L’acupuncture peut-elle contribuer à un élargissement de l’ontologie biomédicale du corps ? Marcus Sacrini A. Ferraz

Résumé : L’auteur essaie d’évaluer si quelques données des recherches contemporaines sur l’acupuncture demandent des changements dans la conception ontologique biomédicale du corps. On prétend, avec cette analyse, établir un modèle général de recherche sur la justesse de cette ontologie. Mots-clés : ontologie – biomédecine – acupuncture – qi.

Introduction

La biomédecine peut être comprise comme un champ des recherches scientifiques sur les systèmes organiques ou les maladies, champ qui comprend l’application de ces recherches dans le travail clinique, développé selon les principes épistémiques occidentaux, tels que la recherche étiologique et de la reproductibilité des effets thérapeutiques. L’ininterrompu progrès de la biomédecine suggère (soit au grand public soit même à quelques médecins) une conception ontologique selon laquelle le corps humain serait un ensemble d’organes et systèmes matériaux complètement ordonné par les lois générales de la mécanique et de la physicochimie.

Cette conception semble validée non seulement par les études anatomiques et physiologiques contemporaines (basées sur des techniques très probantes tel que les divers types de tomographie et de résonance disponibles), mais aussi par le grand succès des interventions chirurgicales et des études étiologiques en général. Tellement frappante est l’attestation de la conception biomédicale du corps et tellement fécondantes sont les lignes de recherche suscitées par elle que le grand public peut avoir l’impression que les principaux types d’événements qui caractérisent le corps ont été déjà compris, alors même que cette compréhension n’est pas complète et que de nombreuses recherches sont encore consacrées aux détails de cette machine corporelle. Dans cet article, nous allons réunir quelques données fournies par des recherches sur l’acupuncture et évaluer dans quelle mesure ces données ébranlent cette impression de justesse habituellement associée à la conception ontologique biomédicale du corps. Cette évaluation s’insère dans un projet de post-doctorat en philosophie (développé dans l’Université de São Paulo, Brésil) qui tente d’analyser les caractéristiques des conceptions ontologiques associées aux résultats du travail scientifique.

 

 

Le professeur Jean Bossy nous a quittés le 20 Novembre 2009

Le professeur Jean Bossy, par la singularité de son ouverture d’esprit, sa quête permanente dans la recherche et la transmission de son savoir, a permis à la médecine traditionnelle chinoise de s’intégrer à la médecine occidentale en lui apportant une reconnaissance officielle universitaire. Grâce à son impulsion,  l’élaboration de ce projet, qui lui tenait particulièrement à cœur, est la première pierre sur laquelle a pu se construire l’édifice actuel de l’enseignement qui a permis la mise en place du diplôme universitaire, puis inter-universitaire, pour aboutir à la  récente  capacité.

Dans les années 72, et peut-être bien avant, interrogé par la pratique de la médecine chinoise, Jean Bossy, accompagné de quelques jeunes envahis du même enthousiasme, ira glaner ici et là formations, informations et documents concernant cet art des aiguilles et des moxas. 

A cette époque lointaine on parlait beaucoup de Niboyer, Nogier, Bourdiol dans l’ancienne capitale Lyonnaise de la Gaule.

Dès 73, ce groupuscule nîmois envisage de se réunir pour reprendre les bases et les principes de l’acupuncture : un lieu, le laboratoire d’anatomie de la faculté, un chef, le professeur Jean Bossy, des adeptes de ce qui était alors encore qu’une secte : J.C. Maurel, J.L. Lafont, C. Chaput, M. Seoane …et quelques autres.

Il y a 34 ans, à la veille du jour de la disparition du Professeur Jean Bossy en cette année 2009, fut officiellement constituée le 19 Novembre 1975 l’A.F.E.R.A. qui était alors l’Association Française pour l’Etude des Réflexothérapies Appliquées.

Le groupe, sous son imprégnation, établit un enseignement reprenant les bases essentielles de la méthode des points et des méridiens, du yin-yang, des cinq éléments et,… bien sûr de la neuro- biologie des réflexothérapies.

C’est l’époque de la fameuse querelle des anciens et des modernes, des « traditionnels » et des « réflexothérapeutes », terme méprisant dont nous avons été longtemps affublés par les puristes de la tradition.

C’est aussi à la même période que le professeur Jean Bossy met en place dans son service, une consultation de réflexothérapie (on ne disait pas encore acupuncture) à l’hôpital de Nîmes.

Car le Professeur Bossy avait un projet en tête : introduire l’acupuncture au sein de l’université. Et, pour ne pas s’opposer au cercle rigide des instances officielles, il souhaitait coller au plus près de l’acceptable pour les Doyens de la Faculté. Je me souviens du conseil qu’il nous avait donné de présenter un programme qui pourrait être toléré, dans le libellé des titres des cours d’enseignement, nous laissant libre ensuite de présenter les notions les plus ésotériques que nous souhaitions apporter.

Quel fut notre étonnement lorsque nous nous sommes aperçus que ses connaissances et ses propositions allaient encore plus loin dans la vision des concepts de l’acupuncture traditionnelle que pour certains d’entre nous !

En 80 paraît  « Sémiologie en acupuncture » de J. Bossy, J.C. Maurel et J.L. Lafont, le BLM, comme nous l’appelons, premier recueil de symptômes, et leur analyse dans le cadre des huit règles. Un grand pas !

 

 

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