Medline Méridiens

L’acupuncture est efficace pour réduire l’anxiété préopératoire : résultats d’une méta-analyse

Efficacité de l'acupuncture dans la réduction de l'anxiété opératoire évaluée par les scores d'anxiété sur l'échelle STAI versus groupe témoin (différence moyenne = 5,63, P <0,00001, IC 95%). Pas d'hétérogénéité des ECR I²=0%.

L’anxiété est vécue par environ 60-70% des patients adultes avant une intervention chirurgicale. L’action de l’acupuncture pour réduire l’anxiété préopératoire a déjà été montrée dans plusieurs essais contrôlés randomisés (ECR). Afin d’évaluer l’efficacité anxiolytique préopératoire de l’acupuncture, une équipe coréenne a mené une méta-analyse (publications jusqu’en février 2014) en se basant sur quatre bases de données (Medline, Embase, Central, CINAHL).


Voir en ligne : Efficacy of Acupuncture in Reducing Preoperative Anxiety : A Meta-Analysis.


Dans cette méta-analyse, ont été inclus des ECR comportant un groupe traité par acupuncture en préopératoire et un groupe contrôle (aucun traitement, ou acupuncture simulée avec insertion superficielle des aiguilles aux points sans rapport connu avec le traitement). Les études comportant un protocole sur une durée autre que le jour même de la chirurgie ne sont pas incluses dans l’analyse. Parmi les quatorze publications (N = 1 034 patients dont 439 traités et 593 contrôles) qui ont été retenues pour l’analyse, cinq études ont utilisé des points d’acupuncture auriculaire, cinq autres ont utilisé des points d’acupuncture du corps, et quatre ont utilisé les deux méthodes. Dans toutes les études, le choix des points est fait selon la théorie traditionnelle de l’acupuncture. La durée de la séance d’acupuncture varie entre 10 et 30 minutes, en salle d’attente avant la chirurgie en ce qui concerne douze études. Dans les deux autres études, l’acupuncture a été pratiquée pendant le transfert en ambulance.

Le point yintang et le point auriculaire shenmen sont les points les plus souvent utilisés. Les autres sont : hegu (4GI), neiguan (6MC), shenmen (7C), taichong (3F), waiguan (TR5) et lieque (7P). Les stimulations de l’aiguille ont été administrées manuellement dans quatre ECR et par électroacupuncture (2Hz) dans un ECR. La sensation de deqi a été rapportée dans deux études. Le critère principal d’évaluation est le degré de réduction de l’anxiété préopératoire, mesurée par la sous-échelle de l’état d’anxiété (STAI-S) ou par l’échelle visuelle analogique (EVA). Dans la STAI-S, les participants répondent à un questionnaire pour exprimer comment ils se sentent "dès maintenant" sur 20 items mesurant les sentiments subjectifs d’appréhension, la tension, la nervosité, l’inquiétude, ainsi que l’activation/excitation du système nerveux autonome. Les scores d’anxiété de STAI-S vont de 1 (pas du tout) à 4 (très bien ainsi) pour chaque item. Dans l’échelle visuelle analogique (EVA), les niveaux d’anxiété sont indiqués sur une ligne d’échelle de 100 mm, où 0 représente une absence complète de l’anxiété et 100 le plus haut niveau possible de l’anxiété. Les critères d’évaluation secondaires incluent des variables physiologiques, la fréquence cardiaque, l’indice bispectral et la tension artérielle, la satisfaction des patients ainsi que les événements indésirables.

Dans six publications (n = 378 patients), l’échelle STAI-S a montré une réduction plus importante de l’anxiété préopératoire pour le groupe traité par acupuncture par rapport au groupe contrôle (différence moyenne = 5,63, P <0,00001, IC 95%). Dans les huit autres (n = 495 patients), l’EVA a également indiqué une différence significative de la réduction de l’anxiété préopératoire entre les deux groupes (différence moyenne = 19.23, P <0,00001, IC à 95%).


 

Syndrome du côlon irritable : efficacité de la moxibustion démontrée par IRMf

Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle : le cortex préfrontal et le cortex cingulaire antérieur sont activés dans le groupe moxibustion après distension à 100 ml de l'ampoule rectale.

