Traitement par acupuncture de ménométrorragies liées à des myomes. A propos d’un cas clinique

Maryam Bellis-Chahim

Traitement par acupuncture de ménométrorragies liées à des myomes. A propos d’un cas clinique

Résumé : Le myome utérin est une pathologie féminine très fréquente responsable de ménométrorragies et d’algies pelviennes. Les causes classiques peuvent être génétiques et hormonales essentiellement. La thérapeutique occidentale va de l’abstention thérapeutique à l’hystérectomie en passant par les traitements médicamenteux, la myomectomie et l’embolisation artérielle. L’acupuncture est une alternative pour les patients. Les causes du myome en acupuncture peuvent être multiples : une tension émotionnelle causant une Stagnation du qi responsable d’une Chaleur du Sang ou d’une Stagnation du Sang ; le surmenage et les excès sexuels causant  un Vide du Foie et un vide du yin des Reins entrainant une Chaleur-Vide perturbant le Sang ; un surmenage physique et les maladies chroniques affaiblissement la Rate ; l’accouchement. Après étude d’un cas clinique, il semblerait que l’acupuncture soit utile et semblerait efficace dans les méno-métrorragies. Elle pourrait même être tentée en première intention.  Mots-clés : acupuncture – gynécologie – myome utérin.

Summary: Uterine myoma is a very frequent feminine pathology responsible for menometrorrhagia and pelvic pain. Occidental therapy could be therapeutic abstention, drug therapy, myomectomy, arterial embolization or hysterectomy. Acupuncture is an option for patients. There are several causes of myoma: emotional tension causing a qi stagnation responsible for Blood warmth or Blood stagnation; overwork and sexual excess causing Lever and Kidney yin emptiness responsible for Warmth-Emptiness perturbing the Blood; physical overwork and chronic disease causing Spleen Weakness; child delivery. After studying a clinical case, it would seem that acupuncture is useful and would seem effective in menorrhagia. It could even be tried as a first intention. Keywords: acupuncture – gynecology – uterine myoma.

Introduction

Le myome utérin est la pathologie féminine la plus fréquente qui concerne 20% des femmes de plus de 35 ans. Il est responsable de ménométrorragies et d’algies pelviennes, et représente la première cause d'hystérectomie en France. C’est une tumeur bénigne bien limitée, encapsulée, vascularisée, développée à partir du muscle utérin et constituée de tissu musculaire lisse utérin et tissu fibreux. Sur le plan histologique, ce sont des léiomyomes. Macroscopiquement, un fibrome est une masse dure plus ou moins arrondie de volume variable (d’un grain du riz à une tête de nouveau né). Les localisations possibles sont intra-murales, sous-muqueux, intra-cavitaires et sous-séreux. Ils sont souvent multiples. La confirmation diagnostique se fait principalement par une échographie pelvienne [1].

Étiopathogénie occidentale

Différents facteurs sont impliqués [2-8] 

- Des facteurs génétiques peuvent être en cause comme la mutation ou réarrangement du bras long du chromosome 7, la duplication région q13-15 du chromosome 12, q23-24 du chromosome 14 ou les réarrangements impliquant le chromosome 6 p21 et le chromosome 10 q22.

- Les facteurs hormonaux jouent également un rôle avec l’action favorisante des œstrogènes. Il n’y pas de fibrome avant puberté. Leur volume augmente à la grossesse, à la péri-ménopause et en cas de traitement oestrogénique. Il y a une régression de leur volume après la ménopause. Il est important de noter qu’il existe presque constamment une hyperplasie endométriale associée, qui est responsable de troubles hémorragiques. La progestérone inhibe la mort cellulaire programmée (rôle trophique). La prolactine a une activité mitotique au niveau de la cellule du myome et sur les cellules myométriales normales.

- Les facteurs de croissances régulés par les stéroïdes.

Les traitements occidentaux qui peuvent être proposés

- Une abstention si asymptomatique.

