Une revue systématique a été réalisée par des auteurs coréens pour évaluer les effets de l’acupuncture chez des patientes souffrant d’insuffisance ovarienne prématurée (IOP). L’IOP, encore dénommée insuffisance ovarienne primitive, primaire ou précoce est une pathologie dont la présentation clinique est complexe. Elle survient chez 1 à 2 % des femmes avant 40 ans, 0,1% avant 30 ans. Les causes sont multiples : les anomalies génétiques, les maladies auto-immunes, les atteintes ovariennes iatrogènes secondaires à la chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, aux facteurs environnementaux tels que les virus, les toxines, le tabac, et aux facteurs métaboliques. Cependant, dans la majorité des cas, l’étiologie de l’IOP est idiopathique. Comme pour la ménopause physiologique, l’insuffisance ovarienne précoce présente les symptômes du climatère : infertilité, palpitations, intolérance à la chaleur, bouffées de chaleur, anxiété, dépression, fatigue. La biologie de l’insuffisance ovarienne précoce consiste en une diminution du taux d’œstrogènes et d’inhibines avec une augmentation du taux de gonadotropines (LH et FSH), c’est-à-dire une aménorrhée hypergonadotrope. La recherche a été faite dans douze bases de données pour identifier les essais contrôlés randomisés (ECR) publiés avant juillet 2014. Les critères d’inclusion d’IOP : femmes de moins de 40 ans avec une aménorrhée supérieure à quatre mois ou plus et taux de FSH au-dessus de 40UI/l. Les critères d’évaluation ont été le taux sérique de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et la reprise de menstruations.
L’extraction des données et les évaluations du risque de partialité ont été menées de manière indépendante par deux auteurs différents, selon la méthodologie de revue Cochrane et les critères GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation). Huit ECR ont été retenus. Ils différaient entre eux selon la sélection des points d’acupuncture, la fréquence du traitement et le type d’intervention par acupuncture. Dans quatre essais, l’acupuncture a été testée comme thérapie unique dans le groupe de traitement. L’intervention ayant utilisé l’acupuncture associée à la phytothérapie chinoise placebo a été considérée dans l’analyse comme traitement par acupuncture seule. Pour les quatre autres ECR, l’acupuncture a été utilisée de façon combinée à la médecine chinoise à base de plantes ou à un traitement hormonal de substitution. Quatre ECR ont utilisé l’acupuncture manuelle, deux ont utilisé l’électro-acupuncture, et les deux autres ont utilisé l’implantation de catgut à des points d’acupuncture. La durée du traitement variait de 3 à 6 mois. L’analyse a montré que l’acupuncture réduit de façon significative les taux sériques de FSH, et davantage de femmes ont rapporté une reprise des menstruations parmi celles qui ont été soignées par acupuncture. Cependant, les résultats doivent être interprétés avec prudence en raison du nombre réduit de participantes, du risque élevé de biais lié au caractère non aveugle pour les participantes et pour l’évaluation du traitement. Il existait également des biais probables de publication. Le niveau de preuve basé sur le taux sérique de FSH et la reprise des règles a donc été évalué comme « faible » selon le classement d’évaluation GRADE. Les données actuelles sur l’acupuncture dans les IOP sont insuffisantes pour tirer une conclusion ferme en raison de la rareté des études. Des études rigoureusement conçues sont nécessaires pour confirmer l’efficacité et la sécurité de l’acupuncture chez les femmes atteintes d’IOP.