Analyse spectrale de la sphygmologie des artères radiales : importance des données actuelles dans la compréhension de la palpation des pouls chinois


Une population à prédominance féminine (52%) de vingt-cinq personnes, d’horizons socioculturels divers et présentant différentes pathologies, d’âge moyen de 46±18ans est évaluée au moyen d’une tonométrie d’aplanation, appliquée sur les artères radiales droite et gauche. Une mesure quantitative de la forme d’onde artérielle est donc réalisée, par la tonométrie d’aplanation (Sphygmocor vx d’Atcormedical). L’analyse spectrale des signaux vasculaires révèle que le contenu informatif (distribution de la puissance spectrale) est différent pour chacun des sujets et qu’il est possible d’établir des tendances spectrales en relation avec le cadre clinique initial. Une étude corrélative permet de montrer que seul le spectre de puissance vasculaire, à gauche, est fortement dépendant de la tension artérielle homonyme, auprès de cette population caractérisée par une anisotension dominante. Malgré une perte de dimension informative importante, de l’ordre de 12 à 1, il semble prudent de pouvoir affirmer que la sphymologie chinoise, avec ses 12 abords des artères radiales (6 à droites et 6 à gauche) permet une approche de l’état pathologique d’un sujet, au moyen de la perception de la forme d’onde du pouls radial bilatéral.

Voir en ligne : Piquemal M, Castellani R. Acupuncture & Moxibustion. 2013 ;12(2):106-111.

Introduction

Dans un précédent article, nous nous étions intéressés à la sphygmologie chinoise et son approche par une technique occidentale, la tonométrie d’aplanation [10]. En effet, depuis quelques années sont apparues de nouvelles technologies exploratrices de la forme de l’onde radiale, présentant un intérêt aussi bien diagnostique que pronostique [1,2,3]. Affectés initialement à la détermination précoce des risques cardiaques (infarctus) ces outils destinés à l’étude de la forme d’onde du pouls radial, nous donnent une solide méthodologie d’approche quantitative de la sphygmologie radiale. Or selon la médecine traditionnelle chinoise (MTC), l’état énergétique d’un sujet peut être également évalué à partir de la sphygmologie radiale [4-8]. Moyennant la capture du tonus vasculaire assistée par ordinateur, un des avantages majeurs de la tonométrie d’aplanation est l‘acquisition fiable et reproductible de données représentant la variation de la pression artérielle sous la cellule du transducteur, au cours de chaque révolution cardiaque. Le signal capté provient de la déformation des parois de l’artère radiale, dans sa gouttière, répondant au bolus de la pression sanguine propulsé lors de la systole. En fait l’onde dicrote rassemble deux types d’information et sa forme, combinaison d’un double dôme, en est la résultante (figure 1). Le premier pic est d’origine centrifuge. Il correspond à une hausse de pression artérielle exercée par la contraction du ventricule sur le fluide sanguin, au cours de la systole. Le deuxième, centripète, revient à la contre-pression sanguine. Il est issu du retour de l’onde sanguine qui, comme un écho, suite à la résistance au passage du flux sanguin lors de chaque division de l’arbre vasculaire et à la rigidité des parois artérielles rencontrée (compliance), revient vers le cœur (voir figure 2).

Figure 1. Enregistrement de l’onde dicrote. Courbe de la variation de la pression sanguine artérielle versus temps, capturée dans la gouttière radiale.