- Un traitement médical par progestatifs, agonistes des LHRH, antifibrinolytiques, AINS, modulateurs sélectifs des récepteurs de la progestérone ou danazol selon la symptomatologie.

- Un traitement chirurgical par myomectomie, hystérectomie totale ou embolisation selon les indications.

Étiopathogénie acupuncturale 

Les quatre causes principales sont [9] :

- Les tensions émotionnelles causant une stagnation du qi pouvant se transformer en Feu qui affecte le Foie, organe qui stocke le Sang, pouvant donner une Chaleur du Sang. La Chaleur agite le Sang qui sort alors des vaisseaux. Cette Stagnation du qi peut aussi causer des Stases du Sang qui empêche que le Sang neuf prenne sa place. Il doit alors s’écouler.

- Le surmenage et les excès sexuels qui affaiblissent le Foie et le yin des Reins qui sur une durée importante peut entrainer une Chaleur-Vide, perturber le Sang et amener le Sang à sortir des vaisseaux. Ce Vide yin peut aussi provoquer lui-même des saignements importants (sans Chaleur-Vide) car ce yin des Reins ne retient pas le Sang.

- Le surmenage physique et les maladies chroniques qui affaiblissent la Rate qui ne contrôle plus le Sang qui s’écoule alors.

- L’accouchement.

Cas clinique

- Madame P., 46 ans, présentait, lors de sa première visite en novembre 2014 des ménométrorragies causées par des fibromes et asthénie depuis 4 mois (figure 1). Elle est mariée, 3 enfants de 14, 11 et 8 ans. Elle avait subi une myomectomie utérine partielle de la partie bombante d’un myome sous muqueux d’environ de 2 cm. Un antécédent de myome chez la mère et la sœur a été retrouvé.

 


Figure 1. Les multiples myofibromes observés en octobre 2013 ayant nécessité une myomectomie partielle.

 

- Ces troubles ont commencé en juillet 2014 sans amélioration malgré l’introduction depuis juillet 2014 par son gynécologue de l’acide tranexamique (spotoff®) à la demande dans le but de réguler les hémorragies, d’une hormonothérapie par l’acétate de nomégestrol (lutényl®) 10 à raison d’un comprimé les vingt derniers jours du cycle avec arrêt pendant sept jours et d’une supplémentation ferrique. Nous lui avons alors demandé d’arrêter les deux premiers traitements suscités et nous lui prescrit des compléments alimentaires composés de sélénium, vitamines C et E en débutant l’acupuncture à raison d’une séance par semaine sauf durant les vacances scolaires.

- Il s’agissait d’un excès de yin du bas avec un dysfonctionnement Foie-Rate en excès de yin. Nous avons donc tonifié le yang une fois par semaine jusqu’au mois de mars 2015 avec zusanli 36E, yanglingquan 34VB, shenmai 62V, zulinqi 41VB en tonification. Nous avons également tonifié le Feu de la Rate (car la Rate ne se laisse pas disperser en ce qui concerne le yin) en poncturant le yangfu 38VB en tonification. Nous avons aussi dispersé le Foie pour diminuer le saignement en poncturant ganshu 18V en dispersion et en dispersant son point saisonnier. Comme elle était par moment frileuse, nous avons poncturé sporadiquement le hegu 4GI pour tonifier le yang du haut [10].

- En avril 2015, les méno-métrorragies ont nettement diminué (la quantification restait difficile). La patiente a pu retrouver une activité professionnelle et personnelle acceptable mais avec persistance d’une gêne quotidienne durant les menstruations. Les séances avaient été espacées à 2 fois par mois.

En juin 2015, Bien qu’elle ne présente pas de douleur particulière, elle présentait des transpirations avec une envie de courir après manger toujours associés à des fibromes, des pertes sanguinolentes avec du sang coagulé : ceci laissait paraitre un trouble du renmai. Elle présentait les mains glacées et craignait le froid ce qui ressemblait à une atteinte du shaoyin. Devant cette association, nous avons poncturé zhongwan 12 VC, fuai 16Rte, ainsi que dadun 2Rte, point ying, et taibai 3Rte, point shu, du méridien de la Rate en continuant les autres points poncturés au début [11].  

