Depuis que Michael Phelps, le nageur américain le plus médaillé de l’Histoire, a décrit l’utilisation de la thérapie par ventouses à visée antalgique sur ses douleurs musculaires, ce traitement est devenu de plus en plus populaire en dehors de la Chine. La thérapie par ventouses est une des techniques de la médecine traditionnelle chinoise, au même titre que la moxibustion, les massages tuina ou le guasha (technique populaire consistant à racler la peau du patient avec un outil généralement fait en corne de buffle). On chauffe l’intérieur d’une petite cloche en verre par une flamme qui consume immédiatement l’oxygène, créant de ce fait un certain vide. L’application alors de cette ventouse sur la peau engendre une aspiration induite par la pression négative liée à la raréfaction de l’air dans la cupule en verre. Une hyperémie se produit ainsi pouvant entraîner un effet thérapeutique. Il existe différents types de ventouses : les ventouses gardées car elles restent au même endroit durant toute la durée du traitement, les ventouses éclair (on les laisse en place quelques instants et on les enlève dès que la peau rougit, les ventouses mobiles (on fait glisser la ventouse après avoir enduit la peau d’huile à massage), les ventouses humides, les ventouses médicinales, etc.). On utilise essentiellement des ventouses en verre car elles ont le mérite de se stériliser facilement et d’autre part de permettre l’observation de l’effet hyperhémique. Même si les mécanismes d’action de l’acupuncture et de la thérapie par ventouses sont différents, les deux thérapies utilisent toutes les deux les méridiens et les points d’acupuncture pour activer la stase sanguine et réguler le flux de qi dans le but de soulager la douleur. La thérapie par ventouses a l’avantage par rapport à l’acupuncture d’être une thérapie non invasive avec une durée relativement plus courte du traitement et un coût moins élevé. Cependant, bien que des effets bénéfiques de la thérapie par ventouses aient été rapportés dans le traitement de diverses maladies, les preuves de haute qualité manquent pour confirmer sa réelle efficacité, et surtout son efficacité par rapport à l’acupuncture. De ce fait, les auteurs ont comparé l’efficacité et l’innocuité entre la thérapie par ventouses et l’acupuncture dans les affections liées à la douleur. Ils ont effectué une recherche documentaire à partir de six bases de données jusqu’au 31 mars 2017. Ils ont inclus vingt-trois essais comparatifs randomisés (ECR) concernant douze symptomatologies liées à la douleur (n=2845 participants) comparant la thérapie par ventouses à l’acupuncture. La différence moyenne à modèle aléatoire (MD), le risque relatif (RR) à modèle aléatoire avec leur intervalle de confiance à 95% ont été utilisés pour rapporter l’effet estimé des résultats regroupés par méta-analyse. Toutes les études incluses étaient de mauvaise qualité méthodologique. Trois méta-analyses ont montré des effets bénéfiques cliniques similaires entre thérapie par ventouses et acupuncture : dans les algies en rapport avec une cervicarthrose : taux d’amélioration des symptômes (RR 1,13 ; IC 95% 1,01 à 1,26, n=646), dans les neuropathies du nerf cutané latéral de la cuisse (nerf fémoro-cutané) (RR 1,10 ; IC 95% 1,00 à 1,22, n=102) et la périarthrite scapulo-humérale (RR 1,31, IC à 95% 1,15 à 1,51, n = 208). Les résultats objectivés par échelle d’évaluation visuelle analogique et numérique dans chaque étude n’objectivent également aucune différence statistiquement significative entre ces deux thérapies dans toutes les pathologies liées à la douleur. Aucun effet indésirable lié au traitement par ventouse ou acupuncture n’a été observé dans les études incluses. En conclusion, la thérapie par ventouses et l’acupuncture ont une efficacité similaire dans l’antalgie. Cependant, d’autres études de qualité méthodologique rigoureuse et des études coût-efficacité doivent être réalisées avant d’émettre des recommandations dans la prise de décision dans la pratique clinique.
Méridiens Medline du 16 avril au 1 octobre 2017 (Essais contrôlés randomisés, méta-analyses, revues systématiques et recommandations en libre accès)