Medline Méridiens

L’acupuncture est efficace dans la constipation fonctionnelle

Amélioration de la qualité de vie des patients (p<0,00001 ; SMD=−0,73 ; IC à 95%=−1,02 à −0,44 ; I2=64%). Notons néanmoins une hétérogénéité élevée avec un indice de Higgins I² à 64%. Notons toutefois que l’effet de l’acupuncture est  modéré car la SMD est à -0,73 et selon ce qui est couramment admis, l’effet d’un traitement ou d’une intervention est faible si la SMD est supérieure à 0,2 et inférieure à 0,3, modéré si la SMD est entre 0,3 et 0,8 ; et important ou fort si SMD > 0,8. Notons aussi qu’en raison de ‎‎l’hétérogénéité substantielle (p<0,1 ou I²‎>50%), la SMD (différence moyenne standardisée) à modèle aléatoire a été utilisé pour analyser les données. Dans le cas contraire, un modèle à effet fixe aurait été appliqué (c.-à-d. si p>0,1 ou I‎2 < 50%).

 

La constipation fonctionnelle est l’un des troubles intestinaux courants qui affecte environ 14% de la population adulte dans le monde. Les symptômes les plus fréquents retrouvés sont une diminution de la fréquence de défécation, des selles difficiles, des sentiments d’évacuation incomplète et un inconfort abdominal. Cela engendre un impact négatif très important sur la qualité de vie et augmente les coûts économiques. Le but donc de cette étude était d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’acupuncture dans la constipation fonctionnelle.

Une recherche documentaire rigoureuse a été effectuée en anglais (PubMed, Web of Science, Cochrane Library et EMBASE) et en chinois (China National Knowledge Infrastructure (CNKI), chinese biological medical (CBM), wanfang database, et China Science and Technology Journal (VIP)) bases de données électroniques depuis leur création jusqu’en octobre 2019. Ont été inclus des essais comparatifs randomisés (ECR) comparant l’acupuncture à l’acupuncture simulée ou aux thérapies pharmacologiques.

Les données concernant 28 ECR (n=3525) ont objectivé que l’acupuncture était efficace dans la constipation fonctionnelle en augmentant les selles spontanées complètes (p<0,00001 ; différence moyenne à modèle fixe MD=0,84 ; Intervalle de confiance IC à 95%=0,65 à 1,03 ; I2=0%) et l’amélioration des symptômes de constipation (p=0,03; différence moyenne standardisée SMD=−0,4 ; IC à 95% =−0,78 à −0,03 ; I2=74%), amélioration de la formation des selles (p<0,00001; MD=0,24 ; IC à 95 %=0,15 à 0,34 ; I2=0%), qualité de vie améliorée également (p<0,00001; MD=−0,33 ; IC à 95%, −0,45 à −0,21), et taux de réponse (p=0,02 ; risque relatif RR=2,16 ; IC à 95%, 1,1 à 4,24 ;  I2=69%) par rapport aux effets du traitement simulé. Aucun risque accru d’effets indésirables n’a été observé (p=0,44 ; RR=1,18 ; IC à 95%= 0,77 à 1,81 ; I2=0%). En ce qui concerne les comparaisons versus médicaments, les données recueillies ont indiqué que l’acupuncture était plus efficace pour augmenter les selles spontanées complètes (p=0,004 ; MD=0,53 ; IC à 95%=0,17 à 0,88 ; I2=88%) et améliorer la qualité de vie des patients (p<0,00001 ; SMD=−0,73 ; IC à 95%=−1,02 à −0,44 ; I2= 64%), avec une hétérogénéité élevée. Toutefois, il n’y avait pas de différences significatives pour le taux de réponse (p=0,12 ; RR=1,31 ; IC à  95%=0,94 à 1,82 ; I2=53% ; ou le score de symptômes de constipation (p=0,05 ; SMD=−0,62 ; IC à 95%=−1,23 à −0,01 ; I2=89%). En ce qui concerne l’évaluation de l’innocuité, l’acupuncture était plus sûre que les laxatifs utilisés (p<0,0001 ; RR=0,3 ; IC à 95%=0,18 à 0,52 ; I2 = 30%).

Les preuves actuelles suggèrent que l’acupuncture est un traitement efficace et sûr pour la constipation fonctionnelle. L’acupuncture a augmenté la fréquence des selles, amélioré la formation des selles, atténué les symptômes de constipation et amélioré la qualité de vie. Cependant, la qualité des preuves est relativement faible et la relation entre l’acupuncture et les médicaments n’est pas claire. D’autres essais de haute qualité sont recommandés à l’avenir. 

 

Wang L, Xu M, Zheng Q, Zhang W, Li Y. The Effectiveness of Acupuncture in Management of Functional Constipation: A Systematic Review and Meta-Analysis. Evid Based Complement Alternat Med. 2020 Jun 17;2020:6137450.

