Medline Méridiens

Les dispositifs d’acupuncture placebo sont-ils vraiment factices ?

Bien que l’utilisation de l’acupuncture soit reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé, son efficacité dans la plupart des pathologies courantes est encore en cours d’évaluation au travers des essais comparatifs randomisés (ECR). Afin d’obtenir une évaluation significative de son efficacité, un contrôle placebo crédible doit être établi. Il existe d’ailleurs plusieurs dispositifs non-pénétrants permettant l’acupuncture placebo dans les ECR, comme les aiguilles Streitberger, Park et Takakura. Mais, leur aptitude en tant que véritable aiguille placebo inerte doit être rigoureusement déterminée. Des recherches bibliographiques ont été conduites sur deux bases de données de langue chinoise et quatre anglaises, de leur création à juillet 2014. Ont été inclus les ECR en langue anglaise ou chinoise traitant par acupuncture diverses pathologies et utilisant un des dispositifs mentionnés ci-dessus dans le groupe intervention témoin. Trente-six études ont été incluses dans l’analyse qualitative tandis que quatorze l’étaient dans la méta-analyse. Sur la base de la méta-analyse, ni le périphérique Streitberger ni le périphérique Park ne semblent être un contrôle inerte adéquat pour les ECR d’acupuncture. En ce qui concerne l’aiguille Takakura qui est le dispositif le plus récent, aucune étude n’a pu être incluse dans la méta-analyse pour en permettre la comparaison. Les auteurs rapportent que les rapports de crédibilité sur la mise en insu pour les trois dispositifs placebo étaient la plupart du temps passés avec succès chez les participants mis en aveugle, les patients ne pouvant savoir s’ils étaient randomisés dans le groupe acupuncture véritable ou placebo. Cependant, lorsque l’on compare les indices de mise en aveugle, une seule étude ayant utilisé les aiguilles Park, a été notée pour avoir une méthodologie idéale de mise en insu. À ce jour, l’aiguille Takakura est le seul dispositif qui semble permettre au praticien d’être mis en condition de mise en aveugle et offre davantage de promesses d’être un contrôle placebo approprié. Il y a des limites donc avec chacun des dispositifs placebo et des études de qualité méthodologique plus rigoureuses sont nécessaires pour évaluer davantage les effets et la crédibilité de la mise en insu.

 

 

Efficacité du sevrage tabagique par acupuncture : une étude prospective à Hong Kong

Une étude multicentrique observationnelle sur l’action du traitement par acupuncture pour arrêter de fumer a été réalisée à Hong Kong, de mars 2010 à août 2015. Un total de 5 202 fumeurs a été recruté et traité par acupuncture pendant huit semaines. L’étude ne comporte pas de traitement par acupuncture simulée ou placebo. Le taux d’abandon a été de 43,48%, avec 2 940 sujets ayant terminé l’étude. La fréquence de traitement était de deux fois par semaine pendant huit semaines. Les aiguilles ont été insérées horizontalement au point 20VG (baihui) et verticalement (profondeur de 25 à 50 mm) aux points EX-HN3 (yintang), 4GI (hegu), 6MC (neiguann), 7P (lieque), 36E (zusanli), 6Rt (sanyinjiao), 3F (taichong) avec recherche du deqi. Elles sont laissées pendant 30 min. Pendant ce temps, un dispositif d’électroacupuncture a été utilisé et relié aux points 7P et 36E avec une fréquence continue (15 Hz) pendant 30 min. Les aiguilles ont été retirées rapidement pour éviter tout saignement ou hématome. L’acupuncture auriculaire comportait les points : shenmen (TF4), neifenmi (CO18), pizhixia (AT4), jiaogan (AH6), fei (CO14) et wei (CO4). Le point kou (CO1) a été ajouté s’il y avait des symptômes de sevrage tels que la nausée, tandis que zhiqiguan (CO16) en cas de toux avec mucosités. Après désinfection de routine, le patch de graines vaccaria auriculaires (2mm de diamètre) a été collé aux différents points auriculaires. Chaque point auriculaire a été pressé pendant 1min. Par ailleurs, les participants ont été invités à appuyer sur chaque point auriculaire pendant 20 secondes toutes les 1 à 2 heures ou avant d’avoir recours au tabac. Le critère d’évaluation primaire (taux d’abstinence à 7 jours) a été auto-rapporté après 8 semaines. Les critères secondaires ont été le taux d’abstinence à 7 jours (au cours des première, deuxième, 26e et 52e semaines), du nombre de cigarettes fumées par jour et du taux de monoxyde de carbone expiré. Les résultats ont montré respectivement un taux d’abstinence de 34,0% pour la semaine 8 et de 18,4% pour la semaine 52. Le taux de CO expiré et le nombre de cigarettes fumées par jour étaient significativement réduits après traitement. La durée de rechute a été de 38,71 jours, soit une durée plus longue que les 35 jours en cas d’usage de cigarettes électroniques ou les 14 jours en cas d’utilisation de patch de nicotine (d’après les chiffres rapportés par les publications). Par ailleurs, le fait d’avoir terminé les huit séances d’acupuncture au cours du premier mois constitue un facteur essentiel de succès du sevrage. D’après cette étude, l’acupuncture peut être considérée comme une méthode sûre et efficace pour aider à arrêter de fumer. D’autres études sur les différences d’effet entre l’acupuncture et les médicaments seraient nécessaires pour mieux clarifier les avantages de l’acupuncture.