Le syndrome du côlon irritable (SCI) est un trouble fréquent causant des douleurs abdominales, accompagnées de constipation, diarrhée, ou une alternance des deux. Il affecte 10-15% de la population dans les pays développés. Au cours de ces dernières années, l’hypersensibilité viscérale chez les patients SCI a été largement étudiée. Elle est rattachée au stress, aux émotions et à l’axe cerveau-intestin. Des études ont rapporté un effet bénéfique de la moxibustion chez les patients souffrant de diarrhée dans le SCI. En fait, elle peut soulager la diarrhée, les douleurs abdominales et la gêne abdominale. Mais le mécanisme de la moxibustion au niveau du système nerveux central n’est pas encore démontré.


Voir en ligne : Zhu Y, Wu Z, Ma X, Liu H, Bao C, Yang L, Cui Y, Zhou C, Wang X, Wang Y, Zhang Z, Zhang H, Jia H, Wu H. Brain regions involved in moxibustion-induced analgesia in irritable bowel syndrome with diarrhea : a functional magnetic resonance imaging study. BMC


Les progrès en imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf) ont permis l’observation visuelle de la douleur viscérale au niveau central, et des activités dans les zones cérébrales. D’après une méta-analyse sur les réponses du cerveau, il est admis que les réponses du cerveau à la distension rectale diffèrent entre les patients atteints de SCI par rapport aux sujets témoins sains. En se basant sur ces données, une équipe de l’Université Traditionnelle Chinoise de l’Université de Shanghai a réalisé une étude pour observer, grâce à l’IRMf cérébrale, les changements liés aux variations de la distension de l’ampoule rectale avant et après moxibustion chez des patients SCI. Quatre-vingts patients souffrant de diarrhées dues au SCI ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes : groupe traité par moxibustion et groupe contrôle (moxibustion simulée) pour un traitement de quatre semaines. Les points tianshu (25E), qihai (6VC), et zhongwan (12VC) ont été utilisés. Chaque patient reçoit deux cycles de traitement. Chaque cycle comporte trois séances par semaine pendant deux semaines. Quinze patients du groupe traité par moxibustion et treize patients du groupe témoin ont passé, avant et après traitement, deux examens IRMf réalisés lors d’une distension de 50 et de 100 ml de l’ampoule rectale. Les douleurs rectales ont été évaluées. L’effet thérapeutique est évalué par les échelles IBS (pour Irritable Bowel Syndrome) des symptômes et IBS qualité de vie (QDV) de Birmingham. Les résultats ont montré, après traitement, une diminution des scores des échelles IBS des symptômes et de QDV dans le groupe traité par moxibustion, significativement supérieure à celle du groupe contrôle (p <0,01). Le seuil de l’envie de défécation et le seuil de perception de la douleur du groupe moxibustion sont également significativement plus élevés après traitement par rapport au groupe témoin (p <0,01). La diminution du score de douleur pendant la distension de l’ampoule rectale à 100 ml dans le groupe moxibustion est significativement supérieure à celle du groupe témoin (p <0,05). Il n’y a pas de centre actif défini au cours de la distension rectale à 50 ml dans les deux groupes avant traitement. Après traitement, le cortex préfrontal (CPF) est activé dans le groupe moxibustion, tandis que le CPF et le cortex cingulaire antérieur (CCA) sont activés dans le groupe témoin. Au cours de la distension à 100 ml, le CPF et le CCA sont activés avant traitement dans les deux groupes. Les zones du CPF et du CCA ne sont plus visibles après la période de traitement, mais sont restées activées dans le groupe témoin. Ainsi, la moxibustion peut améliorer les symptômes et la qualité de vie des patients souffrant de diarrhée dans le syndrome du côlon irritable. Elle permet également de diminuer la sensibilité rectale.

