Urgence : appel à des États Généraux de l'Acupuncture

Quel avenir pour l'acupuncture en France ?

 Sombre, très sombre, si l'on en croit toutes les attaques incessantes dont nous faisons l'objet.

Depuis quelques mois, nous subissons la désinformation incessante des journalistes, comme ceux des journaux « Le Parisien » [[1],[2]], « L’express » [[3],[4]] « Le Point » [[5]], « Le Dauphiné Libéré » [[6]], « Marianne » [[7]], etc., et le collectif No Fakemed  dont les données datent de 2018 [[8]] se basant sur le rapport biaisé de l'Inserm de 2014, sans mise à jour depuis 11 ans [[9]], mais aussi les omissions de la HAS (en ce qui concerne la fibromyalgie où l'acupuncture et EA sont totalement écartées [[10]] (malgré les nombreuses recommandations et preuves scientifiques analysées par le GERA [[11]]).

On peut comprendre que l'acupuncture soit déconsidérée quand par exemple, on lit que le Président de la NPIS, dit au journal Marianne du 15/09/2025 [6] :  "Si à l'avenir la sophrologie ou l'acupuncture, par exemple, réalisent des études probantes et qu'elles répondent à un besoin des patients, on pourra les inclure..." ou bien en lisant l'article de l'Express « L'encombrant réseau du Pr Ninot » [4].

Je ne parlerai pas de l'article du Point où le journalise Olivier Hertel s'attaque au CUMIC, qui a certes permis grâce au Pr Julien Nizard de faire intégrer l'acupuncture MAIS hélas aussi toutes les autres interventions non médicamenteuses (qui n'ont pas du tout le même niveau de preuve que l'acupuncture) dans le cadre de la formation initiale au programme de l'enseignement du deuxième cycle depuis 2021 (item 327 de thérapeutique « Utilité et risques des Interventions Non Médicamenteuses (INM) et des Thérapies Complémentaires (Thc)). Hélas, toutes ces INM déconsidèrent l'acupuncture et les techniques associées.

De ce fait, il est urgent de discuter avec le CUMIC de la médecine intégrative : il faut effectuer une clarification des définitions et des critères des INM.

L'acupuncture, étant une véritable discipline médicale, doit être indépendante avec son propre cursus, comme je ne cesse de le dire [[12]], et ne pas être considérée comme une médecine intégrative, une médecine douce, alternative, ou médecine parallèle et ne pas être amalgamée avec les autres INM.

Pour toutes ces raisons, j'appelle, tous les responsables de la FAFORMEC (Fédération des Acupuncteurs pour la formation médicale continue), des 15 associations (AFA, AMAC, AMAI, AMARRA, CLA, GLEM, ARFAE, ASMAF, SAHN, GERA, ASOFORMEC, AFERA, AMO, SAMP, SMAC, CREA), des sociétés savantes (CFA-MTC, Société savante en auriculothérapie (S.SAT), du SNMAF, de l'enseignement (CEFAM) des diverses DIU et de la Capacité (seul diplôme d'état existant depuis l’arrêté du 29 avril 1988, modifié par l’arrêté du 26 avril 2007), du CNP-Acupuncture, mais aussi du CUMIC, à organiser les États Généraux de l’Acupuncture.

Faire appel à des États Généraux de l’Acupuncture est une stratégie essentielle pour transformer une pratique médicalement légitime mais institutionnellement marginalisée en une discipline reconnue, structurée et défendable face aux controverses médiatiques et réglementaires.

Des preuves cliniques abondantes mais dispersées, comme le site EBM Wiki-MTC (publié par le GERA avec un financement initial de la FAFORMEC) qui recense plus de 400 indications médicales validées par des revues systématiques, méta-analyses et recommandations cliniques internationales [[13]]. Ces données sont également présentes sur PubMed-MEDLINE, sur le site du GERA avec par exemple les dernières recommandation en obstétrique [[14]] mais elles restent peu visibles dans les circuits institutionnels français (HAS, CNAM, ARS).

Une reconnaissance juridique ambiguë : L’acupuncture est juridiquement un acte médical, mais elle est souvent reléguée dans les catégories floues de PSNC (Pratiques de Soins Non Conventionnelles) ou INM (Interventions Non Médicamenteuses), ce qui l’expose à des critiques sur son efficacité, sa sécurité et sa légitimité.

Les attaques affaiblissent la crédibilité publique de l’acupuncture, même lorsqu’elle est pratiquée dans un cadre médical rigoureux.

De ce fait voici les objectifs stratégiques des États Généraux.

 Réponse aux critiques et attaques

• Transparence scientifique : Les États Généraux permettent de publier un référentiel public des preuves, des limites et des recommandations, réduisant l’effet des polémiques.
• Séparation des personnes et des données : Plutôt que défendre des individus ou des associations, le processus met en avant des données validées et des protocoles reproductibles.
• Dialogue avec les institutions : En créant un espace de concertation, les États Généraux facilitent les échanges avec la HAS, la CNAM, les ARS et les ordres professionnels.

 Étapes proposées pour lancer les États Généraux

1. Constitution d’un comité de pilotage : Universitaires, cliniciens, méthodologistes, juristes, représentants de patients.
2. Cartographie des preuves : Synthèse des données GERA, PubMed, recommandations internationales.
3. Ateliers thématiques : Indications cliniques, formation, sécurité, évaluation économique, communication.
4. Publication d’un référentiel national (Livre blanc) : Indications validées, protocoles, critères de qualité.
5. Plaidoyer institutionnel : Dossier argumenté pour la HAS et la CNAM.
6. Communication proactive : Kit presse, FAQ scientifique, porte-paroles formés.

