Medline Méridiens

L’acupuncture est efficace sur la douleur pelvienne chronique chez les hommes souffrant de prostatite chronique

Après traitement, le score de la douleur a été considérablement diminué dans les deux groupes (p <0,01), mais la réduction du score de la douleur dans le groupe acupuncture était de manière statistiquement significative (p <0,05) plus élevé que dans le groupe médical (6,65 vs 3,89). Il n'y avait pas de différence statistiquement significative des symptômes urinaires NIH-CPSI et du score de qualité de vie entre les deux groupes avant et après le traitement (p>0,05). La réduction de la douleur (6,65 vs 3,89) et le score total (12,54 vs 6,43) dans le groupe acupuncture étaient néanmoins réduits de manière statistiquement significative par rapport au groupe médical (p <0,01). La prostatite est une affection urologique commune chez l’homme, sa prévalence étant estimée à 9,7 % avec une incidence de récurrence de 20 % à 50 %. La plupart des prostatites bactériennes aiguës sont occasionnées par une infection urétrale ascendante. Un reflux d’urine dans les canaux prostatiques et éjaculateurs permet ensuite l’entrée de microorganismes dans la prostate. Le National Institutes of Health (NIH) subdivise cette affection en quatre catégories de I (prostatite bactérienne aiguë à IV (prostatite inflammatoire asymptomatique). La catégorie IIIB est une prostatite chronique associée à un syndrome de douleur pelvienne chronique non inflammatoire (PCIIIB) et correspond à 90% à 95% des prostatites. La prostatite bactérienne chronique se différencie de la forme aiguë entre autres par le fait que les symptômes durent plus de trois mois et ne touchent que de 5 % à 10 % des hommes. La prise en charge de la prostatite chronique et du syndrome de douleur pelvienne chronique peut être complexe. Le traitement demeure actuellement controversé parce qu’il y a peu d’études convaincantes. La seule chose qui fait consensus est la nécessité d’utiliser le questionnaire NIH-CPSI comme outil d’évaluation de la réponse thérapeutique. Le NIH Chronic Prostatitis Symptom Index est un outil validé qui permet de mesurer la présence et l’intensité des symptômes de prostatite chronique, bref d’évaluer l’évolution de la maladie et l’efficacité des traitements. L’antibiothérapie reste le traitement préconisé malgré les incertitudes sur l’origine infectieuse de cette affection et sur l’absence de preuves de son efficacité. Il n’y a pas de consensus sur la durée optimale du traitement antibiotique. Parmi les études où l’on a noté une réduction modeste du score NIH-CPSI, les antibiotiques utilisés étaient généralement des fluoroquinolones sur une période de quatre à six semaines, mais il n’existe actuellement aucune preuve de l’efficacité de l’antibiothérapie. D’où l’intérêt de cette étude pragmatique randomisée mais non en aveugle.

De novembre 2008 à mai 2009, cinquante-quatre patients de sexe masculin souffrant de PCIIIB ont été randomisés aléatoirement en deux groupes : groupe traitement médical habituel (groupe 1, n=28) et groupe acupuncture (groupe 2, n=26). Le groupe 1 a bénéficié de lévofloxacine 500 mg par jour et ibuprofène 200 mg deux fois par jour pendant six semaines. Dans le groupe acupuncture, V32 (ciliao) bilatéralement et V33 (zhongliao) ont été utilisés pour stimuler le nerf sacré par électroacupuncture (Agistim Duo®, deux fois par semaine pendant sept semaines à la fréquence de 99 Hz. Les autres points utilisés : V28, VB41, F3, GI4, Rt6 et Rt8. Le critère de jugement : questionnaire NIH-CPSI. Les résultats après un suivi moyen de vingt-huit semaines objectivent dans le groupe acupuncture une réduction de la douleur, des symptômes urinaires et une amélioration de la qualité de la vie par rapport au groupe médical. En conclusion, malgré la limitation de l’étude qui est de type pragmatique, sans intervention en aveugle et sans groupe témoin, le traitement d’acupuncture et d’électoacupuncture est un traitement sûr et efficace chez les patients souffrants de prostatite chronique de catégorie IIIB.


