Afin d’étudier l’effet de l’acupuncture sur les symptômes de dysménorrhée primaire, un essai contrôlé randomisé a été réalisé. Au total, 74 femmes (18-45 ans) ont été réparties de façon aléatoire en quatre groupes : deux groupes traités par acupuncture manuelle (MA) et deux groupes par électro-acupuncture (EA). Chaque groupe (MA ou EA) comporte deux sous-groupes : HF (haute fréquence) et BF (basse fréquence). Les femmes des groupes HF ont reçu trois traitements dans les sept jours précédant le jour estimé du cycle menstruel. Les femmes des groupes BF ont reçu un traitement pendant l’intervalle de temps entre les règles (sept à dix jours en fonction de la longueur du cycle). Les quatre groupes ont tous reçu un traitement au cours des deux premiers jours de la menstruation (J1 et J2 des règles). Dans tous les groupes, le deqi est obtenu après insertion de l’aiguille et les aiguilles sont laissées en place pendant 20 à 30 minutes. Selon les cas, la moxibustion est ajoutée pendant 5 à 10 minutes sur l’un des points d’acupuncture sélectionnés.
Dans les groupes MA, les aiguilles sont stimulées manuellement pendant environ 10-15 minutes, en tonification, dispersion ou neutre selon le jugement clinique du praticien. Le traitement était basé sur les huit principes de la médecine traditionnelle chinoise et par le diagnostic des Zang Fu. Dans les groupes EA (2Hz / 100Hz – 200ms), deux points distaux ont été sélectionnés et traités pendant 20 minutes. Soixante-trois femmes (85%) ont terminé l’essai : MA-BF (n=19), MA-HF (n=18), EA-BF (n=18) et EA-HF (n=19). Les séances ont été effectuées sur trois cycles menstruels : une fois par semaine pour les groupes BF (douze séances), ou trois fois par semaine avant les règles pour les groupes HF (douze séances également). Tous les groupes ont bénéficié d’acupuncture dans les 48 premières heures des règles. Le critère principal d’évaluation est la réduction du pic douloureux menstruel (douleur abdominale pendant les trois premiers jours de menstruations) 12 mois après l’inclusion dans l’essai. Les résultats ont objectivé une réduction statistiquement significatives (p<0,001) de la douleur menstruelle maximale et moyenne par rapport aux valeurs initiales pour chaque groupe étudié au cours de la période de traitement et durant le suivi des neuf mois (voir graphique).
Deux groupes sont traités par acupuncture manuelle (MA) et deux groupes par électroacupuncture (EA). Dans les sept jours précédant le jour estimé du cycle menstruel, les deux groupes bénéficient soit de séances d’acupuncture très fréquentes (haute fréquence HF : 3 traitements sur 7 jours ), soit séances moins fréquentes (basse fréquence LF-BF : une séance par semaine). Sont évalués le nombre de symptômes par jour durant un suivi de 12 mois.
Mais il n’y a aucune différence significative entre les groupes (p>0,05). Les scores sur le questionnaire de l’échelle de la qualité de vie liée à la santé (SF-36) ont augmenté de façon significative dans les groupes HF par rapport aux groupes BF (six domaines versus deux domaines). Par ailleurs, les groupes traités par acupuncture manuelle nécessitent moins de médicaments antalgiques que ceux traités par électroacupuncture (p = 0,02). Le groupe MA-HF était plus efficace dans la réduction des symptômes menstruels secondaires par rapport aux deux groupes EA (p <0,05). En conclusion, le traitement par acupuncture a réduit l’intensité et la durée de la douleur menstruelle après trois mois de traitement et l’effet a perduré jusqu’à un an après le début de l’étude. On notera que l’effet du changement de mode de stimulation ou de la fréquence du traitement sur la douleur menstruelle n’est pas significatif. Cela peut être dû à un manque de puissance et de ce fait d’autres études à plus grands effectifs sont nécessaires pour préciser le rôle du mode de stimulation et du temps de traitement.