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Physiopathologie et approche thérapeutique des parodontoses (déchaussement dentaire) en Médecine Traditionnelle Chinoise

Résumé  : Le parodonte est l’ensemble des tissus de soutien de la dent. Le terme parodontose quant à lui, désigne la mobilité de la dent concernant son ancrage dans l’os de la mâchoire qui peut, dans les cas les plus graves, aller jusqu’à sa chute. En médecine traditionnelle chinoise les dents sont considérées comme une extension des os et sont donc gouvernées par le Rein mais la circulation énergétique de l’organe dentaire est assurée essentiellement par deux méridiens selon la dent considérée : GI (shouyangming) et ES (zuyangming). Chaque constituant du parodonte pris isolément peut également être replacé dans le contexte des Cinq éléments. Les études modernes nous apprennent que les maladies parodontales peuvent aussi influencer la santé générale. Par leur prise en compte, l’acupuncture peut donc trouver sa place en prévention de certains désordres systémiques. Mots-clés  : parodonte – parodontoses – gingivites – parodontites – dent – acupuncture – prévention – yangming.

Summary : The periodontium is the set of tooth-supporting tissues. The term periodontitis meanwhile, refers to the mobility of the tooth about its roots in the jawbone that can, in severe cases, up to his fall. In traditional Chinese medicine teeth are considered an extension of the bones and are therefore governed by the Rein but the energy flow of dental organ is largely through two meridians according to the considered tooth : LI (shouyangming) and ST (zuyangming). Each component of the periodontium in isolation can also be seen in the context of the Five elements. Modern studies tell us that periodontal disease can also affect general health. For their consideration, acupuncture can thus find its place in prevention of certain systemic disorders. Keywords : periodontal - periodontal disease – gingivitis – periodontitis – tooth – acupuncture – prevention – yangming.


 

Voir en ligne : Clément P. Physiopathologie et approche thérapeutique des parodontoses (déchaussement dentaire) en Médecine Traditionnelle Chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2016 ;(15-3):218-221.

Introduction

Des rapports étroits existent entre la riche innervation de la région maxillo-faciale et les réseaux d’acupuncture. D’une manière générale, les dents sont sous le contrôle du Rein car apparentées aux os et des méridiens du yangming par leurs localisations (estomac pour les dents inférieures, gros intestin pour les dents supérieures) [7]. Mais l’organe dentaire replacé dans son contexte occluso-fonctionnel comprend en outre, un système de soutien : le parodonte.

Approche occidentale et bases modernes

Les maladies parodontales sont des maladies inflammatoires d’origine bactérienne très répandues. Elles se distinguent en gingivites et parodontites. À la différence des gingivites, états inflammatoires réversibles, les parodontites se caractérisent par la destruction irréversible des tissus de soutien de la dent. L’étiologie repose sur la colonisation bactérienne de la surface dentaire dans le sillon gingivo-dentaire. Les bases modernes montrent que l’exposition continuelle du parodonte à une charge microbienne peut avoir un effet systémique.

Figure 1. Différences entre bouche saine et parodontite.

Ainsi, les infections parodontales ont été récemment associées à un risque plus élevé de survenue d’athérosclérose et de ses complications. Chez les diabétiques, la prévention ou l’initiation d’un traitement dès le diagnostic de la maladie parodontale sont à recommander. De même, l’hygiène bucco-dentaire et les soins dentaires chez des patients en soins intensifs diminuent l’incidence des pneumonies. Enfin, en l’état actuel des connaissances, l’infection parodontale constitue un indicateur de risque des complications de grossesse. Non traitées, les parodontites entraînent à terme une diminution du support parodontal et la perte de la dent.

Correspondances anatomique et énergétiques

Par organe dentaire, on entend une unité fonctionnelle comprenant : la dent et le parodonte. Celui ci est le tissu de soutient de la dent, qui comprend : gencive, desmodonte, os alvéolaire et système vasculo-nerveux. Chaque constituant pris isolément peut être replacé dans le contexte des Cinq éléments - wuxing (figure 2) : 
- Gencive (tissu de revêtement) et émail : Poumon (3 et 4). 
- Conjonctif pulpaire et gingival : Rate (2). 
- Os alvéolaire (os), dentine et cément : Rein (5,6 et 7). 
- Desmodonte (ligament) : Foie (1). 
- Vaisseaux : Cœur.