- Elle présentait une dyspnée d’effort lié à une anémie par carence martiale que nous avons supplémentée.

Une normalisation avait été constatée dès juillet 2015. Nous l’avons revu en septembre 2015 puis tous les mois juste avant ses menstruations.

- En décembre 2015, une échographie de contrôle montrait qu’il y avait une légère augmentation de volume des fibromes mais surtout un assèchement des adénomyomes, principaux responsables des ménorragies (figure 2).


Figure 2. Atteinte toujours polyfibromateuse le 19/12/2015. Malgré l'amendement des signes cliniques, on note une légère augmentation volumétrique de la plupart des entités myomateuses connues, et quelques myomes supplémentaires comme le myome principal fundique postérieur paramédian droit, interstitiel à dôme sous muqueux (classe 2, mesurant à présent 43 x 37 mm, au lieu de 33 mm), et le myome corporéal postérieur gauche (classe 2, mesure 30 mm au lieu de 22). Par contre, on note des lésions d’adénomyose interne connues en voie d’assèchement.

 

- Une récidive importante est survenue fin décembre 2015. La poursuite des séances tous les mois a permis que tout rentre dans l’ordre.

- Nous noterons que la durée des cycles menstruels s’est allongée, en passant de 25 jours à 28 jours.

Conclusion 

Voici un cas montrant l’utilité de l’acupuncture en cas de ménométrorragies rebelles aux traitements par hormonothérapie. De plus, cette guérison a pu être objectivée, d’une part par la clinique mais aussi par l’échographie montrant un assèchement des adénomyomes responsables de l’hémorragie.

Dr Maryam Bellis-Chahim

 

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Conflit d’intérêts : aucun 

Références

1. Courbière B, Carcopino X. Gynécologie obstétrique. Vernazobre; Edition 2006-2007.

2. Fernandez H, Gervaise A, de Tayrac R. Fibromes utérins: EMC 2002.

3. Ardaens Y. Imagerie des fibromes. J Gynecol Obstet Biol Reprod. 2007;36(2):23-30.

4.  Viklos G, Allaire C et al. Prise en charge des léiomyomes utérins. Directives cliniques de la SOGC. 2015;318. [cité le 20/12/2016]. Available from URL : http://www.jogc.com/article/S1701-2163(15)30339-X/pdf

5. Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSPS). Les traitements médicamenteux du fibrome utérin. Recommandations de bonne pratique. 2004. [cité le 20/12/2016]. Available from URL : http://www.esculape.com/gynecologie/fibrome_trt_afssaps_2004.pdf

6. Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).  Actualisation de la prise en charge des fibromes. Recommandations pour la pratique clinique. 2011. [cité le 20/12/2016]. Available from URL : http:// http://www.cngof.asso.fr/D_TELE/RPC_fibrome_2011.pdf.

7. Haute Autorité de Santé (HAS). Myomectomie vaginale Rapport d’évaluation technologique. 2008. [cité le 20/12/2016]. Available from URL : http:// http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2008-12/rapport_myomectomie.pdf.   

8. Munro MG, et al. For the FIGO Working Group on Menstrual Disorders. FIGO classification system (PALM-COEIN) for causes of abnormal uterine bleeding in non-gravid women of reproductive age. Fertil Steril. 2011;95(7):2204-8, 2208.

