Medline Méridiens

Sténose du canal lombaire : l’acupuncture est une option valable

 

Les personnes souffrant de sténose du canal lombaire (SCL) présentent un éventail de symptômes appelé la claudication intermittente radiculaire. Celle-ci survient donc à la marche avec des douleurs et des troubles de la sensibilité au niveau des membres inférieurs, associés parfois à une faiblesse musculaire. S’installant progressivement, cela oblige le patient à s’arrêter après un certain périmètre de marche, de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres. La douleur cède rapidement avec le repos en position assise, pour réapparaître à la marche pour un même périmètre. La chirurgie constitue une option thérapeutique. Les autres options de prise en charge conservatrice non chirurgicale comportent des approches telles que acupuncture, kinésithérapie, exercice, attelles et infiltrations épidurales lombaires. Une étude ouverte comparant trois types de prise en charge conservatrice (médicaments avec acétaminophène, exercice et acupuncture) chez des patients japonais atteints de SCL a été réalisée.


 

Voir en ligne : Oka H, Matsudaira K, Takano Y, Kasuya D, Niiya M, Tonosu J, Fukushima M, Oshima Y, Fujii T, Tanaka S, Inanami H. A comparative study of three conservative treatments in patients with lumbar spinal stenosis : lumbar spinal stenosis with acupuncture and phys

L’essai a inclus 119 patients répartis dans trois groupes : Médicaments (n=38=), Exercice (n=40) ou Acupuncture (n=41). Aucun patient n’a subi de traitement chirurgical au cours de la période d’étude. Les principaux critères d’évaluation ont été les scores du questionnaire de claudication de Zurich (ZCQ) avant et après quatre semaines de traitement. L’acupuncture est effectuée cinq fois par mois : deux fois la première semaine et une fois par semaine les trois semaines suivantes.

Les points utilisés ont été : 23V (shenshu) à une profondeur d’insertion de 2 cm ; 25V (dachangshu) à une profondeur de 2 cm ; 53V (hoko) à une insertion de 4 cm ; 54V (zhibian) avec une profondeur d’insertion de 4 cm ; 40V (weizhong) ; 34VB (yanglingquan) ; 57V (shengshan). Dans les trois groupes, le loxoprofène (jusqu’à trois fois par jour) ou le celécoxib (jusqu’à deux fois par jour) ont pu être utilisés à la demande en cas de douleur. Le médicament ne devait pas être pris néanmoins le jour même et la veille de la visite pour l’évaluation de l’efficacité.

Les résultats ont montré que les scores de sévérité des symptômes ZCQ se sont améliorés significativement après traitement dans les trois groupes Médicaments (p=0,048), Exercice (p=0,003) et Acupuncture (p=0,04). Le score de la fonction physique s’est amélioré significativement dans le groupe Acupuncture (p=0,045) mais pas dans les groupes Médicament (p=0,20) et Exercice (p=0,29). La réduction moyenne du score ZCQ pour la fonction physique était significativement plus grande pour le groupe Acupuncture que pour le groupe Exercice. Le score ZCQ moyen concernant la satisfaction au traitement était significativement plus élevé pour le groupe Acupuncture versus celui du groupe Médicaments. Ainsi, il apparaît nettement que l’acupuncture est significativement plus efficace que l’exercice physique selon le score de la fonction physique du ZCQ, et plus efficace que le médicament selon le score de satisfaction.

Les dispositifs d’acupuncture placebo sont-ils vraiment factices ?

Bien que l’utilisation de l’acupuncture soit reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé, son efficacité dans la plupart des pathologies courantes est encore en cours d’évaluation au travers des essais comparatifs randomisés (ECR). Afin d’obtenir une évaluation significative de son efficacité, un contrôle placebo crédible doit être établi. Il existe d’ailleurs plusieurs dispositifs non-pénétrants permettant l’acupuncture placebo dans les ECR, comme les aiguilles Streitberger, Park et Takakura. Mais, leur aptitude en tant que véritable aiguille placebo inerte doit être rigoureusement déterminée. Des recherches bibliographiques ont été conduites sur deux bases de données de langue chinoise et quatre anglaises, de leur création à juillet 2014. Ont été inclus les ECR en langue anglaise ou chinoise traitant par acupuncture diverses pathologies et utilisant un des dispositifs mentionnés ci-dessus dans le groupe intervention témoin. Trente-six études ont été incluses dans l’analyse qualitative tandis que quatorze l’étaient dans la méta-analyse. Sur la base de la méta-analyse, ni le périphérique Streitberger ni le périphérique Park ne semblent être un contrôle inerte adéquat pour les ECR d’acupuncture. En ce qui concerne l’aiguille Takakura qui est le dispositif le plus récent, aucune étude n’a pu être incluse dans la méta-analyse pour en permettre la comparaison. Les auteurs rapportent que les rapports de crédibilité sur la mise en insu pour les trois dispositifs placebo étaient la plupart du temps passés avec succès chez les participants mis en aveugle, les patients ne pouvant savoir s’ils étaient randomisés dans le groupe acupuncture véritable ou placebo. Cependant, lorsque l’on compare les indices de mise en aveugle, une seule étude ayant utilisé les aiguilles Park, a été notée pour avoir une méthodologie idéale de mise en insu. À ce jour, l’aiguille Takakura est le seul dispositif qui semble permettre au praticien d’être mis en condition de mise en aveugle et offre davantage de promesses d’être un contrôle placebo approprié. Il y a des limites donc avec chacun des dispositifs placebo et des études de qualité méthodologique plus rigoureuses sont nécessaires pour évaluer davantage les effets et la crédibilité de la mise en insu.

