Couverture 20-2

Eclipse ?

Yang absorbé par le yin, ou yin ne faisant plus qu’un avec le yang, telle est l’impression donnée par l’observation en ce 11 août 1999 de l'éclipse totale de Soleil qui fut la dernière du XXᵉ siècle et du IIᵉ millénaire, l'an 2000 n'ayant connu que des éclipses partielles. Une éclipse solaire se produit lorsque la Lune passe entre la Terre et le Soleil, obscurcissant ainsi totalement ou partiellement l'image du Soleil pour un observateur sur Terre. L’éclipse solaire totale se produit quant à elle, lorsque le diamètre apparent de la Lune est plus grand que celui du Soleil, bloquant ainsi toute la lumière directe du soleil, transformant le jour en obscurité. La totalité se trouve dans un chemin étroit à travers la surface de la Terre alors que l'éclipse solaire partielle est visible sur une région environnante de milliers de kilomètres de large. Deux minutes plus tard, le soleil réapparaissait. Et c’est le sentiment de renaissance qui pourra se dégager de cet ultime numéro de la revue « Acupuncture & Moxibustion ».

Oui ultime, car toute l’équipe éditoriale qui a créé cette revue il y a vingt ans en janvier 2002, a été dans la lumière durant toute ces années, donnant sans compter et cela bénévolement. La revue, étant une émanation de l’association loi 1901 à but non lucratif, avait pour seul objectif de faire rayonner l’acupuncture francophone. Et nous avons vu évoluer l’acupuncture qui, de traditionnelle, a suivi de plus en plus la démarche scientifique de toute discipline médicale, sans néanmoins oublier ses fondements.

Je ne remercierai jamais assez tous ceux qui au cours de ces années ont su entretenir la flamme. Et il est temps pour nous de passer le relais et de se tourner vers une nouvelle forme de diffusion. Nous arrêtons la publication papier mais pas celle passant par le site internet. Ainsi, les nouveaux articles qui nous arriveront, paraitront régulièrement et en libre accès. Sans doute, publierons nous encore de temps en temps des numéros imprimés payants.

Mais, ce jour, vous tenez entre les mains le dernier numéro.

Aussi plongez vous dans l’histoire épistémologique de l’électroacupuncture, profitez de l’expérience clinique du Dr Florence Phan Choffrut concernant le traitement par les ventouses, lisez l’étude qualitative du Dr Marc Stéphan relative à l’expérience acupuncturale pour le sevrage tabagique en milieu pénitentiaire ou l’action de l’acupuncture dans les douleurs d’amputations observée par le Dr Patrick Sautreuil. Les preuves et l’évaluation selon l’acupuncture factuelle seront à votre portée avec le traitement de la dermatite atopique des Drs Olivier Goret et Johan Nguyen, les recommandations pour la paralysie faciale du Dr Sophie Lison ou dans la lecture des brèves des Drs Jean-Marc Stéphan et Tuy Ngna Brignol. On n’oubliera pas d’approfondir l’application des diagnostics par la différenciation des syndromes physiopathologies (bianzheng) dans des maladies cutanées ou dans les symptômes invalidants de la malformation d’Arnold-Chiari par le Dr Robert Hawawini.

Et puis, grâce à la revue partenaire « Chinese Medicine And Culture », vous découvrirez les perspectives autres sur la médecine chinoise que sont la pratique de la calligraphie sur le développement de l'intelligence émotionnelle des enfants des Drs Bin Zhou, Jun-Sheng Liu, Biao Sang ; et le changement de paradigme concernant le régime diététique traditionnel chinois de Yin‑Chen Chang, Xia Liu, Qi Xu, Jia‑Zhen Wu et Hong-Yi Shen.

Enfin, dans le climat délétère qui se développe depuis quelques années autour de l’acupuncture, une analyse complète du Syndicat National des Médecins Acupuncteurs de France (SNMAF) permettra de comprendre la guerre politique, informationnelle qui se joue par médias interposés entre une association voulant chapeauter l’acupuncture au même titre que l’ostéopathie ou l’hypnose au sein d’une Agence des médecines complémentaires et alternatives, et un collectif de médecins anti-acupuncture, nommé collectif Fakemed. C’est encore un des balbutiements de l’Histoire qui n’est pas sans rappeler les différentes tentatives d’abolition de l’acupuncture en 1822, 1929 ou bien plus récemment en 2006[1],[2],[3].