9. Macioccia G. La pratique de la médecine chinoise. 1e édition. Bruxelles: Satas; 1997.

10. Borsarello J-F. Aide-mémoire d’un acupuncteur traditionnel. Masson,Collection Abrégé: Issy-les-moulineaux; 2007.

11. Chamfrault A, Nguyen Van Nghi. L’énergétique humaine en médecine chinoise, tome 6: Chamfrault: Angoulème; 1969.

 

 

Etat de l’évaluation de l’acupuncture en rhumatologie en 2015

Evaluation de l’acupuncture

 

 

 

 Objectifs

 Nous proposons dans cet article une actualisation de notre précédent travail concernant un état de lieux de l'évaluation de l'acupuncture dans le domaine de la rhumatologie [Goret 2007]. Il s'agit d'identifier dans la littérature médicale l'ensemble des revues structurées comportant les quatre critères suivants :

1.      recherche bibliographique explicite ;

2.      évaluation de la qualité méthodologique des essais inclus ;

3.      inclusion et analyse distincte des essais contrôlés randomisés (ECR) ;

4.      terme “acupuncture” ou équivalent dans le titre de la publication, ou apparaissant explicitement dans les conclusions.

Une revue structurée est une revue de la littérature qui annonce clairement ses objectifs, outils ou méthodes et qui procède selon une méthodologie explicite et reproductible. Il en existe deux types : la synthèse méthodique et la méta-analyse (qui comporte l’analyse quantitative statistique des données des essais inclus). Les revues structurées constituent le plus haut niveau de preuve pour une thérapeutique donnée [Gerlier 2004].

 

Résultats

 Au 1er janvier 2016 nous avons répertorié un total de 73 publications dans le domaine de la rhumatologie.  Les revues sont décrites en détail dans le tableau IV classé par pathologies. Il est rapporté pour chacune de ces revues le support de publication et son impact factor, les comparaisons effectuées et le nombre d'ECR par comparaison, l'échelle utilisée pour l'évaluation de la qualité méthodologique des essais et le pourcentage d'essais de haute qualité, les conclusions formulées par les auteurs. Nous avons choisi d'utiliser un système de cotation à 4 niveaux de ces conclusions afin de pouvoir rendre compte plus facilement de l'état de l'évaluation dans les différentes pathologies (tableau I). Ces cotations figurent ainsi dans le tableau de synthèse (tableau II) et à la suite des conclusions des auteurs dans le tableau descriptif (tableau IV).

 Tableau I. Cotation des conclusions des auteurs des revues méthodiques. 

☆☆☆

Recommandation de l'acupuncture dans l'indication, effet spécifique mis en évidence

☆☆

Données et conclusions en faveur d'une recommandation de l'acupuncture dans l'indication

Données positives mais quantitativement ou qualitativement insuffisantes

Absence de données ou données négatives ou données contradictoires

 

Tableau II. Tableau de synthèse.

 

Pathologie

Auteurs

Nbre

ECR

Nbre

patients

Conclusions

Douleurs

musculo-squelettiques

Law 2015 (laser-acupuncture)

49

2360

☆☆

Lee 2008 (venin d'abeille)

11

877

☆☆☆

Tough 2008 (trigger points)

7

564

Fibromyalgie

Yang 2014

9

523

☆☆

Cao 2013

16

1081

☆☆

Deare 2013

9

395

Wang 2011

6

323

☆☆

Cao 2010

20

1015

☆☆

Langhorst 2010

7

385

Mayhew 2006

5

316

Ø

Sim 2002

1

70

Berman 1999

3

149

Arthrose

Manyanga 2014

12

1963

☆☆

Manheimer 2010

16

3498

☆☆

Kwon 2006

18

1981

☆☆☆

Ernst 1997

13

497

☆☆

Polyarthrite rhumatoïde

Sun 2014 (moxibustion)

8

494

Choi 2011 (moxibustion)

4

347

Lee 2008

8

1002

Ø

Casimoro 2002

2

84

Ø

Arthropathie goutteuse

Lee 2013

10

852

☆☆

Epicondylalgie

Tang 2015 (fonction articulaire)

4

309

Ø

Gadeau 2014

19

1190

☆☆☆

Chang 2014

9

527

☆☆

Buchbinder 2007

5

nd

Bisset 2005

4

148

☆☆☆

Trinh 2004

6

282

☆☆

Green 2002

4

239

Ø

Epaule douloureuse

Dong 2015 (impingement syndrome)

2

516

☆☆

Wang 2015

9

 