 

 

Coup du lapin chronique : l’effet d’une unique séance d’acupuncture est sans rapport avec le système nerveux autonome

 

 

Le coup du lapin (CDL) est une cervicalgie post-traumatique, souvent liée à un accident de voiture, suite à un brutal changement de vitesse (accélération, décélération). Il est admis que l’acupuncture peut réduire la sensibilité à la douleur chez les personnes souffrant du CDL chronique.

Un essai randomisé croisé a été réalisé par une équipe belge afin d’évaluer si l’acupuncture a un effet sur la réponse du système nerveux autonome chez les personnes souffrant de cervicalgie post-traumatique chronique, et si cette réponse est liée à l’inhibition de la douleur suite à une séance unique d’acupuncture. Trente-neuf participants (28 femmes, 11 hommes) ont été répartis de façon aléatoire dans deux groupes pour recevoir deux séances de traitement de façon alternée - acupuncture et thérapie de relaxation - espacées d’une semaine.

Le groupe 1 (20 participants) a reçu l’acupuncture lors de la première séance suivie d’une deuxième séance de relaxation. A l’inverse, le groupe 2 (19 participants) a reçu une séance de relaxation suivie d’une séance d’acupuncture. Ainsi, chaque patient a été traité une fois par acupuncture et une fois par relaxation. La durée de chaque traitement est de 20 minutes. Les deux traitements ont été réalisés par le même thérapeute.

Les participants sont âgés de 23 à 57 ans. Ils sont atteints du CDL, classé de 1 à 3 (classification Quebec Task Force). Leur douleur avait persisté pendant au moins trois mois. Le délai moyen entre l’accident et la participation à l’étude était de quatre ans. Les deux groupes étaient comparables en termes de taux d’invalidité, de sévérité des symptômes (douleur au cou, étourdissements, maux de tête, difficultés de concentration, mobilité du cou, troubles du sommeil, transpiration et hypersensibilité à la lumière vive, dramatisation de la douleur, hypervigilance par rapport à la douleur et kinésiophobie).

Le critère principal d’évaluation a été l’enregistrement des paramètres du système nerveux autonome : fréquence cardiaque, conductance de la peau et variabilité de la fréquence cardiaque (VFC : degré de fluctuation de la durée des contractions du cœur, ou de l’intervalle entre deux contractions) lors de l’administration de la douleur expérimentale.

Le critère secondaire d’évaluation est l’analgésie endogène.

Tous les patients ont été traités aux points d’acupuncture localisés dans la région cervicale et en région distale (bas du dos, bras et jambes) ainsi que dans l’oreille, de façon uni ou bilatérale. La combinaison des points a été adaptée individuellement, selon la théorie de la médecine traditionnelle chinoise. Le thérapeute a été autorisé à choisir parmi la liste des points suivants : dazhui 14VG, huatuojiaji C1-C7, fengchi 20VB, tianzong 11IG, jianjing 21VB, tianliao 15TR, jianwaishu 14IG, geshu 17V, xuehai 10RP, houxi 3IG , jinggu 64V, waiguan 5TR, zulinqi 41VB, shiqizhuixia (Ex-B-8 en dessous de la 17e vertèbre), points d’auriculothérapie : zéro, Jerome et C0. Les méridiens concernés ont été indiqués par la localisation de la douleur.

Pour le traitement par relaxation, la méthode de visualisation guidée a été appliquée, selon laquelle l’état de conscience du patient est similaire à celui qui se produit en état méditatif. Les patients ont été invités à écouter un CD audio de musique de relaxation avec casque, assis dans une position identique à celle du traitement par acupuncture (chaise de relaxation).

Chaque patient a été évalué immédiatement avant et après chaque traitement pour leurs réactions face à la douleur expérimentale : détermination du seuil douloureux à la pression du ventre du trapèze gauche ; examen de sommation temporelle de 10 impulsions consécutives de pression.

Concernant les paramètres du système nerveux autonome, les résultats ont montré qu’il n’y a aucune différence lorsque les auteurs comparent les effets de l’acupuncture par rapport à la relaxation. Par ailleurs, la réduction de la sensibilité à la douleur provoquée suite au traitement par acupuncture est sans rapport avec les variations des paramètres autonomes.

En conclusion, cette étude est la première à examiner les effets du traitement par acupuncture sur la réponse du système nerveux autonome à la douleur expérimentale chez des patients atteints de CDL chronique.

Suite à une séance de traitement par acupuncture, la réponse autonome lors de l’administration de la douleur expérimentale a légèrement changé : fréquence cardiaque légèrement réduite et conductance de la peau augmentée.

Par rapport aux changements observés suite à une session de traitement par relaxation, aucun effet spécifique de l’acupuncture sur la réponse autonome à la douleur n’a été observé. Par ailleurs, la réduction de la sensibilité à la douleur du cou après une séance de traitement par acupuncture n’était pas liée aux changements des paramètres de l’activité autonome. Ceci implique que l’analgésie suite à une séance d’acupuncture n’est pas liée à l’analgésie du stress induit par la douleur, mais il est plus probable que cette analgésie soit le résultat d’une réaction spécifique à l’acupuncture.