Medline Méridiens

Traitement de la dysménorrhée primaire par acupuncture : rôle du temps de traitement et du mode de stimulation

Afin d’étudier l’effet de l’acupuncture sur les symptômes de dysménorrhée primaire, un essai contrôlé randomisé a été réalisé. Au total, 74 femmes (18-45 ans) ont été réparties de façon aléatoire en quatre groupes : deux groupes traités par acupuncture manuelle (MA) et deux groupes par électro-acupuncture (EA). Chaque groupe (MA ou EA) comporte deux sous-groupes : HF (haute fréquence) et BF (basse fréquence). Les femmes des groupes HF ont reçu trois traitements dans les sept jours précédant le jour estimé du cycle menstruel. Les femmes des groupes BF ont reçu un traitement pendant l’intervalle de temps entre les règles (sept à dix jours en fonction de la longueur du cycle). Les quatre groupes ont tous reçu un traitement au cours des deux premiers jours de la menstruation (J1 et J2 des règles). Dans tous les groupes, le deqi est obtenu après insertion de l’aiguille et les aiguilles sont laissées en place pendant 20 à 30 minutes. Selon les cas, la moxibustion est ajoutée pendant 5 à 10 minutes sur l’un des points d’acupuncture sélectionnés.


 

Voir en ligne : Armour M, Dahlen HG, Zhu X, Farquhar C, Smith CA. The role of treatment timing and mode of stimulation in the treatment of primary dysmenorrhea with acupuncture : An exploratory randomised controlled trial. PLoS One. 2017 Jul 12 ;12(7) :e0180177. doi : 10.137

Dans les groupes MA, les aiguilles sont stimulées manuellement pendant environ 10-15 minutes, en tonification, dispersion ou neutre selon le jugement clinique du praticien. Le traitement était basé sur les huit principes de la médecine traditionnelle chinoise et par le diagnostic des Zang Fu. Dans les groupes EA (2Hz / 100Hz – 200ms), deux points distaux ont été sélectionnés et traités pendant 20 minutes. Soixante-trois femmes (85%) ont terminé l’essai : MA-BF (n=19), MA-HF (n=18), EA-BF (n=18) et EA-HF (n=19). Les séances ont été effectuées sur trois cycles menstruels : une fois par semaine pour les groupes BF (douze séances), ou trois fois par semaine avant les règles pour les groupes HF (douze séances également). Tous les groupes ont bénéficié d’acupuncture dans les 48 premières heures des règles. Le critère principal d’évaluation est la réduction du pic douloureux menstruel (douleur abdominale pendant les trois premiers jours de menstruations) 12 mois après l’inclusion dans l’essai. Les résultats ont objectivé une réduction statistiquement significatives (p<0,001) de la douleur menstruelle maximale et moyenne par rapport aux valeurs initiales pour chaque groupe étudié au cours de la période de traitement et durant le suivi des neuf mois (voir graphique).

Deux groupes sont traités par acupuncture manuelle (MA) et deux groupes par électroacupuncture (EA). Dans les sept jours précédant le jour estimé du cycle menstruel, les deux groupes bénéficient soit de séances d’acupuncture très fréquentes (haute fréquence HF : 3 traitements sur 7 jours ), soit séances moins fréquentes (basse fréquence LF-BF : une séance par semaine). Sont évalués le nombre de symptômes par jour durant un suivi de 12 mois.

Mais il n’y a aucune différence significative entre les groupes (p>0,05). Les scores sur le questionnaire de l’échelle de la qualité de vie liée à la santé (SF-36) ont augmenté de façon significative dans les groupes HF par rapport aux groupes BF (six domaines versus deux domaines). Par ailleurs, les groupes traités par acupuncture manuelle nécessitent moins de médicaments antalgiques que ceux traités par électroacupuncture (p = 0,02). Le groupe MA-HF était plus efficace dans la réduction des symptômes menstruels secondaires par rapport aux deux groupes EA (p <0,05). En conclusion, le traitement par acupuncture a réduit l’intensité et la durée de la douleur menstruelle après trois mois de traitement et l’effet a perduré jusqu’à un an après le début de l’étude. On notera que l’effet du changement de mode de stimulation ou de la fréquence du traitement sur la douleur menstruelle n’est pas significatif. Cela peut être dû à un manque de puissance et de ce fait d’autres études à plus grands effectifs sont nécessaires pour préciser le rôle du mode de stimulation et du temps de traitement.

