Medline Méridiens

L’incontinence urinaire d'effort est réduite par électroacupuncture chez les femmes ménopausées

 

L’EA à 50Hz (durée d’impulsion 200µs) a été appliquée aux points V33 (zhongliao), V35 (huiyang).

L'efficacité et l'innocuité de l'électroacupuncture (EA) ont été comparées à celles de l'électroacupuncture fictive dans le traitement des femmes ménopausées souffrant d'incontinence urinaire d'effort. L'incontinence urinaire est un écoulement involontaire, non contrôlable, des urines par l'urètre. Il existe plusieurs formes d'incontinence urinaire selon le mécanisme de survenue.

L'incontinence urinaire d'effort se caractérise par une fuite involontaire des urines, non précédée par un besoin d'uriner, qui peut survenir à l'occasion d'un effort comme le fait de sauter, soulever des charges lourdes ou de toute autre activité augmentant la pression abdominale, mais aussi lors d'un effort minime comme la toux, le rire. Quant à elle, l'incontinence urinaire par hyperactivité de la vessie se caractérise par une fuite involontaire des urines, précédée d'un besoin urgent et incontrôlable d'uriner survenant au repos, la nuit, en dehors de tout effort. Et les deux peuvent coexister : c’est l'incontinence mixte. 349 femmes ménopausées ont bénéficié de dix-huit séances de traitement d'électroacupuncture ou d'électroacupuncture fictive sur six semaines, avec une évaluation de suivi de vingt-quatre semaines. La réponse au traitement a été définie comme une réduction de 50% ou plus des fuites d'urine, mesurée par le Pad Test d’une heure (de la société internationale de l’incontinence) qui chiffre la quantité de fuite en gramme (puis évaluée en %) à 6 semaines après le début du traitement. L’EA à 50Hz (durée d’impulsion 200µs) a été appliquée pendant 30mn sur V33 (zhongliao), V35 (huiyang) : trois séances / semaine – dix-huit séances sur six semaines. A la sixième semaine de traitement, le taux de réponse était de 61% dans le groupe EA versus 18,9% dans le groupe EA factice (différence 42,5% ; IC à 95%, 33,3-51,7 ; p <0,001). Les événements indésirables liés au traitement sont survenus chez 2,1% des femmes au cours du traitement de six semaines (hématome sous-cutanée, fatigue, douleur aigüe).

En conclusion, l’EA peut soulager efficacement et en toute sécurité les symptômes de l'incontinence urinaire et améliorer la qualité de vie des femmes ménopausées présentant une incontinence urinaire d’effort.

Wang W, Liu Y, Sun S, Liu B, Su T, Zhou J, Liu Z. Electroacupuncture for postmenopausal women with stress urinary incontinence: secondary analysis of a randomized controlled trial. World J Urol. 2019 Jul;37(7):1421-1427.

 

Spécificité d’un protocole acupunctural dans la dysménorrhée primaire

L’acupuncture fournit une analgésie efficace dans la dysménorrhée primaire. Une étude basée sur l’exploration de données de la littérature a permis de sélectionner les points les plus généralement utilisés dans les essais cliniques avec ou sans randomisation, avec ou sans groupe témoin, publiés en anglais ou en chinois de janvier 1978 à avril 2014. Cette étude a pour intérêt d’examiner les principes de sélection des points d’acupuncture et leurs caractéristiques. 67,24% des points d’acupuncture utilisés étaient des points d’acupuncture spécifiques selon les théories de différenciation des syndromes, points de croisement, points shu antiques, points yuan et points shu et mu. Il en résulte donc une spécificité des points les plus fréquemment travaillés : sanyinjiao (RA6), guanyuan (VC4), qihai (VC6), diji (RA8), ciliao (VE32) etc.. Les méridiens les plus souvent utilisés étaient renmai (Vaisseau Conception), zutaiyin (Rate-Pancréas) et zutaiyang (Vessie). Les points des membres inférieurs ont été les plus fréquemment puncturés. En conclusion, l’’exploration de données est une approche possible afin d’identifier les caractéristiques de la sélection des points d’acupuncture. Cette étude indique ainsi que les protocoles d’acupuncture moderne du traitement de la dysménorrhée primaire sont basés sur une sélection des points d’acupuncture spécifiques mettant en pratique les théories de la médecine traditionnelle Chinoise.