☆☆

Vickers 2012

4

564

☆☆

Green 2005

8

525

Grant 2004

1

52

☆☆

Michener 2004

2

73

Johansson 2002 (syndrome sous-acromial)

1

52

☆☆

Epaule gelée

Peng 2007

6

608

☆☆

Cervicalgies et lombalgies

Smith 2000

13

537

Ø

Cervicalgies

Yuan 2015

23

1717

☆☆

Kan 2013 (aiguille scalpel)

13

1419

☆☆

Graham 2013

12

1157

☆☆

Moon 2013 (whisplash syndrome)

6

348

☆☆

Vickers 2012

5

3488

☆☆☆

Wang 2011 (acupuncture abdominale)

8

909

non interprétable

Fu 2009

14

4249

☆☆

Trinh 2007

10

661

Kjellman 1999

4

130

Ø

White 1999

14

722

Ø

Lombalgies 

Yuan 2015

42

7488

☆☆☆

Hu 2014

56

6616

☆☆

Xu 2013

13

2678

☆☆

Lam 2013

25

6078

☆☆☆

Vickers 2012

10

4932

☆☆☆

Hutchinson 2012

7

5609

☆☆

Yuan 2008

22

6359

☆☆

Manheimer 2005

33

2310

☆☆☆

Furlan 2005

35

2861

☆☆☆

Ernst 2002

12

629

☆☆

Strauss 1999

4

nd

Ø

Van Tulder 1999

11

544

Ernst 1998

12

629

☆☆

Lombalgies aigues

Lee 2013

11

4249

☆☆

Hernie discale lombaire

Li 2015 (aiguilles chaudes)

15

1146

☆☆

Luo 2005

10

1265

☆☆

Sciatique

Ji 2015

12

1842

☆☆

Qin 2015

11

962

☆☆

Luijsterburg 2007

1

30

Coxarthrose

Kwon 2006

3

144

Genou douloureux

Hou 2015

12

2535

☆☆

Corbett 2013

22

2167

☆☆☆

Cao 2012

14

3835

☆☆☆

Vickers 2012

9

2713

☆☆☆

Manheimer 2010

13

3360

☆☆☆

Manheimer 2007

9

2821

☆☆☆

White 2007

13

2362

☆☆☆

Bjordal 2007

7

933

☆☆

Kwon 2006

14

1735

☆☆☆

Fernandez 2002

4

230

Ezzo 2001

7

393

☆☆

Entorse de la cheville

Park 2013

17

1820

Talalgie

Clark 2012

5

249

☆☆

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Commentaires

73 publications sont répertoriées soit 43 supplémentaires par rapport à 2007. Ces publications concernent 17 pathologies contre 10 en 2007, soit 7 pathologies nouvelles : douleurs musculo-squelettiques, arthropathie goutteuse, épaule gelée, lombalgie aiguë, hernie discale lombaire, talalgie et entorse de la cheville. Les revues de Vickers 2012 et de Kwon 2006 portent sur plusieurs pathologies (cervicalgies- épaule douloureuse – cervicalgies – lombalgies - genou douloureux pour Vickers 2012 et arthrose – coxarthrose - gonarthrose pour Kwon 2006) mais dont les données sont analysées de façon distincte. Inversement la revue de Smith 2000 porte sur un ensemble cervicalgies- lombalgies dont les données ne peuvent être dissociées. 

En comptabilisant pour chaque pathologie le nombre d'ECR inclus dans la synthèse la plus complète, les données 2015 sont basées sur un total de 252 ECR contre 104 en 2007.  Le nombre d'ECR recensés dans notre base de données Acudoc2 (www.acudoc2.com) dans le domaine de la rhumatologie était 1691 en 2015 et de 981 en 2007.  C'est-à-dire que les revues structurées n'analysent que 15 % des données disponibles. Cela est lié à plusieurs facteurs :

- le champ des pathologies couvert par les ECR est naturellement plus large que celui des revues ;

- la non-inclusion pour des raisons pratiques des essais en langues asiatiques ;

- l'exclusion dans beaucoup de revues de la comparaison de deux techniques d'acupuncture (acupuncture versus acupuncture, voir tableau IV, colonne "comparaisons"). Cette exclusion que l'on n'observe pas dans l'évaluation des médicaments (par exemple comparaison de deux AINS) est un biais significatif dans l'approche de l'évaluation de l'acupuncture [Nguyen 2015].

