Medline Méridiens

Effets indésirables de la moxibustion : une revue systématique des rapports de cas

La moxibustion est un traitement médical traditionnel originaire de Chine. La technique consiste à utiliser la chaleur de combustion du moxa pour stimuler les points d’acupuncture. Considérée comme sûre et efficace, sa pratique est largement utilisée dans le monde entier, par des professionnels ou par les patients eux-mêmes. Parallèlement à son utilisation croissante, des effets indésirables ont été signalés.


 

Voir en ligne : Xu J, Deng H, Shen X. Safety of Moxibustion : A Systematic Review of Case Reports. Evid Based Complement Alternat Med. 2014 ;2014:783704. doi : 10.1155/2014/783704. Epub 2014 May 26.

Dans cette revue réalisée en Chine par l’Université de Shanghai, les auteurs ont interrogé quatre bases de données chinoises et trois bases anglo-saxonnes (Medline, EMBASE, Web of Science) jusqu’à la date du 20 novembre 2013. L’analyse porte sur un total de 64 cas d’effets indésirables (EI) liés à la moxibustion, rapportés dans 24 articles publiés dans six pays (Chine, Etats-Unis, Corée, Espagne, Japon, Israël). Quelques éléments de preuves sur les risques liés à la moxibustion ont été trouvés. Les EI comportent des allergies (six cas d’allergies locales et un cas d’allergie généralisée), des brûlures, des infections, la toux, des nausées, des vomissements, la détresse foetale, la naissance prématurée, le carcinome basocellulaire (localisé au niveau d’une cicatrice de brûlure secondaire à la moxibustion répétée), l’ectropion, l’hyperpigmentation, et même un cas suspecté de décès suite à la moxibustion pour traiter l’asthme. Dans la plupart de cas, les causes exactes des EI n’ont pas pu être déterminées. Cette question sur la sécurité de la moxibustion devrait être approfondie par d’autres études expérimentales, des essais cliniques et des rapports de cas. Améliorer les compétences des praticiens, réglementer les activités, et contrôler le temps d’exposition, la dose, la distance entre le moxa et la peau pourront contribuer à réduire l’incidence des EI et à améliorer la sécurité de la moxibustion. 
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La moxibustion est efficace dans l’hypertension artérielle systolique


Dans l’indication de l’hypertension artétielle, une revue systématique des essais contrôlés randomisés (ECR) a évalué l’efficacité de la moxibustion par Artemisia vulgaris du point 1R (yongquan) par rapport aux médicaments antihypertenseurs. Six bases de données incluant PubMed, la Cochrane Center Controlled Trials Register (2013), EMBASE (1980–2013), Chinese National Knowledge Infrastructure (CNKI, 1979–août 2013), Chinese Scientific Journal Database (VIP, 1989–août 2013) et Wanfang Med Online Database (WMOD, 1998– août 2013) ont permis de rechercher tous les ECR de type moxibustion versus médicaments antihypertensifs publiés de 1980 à août 2013. Une méta-analyse a montré des effets supérieurs de la moxibustion associée aux antihypertenseurs sur la pression artérielle systolique (WMD : -4,91 ; -7,54, -2,28 ; p = 0,0003), mais pas d’efficacité supérieure de la moxibustion versus antihypertenseurs sur la pression artérielle diastolique (WMD : -6.38 ; -17,17, 4.41 ; p = 0,25). En conclusion, il existe un effet bénéfique de l’utilisation de la moxibustion sur 1R dans la baisse de la pression artérielle par rapport aux médicaments antihypertenseurs. Cependant, les résultats sont influencés par une hétérogénéité en rapport avec des différences existant dans la conception des ECR.


 

Voir en ligne : Yang X, Xiong X, Yang G, Wang J. Effectiveness of Stimulation of Acupoint KI 1 by Artemisia vulgaris (Moxa) for the Treatment of Essential Hypertension : A Systematic Review of Randomized Controlled Trials. Evid Based Complement Alternat Med. 2014 ;2014

Rhabdomyolyse et insuffisance rénale aiguë dans les suites d’un traitement par acupuncture

Des auteurs du Département de Médecine Interne – Néphrologie du Centre Hospitalier Universitaire de Patras (Grèce) ont rapporté une rhabdomyolyse sévère avec lésion aiguë du rein suite à des séances d’acupuncture chez un homme de 64 ans.


 

Voir en ligne : Papasotiriou M, Betsi G, Tsironi M, Assimakopoulos. Rhabdomyolysis and acute kidney injury after acupuncture sessions. Saudi J Kidney Dis Transpl 2014 May ;25(3):643-6.


La rhabdomyolyse est la lyse du muscle squelettique, au cours de laquelle des électrolytes (potassium, phosphore), la myoglobine, la créatine kinase (CK), la lactate déshydrogénase (LDH), l’aspartate aminotransférase (AST) et d’autres protéines sont libérés à partir des cellules musculaires dans la circulation. Les causes les plus fréquentes sont le traumatisme du muscle (soit directement, soit par excès d’exercice physique), l’abus et la consommation de certains alcools et médicaments. Une faiblesse musculaire, une myalgie et des urines de couleur foncée constituent les symptômes les plus courants. L’insuffisance rénale aiguë (IRA) suite à la myoglobinurie est une complication potentiellement mortelle de la rhabdomyolyse. Chez ce patient admis aux Urgences pour douleur et faiblesse des membres inférieurs, ainsi que pour troubles de l’équilibre durant les dernières 24 h, le diagnostic de rhabdomyolyse est basé sur des critères cliniques et paracliniques. Lors des six derniers jours précédant l’hospitalisation, il a été soigné par acupuncture au niveau des jambes, pour gonarthrose et arthralgies dont il souffrait depuis plusieurs mois. L’histoire de la maladie n’a pas pu déceler de cause évidente de rhabdomyolyse et d’IRA autre que l’acupuncture. Sans pouvoir définir avec précision le mécanisme qui a induit la rhabdomyolyse, les auteurs supposent que l’insertion des aiguilles d’acupuncture aurait pu causer un traumatisme musculaire ou une lésion vasculaire, susceptible de provoquer l’ischémie du muscle. D’autres études sont nécessaires pour déterminer si l’acupuncture pourrait provoquer une rhabdomyolyse grave et quels en sont les facteurs favorisants.