 

Voir en ligne : Küçük EV, Suçeken FY, Bindayı A, Boylu U, Onol FF, Gümüş E. Effectiveness of acupuncture on chronic prostatitis-chronic pelvic pain syndrome category IIIB patients : a prospective, randomized, nonblinded, clinical trial. Urology. 2015 Mar ;85(3):636

 

Dans la maladie d’Alzheimer, l’acupuncture peut être efficace

l'acupuncture améliore de façon statistiquement significative les résultats sur l'échelle Mini Mental State Examination (MMSE) avec une différence moyenne standardisée à modèle aléatoire (SMD) égale à 1,05 (IC 95%, 0,16 à 1,93). Cependant, il existe une grande hétérogénéité des six ECR (I² = 57% ; p=0,04).

L’utilisation de l’acupuncture pour traiter la maladie d’Alzheimer a augmenté en fréquence ces dernières années. Cette revue systématique de la littérature et la méta-analyse qui s’ensuit, a pour but d’évaluer l’efficacité et la sécurité de l’utilisation de l’acupuncture dans cette pathologie. Elle a été réalisée à partir des essais contrôlés randomisés retrouvés dans le Registre central des essais contrôlés, PubMed, Medline, Embase, PsycINFO, la littérature de biomédecine chinoise (CBM) et les bases de données médicales chinoises (CMCC et CNKI) de leur création à juin 2014. Dix essais comparatifs randomisés (ECR) pour un total de 585 participants ont été inclus dans la méta-analyse (ECR avec des populations étudiées variant de seize à quarante-neuf personnes).

La durée du traitement varie de quatre à vingt-quatre semaines. Les points les plus couramment utilisés : baihui (VG20) et zusanli (ES36) avec une incidence de 40% parmi ces 10 ECR et Xuehai (RA10) et Sishencong (EX1) dans 30% des 10 ECR. Les autres points utilisés : taixi (RE3), dazhui (VG14), danzhong (VC17), zhongwan (VC12), qihai (VC6), waiguan (TR5), xuanzhong (VB39), neiguan (MC6), shenshu (VE23), yintang (VG29), sanyinjiao (RA6) et dazhong (RE4), ainsi que la craniopuncture et deux points d’acupuncture expérimentaux "xiu sanzhen" et "si shenzhen".

Les résultats combinés de six essais ont objectivé que, versus le traitement médicamenteux, l’acupuncture améliore de façon statistiquement significative les résultats sur l’échelle Mini Mental State Examination (MMSE) avec une différence moyenne standardisée à modèle aléatoire (SMD) égale à 1,05 (IC 95%, 0,16 à 1,93). Cependant, il existe une grande hétérogénéité des six ECR (I²  = 57% ; p=0,04). De même, les résultats de trois ECR montrent que l’acupuncture associée au donépézil est plus efficace que le donépézil seul dans l’amélioration du score MMSE (SMD à modèle fixe = 2,37 ; IC 95% : 1,53 à 3,21 ; pas d’hétérogénéité (I²  = 11% ; p=0,32). Sur cent-quarante et un essais cliniques, deux études ont rapporté des effets indésirables liés à l’acupuncture. Sept des 3416 patients ont eu des effets indésirables liés à l’acupuncture pendant ou après le traitement mais les réactions ont été décrites comme tolérables et bénignes.

En conclusion, en terme d’amélioration de la fonction cognitive, l’acupuncture peut être plus efficace que les médicaments et peut même augmenter leur effet dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. L’acupuncture peut également être plus efficace que la thérapeutique usuelle dans l’amélioration de la capacité des patients à mener à bien leur vie quotidienne. En outre, l’acupuncture est sans danger. Néanmoins, il est nécessaire de confirmer ces différentes données par des ECR de meilleure qualité méthodologique, avec un processus de randomisation et de mise en insu de la répartition de la population étudiée plus rigoureusement contrôlé et décrit. Il est également nécessaire que ces ECR offrent davantage d’informations concernant le diagnostic de la maladie d’Alzheimer avec une mesure du degré de volume d’atrophie hippocampique mesurée par IRM. Enfin la population étudiée doit être plus importante.