En conclusion, les États Généraux de l’Acupuncture sont une réponse stratégique aux défis de reconnaissance, de structuration et de légitimation. Ils permettent de passer d’une pratique contestée à une discipline médicale reconnue, fondée sur des preuves, encadrée par des standards, et défendue par des institutions.

D^r Jean-Marc Stéphan, Président du Syndicat National des Médecins Acupuncteurs de France (SNMAF)

[1]. Berrod N. Ostéopathie, chiropractie... l’Assurance maladie rembourse-t-elle vraiment des soins non conventionnels ? Le  Parisien. [Publié le 14/02/2024]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL:  https://www.leparisien.fr/societe/sante/osteopathie-chiropractie-lassurance-maladie-rembourse-t-elle-vraiment-des-soins-non-conventionnels-14-02-2024-XT7SPTPZ2RD65JU3T2RUPGLJBE.php

[2]. Berrod N. On peine parfois à y croire » : face au cancer, gare aux charlatans. Le Parisien. [Publié le 12/12/2024].  [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL:

https://www.leparisien.fr/societe/sante/on-peine-parfois-a-y-croire-face-au-cancer-gare-aux-charlatans-12-12-2024-TN72G74GJJG7NCHLHVUY66ZIRA.php

[3]. Collectif de soignants et d’experts. Non au remboursement des pseudothérapies : l’appel de soignants pour une santé fondée sur les preuves. L’Express. [Publié le 05/05/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/non-au-remboursement-des-pseudotherapies-lappel-de-soignants-pour-une-sante-fondee-sur-les-preuves-7GAQGJF72VCOTFUZVPRJHXJZSI/

[4]. Benz S, Da Silva A.  L’encombrant réseau du Pr Grégory Ninot, le scientifique qui prétend évaluer les médecines douces. [Publié le 05/10/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL: https://www.lexpress.fr/sciences-sante/lencombrant-reseau-du-pr-gregory-ninot-le-scientifique-qui-pretend-evaluer-les-medecines-douces-ZYLDRODW7RC3DONWIWC3B4A7UY/

[5]. Hortel O. Université sous emprise : l’ombre du Samadeva, organisation occulte et ésotérique. [Publié le 28//09/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL: https://www.lepoint.fr/sante/universite-sous-emprise-l-ombre-du-samadeva-organisation-occulte-et-esoterique-28-09-2025-2599742_40.php.

[6]. Le Dauphiné Libéré. Que dit la science sur l'acupuncture ? [Publié le 17/10//2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL :  https://www.ledauphine.com/magazine-sante/2025/10/17/que-dit-la-science-sur-l-acupuncture.

[7]. Da Silva J. Abracadabra. Réflexologie, kinésiologie, reiki… Quand la Ligue contre le cancer soigne les "médecines douces". [Publié le 15/09/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL :  https://www.marianne.net/societe/reflexologie-kinesiologie-reiki-quand-la-ligue-contre-le-cancer-soigne-les-medecines-douces.

[8]. Collectif No Fakemed. Acupuncture. [Publié en novembre 2018]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL :   https://nofakemed.fr/acupuncture/.

[9] . Bary C, Seegers V, Gueguen J, Hassler C, Ali A, Falissard B. Évaluation de l’efficacité et de la sécurité de l’acupuncture. [Publié le 17/01/2014]. [Consulté le 20/10/2025]. Disponible à l’URL : https://www.inserm.fr/rapport/evaluation-de-lefficacite-et-de-la-securite-de-lacupuncture-2014/.

[10]. HAS. Recommandation : Fibromyalgie de l’adulte : conduite diagnostique et stratégie thérapeutique. [Publié le 19/09/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2025-07/fibromyalgie_de_ladulte_conduite_diagnostique_et_strategie_therapeutique_-_recommandations.pdf.

[11]. Goret O, Nguyen J.  Efficacité et mécanisme cérébral de l’acupuncture dans la fibromyalgie. Acupuncture Preuves et Pratiques. [Publié le 08/05/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL : https://gera.fr/acupuncture-et-fibromyalgie/.

[12]. Stéphan JM.  Quand « Le Parisien » et « L’Express » confondent médecin acupuncteur et acupuncteur non-médecin. SNMAF. [Publié le 26/06/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL: https://www.meridiens.org/acumedsyn.org/index.php/home/quand-le-parisien-et-l-express-confondent-medecin-acupuncteur-et-acupuncteur-non-medecin.

[13]. GERA (Groupe de recherche et d'études en acupuncture). Preuves en Acupuncture.  [Consulté le 20/10/2025]. Disponible à l’URL: http://ebm.wiki-mtc.org/doku.php.

[14].  Nguyen J. Goret O, Pernice C, Guéry C, Pelletier-Lambert A. GERA (Groupe de recherche et d'études en acupuncture). L’acupuncture discipline médicale – l’obstétrique champ d’application privilégié. [Publié le 11/10/2025]. [Consulté le 17/10/2025]. Disponible à l’URL: https://gera.fr/acupuncture-discipline-medicale-obstetrique-champ-application-privilegie/