Prévention des arythmies cardiaques : l’acupuncture parait aussi efficace que les médicaments antiarythmiques

Une revue systématique a été réalisée afin de comparer l’efficacité de l’acupuncture à celle des médicaments antiarythmiques dans la prévention des arythmies cardiaques. Des essais cliniques randomisés (ECR) ont pu être identifiés grâce à une recherche dans les bases Medline, CNKI, Embase et Cochrane (de 1970 à 2016) ainsi que par une recherche manuelle de références croisées de revues et d’articles originaux. Les ECR comportant des patients atteints d’arythmie et répartis de façon aléatoire en deux groupes (soit acupuncture, soit médicaments classiques, ou acupuncture simulée ou repos au lit) ont été inclus dans l’analyse. Au total, treize essais ayant inclus 797 patients ont été retenus pour l’analyse. Les résultats n’ont montré aucune différence statistiquement significative entre l’acupuncture et le traitement conventionnel pour la tachycardie supraventriculaire paroxystique (n=203 ; RR 1,18 ; IC 95% 0,78-1,79 ; I²=80% ; p=0,44). Cependant, dans le groupe atteint d’extrasystoles (battement ventriculaire prématuré), il a été observé un bénéfice statistiquement significatif de l’acupuncture pratiquée en complément de l’administration orale d’antiarythmiques (AAR) par rapport au traitement uniquement par AAR (n=286, RR 1,15 ; IC 95% 1,05-1,27 ; I² = 0% ; p= 0,002). Enfin, pour les patients atteints de tachycardie sinusale n’ayant reçu aucun traitement, l’acupuncture a été bénéfique (n=120 ; MD = 18,80, IC 95% : 12,68-24,92 ; I²=81%, p<0,00001). Les points les plus couramment utilisés dans dix des treize ECR sont neiguan (MC6), shenmen (C7) et xinshu (V15). Deux études ont choisi la méthode de linggui bafa qui utilise les huit points de commande des Méridiens Extraordinaires en fonction des jours et heures liés aux Troncs Célestes et Branches Terrestres, méthode analogue à la méthode similaire des ziwu liuzhu qui utilise les Cinq points shu antiques. Les points utilisés sont gongsun, lieque, shenmai, zhaohai, zulinqi, houxi, neiguan et waiguan. Les thérapeutiques médicamenteuses utilisées : propafenone, diltiazem, amiodarone, mexiletine. En conclusion, cette méta-analyse objective une efficacité de l’acupuncture, comparable à celle des antiarythmiques dans la tachycardie supraventriculaire paroxystique. Par ailleurs, dans l’analyse de sous-groupes avec ou sans AAR, l’acupuncture présente un avantage net dans le traitement des extrasystoles et de la tachycardie sinusale. Néanmoins, d’autres ECR sont nécessaires afin de mieux guider la pratique clinique.


 

Voir en ligne : Li Y, Barajas-Martinez H, Li B, Gao Y, Zhang Z, Shang H, Xing Y, Hu D. Comparative Effectiveness of Acupuncture and Antiarrhythmic Drugs for the Prevention of Cardiac Arrhythmias : A Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Controlled Trials. Fron

Méta-analyse montrant l'efficacité de l'acupuncture par rapport à la thérapie existante dans plusieurs types d'arythmies.

