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Accouchement à Angkor Thom au 12e siècle

  

Accouchement à Angkor Thom au 12e siècle

Les galeries du « Bayon » sont ornées de sculptures qui décrivent la vie des Khmers ainsi que de nombreuses scènes de guerre. Temple central de l'ancienne ville d'Angkor Thom au Cambodge, capitale des souverains Khmers au début du XIIIe siècle, le « Bayon » est le dernier des « temples-montagnes » du site d'Angkor, bâti par Jayavarman VII (règne de 1181 à 1220), restaurateur de la puissance du royaume. Sa décoration est d'une exceptionnelle richesse, à l'apogée de l'art bouddhique mahāyāna. Sa structure compte cinquante-quatre tours ornées de deux-cent-seize visages monumentaux du Bodhisattva Avalokiteshvara qui expriment par un sourire distant, énigmatique à la fois la puissance, l’autorité et la bienveillance. Sous le règne de Jayavarman VIII, vers 1350, le temple fut ensuite converti à l'hindouisme.

Aidée par une matrone, une femme est ici en train d’accoucher. Ce bas-relief de la galerie extérieure sud, côté est du « Bayon » montre une scène bien connue d’accouchement à la khmer, une scène triviale de la vie courante qui tranche de celles de la vie spirituelle exprimée par toutes les nombreuses Apsaras, nymphes célestes d'une grande beauté, sorties de la littérature védique du Rig-Véda, mais aussi du Mahabharata, et qui ornent tant de murs d’Angkor Thom et d’Angkor Vat, le plus grand temple d’Angkor au Cambodge.

La médicalisation de l’accouchement que nous connaissons de nos jours l’est depuis les années 1930, suite à une baisse significative du nombre d'accouchements à la maison, de la concurrence des médecins dans le domaine de la grossesse et de l'augmentation du nombre de services d'obstétrique. La fin de l'accouchement à domicile avait commencé à cette époque en rapport avec la médicalisation de l’enfantement, et, la maternité comme un passage obligé [[1]]. Et si le renouveau de la sage-femme, comme profession indépendante et responsable de structure autonome dirigée par elles-mêmes, telles les Maisons de Naissance qui sont en expérimentation depuis 2013 [[2]], passait aussi par leur activité et savoir-faire en acupuncture. Lisez pour vous en convaincre l’article d’Amélie Gallet et Laura Levallois qui objectivent que l’acupuncture paraît être une bonne alternative dans l’induction du travail lors de la rupture prématurée des membranes à terme. Cela semble de ce fait, soutenir le processus naturel de l’accouchement, processus que l’on souhaite mettre en valeur dans ces Maisons afin d’éviter la surmédicalisation de la grossesse.

 

Jean-Marc Stéphan

 


[1]. Jacques B. De la matrone à l'obstétricien : quel partage des rôles pour les professionnels ? La santé de l’homme. 2007;391:20-22. [consulté le 05/09/2015]. Available from URL: http://www.inpes.sante.fr/slh/articles/391/02.htm.

[2]. Sénat. Loi autorisant l'expérimentation des maisons de naissance : Loi n° 2013-1118 du 6 décembre 2013 parue au JO n° 284 du 7 décembre 2013. [consulté le 05/09/2015]. Available from URL: http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl10-548.html.

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Hommage à Pierre Dinouart-Jatteau

Notre ami Pierre Dinouart-Jatteau a rejoint le Panthéon des Grands de l'Acupuncture. Pierre était rédacteur en Chef de la revue depuis sa création en 2002.

Nous avons tous en mémoire ses articles. Sa connaissance de la langue et de la médecine chinoise était un réel atout pour nous. Malgré la maladie, il continuait encore à traduire les textes de la Who International Standard Terminologies on Traditional Medicine in the Western Pacific Region. Vous pourrez d’ailleurs lire son dernier opus dans ce numéro. Le voici ici au congrès de la FA.FOR.MEC à Lyon en 2005 où avec Philippe Castera, il présentait « Instances psychiques et cinq mouvements selon le Lingshu 8 ». La même année, il participait au débat sur « Entrée ou sortie de Chine ? » qui alimenta pendant quelques numéros les colonnes de notre revue et nous expliqua que la « pulsologie est de la sphygmologie ». Pierre n’est plus mais il est toujours dans nos esprits.

Vous trouverez également dans ce numéro l’hommage de Claude Pernice qui l’a côtoyé durant de nombreuses année ainsi que deux autres rendus à Georges Willem, médecin pédiatre acupuncteur qui nous fit comprendre ce que l’acupuncture pouvait apporter à la posturologie et Marc Piquemal, médecin et ingénieur en électronique, autre grande figure de notre revue qui nous fit découvrir la complexité de la biophysique.

 

 

Jean-Marc Stéphan

 

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Fascinante Zhongdian (Shangri-La) 香格里拉

 

  

A 3500 m d’altitude, située sur un haut plateau de la province du Yunnan, Zhongdian est une des portes d’entrée du Tibet. La ville, rebaptisée « Shangri-La » par le gouvernement chinois, sans doute dans l’intention d’attirer les touristes, est véritablement  un monde à part, le « monde perdu » tel que l’a décrit James Hilton dans son oeuvre « Lost horizon » en 1933 [[1]]. Si, de plus en plus de voyageurs s’aventurent dans la région, il y en reste néanmoins comme un goût du bout du monde, une atmosphère unique et lointaine en rapport avec la minorité tibétaine locale, qui donne à la région un avant-goût du Tibet. Le monastère Gedan Songzanglin fondé en 1679 (photo) sous le règne du 5e Dalaï Lama, d’après les plans du Potala de Lhassa, est situé juste en dehors de Zhongdian, jugé au-dessus d’un petit village de petites maisons blanches et permet de s’imprégner de l’ambiance tibétaine. Vous lirez de ce fait avec grand intérêt le reportage des membres de l’ASOFORMEC partis à la rencontre des médecins traditionnels du Yunnan.  Un autre reportage de Patrick Sautreuil et Pilar Magarit Bellver, moins exotique, nous montre la vitalité de l’acupuncture espagnole et en particulier sévillane. Plus cliniques sont les articles de Sylvie Bidon sur la prise en charge des conduites addictives, de Pascal Clément sur l’hyperactivité et les troubles de la concentration chez l’enfant, de Reghina Patru et Angela Tudor sur la polyarthrite rhumatoïde, de Robert Hawawini sur le stress et la dépression, d’Annabelle Pelletier-Lambert dans l’accompagnement de l’interruption volontaire de grossesse et de Tuy Nga Brignol évaluant la moxibustion dans la hernie discale lombaire dans un essai contrôlé randomisé à trois bras. Et si on veut s’échapper vers des horizons lointains, n’hésitez pas à lire l’article de Marco Romoli sur l’historique des cartes auriculaires de Paul Nogier à la carte chinoise contemporaine ou l’étude philologique d’Ernesto Nastari-Micheli sur les phrases narratives des Classiques Suwen et Lingshu, sans oublier la traduction de Pierre Dinouart-Jatteau du texte de l’OMS publié en 2007 sur la différenciation des syndromes par les bagang (huit Principes) 八纲辨证 bagangbianzheng. En résumé, ce premier numéro de l’année de la Chèvre est encore très éclectique !

 Jean-Marc Stéphan  

 

[1]. Hilton J.  Lost horizon. 1 ed. London:  Macmillan & Co; 1933.

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