 

Voir en ligne : Wang YY, Liu Z, Wu Y, Zhang O, Chen M, Huang LL, He XQ, Wu GY, Yang JS. Acupuncture for Smoking Cessation in Hong Kong : A Prospective Multicenter Observational Study. Evid Based Complement Alternat Med. 2016 ;2016:2865831. doi : 10.1155/2016/2865831.

 

 

Fatigue, troubles du sommeil et anxio-dépression améliorés par l’électroacupuncture chez les patientes atteintes de cancer du sein souffrant d’arthralgies liées aux inhibiteurs de l’aromatase

Graphiques de (a-d) : moyennes des changements illustrés sur 4, 8 et 12 semaines (WK4,8,12) à partir de la ligne basale de la fatigue, de la dépression, du sommeil et de l'anxiété selon les différents groupes (EA, SA , WLC). Les échelles utilisées : BFI (brief fatigue inventory), PSQI (Pittsburg Sleep Quality Index), HADS (Hospital Anxiety and Depression).


La fatigue, les troubles du sommeil, la dépression et l’anxiété sont des facteurs de comorbidité chez les patientes atteintes de cancer du sein souffrant d’arthralgies en rapport avec le traitement par inhibiteurs des aromatases. Mao et coll ont mis en place un essai comparatif randomisé (ECR) afin d’évaluer l’efficacité de l’électroacupuncture (EA) dans l’amélioration de ces facteurs de comorbidité. Méthode. L’ECR à trois bras réalisé pendant huit semaines à raison de une à deux séances par semaine pour un total de dix séances a comparé un groupe d’EA versus un groupe témoin en liste d’attente (WLC) et un groupe placebo (SA) chez des femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein et présentant des algies articulaires attribuables aux inhibiteurs des aromatases.

La fatigue, les troubles du sommeil, l’anxiété et le syndrome dépressif ont été évalués en utilisant l’échelle BFI (Brief Fatigue Inventory), l’index de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI) et l’échelle d’anxiété et de dépression hospitalière (Hospital Anxiety and Depression Scale - HADS). l’EA a été appliqué après recherche du deqi à une fréquence de 2Hz pendant trente mn. Le groupe factice (sham) a bénéficié d’aiguilles placebo Streiberger.

Résultats. Parmi les soixante-sept patientes randomisées, les interférences de la douleur initiale ont été associées à la fatigue (coefficient de corrélation de Pearson (r = 0,75 ; P <0,001), les troubles du sommeil (r = 0,38 ; P = 0,0026), et la dépression (r = 0,58 ; P <0,001). Par rapport au groupe en liste d’attente, l’EA produit des améliorations significatives dans la fatigue (P = 0,0095), l’anxiété (P = 0,044), et la dépression (P = 0,015) et une amélioration non significative de troubles du sommeil (P = 0,058) au cours des douze semaines d’intervention et période de suivi. En revanche, on n’observe aucune réduction significative de la fatigue ou des symptômes d’anxiété dans le groupe SA. Par contre, amélioration significative de la dépression par rapport au groupe WLC (P = 0,0088).

Conclusions. Par rapport aux soins habituels, l’EA produit des améliorations significatives dans la fatigue, l’anxiété et la dépression tandis que l’acupuncture placebo n’améliore que la dépression chez les femmes victimes d’arthralgies attribuables aux inhibiteurs de l’aromatase.


 

Voir en ligne : Mao JJ, Farrar JT, et al. Electroacupuncture for fatigue, sleep, and psychological distress in breast cancer patients with aromatase inhibitor-related arthralgia : a randomized trial. Cancer. 2014

Méridiens Medline du 09 novembre 2014 au (Essais contrôlés randomisés, méta-analyses et revues systématiques )