Pourcentage d'utilisation des dix combinaisons de points les plus usités. La combinaison la plus courante est le VC4 et RA6 (60,97% ) ou RA6 et VC6 (28,6%), RA6 et VE32 (27,4%) etc.

 

Voir en ligne : Yu S, Yang J, Yang M, Gao Y, Chen J, Ren Y, Zhang L, Chen L, Liang F, Hu Y. Application of acupoints and meridians for the treatment of primary dysmenorrhea : a data mining-based literature study. Evid Based Complement Alternat Med. 2015

 

Méridiens Medline du 09 novembre 2014 au 10 mai 2015 (Essais contrôlés randomisés, méta-analyses, revues systématiques et recommandations)

Efficacité de l’acupuncture dans l’insuffisance ovarienne prématurée


Une revue systématique a été réalisée par des auteurs coréens pour évaluer les effets de l’acupuncture chez des patientes souffrant d’insuffisance ovarienne prématurée (IOP). L’IOP, encore dénommée insuffisance ovarienne primitive, primaire ou précoce est une pathologie dont la présentation clinique est complexe. Elle survient chez 1 à 2 % des femmes avant 40 ans, 0,1% avant 30 ans. Les causes sont multiples : les anomalies génétiques, les maladies auto-immunes, les atteintes ovariennes iatrogènes secondaires à la chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, aux facteurs environnementaux tels que les virus, les toxines, le tabac, et aux facteurs métaboliques. Cependant, dans la majorité des cas, l’étiologie de l’IOP est idiopathique. Comme pour la ménopause physiologique, l’insuffisance ovarienne précoce présente les symptômes du climatère : infertilité, palpitations, intolérance à la chaleur, bouffées de chaleur, anxiété, dépression, fatigue. La biologie de l’insuffisance ovarienne précoce consiste en une diminution du taux d’œstrogènes et d’inhibines avec une augmentation du taux de gonadotropines (LH et FSH), c’est-à-dire une aménorrhée hypergonadotrope. La recherche a été faite dans douze bases de données pour identifier les essais contrôlés randomisés (ECR) publiés avant juillet 2014. Les critères d’inclusion d’IOP : femmes de moins de 40 ans avec une aménorrhée supérieure à quatre mois ou plus et taux de FSH au-dessus de 40UI/l. Les critères d’évaluation ont été le taux sérique de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et la reprise de menstruations.


Voir en ligne : Jo J, Lee YJ, Lee H. Effectiveness of Acupuncture for Primary Ovarian Insufficiency : A Systematic Review and Meta-Analysis. Evid Based Complement Alternat Med. 2015 ;2015:842180. doi : 10.1155/2015/842180. Epub 2015 May 18.


L’extraction des données et les évaluations du risque de partialité ont été menées de manière indépendante par deux auteurs différents, selon la méthodologie de revue Cochrane et les critères GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation). Huit ECR ont été retenus. Ils différaient entre eux selon la sélection des points d’acupuncture, la fréquence du traitement et le type d’intervention par acupuncture. Dans quatre essais, l’acupuncture a été testée comme thérapie unique dans le groupe de traitement. L’intervention ayant utilisé l’acupuncture associée à la phytothérapie chinoise placebo a été considérée dans l’analyse comme traitement par acupuncture seule. Pour les quatre autres ECR, l’acupuncture a été utilisée de façon combinée à la médecine chinoise à base de plantes ou à un traitement hormonal de substitution. Quatre ECR ont utilisé l’acupuncture manuelle, deux ont utilisé l’électro-acupuncture, et les deux autres ont utilisé l’implantation de catgut à des points d’acupuncture. La durée du traitement variait de 3 à 6 mois. L’analyse a montré que l’acupuncture réduit de façon significative les taux sériques de FSH, et davantage de femmes ont rapporté une reprise des menstruations parmi celles qui ont été soignées par acupuncture. Cependant, les résultats doivent être interprétés avec prudence en raison du nombre réduit de participantes, du risque élevé de biais lié au caractère non aveugle pour les participantes et pour l’évaluation du traitement. Il existait également des biais probables de publication. Le niveau de preuve basé sur le taux sérique de FSH et la reprise des règles a donc été évalué comme « faible » selon le classement d’évaluation GRADE. Les données actuelles sur l’acupuncture dans les IOP sont insuffisantes pour tirer une conclusion ferme en raison de la rareté des études. Des études rigoureusement conçues sont nécessaires pour confirmer l’efficacité et la sécurité de l’acupuncture chez les femmes atteintes d’IOP.