture. Mais qu’importe, car cet ouvrage est davantage un livre poétique qui raconte l’histoire romancée et mélancolique de la vie d’une femme de la naissance à la mort survenue à 81 ans. Elle est devenue l’Empereur-Sacré-Qui-Fait-Tourner-la-Roue-d’Or. Son nom fut outragé, son histoire déformée et sa mémoire effacée par les hommes qui se sont vengés d’une femme qui avait osé devenir Empereur. Qui est-elle ?
L’acupuncture revisitée
François Beyens nous propose de revisiter l’acupuncture en une quinzaine de tomes. Voici le premier de la série consacré aux points et à ses méthodes de localisation. Il ne s’agit pas d’un Nième livre consacré entièrement à la numérotation et à la localisation des points, méridien par méridien ; non !
François Beyens essaye de nous donner, à travers son expérience d’une cinquantaine d’années, une définition du point que les traités localisent souvent au milieu d’un creux (xian zhe zhong). L’auteur retracera brièvement l’historique des points à travers les différents traités : Neijing, Zhenjiu jiayijing, Zhenjiu dacheng et autres livres plus récents comme « l’Acupuncture Chinoise » de Soulié de Morant.
Le concile de pierre
Le concile de pierre n’est pas un livre consacré à l’acupuncture. L’intérêt est que Jean-Christophe Grangé, auteur du roman « Les Rivières pourpres », adapté avec succès au cinéma, nous offre son regard de néophyte sur la façon dont le lecteur lambda appréhende l’acupuncture. Deux points importants à souligner : les rapports conflictuels entre patient / acupuncteur et médecin occidental allopathe ; le second point concernant l’idée que le malade se fait de la Médecine Traditionnelle Chinoise.
Dans le premier point, parce que son fils est atteint d’une maladie incurable, l’héroïne du roman Diane Thiberge le confie à un acupuncteur, un médecin anesthésiste. Celui-ci le sauve donc d’une mort certaine.
Manuel de acupuntura y moxibustion
Cet ouvrage écrit à quatre mains est un manuel pratique de référence en acupuncture qui a sa place dans la bibliothèque idéale des acupuncteurs hispanophiles. Après avoir retracé la naissance, l’histoire et les mythes de la médecine Traditionnelle en Chine de Fuxi, l’inspirateur du célèbre Yi king (Livre des Mutations) à Bianque (401-314 avant JC), auteur du Nan Jing, en passant par Shennong et Huangdi, l’empereur Jaune du Nei Jing Su Wen etc., les auteurs abordent l’acupuncture du Japon, de la France avec Soulié de Morant, et de l’Espagne avec l’implantation à Séville de la Médecine Traditionnelle Chinoise dans l’université andalouse.
Médecine du monde, histoire et pratiques des médecines traditionnelles
Voici un ouvrage passionnant pour tout acupuncteur fasciné par l’histoire des médecines traditionnelles, mais aussi par l’évolution de la médecine du paléolithique à nos jours. Parce que nous côtoyons chaque jour la médecine traditionnelle chinoise et que celle-ci nous ouvre déjà des perspectives médicales enrichissantes, il est intéressant de savoir que de nombreuses cultures ont eu pareillement une approche holistique, postulant que le microcosme de l’être humain est en relation aussi avec le macrocosme et que la maladie résultera bien souvent de leur dysharmonie.