Echanges Soulié de Morant 2013 à la faculté de Médecine du Kremlin-Bicêtre

Les Echanges George Soulié de Morant 2013 au Kremlin-Bicêtre (Paris Sud 11)

 

Cette année, les échanges George Soulié de Morant se sont déroulés à la faculté de Médecine du Kremlin-Bicêtre (Paris XI), le samedi 23 mars 2013. Le thème abordé, Acupuncture clinique quotidienne et « esprit scientifique » permettait de traiter divers sujets variés, des techniques d’auriculothérapie, de bio-DDP, à des sujets plus cliniques tels que l’acupuncture dans la maladie de Parkinson, la prise en charge des lombosciatalgies [6], des cicatrices douloureuses ou l’utilisation de l’acupuncture en milieu chirurgical ; ou bien encore des sujets plus théoriques ou de recherche. Nous proposons de résumer trois sujets abordés lors de cette journée : « acupuncture et maladie de Parkinson » ; « cicatrice douloureuse, Vascular Autonomic Signal (VAS), ECG et acupuncture » ; et « de la recherche en acupuncture à la pratique quotidienne ». Le congrès s’est ouvert après quelques mots du président de l’Association Scientifique des Médecins Acupuncteurs de France et Ecole Française d’acupuncture (ASMAF-EFA), Patrick Sautreuil et du trésorier Philippe Jeannin. Côté technique, Jean-Marc Stéphan a assuré le bon déroulé de la journée transformé en technicien informatique pour la projection des diaporamas !


 

Maladie de Parkinson et Acupuncture

Ce sujet a été abordé par Jean-Marc Stéphan, Robert Hawawini et Patrick Sautreuil [5]. Après quelques rappels sur l’origine de cette pathologie neurodégénératrice, et du rôle de la substancia nigra dans cette deuxième maladie de ce type en termes de fréquence après la maladie d’Alzheimer, il nous a été présenté les effets et mécanismes neurophysiologiques de l’action de l’acupuncture actuellement connus. Les effets de l’acupuncture dans l’aide à la prise en charge de la maladie de Parkinson résultent tout d’abord d’une action de neuroprotection par inhibition de la microglie avec suppression des réponses inflammatoires ; action antioxydante au niveau du striatum ou de la substancia nigra ; up-régulation de l’expression de la protéine acide fibrillaire glial et de la PCNA1 ; réduction de l’apoptose neuronale au niveau du striatum, ou du locus niger. L’acupuncture exerce aussi une neuroprotection par son activité sur les BDNF2, GDNF3 ; et une modulation des neurotransmetteurs excitateurs (glutamate, acétylcholine, GABA4). Les effets résultent également d’une stimulation des neurones tyrosine hydroxylase et d’une action sur les neurones dopaminergiques par augmentation des premiers dans le locus niger, ainsi qu’une augmentation directe de la libération de dopamine (meilleure neurotransmission dopaminergique post-synaptique), et une diminution de la dégénérescence des neurones dopaminergiques et leur augmentation. Plusieurs études ont tenté d’évaluer les effets de l’acupuncture. Ainsi une étude objective une augmentation du taux de dopamine et des neurotransmetteurs monoaminergiques dans le liquide céphalorachidien chez de patients atteints de maladie de Parkinson et bénéficiant d’acupuncture. Certaines études chinoises, mais dont la méthodologie est difficile à évaluer ont montré une amélioration des symptômes. Des essais contrôlés randomisés ont quant à eux montré une amélioration des symptômes, plus particulièrement avec un effet sur le traitement médicamenteux et les effets indésirables, effet sur le sommeil, sur les activités de la vie quotidienne et les nausées, sur la vessie hyperactive et la dépression. En conclusion les auteurs nous font part que d’autres études d’imagerie suggèrent une action de l’acupuncture sur ces patients, et que l’acupuncture doit faire partie intégrante des thérapies à proposer aux patients atteins de maladie de Parkinson, même si le niveau de preuve attribué actuellement par l’HAS est de niveau C (faible niveau de preuves).

Cicatrice douloureuse et acupuncture

Patrick Sautreuil [7] nous a fait part de son expérience sur l’aide de l’acupuncture dans les douleurs liées à des cicatrices post-chirurgicales récentes ou non. Il s’agit de retrouver un point douloureux exquis au niveau de la cicatrice et de faire une puncture de ce point dans le but de soulager le patient. Afin d’argumenter l’action de l’acupuncture par cette méthode, nous pouvons utiliser la technique consistant à prendre le pouls radial lors de la palpation de la cicatrice avec le manche d’une aiguille et mesurer le VAS (Vascular Autonomic Signal) [12]. L’enregistrement d’un ECG lors de cette expérimentation donne l’apparition d’une extrasystole au même moment et à chaque fois qu’il y a perception de VAS.

De la recherche en acupuncture à la pratique quotidienne

Le docteur Helena Pinto Ferreira, présidente de l’ICMART, a présenté la résultante des travaux de recherches en acupuncture et les difficultés de leur assimilation dans la pratique courante. L’auteur a mis l’accent sur les difficultés que les acupuncteurs ont à faire reconnaître leur spécialité du milieu de l’evidence based medicine et du milieu scientifique, avec de nombreuses études mais dont les résultats sont parfois hétérogènes, ou dont la méthodologie manquerait de rigueur. Nous connaissons certains modes d’action de l’acupuncture ayant pour résultantes des sécrétions d’hormones, d’endorphines, de phénomènes de neuromodulation ; des indications cliniques ont été prouvées et reconnues par des organismes de référence (NIH4, NICE5) ; la demande des patients en faveur de l’acupuncture est également croissante ; mais la dimension humaine de l’acupuncture (empathie, méthode variant selon les écoles, intervalle et nombre de consultations, attentes et croyances du praticien et du patient) doit être pris en considération et peut difficilement se mesurer de façon scientifique et systématique. Ces questions doivent nous amener, selon l’intervenante, à une réflexion sur ces questions afin d’améliorer nos pratiques dans l’intérêt des patients.

Et aussi…

Nous citerons également les interventions appréciées d’Olivier Duhamel à propos de Méditations et Acupuncture scientifique [9], de Nadia Volf à propos du diagnostic auriculaire causal des lombalgies, de Philippe Jeannin sur l’intérêt de l’auriculothérapie en cancérologie sans oublier celles de Béatrice Paquier sur la place que pourrait avoir l’acupuncture au bloc opératoire par l’intérêt du 6MC (neiguan), et Marc Piquemal sur les BioDDP. D’un point de vue convivial, a été organisée une petite remise de diplômes d’assiduité aux échanges George Soulié de Morant à la fin de la première demi-journée, permettant aux participants les plus fidèles de se voir décerner un document attestant de leur constance !

Dans un thème général abordant divers sujets de l’acupuncture scientifique, nous avons pu participer à des échanges de qualité et attendons avec impatience les prochains échanges qui auront lieu en 2014 !

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