Figure 2. Les analogies entre organe dentaire et les Cinq Éléments

Approche en Médecine Traditionnelle Chinoise

Étiologie traditionnelle générale

- En MTC, les parodontopathies sont regroupées sous le terme yaotong (littéralement, douleur dentaire). Les dents sont considérées comme une extension des os et sont donc gouvernées par le Rein. Le chapitre 1 du Suwen fait clairement le lien entre la croissance et le vieillissement des os, et la santé et le déclin du qi du Rein. « Lorsqu’une fillette a 7 ans, le qi du Rein est florissant et les dents poussent … lorsqu’elle a 21 ans, le qi du Rein est à son summum et les deuxièmes dents sont toutes poussées … lorsqu’un garçon a 8 ans, le qi du Rein est florissant et les dents poussent … lorsqu’il a 24 ans, le qi du Rein est à son summum et les deuxièmes dents sont toutes poussées … lorsqu’il a 64 ans, les dents tombent ». De même, dans Lingshu chapitre 9 et Suwen chapitre 16, « Quand le shaoyin est sur la fin, le teint est noirâtre, les dents sont déchaussées et sales ... ».
- Les gencives sont sous l’influence du Gros Intestin pour la gencive supérieure et de l’Estomac pour la gencive inférieure. Ainsi, au chapitre 63 du Suwen, « les dents sont à l’extrémité finale du méridien de l’Estomac ». De même, au chapitre 10, « Le méridien de l’Estomac entre dans la région des dents supérieures » et « le méridien du Gros Intestin entre dans la région des dents inférieures ». 
- La rétraction des gencives peut provenir d’un vide général de qi et de Sang, d’une Chaleur de l’Estomac, ou d’un vide du yin du Rein avec Chaleur-Vide. Le vide de qi et de Sang s’accompagne de fatigue, d’un petit appétit, de selles molles et d’un teint pâle. En cas de chaleur de l’Estomac, on note de la soif, une face rouge et une sensation de chaleur, tandis qu’en cas de Vide de yin du Rein, on a des sensations vertigineuses, une rougeur malaire et des transpirations nocturnes. Il faut remarquer que des « dents qui bougent » sont un symptôme saillant des tableaux pathologiques de Vide du Rein ; toutefois, des dents se mettent généralement à branler en raison de troubles des gencives. On admet donc que le Rein a aussi une influence sur les gencives. 
- Il y a donc une double influence, celle du jing inné (Rein) et celle du jing acquis (yangming). 
- L’état des dents et des gencives reflète donc l’état du Rein (shaoyin), de l’Estomac et du Gros Intestin (yangming).

La suite en suivant le lien ci-dessus

La colique néphrétique en MTC

 

En MTC, la colique néphrétique rentre dans le cadre du relin (lin de la Chaleur), par Humidité-Chaleur du Réchauffeur Moyen descendant de la Vessie du Réchauffeur Inférieur. Le maître symptôme est la douleur spasmodique de type shan. Le traitement de l'affection doit d'abord se faire au niveau de la branche (biao), c'est à dire de la crise douloureuse aiguë.


I. La maladie fait partie des Lin de la Chaleur (Re Lin), qui comprennent quatre types d’affections : 
- la colique néphrétique, 
- la prostatite aiguë et chronique, 
- les infections du système urinaire (cystite et néphrite), 
- la douleur urinaire (cystalgie) à liquide clair.

II. Toutes ces affections sont caractérisées par : 
- les signes urinaires (Lin) vus dans la sémiologie, 
- et la présence de l’écoulement des urines, à la différence du Long Bi, l’oligo-anurie.

Douleurs de névromes d’amputation et acupuncture

 
 
Dix observations de patients amputés de membre ayant bénéficié d’acupuncture antalgique pour des douleurs de névromes sont présentées et analysées. Pour une nette majorité d’entre eux, c’est un traitement efficace.

 

 

Introduction

L’amputation d’un membre emporte tous ses tissus. La cicatrice d’un nerf amputé forme un névrome. La plupart restent silencieux au long des années et des décennies. Une partie d’entre eux se manifestent par des douleurs le plus souvent à type de brûlure, d’arrachement, toujours avec une connotation électrique. On pense que des éphapses, des synapses pathologiques, s’organisent entre motoneurones, neurones sensitifs et/ou végétatifs, et rendent le névrome douloureux. Ceci ne concerne qu’un nombre restreint de cas. Ces douleurs apparaissent à distance de l’événement initial. Elles sont difficiles à contrôler avec des antalgiques, y compris ceux de grade III (antiépileptiques et tricycliques peu opérants). Ces douleurs sont faciles à différencier des sensations de membre fantôme (hallucinose) et des douleurs liées aux difficultés d’adaptation du moignon à la prothèse. Elles sont plus difficiles à distinguer des douleurs de membre fantôme (algohallucinose), et aux rares, mais difficiles à prendre en charge, douleurs d’ischémie du moignon dans l’emboîture (compressions veineuses ou artérielles).

Le diagnostic est clinique, parfois confirmé par échographie et IRM. La mise en évidence, clinique et paraclinique, d’un névrome amène les patients à envisager une reprise chirurgicale qui éliminerait le névrome et protégerait le moignon nerveux de tout traumatisme par enfouissement dans un muscle ou dans un tunnel osseux. Mais pour certains patients, il s’agit d’une re-récidive déjà traitée chirurgicalement. Pour d’autres, un geste chirurgical n’est pas souhaité, ou difficile en raison du contexte clinique. L’acupuncture est alors une alternative. Nous présentons dix cas de patients qui ont bénéficié d’acupuncture dans ce contexte de névrome douloureux : pour huit d’entre eux, elle contribue à réduire ces douleurs, à améliorer la marche appareillée et la qualité de la vie. ...