 

Voir en ligne : Zhou J, Peng W, Xu M, Li W, Liu Z. The effectiveness and safety of acupuncture for patients with Alzheimer disease : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Medicine (Baltimore). 2015 Jun ;94(22)

Méridiens Medline du 10 mai 2015 au 25 octobre 2015 (Essais contrôlés randomisés, méta-analyses, revues systématiques et recommandations)

 

Constipation chronique : efficacité de la neuromodulation tibiale postérieure combinée à l’électroacupuncture au point 36E

La neuromodulation tibiale postérieure associée à la stimulation du point 36E est efficace pour traiter la constipation chronique. L’effet serait médié par le système autonome. Une étude a été réalisée pour étudier les effets de la neuromodulation transcutanée (NT) chez des patients souffrant de constipation chronique. Douze patients âgés de 18 à 75 ans ont été recrutés. Ils présentaient des symptômes de constipation chronique depuis au moins un an et n’avaient pas répondu à des traitements tels que laxatifs, lavements et biofeedback.


 

Voir en ligne : Neuromodulation at Posterior Tibial Nerve and ST36 for Chronic Constipation. Evid Based Complement Alternat Med. 2014 ;2014:560802. doi : 10.1155/2014/560802. Epub 2014 Nov 5.

 


La constipation chronique est caractérisée par une diminution de la fréquence des selles (<3 par semaine), une défécation difficile et une évacuation incomplète. Ont été exclus de l’étude les patients atteints de maladies organiques entraînant la constipation ou de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson ou une lésion de la moelle épinière. Les patients avec antécédents de chirurgie gastro-intestinale (à l’exception d’appendicectomie ou de cholécystectomie) ont également été exclus. Les participants ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes, selon un plan croisé (cross-over) où chaque patient est son propre contrôle. Pour le groupe 1, le traitement a commencé par deux semaines de NT puis deux semaines sham-NT, séparées par une période de wash-out d’une semaine. Le groupe 2 a commencé par un traitement de sham-NT suivi d’un traitement de NT. Le nerf tibial postérieur et le point 36E (Zusanli) ont été choisis. Deux électrodes ont été placées pour la stimulation du nerf tibial (largeur de deux doigts sur la face interne de la malléole et en arrière du tibia et 4 cm au-dessus de la première électrode). Pour 36E, une électrode a été placée au 36E et l’autre placée à 4 cm en dessous 36E sur le trajet du même méridien. Pour sham-TN, les électrodes ont été appliquées en dehors du trajet du nerf et en dehors du point 36E. Le courant présente les caractéristiques suivantes : 25 Hz, 2-10 mA (en fonction de la tolérance maximale de chaque sujet), 2 sec (et hors temps de 3 sec). Le traitement comporte deux séances/jour, d’une durée d’1heure/séance. Le critère d’évaluation principal est la fréquence de selles/semaine. L’essai comporte trois visites pour une manométrie ano-rectale, et répondre aux questionnaires sur les symptômes de la constipation (PAC-SYM) et sur la qualité de vie (PAC-QOL). Les participants remplissent aussi un journal pour noter leurs habitudes : fréquence des selles, temps de défécation, qualité des selles et éventuelle consommation de lactulose pour favoriser la défécation (quand les symptômes deviennent insupportables). A la dernière visite, l’ECG a été réalisé pour évaluer la fonction du système neurovégétatif. Les résultats ont montré une amélioration de la fréquence spontanée de défécation (83% des patients avaient une fréquence des selles supérieure à 3 fois/semaine) significativement supérieure par rapport au groupe sham-TN (p = 0,01).