Méta-analyse montrant l’efficacité de l’acupuncture par rapport à la thérapie existante dans plusieurs types d’arythmies. (A) Acupuncture vs traitement médicamenteux conventionnel dans la tachycardie supraventriculaire paroxystique ; (B) acupuncture plus administration orale d’antiarythmiques (AAR) par rapport à l’administration orale de AAR seul dans extrasystoles (VPB) ; (C) acupuncture vs. traitement de contrôle (ni acupuncture ni tout autre traitement anti-arythmique) dans la tachycardie sinusale.

Syndrome du canal carpien : évaluation de l’effet positif de l’acupuncture par échographie

Une étude a été réalisée pour explorer l’effet de l’acupuncture sur la section transversale du nerf médian par échographie au niveau du poignet chez des patientes atteintes du syndrome du canal carpien (SCC). La mesure par ultrasons, méthode d’imagerie facilement accessible peut fournir des données morphologiques du nerf médian, en vue du diagnostic et de l’évaluation de la réponse au traitement chez ces patientes. L’échographie musculo-squelettique objective que le nerf médian peut être élargi avec une augmentation de sa section transversale (CSA) au niveau du poignet, et ceci en raison de l’œdème proximal sur le site de compression. De plus, le CSA du nerf médian est associé à la sévérité du SCC. Une valeur seuil du CSA de 9 mm² au niveau du poignet a été établie avec une sensibilité élevée (99%) dans le diagnostic. D’autre part, le CSA du nerf médian est un facteur pronostique de la chirurgie de décompression du canal carpien et pourrait être utilisé dans la surveillance du traitement. Quarante-cinq bras de 27 femmes atteintes de SCC ont été répartis de manière aléatoire en deux groupes (Acupuncture A et Témoin B). Toutes les patientes ont utilisé une attelle de poignet pendant la nuit (fixée à 0-5 degrés d’extension de poignet) pendant quatre semaines. Les patientes du groupe Acupuncture ont reçu en plus un traitement par acupuncture. Neuf points d’acupuncture sont utilisés : 7MC, 4MC, 6MC, 8MC, 2C, 7C, 8C, 9P, 11 GI. Une aiguille de 0,25 x 25 mm a été placée à la verticale à ces points spécifiques et maintenue pendant 25 minutes. Le traitement a été réalisé deux ou trois fois par semaine, pendant quatre semaines (un total de dix séances). L’évaluation de la douleur sur échelle visuelle analogique (EVA), les scores de l’indice fonctionnel pour la main rhumatologique de Duruöz (DHI), les questionnaires rapides sur les incapacités du bras, de l’épaule et de la main (Quick-DASH), les mesures électrophysiologiques et les CSA par échographie du nerf médian au niveau du poignet ont été recueillis, avant et après traitement dans les deux groupes. Les résultats ont montré une amélioration des mesures électrophysiologiques ainsi que des scores (EVA, DHI, Quick-DASH) dans les deux groupes. Une amélioration statistiquement significative dans le groupe Acupuncture versus groupe témoin a été observée en ce qui concerne les mesures de la section transversale du nerf médian (p<0,001). Celle-ci a considérablement diminué dans le groupe Acupuncture, alors qu’il n’y avait pas de changement dans le groupe témoin (tableau). Néanmoins, la faible population de l’essai, l’absence de groupe placebo et le manque de surveillance à long terme des patientes, limites de cet essai nécessite de réaliser un nouvel ECR à forte population et contre placebo.


 

Voir en ligne : Ural FG, Öztürk GT. The Acupuncture Effect on Median Nerve Morphology in Patients with Carpal Tunnel Syndrome : An Ultrasonographic Study. Evid Based Complement Alternat Mad. 2017 ;2017:7420648.

Pourcentage d’amélioration des caractéristiques des mesures cliniques, électromyographiques et ultrasoniques entre groupe acupuncture et groupe témoin sans acupuncture. Amélioration de la douleur mesurée sur une échelle visuelle analogique (VAS=EVA) : 46,8% dans le groupe Acupuncture versus 11,4% groupe B témoin (p<0,001). Comparé au groupe témoin, l’amélioration globale dans le groupe Acupuncture est statistiquement significative (p<0,05).