La prostatite est une affection urologique commune chez l’homme, sa prévalence étant estimée à 9,7 % avec une incidence de récurrence de 20 % à 50 %. La plupart des prostatites bactériennes aiguës sont occasionnées par une infection urétrale ascendante. Un reflux d’urine dans les canaux prostatiques et éjaculateurs permet ensuite l’entrée de microorganismes dans la prostate. Le National Institutes of Health (NIH) subdivise cette affection en quatre catégories de I (prostatite bactérienne aiguë à IV (prostatite inflammatoire asymptomatique). La catégorie IIIB est une prostatite chronique associée à un syndrome de douleur pelvienne chronique non inflammatoire (PCIIIB) et correspond à 90% à 95% des prostatites. La prostatite bactérienne chronique se différencie de la forme aiguë entre autres par le fait que les symptômes durent plus de trois mois et ne touchent que de 5 % à 10 % des hommes. La prise en charge de la prostatite chronique et du syndrome de douleur pelvienne chronique peut être complexe. Le traitement demeure actuellement controversé parce qu’il y a peu d’études convaincantes. La seule chose qui fait consensus est la nécessité d’utiliser le questionnaire NIH-CPSI comme outil d’évaluation de la réponse thérapeutique. Le NIH Chronic Prostatitis Symptom Index est un outil validé qui permet de mesurer la présence et l’intensité des symptômes de prostatite chronique, bref d’évaluer l’évolution de la maladie et l’efficacité des traitements. L’antibiothérapie reste le traitement préconisé malgré les incertitudes sur l’origine infectieuse de cette affection et sur l’absence de preuves de son efficacité. Il n’y a pas de consensus sur la durée optimale du traitement antibiotique. Parmi les études où l’on a noté une réduction modeste du score NIH-CPSI, les antibiotiques utilisés étaient généralement des fluoroquinolones sur une période de quatre à six semaines, mais il n’existe actuellement aucune preuve de l’efficacité de l’antibiothérapie. D’où l’intérêt de cette étude pragmatique randomisée mais non en aveugle.
De novembre 2008 à mai 2009, cinquante-quatre patients de sexe masculin souffrant de PCIIIB ont été randomisés aléatoirement en deux groupes : groupe traitement médical habituel (groupe 1, n=28) et groupe acupuncture (groupe 2, n=26). Le groupe 1 a bénéficié de lévofloxacine 500 mg par jour et ibuprofène 200 mg deux fois par jour pendant six semaines. Dans le groupe acupuncture, V32 (ciliao) bilatéralement et V33 (zhongliao) ont été utilisés pour stimuler le nerf sacré par électroacupuncture (Agistim Duo®, deux fois par semaine pendant sept semaines à la fréquence de 99 Hz. Les autres points utilisés : V28, VB41, F3, GI4, Rt6 et Rt8. Le critère de jugement : questionnaire NIH-CPSI. Les résultats après un suivi moyen de vingt-huit semaines objectivent dans le groupe acupuncture une réduction de la douleur, des symptômes urinaires et une amélioration de la qualité de la vie par rapport au groupe médical. En conclusion, malgré la limitation de l’étude qui est de type pragmatique, sans intervention en aveugle et sans groupe témoin, le traitement d’acupuncture et d’électoacupuncture est un traitement sûr et efficace chez les patients souffrants de prostatite chronique de catégorie IIIB.