Le pourcentage d'essais de haute qualité inclus a baissé (46% contre 69%). Cette baisse s'explique par l'apparition de revues structurées réalisées par des équipes chinoises qui incluent des essais chinois plus ou moins anciens et de moindre qualité méthodologique. Comme nous l'avons vu, ces essais n'étaient que rarement pris en compte avant 2007 car d'accès plus difficile.  

Sur l'ensemble des données récentes, on peut faire état de conclusions concordantes (au moins deux revues récentes de moins de 5 ans) favorables à l'acupuncture (☆☆) dans la fibromyalgie, l'arthrose, l'épicondylite, l'épaule douloureuse, les cervicalgies, les lombalgies et sciatiques, le genou douloureux.  Un effet spécifique versus acupuncture factice (☆☆☆) est mis en évidence dans des revues concordantes (au moins deux revues récentes de moins de 5 ans) dans l'épicondylalgie, les lombalgies et le genou douloureux.

Ces données sont pour le moins équivalentes sinon supérieures à nombre de thérapeutiques usuelles dans le champ conventionnel de la rhumatologie. Elles ne sont pourtant pas prises en compte dans les recommandations des sociétés savantes correspondantes.  C'est ainsi que dans le traitement du genou douloureux alors que l'acupuncture dispose d'un ensemble solide de données mettant en évidence une efficacité spécifique, l'OARSI (Osteoarthitis Research Society International) conclut à une efficacité "incertaine" et exclut l'acupuncture de ses recommandations [Mcalindon 2014].  On observe la même distorsion et inégalité dans l'analyse des données par rapport aux autres thérapeutiques dans les recommandations relatives à la prise en charge de la migraine de la SFEMC (Société française d’étude des migraines et des céphalées [Lanteri-Minet 2013]. Ce problème se retrouve sur un plan plus général dans le rapport de l'INSERM sur l’"Évaluation de l’efficacité et de la sécurité de l’acupuncture" [Barry 2014]. Cela doit amener les médecins acupuncteurs à une réflexion sur les raisons tant internes qu'externes de cet état de fait et sur les réponses à apporter [Nguyen 2015].  

Par rapport à 2007, nous observons l'apparition de revues structurées portant spécifiquement sur des techniques particulières d'acupuncture (acupuncture étant considéré comme le terme générique) : évaluation de la moxibustion [Coi 2011, Sun 2014, Gadeau 2014], des aiguilles chaudes [Li 2015], de la laser-acupuncture [Chang 2014, Law 2015], de l’acupuncture abdominale [Wang YW 2015], des points ashi ou des triggers points [Tough 2008, Wang KF 2015], de l'aiguille-scalpel [Kan 2013] ou encore de la chimiopuncture au venin d’abeille [Lee MS 2008].

 Tableau III. Evolution des données : tableau de synthèse comparatif des revues méthodiques  incluses par rapport à 2007.

 

 

2007

2015

Nombre de revues méthodiques

30

73

Nombre de pathologies

10

17

Nombre d’ECR

104

252

Pourcentage ECR haute qualité

69%

46%

Impact Factor moyen

3,49

2,92

Pourcentage de revues cotées ☆☆☆

20%

21%

Pourcentage de revues cotées ☆☆

37%

48%

Pourcentage de revues cotées

13%

18%

Pourcentage de revues cotées

30%

13%

Nombre de pathologies avec au moins deux  revues cotées  à ☆☆☆ ou ☆☆

5

10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           

 

 

 

 Dr Olivier Goret,

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  Dr Johan Nguyen. 

* : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 Lire aussi les notes complémentaires du TABLEAU IV

 

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