Les points Shu assentiment du dos et Mu Héraut de l’Estomac modulent la motilité gastrique via le complexe vagal dorsal et le nerf vague

De nombreuses études ont été menées afin d’explorer le mécanisme neurophysiologique des points d’acupuncture Shu Assentiments du dos et Mu Hérauts. Celles-ci suggéraient une action de type segmentaire au niveau de la moelle épinière ; par contre le mécanisme d’action supra-spinal extra-segmentaire demeurait encore incertain. Les points Mu Héraut de l’Estomac (12RM Zhongwan) et le point Shu Assentiment du dos de l’Estomac (VE21 Weishu) ont donc été sélectionnés afin de déterminer leurs actions sur la régulation de la motilité gastrique et leurs mécanismes neurologiques centraux. Des études immunohistochimiques (exploration de l’expression C-fos au niveau des noyaux bulbaires), électrophysiologiques par lésion des noyaux bulbaires ou lésion du nerf vague ont permis d’objectiver ainsi que la régulation de la motilité gastrique se fait de manière synergique par les points Shu et Mu gastrique. L’électroacupuncture (EA : alternance de la fréquence 20Hz et 100 Hz à une intensité de 2-2,5mA) sur les points d’acupuncture RM12 et VE21 stimule le complexe vagal dorsal (DVC) par augmentation de leur taux d’hormones gastro-intestinales (gastrine et motiline), de façon à réguler la motilité gastrique via le nerf pneumogastrique vague. Le DVC est composé du noyau moteur dorsal du nerf vague (DMV) et le noyau du tractus solitaire qui contiennent respectivement des neurones fournissant l’innervation efférente vagale à la majeure partie de l’appareil digestif et les neurones qui reçoivent les afférences vagales des viscères. Par conséquent, le DVC est considéré comme un centre préganglionnaire parasympathique de régulation des fonctions gastro-intestinales. En somme, les auteurs ont montré le rôle important du DVC et du nerf vague dans la régulation de la motilité gastrique par EA sur les points Shu et Mu gastrique, démontrant le mécanisme supra-spinal.


L'expression de c-fos dans DVC. (a) Microphotographies des sections médullaires montrant c-fos immunoréactivité dans le DVC (SNRC et DMV) chez les rats du modèle (A) et chez les rats avec EA à RN12 (B), BL21 (C), et RN12 + BL21 (D) . Les emplacements anatomiques des microphotographies sont indiqués en haut, adapté de l'atlas de Paxinos et Watson [30]. neurones c-fos-positifs sont présentées comme une coloration brun foncé dans les noyaux des cellules. Barres d'échelle : 200 um. 4 V : quatrième ventricule. (b) Densité optique intégré (IOD) des neurones c-fos-positifs dans le DVC.

 

Voir en ligne : Wang H, Shen GM, Liu WJ, Huang S, Zhang MT. The Neural Mechanism by Which the Dorsal Vagal Complex Mediates the Regulation of the Gastric Motility by Weishu (RN12) and Zhongwan (BL21) Stimulation. Evid Based Complement Alternat Med.-

Constipation chronique : efficacité de la neuromodulation tibiale postérieure combinée à l’électroacupuncture au point 36E

La neuromodulation tibiale postérieure associée à la stimulation du point 36E est efficace pour traiter la constipation chronique. L’effet serait médié par le système autonome. Une étude a été réalisée pour étudier les effets de la neuromodulation transcutanée (NT) chez des patients souffrant de constipation chronique. Douze patients âgés de 18 à 75 ans ont été recrutés. Ils présentaient des symptômes de constipation chronique depuis au moins un an et n’avaient pas répondu à des traitements tels que laxatifs, lavements et biofeedback.


 

Voir en ligne : Neuromodulation at Posterior Tibial Nerve and ST36 for Chronic Constipation. Evid Based Complement Alternat Med. 2014 ;2014:560802. doi : 10.1155/2014/560802. Epub 2014 Nov 5.

 


La constipation chronique est caractérisée par une diminution de la fréquence des selles (<3 par semaine), une défécation difficile et une évacuation incomplète. Ont été exclus de l’étude les patients atteints de maladies organiques entraînant la constipation ou de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson ou une lésion de la moelle épinière. Les patients avec antécédents de chirurgie gastro-intestinale (à l’exception d’appendicectomie ou de cholécystectomie) ont également été exclus. Les participants ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes, selon un plan croisé (cross-over) où chaque patient est son propre contrôle. Pour le groupe 1, le traitement a commencé par deux semaines de NT puis deux semaines sham-NT, séparées par une période de wash-out d’une semaine. Le groupe 2 a commencé par un traitement de sham-NT suivi d’un traitement de NT. Le nerf tibial postérieur et le point 36E (Zusanli) ont été choisis. Deux électrodes ont été placées pour la stimulation du nerf tibial (largeur de deux doigts sur la face interne de la malléole et en arrière du tibia et 4 cm au-dessus de la première électrode). Pour 36E, une électrode a été placée au 36E et l’autre placée à 4 cm en dessous 36E sur le trajet du même méridien. Pour sham-TN, les électrodes ont été appliquées en dehors du trajet du nerf et en dehors du point 36E. Le courant présente les caractéristiques suivantes : 25 Hz, 2-10 mA (en fonction de la tolérance maximale de chaque sujet), 2 sec (et hors temps de 3 sec). Le traitement comporte deux séances/jour, d’une durée d’1heure/séance. Le critère d’évaluation principal est la fréquence de selles/semaine. L’essai comporte trois visites pour une manométrie ano-rectale, et répondre aux questionnaires sur les symptômes de la constipation (PAC-SYM) et sur la qualité de vie (PAC-QOL). Les participants remplissent aussi un journal pour noter leurs habitudes : fréquence des selles, temps de défécation, qualité des selles et éventuelle consommation de lactulose pour favoriser la défécation (quand les symptômes deviennent insupportables). A la dernière visite, l’ECG a été réalisé pour évaluer la fonction du système neurovégétatif. Les résultats ont montré une amélioration de la fréquence spontanée de défécation (83% des patients avaient une fréquence des selles supérieure à 3 fois/semaine) significativement supérieure par rapport au groupe sham-TN (p = 0,01).