La moxibustion induit la libération de particules fines PM10 et PM2,5

La concentration moyenne des fines particules PM10 exède les valeurs limites sur toute l'Europe le 14 mars 2014Les particules en suspension (« PM » en anglais pour « Particulate matter ») sont en règle générale de fines particules solides portées par l’air. Les PM10 ont un diamètre aérodynamique inférieur à 10 micromètres, voire plus fin encore avec les PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5μm) et peuvent être inhalées profondément dans le système respiratoire et de ce fait, sont la plus petite fraction solide capable d’atteindre le circulation sanguine. Des effets nocifs sur la santé ont été rapportés dans les études à court terme qui objectivent les variations de PM2,5 ou de PM10 au jour le jour dans la pollution de l’air, ainsi qu’à long terme dans des études de cohortes d’individus exposés au fil du temps. Ainsi, elles peuvent être à l’origine de réactions inflammatoires qui aggravent l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires. Transportant des composés absorbés sur leur surface, elles sont dans leur ensemble désormais classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS.

Concernant la moxibustion de l’armoise, des études récentes ont indiqué que cela contribue à la pollution de l’air ambiant intérieur alors que d’autres études ont suggéré que la fumée du moxa est bénéfique pour la santé, du fait de son action antibactérienne, anti-inflammatoire et aurait même des effets anti-vieillissements. Notons que ce sont surtout les praticiens les plus enclins à l’exposition cumulée des fumées de moxa.

Depuis janvier 2005, deux valeurs-limites sont applicables en Europe pour les PM10 : une norme de 50 microgrammes par mètre cube (μg/m3) à ne pas dépasser sur vingt-quatre heures, et ne devant pas être dépassée plus de 35 jours par an ; une concentration moyenne annuelle de 40 μg/m3 qu’on ne doit également en aucun cas dépasser. Les échéances de la directive européenne s’étalent de 2014 à 2020. Pour les PM2,5, il n’existe pas de réglementation sur les valeurs limites pour la protection de la santé humaine. Néanmoins, l’Union européenne a fixé son objectif de qualité à 20μg/m3 en moyenne annuelle. L’agence de protection environnementale américaine (US-EPA) l’a fixé à 35μg/m3 alors que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande, elle, une valeur de 10 μg/m3.


 

Voir en ligne : Huang J, Lim MY, Zhao B, Shao L, Lao L. PM2.5 and ash residue from combustion of moxa floss. Acupunct Med. 2015 Oct 29. pii : acupmed-2015-010914. doi:10.1136/acupmed-2015-010914.

 


Les auteurs de ces deux études ont mesuré les concentrations et la capacité oxydative sur l’ADN des PM10 et PM2,5 contenus dans les sous-produits de moxibustion produits à partir de la combustion de bâtons d’armoise dans trois cliniques de moxibustion à Beijing durant l’hiver 2012 et l’automne 2014. Pour les PM2.5, trois types de moxas ont été étudiés selon la durée de stockage (3 ou 10 ans) des feuilles d’armoise et leur transformation en poudre en fonction du ratio 3:1 et 15:1. Ce ratio se réfère au poids des feuilles d’armoise et au produit final en poudre (exemple le ration 3:1 correspond à 3kg de feuilles sèches transformés en 1kg de poudre d’armoise). Les résultats objectivent que la concentration de PM2,5 était de 224,28 ; 226,39 et 210,56 ng/m3 pour les échantillons A (3 ans et 3:1), B (3 ans et 15:1), et C (10 ans et ratio 3:1) respectivement. Ce qui est largement au dessus du seuil critique préconisé par toutes les normes environnementales. Une étude similaire sur les PM10 objectivait également une concentration excessive par rapport aux normes internationales.

La moyenne des dommages oxydatifs des PM2,5 était 29,42%, 29,16% et 27,01% alors que celui de la poussière de moxa était 22,78%, 20,60% et 21,42% pour les échantillons A, B et C respectivement. Il existe donc des preuves statistiquement significatives (p<0,05) d’une capacité d’oxydation nettement supérieure des PM2,5 versus la fumée de moxibustion à l’armoise. Résultats similaires pour les PM10. En conclusion, les dommages oxydatifs des PM2,5 ou PM10 sur l’ADN induits chez des patients par la moxibustion ont été inférieurs à ceux rapportés dans d’autres environnements. Cependant, la concentration des PM2,5 et PM10 après la moxibustion est encore relativement élevée. Les auteurs recommandent donc d’assurer une ventilation adéquate pendant la moxibustion de façon à réduire les risques éventuels. D’autres études sont nécessaires pour mieux définir l’impact potentiel sur la santé humaine de particules de moxibustion.