Il est ainsi clair que la Capacité d’acupuncture a très certainement atteint ses limites et donc la solution en France passe par un véritable diplôme d’état universitaire qu’est le Diplôme d'Etudes Spécialisées en acupuncture, le DES.

Eclipse certes ce jour, mais donc pour mieux s’éloigner de l’obscurité et rejaillir à la lumière !  

Excellente lecture !

       

Dr Jean-Marc Stéphan

Président de l'Association "Acupuncture & Moxibustion"

​Directeur de la revue Acupuncture & Moxibustion

 


[1]. Nguyen J. L’interdiction de l’acupuncture en 1822 par l’empereur Daoguang et l’instrumentalisation de l’histoire. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(1):5.

[2]. Nguyen J. 1929 : la tentative avortée « d’abolition » de la médecine chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(2):151.

[3]. Stéphan JM. Abrégé de l’histoire de la médecine chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2011;10(2):138-146.

 

Couverture 20-1

Anosmie au château d’Amboise

 

 

Ne plus pouvoir percevoir le parfum des brins de lavande si odoriférants lorsqu’ils sont cueillis juste avant l'ouverture des fleurs, est un vrai crève-cœur pour chaque patient atteint par le virus SARS-CoV-2, même si la vue sous le ciel  orageux du château royal d'Amboise, palais grandiose des rois Charles VIII et François Ier à la Renaissance, lieu de sépulture de Léonard de Vinci, témoignage exceptionnel des profonds changements qui se sont opérés en Europe aux XVe et XVIe siècles [1], pourrait compenser la perte d’un sens.

Aussi, l’on peut se réjouir qu’à la suite d’un article sur l’anosmie post-traumatique [2], François Pierrot va nous montrer l’intérêt de l’acupuncture dans l’anosmie en rapport cette fois avec la pandémie COVID-19, alors que la thérapeutique usuelle est peu efficace. Toujours concernant cette pandémie, ne manquez pas l’article de Marc Petitpierre sur la place de la médecine traditionnelle chinoise et surtout comment traiter le syndrome de fatigue chronique lié au Covid long. Dans les brèves, voyez aussi le cas clinique d’une femme médecin anesthésiste et acupunctrice de 37 ans, travaillant dans une unité de soins intensifs COVID à New York, patiente qui s'est rétablie de la pneumonie COVID dans la semaine sans hospitalisation en appliquant un protocole acupunctural.

Ce numéro est aussi consacré à la gynéco-obstrétrique : évaluation de l'évolution des pratiques professionnelles des sages-femmes, l’hypogalactie en suites de couches, l’engorgement mammaire, l’accouchement sous électroacupuncture, la rétention urinaire du post-partum ; à la neurologie : neuropathie diabétique, paralysie de Bell ; à la médecine physique, antalgique de niveau IV dans l’appareil locomoteur et le rachis ; à la pédiatrie avec les coliques du nourrisson. Ceux qui préférent aborder les traitements selon la différenciation des syndromes (bianzheng), liront avec intérêt les cas cliniques que nous rapporte Robert Hawawini. Certains préféreront l’acupuncture factuelle basée sur les preuves et les pratiques trouveront alors les protocoles utilisés dans la neuropathie périphérique chimio-induite, la prostatite chronique, l’épaule douloureuse par la technique de la puncture du tiaokou (38E), les douleurs du cancer, l’épicondylite. Enfin découvrez aussi les perspectives autres sur la médecine chinoise mais aussi sur l’auriculothérapie. En conclusion, on constate encore une fois le riche éventail de choix thérapeutiques qu’offrent l’acupuncture et ses techniques associées.

  

Jean-Marc Stéphan

 

[1]. Château royal d’Amboise. [Consulté le 04/06/2021]. Diponible à l’URL: https://www.chateau-amboise.com/fr/

[2]. Stéphan JM, Anosmie, à propos d’un cas clinique : intérêt de l’acupuncture et techniques associées. Acupuncture & Moxibustion 2020;(19)1:24-30.

 

 

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